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« le: samedi 26 juin 2010, 16:53:33 »
Le soleil pointait parant l’horizon d’une multitude de couleurs. Ian observait le spectacle. Il n’en avait pas l’habitude. Quand on vit au fond de la mer, on ne regarde pas forcément au-dessus quand le soleil se lève. De un, parce qu’au dessus de l’eau, c’est plus notre monde et de deux, quand le soleil se lève ben on n’est pas toujours réveillé. Quoiqu’il en soit ce matin, Ian contemplait le levé du soleil et trouvait ça très beau.
Cela faisait déjà plusieurs heures qu’il se trouvait là, sur cette plage. Son groupe, sa famille étaient venus l’accompagner comme on aurait accompagné un enfant à son premier jour d’école. La réalité n’était d’ailleurs pas si loin de ça puisque le jeune ondin allait faire ses premiers pas, au sens propre du terme, dans le monde des hommes. Arrivé en plein milieu de la nuit, il s’était trainé sur le sable pour atteindre la partie de la plage qui ne serait pas mouillée par la marée et il attendit, il était bien obligé. Pour que sa queue se transforme en jambes, il fallait qu’elle soit totalement sèche donc le jeune homme dut prendre son mal en patience.
L’obscurité n’ayant rien de réjouissant surtout dans un monde inconnu, l’arrivée du soleil fut une vraie joie pour Ian qui espérait gagner ainsi ses jambes plus vite. Les rayons ne mirent d’ailleurs guère de temps à réchauffer l’air et bientôt la queue se transforma. Les écailles disparurent, la peau changea de teinte puis de consistance et finit par se séparer en deux, donnant alors naissance à deux jambes. Des choses que les humains connaissent par cœur mais qui sont quasiment inconnues pour un habitant des profondeurs.
Il les regarda un long moment, s’amusant à les soulever et à faire bouger ses orteils. Voir bouger ces petits bouts de chairs le faisait rire. Il constata que ses jambes étaient proportionnelles au reste de son corps. Il poursuivit son inspection et arriva à son… entrejambe (on va dire ça, histoire de rester soft pour le moment !). Il fut surpris d’y voir ce qu’il y avait. Les organes reproducteurs sont internes chez les sirènes et donc invisibles jusqu’à l’accouplement où l’organe mâle se déploie et pénètre l’organe sexuelle femelle (quoi ? ça fait trop sciences nat ? ben tant pis !). Alors évidement de voir tout ça comme ça au grand jour, ça fait bizarre quand on n’a pas l’habitude.
Comme un enfant, il ne put s’empêcher de toucher pour voir ce que ça faisait. Bien que n’ayant jamais fait usage de cette partie de son anatomie, il comprit assez vite comment ça fonctionnait et apprécia ce dit fonctionnement. En clair, il a joui pour la première fois de sa vie.
Une fois cet acte, au combien humain accompli, il tenta de se mettre sur ses jambes. Il pensait ça super simple mais ne tint même pas deux secondes dessus. Elles tremblaient, flageolaient et finirent par ne plus le porter et il se retrouva les fesses dans le sable. Il constata d’ailleurs que c’était quelque chose de très désagréable car le sable avait une légère tendance à s’insinuer partout et à gratter. N’étant pas de nature à abandonner, il refit une nouvelle tentative qui se solda par… ses fesses dans le sable une deuxième fois. Il maugréa.
« Putain ! Mais c’est pas vrai, ça fonctionne comment ces trucs ? »
Ça devait quand même pas être bien sorcier quand même vu que les humains les utilisaient tout le temps et même quand ils sont tout petits. Il resta un instant au sol à contempler les deux trucs qui l’encombraient plus qu’autre chose.
« Y doit bien y’avoir une technique pour marcher ! »
Tout doucement, il recommença mais il se mit d’bord à quatre pattes, puis tenta de se redresser. Victoire ! Mais pendant 30 secondes seulement et il retomba une nouvelle fois dans le sable et cette fois, c’était face contre terre, enfin contre sable, plutôt. Il releva la tête et cracha le sable qui c’était engouffré dans sa bouche restée ouverte. Il resta un moment ainsi, un peu sonné par ce nouvel échec. Il se rassit et recommença encore et encore et encore… Au bout d’une dizaine de fois, la victoire était totale, il tenait sur ses deux jambes, maladroitement car elles tremblotaient encore et étaient un peu écartées, pieds vers l’extérieur, version canard, mais il tenait debout.
« Eh ben ! ça aura été dur ! »
Il tenta alors de faire un pas et se retrouva, faut-il encore le dire, une nouvelle fois au sol. Il donna un coup de poing rageur sur la surface granuleuse. Décidément, l’apprentissage pour devenir humain, était bien difficile pour lui. Et ce n’était que le début !