Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Enothis/Emaneth

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Le temple Shinto / Re : Aux prières d'une nuit enneigée { Pv ~ Klaus }
« le: lundi 25 janvier 2021, 19:26:25 »
Dans le froid hivernal et la tempête extérieure les deux étrangers tentaient assez vainement de communiquer. Quoique, vainement était-il le mot ? L’une s’évertuait à trouver tout les moyens qu’elle pouvait avoir pour lui expliquer son monde, commençant même à appliquer des techniques qui pourraient être jugée sacrilèges quand on connaissait la ferveur religieuse de la demoiselle, tandis que l’autre l’écoutait avec grand intérêt, cherchant à répondre à ses explications par tout ses rouages intellectuels. Le langage gestuel restait le plus parlant encore, le plus clair, le plus logique, étant donné que dans toutes les cultures, la manière dont un corps se mouvoit et s’exprime est le plus facile des moyens pour estimer l’état global de l’être qui se trouve en face. Cela marchait d’autant plus que les deux êtres en présence dans cette pièce doucement éclairée par le feu étaient tout deux des humanoïdes, et donc, pouvait avoir le même usage de leurs membres pour communiquer des idées, des formes, même si peut-être pas avec la même ampleur. Enothis, avec ses petits bras fins et frêles, n’avait clairement pas la même allonge que celle de Klaus, le moindre des mouvements du puissant saurien pouvant faire trembler les flammes vifs de leur source de chaleur de fortune. Pour autant, les deux parvenaient encore à véhiculer les mêmes idées, à tâtonner pour comprendre dans les grandes lignes ce que chacun demandait et expliquait. Ne restait plus qu’à affiner cette expérience, mais avec la progression de leur discussion, tout pouvait bien se faire, n’est-ce-pas ?

Du moins était-ce le point de vue de la jeune femme pleine de foi et de confiance, cette dernière ayant même cherchée à lui expliquer de façon picturale le monde dans lequel il avait abouti. Inscrire quelques gribouillis sur le sol du temple était sûrement un terrible péché, on parlait de venir apporter une marque sur un lieu sacré, et sincèrement la jeune femme religieuse aurait grand mal à se le pardonner si elle en venait à offenser les esprits qui habitaient cette ruine d’un autre âge. Elle savait qu’elle nettoierait les inscriptions dès qu’elle en aurait le temps, mais ce n’était pas vraiment la question, vu que le simple fait d’avoir cette audace pouvait être une action suffisamment répréhensible pour l’invisible, que cela pouvait appeler à punition de la part de ces êtres aux règles différentes de celle du monde humain. Pour autant se trouvait ici un étranger qui avait besoin de soutien, alors elle allait avant tout se focaliser sur lui, sur ses besoins, sur ses curiosités. Quand elle le vit se déplacer, et la queue puissante du crocodile taille godzilla manquer venir disperser le feu d’un mouvement puissant, elle faillit avoir un sursaut, mais se retint à temps. Imaginez donc ce qu’un mouvement vif envers la puissante bête aurait put provoquer ! Non, par chance elle remarqua suffisamment rapidement que la bête maîtrisait son corps, et qu’ainsi son puissant appendice caudale ne fit que se mouvoir sans toucher les flammes alors que Klaus s’approche des gribouillis fort aléatoires de la jeune femme. Il pointa de la griffe sa première tentative artistique, et se mit à reprendre le mot temple, avec ce qu’il pouvait en faire dût à son manque de lèvres charnues, mais la petite prêtresse ne manqua pas d’acquiescer avec le sourire :

« Temfle ?
- Oui, temple. Ici. »

Elle pointa du doigt les lieux, et le sol, pour signifier où ils se trouvaient. Elle aurait plus de mal à expliquer ce que le Japon était, en tout cas avec le minimum de terme les plus évidents possible. Elle imaginait combien la confusion pouvait s’installer pour ce pauvre humanoïde saurien, et surtout, alors qu’elle se creusait encore la tête pour trouver les points nécessaire à son explication, elle se fit la remarque qu’au vu de ses propres problèmes à le comprendre, l’inverse devait au moins être d’égale importance. Elle devait se l’avouer, elle n’était pas faite pour faire les traductrices en herbes, et commençait de plus en plus à vouloir réveiller l’esprit du Désert en son être pour lui demander conseil. Mais comment Klaus prendrait-il le fait qu’elle parle toute seule, et non en sa direction ? Est-ce qu’il avait connu des êtres ou des choses qui le faisait et ce de manières plus ou moins trompeuses, voire agressives ? En toute honnêteté, elle pensait à ce point tout en fabulant sur le fait qu’il avait put s’échapper d’un quelconque laboratoire ultra secret, et donc qu’il avait put être poursuivit par des gens qui parlaient avec leurs talkie-walkie ou quelques micros biens discrets. Des moyens de communications qui pouvaient avoir une ressemblance donc avec une petite prêtresse qui parle toute seule dans le froid d’un temple en ruine. Mais c’est vrai que là de suite, elle se posait enfin la question… D’où venait-il ? Cette chose était-elle vraiment capable d’être née sur Terre ? Non pas que l’égyptienne ne pouvait pas comprendre l’existence du surnaturelle, elle en était elle-même une preuve, mais de là à imaginer qu’il existe un humanoïde saurien de plus de sept mètres de long … D’où était arrivée cette créature titanesque ?

Il la prit un peu de court en lui présentant de la neige, qu’il avait recueilli dans son énorme paume, et quand elle le vit la lui tendre tout en en pointant le contenu, elle redressa la tête vers les yeux reptilien de ce puissant personnage :

« Neige. Très froid. »

Elle fit mine de frissonner quand elle eut dit son dernier mot, attrapant ses épaules et les faisant trembler, mimant quelques états du corps. Elle se sentit immédiatement bien idiote, car si il s’agissait du comportement des bêtes à sang chaud, elle n’avait jamais eut l’occasion de voir un serpent, un lézard, ou toute autre bête reptilienne avoir le moindre frisson. Elle eut un instant de réflexion toutefois, puis alla récupérer un peu de neige au milieu de cette énorme paluche griffue que celle de son invité, et l’apporta près du feu, la déposant suffisamment proche pour que le reptile puisse constater que celle-ci, fondant doucement, se transformait en eau. Peut-être, avec un peu de chance, ferait-il de lui même l’association entre neige et pluie, et donc que le froid extérieur transforme les trombes diluviennes en doux flocons glacés, des pleurs nivéennes qui couvraient alors le sol de cette présence aussi immaculée que dangereuses pour tout ceux qui s’y égarent. Elle ne pouvait pas faire mieux pour la neige, et ça la frustrait bien honnêtement. Elle voulait dire tant d’autres choses, elle voulait aussi en apprendre plus. Ronchonnante, elle finit par chercher à nouveau la solution pour ne pas être complètement étrange en appelant celle qui se trouve en son être… Faisant finalement un geste à Klaus, paume ouverte, comme pour lui demander de s’arrêter :

« Attends, Klaus. »

Elle alla chercher la présence d’Emaneth en elle. Elle ne savait pas à quel point la Djinn pourrait la penser en danger quand elle remarquera la forme titanesque du cousin des Roi du Nils à ses côtés, mais elle n’avait pas vraiment d’autres choix, il ne pouvait pas toujours perdre un temps fou en tâtonnement et en recherche d’explications. Alors, quand elle capta au fond d’elle la présence rassurante de la féline dame aux pouvoirs phénoménaux, elle se mit à parler doucement, tout bas, comme pour l’éveiller doucement, et sans la brusquer :

« Emaneth ? Emaneth tu m’entends ? J4ai besoin de ton aide Emaneth, il y a … Il y a un invité avec qui je souhaites échanger mais… Nous ne parvenons pas à nous comprendre, nous ne parlons pas la même langue.
Hmmm… ? Allons bon, qu’est-ce qui a bien put venir te saluer dans ces lieux complètement abando… QU’EST-CE QUE C’EST QUE ÇA !? »

Si Klaus ne pouvait pas avoir entendu la réponse d’Emaneth, il put immédiatement sentir les changements que la Djinn appliqua immédiatement sur le corps de son hôte. Les deux yeux d’or de la jeune femme virèrent instantanément au vert émeraude, tandis que ses pupilles se fendirent légèrement. Ce qui s’ensuivit fut une action où la pudeur et la délicatesse de la prêtresse disparurent  comme si elles n’avaient jamais exister : l’Esprit aux puissants dons prit possession du corps de sa chère petite protégée pleine d’innocence, et elle fit un bond en arrière qui n’avait rien d’humain. Un saut à l’aveugle durant lequel la tenue rituelle d’Enothis vola en tout sens, laissant sa chair être exposée dans son intégralité tandis que le corps de l’égyptienne vint se placer dans le coin de la pièce opposé à la présence de Klaus. Une distance de sécurité bien pauvre finalement, vu que deux pas du saurien et un bras tendu saurait lui permettre de la toucher, mais c’était bien suffisant pour que la Djinn puisse réagir, surtout que pour parfaire un peu plus cet instant ahurissant, la quasi-divine entité avait sut choisir sa retraite : Elle n’était pas dans le coin du plancher, mais dans le coin du plafond, seules quelques puissances mystérieuse lui permettant de rester en cet endroit sombre sans chuter au sol par faute de support. Ses deux yeux désormais félins le fixait, l’observait dans un instinct parfaitement compréhensible de protectivité. Ce ne fut que quand Enothis protesta au sein de son propre corps, petite conscience laissée à l’écart, que s’exprima la Djinn, dans une langue clairement différente de celle des Kroxigor, et pourtant résonna aux tubes auditifs de la bête comme tel :

« To Hoshtoli ? To Koshtoli ? Itoka to eto ka !? »

« Tu es bienveillant ? Tu es malveillant ? Pourquoi es-tu ici ? »

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Le coin du chalant / Re : Walk like an egyptian
« le: lundi 25 janvier 2021, 15:21:13 »
Quitte à aller dans l'annonce forte et complète...

Bonjour tout le monde, à l'occasion de mon retour sur le forum, mais aussi tout simplement aux quelques mois d'écrits sans (trop d')accrocs, je me suis décidé à reprendre mes anciens comptes. Aussi, dans la listes des personnages qui sont désormais disponibles :

Darthestar

Keleth

Belphy Mueller, qui va connaître prochainement une refonte de sa fiche, donc attention.

La Sah'raan Ashar

Les Sorceliennes

Sulfure et le donjon d'Ahn Ak'Thar

Elynie Reviade, dès lors que quelques petits ajustements seront fait pour lui permettre de prendre un nouveau départ.

Lestrange/Lafol, qui ont été oublié pendant trop longtemps et méritent un petit retour pour les intéressés du n'importe quoi, du grosbillisme, et des personnages fatigants.


En revanche, mon dernier ancien compte, Luxienne et Myriade, ne sera pas reprit, ces dames étant désormais les PnJs d'une autre demoiselle, alias Lied Mueller, leur fille ^^


Je ne vais pas ici lister l'ensemble des chalant possible autour de ces personnages mais vous pouver les rejoindre via les profils de ces petits chenapans ^^ Si l'un de ces derniers vous intéresse, n'hésitez donc pas à faire signe o/

Sur ce bonne journée à tous et à toutes.

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Prélude / Re : Himéros, L'être Du Charnel
« le: mercredi 20 janvier 2021, 20:45:48 »
Il est trop... Trop... MIGNOOOOOON

AMOA, AMOAAAAA

Hum euh... Excusez moi, bienvenue divin damoiseau

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One Shot / Re : Une proie pour en chasser une autre { Pv ~ Setyhs/Tetyhs }
« le: mercredi 20 janvier 2021, 18:48:29 »
Il n’était pas difficile pour une personne entraînée de soulever les points illogiques, hâtifs, ou encore affabulés que les néophytes se faisaient dans leurs esprits. Tout le monde s’imaginait pouvoir gagner en en faisant le minimum, en se mettant en tête que si ils agissent de telles manières, avec tel enchaînement, ou alors tels coups à tels endroits, ils seraient en capacité de défaire n’importe qui, de forcer au silence le moindre ennemi. En tant qu’experte, Belphégor était le parfait contraire. L’instinct, l’expérience, la tactique, elle avait pour elle un bagage sanguinaire, la parfaite éducation qu’elle s’était elle-même prodiguée afin de pouvoir, en toutes circonstances, se sortir des situations les plus loufoques et audacieuses. Alors quand elle s’était mise à faire la morale à cette petite demoiselle bouffie de prétention, elle l’avait fait pour deux raisons quasiment évidentes à ses yeux, mais qui pouvaient se trouver obscure pour la demoiselle en proie à la panique. La première avait été d’appuyer leur différence de niveau, de lui montrer que dans l’état actuel des choses, le seul moyen pour elle de ne pas sortir de cet affrontement avec une tête en moins serait de tout simplement se rendre céans. La deuxième était de prodiguer quelques informations, quelques corrections à un plan trop simple. Pourquoi cet élan de sympathie ? Encore une fois parce que la mercenaire ne comptait s’en servir que comme un appât, et rien d’autre. Elle n’avait dans le fond aucune inimitié pour cette jeune femme, on pouvait même atteindre l’extension où elle comprenait sa position et souhaitait ainsi lui offrir un petit plus, pour l’avenir. Car dans sa vie, cette première rencontre, même si ce n’était pas la plus facile, n’allait sûrement pas être la dernière.

Enfin, son dernier mouvement eut plus d’effets toutefois que ses paroles. La fuyarde fut arrêtée nette par l’attaque aussi soudaine que précise, et cela lui scia moralement les jambes, l’obligeant à rester fixe tandis que la tronçonneuse jurait grossièrement qu’elle n’était pas un couteau de lancer. Encore une fois, Belphégor n’eut cure des propos de K’leir, elle avait bien autre chose à faire, et ce n’était pas les protestations de son compagnon inanimé qui allait la déconcentrer de quelques manières que ce soit. Elle continua de s’exprimer avec un soupçon digne sur le visage, mais surtout une froideur glaciale, de celle qui fait craindre quiconque pour sa vie. Elle n’allait pas la ménager, même si elle avait la volonté de ne pas lui faire de mal. Et si elle se devait finalement de l’assommer pour pouvoir l’emporter sans avoir une furie craintive et désespérée sur le dos, alors elle n’aurait guère de remord à le faire. Mais pour l’instant, rien de cela. Juste quelques propos piquants, acérés, autant d’aiguillons et de crocs que ceux que possèdent K’leir, mais dont la blessure  ne pouvait être physique, la mercenaire sapant le moral de cette inconsciente. Une tactique simple mais évidente dès lors que l’on avait gagné l’avantage, car la supériorité donne un aplomb de tout les diables au moindre propos que l’on peut ensuite énoncer. Et évidemment, la petite renarde qui se trouvait en face d’elle était lentement en train de perdre pied, muette, les joues couvertes de ses sanglots. Finalement, Belphégor fut presque en situation de se demander si elle n’y était pas allée un peu fort avec cette orgueilleuse, la sensation de faiblesse devant être particulièrement difficile à supporter pour sa petite tête. Mais tendit qu’elle tendit la main pour l’attraper, le sursaut d’égo de la demoiselle la prit, pour la première fois, de court :

« Silence!!! »

Oh ? Elle s’était attendue à ce que la jeune femme ne reprenne pas du poil de la bête avant un petit moment, en toute honnêteté, alors de la voir répondre avec autant d’aplomb, avec une telle hargne, eut l’occasion de faire naître un brin de retenue chez la tekhane. Oh rien de bien prudent, celle-ci n’étant pas de mise au vue de la situation, mais si elle avait tant envie de lui faire face, de s’opposer à elle, à ses paroles venimeuses qui avaient lentement instiller quelques venins dans l’esprit de la renarde, alors soit, elle acceptait d’écouter les propos de cette demoiselle. Se redressant légèrement, elle l’écouta donc tenter de se défendre, sans un mots. Eut-elle l’occasion de se préparer à une telle mièvrerie ? Nullement. Non, effectivement, l’idée même que l’on puisse s’imaginer faire un tel discours la mettait mal à l’aise. Plus encore lorsque sa vie était en danger, la moindre seconde perdue ayant put être une occasion pour la mercenaire aux cheveux de sang de quérir son arme et de la trancher en deux dans un mouvement net et soudain. Mais elle en rajoutait, encore et encore, comme si le fait de soutenir un peu plus encore son manque de contrôle, la quasi bêtise de sa façon de voir le monde, non sans parler encore de ce miel écoeurant qui s’échappait de ses lèvres, allait lui permettre de se sauver d’une quelconque manière. Le pire serait vraiment qu’elle puisse penser la convaincre de changer d’avis. Là, elles atteindraient toutes les deux les tréfonds de la sottise, la renarde pour avoir crû avoir une action intelligente en lui sortant son ramassis de foutaise, la tekhane pour s’être permise d’écouter ne serait-ce qu’une syllabe.

« Maintenant vas-t'en! Barre-toi! T'entends? Barre-toi avec ta tronçonneuse de merde et ton look à faire peur à tout le monde…
Charmant. Allez, j’en ai marre, tu vas faire un somme désormais. »

Quitte à l’assommer, autant utiliser son arme, un coup de poing demandant un peu de force et Belphégor ne voulant pas risquer de lui briser une cervicale par inadvertance. Elle tendit donc sa main directrice au niveau de K’leir, qui attendait sagement qu’on le récupère, le nez encore dans la boue et le sable du terrain vague. C’est là que le manque de vision coloré induit par les effets des illusions de Setyhs lui fut favorable. Elle le perçut immédiatement, cet éclat lumineux qui déforma son ombre, qui vint éclairer son dos soudainement, sans crier gare. Son instinct fut le premier à réagir, et elle tordit le haut de son corps tout en faisant flancher son buste, un mouvement presque inhumain compte-tenu de l’élasticité nécessaire pour l’accomplir alors que les dagues solaires de son assaillant ne vinrent que griller son flan, sans entamer la chair.

« Setyhs ! Tiens bon soeurette je suis là !!! Tiens bon !!!
Oh mais qu’avons nous là, la cavalerie ? »

Si la surprise était de taille, la réaction de Belphégor fut à l’aune de celle-ci. Pivotant dans sa position quasiment désarticulée, elle attrapa le manche de son arme, et voulut l’abattre immédiatement après sur la petite personne qui l’avait prise en traître. Mais elle n’eut pas le temps d’accomplir ce plan, pour quelques raisons des plus évidentes à ses yeux. Au vu de sa vision achromatique actuelle, elle avait déjà tout le mal du monde à repérer la forme qui l’attaquait, le surplus de luminosité dû à ses armes gommant les traits et les surfaces environnantes. De face, elle n’arrivait pas à le percevoir, ne pouvait se fier qu’au flux lumineux pour esquiver, et c’est ce qu’elle fit d’ailleurs avec une réactivité qui faisait preuve de ses capacités hors normes. Mouvement à droite, elle dévia la dague d’un mouvement ample, puis assaut à gauche, elle se cambra pour que l’éclair lumineux ne parvienne qu’à frôler sa tenue. Encore un coup, elle bouge la tête, un autre et elle plie le genoux pour se décaler. Une suite de déplacements purement défensifs au vu de la hargne sauvage qui semblait s’être emparé de celle qui l’avoinait d’assauts. Et face à cette rage, la tekhane commença à perdre patience, voulant amener le combat à un corps à corps plus violent. Cette fatigue fut suffisante pour qu’elle fasse une erreur bête : Prenant un pas en avant pour se positionner offensivement, elle sentit les deux armes de son adversaire énigmatique se planter en même temps dans son ventre, la chaleur et la radiance de ces morceaux effilés lui grillant la chair. Elle serra les dents, n’importe qui avec de telles armes pourraient en profiter pour aggraver la blessure, lui faire coûter son emportement malheureux. Par chance, celui qui hurlait en enchaînant ses assauts… Fit simplement une énorme erreur de débutant.

« Laisse ma soeur tranquille! Ne touche pas aux gens que j'aime tu entends? On s'est donnés beaucoup de mal pour venir ici! On a attendu depuis presque le tout début, pour pouvoir rencontrer aujourd'hui notre mère!... »

Un souffle. Alors qu’il venait enfin de la toucher, de gagner un point, il s’était écartés, ce qui avait pour conséquences de la laisser respirer, la laisser reprendre sa posture et le contrôle de la situation. Profitant de la douleur qui était capable de lui donner un coup de fouet démentiel, elle raffermit sa prise sur le manche de son arme, étendant K’leir vers l’arrière, tandis qu’elle vint s’écraser au plus près du sol. Jambes arquées, pieds ancrés au sol, main libre vers l’avant pour la tenir dans cette position d’équilibre, la position d’un félin prêt à fondre sur sa proie, et cela bien malgré les blessures fumantes au niveau de son estomac. Son problème ? La vision achromatique, qui faisait qu’elle était en fasse d’un mur d’une blancheur aveuglante. Sa solution ? Elle ferma les yeux, à l’instant même où cette curieuse cavalerie élança ses boules d’énergies solaires en sa direction. Une attaque saccadée et prévisible. Dès que la luminosité s’intensifia au niveau de ses paupières, elle s’élança : Voile blanc un peu sur la droite de sa vision close, elle se glisse sur la gauche, puis juste au dessus-d’elle et elle accélère le pas, s’écrasant à quelques centimètres du sol tout en évitant le second assaut. Encore un coup, puis un autre, le délai entre les attaques s’étend, elle peut prévoir que son adversaire force et foncièrement s’épuise. Cela joue en sa faveur, malgré sa blessure. Le dernier des coups est lent, hésitant, il cherche à bien le viser, mais cela le rend tant prévisible qu’elle a enfin son ouverture : Bondissant avec toute la tension qu’elle a emmagasinée dans son corps avec ses mouvements et sa posture, elle produit un salto avant complet pour amener toute la force cinétique au bout de son bras, abattant K’leir comme une forcenée dans cette concentration d’énergie densifiée.

Elle s’arrête nette dans les airs, la boule aussi, puis son mouvement se poursuit. Son talon arrive comme un couperet et vient percuter le bout de son arme, tandis que la tronçonneuse lui hurle à l’esprit qu’elle a beaucoup trop chaud. Ce dernier mouvement, tirant tout son effet de l’énergie centrifuge renforcée par la musculature de la mercenaire lui permet ce qui devait sûrement être impensable pour son adversaire : elle renvoie cette sphère de puissance solaire à son envoyeur. Honnêtement, elle ne sait pas où elle vise, elle espère même à côté ! Et ce fut le cas : La boule repart violemment plus loin et décharge son énergie dans le dos du damoiseau, la vive lumière détachant sa forme sur la rétine de la mercenaire. Au sol, l’instant d’après, il ne lui faut pas un quart de seconde pour être au contact, sa main juste au devant des yeux de son agresseur discret, qui lui avait donné un peu de mal.

« Je te tiens. »

L’instant d’après, elle attrape la figure énigmatique par l’avant, son faciès englobé par sa paume, alors qu’elle le tire du sol. S’ensuit le coup percutant, une charge d’épaule puissante, avec laquelle elle l’envoie faire un beau vol plané, avec l’estomac bien retourné. Une action d’impact, ça devrait être suffisant pour sortir un néophyte du combat, et au vu de sa situation, notant les deux fentes encore grésillantes qu’elle avait dans l’estomac, elle ne pouvait pas prendre le temps de s’assurer de son état. Se retournant vers son autre adversaire, elle abandonne son partie prit de plus tôt, et reprends son auto-suggestion pour récupérer sa vision de la couleur, ne pouvant se permettre de se laisser encore leurrer bien longtemps au vu du danger environnant. Elle se devait de pouvoir faire confiance à ses yeux ! En revanche, dès qu’elle se tourne, elle remarque immédiatement le problème. D’une manière ou d’une autre sa cible semble s’être terrée, dissimulée pendant que l’autre l’avoinait de coups. La simple idée de l’imaginer en train de se cacher après cette attaque surprise de son allié la mettait hors d’elle. La mercenaire aux cheveux de sang n’avait pas fait toute ces recherches pour rien ! De rage, elle plante son arme dans le sol et commence à se déchausser religieusement, se préparant à activer ses jambes.

« Tu devrais faire gaffe, pas sûr que ton bide apprécie ce genre de changement Bel’.
Rien à foutre, m’ont saoulées ces deux là ! »

Elle expire longuement, découvre sa nuque, et passe le doigt sur le système d’empreinte lui permettant de passer ses deux jambes sous un aspect plus … convenable à la situation. Ses collants se déchirèrent instantanément, révélant la nature technologique de ses deux appendices inférieurs, mais surtout cette mécanique prit lentement une forme liant la mécanique et l’optimisation naturelle du règne animal. Longues, effilées, le minimum de surface possible en contact du sol et le reste composés de systèmes de tensions, tendeurs et claquoirs optimisés, pistons et stabilisateurs, un armada  en l’honneur de la puissance et de la vitesse.

« Je vais être très claire désormais. Je peux très bien me ramener avec un cadavre si besoin. Alors sort de ta cachette, ou j’aurais le plaisir... »

Elle frappa le sol d’une de ses jambes, brisant celui-ci en de longues crevasses.

« … De réduire ces lieux en cendres, et d’y chercher vos pauvres corps mutilés au milieu de ses ruines ! »

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Le métro et la gare / Re : La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: mercredi 20 janvier 2021, 18:40:04 »
Enothis était plus que mal à l’aise. Voler avait déjà été, dès le départ, quelque chose qui la questionnait moralement, et ce malgré la situation d’urgence qu’elles rencontraient, mais là, de le faire et en plus d’être prise sur le fait accompli, c’était passablement difficile. Il voulait qu’elle ne fuit pas ? Honnêtement, elle n’en aurait pas eut le coeur, elle se savait en son tort, et il était sincèrement compliqué pour elle de digérer le fait que son acte puisse rester impuni. Elle aurait aimé que ce soit plus tard, elle aurait aimé qu’elle ne soit pas prise la main dans le sac, mais visiblement le monde avait d’autres projets pour elle ce soir là, et désormais rien ne saurait lui éviter de connaître autre chose qu’une triste fortune. Peut-être, en tout cas cela commençait à lui apparaître au creux de son esprit fatigué, exténué même par les événements, qu’elle s’était mal comporté, qu’elle avait mal agit, et que quelques divinités dont elle avait offensé le nom avait choisis de la mettre à l’épreuve en retour, assurant ainsi à la jeune femme de ne plus faire cette erreur ? Pourtant, elle n’avait pas la connaissance de tel comportement de sa part, ce qui mettait la petite égyptienne dans le plus grand des mals. Alors non, effectivement, quand elle avait entendue la voix rauque du vieil homme, elle s’était pétrifiée, par devoir envers Lissandre, mais aussi par pur châtiment moral. Elle obéit donc avec la plus grande des prudences, tandis que son alliée d’infortune se permit de répondre au gardien des lieux avec un empressement qui laissait entendre que la jeune femme était tout aussi mal à l’aise que son amie du soir :

« On descend on descend. Calmez-vous s’il vous plaît. Vas-y, Enothis. Fais attention de ne pas tomber. »

Effectivement, la jeune femme à la peau de bronze vint à finir son retour à la terre ferme lentement, puis s’approche un peu en se voilant les yeux pour ne pas être éblouie par la lampe-torche. Difficile de toutes façons de remarquer les traits de la personne en face d’elle, mais la voix et l’attitude laissait entendre qu’elles avaient trouvés là le cas typique du petit vieux qui, n’ayant plus rien à faire de ses journées, s’occupait désormais dans ses journées et ses nuitées à faire attention à ce que le voisinage reste sain et protégé. Le pantalon militaire, seule chose à peu près pratique à distinguer dans l’obscurité globale, était en soi un élément qui corroborait cette supposition de sa part. En tout cas, tandis que la deuxième des voleuses en herbe avait elle-même rejoint les lieux, et qu’elle était désormais en train de regarder la même lumière aveuglante avec bien des problèmes, le vieux aux airs de guérillero du samedi soir reprit son speech, avec toujours autant d’agressivité. Il fit même la sortie relativement intimidante d’un taser, et l’outil crépitant d’énergie bleutée ne fut qu’une raison de plus pour les deux femmes de ne pas chercher à énerver plus conséquemment le riverain, de peur qu’il ne perde un peu la main et finisse par les électrocuter malencontreusement. Et même si le ressenti de l’électrocution n’était pas vraiment une chose que l’égyptienne avait déjà connue, ce n’était pas ce soir, tout juste habillée d’une tenue frivole et tape-à-l’oeil, qu’elle voulait en faire l’expérience. Tout au plus resta-t-elle aussi muette que sa camarade tandis que leur vigilant compagnon indésirable reprit son propos avec une certaine clarté, semblant apprécier qu’elle n’ai pas jouées les idiotes :

« Les voleuses ont perdu leur voix ? Parfait ! Ça me fera moins de conneries à écouter. Bon, écoutez. On peut peut-être trouver un arrangement entre grandes personnes, hein ? Après tout, j’ai « très bien » regardé la vidéo qui vous a filmé et j’ai « très bien » remarqué à quel point tu étais en « sous-vêtements ».
- Je… C’tait pas volontaire... »

La remarque fut des plus désagréable pour elle. Si effectivement Lissandre avait encore eut suffisamment de quoi se couvrir juste ici pour ne pas faire remarquer son manque de pudeur vestimentaire, cela n’avait pas du tout été le cas de la jeune étrangère, qui avait alors à l’idée le fait qu’une caméra avait captée l’ensemble de son désarroi nocturne. Encore un truc qui allait finir sur le net, comme la vidéo des salopards qui s’en étaient prise à elle plus tôt. Connard de nippons et leur manie de tout filmer, dans le seul but de soi-disant les protéger de tout problèmes, cela avait clairement déteint sur leurs habitudes et avait laissé comme trace cette horreur d’instinct voyeuriste et salace. En tout cas il fut rapidement très clair pour les deux jeunes femmes qu’elles n’allaient pas s’en sortir aussi rapidement qu’elle le pensait, à devoir fuir de manière expéditive une fois l’appel à la police fait, parce que ce petit vieux ne fit guère l’effort d’assouplir ses propos et les somma, au vu du ton, de se diriger avec lui dans un petit garage qui se trouvait à peine plus loin, quelques mètres à leur gauche. C’était lui obéir, ou risquer le taser, et visiblement son alliée de la soirée, à peine plus vêtue que plus tôt, ne se fit guère attendre quant à son choix. Elle prit la main d’Enothis dans un geste qui laissait entendre qu’elle cherchait à la rassurer, chose qui effectivement fit du bien à la lycéenne sans pour autant diminuer son état d’alerte, et elles se retrouvèrent à rapidement faire les quelques pas qui les menèrent à cette pièce à peine éclairée maintenant que le vigilant vieillard en avait ouvert le seuil grâce à une télécommande. De certains jureraient au traquenard, Enothis et Lissandre en faisaient partie sans pour autant pouvoir refuser « l’invitation ».

Elle durent prendre les devants, entendant derrière elles les pas lourds de l’homme toujours fièrement équipé de son taser. Enothis n’en menait pas large, ni son amie, mais visiblement, le fait que les deux vivent une nuit infernale les rapprochait, et surtout les motivaient à se protéger l’une et l’autre de toutes les manières possibles. Très honnêtement, si elles venaient à rencontrer un éventuel problème, Enothis était prête à faire tout ce qu’elle pourrait pour assurer à sa camarade de soirée de s’éviter d’autres tourments. Surtout que chez les deux jeunes femmes, elle avait bien compris que le don d’Emaneth n’avait pas eut le même résultat, la même fonction. Certes elles avaient toutes les deux gagnée en calme, en apaisement, mais dans son propre cas le tout s’était accompagné d’une insensibilité à la douleur, le genre de chose qui, foncièrement, lui créait encore de gros problèmes alors que son corps était toujours saturé du plaisir qu’elle avait connue auparavant. Mais elle cherchait à l’oublier, à l’ignorer. Tout ce qui comptait actuellement, c’est qu’elle se trouvait désormais dans le petit garage de ce vieux aux airs de john rambo du balcon, et que tandis qu’il blablatait sur ses aspects de mignon grand-père pour la populace des immeubles, ni l’une ni l’autre des deux jeunes femmes présente ne se sentait à l’abri des événements tragiques à venir. Pourtant, Enothis fit mine de s’enfoncer un peu plus, comme si cette preuve de zèle allait lui permettre de montrer qu’elle était de bonne foi malgré ses actes, tandis que Lissandre, plus prêt de la porte rétractable du garage, manqua sursauter alors que l’homme s’était glissé dans son dos, l’obligeant par la même à avancer :

« Voilà. Ici nous serons tranquilles. La lumière n’attirera pas les voisins trop curieux. Vous pouvez respirer, mesdemoiselles. Ici, c’est un endroit où l’on se sent bien. Où on peut parler de tout. Et surtout des ennuis. Car vous en avez eu, des ennuis je veux dire, n’est-ce pas ?
- Eh bien … oui… de gros ennuis... »

Au moins la sénilité ne lui avait pas ôté son brin de jugeote, et avait-il au moins conclu du fait que deux femmes en petites tenues qui se retrouvaient à voler sur un balcon n’étaient pas foncièrement d’horribles délinquantes, mais peut-être et avant tout les victimes d’une histoire sordide. Cela avait le don de montrer qu’elles n’allaient pas juste avoir à faire à un vieux fou, mais plutôt à un type qui avait encore toute sa tête. Cela avait ses avantages, comme le fait qu’elle pourrait sûrement lui faire entendre raison sur leur état de la soirée, et donc de lui prouver qu’elle n’agissait pas par une malheureuse forme de vilenie quelconque. En revanche, cela laissait aussi entendre que son comportement était parfaitement rationnel, pas mû par quelques stupides afflictions de la mémoire ou de la logique, et que si il avait sortit un taser pour les foudroyer en cas de fuite, il l’aurait effectivement fait. Autant de choses auxquelles réfléchissaient l’égyptienne tandis qu’elle fut conviée à s’asseoir avec Lissandre. Autant dire qu’elle commença d’abord par glisser un regard un peu dubitatif à son alliée du soir, comme pour lui signifier un peu mieux ses craintes maintenant qu’elles se trouvaient en pleine lumière. Elle eut un retour de la part de son amie assez équivoque, celle-ci n’étant pas plus rassurée qu’elle, mais de manière à ne pas froisser cette hôte qui mêlait autant les vociférations agressives que les belles intentions, elle s’assirent toutes les deux à l’unisson, tout en observant les alentours. L’égyptienne remarqua d’ailleurs que Lissandre portait par moment un regard intrigué et craintif envers le mur du fond, mais pour l’instant elle n’avait guère sut dire pourquoi, se contentant de réagir aux propos de l’hôte :

« Asseyez-vous asseyez-vous. Et buvez ça, vous avez l’air d’en avoir bien besoin.
 -  Je- Merci beaucoup. Mais, c’est-à-dire qu’on ne voudrait pas vous embêter plus longtemps. Alors-
 -  Mais non, mais non. Ça me fait plaisir, à un vieil comme moi d’avoir un peu de compagnie. Faites-ça pour moi, s’il vous plaît ?
C’est que … Enfin … nous savons que … »

Elle ne put pas vraiment le repousser tandis que le vieillard lui colla entre les mains cette cannette de soda pleine et froide. Honnêtement, elle aurait voulut lui dire que tout ce qu’elle voulait, c’était de pouvoir rentrer le plus rapidement chez son amie afin qu’elles soient toutes les deux en sécurité, qu’elle n’avait pas envie de boire quoi que ce soit même si elle avait la gorge sèche d’avoir tant gémit plus tôt. Comment aurait-elle put le dire quand l’homme en face d’elle semblait encore prêt à sortir son taser comme le cow-boy tire son flingue dès qu’il en a la possibilité ? Bon peut-être qu’elle fabulait en cet instant, car désormais l’homme semblait autrement plus agréable. Peut-être avait-il été aussi véhément et grossier plus tôt pour faire bonne figure devant les caméras de la zone résidentielle ? Un moyen de montrer qu’il faisait bien son travail aux riverains, avant de pouvoir s’assurer que les deux jeunes filles et leurs tristes mines n’étaient pas foncièrement mauvaises, mais simplement des victimes qui avaient déjà tant le dos au mur qu’elles avaient préférées grimper au lieu d’atteindre de se faire faucher à nouveau par quelques salopards en plein délire. Oui, ça lui tiquait à l’esprit, elle ne voulait pas donner aussi vite sa confiance à quelqu’un, mais elle avait aussi besoin, comme pour son alliée de la soirée, de se dire qu’il existait en ce monde des personnes capables de bonnes actions, de bons comportements, sans que des situations sordides n’y soient rattachées ! Enfin, alors qu’elle se prenait la tête en silence, elle vit la réaction de son ami, plus ou moins réconfortante, et finit par se laisser aller à une gorgée. Ça lui fit tant de bien qu’elle manqua siffler la canette d’un trait, reprenant par petite lapée un peu plus du soda pour ensuite le boire tout doucement, ce qui lui assouplissait le coup. Au moins elle pourrait le remercier pour cela.

« Je vous rembourserais. Pour les vêtements. Et même plus, si vous voulez ! Mais par pitié, s’il vous plaît, n’appelez pas les policiers. S’il vous plaît, monsieur !
 -  Oh vous en faites pas, ces vêtements ne sont pas à moi, je suis pas celui à qui vous devrez les rendre. Et pour la police, entre nous, ils mettraient tant de temps à venir que j’aurais pût appeler il y a une heure qu’ils ne seraient pas parties du commissariat. »

Il se mit à blablater devant les deux jeunes femmes. Enothis, dans sa tenue, remarqua même que le haut de sa jupe se soulevait vers l’avant tandis que le vieil homme tourna les yeux vers elle, tant et si bien qu’elle se précipita pour appuyer dessus et se couvrir de nouveau. Dieu que c’était gênant, elle espérait que ce vieillard ne l’avait pas remarquée. Elle avait assez longtemps bouffée du « les étrangères sont des putes qui veulent chauffer les mecs » avec tête de gazon pour ne pas finalement montrer l’origine du monde à un vieux japonais à la retraite. Et le fait que son entre-jambe était couverte de son dessous ne changeait en rien la honte de ne pas avoir été assez vigilante, étant donnée qu’elle savait très bien que les mœurs de cette société étaient autrement plus prudes et rigoureuses que dans bon nombre de pays. Manquerait plus qu’elle soit la provocatrice les mettant dans de beaux draps avec de biens maladroites actions ! En tout cas elle termina sa canette sans le moindre souci, et continua à garder une oreille attentive aux propos de l’ancien :

« En revanche mesdemoiselles, je ne veux pas dire mais vous êtes certaines de ce que vous faites. Votre dégaine j’veux dire. Et à deux pas du quartier de la Toussaint, rendez-vous compte. Si vous avez déjà eut des soucis c’est clairement pas la direction à prendre, vous allez finir dans les pires recoins de la ville. Mon fiston a eut un souci un soir, dans ce foutu quartier, et je vais être parfaitement honnête avec vous ... »

L’homme ne cessait de déblatérer ses histoires. Enothis ou Lissandre, plus ou moins prise en otage par leur propre moral d’abord, et le fait que leur interlocuteur restait dangereux ensuite, ne cherchèrent visiblement pas à l’interrompre pour le moment, même si l’une et l’autre avait sûrement bien d’autres sujets à aborder. L’égyptienne, par exemple, aurait bien aimée apprendre du vieil homme si il comptait faire disparaître l’enregistrement la montrant en lingerie au milieu de la nuit, ou si il savait comment ils pouvaient rejoindre le plus rapidement possible l’adresse de Lissandre maintenant qu’elles étaient plus ou moins vêtues. Le problème d’ailleurs étant qu’elle n’avait tout simplement pas la moindre idée de l’endroit où se trouvait l’appartement de sa camarade, si bien qu’elle manquerait de précisions si elle amenait le sujet sur le tapis. Quant à Oga, il profitait de leur confusion pour les assommer d’informations, pour gagner du temps, et laisser tranquillement la drogue dans leur canettes faire effet une fois qu’elles les auraient entièrement consommés. Et si la petite demoiselle à la peau de bronze semblait avoir but tellement vite qu’il s’était un temps demandé combien elle pouvait être assoiffée, ce fut plutôt la miss en tenue latex déchirée qui sembla mettre bien trop de temps à son goût. Si la petite égyptienne commençait à montrer des effets avant que l’autre n’ait tout bu, son plan allait rapidement devenir plus compliqué, et malgré son entraînement militaire, son vieil âge pouvait devenir très gênant si elles n’étaient pas bien sages et obéissantes.

Alors il prit lui même une canette, et vint l’ouvrir pour faire mine de trinquer avec celle qui prenait son temps.

« Kanpaï jeune fille. Allez buvez, vous allez voir, c’est p’t’être froid mais le sucre va vous aider à réchauffer vos muscles. Vous savez, si vous avez vraiment besoin de quelqu’un pour vous déplacer jusqu’à chez vous, je peux toujours tenter d’appeler mon fils. Pas vu qu’il soit réveillé à cette heure, mais qui ne tente rien n’a rien. Et puis il a toujours eut le meilleur des comportements, après tout je l’ai bien élevé. C’est un charmant jeune homme mais il est toujours si sérieux, il n’a même pas encore trouvé de fiancée. Me voilà pauvre vieux avec quasiment deux pieds dans la tombe, et je ne suis même pas encore grand-père, quelle tristesse. Enfin, être grand-père à Seïkusu n’est pas une sinécure vous me direz, dans le fond je... »

Et il continuait sans qu’elle n’ait le temps d’en placer une. Quelques fois elles parvenaient à associé une question ou un petit mouvement d’approbation à l’une des réflexions du grand-père, puis l enchaînait tout de go sans même qu’il n’ai semblé faire attention à ce qu’elles venaient de dire. A croire qu’effectivement ce pauvre bonhomme insomniaque et solitaire avait grand besoin d’échanger, mais cela devenait plus que gênant, compte tenu de la situation et des tenues qu’elles portaient… Mais ce ne fut pas tout. Au bout d’une vingtaine de minutes après la consommation de la canette, Enothis commença à se sentir extrêmement réchauffée. Bon dieu qu’elle avait chaud, elle en était presque à haleter pour trouver un peu d’air frais, mais elle se retint comme elle put, ne voulant guère sembler étrange. Le pire ? Les mots de l’homme lui semblait désormais désordonnés et confus, comme si il parlait de très loin, ou trop vite pour elle. La fatigue ? C’était étrange, elle se sentait pourtant énergique, mais tandis que son corps frissonnait, que son esprit s’embrumait, elle ne put que s’empêcher de remarquer qu’elle n’était pas dans son état normal. Et ce qui l’aida à s’en rendre compte, ce fut quand elle tenta de se rasseoir comme elle le pouvait pour ne pas avoir l’air trop étrange, et que son entre-jambe frotta contre la surface plane de la chaise. C’était si peu, mais elle le ressentit, le plaisir, et le fait qu’indubitablement… elle s’était mise à mouillée, même à être passablement trempée.

Était-ce la faute d’Emaneth ? Cela semblait peu probable, mais elle voulu lui demander… sans trouver le courage de chuchoter, taisant simplement son état second et le dissimulant à sa belle et délicieuse amie, si charmante et attirante. Bon dieu qu’est-ce… qu’est-ce qui lui arrivait… À quoi pensait-elle ?

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Si certains pourraient avoir le manque de jugeote pour ne pas se remettre en question, cela n’était sûrement pas le cas de la jeune femme. Elle savait le faire. Voir où elle avait péché, où elle avait agit avec tort, voir les moment où, dans son emportement, dans son orgueil qu’elle connaissait comme étant aussi terrible qu’envahissant, elle pouvait faire du mal, à elle et autrui. Alors pour Kaïto, elle avait certes dût faire un effort, mais elle l’avait fait, s’assurant de lui présenter les excuses les plus propres, les plus acceptables, et ce avec l’ensemble de cette gestuelle qui avait tant d’importance pour la société nippone. Elle n’était plus la figure de proue d’un culte saugrenue au coeur du désert, elle n’était qu’une simple étudiante désormais, et en ce sens, elle devait aussi apprendre à ne plus fonctionner comme elle le faisait autrefois. Cette rencontre, leur étrange nuitée, lui avait non seulement apprit cela, mais lui avait démontrer avec un impact terrible mais fascinant qu’elle se devait d’accepter une vie différente, marquée par l’humilité d’abord, par la vie simple d’une jeune femme grandissante ensuite. Alors bon, elle rougissait encore en se rappelant les songes qui l’avaient habitées durant son sommeil, mais dans le fond elle acceptait leur existence. Après tout, elle n’était pas différente d’une autre, et peut-être qu’elle … avait pendant bien trop de temps omit ce que son corps d’adolescente puis d’adulte souhaitait lui convier en terme d’attirance ? Cela pouvait être une justification, une piste tout du moins, sur l’ensemble de ce bien étrange moment qu’elle avait vécue… Même si quelques part en son coeur, quelque chose d’autre était en train de gronder.

« Enothis-sama, j'accepte tes excuses du fond du cœur. Je t'ai écouté et je comprend les sentiments qui t'assaillent. je suis tout comme toi tu sais, nos personnalités se ressemblent dans le fond. J'ai ... aussi rêvé ... car il s'agissait bien d'un rêve, et ... »

Il prononça ces mots tout en venant quérir ses mains, cherchant tant bien que mal à l’inviter à se redresser, de manières à ce qu’il puisse échanger sans toutes ces formes procédurales de l’excuse japonaise. Honnêtement, la jeune femme se laissa tirer par le geste, reprenant lentement une posture normale, même si elle dut lever un peu le menton pour pouvoir continuer d’échanger avec Kaïto de manière plus ou moins direct. Le contact visuel était important, non ? En tout cas, alors qu’elle croisa enfin le visage du jeune homme directement, ce qui n’était qu’un grondement silencieux en elle se mua en un sifflement félin, qui lui parvint de manière très nette à l’oreille. La mention du rêve avait été étrange pour l’égyptienne, mais pour une autre personne présente en cette pièce sans qu’elle n’ait de forme, ce fut l’alarme qui déclencha une colère terrible. Elle ne prit pas immédiatement la place, mais Enothis sentit, avec un brin de panique, que la conscience de la Djinn s’apprêtait à passer à l’avant, sans qu’elle ne puisse objecter de peur de passer pour une folle aux yeux du damoiseau.

« ... et comme tout les rêves, l'imagination te fait vivre des situations auxquelles tu ne t'attend pas. Ce songe m'aura permis de t'apprécier à ta juste valeur et de comprendre comme tu es une personne que l'on veut découvrir. »

Aussi évocateurs ces termes pouvaient-être, elle ne sut pas vraiment comment rebondir sans se perdre dans quelques questions maladroites, encore plus qu’un petit brin de peur était en train de se mêler au reste de ses émotions. Quelque chose d’enragé était en train de se mouvoir en elle, et au vu de l’état moral de la Djinn depuis ce matin, elle pouvait presque se douter que l’entité avait recollée plus de pièces du puzzle qu’elle n’y était elle-même parvenue, ce qui amenait les événements vers un dénouement passablement dangereux. Dès que Kaïto libéra ses mains et fit un petit pas pour s’éloigner, Enothis chercha quelques moyens de parler avec Emaneth, de l’enjoindre au calme et à la mesure, surtout qu’il restait du monde dans l’établissement et qu’elles ne pouvaient se permettre d’épuiser les pouvoirs de l’esprit du désert, ses dons étant plus que nécessaire pour leur assurer une bonne et saine vie loin du danger. Par bonheur, un bruit dans le couloir amena le jeune homme à tourner la tête et se concentrer sur les environs plus que la jeune femme devant lui, alors, tout bas, la demoiselle à la peau de bronze chuchota en toute hâte quelques plaintes envers son alliée de toujours. « Pitié, calme-toi, ne fais rien de sou... », mais elle ne put finir sa discrète tentative. Tête vers le bas, silencieuse, son corps ne lui appartenait déjà plus, et tandis que le jeune homme se retourna vers elle avec un ton guilleret et invitant, il ne pouvait se douter que les pupilles dorées de l’égyptienne passait déjà lentement à ces deux émeraudes scintillantes caractérisant la possession absolue d’Emaneth.

« Accepterais-tu que je te raccompagne un peu, où que nous nous arrêtions quelque part pour parler ? De mon côté, je considère cet épisode comme une petite erreur mutuelle qui aura quand même eu l'effet bénéfique que nous nous rencontrions. Si tu le souhaites, je connais un café pas loin d'ici où ils proposent des donuts énormes !! C'est juste par là, tout au bout de cette allée. On rejoint les quartiers plus vivants et ce ne sera pas loin. Tu veux ?
… Je me vois dans la situation immédiate de refuser. En fait, je crois même que nous avons encore beaucoup de choses à nous dire, jeune homme. »

L’instant d’après, le corps juvénile d’Enothis se détendit, mais ce ne fut que pour appeler d’autres phénomènes d’autant plus inquiétant. La colère d’une Djinn n’est pas chose que l’on peut imaginer comme étant commun, ou même un brin effrayant. Non, la colère d’une entitée aussi puissante s’exprime de bien des manières, et souvent dans un florilèges de détails capable de faire claquer des genoux les plus braves. Dans le cas présent, l’ire d’Emaneth commençait déjà à affecter les lieux, les portes des différents casiers se mettant à s’ouvrir en grinçant, oscillant dans un vent invisible, tandis que les néons de la pièces se mirent à clignoter frénétiquement. Plus terrible et effrayant encore, les bancs qui occupaient le centre de la pièce étaient lentement en train de se mêler au sol, s’enfonçant comme si quelques sables mouvants avaient soudainement décidés de révéler leur existence. Et au milieu de ces grincements, de ces illogismes, de ce spectacle de l’horreur qui s’étaient enclenchés de façons tout à fait incompréhensible pour n’importe quel être humain normal… Le seul élément parfaitement immuable, inexpugnable, permanent de ce changement soudain était les deux lueurs de jade scintillantes des yeux d’Emaneth, fixé sur le damoiseau, et l’on pouvait y lire quelques terribles accusations. Et enfin elle s’avança, lentement, vers cet imbécile, humant l’air pour trouver les quelques traces de magies profanes et anciennes qui pouvaient traîner aux alentours du blondinet, à la recherche de l’ignoble outil dont il avait fait l’usage sur elle et sa protégée.

« Je me disais bien. Nous nous sommes vu hier soir, mais j’étais trop dans les vapes pour imprimer ta petite face de blaireau des marais. Alors petit cancrelat, qu’as-tu osé utiliser pour t’en prendre à Enothis et moi-même ? Tu peux me le dire ou pas d’ailleurs, je doute que cela influe sur ta destinée proche. »

La voix d’Emaneth était clairement différente de celle de sa cadette humaine, sans grande surprise, mais ce qui changeait tout particulièrement était le ton, aussi suave que tranchant, avec lequel chacun des mots étaient prononcés. Si la peur avait prit de court le jeune homme, ou si il tentait de fuir son emprise, la Djinn avait de toutes manière déjà prit les devants, s’étant assurés de le clouer au sol, quelques serpents de sable ayant étrangement traversés la faïence du sol pour planter leurs crocs dans ses chaussures, l’empêchant de détacher ses pieds de la surface blanche. Et elle s’approchait, sinueuse et un peu voûtée, n’ayant guère d’envie de bien se tenir face à celui qui lui avait fait connaître un tel supplice la nuit passée. Elle n’avait besoin que de réponses, et elle comptait les obtenir rapidement ! Alors elle fit encore un pas, et un autre de plus, et aussi étrange cela pouvait-il paraître, alors même qu’Enothis était clairement plus petite que Kaïto, une fois que la forme ivre d’ire se trouva au plus proche de l’étudiant, ses yeux d’émeraude le toisait de haut et sa forme sombre plus ou moins illuminée par les néons hasardeux la faisait paraître énorme, sauvage, monstrueuse. Il put l’entendre respirer lourdement, une fois, puis deux, avant qu’elle ne trouve enfin la fragrance âcre et pestilentielle de la magie sombre qui avait affectée Enothis la nuit passée. Elle tendit sa main, et la glissa dans la poche du garçon, en tirant alors le téléphone qui s’y trouvait. Odieuse forme de technologie, comment cet objet avait put l’aider à produire pareil rituel. Les deux billes d’un vert scintillant se posèrent à nouveau au creux des mirettes du jeune homme, et la main d’Emaneth vint se poser sur sa joue, dans un geste presque réconfortant. Puis, elle laissa ses griffes sans formes physiques appuyer sur la peau, et se glisser de quelques infimes micromètres dans sa chair. Si elle tirait, elle déchirerait.

« Maintenant, gamin, à moins que tu n’ai l’intention de me mentir, et donc de mentir à cette jeune fille qui s’est permise de te faire confiance et de s’excuser, tu vas tout m’expliquer. Qu’as-tu fais avec ça ? »

Elle fit alors pendouiller le téléphone dans l’espace entre leur visage, tellement proche déjà que c’est à peine si l’objet ne frotta pas sur leurs nez.

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Le temple Shinto / Re : Aux prières d'une nuit enneigée { Pv ~ Klaus }
« le: mercredi 20 janvier 2021, 18:17:21 »
Quand elle le sentit humer l’air à l’instant où elle s’approcha de lui, elle manqua de faire un mouvement de recul. Ce n’était pas que cela appelait à quelques peurs profondes, mais simplement que le principe de se faire renifler ainsi lui mit un court instant une image en tête, celle d’une bête cherchant à deviner si sa proie est bonne. Bien sûr, l’idiotie de ce préjugé la frappa immédiatement, tant et si bien qu’elle ne put vraiment manquer de se traiter d’idiote, l’égyptienne ayant bien du mal à se croire aussi … aussi … raciste ? Est-ce que l’on pouvait parler de race dans le cas présent ? Spéciste peut-être ? Sauf que l’on parlait souvent de spécisme dans le cadre des mouvais comportements envers les animaux, et très visiblement ce qui lui faisait face avait tout de l’intelligence la plus vive, étant parfaitement capable de comprendre et de parler comme elle le faisait. Non pas qu’elle soit un canon en terme d’intellect, une bonne partie de ses notes scolaires étant là pour prouver qu’elle avait bien du mal à engranger connaissances et savoirs, mais tandis qu’elle se posait tout ces questionnements, elle se fit la remarque qu’elle divaguait. Elle avait bien autre chose à faire que de se plaindre de son manque de talent dans l’apprentissage de savoir, et se contenta de poursuivre ses actions jusqu’à ce qu’elle entame la discussion, et ce avec grand renfort de gestes afin de tenter de communiquer. Que Babylone ait été détruite ou non, il était évident que la différence de langage était telle qu’ils allaient grand mal à s’exprimer plus clairement qu’avec des concepts globaux, mais elle voulait s’y essayer.

C’est donc une fois qu’ils étaient tout les deux bien installés, et qu’elle avait besoin de se casser le cou pour le contempler dans les yeux, qu’elle se permit de le questionner sur sa dénomination. Au moins c’était quelque chose de plus ou moins simple à présenter, et de tout aussi facile à répondre, même si elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il lui sortit. « KromKota vo Sharleko », c’était à la fois un nom relativement long mais aussi passablement difficile à prononcer par le plus pur langage humain. Et le fait que sa langue natale soit l’arabe n’allait pas l’aider, une grande partie de leur diction ne correspondant pas du tout avec les sonorités que provoquaient la gueule titanesque du saurien. Au moins, elle comprenait la difficulté des japonais à prononcer son propre patronyme complet, Enothis Anektohtem étant, il faut se l’avouer, un mélange à la fois terriblement intéressant mais complexe pour les îliens. Enfin, elle sembla effectivement perturbée par ce que le grand mélange d’éléphant et de crocodile lui présenta comme étant sa dénomination, si bien qu’il fit mine de réfléchir, puis se reprit avec un ton relativement cordial. Elle aurait put s’excuser de sa sottise et son manque de savoir, elle l’aurait sûrement déjà fait, mais à la place elle se contenta de respectueusement l’écouter, puis enchaîna avec la salutation respectueuse qui convenait avec leur bien étrange rencontre :

« Klaus.
- Enchantée, Klaus. »

Elle se plia en avant pour le saluer avec un clair respect, puis se redressa, se mettant presque à oublier la bien étrange et légère tenue qu’elle portait, notamment grâce au puissant feu qui envahissait la pièce de sa radiance. Une fois redressée, elle le vit enchaîner sur un ton qu’elle associa à de l’interrogateur. Il commença par la présenter du doigt, non sans encore s’exprimer avec ce mot qu’elle ne comprenait que bien peu malgré qu’elle réussissait désormais à le remarquer : Ankhti. Elle tentait de le déchiffrer pourtant. Très honnêtement, elle était plus ou moins dirigée instinctivement vers le Ankh, cet objet sacré des rituels ancestraux de son pays natal. Un objet que seuls les pharaons et les prêtres avaient droit de porter. Cela la fit réfléchir à se tenue, plus ou moins rituelle. Est-ce que… Cela paraissait peut-être un peu grossier, un peu étrange même de le voir ainsi , mais est-ce qu’il lui demandait si elle était un membre du clergé ? Ou d’un clergé spécifique même ? Elle pensait à cela notamment à cause de la répétition de sa dernière phrase : « Ankhti ank ». Peut-être qu’il voulait dire quelque chose comme prêtre/prêtresse des Dieux, ou Prêtresse d’Ankhti ? Quoique cette dernière possibilité puisse dire d’ailleurs ? Vu combien il en parlait, peut-être s’agissait-il même de la propre divinité qu’il vénérait, ce qui expliquerait … Ce qui expliquerait peut-être pourquoi il l’avait associé à ce nom. Après tout, quel être humain ne hurlerait pas à la mort en voyant un lézard de dix tonnes à part ceux qui connaîtrait sa culture ? Tant de questions auxquelles elle ne saurait répondre, mais elle essaierait sûrement de lui en parler ainsi, après tout elle allait y aller pas-à-pas.

La seconde partie de son message, elle le comprit bien plus vite, étant donné que les grands gestes qu’il fit présentant les lieux laissait entendre qu’il aimerait à apprendre le lieux où ils se trouvent tout les deux en ce moment. Même elle n’avait pas de nom à donner à cet endroit, elle avait juste découvert que les lieux étaient abandonnés et que le nom du temple et des divinités s’y trouvant avait été oubliés depuis lors. Elle allait devoir trouver le meilleur moyen de lui répondre désormais, aussi le fit-elle dans l’ordre, espérant que le gigantesque Klaus saurait lui expliquer, ou l’aiguiller, si elle se trompait dans ses traductions. Traduction probablement foireuse vu qu’elle avait fait, dès le départ, un rapprochement entre sa culture natale, et la culture d’un crocodile de la taille d’un demi-avion de ligne. Enfin, elle plaça sa main sur elle, et tenta donc de reprendre ses mots, avec bien moins d’accent que lui :

« Ank. »

Puis elle enchaîna en hochant la tête de droite à gauche pour signifier un non :

« Pas Ankhti. Autre Dieux. »

Mimant ensuite les gestes de Klaus quand il avait montrer l’endroit de ses bras aussi épais que des poutres métalliques de chantier, elle enchaîna avec un ton qui se voulait respectueux, même si elle se sentait particulièrement idiote de devoir écourter ses phrases et simplifier ses mots pour tenter de converser avec lui. Diable, elle aurait aimer comprendre son langage, d’autant plus que l’échange, plein d’intérêt et de curiosité des deux côtés, donnait de plus en plus envie à la jeune femme qui comprenait bien que ce titanesque personnage n’avait, finalement, rien d’inhumain. Sûrement plus dangereux qu’un escadron de police à lui tout seul, sûrement, mais rien d’inhumain :

« Ici temple, fit-elle avant de montrer en plus les lieux les plus délabrés, Temple Ancien. Temple pour lui, Dieu du Temple. »

Elle enchaîna avec les même gestes, montrant d’abord le temple, puis la statue qui se trouvait au fond de la pièce, dont la forme guerrière et ancestrale allait de pair avec le délabrement global de cet endroit. Puis elle remarqua que dans sa manière de présenter les choses, il y allait sûrement avoir une confusion du puissant saurien humanoïde, aussi elle enchaîna immédiatement et avec un peu d’empressement afin de clarifier le point qui lui était venue à l’esprit :

« Enothis Ank, mais pas Ank lui, expliqua-t-elle en pointant du doigt la statue tout en faisant à nouveau non de la tête. »

Enfin, restait le moyen de lui expliquer où ils se trouvaient, si bien qu’elle ne trouva pas mieux… Que de le représenter par le dessin. Aussi, elle se redressa et prit avec elle l’un des morceau de bois qui s’était déjà en bonne partie calciné, profitant que la pointe soit d’un charbon désormais éteint, et  fit quelques pas sur la droite afin de se mettre dans une zone où son compagnon de la soirée soit le plus apte à contempler ce qu’elle allait lui montrer. Elle fit alors un premier triangle avec deux piliers en dessous pour représenter les pagodes nippones, ou les torii, puis le pointa de son crayon improvisé avant de refaire le grand geste qui lui permettait de montrer le temple. Elle le présenta avec le mot qu’elle usait depuis tout à l’heure, « temple ». Ensuite, elle entoura le temple d’une esquisse relativement imprécise du Japon, même si elle essaya de faire l’effort de représenter au passage les différentes îles qui s’y trouvaient. Elle écrivit donc « Japon », et l’exprima du même ton, espérant que cela serait évident pour Klaus. Peut-être si il avait déjà vu une carte, il comprendrait qu’elle lui décrivait le pays, mais elle ne pouvait le savoir dans le fond. Enfin, elle se permit de faire une très grande sphère autour de son dessin, pour représenter la planète sur laquelle ils se trouvaient actuellement, et étoffa son dessin du mot « Terre ». C’était une précision supplémentaire au cas où il s’agissait d’une entité d’un autre plan, comme le pouvait être Emaneth. D’ailleurs, quand elle y réfléchissait, la Djinn était passablement silencieuse, alors qu’elle pourrait peut-être l’aider ? Elle allait sûrement lui sonner les cloches d’ici peu.

« Temple être dans Japon. Japon être sur Terre. »

Elle se sentait irrespectueuse, c’était terrible. Pitié Klaus, pardonne-lui son manque d’aisance.

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Oh god he's cute !
Welp, bienvenue encore par ici !

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Prélude / Re : La belle plante vous salue. [Keira]
« le: dimanche 17 janvier 2021, 11:17:05 »
Bienvenue Akita, et profite bien des lieux.
Je suis ravi de te revoir par ici ^^

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One Shot / Re : Une proie pour en chasser une autre { Pv ~ Setyhs/Tetyhs }
« le: mercredi 13 janvier 2021, 15:59:28 »
« Hé mais... Non mais ça va pas? T'as faillit m'écraser moi et mes talents, avec ton... »

On ne peut pas dire que la jeune femme avait la langue dans sa poche, mais Belphégor aurait put le deviner dès lors que celle-ci avait commencée à s’exprimer à son auditoire invisible un peu avant qu’elle ne l’attaque. On pouvait même s’avancer et dire qu’elle ne se prenait vraiment pas pour n’importe qui, le genre de petite princesse qui a sûrement à coeur de se croire tellement supérieure que nul ne saurait s’en prendre à sa divine personne. Malheureusement pour elle, les modèles dans son genre, il en existe dans toutes les dimensions, chaque petite ville louche accueillant toujours un ou une extravagante qui, dotée de rêves de grandeurs, se pense promue à un rang élevé dès lors que quiconque oserait porter son attention sur elle. C’en était presque triste, mais au moins la jeune femme avait la décence de ne pas pouvoir être seulement définie par ce détail. Au contraire, une fois qu’elles avaient eut l’occasion de croiser un minimum le regard, la manière avec laquelle sa prime fierté s’était transformée en instinct de survie avait été suffisamment visible pour que la mercenaire aux cheveux de sang ait au moins un brin de respect pour la renarde. C’est bien, elle avait la décence de comprendre que la situation était dramatique pour elle, et qu’elle allait devoir cesser ses bêtises immédiatement si elle ne voulait pas que les choses soient aussi unilatérales que rapides. Pour l’instant, Belphégor ne fit pas le moindre pas, ni même le plus petit mouvement, elle jaugeait juste celle qui lui faisait face. Elle l’analysait, l’auscultait, engrangeait à chacune de ses réactions un savoir de plus en plus conséquent qui lui permettrait d’agir efficacement. Et elle avait déjà de quoi faire…

Toutefois, elle ne put manquer un brin de surprise quant elle vit cette demoiselle se couvrir d’une quelconque forme d’invisibilité, se tirant de la réalité comme quelques bêtes de phases pour ne plus laisser la moindre trace de sa forme physique. Sa cible venait de se volatiliser, tout bonnement, et si la première réaction de la tekhane fut un sourire amusé, cela se mua rapidement en un ricanement relativement glauque, et dérangeant. Oh, donc elle avait décidée de tenter une fuite salvatrice ? Très bien, il allait être du devoir de la mercenaire qu’elle s’assure que cette petite renarde bien présomptueuse comprenne que dans ce monde, ce genre de tour de passe-passe sont bien trop grossiers, et provoquent toujours une déconvenue de la part de leurs créateurs. En l’occurrence, Belphégor entendit parfaitement le bruit de pas hâtif de la jeune femme, surtout sur le sol aride et mal entretenu du terrain vague. De là à savoir que la jeune femme devait laisser de belles traces toutes fraîches dans le sol, ce n’était même pas une question, mais plutôt l’évidence même. Mais très bien, elle allait lui laisser un peu de temps, elle n’allait même pas s’empresser de la rejoindre. Belphégor s’avança tranquillement jusqu’au point de départ de la jeune fille, puis observa rapidement autour d’elle pour trouver immédiatement le chemin qu’avait empruntée la petite débutante. Au moins avait-elle fait preuve de jugeote, elle semblait avoir filée vers quelques restes d’un vieux chantier de construction qui n’avait jamais vu le jour. De quoi se dissimuler ou tenter de se défendre par quelques assauts surprises… La bonne blague.

Calme, silencieuse, parfaite prédatrice aux yeux de sang, elle suivit la piste de Setyhs avec un œil expert, n’ayant même pas à hésiter tant c’était évident. De beaux pas précipités qui allaient jusqu’à un mur en partie bâtit, où nulle peinture ni crépi n’avaient jamais vu le jour. Même de loin, la mercenaire pouvait entendre les chuchotements affolés de la jeune fille, mais aussi qu’elle semblait communiquer rapidement avec une autre personne dont elle appelait l’aide. Elle était jeune, donc elle devait effectivement sûrement avoir un tuteur ou un parent qui veillait sur elle, ce n’était que logique, mais en ce sens cela questionna un peu la mercenaire. Quitte à la faire travailler, pourquoi lui avait-on demandé de ne prendre que la fille, et pas l’ensemble des ressortissants de la zone. C’était presque trop peu, et pas du tout une manière tekhane de faire les choses. Cela l’amena à s’arrêter avant même de passer le mur, et de réfléchir un court instant. Si on ne l’avait pas mandée pour récupérer l’ensemble des ressortissants, peut-être était-ce simplement parce qu’ils n’en étaient pas ? Mais en ce cas à quoi bon récupérer des terranides qui se trouvent sur Terre, ils n’appartiennent pas du tout à Tekhos, ni ne sont des esclaves, et encore moins des travailleurs fuyards, sinon il aurait s’agit d’informations à lui communiquer de prime abord. Et oui, elle se permettait cette pause avec sa cible à quelques mètres d’elle, en même temps ce n’était pas comme si la jeune femme pouvait lui opposer la moindre résistance réelle.

« Ohé la demeurée! Je suis là! Essaie de m'attraper si tu peux!... »

Tournant la tête, perturbée au milieux de sa réflexion par l’insulte gratuite proférée à plusieurs mètres d’elle, Belphégor observe avec un léger haussement de sourcil cette Setyhs qui était en train de la targuer de l’autre bout de la zone. Un effort méritoire mais vain, étant donnée que Belphégor connaissait déjà la position de la véritable demoiselle, et qu’elle ne comptait pas laisser un piège aussi grossier lui faire croire que sa petite proie était autre part. En revanche, c’est quand elle s’approcha d’un autre demi-pas du mur que la demoiselle eut enfin une réaction plus surprenante. Au lieu d’attendre qu’elle se soit avancée vers l’illusion et lui fasse dos, ce qui aurait dut arriver si Setyhs avait une vraie confiance en ses capacités, elle en avait immédiatement rajoutée une couche en lui projetant directement une autre de ses fallacieuses réalité en pleine figure. Dans les faits, elle lui fit croire à un énorme flash, une projection terrible de lumière blanche et vive suffisante pour lui brûler la rétine. Si effectivement cela eut le bon effet de tromper sa cervelle, et donc de suggérer à la mercenaire qu’elle était aveuglée, Belphégor ne se laisse pas faire pour autant : Attrapant fermement le manche de son arme, elle s’assura d’avoir le plat de la lame en direction de sa cible, et banda ses muscles. Si elle ne voyait rien, elle pouvait se fier à ses souvenirs, et depuis sa position, si elle frappait avec Ter’er…

Elle élança son corps avec puissance, dans une torsion faite uniquement pour accumuler une force percutante, et quand le plat de la lame vint enfin rencontrer une surface, ce fut pour la réduire en morceaux. Le mur de briques épaisses ne fit pas fière mine, partant dans tout les sens en pluie de rocs et gravats, une chevrotine bien improvisée qui se déploya dans tout les sens, cône large qui envahit la zone où se cachait la jeune renarde. C’était loin d’être aussi puissant cependant, le coup était principalement fait pour faire craindre et apeurer. Belphégor avait conscience que son ennemie était bien trop faible physiquement pour soutenir un tel choc si elle l’accomplissait d’une main de maître, aussi avait-elle fait continuer la course de son arme plutôt que de l’arrêter sec lors de l’impact, passant une attaque mortelle et explosive en une simple projection pleine d’esbroufe. En revanche, elle se doutait que sa cible allait peut-être prendre un peu plus à coeur le fait de l’écouter, aussi la mercenaire entama lentement de rouvrir les yeux, et entama un processus lent mais efficace de contre-hypnose. Une suggestion, répétée en boucle dans son esprit afin de débloquer ce qu’il avait d’impressionnable, et rappeler sa vue à elle… Tout en prenant haut et fort la parole afin d’attirer l’attention de la jeune femme, tout en gagnant le temps nécessaire à la reprise de son sens le plus utile.

« Je ne veux pas franchement être désagréable mais … Tu as encore des progrès à faire petiote. Enchaîner les illusions sans réfléchir ça va te porter la poisse face à quelqu’un d’entraîné. Parce que, ne t’en déplaise, tu es très loin d’imaginer tout ce que tu dois faire pour rendre une illusion efficace. »

Tandis qu’elle blablatait, elle tendit l’oreille. Soit la renarde savait qu’elle était encore aveuglée et que donc elle allait se focaliser sur les sons, et elle n’allait plus bouger au risque d’être découverte ensuite, soit elle allait miser sur le fait qu’elle ne pouvait se déplacer à l’aveugle et continuer sa fuite pour gagner du temps. Dans un cas comme dans l’autre, Belphégor pouvait réagir comme il le fallait, mais elle se permettait malgré tout de lui prodiguer … Des conseils ? Peut-être ! Après tout, elle n’était là que pour le travail, Setyhs n’étant qu’une monnaie d’échange qu’elle prévoyait tout simplement de sauver une fois les preuves obtenues pour faire plonger les deux femmes qui lui avaient données cette missions. Aussi, cette rencontre pouvait tout aussi bien prendre une tournure d’entraînement, histoire qu’elle ne se fasse pas aussi simplement avoir la prochaine fois, non ? En tout cas la mercenaire aux cheveux de sang poursuivie avec un ton grave, presque professoral, commençant à marcher sur les gravats qu’elle avait elle-même créer, ayant déjà commencée à retrouver la perception des formes :

« Produire une illusion, ça demande un peu de finesse et de logique. Quoi, tu crois vraiment que je vais foncer sur une image de toi en train de me provoquer ? Tu m’as pris pour quoi, une élève de maternelle ? Tout comme l’invisibilité d’ailleurs, ça a l’air bien comme ça, mais c’est complètement idiot. »

Elle se positionna au milieu de la zone dévastée, puis s’arrêta, Ter’er en main. Au plus petit bruit qu’elle entendrait, elle comptait projeter son arme, juste à côté, pour la planter de manière à signifier son éminente supériorité sensorielle. Mais pour l’instant elle allait tout simplement lui offrir un petit cours supplémentaire pour lui prouver que les illusions demandaient un peu de savoir-faire sur le terrain. Surtout une réelle connaissance tactique :

« Par exemple, qu’est-ce qui serait intéressant pour toi une fois que tu as eut l’occasion de m’aveugler ? Me faire croire que je suis autre part ? Non, si tu le fais, je saurais immédiatement que c’est faux. Me faire croire à un danger immédiat ? Inutile aussi, je sais que je suis la chose la plus dangereuse à des milliers de kilomètres à la ronde. Rien d’extravagant, rien de surprenant, juste le plus simple, et au mieux, profiter de ce que j’ai moi-même accompli. Donc, comme exemple : se voiler derrière une tonne de cailloux ? Cela marcherait, si tu ne fais pas de bruit. »

Elle perçut enfin le souffle de la gamine, faible, amoindri, quasiment muet. Ter’er fut immédiatement projeté à côté de cette cible, se plantant de toute sa longueur à quelques centimètres de ce qu’elle avait perçue. L’instant d’après, la mercenaire se tournait avec lenteur, yeux grand ouvert, mine amusée. Elle n’avait pas encore récupérée la vision colorée, mais elle avait là déjà l’ensemble du monde en noir et blanc. Largement suffisant pour poursuivre une petite peste, encore plus pour pouvoir distinguer les contrastes et donc amenuire les effets des illusions visuelles. Comment transformer l’arme de l’ennemi en une faiblesse.

« Alors ma petite, fini de se cacher ? Peut-être espère-tu que la cavalerie arrivera à temps ? Mais dis moi, penses-tu que cette cavalerie soit en mesure de me défaire, sincèrement ? »

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Le temple Shinto / Re : Aux prières d'une nuit enneigée { Pv ~ Klaus }
« le: mercredi 13 janvier 2021, 15:56:48 »
Enothis n’en menait sincèrement pas large, et malgré ses quelques tentatives à retrouver une véritable paix d’esprit au coeur de ses prières, elle ne pouvait s’empêcher de réfléchir encore à la situation qu’elle était en train de vivre. Elle n’avait pas eut l’audace de remettre son voile devant elle et son regard, elle ne pouvait tout simplement pas s’y résoudre, et de ce fait, elle avait toutes les difficultés du monde à ne pas rouvrir les yeux, contemplant la forme massive en train de dormir auprès d’elle. Et auprès était un bien grand mot, considérant qu’elle se trouvait à quelques quatre mètres de l’immense forme saurienne qui occupait autant l’entrée de la pièce que son centre. Quatre mètre, jusqu’au coin où elle s’était pitoyablement réfugiée dans sa crainte, c’était largement trop peu. Cette forme humanoïde pourrait tout à fait tendre la patte et faire le moindre mouvement vers elle qu’il l’attraperait sans même qu’elle n’ai la possibilité de s’enfuir, une image qui occupait malgré elle son esprit, et lui rappelait que cette chose pouvait très bien être des plus agressive. Peut-être que la torpeur qui avait envahie ce prédateur avait été un cadeau de ses seigneurs, l’ultime alerte pour qu’elle s’enfuit, prenne ses jambes à son cou, et vienne dévaler les marches qu’elle avait empruntée plus tôt malgré la tempête pour pouvoir retrouver civilisation et sécurité ? Peut-être oui, mais elle en avait fait autrement, et qui sait comment cela lui coûterait ! En attendant, elle scrutait cette forme massive, et espérait qu’elle aurait l’occasion de prouver sa bienveillance à son réveil, de peur de finir en casse-croûte.

Quand il remuait, elle craignait son réveil. De ses yeux d’or, elle veillait à garder connaissance de l’état de son invité de la nuit, et prenait aussi le temps de s’assurer que ses actions avaient eut sens, qu’elles portaient leur fruit. Visiblement c’était le cas. Cette chose, aussi étrange se trouvait-elle être, avait à la fois récupérée un peu de mobilité dans ses rêveries, mais surtout elle semblait avoir de nouveau la capacité de respirer, le lourd remplissage des poumons de ce crocodile à forme humaine prenant parfois de longues secondes, avant qu’un souffle puissant ne viennent envahir la pièce, faisant parfois trembler les bougies, comme autant de signe de la puissance bestiale de cet être. Enothis ne pouvait qu’être honnête, chaque fois qu’elle voyait les lumières vaciller, perdre de leurs forces, elle avait toute les peines du monde à garder son calme, comme si les ténèbres pouvaient devenir son ultime tombeau, la bête maligne pouvant en jouer pour la réduire en charpie sans qu’elle ne puisse s’y préparer. Mais non, rien de tout ceci. Rien que de nouvelles longueurs dans le court du temps, rien que d’énième prières, entre craintes et respects, de la part de la prêtresse de quelques étranges divinités. Des prières qui appelaient principalement à la sauvegarde de la vie ? Autant la sienne que celle de la bête d’ailleurs, comme si l’égyptienne ne pouvait se résoudre à appeler sur l’animal quelques funestes destins, même si cela pouvait lui assurer sa propre longévité. Inquiète, mais résiliente, la jeune femme à la peau de bronze attendit simplement que le temps réponde à ses craintes, et vienne par bonheur lui prouver qu’elle n’était pas aussi en danger qu’elle pouvait le croire.

Et le temps vint pour elle de découvrir cela.

Elle l’entendit d’abord se remuer, puis se mouvoir difficilement, encore gourd du froid qui avait glacé ses muscles et endormi ses nerfs. Elle le vit prendre appui sur ses pattes avants pour redresser son buste, comme n’importe quel humain le ferait, puis ramener ses appendices arrières pour se placer dans une position accroupie, sûrement plus stable au vue de la masse de son corps. Elle ne se permit pas le moindre mot, laissa tout simplement cette chose s’éveiller, à la fois par respect mais aussi par peur que son intervention puisse lui apporter un bien funeste destin. Comprenez la, Enothis se trouvait face à quelque chose dont la taille et la masse devaient facilement être cinq fois supérieures au sien. Et cela, même si la créature pouvait être bienveillante, la laissait relativement coite, une espèce de retenue toute naturelle quand on pouvait avoir à l’esprit qu’une mauvaise surprise appellerait à un mouvement instinctif, mouvement tout simplement destructeur si il venait à toucher une chose aussi menue qu’elle. Non, elle le laissa retrouver son corps, réapprendre ses muscles, rappeler à lui sa puissance et sa conscience, dans des gestes souples mais inquisiteurs. Elle eut tout le mal du monde à garder son calme quand elle le vit manipuler son sac et ses affaires, dont une partie s’était retrouvée plus ou moins accrochée aux écailles de la puissante créature. Lui même semblait bien perturbé, bien dubitatif, mais ses gestes parlaient d’eux-mêmes, révélaient la fine intelligence de cette chose qui auscultait avant de juger.

Puis il la vit. Ne pouvant détourner le regard de risque que cela appelle à une réaction opportune face à un être trop faible pour soutenir la présence bestiale, Enothis laissa ses yeux brillant se planter dans ceux de la bête inquisitrice. Finalement, en cet instant, ils possédaient les mêmes prunelles. Ce regard solaire, brillant, même si dans le cas de la bête, il s’agissait littéralement de l’ensemble de son appareil visuel qui brillait de mille feux. Heureusement que l’égyptienne avait déjà observée quelques sauriens du même genre dans son enfance et son adolescence, où elle aurait très bien put prendre ce regard sanguinaire comme une marque de futur déchiquetage de sa chair. Non, là de suite, elle voyait parfaitement qu’il n’y avait pas dans la gestuelle globale de cette chose un quelconque aspect de violence, seul l’inquiétude et le besoin de réponse. Il avait besoin de savoir, peut-être ce qu’elle faisait là, ou ce que lui faisait dans un tel hiver ? Elle se doutait assez honnêtement qu’elle ne pourrait guère lui répondre, car elle n’avait même pas connaissance de l’existence d’une telle chose, de ce à quoi elle faisait face au plus profond de cette nuitée. Décidément le destin a parfois de bien rieuses façons de s’exprimer. Pour autant, elle le vit reprendre un peu de forces, se déplacer après avoir religieusement placer ses affaires au sol, et quand il s’agenouilla sensiblement comme elle le faisait tout en faisant ployé le reste de son corps, elle ne manqua pas de se montrer plus que surprise… Jusqu’à ce qu’elle l’entende parler :

« Ik Kromcota vo SharLeko, Oko AnktiIkoDesha. Ik Ota Ankhti Ishka. »

Elle eut besoin d’un court instant pour entièrement avaler cette information. Elle ne l’avait donc pas imaginé quant il avait chût devant elle : il savait bien parler. Une langue qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, quelques dialectes dont elle doutait même de l’existence lorsque Babylone, dans toute sa splendeur, s’était effondrée par la volonté du Divin. Pourtant elle n’était pas non plus idiote, et elle avait bien comprit que cette chose répétait assez fréquemment le terme « Ankhti ». Est-ce qu’il l’appelait ainsi ? Est-ce que c’était là une manière de définir les êtres humains à ses yeux ? Elle en doutait, sincèrement, et ne pouvait pas vraiment se permettre de s’élancer dans quelques spéculations qui n’auraient de toutes manières pas de résultats convenables. Elle l’observa, dans sa position, et ne put que réfléchir à une manière de lui intimer de ne pas poursuivre sur cette voie. Cette chose …. Toute monstrueuse qu’elle était, laissait présumer d’un réel respect, autant dans sa gestuelle que dans la manière avec laquelle il s’était exprimé. Alors il était parfaitement normal qu’elle lui apporte le minimum de respect en retour, et l’appelle à ne pas se fourvoyer sur sa présence ou ses actions.

Elle se dressa. Assez bruyamment pour être sûre qu’il l’entende, puis elle se déplaça dans la pièce, toujours pied nue, pour enfin rejoindre la forme colossale qui occupait le coeur de la pièce. Elle s’approcha avec autant de crainte que d’assurance. Non seulement elle se doutait que ne pas montrer faiblesse pouvait tout à fait fonctionner avec ce genre de … De chose, désolé, elle ne trouvait pas d’autres moyens de le nommer pour l’instant, mais surtout elle commençait à se sentir un peu moins en danger. Dans le sens où, oui, ce qui se trouvait en face d’elle avait sûrement la capacité de faire voler sa tête de ses épaules comme une grue de chantier pouvait emporter dans les airs la moindre petite poutre métallique qu’on y harnachait, mais qu’il ne semblait guère vouloir accomplir ce genre de tours de magie spectaculaire sur sa personne. Elle fit donc ces quelques mètres à petits pas, n’osant marcher vite de peur que l’air ambiant et l’amplitude de ses mouvements fasse voler la faible tenue qu’elle portait, puis s’arrêta auprès de la forme massive, encore en position de plein respect. Chose terrible, elle ne lui arrivait pas à l’épaule alors qu’il était aussi écrasé sur lui-même, c’était presque vexant. Mais surtout, elle apposa la paume de sa main sous l’épaule titanesque du sauroïde, et vint pousser vers les hauteurs celle-ci, afin de lui signaler de reprendre une posture décente. Et elle dut forcer pour imprimer un minimum de mouvement, car entre les écailles et la masse musculaire, bouger ne serait-ce qu’un peu la bête pour lui expliquer son désir revenait à vouloir pousser toute seule un trente-six tonne. Mais quand elle le vit redresser la tête, elle mima le fait de se mettre droit, afin de finir de lui expliquer ce qu’elle attendait de lui, moyen final de lui faire passer son message.

Puis, lentement, elle alla s’installer de l’autre côté du feu, avec un calme prenant, une espèce de sérénité qui pouvait exister en Enothis, mais qui était actuellement toute feinte. Tout au plus cherchait-elle à conserver une posture digne et respectable, ce genre de place qui laisse entendre à autrui que l’on se sait en sécurité, et qui souvent appelle à une forme de respect qu’elle avait déjà observée chez la monstruosité reptilienne. S’asseyant donc en face des flammes, profitant au passage de la délicate radiance pour pouvoir remettre en état sa chair mordue maintes et maintes fois par le froid qui régnait en ces lieux, elle lui présenta un franc mouvement de tête vers le bas pour le saluer elle aussi, simple manière de rendre dignement la révérence qu’il lui avait offerte. Puis elle s’exprima, tout en plaçant sa main sur son torse, un peu au-dessus de sa poitrine :

« Enothis. Et toi ? »

Accompagnant son propos, elle le pointa de sa main ouverte, comme pour chercher à lui signifier qu’elle essayait de lui demander son identité.

« Je ne sais pas si tu me comprends, mais essayons d’échanger, cela ne nous coûte rien. »

72
L’égyptienne avait eut tout le mal du monde à travailler au matin, et c’était l’évidence même quand on savait ce à quoi elle se préparait. Désormais seule dans les toilettes des filles, elle tentait tant bien que mal ses émotions en laisse, ayant garder en main son téléphone portable tout en cherchant quelques manières de se détendre. Un exercice respiratoire ne lui suffit pas, car la pauvre avait beau réussir à tenir les longues expirations, et à prendre l’air comme il le fallait dans ses poumons, son coeur ne se calmait pas pour autant, l’appréhension des instants à venir suffisant à le faire battre à toute vitesse au creux de sa poitrine. C’était ce genre de moment où l’on aimerait bien pouvoir se séparer en multiples pièces détachées, prendre les morceaux qui gênent et les plonger rapidement dans une sorte de cuve annexe afin qu’ils ne gênent plus le reste de la belle mécanique bien chaotique du corps humain ! En tout cas Enothis y pensait, là, tout de suite, mais elle n’irait pas faire une tentative scientifique de grande envergure rien que pour cela, elle tenait trop à la vie, et gardait le bon espoir d’enfin régler ses problèmes avec l ‘étudiant avant d’avoir à se tirer une balle sous l’effet de la honte et de la culpabilité. Et puis elle n’allait guère demander d’aide à Emaneth : la Djinn était dans une telle humeur qu’elle l’avait entendu feuler à un moment, au plus profond de son esprit, aussi la belle demoiselle à la peau de bronze avait tout à fait conscience que la moindre des sollicitations se résoudrait par quelques violences, physiques ou verbales, de sa protectrice. Mieux valait laisser le chat dormir et rêver.

Au bout de quelques minutes d’intenses tentatives d’apaisement, son portable lui vibra entre les doigts, occurrant un remarquable sursaut de sa part, la pauvre manquant glisser de son trône de céramique pour finalement se rattraper comme elle put à la tuyauterie froide et humide. Brrrrr, le contact le plus horrible du monde. En revanche, elle ne remarqua qu’après son bond qu’elle en avait lâchée son ustensile de tout les jours, et elle dut chercher partout autour d’elle pour enfin remarquer que son téléphone avait prit la poudre d’escampettes, glissant deux box plus loin, occasionnant un long soupir de sa part avant qu’elle ne quitte son petit cocon, et aille chercher un peu plus loin son outil de communication. Le petit symbole en forme de lettre sur l’écran était sans équivoque : elle avait reçue un message, et à part les infos provenant de l’État, ainsi que son référent à Seïkusu pour ce qui était de sa scolarité, personne d’autre ne possédait son numéro. Deux possibilités se trouvaient donc en face d’elle : Ou l’un des deux cas avaient choisis de se faire un brin d’heures supplémentaires avant d’aller manger son plat de nouilles instantanées, ou alors … Kaïto lui avait répondu. Que Dieu lui vienne en aide. Elle déverrouilla son téléphone en tremblant un peu, puis vint appuyer sur l’icône du message avec une crainte renouvelée. Numéro sans attributions. Ça ne pouvait donc être que lui. Bon une grande inspiration d’abord, et on souffle. Oh et puis même une petite deuxième, voir même une troisième. On reste le plus calme possible, on va pour ouvrir le message … La pauvre égyptienne hésitait tant et tant que c’est quelqu’un d’autre qui ne tint plus son impatience, et le lui fit remarquer :

« Ouvre ce putain de message !
IIIIH ! Bon sang Emaneth ! Oui bon je … je le fais, pas besoin de le prendre comme ça ! »

"Bonjour Enothis. je te remercie d'avoir pris le temps de m'écrire ton message. Cela me touche énormément. Je m'en veux de t'avoir déçu hier et suis d'accord pour te rejoindre aux vestiaires des filles à 14h30 afin que nous parlions. D'ici là, porte toi bien.
Amicalement,
Kaito Nakajima
"

Un grommellement plus tard et Emaneth était déjà de retour dans sa bouderie presque infantile à ce degré-là. La jeune égyptienne quant à elle eut tout le mal du monde à ne pas se perdre dans son soulagement, à laisser ses jambes la lâcher pour qu’elle s’écroule au sol. Mais non, elle ne se le permit pas. A la place, elle regarda l’horloge qui se trouvait au-dessus de la porte d’entrée des toilettes. Ouais, elle avait encore bien du temps, toujours l’estomac aussi noué, aussi n’allait-elle pas bouger d’ici pour le moment. Elle préféra faire ce qui était, somme toute, le plus intéressant : Réfléchir un peu à ce qu’elle allait faire, et lui dire, une fois qu’ils se trouveront l’un en face de l’autre. C’est qu’elle n’avait finalement pas vraiment prit le temps de se poser la question avec tout ce stress. Tout au plus s’était-elle dit qu’elle allait rapidement être rembarrée, foutue bien loin du jeune homme, et que ce dernier l’ignorerait pour le reste de l’année, ce qui n’aurait pas été une réaction bien surprenante. Commençant donc à tourner en rond dans  les toilettes, elle se posa des questions. Comment pouvait-elle engager la discussion, comment allait-elle parler de son drôle de songe, qu’est-ce qu’elle voulait vraiment amener sur le tapis, voire éventuellement ce qu’elle pouvait attendre de l’étudiant ? Autant de choses qu’elle se mit à trier afin d’être sûre d’être préparée à la confrontation à venir. Et oui, confrontation allait plutôt bien à la situation. Non pas qu’elle s’imaginait déjà en venir de nouveau aux mains avec son aîné, son message bienveillant prouvant à lui tout seul qu’il était en effet aussi doux qu’un agneau, mais plutôt qu’elle allait devoir se battre contre elle-même afin de ne pas tout gâcher avec son sale caractère. Seigneur, elle se voyait déjà recommencer les erreurs qui les avaient tout deux menés à cette situation, et l’horreur même de revivre cela manquait de la faire partir en vrille.

Allez, du calme, plus que deux heures !

*
*   *

Quelques temps avant que l’aiguille n’atteigne le quart de l’horloge, la demoiselle quitta les toilettes. Ses cheveux légèrement humide laissaient entendre qu’elle s’était collé un grand coup d’eau dans la figure pour calmer ses pensées, la pauvre ayant manquée de surchauffer par deux fois en réfléchissant aux événements, mais désormais elle n’avait plus vraiment de temps à perdre en introspection. Les vestiaires se trouvaient quelques étages plus bas, dans le couloir qui prenait la perpendiculaire de son bâtiment, aussi dévala-t-elle les escaliers en grande hâte, puis se permit-elle en quelques enjambées de filer jusqu’à cette atypique salle de réunion. Elle ne mit pas moins d’une minute pour faire le trajet, et se glissa dans les lieux à vitesse grand V, de peur que l’étudiant soit sur ses talons. Personne encore. La pièce était vide, les bancs aussi, quant aux casiers, peut-être ne l’étaient-ils pas, mais elle n’avait aucune envie de le vérifier. Elle s’imaginait déjà tomber sur des affaires oubliées, un vieux sac de sport, quelques équipements, et la plus simple logique lui intimait de ne pas faire cette vérification, de peur que la pensée même que quelqu’un puisse venir pour récupérer ce qu’il lui manquait ne la pétrifie et l’empêche d’agir normalement. Non, elle allait s’épargner ce genre de souffrance, elle allait juste attendre patiemment que la demi arrive, que Kaïto passe la porte, et qu’ils se retrouvent dans les « meilleures dispositions possibles » pour échanger avec calme et assurance des événements de la journée d’hier. Pourtant, c’était alors qu’elle reprenait ses exercices de décontractions respiratoire, main sur la poitrine, qu’elle entendit le grincement de la porte. Quoi, déjà ? Non, trop tôt, elle n’était pas prête, pas prête, pas prête du tout et encore moins même qu’avant ! Oh pitié non, pourquoi ne lui avait-il pas laisser ces dix dernières minutes !? Vilain, senpaï…

« Bonjour Enothis. Merci encore pour ta proposition de nous rencontrer. Avant tout, je tiens à te présenter mes excuses et te prie de bien vouloir les accepter. »

Surprise. Elle venait à peine de se retourner qu’il se permettait de la saluer, puis de s’incliner bien bas et bien longuement pour lui présenter quelques excuses bien senties. Il… était adorable. C’est vrai franchement, c’est elle qui avait mauvais caractère, qui était vraiment allée trop loin lors du dernier cours qu’ils avaient passés ensemble, et le voilà à avoir en premier lieu le courage de s’excuser. Elle se mordit la lèvre, un peu vexée d’être aussi lâche, mais maintenant que son aîné avait fait le premier pas, alors même qu’il était encore dans l’encadrement de la porte, il était tout simplement inconcevable qu’elle fasse marche arrière. Se triturant les mains, alors qu’un léger rougissement honteux gagnait ses joues, elle s’en voulut de ne pas pouvoir le regarder directement, détournant son regard vers le sol se trouvant à sa droite, mais elle répondit malgré tout à ses termes d’une voix claire :

« Elles sont toutes acceptées. Et sincèrement je t’en dois au moins autant.
Veux tu que nous nous asseyons ?
Je… Oui oui, on ne va pas rester plantés là. Posons-nous… là, ça te va ? »

Elle faisait mine d’avoir un minimum de contrôle vis-à-vis de la situation, mais dans le fond elle ne se sentait que plus maladroite de ne pas avoir en main l’ensemble des événements. Kaïto qui la prend de vitesse, et de court par la même occasion, à défaut de la prendre tout cou… Oh mon dieu non, pas ça, pas de souvenir de cette nuit, pitié, pas de suite, pas comme ça, pas sur une simple pensée qu’elle ne maîtrisait pas. Gagnant trois teintes cramoisies supplémentaires sur ses pommettes, la tête basse et le regard encore fuyant, elle n’attendit même pas que son aîné lui réponde quant au banc qu’elle avait choisie, et elle écrasa son fessier dessus, comme si le fait de l’éloigner de toutes possibilités de touchés allait lui permettre de se sentir un peu moins mal à l’aise. Elle était donc à l’autre bout de la pièce, pas loin de la porte de sortie qui menait au gymnase, et se torturait les doigts en quelques mouvements de mains sans fonctions, manière de passer sa nervosité autant que possible. Pourtant elle l’entendit s’approcher, au moins un peu, et elle se rendit compte que le fait même qu’il ne soit rien que tout les deux ne l’aidait pas le moins du monde à se concentrer. Elle aurait dut attendre une semaine, peut-être même un mois, histoire de mettre de l’ordre dans sa pauvre petite tête. Mais il était trop tard, alors elle dut prendre une grande inspiration, puis se mit à parler le plus honnêtement du monde, en essayant de ne pas hacher l’ensemble du japonais qu’elle avait appris depuis lors :

« Tu sais je… Je me suis rendu compte que hier, je n’ai vraiment rien fait de bien. Je me suis mise en colère, j’ai agis avec malignité. J’ai été déplorable. Humainement, j’entends. Entre mon petit jeu pour la faire fermer à cette pimbêche, ma réaction quand tu … quand tu… »

Elle respira à nouveau un grand coup, ayant du mal à faire passer l’information entre ses lèvres.

« Quand tu as eut la maladresse d’agir comme n’importe quelle personne de notre âge...j’ai eut un mouvement d’humeur qui était juste… inacceptable. Et je… j’ai… pitié ne me coupe pas je vais trouver mon mot. »

Elle se redressa brusquement pour se mettre en face de lui, et prit enfin le minimum de courage pour le regarder dans les yeux, non sans que cette situation ne lui rappelle certains de leurs échanges lors de cet étrange songe qu’elle avait eut. Allez, elle devait se permettre de l’exprimer ! C’était maintenant !

« Je dois t’avouer que ça m’a beaucoup travaillé. J’y ai réfléchis longuement hier soir… J’en ai même… cauchemardé ? Enfin je n’ose appeler cela un cauchemar mais … enfin, disons que je m’en sens terriblement coupable. Tu n’aurais pas dû t’excuser en premier Nakajima-senpaï. Je suis responsable de tout ça. Alors pardon, sincèrement pardon. »

Elle fit comme lui. Debout, elle se plia longuement jusqu’à être à la limite de son équilibre personnel, les bras le long du corps, et fermant les yeux. Elle ne comptait pas se redresser, pas tant que lui ne le lui autorisait pas cela. C’était aussi là sa manière de lui signifier l’ensemble de son respect. Elle laissait son jugement entre ses mains, et elle espérait que ceci serait le premier pas d’un tout nouveau départ, où ils auront la possibilité de s’apprécier et de se comprendre. Parce que si elle était seule ici, si elle avait à vivre sur la défensive, ce n’était pas pour autant pour cela qu’elle se devait de se faire de chacun un ennemi. Alors la première étape, la plus dure, mais la plus bénéfique… Était qu’elle conçoive son tort, mais surtout qu’elle le reconnaisse, en face de celui qu’elle avait blessée.

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Les alentours de la ville / Re : Encore une barge ! (PV |-| Enothis/Emaneth)
« le: mercredi 13 janvier 2021, 15:52:26 »
Son petit protégé de la soirée conduisait très bien. Non sérieusement, elle était tout à fait surprise du talent avec lequel ce jeune homme était capable de manipuler le puissant bolide afin de se déplacer rapidement et efficacement entre les différents obstacles qui avaient été installés sur la piste avec une relative malignité. Il était alerte et vif, ne se laissait pas avoir par quelques pièges et tromperies, car bien souvent elle pouvait voir que des installations avaient naturellement été superposées de manières à assurer un trompe-l’oeil quasiment mortel, l’homme hâtif ayant tôt fait de se repositionner et d’ainsi rencontrer quelques formes de barils remplis d’essences, ou alors une large grille dont les pics savamment ciselés auraient tôt fait de taillader carrosseries et roues. À croire que les voitures étaient destinées à être endommagées, du moins pour les concurrents qui n’avaient guère connaissance de l’esprit sadique des organisateurs. Alors, qu’est-ce qui se cachait derrière ce genre de poltronneries ? L’élimination de concurrents gênants ? Des règlements de comptes ? Une fin violentes pour ceux qui auraient osés tromper l’organisateur ou ses connaissances ? À moins qu’il n’y ait rien de si compliqué là-dedans, mais juste le fait  qu’un peu de violence et de danger était nécessaire pour échauffer le public, et remplir un peu le tableau des paris avec quelques activités annexes, comme le nombre de blessés à la fin de la course. De toutes manière la Djinn n’était guère inquiète, elle ne risquait absolument rien. Son conducteur, c’était autre chose… Mais après tout, il l’avait elle ?

« PUTAIN ! »

Pas sûr qu’il soit réellement heureux de l’avoir à ses côtés toutefois. Manquant partir dans le décor à l’instant même où elle révélait sa supercherie, réaction qu’elle ne pouvait démentir tant elle s’en était doutée, l’homme eut l’occasion de la regarder avec une telle colère sur l’instant qu’elle manqua jubiler de son mauvais tour. Mais elle n’en fit pas non plus notion, ne voulant pousser le vice jusqu’à la moquerie. Elle profita simplement de cet événement des plus distrayant tandis que le jeune homme, à l’esprit désormais bien échauffée, reprit sa course avec d’autant plus d’ardeur, cherchant tant bien que mal à rattraper ses quelques compétiteurs qui avaient sut tirer avantage de sa surprise. Elle, la djinn, profitait simplement du spectacle, lascivement installée. Elle observait avec attention l’ensemble du spectacle, et semblait en être heureuse.

« Mais t'es qui bordel ? J'ai failli foncer dans ce truc avec tes conneries !
Désolé, tu as perdu l’occasion d’avoir cette réponse quand tu m’as cordialement ignorée plus tôt. »

Une réponse qui ne sembla guère lui plaire. En même temps, l’on ne pouvait pas vexer une femme, encore plus une entité dotée d’une puissance aussi démentielle que la sienne, et penser honnêtement que la moindre question serait ensuite répondue. Non bien sûr que non, il allait devoir se montrer un peu plus conciliant si il voulait obtenir la moindre information sur elle ! Emaneth avait, autrefois, tuée quelques idiots de bédouins et autres voyageurs du désert pour bien moins que ce que lui avait fait subir le voyou, aussi se permettait-elle de conserver, au milieu de la course au demeurant dangereux, son brin de mystère. Elle allait simplement s’en tenir à la mission qu’elle s’était donnée, garder un œil sur celui qui était alors en train de conduire comme un forcené prêt à tout pour acquérir son prix, mais surtout s’assurer que rien ne lui arriverait. Avec même un peu de chance elle lui donnerait un coup de pouce, utiliserait quelques-unes de ses compétences pour le tirer d’un coup fourrés de la part des organisateurs, mais pour l’instant elle allait simplement jouer le rôle d’une bienveillante observatrice … Avec une langue tranchante et un comportement acerbe. Et elle se laisse trimballer, à droite comme à gauche, la joie de cette balade la laissant imperturbable face aux nouveaux éléments qui se présentaient dans leurs discussions. Notamment une énième occasion du jeune homme où, porté sûrement par ses sentiments les moins honorables, il se permit encore un propos relativement insultant. Elle y répondit en ramenant d’abord ses jambes contre elle, puis en les glissant sous ses fesses, le haut de son corps partant en avant pour s’écraser mollement sur le tableau de bord. Son visage tourné vers celui de son compétiteur, elle lui répondit avec calme, dans un sermon qui se voulait un peu plus direct ce coup-ci :

« Me virer à coup de pied au cul, hein ? Écoutes, gamin, j’ai peut-être croisé tes plus ancestraux ancêtres, et peut-être même qu’à l’époque il me baisait les pieds, donc je vais te donner deux brins d’informations : Je ne suis pas la jeune femme dont j’occupe le corps, et surtout… Je ne te veux que du bien, malgré ton insolence. »

À l’extérieur de l’habitacle où se jouait leur conversation, la course prenait un peu d’ampleur. Quel que soit les différents obstacles qui obscurcissaient désormais la route, les personnes derrières cet événement commençait à corser un peu les choses, à base de passage serré, de virage plus courts, mais surtout d’une zone moindre pour pouvoir se déplacer avec les véhicules. Ce ne fut pas sans un brin de curiosité que la djinn observait tout le savant calcul avec lequel cela avait été orchestré, il y avait là une vraie volonté de mettre les conducteurs à l’épreuve, et peut-être était-ce pour cela que la récompense finale était aussi généreuse. Car si le premier tour était aussi mauvais et sadique, qui pouvait imaginer la fin de cette compétition, et les extrémités qui y seraient alors atteintes ? Observant la suite des événements de ses yeux émeraudes, mais surtout la réactivité de son partenaire, elle le jugea encore parfaitement capable de s’en sortir sans son appui, aussi s’étira-t-elle en arrière, avant de finalement se glisser dans un mouvement absolument inhumain par dessus la tête de son fauteuil, se retrouvant à l’arrière du véhicule. Elle s’installa sur la banquette telle une reine, au beau milieu, jambes croisées et bras le long de l’épais et moelleux intérieur.Allait-elle se permettre un commentaire ? Peut-être, qui sait ? Visiblement son protégé pourrait aller plus vite, mais il gardait malgré tout un rythme moins soutenu, cherchant avant tout à prendre les quelques informations qu’il pouvait glaner sur la manière de concourir de ses compétiteurs. Plus que ceux qui se trouvaient au-devant, la djinn restait concentrée sur les deux véhicules qui leur collait le train. Allez, elle pouvait lui confier une de ses observations, c’était le moment.

« Au vu de la situation … Tu ne veux pas être dans les premiers, donc je vais me permettre ceci : Sert à gauche si tu veux prendre ton temps sans te soucier du reste. Je sais que la voie de droite semble plus intéressante, mais crois moi, il y a fourberie. »

À droite se trouvait le passage le plus ouvert et le plus accessible, encore plus compte-tenu du virage auquel le jeune homme devait faire face, mais même de loin la djinn avait put y percevoir l’aspect d’un appât. Le mur factice produit par un large rectangle de métal, de ceux que les nouveaux humains mettent sur leurs bateaux, un container si elle ne disait pas de bêtises, obstruait la vision de telle manière qu’il était évident qu’il serait trop tard pour rebrousser chemin si ils prenaient la voie la plus appétissante. De même manière, elle se préparait à réagir si ils venaient à rencontrer un obstacle imprévu, même si elle ne voulait pas prendre le dessus sur la conduite du damoiseau. Après tout, c’était lui qui s’était mis dans un tel merdier, elle n’avait donc pas le droit de lui retirer son défi. Simplement de le garder en vie, et ça elle était entièrement capable de le faire si le moment s’y prêtait. Elle attendit de voir si il allait suivre ses directives, ou chercher encore une fois à rejeter sa proposition si bénéfique pourtant. La défiance était peut-être le moyen de vivre le plus efficace pour ce jeune homme, mais il y avait un temps pour tout, même lui devrait pouvoir le comprendre, non ? En tout cas, ce passage houleux dépassé, et les deux nouveaux-venus de la course automobile se retrouvant sur une voie plus praticable, elle reprit la parole avec grand calme, sans même faire mine de commenter ses choix :

« Peut-être devrions nous débuter par la plus fondamentale des bases, à savoir les présentations. Et comme je me doute que tu vas encore me ronchonner dans les oreilles comme un enfant qui ferait un caprice, je vais me permettre d’initier cette conversation : Je me nomme Emaneth. Il s’agit d’un nom d’emprunt, je ne souhaites pas que l’on me connaisse sous mon véritable nom. Mais il me va parfaitement, aussi peux-tu l’utiliser. Oh, et je me moques que tu me vouvoies ou me tutoies, même si je me doute déjà de ton choix au vu de ton insolence naturelle. »

Un peu hautaine, la féline dame se déplaça à nouveau quand elle fut certaine que l’homme ne regardait pas dans son rétroviseur. Les deux yeux d’émeraudes se déplacèrent alors dans l’obscurité, bille joueuse à la pupille se fendant légèrement avec l’amusement grandissant de l’entité mystique, son nez et sa bouche réapparurent au plus près de l’oreille du jeune homme, et elle chuchota délicatement, avec un brin de taquinerie dans la voix, quelques termes pleins de promesse à l’ouïe parfaitement libre de ce charmant garnement :

« Dis moi donc ton nom désormais. Ne t’en fais pas, je n’en ferais pas mauvais usage. Encore une fois, je répète ce que je t’ai dis dès le départ : Je ne suis qu’une assurance vie pour l’instant. Je m’assure que tout aille bien, et si il survient le moindre accident, je m’occupe de rembourser la casse. Je peux être extrêmement pratique pour combler tes lacunes monétaires, mais le seul point qu’il te faut prendre en compte, c’est que tant que tu n’as pas signé le contrat, je n’existe pas. »

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Le métro et la gare / Re : La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: mercredi 13 janvier 2021, 15:49:34 »
Enothis était d’une inquiétude presque palpable pour sa compagne d’infortune. Finalement, cela avait ses bons et ses mauvais côtés : Cela l’aidait aussi à oublier ce qu’elle venait de subir, et à s’assurer de prendre le soin le plus absolu de Lissandre, mais elle y perdait sûrement en jugeote et en analyse de la situation. Ce qui comptait pour elle, ce n’était pas ces enfoirés qui leur avaient fait du mal, parce que ces salopards sans foi ni loi pouvait bien aller crever, elle ne se laisserait tout simplement pas humilier par leurs comportements. Ils n’auraient pas le fin mot de l’histoire, il ne la pousserait pas à se croire une chose faible et minable qui vivrait comme elle le pourrait dans le traumatisme qu’ils lui avaient fait subir. Non, elle serait plus forte que ça. Et son but final, aussi maladroit puisse-t-il être, c’était que Lissandre non plus ne le vive pas ainsi, qu’elle puisse se raccrocher à quelque chose qui lui permettrait de ne pas flancher, de ne pas voir en chaque homme, en chaque crétin, un risque potentiel, ou un danger qui n’aurait d’autres manières de la concevoir que comme un petit morceau de chair à portée masturbatoire. Cela n’était guère aisé, et surtout, cela n’allait pas dans le sens que le monde voyait les choses, mais… Mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner sa camarade dans le doute et la détresse ! Alors même si elle n’avait pas encore la solution, elle comptait bien la chercher. Peut-être qu’une fois à l’abri, elle pourrait réellement y réfléchir, lui offrir un peu de baume pour calmer la chaleur ardente de ses plaies psychologiques. Pour l’instant, toutefois, l’objectif allait être de s’en sortir, avec toute la hargne du monde, et la première étape cruciale de cet objectif débutait maintenant : S’enfuir, dans les rues, le plus mal fardé possible, et ne pas se faire voir.

A cette occasion, elle avait demandé l’aide de la française. Elle semblait quand même bien plus capable qu’elle de se repérer dans la cité, y résidant depuis plus longtemps qu’elle, aussi il paraissait somme toute parfaitement logique qu’elle aille la chercher pour qu’elle prenne en main leur virée nocturne. Peut-être que l’égyptienne, en son for intérieur, espérait aussi que ce genre de prise en main de la situation lui permette de se ragaillardir, de trouver quelques forces et ressources inimaginables encore à ses yeux, et que celle-ci aurait le divin pouvoir de la placer dans les meilleurs dispositions possible pour qu’elle se sente à nouveau humaine, femme, et forte à la fois. Toutefois, la première réaction immédiate de Lissandre ne sembla guère être de cet ordre. La jeune femme qu’Enothis avait bien malheureusement emportée dans ses déboires habituels était encore bien perdue, et commença par regarder autour d’elle, comme si elle redécouvrait seulement maintenant les lieux où elles s’étaient retrouvées par malheur. C’était non seulement parfaitement compréhensible, mais surtout bien plus humain que la réaction de la demoiselle à la peau de bronze, qui drapée de son honneur et de son orgueil se rattachait bien plus à sa colère qu’à sa peine. Peine quasiment inexistante au vu du don d’Emaneth qui parcourait encore sa chair. Quant est-ce que ça allait se terminer d’ailleurs ? Rah cela l’énervait encore d’un cran supplémentaire. Elle chercha un temps à se refaire en tête la carte de Seïkusu, et de ses différents arrêts de métro pour pouvoir tenter de se repérer, mais tandis qu’elle appliquait cette gymnastique mentale, elle fut couper par son amie, qui semblait enfin avoir mis un peu d’ordre dans son esprit :

« Bien, bien sur. Je vais nous trouver un abri… On-on y va, E-Enothis. Suis-moi. »

Quand la française prit sa main dans la sienne, il ne fut pas difficile pour la lycéenne de voir que sa compagne de la soirée était encore extrêmement inquiète et nerveuse. L’inverse aurait été étonnant, mais du coup elle pouvait prendre la mesure de l’ensemble du courage que Lissandre devait accumuler pour se sortir de la torpeur induite par les événements qu’elles avaient vécues. Enothis ne voulant pas le moins du monde être un fardeau, ou se reposer sur la jeune femme qui était dans un plus triste état que le sien, elle se mit à marcher à ses côtés, voulant lui signifier par ce choix un peu maladroit qu’elle était présente, vive, et capable de la soutenir dans cette nuitée dramatique. Elles traversèrent le couloir à petits pas, l’une étant encore passablement en état d’alerte, l’autre en pleine crainte que le moindre lieu ne soit l’occasion d’un nouveau guet-apens de la part d’un abruti sans vergogne, ou du groupe de l’autre saloperie à tête de pelouse fraîchement tondue. Mais rien ne vint à leur rencontre. Ni les flics véreux, ni les voyous sans vergogne. Tout ce qu’elles eurent à faire, c’est de finir leur pénible périple dans la fraîcheur du bâtiment abandonné à une telle heure de la soirée, et de rejoindre la sortie, toute aussi sombre, qui menait vers les longues et inquiétantes rues de la ville endormie. Quelques cauchemars sous formes humaines s’y seraient faufiler qu’Enothis ne serait guère surprise, mais la jeune femme ôtait de son esprit la moindre forme de réflexion, et c’est à peine si elle surveillait les environs, ne se concentrant finalement que sur deux choses : Sa compagne, et son corps prêt à tout pour frapper le premier truc qui s’approcherait d’elles !

Sous l’impulsion de Lissandre, elles quittèrent les halls froids du métro pour s’élancer dans les ténèbres nocturnes et leurs lampadaires presque plus effroyables encore. Dans la situation qu’elles vivaient, ni l’une ni l’autre ne souhaitaient être remarquées, et même si la lumière pouvait donner une impression de zone chaleureuse, ce n’était guère au goût de l’égyptienne en cet instant, malgré le froid mordant qui s’attaquait à sa chair. En sous-vêtements, elle avait au moins le bonheur de ne pas s’être retrouvée pieds-nus, auquel cas elle se serait sûrement déjà figée sur place, la plante des pieds glacées par le bitume semblable à quelques glaciers. Et concentrée pour la première fois sur ses propres ressentis, l’étrangère n’eut même pas l’occasion de remarquer les phares de cette voiture qui se rapprochait à grande vitesse. Heureusement qu’elle n’était pas seule. La française douée d’une nouvelle mission avait été bien plus attentive, et même si elle prit Enothis de court avec sa soudaine pointe de vitesse, cette dernière emboîta le pas de la femme à la tenue déchirée le plus rapidement possible, se laissant emporter le plus vivement du monde entre quelques poubelles épaisses afin de conserver leur vertu à l’abri d’un énième regard inquisiteur. Pour la première fois, les ténèbres eurent un aspect amical. Dissimulées l’une contre l’autre, c’est presque si l’égyptienne n’y trouva pas une nouvelle fois un brin de réconfort. Auprès de Lissandre, dont le comportement était devenu des plus protecteurs, la demoiselle aux yeux d’ors se sentait revigorée. Elle pouvait le faire, la protéger elle aussi, la tenir éloigner du danger, et cette émotion gouverna rapidement l’entièreté de son esprit. Elle observa la mine décidée de son amie, à peine éclairée quand les phares de la voiture l’éclairèrent au ralenti : Oui, elle ferait ce qu’il faut pour la tirer du moindre mauvais pas. Elle pouvait l’assumer. Elle pourrait tenir le coup.

Libérée de la présence inquiétante de la lumière, elles reprirent toute deux leur cheminement, commençant à s’enfoncer au milieu des petits chemins qui parcouraient la zone résidentielle pour passer de couples d’immeubles aux pitoyables squares décoratifs. En toute honnêteté, les lieux étaient suffisamment fournis en obstacles divers pour qu’elles puissent se dissimuler à mesure qu’elles progressaient, ce qui était rassurant comme tout. En revanche, Enothis manqua sursauter quand elle entendit sa compagne d’infortune s’exclamer, même si tout bas, en pointant du doigt l’amas de linge suspendu à un balcon quelques mètres plus loin. Visiblement, la demoiselle européenne y voyait là une forme de bénédiction, tandis qu’Enothis n’en était pas aussi certaine : Elle craignait que leurs actions n’ait des conséquences, et même si elle avait extrêmement froid, elle se voyait mal se couvrir de quelques affaires sans formes pour courir ensuite se trouver un abri. Malheureusement son amie en avait déjà décidée autrement, et qui pouvait lui en vouloir, elle se sentait déjà suffisamment entachée dans son amour-propre pour que la simple idée de pouvoir dissimuler son corps lui offre une impression de paix morale. Aussi, l’égyptienne ne se sentit pas un instant la capacité de se dresser contre son choix. Elle l’accompagna, en regardant autour d’elle, de peur que qui que ce soit n’apparaisse et ne dénonce leur acte criminel. Mais à peine avait-elle fait cette menue vérification que Lissandre avait déjà atteint les hauteurs du balcon, et lui tendait une main salutaire pour l’inviter à la rejoindre. Enothis manqua encore une fois objecter qu’elle serait plus efficace à veiller que nul n’approcherait… Mais elle ne s’en sentit pas la force, face à cette Lissandre qui reprenait enfin un peu de forces.

« Ne reste pas en bas. Rejoins-moi.
Je… Oui bien sûr, pardon j’ai la … la tête ailleurs. »

Elle prit la main de son amie et s’en aida pour grimper. Ce ne fut effectivement pas une situation complexe, mais une fois arrivée en haut, difficile de dire qu’Enothis se sentait bien à l’aise. Elle voyait bien les lieux pourtant, elle saurait remarquer si la moindre personne s’approchant, et plus encore, le linge étendu aurait tout le don de les dissimuler si elles s’accroupissaient, ce qui rendait leur présence sur le balcon parfaitement sûre. Pour autant, rien ne savait la calmer, elle avait l’impression de louper un détail. Pourtant elle n’eut guère plus de temps pour y réfléchir : Lissandre commençant à fouiller dans les affaires qui se trouvaient devant elle, l’égyptienne n’eut d’autre choix que de lui emboîter dignement le pas, commençant à fait l’inventaire de ce qui leur était « proposé ». Difficile de dire que tout cela était à son goût. Parmi les tenues qui étaient accessible, ce qui semblait le plus évident était la teneur « affriolante » de celles-ci. Une robe bustier courte par exemple, le genre qu’une dame vendant sa vertu sur les trottoirs pourrait parfaitement porter par une telle nuit pour aguicher la clientèle. Une autre encore des plus louches, dont le dos était ouvert par une large forme ovale, livrant pleine vision sur le haut du fessier. Des chaussettes et des bas plus ou moins haut, ou encore un petit chemisier occupant une place qu’il partageait avec une jupe dont la longueur était tout simplement… tendancieuse. C’était à peine si la demoiselle à la peau de bronze ne se demandait pas si il s’agissait de l’appartement d’un vieux pervers, ou d’une cosplayeuse professionnelle. Dans un cas comme dans l’autre, l’audace de présenter de telles tenues à la vue de tous était terriblement audacieux !

En tout cas, elles fouillèrent autant que possible, sans se douter les événements qui se déroulaient derrière la porte vitrée. Monsieur Oga n’était pas un saint homme, et même si il n’était plus capable d’accomplir ce qu’il avait fait lors de ses vertes années, il avait sut compenser son changement physique par un machiavélisme qui n’avait aucune mesure. En cet instant, les lunettes nocturnes sur le nez, il se délectait non seulement du spectacle, mais surtout, il pensait à son prochain mouvement. Ces deux jeunes filles qui se trouvaient actuellement sur son balcon étaient très clairement en train de vivre une situation bien compliquée, personne ne se baladant dans de telles tenues en pleine nuit, aussi il voyait bien deux possibilités se profiler. Celle du « gentil monsieur Oga » et du « juste monsieur Oga ». En sommes, soit s’affairer à les secourir pour mieux les piéger, soit profiter de leurs exactions pour jouer de leur culpabilité. Les deux se valaient, mais tandis que les deux jeunes femmes fouillaient son appât, il eut lentement le plaisir de sourire sous sa moustache blanche en imaginant combien il pourrait se délecter de les voir s’en sortir face à l’évidence même de leur méfait. Alors … il tendit lentement la main en direction de la belle télécommande qui se trouvait sur la table et activa la caméra de surveillance qu’il avait installé sous le balcon de l’étage supérieur. Il n’eut pas besoin de vérifier si elle filmait bien ce qu’il désirait. L’ayant installée et vérifiée il y a de cela plus de deux semaines, il avait même put en confirmer l’efficacité quand il avait prit un adolescent du voisinage grimper sur les balcons pour rentrer chez lui discrètement après une escapade nocturne.

Ne lui restait plus qu’à se préparer. Quittant son siège et son magnifique spectacle alors que les deux demoiselles s’habillaient, il se glissa dans sa chambre, à l’autre bout de l’appartement, et se vêtit rapidement. Juste après, il alla discrètement poser son attirail d’espionnage, puis s’approcha de sa commode, pour prendre deux petites gélules, ainsi qu’une autre d’un type différent qu’il goba immédiatement, afin de s’assurer que son cher compagnon de lubricité soit parfaitement fonctionnel d’ici peu ! Une lampe torche vint s’ajouter à son attirail, puis son vieux taser, outil de dissuasion dont il faisait l’usage uniquement quand la situation dégénérait. Alors, il quitta ses pénates, descendit lentement les escaliers en sachant très bien qu’elles étaient encore présentes, ayant dans sa main son téléphone avec cette magnifique application qui lui permettait de regarder sa caméra de surveillance, et alla… prendre la première sortie qui se présenta à lui. C’était maintenant que son jeu d’acteur commençait.

*
*   *

N’ayant pas trop le choix, Enothis se passa ce qu’elle trouvait encore le moins gênant, laissant à Lissandre la tenue plus logique de femme de bureau si elle le souhaitait pour se couvrir de cette robe bustier qui lui donnait désormais l’air d’une gothic lolita avec bien trop de poitrine. C’était à peine si ses fesses n’étaient pas à l’air, et ses seins comprimés manquaient se libérer au moindre mouvement soudain, mais au moins elle avait un peu plus chaud. Elle eut le malheur d’ajouter à cette horreur les bas les plus haut dont elle pouvait se doter, ayant donc dut se déchausser par la même occasion afin de s’en couvrir, et elle avait désormais la véritable crainte de ressembler à ces lycéennes de vidéo pornos qui demandent à leur professeur de gonfler un peu leur note contre une baise rapide au sein même de la salle de classe. Elle était rouge de honte, mais au moins, elle était couverte ! C’est quand elle entama la descente avec Lissandre que son coeur bondit : Soudainement, une lampe torche vint l’éblouir, et sa camarade avec, alors qu’elle entendit quelques ronchonnements être proférés d’une voix rauque.

« Bande de petites délinquantes ! Ne bougez plus ! J’vous ai vu avec les caméras, si vous osez vous barrez j’appelle les flics ! »

Stupeur, panique même, l’égyptienne resta entre les deux étages tandis que Lissandre était encore à l’étage. Non, elle ne pouvait pas fuir, tout retomberait sur Lissandre encore une fois, et au vu de la situation, ça n’allait pas être joli. Surtout que … les flics ? Jamais ! Non seulement ils n’écouteraient pas ce qu’elles avaient à dire, mais si en plus elles osaient dénoncées un de leur collègue, ça promettait la pire des emmerdes ! Alors, en partie sur le muret qui leur avait servit de trépieds, elle se figea, montrant ses mains pour signifier qu’elle obéissait, espérant offrir une voie de sortie pour sa camarade en accaparant l’attention du vieil homme qui s’était approché sans qu’elles ne le remarquent.

« Attendez, pitié… Nous ne… Enfin… S’il vous plaît n’appelez pas les flics, je vous en prie.
Rien à foutre les voleuses ! Ça fait quinze ans que je surveille le quartier pour les résidents, z’allez pas me dire que deux petites putes de voleuses méritent de se barrer ! Toi, là sur le muret. Tu descends en première, puis ta copine. Et pas de gestes brusques ou j’hésiterai pas à filer la vidéo-surveillance aux poulets ! »

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Enothis n’avait pas vraiment de temps à perdre. Le fait est que les dernières semaines avaient déjà été particulièrement pleine de rebondissements, et que le fait de devoir encore et encore changer son train de vie l’amenait à se demander si, un jour, elle aurait enfin suffisamment de temps pour faire tout ce qu’elle désirait. Cela semblait pour l’instant fort compromis. Alors oui, bien sûr, quand son professeur s’était présentée à elle avec la possibilité d’un soutien adéquat en terme de lecture et d’écriture japonaise, elle ne pouvait guère faire la fine bouche, elle en avait cruellement besoin. Sauf que maintenant, elle se retrouvait à devoir allonger le pas d’une bien intense manière, et l’effort physique était encore loin d’être le domaine dans lequel elle prévalait. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle avait, durant une décennie, entièrement laisser Emaneth s’occuper de son corps et de ses déplacements. Pas dans le sens où la jeune femme ne manipulait plus son corps, mais surtout parce qu’elle avait toujours laissée la djinn renforcer son potentiel physique, chose qui était à la fois extrêmement grisante, mais lui permettait aussi de garder une certaine forme de supériorité envers ses fidèles, qui avaient besoin qu’elle représente quelque chose de divin, de surhumain. Désormais, elle peinait du coup alors qu’elle n’avait pas passer plus de dix minutes à courir, et c’est presque si elle ne pouvait pas entendre Emaneth ricaner dans son esprit. Malheureusement loin, bien loin des sables du désert, la puissante entité n’avait guère les même dons, les mêmes ressources, ce qui les diminuaient grandement.

Enfin, pourquoi même courrait-elle ainsi comme une dératée ? Tout d’abord parce qu’en cette heure déjà tardive, il était nécessaire que la jeune femme soit efficace dans ses déplacements. Ensuite, elle se devait d’atteindre le premier super-marché le plus rapidement possible, car autrement elle n’allait pas avoir le temps de faire ses courses, et elle se trouvait parfaitement positive qu’il ne restait plus rien dans son frigidaire. Enfin, parce que même si elle atteignait suffisamment rapidement le super-marché, et qu’elle parvenait à trouver tout ce dont elle avait besoin en un temps record, le métro qui lui permettait de rejoindre son chez-elle n’avait pas la tendance d’être particulièrement actif aux heures tardives de la soirée, la jeune femme ayant choisie de s’installer dans une zone résidentielle relativement lointaine, et donc, moins intéressante à désservir. Tout cela faisait que même si elle s’époumonait en cet instant, bien inconsciente de ce qui l’environnait, et surtout ne cherchant pas du tout à s’enquérir de ce qui l’entourait, elle pressait encore un peu le pas, quitte à agoniser une fois entre les rayons du magasin. D’ailleurs, quant elle y parvint enfin, ce fut en sueur, et elle passa l’entrée lumineuse et chatoyante de ce dernier avec l’air d’une sauvageonne encore bien étrange. Comptant sa couleur de peau, son semi-dérapage quand elle arriva sur le sol lisse de son lieu de consommation favori n’eut pas vraiment le meilleur des effets, et elle ne remarqua même que trop bien le regard noir du vigile quant à la présence bien audacieuse de l’étrangère. Tant pis, elle l’ignora cordialement, et reprit ses déplacements à un rythme bien plus calme, reprenant sa respiration tout en filant vers le coin des bonnes affaires. Qui dit économie dit nourriture encore meilleure après tout !

« Hum… Enothis ? »

Hein ? Tandis qu’elle était en train de chercher parmi les barquettes de viandes celles qui avaient au moins un peu de couleur, elle entendit une nouvelle fois sa protectrice lui glisser une interrogation cordiale. C’était … gênant. Sauf que ce coup-ci, désormais plus ou moins seule au milieu du magasin peu fréquenté à une telle heure, elle se sentait quand même mieux à l’aise qu’au beau milieu de sa salle de classe. S’accroupissant instinctivement pour continuer ses observations, commençant à sélectionner ce qui lui faisait envie, et surtout ce qui apparaissait comme le plus appétissant, elle se permit de lui répondre tout bas, non sans avoir glisser un regard à droite et à gauche pour s’assurer de ne pas avoir d’oreilles indiscrètes aux alentours :

« Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Je crois que nous avons pas loin une personne bien suspecte. Devant le magasin. Il vient d’arriver en courant, et semble désormais chercher depuis le coin d’une vitre à regarder à l’intérieur. »

N’ayant pas la même conscience, la même capacité extra-lucide que son amie de toujours, Enothis ne put s’empêcher tout de même de tenter de vérifier ses dires avec prudence. Elle se redressa sans un mot, puis se déplaça un peu plus loin avec deux épaisses barquettes de viande de bœuf à moitié prix dans la main, se mettant en marche en direction du rayon des féculents et autres plats préparés. Elle s’arrêta juste avant de le dépasser, comme faisant mine de regarder les épices qui se trouvaient en bout de rang, et chercha à observer la large baie vitrée qui se trouvaient au niveau de l’entrée, tentant de détecter la présence inquiétante décrite par Emaneth. Rien n’y fit, elle n’avait pas du tout les mêmes sens que son alliée, et se retrouva bien démunie alors qu’elle observait la rue lumineuse, le passage des voitures, et celui des passants à l’extérieur du commerce. Ce fouillis était largement trop dense pour qu’elle ne puisse repérer quoi que ce soit, encore plus à une telle distance. Peut-être même s’était-il déjà mût vers une autre cachette, afin de se faire le plus discret possible. En tout cas la demoiselle n’eut d’autre choix que de reprendre sa discussion, toujours le plus silencieusement possible, se contentant de chuchoter entre ses lèvres. Elle ne voulait n’y être perçue par un quelconque client, ni même sembler particulièrement étrange aux yeux de l’éventuel observateur qu’avait détecté la djinn, aussi se permit-elle de continuer ses courses en même temps, chercher à garder le plus grand naturel possible.

« Tu crois vraiment qu’il s’agit de quelqu’un qui nous suit ? Des mecs louches il y en a huit à la dizaine dans ce putain de pays.
Il portait l’uniforme de ton école. Tout ce que j’espère, c’est que je me sois trompé, mais si les membres de la secte commence à envoyer des lycéens à nos trousses, ça ne vas pas arranger nos affaires. Même si cela Lui ressemblerait bien.
Évitons de parler de Lui, ça me colle toujours des frissons. »

L’idée même qu’un membre de son lycée puisse se trouver à ses trousses sous la direction de l’enfoiré qui s’était servie d’elle durant des années ne manqua pas de lui coller la nausée. Elle ne serait jamais tranquille si il osait agir de la sorte, et en même temps, elle le connaissait suffisamment bien pour y déceler une forme d’incohérence. Il n’avait jamais voulue que les membres de la communauté soit instruit, il avait toujours prétexter que les sciences et la soif de connaissance ne pouvait que les éloigner de la digne voie du Seigneur. Ceux qui avaient rejoint la secte trop tardivement, avec déjà des postes prestigieux, ou alors dans leur bagage un nombre d’années d’études conséquent, avaient toujours été lourdement surveillé et mis à l’épreuve. Alors bon, envoyer un jeune homme dans un lycée pour la retrouver était une idée presque saugrenue, contradictoire. Mais dans ce cas qu’est-ce qu’il faisait ici ? Peut-être que les deux femmes étaient juste bien trop sur les nerfs, et devaient accepter que la terre entière n’était pas foncièrement à leurs trousses ! C’est vrai que c’était malheureux de toujours voir en autrui l’existence d’un risque, ou une possibilité de tromperie. Non non non non, elle allait agir comme n’importe quelle jeune adulte digne de ce nom, elle allait finir ses petites courses personnelles, se faire un bon repas ce soir, et se diriger le plus rapidement du monde chez elle, comme elle l’avait prévu au départ. Après tout, le simple fait de se prendre la tête avec cette bêtise était en train de la ralentir dans son planning déjà extrêmement serré, et elle avait grand besoin de temps pour étudier ce soir.

« Écoutes, je vais faire comme d’habitude. Toi, restes vigilante s’il-te-plaît, et dis moi si tu le revois d’ici à la maison. S’il nous suit, nous ne pourrons qu’en avoir le coeur net.
Très bien. Oh et… achètes donc une de ces confiseries au passage.
Euh je … en quel honneur ?
Quand tu dors j’en profite pour en manger une, j’adore ça. »

Essayant de ne pas avoir l’air trop surprise par le soudain aveu d’Emaneth, l’égyptienne tendit le bras pour prendre un paquet de petite bille de chocolat aromatisée à la mangue et à la banane. Drôle de choix, mais bon, si la djinn appréciait ce genre de petites choses, elle n’allait pas l’en priver. L’instant d’après, elle passa en caisse, toujours sur le qui-vive, puis s’éloigna du magasin avec deux sacs en plastique bien remplis entre les mains, et son sac de cours encore sur le dos. C’est donc bien chargée qu’elle se dirigea alors en direction des transports en communs, espérant ne pas louper le prochain métro de peu.

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