Le métro et la gare / Re : La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: mercredi 24 février 2021, 14:50:15 »Elle ne s’était guère laissée allée à quelques simulacres. Plus elle était directe, et plus elle prouvait par son honnêteté qu’elle n’avait rien à cacher dans ses actions, dans les mesures drastiques qu’elle prenait contre ce putain d’univers qui voulait lui retourner la tête et la faire se sentir coupable. Elle s’était dirigée vers son amie du soir, l’esprit embrumé, et elle avait prit ce qu’elle souhaitait, à savoir les lèvres de la française. Ce n’avait absolument aucune autre vertu que celle d’étancher, un tant soit peu, la soif sexuelle qui s’était emparée d’elle, et qui continuait de grimper en intensité à mesure que les secondes passaient, mais il y avait aussi, dans le fond, cette volonté d’apaiser la peine et les craintes de sa compagne d’infortune. Alors, malgré le fait que ses pensées étaient embrumées, elle pouvait imaginer un peu ce qu’il se passait dans l’esprit plus sain de Lissandre : Le doute, la peur de la vision des autres, la confusion face à ces événements, la tentation qu’elle lui apportait sur un plateau d’argent, avec ses fantasmes… Tant de choses qui pouvaient sûrement paralyser une personne qui n’était pas foncièrement bien dans sa carafe, à moins que tout cela n’ait plutôt l’effet d’un éléctro-choc, court-circuit soudain qui permettait, d’ici peu, de gagner le coeur et l’esprit de la belle, la lavait de la mélasse sordide dans laquelle elle s’était empêtrée à cause du comportement ignoble de la gente masculine. Mais ce genre de choses, aussi importantes pouvaient-elles être, ne parvenaient pas à rester longtemps dans l’esprit de la lycéenne en plein trip d’excitants pour éléphants. Non, elle ne voyait pas plus loin que ses désirs… et les réponses qu’elle obtenait de son amie.
Des réponses aussi charnelles que la question implicite qu’elle lui avait posée par son baiser, et exprimé de ses termes confus, presque enfantins. Ce n’était pas sa faute, elle aurait voulue être plus claire, moins maladroite, plus… Aguichante dans ses termes ? Mais le fait était que ses mots étaient aussi confus et instantanés que son esprit, et en ce sens elle ne parvenait pas à construire un propos complet sans même avoir la maladresse de se perdre en chemin. En revanche, elle pouvait répondre aux gestes de sa compagne : Elle lui plaça ses mains sur ses joues avec tendresse, alors elle lui enserra la taille de ses bras, aussi légers qu’ils étaient, aussi faibles aussi ils pouvaient être. Quand elle s’approcha à nouveau de ses lèvres, alors elle vint à clore ses mirettes, se laissant emporter dans le geste délicat de son aîné, venant alors accueillir le souffle de la belle étrangère, et y répondre d’un soupir d’aise. Et si les mains de Lissandre partirent en balade légère, prude, curieuse sur son corps à la peau délicatement halée, ce ne fut point pour y connaître un mouvement de recul ou un refus, Enothis tendant sa chair à sa compagne pour qu’elle puisse s’abandonner à ce traitement qu’elle lui intimait par ses avances. Confuses, elles l’étaient toutes les deux, et pas de la même manière, mais la situation était suffisamment complexe pour que chacune puisse malgré tout voir, dans l’action de l’autre, quelques aveux secrets, quelques besoins de reprendre le contrôle de la situation. Et tant pis pour le grand-père qui devait avoir tellement mal au manche d’observer ce spectacle qu’il serait sûrement capable de se la couper pour abréger ses souffrances. Enothis n’avait d’yeux que pour une personne, et c’était la jeune femme dont elle souhaitait voir et retrouver le radieux sourire, celui avec lequel elle l’avait tiré de l’embarras quand elles s’étaient rencontrées !
Mais peut-être qu’il y avait encore bien des choses à régler, des choses que l’esprit confus et frissonnant de l’égyptienne n’avait sut concevoir ? Car les caresses, les baisers, les douceurs qu’elles s’offraient chacune semblèrent trouver soudainement une limite aux yeux de Lissandre. Pourtant sa main était déjà allée si bas, elle avait chercher à cueillir ce qu’il y avait de si précieux chez la jeune femme… Du moins jusqu’au soudain mouvement de recul de la française, ce regain de conscience aussi soudain qu’imprévisible aux yeux d’Enothis. Elle ne put comprendre en l’instant. Incohérence absolue, manque total de logique à ses yeux, elle se retrouva à constater la brutale séparation opérée par sa camarade du soir accompagné de son soudain refus, si grave à ses yeux ! Pourquoi ? La question occupa immédiatement l’ensemble de sa pensée, le tout lui semblait tellement improbable, tellement inacceptable, surtout alors qu’elle avait enfin le droit de posséder et de contrôler ses choix et ses désirs ! Puis elle ramena son regard embrumé en direction de celle qui éveillait en elle une telle flamme, celle qui mêlait désarroi et colère, besoin et passion. La colère ne dura pas longtemps, surtout quand elle remarqua la culpabilité sourde qui était né sur les traits de son amie. Quelque soit ses raisons, elles n’étaient pas de malheureuses natures, ou de tristes origines. La justesse morale, la droiture, quelques concepts avaient prit d’assaut la pensée de Lissandre et l’éloignaient d’elle. Et aussi compréhensible cela pouvait-il être de la part de quiconque avec un peu de jugeote, Enothis n’avait tout simplement pas la possibilité d’y réfléchir pour l’instant. En revanche, elle avait assez d’affection et de bons sentiments pour pouvoir y réagir sainement, avec … ce qu’elle avait de tendresse et de passions honnêtes :
« Je ne dois pas faire ça. Je ne peux pas te faire ça ! Ce n’est pas bien. C’est- On ne peut- Ce n’est pas bien…
- Lissandre … Ma belle Lissandre … »
Elle s’approcha doucement. De petits pas nus sur le sol de béton froid. Suffisant dans le silence pour être entendu, et interrompus par un râle désagréable de la part du vieil homme qui se trouvait à l’autre bout de la pièce. Ce qui fut d’ailleurs amplement suffisant pour que l’égyptienne se détourne un instant de sa merveilleuse compagne pour lui apporter un regard plein de haine. Un de ces regards noirs et impérieux qu’elle avait longtemps dû arborés devant ses sujets, capable de foudroyer sur place la moindre forme de réaction, des plus justes aux moins valables. Elle l’intimait au silence, et au vu de la situation, sans parler de ce qu’il s’était passé plus tôt, le vieil homme perçu sûrement une certaine forme de menace qui l’amena … à obtempérer. Ceci fait Enothis se retourna devant la forme confuse de sa camarade. Un peu repliée sur elle-même, ses doigts aux abords de ses lèvres roses et un brin tremblantes, comme si une peine ou un doute étaient en train de les animer en une moue craintive … Sûrement la jeune femme avait-elle peur de ce qu’elle pouvait désirer, de ce qu’elle pouvait faire maintenant qu’elle avait été attirée sur le chemin dangereux de cette lubricité volontaire et assumée. Avait-elle peur de se comparer avec ceux qui, plus tôt s’en était prit à elle, avec les plus horribles actions, mais étrangement les même motifs ? Encore une fois, Enothis n’avait pas les capacités pour réfléchir à cela plus longtemps qu’une demi-seconde. Tout ce qu’elle possédait était son naturel, un naturel aussi instinctif qu’empli de bonne volonté… Et c’est ainsi qu’elle vint lentement raccourcir la distance que Lissandre avait mit entre elle, en parlant doucement :
« Lissandre, je… Pardon je t’ai fais peur. Mais je te veux et … tu me veux, non ? »
Enothis était dans un état second, mais elle n’était pas non plus insensible, et la soudaine réaction de son amie du soir lui avait jeté un sacré froid. Pas assez pour la bloquer dans ses besoins, mais largement suffisant pour qu’elle se retrouve à ne plus se laisser porter par l’euphorie qui l’avait caractérisée un peu plus tôt. Alors elle approchait doucement, mesurait ses gestes quand elle observait Lissandre avoir un mouvement de recul, s’assurait de paraître aussi inoffensive que possible, de peur de la voir fuir, en panique. Et cela, elle n’aurait sut s’en remettre. En revanche, elle fut à portée bien vite, et c’est alors que sa réaction fut simple : elle prit doucement la main tremblante de son amie et la tira délicatement à elle, suffisamment pour que les deux s’écrasent l’une contre l’autre avec la chaleur de deux demoiselles aussi perdues que désireuse d’un tel contact. Du réconfort, de la quiétude, et une paix durable, dans une prison à la peau bronzée qui pouvait la relâcher à la moindre demande qu’elle lui aurait exprimée. Alors seulement elle reprit la parole avec ce ton si délicat, si mesuré, et ce malgré l’air absent qu’elle pouvait avoir, ce regard presque vide, mais qui restait éclairé de cette lueur de désir dévorant, cet appel au plaisir qu’elle souhaitait, encore et toujours, lui communiquer :
« Je n’en peux plus Lissandre. Ces connards, ces salauds, ils font bien ce qu’ils veulent, alors pourquoi n’aurions nous pas le droiiiiit ? Tu as le droit, j’ai le droit, nous avons le droit de le vouloir. Qu’est-ce qui t’arrêtes ma belle et si importante amie ? Fais moi gémir, fais moi trembler. Je veux jouir de tes attentions, je veux te faire sourire. On leur dit merde et on profite. Toi, moi, ensemble. Jusqu’au bout de la nuit même, si je dois rester dans cet état malgré moi. Je m’en fous tant que je suis avec toi. Je m’en fous tant qu’on peux se donner le droit de le faire. »
Et elle l’embrassa. Férocement et amoureusement, avide de ses lèvres.
« A partir d’ici, tant pis si il nous arrive encore je ne sais quelle merde. Que je sois obligée de sucer un clochard en pleine rue, je passerais outre mais … mais avant je veux être à toi Lissandre. Alors prends moi je t’en prie. »