Était-ce l'influence démoniaque de l'Antéchrist ou son inclination naturelle qui s'exprimait à cet instant, au profit de l'ivresse et de la désinhibition cumulée qui l'influençait ? C'était difficile à dire. Damien l'avait remise à sa place, tout à l'heure, et il ignorait si cet acte d'autorité avait eu un impact si fort sur elle. Les tendances de Poupée ne lui étaient pas inconnues, mais leur expression aurait pu réclamer plus d'efforts que ceux auxquels il avait consenti. Le mystère planait sur les raisons qui la poussaient à se soumettre à genoux entre ses jambes, mais il sentait qu'elle le faisait avec plaisir, et cette perspective l'excitait lui aussi. Nombreuses étaient celles à lui offrir leur obéissance absolue simplement pour qui il était, parmi ses disciples. Le fait de ne pas connaître les raisons profondes de Poupée pour lui obéir apportait un soupçon de piquant à leur relation.
Damien avait promis à Poupée une récompense bien méritée, et il s'en tenait à sa parole. La première règle, avec une personne prête à se soumettre à soi, était de ne jamais mentir sur ses intentions, et de ne jamais abuser de son pouvoir pour nuire — qu'on comprenne : au-delà de ce que la soumise aimait et acceptait. Il la fit attendre un peu, voyant comme l'anticipation l'affectait et cherchant à voir si elle franchirait la ligne entre eux et se comporterait comme une princesse gâtée. A son grand plaisir, et bien qu'il ait vu la tentation dans son regard, elle ne dépassa pas les limites implicites entre eux. Elle méritait vraiment une récompense.
Sans un mot, il finit par se pencher sur elle. Il déposa un baiser sur sa joue et remonta vers son oreille, la suçota un instant, et redescendit sur sa joue, le long des lignes de sa mâchoire. Il l'embrassa jusqu'au menton et monta sur sa lèvre inférieure, suçotant le fin relief charnu sans vraiment l'embrasser. Les baisers s'interrompirent et il resta là, ses lèvres à un centimètre des siennes, leurs souffles mêlés en un seul les joignant sans se toucher. Il gardait ses yeux inflexibles rivés dans les siens.
— Desserre les jambes, chuchota-t-il finalement.
Et, la laissant s'exécuter, il abaissa la main entre eux jusqu'à pratiquement toucher le sol, et sans un bruit, sans se presser, la remonta pour venir la poser entre ses cuisses, enveloppant sa vulve. Il la caressa, l'explora sans jamais faire mine de quoi que ce soit entre leurs yeux figés, et ses doigts, fins et habiles, la touchèrent avec une expertise inattendue pour un garçon de son âge. Il excita son clitoris sans empressement, parcourut les plis sensibles de ses lèvres intimes, ne toucha jamais à l'entrée de son vagin. Il la laissa monter en pression et s'exciter doucement, sans lui faire sentir la moindre pression, témoignant de la douceur et du respect qu'il pouvait accorder à la Poupée obéissante. Bien sûr, il était capable de la traiter bien autrement, mais il voulait la rendre fidèle en lui donnant le goût de l'obéissance — sers-moi sans résister et tu te sentiras comme une reine, pourrait-on formuler.
Après un moment où le temps et l'espace semblaient s'être figés et rétrécis à leur seule intimité, il s'interrompit graduellement, la laissant, frissonnante, à l'aune de la jouissance, excitée mais pas rassasiée. Cela, elle devrait le mériter. Il restait quelques étapes à passer pour considérer leur relation comme une chose viable.
— Habille-toi, maintenant.
Il s'était exprimé de manière douce, mais le ton était celui d'un ordre. Le moment était terminé et ils allaient passer à autre chose.
Tandis que Poupée se ressaisissait et enfilait la robe, Damien laissa retomber son rythme cardiaque, affecté par l'intensité de la tension sexuelle du moment. Une bosse proéminente trahissait, tout de même, son appréciation du moment. Il se concentra pour la faire décroître tout en rafraîchissant sa tenue. Puis, quand ils furent prêts, il expliqua la suite du programme :
— Tu vas m'accompagner au milieu du club. On va danser. On va vouloir te toucher, danser avec toi — crois-moi, je connais mes gens — et je veux que tu laisses faire, que tu joues le jeu, mais que tu sois toujours prête à me rejoindre. Si je te fais signe, tu reviendras vers moi sans délai. Est-ce que tu m'as compris ?
L'idée de l'exercice était plutôt simple : une fois dans la mêlée, elle serait libre de s'amuser et de se laisser aller à l'ambiance. Elle pourrait s'éloigner, jouer, se mêler à qui elle voudrait, et le simple fait qu'elle soit sienne attirerait les danseurs de tous les sexes à elle. Par contre, elle devrait toujours avoir Damien dans un coin de son esprit et au coin de l'œil, et être prête à bondir. Il la laisserait s'amuser un bon moment, lui donnerait l'occasion de s'éloigner autant qu'elle le voudrait. Le but était de voir si elle oublierait la laisse invisible qui la liait à lui. Si elle l'oubliait, elle serait punie. Si elle accourait à son signe, il allait considérer l'idée de la ramener chez lui — ou bien, plus révoltant encore, de l'accompagner chez elle.