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« le: vendredi 29 juillet 2011, 11:04:40 »
Un coup de poignard par ici, une belle parole par là, une main furtive qui passe, qui prend… Belgrif, en quittant son village natal, n’était guère qu’un voyageur perdu, un être vulnérable ignorant du monde qui se découvrait peu à peu à ses yeux. Mais à force de persévérance et de fourberie, il était devenu un autre : un escroc, un manipulateur, un criminel. Il s’était vite adapté, il avait compris les règles du jeu en Terra. Il ne devait sa survie qu’à son immoralité. Tuer de sang froid, tuer par traitrise, lui avait permis à plusieurs reprises de ne pas finir la chaine au cou, esclave, marchandise de chair. Dépouiller les riches ou les miséreux lui permettait de gagner sa vie. Evidement, nombreux étaient ceux qui lui en voulaient mais peu lui importait. Ces gants qui le détestaient faisaient sa notoriété. Il n’était peut-être pas devenu le plus célèbre les bandits mais à Nexus, sa ville de prédilection, son nom circulait. Sa sinistre réputation décrivait un être au visage d’ange et aux manières de démons, quelqu’un capable de vendre père et mère pour un peu de plaisir, un monstre d’égoïsme. Oui, c’en était bel et bien fini de ce pauvre minou errant dans les rues sans savoir où il allait. A présent, il hantait les bas-fonds tel un fantôme, il s’aventurait même dans les cartiers aisés pour y prendre ce qui lui plaisait. Tout, absolument tout ce qu’il avait sur le dos, il ne l’avait pas payé, histoire de principe.
Ces dernières semaines, le Terranide félin avait remarqué quelque chose de curieux. On l’observait, il en était presque certain ayant aperçu un curieux individus le suivant de nuit sur les toit de la cité. On cherchait à se renseigner sur lui. Alors, de son côté, il avait mené sa propre enquête. Si on cherchait à lui faire un mauvais coup, à lui qui jamais encore n’avais connu l’échec, il devait être prêt. Lentement mais surement, il remontait la piste. Il n’eut toute fois pas le temps de découvrir qui était le commanditaire lorsque ce dernier lui adressa directement un message, une invitation. Hiro Atayoshi, un influant marchant d’esclaves.
Voilà Belgrif surpris. Devait-il répondre à l’appel ? Il ne fallait pas oublier qu’il avait le profil parfait pour devenir un esclave. Seulement, il se dit que les intentions du marchant devait être autre. Sinon, au lieu d’un message, il aurait envoyé ses sbires, il aurait tendu un piège. Et puis le félin était curieux d’avoir le fin mot de cette histoire. Aussi, il se décida à venir. C’était risqué, certes, mais peut-être y avait-il là une opportunité à ne pas laisser passer.
Voilà donc Belgrif dans le bureau de Atayoshi. Il avait prit ses aises. Installé confortablement sur sa chaise, un verre à la main, l’air très décontracté, il donnait l’impression d’un individu confiant en lui-même et en l’avenir. Comme à son habitude, il était vêtu d’embles habits derrière lesquels il se dissimulait. Un large chapeau orné d’une plume et un manteau tombant plus bas que ses genoux étaient se qu’on voyait en premier lieu. Sous l’obscurité du chapeau, on devinait son visage de chat au regard d’émeraude.
Le félin garda le silence tout en sirotant l’alcool dans son verre et en écoutant avec attention. Il avait simplement salué d’un geste respectueux le maitre des lieux histoire d’être convenable mais sans trop en faire. Quand ce fut à lui de répondre, il déposa son verre sur el bureau et s’exprima avec calme. Son ton était posé.
-Monsieur Atayoshi, quel étrange marchant d’esclaves vous faites. Vous me demandez, à moi, Terranide, de vous seconder dans une activité qui brime les Terranides. Ou vous êtes fou… Il ménagea une brève pause, laissant sa phrase en suspend. …ou ma notoriété est passé à un tout autre niveau. On va dire qu’il s’agit de ce dernier cas, il convient mieux à mon égo.
Il fit l’un de ses sourires malicieux dont il avait le secret. Puis il reprit, presque rêveur.
-Moi, associé à un marchant d’esclaves, moi le Terranide qui vend des Terranides. Soyez certain que l’idée me plait mais elle va me placer dans une situation délicate. Je serais, pour mes semblables et beaucoup d’autres, un monstre, un symbole à abatte. Est-il possible de pousser plus loin la trahison ? Sur le principe, je suis d’accord, je dirais même que cela m’enthousiasme. Alors parlant paiement.
Un éclair d’avidité passa dans le regard du filou félin.
-Si vous voulez des esclaves, je pourrais vous en procurer. Je peux même vous aider à gérer vos affaires. Mais si vous voulez bénéficier de mes services, que m’offrez-vous en échange ?