Il ne sut vraiment s'il avait réussi sa téléportation que lorsqu'il entendit la jeune femme dire
"Vous avez de la chance ..." et à ce moment là, il sut qu'il était en sûreté, entre de bonnes mains. Il ferma les yeux et laissa la demoiselle faire son travail tandis qu'il sombrait dans un profond sommeil, non plus définitif comme il l'avait voulu à l'origine, mais réparateur.
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Plusieurs jours passèrent durant lesquels il resta inconscient. Par moments il sortait de sa torpeur pour murmurer des suites de mots incompréhensibles puis il retombait dans les abysses de son âme. Durant tout ce temps, il revivait des scènes de son existence : l'ancien Grand Pope, Sion, mort de ses mains, la tentative de meurtre d'Athéna, alors qu'elle n'était encore qu'un nourrisson, l'intervention d'Aioros du Sagittaire... Il revoyait toutes ces années durant lesquelles il avait gouverné d'une main de fer le Sanctuaire des Chevaliers Sacrés d'Athéna, sa vaine recherche de Niké et de l'Armure d'Or du Sagittaire, la Déesse de la Victoire, les interventions de "l'Autre", qui remontait de temps à autre à la surface, contrecarrant ses plans au moment fatidique...
Paradoxalement, il avait été, selon l'avis général, un excellent Grand Pope : il avait administré le Sanctuaire de manière efficace, dirigé en secret les gouvernements et chefs d'état de ce monde et empêché à multiples reprises des catastrophes civiles ou militaires dans le monde des humains, tel l'incident de Three Miles Island.
Aiolos du Sagittaire aurait-il pu en faire autant ? Saga ne connaissait pas vraiment la réponse. Mais il savait néanmoins qu'il donnerait tout pour revenir 13 ans en arrière et laisser la place de Maître du Sanctuaire à Aiolos.
Certes ce n'était pas vraiment lui qui avait agi mais son "double" maléfique mais à la lumière de ses réflexions et des derniers évènements (c'est à dire la Bataille du Sanctuaire), il se disait que c'était une excuse un peu trop facile de toujours accuser "l'Autre". "C'est pas moi m'sieur, c'est lui !"...
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Un beau matin, il ouvrit les yeux. Il était étendu sur un lit confortable et une bonne partie de son corps était recouvert de bandages. Il essaya de bouger un peu et ressentit une intense douleur au flanc qui le fit gémir. Grimaçant, il s'allongea, essayant de se souvenir ce qui s'était passé.