Le quartier de la Toussaint / Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
« le: vendredi 18 décembre 2020, 11:44:44 »Mon t-shirt en main, je file donc dans la salle de bain qui ressemble a un espace coupé du monde extérieur. Comme une oasis dans le désert, une zone sans solde lors du Black Friday, un wagon de métro vide à l'heure de pointe. Quelque chose qu'on ne trouvera jamais de notre vivant quoi.
A part quelques traces de calcaire qui commencent à pointer le bout de leur nez et un boxer qui déborde de la bassine où s'empilent quelques fringues, cet endroit est un véritable coin de paradis dans ce chaos.
Au bout de quelques minutes sous la douche j'entends gueuler. Curieux, j'ouvre la porte en verre et sort la tête pour l'entendre m'insulter et faire une crise de nerfs tout en claquant la porte. Les gens normaux seraient énervés, remontés, se lâcheraient en retour dans leur coin. Pas moi. Faut dire qu'on m'a jamais trouvé normal. Ca me faisait crever de rire. Pas pour me payer sa tronche.
Les gens devraient se lâcher plus souvent et arrêter de se voiler la face pour des conneries de ce genre.
Mon affaire terminée, je perds pas de temps à me sécher pour enfiler des fringues propres et embarquer la bassine dans le salon avec moi. Une fois dans le salon je dépose ce que je tiens à même le sol pour chopper mes clés et mon portefeuille. Pour ne pas me faire voler et y cacher certaines choses, j'ai fait un trou dans un des murs qui s'actionne en appuyant au bon endroit. C'est surtout le mec que j'ai payé pour l'installer qui s'en est occupé. Mais c'est un détail.
Je tourne alors la tête en direction de la cuisine et remarque qu'elle a laissé des trucs derrière elle. Y compris son tube de machin-chose. Ca me fait rire de nouveau. Dans la vie faut savoir forcer le destin pour obtenir ce qu'on veut et elle semble avoir fini par le comprendre.
Comme je m'étais décidé de le faire, je passe d'abord à la laverie automatique pour y foutre mes fringues à laver pour sortir m'acheter à bouffer et de quoi me débarrasser de toutes les saloperies qui inondent mon appart. Là, j'entends trois mecs causer de magouilles tellement insignifiantes qu'il fait aucun doute que ces nazes viennent juste de démarrer leur carrière de criminels ou que rester en bas de l'échelle leur suffit du moment qu'ils survivent à leur façon.
- T'as vu la chaudasse qui fait tous les bâtiments ?
- Ouais ! Elle doit être grave chaude.
- Grave ! Grave !
- Ou alors les mecs ils gèrent pas.
- Trop pas !
- Une nana peut pas les vider aussi vite. Enfin j'sais pas... Si ?
- Gwendy qui bosse au Javaltou elle y arrive.
- Sérieux... Mec... On bouffe là.
- Bah quoi ?
- Le seul truc qu'elle sait te vider c'est l'estomac quand tu gerbes en voyant sa sale gueule ou ses nichons qui ressemblent à rien.
- Parle bien de la meuf de mon frangin !
- N'importe quelle meuf serait mieux qu-...
- Enculé !
Je m'attarde pas plus dans le coin en laissant ma bassine sur place avec des fringues que personne de normal irait voler pour filer acheter ce qu'il faut et retourner à l'appart commencer le grand nettoyage. Putain, ça risque de me prendre la journée. Heureusement que le sol est pas foutu vu que rien n'a été renversé dessus. Un vrai petit miracle.
Quant à ce qu'elle m'a laissé en souvenir, j'ai décidé de garder la carte et le tube de machin à l'endroit où elle les a laissé faute d'autre place. Je compte pas m'en servir. Mais peut-être que ça trouvera son utilité un jour ou l'autre.