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« le: mercredi 04 juin 2014, 14:12:10 »
Il n'avait pas froid aux yeux. Elle aimait ça.
La déesse le suivit sagement, tout en continuant à ausculter les lieux. Elle voulait tout ancrer dans sa mémoire. Aucun détail n'avait la permission de lui échapper. Dieu, comme le diable, se trouve dans les détails, avait-elle lue un jour. Depuis,cette phrase résonnait dans son esprit. Elle en avait même fait une façon de vivre, une ligne de conduite à suivre aveuglément. La façon qu'il avait de lui griffer la fesse, de ponctuer ses phrases de mots aiguisés, le dessin de ses canines, son peignoir ouvert étaient autant de détails auxquels elle prêtait une attention toute particulière. Quant aux lieux … Ils auraient pu être une farce immense, si ce halo malsain ne flottait pas autour de RocheCorbeau. Louhi n'avait pas peur, mais elle savourait l’atmosphère de cette bâtisse. Pour sûr, elle n'aménagerait jamais son palais de cette façon, mais il y avait quelques petites choses qu'elle trouvait intéressantes.
Le laboratoire fut, d'office, sa pièce préférée.
Comme c'est beau.
Laissa t'elle échapper, les mains jointes, les yeux rivés sur tous ces bocaux. Formol, organes, morceaux de peau et de chair, un joyeux cocktail dont elle ne se lassait pas. La déesse ne jeta qu'un rapide coup d'oeil à l'elfe terrifiée – elle embaumait la peur – avant de se tourner vers le vampyr.
Voilà un bien beau présent. Je vais me sentir obligée de vous être redevable.
Toujours ce même sourire, amusé, qui planait sur ses lèvres. Un tour sur elle-même, et elle s'avança, féline, vers le jouet – car c'en était un – qu'il venait de lui offrir. Elle posa un index sur le visage de l'elfe, son ongle s'enfonçant légèrement sur sa peau, laissant un marque rouge très fine. La pauvre créature suivait le trajet de ce doigt du coin de l’œil, apeurée rien qu'en imaginant ce qu'elle allait lui faire.
Le visage est, de loin, mon terrain de jeu favori. Il y a les yeux, si précieux, la bouche, et toutes ces jolies petites dents blanches. Les gens font du visage quelque chose de sacré.
Tout en parlant, un de ses tatouages s'était déplacé, coulant le long de son bras, atteignant petit à petit cette main maligne qui se baladait sur la figure de l'elfe. Au moment où les dessins atteignaient ses phalanges, Louhi retira sa main. Elle qui était penchée sur l'elfe, se releva légèrement pour fixer à nouveau le vampyr. Elle ne s'en lassait pas. La déesse commençait à le trouver très attirant. Quelque chose en elle commençait à chauffer, désinhibant tout doucement son esprit.
L'encre de mes tatouages peut devenir venimeuse, si je le désire.
L'elfe poussa un cri d'effroi, tandis que Louhi posait, à nouveau, sa main sur son visage, illustrant ainsi ses propos. Le cri d'effroi devint un cri de douleur. Ce tatouage avait une capacité impressionnante à reproduire la douleur éprouvée au moment où on se fait tatouer*. La sensation qu'un scalpel se plante dans votre beau et gambade librement le long de vos chairs. Une douleur piquante, incisive. Ce n'était pas visible, non, mais la pauvre victime pouvait nettement ressentir la douleur.
Cela n'amusa Louhi que quelques minutes. Ce n'était qu'un encas. Creusant son dos, elle se releva, elle qui s'était penchée à nouveau. Un claquement de doigts, et une lame quitta sa place pour venir se caler entre le pouce et l'index de la déesse.
T-t-t, allons, une grande fille comme toi.
Elle murmurait à cette elfe des mots qui étaient loin d'être rassurants. Toute personne normalement constituée aurait eu peur de Louhi, et encore plus quand elle prenait cette voix fine censée vous apaiser. La lame dansa entre ses doigts, à quelques centimètres du visage de sa prisonnière, tandis que la déesse la dévisageait. La lame ne se planta pas dans le visage de la pauvre petite victime, mais dans les cheveux de la déesse. Elle s'en servit comme d'une pince à cheveux, dévoilant ainsi sa nuque et empêchant sa chevelure de gêner ses mouvements. La déesse sortit ensuite une cigarette d'une de ses poches, pour l'allumer et la planter entre ses lèvres. L'elfe, paniquée à l'idée de se faire lacérer la face, poussa un soupir de soulagement.
Les yeux, les yeux … Ce sont mes jouets préférés. Ne les ferme pas, je pourrais me fâcher.
Une bouffée de tabac. Deux. Trois. Elle voulait s'assurer que le bout de sa clope soit rougeoyant, brûlant. Un geste très vif, et la cigarette s'écrasa dans l'oeil de l'elfe, qui poussa un hurlement guttural. Ce simple son fit frémir la déesse.
Allons, il aurait été idiot de croire que Louhi en aurait fini là. Délicate, délicieuse, elle recommença à caresser le visage de sa petite poupée, cherchant ce qu'elle pourrait bien faire. Le mégot était tombé sur le sol. Ses tatouages gambadaient sur son épiderme, gardiens de son corps. L'un d'eux traça, sur le dos de la déesse, visible grâce à la transparence de sa tenue : « Donne-moi ton nom, vampyr. » Il pouvait nettement voir cette phase, étant donné qu'elle lui tournait le dos, cheveux noués, lui offrant une vision mémorable de sa chute de reins, de ses jambes fines et de ses fesses bien dessinées.
Ses doigts dessinèrent les contours des lèvres de l'elfe, les griffant légèrement. D'une pression des doigts, elle la força à ouvrir la bouche. D'un battement de cils, une myriade d'aiguilles s'envolèrent de leur boîte – elle avait repéré cette boîte en entrant, elle qui aimait tant les choses piquantes – pour venir se coincer dans cette bouche ouverte. Une tape sous le menton, et la bouche se referma. Le cri de douleur que voulut pousser la petite elfe fut bien étouffé. En voilà une qui y repenserait à deux fois, avant de se mettre à couiner. Coinçant le bas de son visage dans sa main, Louhi appuya violemment sur les joues de la créature, la faisant mâcher de force cette armada d'aiguilles aiguisées. Des larmes de douleur perlaient sur ses joues. La déesse était la reine de la torture subtile, mais douloureuse. Elle avait encore plein de tours de ce genre, dans son sac. La simple vision de la douleur échauffait ses sens plus que de raison, et elle savourait allègrement cette sensation.
*C'est tellement sadique, j'en souffre, ah mon dieu.