9
« le: samedi 16 juillet 2011, 01:01:11 »
Ainsi donc Hiro Atayoshi traversait la dernière porte. Après une existence bien remplie, il se trouvait devant le passeur. Personne n'est vraiment pressé de le rencontrer. Généralement les gens tremblent devant-lui, mais pour Hiro, c'était avec un courage et avec un humour qu'il tentait de dissiper ses faiblesses et sa nature humaine. La mort rattrape tout le monde, même les meilleurs.
La gorge des ténèbres où il venait d'entrer, se trouvait être un autre plan de l'existence, mais alors qu'il pensait n'y trouver aucune lumière, si ce n'est cette chandelle. Ses yeux morts s’aperçurent bientôt qu'il y avait plusieurs teintes de noires. Entre les montagnes glaciales, il y avait derrière l'homme à la capuche noire, un fleuve. De celui-ci provenait des hurlements de douleurs, des cris de désespoirs et d'autres murmures atroces. Les millions d'âmes en peines y baignaient pour l'éternité. Un fleuve d'un bleu sombre, où des spectres blancs flottaient à différentes profondeurs, selon la lourdeur de leurs âmes. Peut-être, s'il était chanceux, pouvait-il reconnaître quelqu’une des personnes qu'il y avait envoyé. Le spectacle à la fois grandiose et effrayant, donnait un aperçu de l'éternité, un aperçu de la douleur à venir. Le réconfort qui attendait les morts, c'était cette petite chandelle tenue par une coupole de métal, elle-même tenue en équilibre par une faux gigantesque. La Mort souffla dessus pour l'éteindre, mais cela ne changeait rien. Le fleuve était une source de lumière sombre. On n'apercevait les montagnes faîtes de roches coupantes comme des rasoirs et cette eau. Cette eau qui s'aventurait dans le lointain. Dans des lieux qu'on ne pouvait imaginer.
Le visage de la Mort était invisible. On ne pouvait l'apercevoir. En avait-elle un ?
" Hiro " . Cette voix glaciale et gargantuesque raisonnait dans l'environnement. La Mort, parlait d'une façon aussi sombre que l'endroit qu'elle gardait. L'humour n'était pas la chose qui frappait ce Dieu. Ce prénom scandé rappelait la teneur tragique de la situation.
" Je suis le Dieu que tu as fait riche " . Son large bras montra le styx, d'où grouillait ces fétides âmes. Une fumée noire accompagna le geste, fondant le corps immatérielle dans la nature même de ce lieu.
" Regarde. Vois-tu ces morts ? Ils t'attendent, ils t'attendent tous. Certains murmures en silence depuis des années que Hiro viendra les rejoindre. Ils murmurent, qu'ils se vengeront pour l'éternité " .
Un silence de plomb gardait le fleuve. Les morts semblaient tous unanimes à l'idée d’accueillir ce nouveau venu.
" Regarde avec qui tu vas partager ton éternité. Il est arrivé juste avant toi " . La Mort se poussa et révéla derrière elle, le politicien qu'Hiro avait tué. Un vieux monsieur à moustache, aussi fragile qu'une poupée de chiffon, tremblotant de tout son corps.
" Pitié ! Pitié ! Je ne veux pas mourir ! Je ne le mérite pas ! C'est cet homme qui m'a tué ! Il m'a tué ! Que fais-t-il ici ? Pourquoi est-il mort ? Nous sommes morts ! Nous sommes morts ! Non ce n'est pas possible, ce n'est pas possible ! Je ne peux pas être mort ! Je ne peux pas ! Je t'exi... " . Soudain, une série de pierre se fissura, laissant tomber le politicien dans un trou. Un petit "plouf" se fit entendre et les pierres se reformèrent. Des rires et des cris de joies raisonnèrent des sous-sols.
" Ce sont des feuilles mortes que tu m’envoies, mais avec elles, je forme des arbres et des forêts. Tu as été tué par des pantins. Je pensais avoir une dizaine d'hommes de mains avant le jour. Mais te voilà seul. Comment as-tu fait pour rater à ce point ? " .