Le jeune homme la gratifia d'un timide "merci" quand Voodoo lui rendit son carnet. Elle avait quand même remarqué son regard brillant et ses joues rouges, signe qu'elle ne le laissait pas indifférent, mais également sa timidité et sa confusion.
- Bon allez, ça suffit comme ça, sortez de la salle et allez à votre prochain cours si vous ne voulez pas que je vous donne un DM !
La jeune femme jeta un regard surpris au professeur : il était tellement petit et mince qu'elle ne l'avait même pas remarqué ! Tandis que les élèves sortaient en grommelant de la salle de classe, Voodoo détailla l'enseignant : elle l'avait déjà vu quelque part, mais où ?...
- Et bien, ma belle dame, que puis-je faire pour vous ? Peut-être que pour vous remercier d'avoir aidé un de mes élèves, je pourrais vous inviter à déjeuner ce midi, non ?
Elle lui jeta un regard à la fois apitoyé et moqueur. Elle pouvait presque sentir le désir qu'il éprouvait pour elle mais il fallait quand même admettre qu'il n'avait pas le physique à la hauteur de ses prétentions. C'est alors qu'en un éclair, elle se souvint où elle l'avait déjà rencontré :
- Eh mais je vous reconnais vous ! Vous étiez dans cette boîte de strip-tease, le Dahlia Noir ! Vous étiez avec votre bande d'amis à mater les danseuses !...
Oui, elle se souvenait de ce groupe d'adultes qui, un soir au club, étaient en train d'admirer les filles de l'établissement tout en vidant force verres d'alcool, et tout particulièrement de ce petit bonhomme qui avait fini par vomir, tant il ne devait pas avoir l'habitude de boire. Le visage de ce dernier se décomposa à vue d’œil.
- Que... Mais... Comment ?... balbutia-t-il.
Voodoo, après lui avoir fait un petit signe de la main qui voulait dire "au revoir !", franchit la porte et se retrouva dehors. D'autres élèves d'autres classes sortaient eux aussi de cours et se rendaient au suivant ; d'autres encore trainaient dans le couloir, discutant entre eux. Un attroupement retint l'attention de la jeune femme : Ethan était entouré par d'autres lycéens et ils n'avaient pas l'air d'être en pleine discussion amicale...
Elle s'avança vers le groupe et, juste avant que l'un d'entre eux frappe le lycéen, pour elle ne savait quelle raison même si elle soupçonnait que sa présence à elle avait une sorte de lien, lui saisit le poignet.
- Si j'étais toi, je ne ferais pas ça ! dit-elle d'une voix... glaciale.
L'air autour d'elle sembla se rafraichir. Sous la pression de la main de Voodoo, le dénommé Thomas eut l'impression que son poignet venait d'être plongé dans un bassine d'eau glacée. La sensation de froid devint de plus en plus intense et se transmit rapidement à tout son corps qui se mit à grelotter. Sa peau, en contact direct avec la main de Voodoo, prit une étrange teinte bleutée.
Durant tout ce temps, les autres élèves n'avaient pas esquissé un seul geste ni prononcé un seul mot, comme paralysés ou frappés de stupeur. Finalement, elle relâcha sa pression et l'autre s'écroula au sol, gémissant de douleur et tenant de son autre main son poignet qui était devenu tout rigide.
- Que ça te serve de leçon ! dit-elle laconiquement avant de tourner les talons...