Cinquième Entaille
L'Enfant
Elle accoucha non sans efforts,mais avec le bien-être du sentiment que son calvaire était enfin terminé. Les détails peu ragoûtants du miracle de la vie peuvent être passés sous silence,après quatre heures de travail l'enfant s'extirpait tant bien que mal de son placenta. Il fit un trou dans la poche par instinct de survie,afin de permettre à ses poumons de se déplier. Vertu se redressa et considéra son enfant. Il la fixait,et ne pleurait pas.
Il avait les yeux bleus clairs de sa mère,pétillants de vie comme elle dans sa jeunesse, mais sur un fond couleur ténèbres. De petits cheveux d'un bleu plus foncé poussaient déjà en haut de son crâne,et sa peau était noire comme le charbon. Il n'avait pas de lèvres,aussi sa dentition uniquement constituée de crocs était déjà apparente. Sa peau était à la fois dure et souple,et des côtes exo squelettiques ornaient son ventre. Le côté gauche de son visage portait des rais azurs qui partaient de son nez quasiment inexistant au contour de son visage. Son menton était pointu,son corps déjà robuste,et de dangereuses pointes ornaient ses épaules. Elle regarda,son fils était asexué. Il était vivant,il était de sang impur,et il était puissant.
Le nourrisson regardait sa mère dans les yeux,muet comme une tombe. Il voyait cette femme usée,avec cet hideux sourire et ce vomi séché qui était restait collé dans ses cheveux. La jeune mère enroula son bras gauche autour de l'enfant,car le droit eut été quelque peu déformé par la poigne de Charon en l'absence de soins. Le bébé continuait de la regarder silencieusement,et Vertu comprit qu'elle aimait cet enfant relativement laid. Elle avait souffert pour lui donner la vie,elle ne le regrettait pas.
L'enfant se mit à rire.
Son rire inquiétant avait emplit la salle vide d'une ambiance sinistre,et plus il riait,plus une aura meurtrière se dégageait de son petit corps de nouveau-né. Vertu prit peur,voyant à quel point l'enfant pouffait,méprisant totalement ce qu'elle avait enduré pour le mettre au monde. Elle se leva,décidée à le voir grandir.
Trois années étaient passées. Durant ce temps elle avait appris à son fils comment marcher et manger, bien que si les démons connaissaient la faim, ils ne pouvaient en mourir. Même si elle aimait se battre,on avait habitude d'entamer l'entraînement au combat à cinq ans dans la famille,il était encore trop tôt. Elle estimait qu'il n'avait pas besoin d'apprendre les arts, ces facéties ne lui avaient jamais sauvé la vie. Ils vivaient coupés du monde,lui s'amusant à tuer toutes les bestioles qui avaient le malheur de s'aventurer dans le jardin,elle regardant sans se lasser le petit défendre son territoire en rugissant et en arrachant les pattes des lapins à corne. Elle avait aménagé un petit potager dans un coin pour subsister,car son fils ne souhaitait pas partager le gibier qu'il chassait constamment.
Vint le moment où elle lui apprit à se battre. Elle commença premièrement par lui enseigner l'armorphose,héritage des Fortitudo,en perfectionnant son propre niveau en la matière grâce a un vieux livre à demi brûlé que son oncle avait écrit. Elle estimait que la magie des runes ne serait pas intéressante pour celui qu'elle appelait "mon fils","petit sauvage" ou encore "abruti" quand il n'écoutait pas ces leçons importantes à la survie aux Enfers. Au fil des jours,le gamin se battait mieux,maîtrisait la magie noire à des degrés surprenants qui rappelaient à Vertu qu'il était le fils d'un démon très puissant. A ses dix-sept ans,elle estima qu'il était temps pour lui d'avoir une arme liée,du type qu'elle aurait du recevoir le lendemain du passage de Charon en ville.
Les armes liées des Fortitudo étaient connues de tout Inferno:ces armes étaient en effet à la fois forgées par un artisan et runées par un membre de la famille lors de la conception. Leur spécificité étant qu’elles agissaient avec la conscience du manieur,de telle sorte que l’on pouvait pratiquer sur elles l’armorphose par la seule pensée. De plus les armes liées revenaient à leur manieur par convocation dès qu’ils le désiraient,et avaient dans la main du guerrier le poids d’une cuillère à soupe. Entre autre,seule la personne liée à l’arme avait le pouvoir de la manier au combat.
Je crois que je vais marquer un petit temps d'arrêt à partir de là, histoire de prendre un peu d'avance. Bon, j'ai encore un petit paquet d'Entailles après celles-ci, mais vu ma cadence d'écriture, si je continue je vais vous planter dans le feu de l'action.