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« le: lundi 19 février 2024, 00:07:59 »
Sanction d’abord redoutée, ensuite éprouvée à regret, l’aventureux dévot, comme première sanction à ses excès de zèle, sentit les doux et chaleureux reliefs fuguer lentement d’entre ses doigts. Bien qu’il se crut capable et ô combien disposé à s’y cramponner avec la hargne que put lui suggérer un désespoir libidineux, c’est toutefois le plus docilement du monde qu’Eugene renonça à ces indulgences galbées. N’était-elle pas la déesse, après tout ? Il s’en était en tout cas persuadé ; au point de se dédier à elle, heureux tributaire de sa volonté. Du moins, de la libre interprétation qu’il se plaisait à en faire.
Au fond, c’est un égoïsme forcené qui avait conduit et éconduit ses bienveillantes intentions jusqu’au plus inqualifiable outrage. Sous couvert de la soulager d’un mal imaginaire aperçut de nul autre que lui seul, il avait, sans le savoir, cédé à quelques honteux désirs qui lui commandaient ses instincts les plus élémentaires. Démuni du moindre souvenir, rendu ingénu au point de ne pas savoir interpréter ce qui guidait cet appétit nouveau, il avait fallu qu’il la dévore. Du bout des lèvres d’abord, jusqu’à lui effleurer son éminence rosée du bout des dents à peine. Il avait faim d’elle, Eugene, mais il ignorait tout du comment passer à table. Comme seule boussole, une concupiscence veineuse et suintante lui pointait la voie à suivre. De cet appendice gorgé de vigueur, cependant, le pèlerin parut s’en méfier, ne sachant trop quoi faire d’un mal si encombrant qu’il lui fallut l’extraire entier de son caleçon afin qu’il le fit moins souffrir. Le feu, néanmoins, persistait à lui consumer le bas du ventre.
Sa préoccupation première, pour l’heure, venait de le modérer dans ses élans de gourmandise. Sa récente fringale, pour scandaleuse qu’elle fut, tînt du registre de la stricte profanation. Sous réserve de servir la déesse, il s’était servi – et généreusement – rendu indécent au point de se repaître d’elle. C’est à ce sacrilège qu’il crut devoir sa privation d’elle, les mains encore échauffées de tant avoir arpenté les combes laiteuses et bariolées d’encre qu’il avait pris tant de plaisir à soigner. Il le savait à présent que la raison – ou du moins quelques semblants – lui revinrent en tête, ces soins, c’était finalement à lui qu’il se les était prodigués. Sa piété en camouflage, il avait failli à ses devoirs, désormais désireux de faire pénitence pour son inconduite.
Craignant qu’elle le bannit de son ordre, la divine Crazilles, du fond de sa noblesse de cœur s’avéra toutefois déesse magnanime. À moins que ce ne fut d’ailleurs, que du fond de son cœur, qu’elle puisa sa clémence. S’ils avaient été accordés par prétexte et motivés par une saine malice, les soins, visiblement, lui avaient été profitables. Le rouge au corps, son souffle alourdi, il l’avait en effet sentie tanguer contre lui ; chavirer même, le temps qu’il se plut à la découvrir. Cambrée qu’elle fut alors, explicitement offerte à la charité qu’Eugene lui accorda de ses mains impatientes et rustres, la déesse avait enhardi son adorateur jusqu’à lui faire perdre tout sens commun. Quelle poussa le vice, cette nymphe gracieuse, jusqu’à serrer autour de lui une paire de jambes longues et engageantes, revînt à priver inconsciemment son « captif » de toute retraite, le résignant ainsi à la fuite en avant ; en avant, jusqu’à ce que ses lèvres ceignirent affectueusement le sommet d’une des hautes vallées qu’il avait palpé avec tant de piété.
S’il avait fauté, ce défroqué, ce n’était que parce que ses tendresses curieuses avaient trouvé une réponse chaleureuse et suave au bout de ses doigts. Eugene n’aurait su dire comment ou pourquoi, mais un souffle d’elle, chaque fois plus long et séraphique que le précédent, ne contribua qu’à le conforter dans ses errances. Ainsi, tout au fond de ce cachot, la licence d’un amnésique maudit s’éprouvait à une sensualité naissant sous ses maladresses.
- Les soins ? Demanda-t-il, presque interloqué.
Les soins. Il avait oublié jusqu’à la raison même l’ayant amené à assouvir une curiosité d’homme de ses deux mains. Enivré par ce grain de sa peau dont il ne s’était que trop régalé, par la chaleur de ce corps, sans compter les délicieuses effluves sylvestres qui s’en dégageait, Eugene eut peine à s’exhiber des brumes salaces suintant de dans son esprit.
- Ah euh… oui. Oui ! Oui oui oui, même. Les soins ! Bien sûr, je situe, ça y’est. Ah bah, ils marchent bien. Très b…
Elle ne parut pas tant l’écouter, le coupant dans ses soliloques empotés et rengainant aussitôt pour lui suggérer quelques pistes médicales à explorer. Que ce fut pour la déesse ou son dévot, la question curative ne revêtait déjà plus que l’ombre d’un prétexte.
Alors, elle s’était dressée sur ses jambes, rendue soudain auguste et impérieuse par sa taille, n’affirmant que mieux une stature de haute dame. Loin d’être cette dryade qu’on cueillait comme un fruit, Marmelade se révéla dressée, nue et majestueuse comme aurait pu l’être une arborescence fabuleuse. Qu’elle le surplomba ainsi, ce fervent resté résolument assis au sol, n’intimida que mieux ce dernier. S’il eut osé, celui-ci, douter de la nature divine une seule seconde, le seul fait que la sylphide le toisa en ces termes ne put que le raviser dans l’instant.
Beauté sylvestre envoûtante, Marmelade ne devina sans doute pas à quel point sa silhouette dressée fut imposante aux yeux de son dévoué bienfaiteur. S’il conserva ses mirettes derrière une paire de binocles noires, Eugene le museau levé, alors qu’il eut peine la regarder dans son regard plongeant, demeura un instant bouche bée. Les somptueuses prunelles de la dryade prenaient alors une nouvelle teinte, oscillant du rose au violet, indicateur d’intentions qu’Eugene ne savait deviner. Jamais de sa vie d’amnésique il ne se sentit aussi impressionné, la découvrant plus déesse encore qu’il ne l’avait supputée.
Ainsi subordonné à une splendeur sur laquelle il se crut indigne de seulement poser ses yeux, la stature venue le surplomber le rendit plus malléable encore. Elle ondulait à présent doucement, avec grâce et méthode, hypnotisant presque son fervent du léger mouvement de son bassin. Inconscient qu’il fut, le bienheureux fidèle avait enfin posé ses yeux sur l’orée qu’on lui présenta si explicitement. Tandis qu’il redécouvrait ce fruit à portée de son visage, celui-ci s’avéra plus alléchant encore que la première fois où Eugene s’était trouvé émoustillé devant. Ce sillon lisse et rosé brillait à présent qu’il s’était enrobé dans sa liqueur. Luisant et moite, l’appétissant sexe de la dryade, désormais si manifestement exhibé, hurlait à Eugene quelques langoureux appels.
Resté longtemps éberlué, l’esprit comme absorbé dans la délicate embrasure qu'il scrutait avec insistance, Eugene tressaillit mollement lorsque, du bout des doigts seulement, l’impérieuse déesse l’invita à poursuivre ses offices. Sans qu’elle n’eut à forcer, elle l’engageait d’une main tendre à bien vouloir approcher. Par déférence pour la sylphide, et conduit par une saine curiosité de mâle, c’est sans se faire prier ni résignation d’aucune sorte que le binoclé se traîna plus proche d’elle. Il lui avait semblé alors que cela découlait de l’ordre des choses.
Elle était si grande, perchée au sommet de ses deux mètres, qu’il fallut à Eugene se mettre à genoux pour accorder la juste révérence due à l’auguste nymphe. Il alla alors solennellement jusqu’à ce « ici » qu’elle lui avait désigné du bout des lèvres.
Le nez désormais collé à ce soupirail de chair, il en émanait une exaltation chaude venue lui envelopper les songes. La vulve bouillante ne s’était entrouverte que timidement sans que son contemplateur ne sut de quels délices elles étaient les gardiennes. À dire vrai, Eugene ignorait tout de cette antre, mais il sut, à la fixer de si près, que la plus infinie vénération n’aurait suffi à lui faire honneur.
En explorateur aveugle, ignorant quelles contrées nouvelles il s’en allait découvrir, l’audacieux amnésique se risqua à l’échappée que réclama la déesse.
- Alors là… alors là… balbutiait-il, intimidé par le joyaux de stupre trouvé sous ses lunettes noires, faut surtout pas négliger « ici », ça c’est certain. Assurait-il en ignorant jusqu’au nom de cet « ici ».
Sans doute aurait-il pu élucubrer encore longtemps, mais en son for intérieur, il sentit que chaque nouveau mot eut été de trop ; qu’il aurait, en les prononçant, brisé le caractère solennel d’un rituel qui prenait forme. Déglutissant d’abord, car l’inconnu intimidait même les téméraires, Eugene posa prudemment ses mains sur les cuisses chaudes et ouvertes à ses incursions, poursuivant un sillage qui le conduirait inexorablement vers cet horizon que lui indiquait la splendeur sylvestre. Le tracé de ses paumes se fit langoureux, comme s’il redouta autant la destination de ses tendresses qu’il la désirait. Le festin capiteux contre lequel il fut si proche lui paraissait en effet trop appétissant pour qu’il ne céda pas aux sirènes instinctives de la ripaille.
Ça y était cependant ; il avait enfin esquissé le pourtour de ces lèvres chaudes du bout de ses doigts. Prenant d'abord une profonde inspiration, ne se régalant ainsi que mieux du sexe odorant dont il s’accaparait les senteurs sylvestres et vicieuses, Eugene fit se joindre ses doigts sur la béance humide. L’air concerné, le soigneur hasarda l’extrémité de ses index et majeurs le long de l’ouverture visqueuse, chatouillant sans le savoir une vulve chaude et délicate. Il sembla, alors qu’il tâtait un fruit scandaleux, que du jus en perla un peu plus à son contact. Surpris, il se pensa argonaute lorsqu’il comprit que la pulpe de ce fruit coulait du dedans. Écartant alors légèrement les petites lèvres sans aucune gêne, ignorant tout de l’obscénité de son geste, il s’époustoufla de révéler la partie tendre et charnue de cet abricot insolite. Les muqueuses, timides, alors qu’elles se trouvèrent révélées, laissèrent perler, comme pour se défendre d’être mises à nue, une nouvelle coulée venue couvrir et faire mieux scintiller l’embouchure du sexe éclos.
- Je…, les mots lui manquaient, car il ne savait pas ce qu’il observait, devinant seulement la grandeur d’une telle découverte, c’est… c’est un joli rose. Très joli ; c’est bon signe.
Cela, il s’en persuada alors que son aiguillon, plus puissamment dressé que jamais, tremblait de trop retenir ses ardeurs.
Curieux, profitant qu’on ne lui interdît pas de l’être davantage, il conserva l’antre ouverte de ses index, frottant la chair rose et sensible de ses pouces. Ainsi fit-il la connaissance de cette ouverture aguichante, l’effleurant du bout des doigts, se risquant jusqu’au sommet du sillon, décelant une perle improbable. Il glissa à peine un pouce avenant à son sommet qu’il sentit le corps de sa nymphe réagir, une nouvelle dégoulinade coulant sur ses doigts.
- Déesse ! S’exclama-t-il alors. Vous perdez trop de sève !
Inquiet dans un premier temps, Eugene, dans une précipitation soudaine et malhabile, lécha sans prévenir d’un long tracé les gouttes ayant ruisselé tout du long des cuisses agiles de la vénérée Marmelade. Remontant ainsi jusqu’à la source, il apposa une bouche gourmande comme s’il eut désiré épouser les lèvres ouvertes à sa portée. Enivré par son odeur, il le fut enfin par son goût. Le goût âcre et salé des effusions qu’il s’en était allé trouver d’une langue secourable lui semblèrent plus délicieuses que s’il eut pourléché du miel. Ses mains maintenant crispées jusque sous les fesses musclées de l’impérieuse dryade, il cramponnait son visage tout contre elle afin de ne rien perdre des égouttures femelles. Le plus indécemment du monde, Eugene se régalait de la sève divine lui coulant en bouche comme une onction sylvestre. La bouche serrée contre la chair rose d’où coulait la pulpe, il cédait à la licence en aspirant le jus lubrique, multipliant par la suite les coups de langue gourmande pour lui laper la fente en longueur. L’appétit lui venait en mangeant et, le museau couvert de mouille, il en était encore réduit à la dévorer de sa soif d’elle.
À genoux à lécher l’entre-cuisse de sa déesse, il accomplissait le devoir qu’on lui commanda avec ferveur. D’abord concerné qu’elle fut si humide, il se jouait à présent du clitoris frileux en le titillant langoureusement du bout de la langue à chaque issue de ses léchouilles.
Acharné dans sa besogne, il se régalait honteusement, quoi que sans remord, du fruit qu’on lui avait servi afin qu’il loua mieux la déesse sylvestre. Affamé d’elle, il croyait qu’il s’abreuverait de son nectar salé jusqu’à ce que la source fut tarie ; ignorant par-là même qu’il fut la raison même de cette incessante sécrétion débauchée, celle-ci ruisselant dans un lent déferlement de luxure inavouée.
Sans qu’il ne fut plus maître de ses sens, sa bouche n’étant alors plus à présent que l’extension de la fente dont il se délectait, Eugene n’avait pas remarqué que, durant l’accomplissement de ses basses œuvres, celui-ci s’était obstiné, comme par un réflexe malheureux, à frotter sa raideur visqueuse contre l’un de mollets de la divinité qu’il servait si bien. À le voir ainsi, gourmand et enfiévré, on devinait que la nature en lui, par des moyens dévoyés, cherchait désespérément un exutoire au stupre qui n’en finissait plus de l’enhardir à mesure qu’il aiguisait son appétit honteux.