Terreaufair / Re : La Dette PV: NAAR
« le: jeudi 15 juin 2017, 02:54:45 »Il se releva et invita la noble du désert à prendre sa place. Faisant craquer les jointures de ses doigts d’un mouvement fluide, il déclara avec son timbre de voix si profond et envoutant :
« Une explication des plus précises éclairera ton esprit mortel. Sois très attentive, bien que je suppose que tu peux te révéler être une brillante élève à en juger par le large panel de sortilèges que tu maîtrise. »
De ses doigts, une lumière pourpre naquit, coulant sur ses mains tel un liquide sulfureux et s’évaporant en l’air pour former de fines fumerolles colorées qui se tortillaient, s’entremêlaient et se tordaient savamment en arabesques complexes. Petit à petit cet enchevêtrement de magie s’éclaircit, prenant des formes nettes et précises. On put voir une sorte d’univers miniature, une multitude de constellations mais surtout sept larges cercles qui tournaient autour d’un point unique, une flamme d’un blanc immaculé aussi ronde qu’un ballon.
« Le Purgatoire est un vaste, très vaste domaine conçu pour abriter les âmes des pécheurs qui espèrent pouvoir se repentir de leurs péchés à travers de lourds châtiments. Sa taille immense s’explique par le fait qu’elle avait aussi pour utilité de contenir les âmes des monstres morts. Dragons, trolls, manticores, wendigos … autant d’abominations de la nature qui finissent dans les forêts brumeuses de ce monde. »
Son indexe griffu pointa ce qui semblait être la vaste multitude d’arbres et de ronces inondées par les miasmes. Puis il indiqua les larges cercles centraux sur sa carte fuligineuse.
« Voici les sept cercles du Purgatoire. Sept domaines à part régis par leurs propres lois et surveillés par l’un des sept péchés capitaux. »
Chaque fois qu’il parlait d’un des cercles, ce dernier grandissait, tel un zoom pour dévoiler un peu plus sa complexe géographie qui n’avait rien à voir avec Terra.
« Imagine cet univers comme une montagne gigantesque composée de chaque cercle et dont le bout mène à ce qu’on appelle communément chez nous le Paradis Terrestre. »
Il claqua des doigts et voilà que les cercles de fumée commencèrent à pivoter lentement devant l’héritière des Langnar.
« L’ascension à travers les cercles commence du plus lourd péché jusqu’au plus léger : L’Orgueil ,L’Envie, La Colère, La Paresse, L’Avarice, La Gourmandise et enfin la Luxure. Chaque domaine est gardé par un ange-gardien qui indiquera aux expiateurs le péché pour lequel ils sont accusés et la vertu opposée. Outre cela, chaque rédemption est différente selon le cercle. Par exemple dans mon domaine, le premier cercle, les pécheurs doivent porter de lourds fardeaux continuellement et sans répit afin d’apprendre l’humilité. »
Nãar cracha presque ce dernier mot tant sa nature même de vaniteux était dégoutée par cette supposée vertu qu’il considérait plus comme une faiblesse, une marque de lâcheté et d’infériorité.
« Tu l’auras deviné, mon doux royaume n’est autre que le Cercle de l’Orgueil. Et c’est là où nous allons. Hm … le destin est fort capricieux, tu ne trouves pas ? Te voilà prête à pénétrer le monde des orgueilleux, toi la fière Eris Langnar, perle du désert, sorcière aux pouvoirs incommensurables ravissant les cœurs des plus grands seigneurs. Tu es faîte pour mon royaume, Eris … bien que ma sœur qui gère le Cercle de la Luxure penserait le contraire, mais ce n’est que des détails. Je me doute que tu rêves de te transformer en un amas de chaire libidineuse, je me trompe ? »
Derrière lui le schéma de fumée s’estompa lentement dans les airs. Croisant les bras devant la jeune femme à la peau mate, il sourit doucement.
« J’aime voir une femme garder son sang-froid, spécialement dans un monde où même les dieux les plus puissants ne peuvent pénétrer. Vois-tu, c’est un peu comme une bulle de négation qui n’accepte que ses résidents originels. Un endroit pas très charmant, mais tu te plairas sans doute dans mes vastes terres … si tu profites du spectacle. »
Il s’accroupit légèrement, son visage faisant face au sien. L’archidémon était un être d’une beauté mystique et inquiétante à la fois, une sorte de bestiale virilité qui était accentuée par son parfum naturel de musc. Quelque chose d’absolument primitif flottait autour de lui et brûlait les sens tout en embrasant les esprits. Une couronne de fierté et d’arrogance lui donnait une prestance unique dans ses plus simples gestes. Un simple clignement de ses yeux semblait affoler les âmes, preuve qu’il était un être très intriguant dont les compétences et capacités échappaient au commun des mortels. Pas étonnant que Dieu l’ait classé comme un Péché Capital, une monstruosité perfide et sournoise qu’il fallait absolument éviter.
Et Eris, dans son désespoir, avait vendue son âme à l’homme cornu.
« Saches que je ne t’ai pas sauvé par pur hasard. Je suis comme un … papillon de nuit attiré par les lumières les plus vives. Et ces lumières sont les vices des mortels. J’ai eu, au cours de ma longue existence, l’occasion de rencontrer des êtres dont l’orgueil était absolument surdimensionné, des mégalomanes qui me pétrissaient de fierté car je savais que c’était ma marque qu’ils portaient et qu’ils perpétuaient ainsi mon travail et m’honoraient inconsciemment. Des empereurs aux vastes empires, des seigneurs arrogants, des despotes richissimes … tous sont mes enfants que je chéris et j’adore, des âmes qui méritent leurs places dans mon monde pour l’éternité. »
Sa voix était terriblement envoûtante, plus hypnotisant que le regard d’un maître vampire ou d’un cobra ancestral, plus sublime que le chant d’une sirène et plus puissant que le rugissement d’un lion solitaire. Il n’usait d’aucune magie ou sorcellerie pour duper ou envouter Eris, tout n’était que sa propre aura qui faisait de l’effet sur la dame du Sultanat des Sables Blancs, un effet étrange et inexpliqué comme si un aimant l’attirait. En réalité, la plus proche explication était que la femme qui avait péché d’orgueil, était donc sensible à la présence de l’Origine même de son vice.
« Et dernièrement, mon regard se porte vers une magnifique perle, une belle jeune femme glorieuse et maîtresse d’un riche domaine, héritière d’une famille de puissants mages et ayant fait la rencontre avec des êtres multiples. Tu es la dernière lumière que j’ai découvert, une lumière qui hélas semblait faiblir à cause de la colère venimeuse d’un piètre humain. Je ne pouvais laisser un de mes enfants et surtout une si belle créature, périr misérablement. Non pas avant de l’avoir rencontré et fait un peu plus connaissance avec elle. »