Saïki resta imperturbable jusqu'au bout. Elle ne voulait surtout pas que l'agent pense qu'elle cèderait si opportunément à son offre. Elle avait des faiblesses bien sûr mais détestait les exposer. L'idole appréciait le style discret mais assuré de Kanda. Il possédait de belles qualités d'élocution et de savoir-être, était un bon acteur et ne dévoilait pas ses cartes comme des atouts imparables. Il mettait en confiance sans toutefois promettre monts et merveilles. S'il l'avait fait, elle l'aurait poliment éconduit. Alors qu'elle l'observait à l'abri derrière ses verres teintés, elle ne put s'empêcher de le comparer à Toshiro: la fougue de la jeunesse contre la sagesse et l'expérience des années, le style néo-occidental avec une coupe de cheveux en pétard contre l'élégance fine de celui qui apprécie la précision de l'art, et enfin c'était vrai maintenant qu'elle avait un très gros grief contre son ancien agent, une grande gueule prétentieuse contre une politesse dédiée toute à sa personne. Elle sursauta à cette pensée qui ne la représentait pas vraiment. Cet accès de colère qui l'avait contrainte à formuler cette idée n'était pas dans ses habitudes mais curieusement, l'image de Kanda prit une ampleur toute nouvelle pour venir se superposer puis dominer celle de Toshiro. Si vite? Non ... rien n'était fait. Elle s'offrit une diversion en trempant finalement ses lèvres dans le verre offert. Elle avait hocher la tête à chaque réponse de l'homme, confirmant ce que les deux savaient et attendaient. il n'était pas nécessaire d'en ajouter lus puisque tout était dit. Cette limpidité dans leur échange amenait à une proximité naturelle puisqu'ils parlaient à nu.
Inconsciemment, le choix de l'idole de s'en remettre à cet inconnu était fait. Même si elle n'allait pas se jeter à ses pieds en remerciant les dieux, elle fut soulagée par la surprise de cet entretien et voulut lui exprimer sa reconnaissance . Il lui coupa l'herbe sous les pieds et après une dernière recommandation, il prit les devants et s'éclipsa aussi vite qu'il était apparut.
"Mais ..."Elle tendit la main vers lui, inutilement alors qu'il lui tournait le dos. Elle n'avait même pas pu s'excuser pour son attitude odieuse, bien qu'il eut parfaitement compris la manœuvre.
Wakyu Kanda, agent artistique ...
Saïki resta encore un petit moment à s'imprégner de la vie du pub tout en réfléchissant. Elle était rassurée après l'abandon brutal de Toshiro. Il avait fait son choix et elle devait faire sans lui maintenant. Elle avait perdu un soutien important mais avait peut être gagné un appui bien plus solide au change. Elle arrangea sa casquette, laissa un pourboire honnête et quitta l'établissement avec un petit geste gentil à l'attention du serveur comblé qui se plia en deux. Son garde du corps l'attendait à la voiture et elle lui demanda de la ramener chez elle.
Une fois dans son appartement, elle se posa dans un large sofa en cuir blanc après s'être servie un énorme bol de thé vert. Elle habitait dans l'une de ses tours qui font la fierté du maire de la ville. Des constructions modernes dessinées par des architectes de renom et occupées par des personnes qui ont beaucoup d'argent à dépenser. Le domaine de Saïki était vaste et aéré. L'agence immobilière, trop heureuse d'avoir pour cliente un nom aussi réputé, s'était donné les moyens de satisfaire l'idole: cinq chambres dont deux suite, un salon réception immense, une salle à manger de ministre une terrasse à la superficie hallucinante arrangée à l'image d'un jardin japonais avec un prime un jacuzzi high-tech, deux salles de bain, une salle d'eau, une cuisine à rendre jaloux un chef français, et tout un tas d'ajouts nécessaires au confort de l'occupante. Bien qu'attachée aux traditions, Saïki aimait la modernité et avait équipée l'appartement de tout ce qui faisait technologiquement de mieux aujourd'hui. Connectés, les lieux répondaient aux moindres désirs de leur maitresse et elle avait choisi des tons blancs, gris et bleus clairs pour la décoration.
Sans perdre de temps, elle saisit son macbook, ouvrit son navigateur et tapa le nom de Wakyu Kanda. Le moteur de recherche l'orienta sur divers sites allant des news people à des sujets beaucoup plus sérieux.
"Je remercie Wakyu-sensei .... Je n'aurais rien pu faire sans lui ... Je lui dois beaucoup ..."Les commentaires étaient éloquents et provenaient de personnes qui n'avaient plus rien à prouver à la société. Un site attira en particulier l'attention de Saïki mais elle ne put l'ouvrir. Il s'agissait peut être de la page personnelle de l'agent, sobre sans vraiment l'être, ni sans proposer de lien d'enregistrement ou autre. La curiosité de l'idole fut piquée au vif et toutes ses tentatives d'exploration se soldèrent par un échec. Bah ... elle lui demanderait quand elle le verrait ...
Les jours suivants passèrent vite. L'agenda établit par Toshiro étant toujours valide, elle se présenta à chaque rendez-vous, sourire aux lèvres, éludant les questions quand à l'absence de l'agent auprès des photographes, designers et autres producteurs. Elle avait eu à gérer immédiatement l'officialisation du départ de Toshiro qui s'affichait avec sa nouvelle star. Les médias les avaient couvert d'éloges, et s'étaient aussi délectés à imaginer la chute prochaine de Saïki. Ses haters s'étaient montrés ultra virulents et elle avait décidé de suivre les conseils de Kanda. Elle laissa filer, se réfugiant dans les commentaires des millions de fans qui la supportait toujours. Elle avait répondu à de nombreux appels de professionnels qui s'inquiétaient pour des projets communs et les avait assuré de son bon état esprit et qu'elle allait rebondir sans problèmes. Le scandale Red Passion battait son plein et tout un chacun s'inquiétait de ses petites finances ...
Seulement, elle n'eut plus de nouvelles de Kanda et commença à douter naturellement de l'avenir de leur relation. Au soir du quatrième jour, elle passa plusieurs heures à consulter les sites spécialisés à la recherche d'agents disponibles mais aucun ne lui parut sérieux. Elle se débrouillait seule pour assurer la suite, se couchait tard après avoir conclu des accords, répondu à des tonnes de mails, mis à jour ses comptes sociaux. L'expérience était formatrice mais elle ne pouvait pas s'occuper de cette masse de travail seule. Le cinquième jour, elle stressa au matin et décida de sortir courir. Tama, son garde du corps, l'accompagnait et il reconnut en riant, au retour, qu'elle l'avait épuisé. Elle le libéra pour la journée et il attendit qu'elle passe l'entrée sécurisée de sa tour pour s'en aller. Le hall était vaste et luxueux, elle salua les deux agents de sécurité et se dirigea vers les ascenseurs pour monter jusqu'au dernier étage, le sien, qu'elle partageait avec un millionnaire qui était souvent absent.
Elle venait à peine d'entrer chez elle que l'on sonna à sa porte. Oh? le voisin surement ... Sinon la sécurité l'aurait appelé pour la prévenir d'une visite. Le protocole d'accès à la tour était strict, des personnes riches et connues y habitant. Saïki ouvrit, se dévoilant trempée dans son legging court et en brassière de sport, s'épongeant le visage avec une petite serviette. Sa queue de cheval battait son dos et elle écarquilla les yeux devant l'attroupement qui occupait son palier. Au milieu d'une demi-douzaine de japonais inclinés comme ils le ferait devant l'empereur se tenait Wakyu Kanda, souriant, tel qu'il s'était présenté la première fois.
"Nakamura-shi ! Désolé d'interrompre votre routine matinale, mais j'ai de très bonnes nouvelles pour vous !"
"Ah euh ... bonjour Wakyu-shi. Je ... Oui merci, entrez."Elle n'allait bien évidemment pas leur claquer sa porte au nez. Elle se sentit bête, toute mouillée et surprise dans son naturel. Elle les amena à la salle à manger où la table était suffisamment grande pour bien plus de convives. Ils s'installèrent en silence, Kanda ordonnançant la mise en place efficacement. Ces hommes s'affairaient, affables, aucuns gestes n'étaient superflus. Ils posaient sur elle des regards soutenus sans être désagréables. En revanche, chaque injonction de l'agent principal les plongeaient dans une frénésie professionnelle surprenante. Bon point supplémentaire pour Kanda, il savait diriger une équipe sans avoir à recruter un manager.
En l'absence de madame Iba, sa vieille intendante, cuisinière, femme de ménage et ... confidente, Saïki proposa de l'eau et des jus avant de s'asseoir à table, en face de l'agent. Elle ne lui dit pas à quel point elle était soulagée de le voir mais maintenant qu'elle ne portait pas de lunettes, il pouvait constater en lisant dans les yeux de la jeune femme qu'un gros poids venait de s'évaporer.
"Avant de vous écouter, je tiens à vous remercier Wakyu-shi pour vous être soucié de moi. Je suis ... heureuse ... de vous voir."Elle jeta un regard interrogateur vers les hommes présents.
"Je suis toute à vous maintenant, que m'amenez-vous?"Oui, c'est ça la passion du Rp ... la fièvre de la réponse
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