Les landes dévastées / Re : La cité morte [Shad Hoshisora]
« le: dimanche 30 septembre 2018, 15:20:21 »« Je pensais peut-être… éventuellement… » Commença-t-il en avalant sa bouchée. « A demander des renforts à notre employeur… Ou peut-être faire une recherche oui. »
Chaque village possédait quelques maison d’archives, bibliothèques ou tout autre bâtiment où les autorités locales devaient forcément y abriter les documents importants. Ce genre de lieu fut d’un grand secours à June, et cela un nombre incalculables de fois, où il put compléter là ses connaissances géographiques, obtenir quelques plans de souterrains, avant d’entreprendre son expédition. Encore que, compte tenu de l’âge de la cité morte, le nécromancien éprouvait de grandes doutes quant à la pertinence des informations locales.
« Si on arrive à trouver quelque chose sur cette cité. Elle a tellement l’air d’être… Comme d’un autre monde, je me demande si elle a jamais été exploré de mémoire d’homme. »
Une bouchée de légumes, et un généreux morceau de viande plus tard, June reprit le fil de ses idées. Le garçon avait beau être frêle, il n’en mangeait pas moins de bon appétit.
« Mais sinon, pour revenir à ce que je disais, j’ai songé à retourner voir le seigneur du coin… S’il nous prête des renforts, tant mieux, mais s’il refuse, c’est peut-être pour cacher quelque chose, non ? Dans les deux cas, on pourrait en savoir plus. »
June avait beau suggérer ce plan sans tremblement dans la voix, la perspective de remettre le pied dans ce sordide château, de repasser au milieu de ces coupe-gorge jusqu’à leur parvenu de maitre… Tout cela ne lui plaisait guère. Mais comme ils en avaient déjà discouru à de nombreuses reprises, ce Voshnäk détenait très probablement des réponses susceptibles de faire la lumière sur les secrets de cette montagne, et du sordide manège tramé par ces créatures. Car, somme toute, ces Terranides morts provenaient bien de quelque part !
« Ah, j’ai eu aussi cette impression » Terminant de mastiquer, June jeta un regard discret derrière. « C’est peut-être juste parce qu’on est différents du reste… Une… Enfin, deux femmes qui voyagent seules, c’est bizarre, je suppose. On se fait peut-être des idées… »
La salle de l’auberge, observa June, ne contenait que des clients locaux, dont la plupart se côtoyaient chaque jour, et s’appelaient par leurs noms. Nul doute qu’une Terradine et une autre femme, le nécromancien était prêt à parier que l’étranger le prenait aussi pour une demoiselle, sortait probablement du lot. June se garda de tout commentaire. Lui aussi, à la vérité, se sentait au bord de la paranoïa après les évènements cauchemardesques de la journée.
Alors que le nécromancien reportait son attention sur son succulent plat, le battant de l’entrée s’ouvrit brutalement. Deux individus crasseux en émergèrent. L’un affichant un manteau rapiécé dont la taille était resserré par une ceinture comportant un poignard, l’autre portant un haut de bure masquant un vêtement de mailles noires. La fourchette de June échappa une pomme de terre qui atterrit dans la sauce avec un ploc timide. Nul doute qu’avec leur dégaine, leurs sourires vulgaires et cette manière de déambuler ainsi, comme si la pièce leur appartenait, le duo faisait parti des hommes de Voshnäk.
« Tu crois que… ? Ils viennent pour ? » Glissa-t-il à Shad discrètement, déjà préalablement tendu par cette mauvaise surprise.
Mais à peine ces inquiétudes formulées, que les intrus se tournèrent avec force grognements vers l’étranger à l’énorme hache, l’invectivant directement. A cette distance, June ne pouvait entendre ce qu’ils disaient, mais l’échange ne semblait guère cordiale à voir les mines colériques des bandits, bien que celle de leur interlocuteur demeurait parfaitement calme. Celui-ci se leva lentement sans cesser de leur répondre et, sans le moindre signe avant coureur, envoya subitement son poing dans le nez du premier bandit, l’envoyant culbuter sur le sol.
Le début de bagarre contribua à créer une vague de murmures mi-paniqués, mi-bougons de la part des autres clients. Les serveuses s’écartèrent avec des cris effarouchés tandis que le premier bandit se relevait péniblement en se tenant son nez éclaté, d’où coulait le sang. L’autre coupe-jarret jura, cela même June l’entendit d’où il était, et empoigna aussitôt le poignard à sa ceinture, bousculant en même la table de l’étranger. Ce dernier ne se démonta pas. Il intercepta le bras armé lancé vers lui, le serrant au poignet et le fit pivoter avec un craquement sonore, envoyant en même temps un vigoureux coup de genoux dans le ventre dans son adversaire, ce qui le fit plier en deux.
Quant au premier, remis de son étourdissement, il recula en grommelant des malédictions mais tâtait ses dagues sous son manteau. Si proche qu’il était, June pouvait même percevoir son odeur de crasse nauséabonde mais, trop intimidé par cette bagarre de brutes, il tourna un regard interrogatif vers Shad. Devaient-ils intervenir dans cette situation ou attendre l’issu de l’affrontement ?