La nouvelle était terrible, la découverte, immonde, et le résultat, passablement honteux pour la femme, qui regardait du coin de l’œil son alliée, qui la contemplait avec le regard de celle qui comprend qu'elle vient de trahir, sans jamais en avoir doutée, une des personnes auxquels elle tenait le plus, et ce que ce soit de manière volontaire, ou comme dans le cas actuel, à cause d'un manque flagrant et évident de compréhension des éléments qui lui avaient été offert. Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Elle l'avait menée droit à l'être qui voulait absolument lui drainer le tout de son énergie, la rendre aussi misérable qu'une simple souris de laboratoire, un outil magique humain dont la plus simple et unique fonction sera de vivre, encore et encore et encore pour permettre à ce que l'exact contraire de ce qu'elle aimait puisse conserver vigueur et activité, au détriment de sa propre conscience et de son but premier. Ce qu'elle venait de faire, ce qu'elle ne comprenait que maintenant, et qui soulevait son cœur sous le coup d'un dégoût persistant envers sa propre personne, c'est qu'elle n'avait pas put être plus efficace pour les plans de la liche qu'en la servant directement, qu'elle avait été manipulée de bout en bout, et que si les choses continuaient ainsi, il ne tarderait pas à leur faire comprendre que désormais elles n'étaient que des jouets dont l'état moral et physique ne serait plus lié qu'à son propre désir. Ce constat était déjà tellement violent moralement que l'archimage n'osait même plus se permettre de regarder son alliée, et son regard déjà fuyant vint à partir vers le sol bleuté alors qu'une certaine haine profonde d'elle-même s'installait lentement en son sein. Elle était l'erreur, celle qui avait transformer le tout de cette situation en désastre.
«
Vous… Vous... »
Son amie quand à elle bouillait sur place, mais pour le coup la femme s'était déjà abandonnée au fatum, à sa destinée funeste, au fait que finalement elle n'avait été que l'appât d'un être qu'elle ne pouvait plus vaincre, parce qu'elle s'était jetée droit dans son piège, et qu'il l'avait tellement bien mis en place qu'il ne leur restait plus la moindre échappatoire désormais, quelque fusse les idées qu'elle tenta vainement de trouver pour les en sortir. Pourtant elle n'avait jamais été défaitiste, elle avait toujours agis avec un comportement qui laissait entendre qu'elle était une personne prête à tout pour se défendre des pires magies, et des arts obscures, encore interdit à cette époque, mais pour autant, dans la situation actuelle, l'envie de se défendre avait quittée son cœur, avait quittée son âme, et elle ne comprenait même pas pourquoi sa chère Maud de Rehen était encore dans l'optique de vouloir résister, alors même qu'elles avaient parfaitement prouvées qu'elles s'étaient faites battre sur toute la ligne par l'homme du Necro-bastion. Non elle n'avait plus la force de se battre, son moral était si bas qu'elle n'avait même plus la force de chercher un moyen de résister aux accusations sous-entendues de l'ancien Archevêque des lieux, et elle avait pleinement accepter en con sœur le fait qu'elle ne méritait désormais que cette ignoble disgrâce qui la débectait d'elle-même, mais surtout, que rien ne saurait l'absoudre de ce péché de trahison désormais autre qu'une punition à l'aune de ce qu'elle avait produit. Contrairement à son alliée, elle était vaincue, et se préparait même à répondre à la colère de Maud, comme si elle se devait de lui communiquer ce défaitisme, mais encore une fois, la jeune femme eut le don de la sauver... pour quelques instants :
«
VOUS AVEZ DÉSHONORE LA NOBLESSE ! L’HUMANITÉ ! TOUT ! VOUS NE MÉRITEZ PAS DE VIVRE !!! Vous êtes pire que tout ce que j’ai rencontré par le passé ! »
Ces justifications étaient-elles suffisantes ? Non, sûrement pas non, et encore moins face à l'être qui asseyait tranquillement sa suprématie sur les deux femmes, mais pour autant cette vigueur dans la voix, cette justice triomphante, cette supériorité morale où le tout de ce monde ne saurait égaler le cœur valeureux de celle qui s'exprime avec toute la force de sa foi ultime, aux faveurs divines, et à la lame invincible et certainement bénie, tout ces éléments eurent un résultat bienheureux. Ils tirèrent la mage de sa léthargie dépressive, presque soudainement active et dévouée à la cause qui muait la jeune demoiselle au tempérament de fer, à la croyance plus dur que l'acier, et ce ne fut pas sans une nouvelle expression honteuse, celle d'avoir abandonnée là où son amie ne sut y trouver le moindre désespoir, mais plutôt une puissance venue du plus profonds de ses tripes, et prête à déferler sur les flancs impies de la créatures qui leur faisait face, que Valérie Sainte-Etoile reprit une poigne ferme sur son bâton, prête à soutenir la paladine dans un dernier mouvement de résistance. Encore une fois, Maud avait fait tout le travail, par sa présence et son verbe, menant enfin son amie sur le bon chemin, celui d'une personne qui ne saurait accepter de voir son intelligence et son nom bafoué sous le sceau de l'infamie. Tout ce qu'il leur restait à faire, désormais, était de terrasser l'un des êtres les plus puissants de la création ésotérique, et elles ne pouvaient décemment baisser les bras, plus après avoir manqué de décimer l'intégralité de l'armée de cet être, plus après avoir atteint le cœur des lieux, et en avoir apprit les terribles secrets. C'est le cœur porté par une vague chaleureuse et courageuse que Valérie se prépara, et qu'elle observa son alliée se projeter en avant, tout en exprimant les derniers termes de son terrible jugement, et de sa non moins terrible sentence :
«
Vous ne ferez rien de vos noirs plans ! Je vous éliminerai avant !!! MOURREZ ! -
Hin hin, ridicule ! »
Le coup soudain, implacable, monstrueux de l'être fut presque aussi surprenant que ses révélations, non seulement pour Maud, qui semblait vraiment croire avoir à faire avec l'un de ces mages qui n'avaient que de forces dans leurs pouvoirs, et non dans leurs corps, mais aussi pour la femme aux courts cheveux bleutés, qui n'eut qu'un court instant de lucidité pour comprendre l'action, avant d'en subir les cruels effets, et de se voir projeter au sol en compagnie de sa belle camarade. L'être avait d'abord arrêté la lance de la femme d'une poigne maléfique, comme si la force d'une dizaine de soldat était concentré dans la moindre de ses phalanges, puis d'un mouvement d'un rapidité sans pareil, elle fut entraînée dans son mouvement par le bras de l'homme, qui usa de la hampe de l'arme pour frapper dans l'estomac de la paladine entièrement dévêtue, la projetant immédiatement sur sa comparse qui s'était dés lors prise un boulet de canon humain qui lui coupa immédiatement la respiration, l'emportant au sol avec violence, puis suffocation. Elle crachait, reprenait tant bien que mal de ce coup terrible, mais déjà son regard troublé remarqua que la belle Maud semblait les avoir quittée, non dans le terme de la mort, mais de l'inconscience, et l'écho qui suivit ce constat fut des plus alarmant, quand Valérie constata que la lance de la fière guerrière vint soudainement à se briser, ou du moins, à être réduit en morceaux de bois disparates par la poigne de la liche. Non elle ne comptait pas laisser les choses se dérouler comme ça, quitte à se vider de ses dernières réservées, et concentrant ses dernières forces magiques, elle vint les concentrer dans son bâton, commençant lentement à le pointer sur l'adversaire.
Futile tentative. L'objet fut brisé d'un mouvement de l'être, un mouvement sec dont elle ne vit même pas vraiment le déroulement, mais dont le bruit fracassant ne fut qu'une preuve de l'état de son outil magique, et de ses dernières forces qui s'évaporaient par la partie sectionnée de son arme de prédilection, laissant par là le tout s'échapper sans qu'elle n'ait eut le temps d'en faire usage, la laissant privée de ses forces contre le sol froid, et le corps chaud de celle qu'elle avait tant voulue suivre et sauvée de cette misérable situation. L'apparence massive de la liche s'approcha, les domina, les couvrit d'une ombre aussi lourde qu'inquiétante, et presque comme une dernière forme de résistance vaine, Valérie vint déplacer son bâton pour tenter d'en mettre un grand coup dans la cage thoracique de l'être, ne finissant finalement que par coincer l'objet dans les lourds oripeaux de cet homme au regard glaciale, et dont la vivacité des flammes dans ses orbites laissait entendre que dans cette situation, il devait ressentir le plus fort des contentements, la plus profondes des joies, en grand vainqueur. Tout ce que put dés lors pressentir la femme, ce fut la concentration anormale de magie dans les mains de son ennemi, et prévoyant un sort, elle voulut dans un élan de panique en défendre le corps de Maud et le sien, avant de se rendre bien compte qu'étant pleinement vide de toute ressource, elle ne parviendrait à les protéger en temps voulu. En fait, même le temps ne pouvait rien y changer, et avant de pouvoir dire quoi que ce soit, faire quoi que ce soit, ce fut une main à la température inexistante, mais à la poigne terrible, qui enserra son crâne, alors que la liche s'exprima une dernière fois.
«
Vous n'êtes pas encore prête. Mais ne vous en faites pas, les préparations vont commencer. D'ici là, dormez ! »
Le sort d'hypnose fut d'un effet instantané, et lentement son esprit se perdit dans les méandres de la fatigue et de l'inconscience, la menant droit vers un sommeil magique, un sommeil de plomb, tandis que la dernière sensation qui l'accompagna dans son repos, fut cette chaleur ardente au niveau du front, alors qu'une puissante rune de servitude venait d'y être apposée.
. . . . .
Elle n'était pas plus habillée qu'auparavant quand elle vint à reprendre connaissance, ni n'avait réellement plus de force, son corps tout entier et la douleur qu'elle y ressentait lui rappelant le cuisant échec qu'elle venait de subir des mains de la liches, mais surtout, qu'elle n'avait put dûment se reposer à cause du sommeil mystique par lequel on l'avait obligée à passer. Elle se trouvait au sol, bien loin du carrelage saint de la cathédrale, sur une sorte de tapis étrange, aux motifs particulièrement peu rassurant, et alors qu'elle voulut se redresser, elle remarqua qu'elle ne pouvait pas lever son cou de plus d'une dizaine de centimètre du sol, un lourd collier lui ayant été mis, accompagné d'une chaîne bien courte accrochée à un anneau fixé au sol, au travers du rectangle de tissu à l'air peu avenant. Pire encore, elle remarqua que ses bras était attaché plus loin encore devant son corps, l'empêchant complètement de prendre appuie dessus, si bien qu'elle n'avait même pas vraiment la possibilité d'espérer se libérer de ces éléments, mais quelque chose se fit bien plus important à ses yeux que sa captivité, si bien qu'elle se mit à chercher du regard autour d'elle, avec hâte, s'habituant à la luminosité des lieux. Elle était là. Maud de Rehen se trouvait attachée au mur, les bras au dessus de la tête, portant une marque de soumission intégrale sur le front, comme celle qu'elle possédait elle-même, mais plus inquiétant encore étaient les inscriptions runiques qui se trouvaient sur son ventre, autour de ses seins, et au niveau de son pubis. Bon dieu, qu'est-ce que ces monstres préparaient ? Tout en cherchant à comprendre les écrits occultes, elle tenta d'appeler Maud, à vois basse, voulant la tirer de son inconscience, de la ramener à elle.
«
Maud... Maud... Maud réponds moi je t'en prie. »
Au loin, des bruits de pas se faisaient entendre.