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« le: mercredi 31 août 2011, 23:14:07 »
Sa constatation m'avait fait hausser les épaules dans un mouvement un peu agacé, un peu nonchalant. Oui, Héra n'était pas la plus agréable des déesses où la plus fréquentable. Oui, elle avait plus d'ennemi que j'avais de poils sur le menton, mais non, je n'avais pas envie de la tuer. A vrai dire, ça ne me serait même pas venu à l'idée. Depuis l'époque où je bavais sur les tétons de ses vestales jusqu'a maintenant, pas une seule pensée à son encontre n'avait été belliqueuse.
- Tu es importante pour moi, pourquoi voudrais-je te tuer ? Tu ne m'a pas forcément désiré, mais tu ne m'en a pas jeté pour autant. Tu es Héra, mais tu ne m'ignore pas.
Splatch !
Je replongeais dans l'eau tiède pour profiter du bonheur de nager dans cette mer de rêve, pensant à Héra. J'étais -j'en étais consciens- une "erreur de jeunesse". Elle avait cédé aux avances d'un homme venu d'ailleurs, alors qu'elle était peut-être en quête d'exotisme où d'une énième colère à passer contre monsieur Zeus Crache-la-Foudre, et elle s'était retrouvée enceinte. Elle m'avait gardé, m'avait élevé de loin mais élevé quand même. Je n'aurais pas pû dire si elle m'aimait, c'est vrai. Mais elle m'acceptait, me fréquentait même si ce n'était que pour se changer les idées.
Porter la main sur elle... Bah. Qu'en aurais-je retiré ? Quel intêret ? M'attirer littéralement les foudres de Zeus ? Il ne savait certainement pas que j'existais et je n'avais aucune envie de grandeur où de reconnaissance, de toutes façons.
Sortant ma tête des flots tout en repoussant ma tignasse en arrière, je la regardais entrer dans l'eau. Superbe, gracieuse. Inacessible. Je me demandais comment il était possible de la séduire, en fait. Naaaaaaan, je vous vois venir, gros dégueulasses ! Pas pour la mettre dans mon lit ! Disons... Comment expliquer ? Par rapport à moi, ma mère semblait dans une autre sphère. Une femme racée, un cran au-dessus du reste de la masse. Comment l'aurais-je séduite si je n'avais pas été son fils ? Elle me semblait tellement lointaine, tellement désirable ! Je n'aurais pas été son fils, j'aurais sûrement considéré que nous n'avions rien à faire ensemble et j'aurais même eu honte d'oser lui proposer de prendre un verre.
- Alors, votre Superbissime, qu'avez vous envie de faire de ces vacances ?
Hop hop hop ! Agitant mes doigts devenus luminescents, je nous composais rapidement des transats flottants, fait de lumière solide. M'installant sur le mien, je regrettais de ne plus avoir mon cocktail.
- Tu veux que je te donne le fond de ma pensée ? Franchement ? Je pense que c'est plus marrant d'être à ma place qu'a la tienne, toute reine de l'Olympe que tu sois.
Ouais, carrément. Mais elle le savait, je n'avais pas la langue dans ma poche et j'avais toujours joué franc-jeu avec elle, même lorsqu'il nous arrivait -rarement certes- d'être en bisbille.
- Coincée par tes responsabilités, tes ennemis, les infidélités de Zeus, les fidèles à contenter, l'Olympe à gérer... Je levais les yeux au ciel en soupirant légérement, revenant finalement à plonger dans son regard. Comment tu fais ? Qu'est ce que tu trouve de bien là-dedans, dis ?