Ville-Etat de Nexus / Re : Une audience saisissante [PV Liafe Dog-Hunter]
« le: mardi 24 avril 2012, 14:20:24 »Lorsque les deux serviteurs de Dog-Hunter répondirent au sifflement de celle-ci, le sang de Belgrif ne fit qu’un tour. Car du sang, il en voyait sur l’individu de blanc vêtu et armé d’un katana. C’était le signe que les hostilités avaient déjà débutées. C’était également la preuve que cette demande d’audience n’était qu’un piège. Les masques tombaient et les intentions de Liafe s’affichaient à présent. Elle s’en était déjà prise aux esclaves des autres. Voilà qu’elle s’en prenait directement à un esclavagiste. Comment osait-elle ? N’était-elle pas en train de franchir la ligne rouge ? A force d’aller toujours trop loin, elle risquait de former contre elle une véritable coalition. Seulement Belgrif le savait, s’il chutait, personne ne risquait de bouger. On le détestait, il n’avait presque aucun allié. Bon dieu, pourquoi n’avait-il pas envisagé cette attaque plus tôt ? Liafe n’était pas stupide. Si elle s’en prenait à lui, c’était que le contexte le lui permettait. Il s’était méfié mais pas assez. Il aurait au moins dû s’entourer de garde du corps. Il se mordit la lèvre inférieur alors qu’une rage sourde s’emparait de lui.
Liafe Dog-Hunter déclarait le manoir et son personnel sienne. Elle déclarait le maitre des lieux son prisonnier, sa marchandise. Un mot raisonna dans l’esprit de Belgrif : jamais ! Jamais il ne retomberait au bas de l’échelle alors qu’il avait su grimper tant de barreaux ! Jamais il ne deviendrait l’une de ses bêtes qu’il avait lui-même vendus ! Jamais il ne courberait l’échine devant qui que ce soi ! Jamais il ne redeviendrait ce qu’il avait tant honte d’être : un Terranide ! Il était riche ! Il était le seigneur de ces murs ! Dans la rue, on s’écartait sur son chemin ! On craignait son courroux ! Et elle, celle qui voulait le tromper, allait le payer ! Tel était l’état d’esprit du chat noir.
Mais une sensation curieuse s’emparait de lui, une chaleur qui noyait son corps. Mais que ce passait-il ? Il ignorait ce dont Liafe était capable mais il eut la conviction qu’elle était responsable. Si ce n’était pas elle, qui d’autre ? L’un de ses serviteurs, peut-être ? Cela revenait au même. Des envies dont il avait peu l’habitude s’insinuaient dans son esprit. Complexé comme il était sur son physique, il éprouvait presque une aversion pour le sexe. Mais il demeurait un mâle et aussi buté qu’il puisse être, il ne pouvait rejeter les pulsions de son corps. Son rythme cardiaque augmenta, sa respiration s’emballa et une indéniable raideur naquit au niveau de son entre-jambes. Le voilà irrésistiblement attiré par celle que désormais il avait de bonnes raisons de haïr. Ses sensations lui échappaient. Sa volonté vacillait. Un vertige le prit. Il baissa la tête, il ferma les yeux. Puis il s’affala pour de bon sur son bureau. Un geste maladroit envoya des morceaux du verre brisé parterre.
« Vous semblez aller mal, une période de chaleur ? » osa dire cette diablesse. Elle riait. Elle se moquait de lui. Dans son esprit troublé, le mot raisonnait toujours : jamais. Belgrif n’était peut-être pas un puissant magicien ou un redoutable guerrier. Il n’avait ni pouvoir, ni faculté physique hors du commun. Mais il demeurait une sacré tête de mule. Sa volonté avait certes vacillé mais elle ne s’effondra pas pour autant. De furieuses envies de meurtres lui imposèrent des images sanglantes. Et son intelligence, cette lucidité qui peinait à résister, lui soufflait qu’il devait agir vite. Alors il n’écouta plus que sa haine.
-J’ai chaud, oui, murmura-t-il.
L’une de ses mains chercha à l’aveuglette un tiroir. L’ayant trouvé, il l’ouvrit et s’empara du révolvers qui y était rangé. Il s’agissait d’une vieille arme à un seul coup, une très belle pièce qui valait cher. Elle était chargé, il le savait. Il se redressa et rouvrit les yeux.
-Ça me donne envie de vous refroidir ! gronda-t-il.
La seconde d’après, il tirait. La détonation envahit la petite pièce comme un coup de tonnerre. Elle fut suivit par un nuage de fumée. Belgrif avait fait feu, oui, mais où ? Dans son état, viser était impossible. Peut-être que la balle avait loupée sa cible d’un bon mètre. Mais comme on dit, c’est l’intention qui compte. Déséquilibré par son propre geste, le chat dégringola de son siège, emportant avec lui le dossier qui se trouvait sur son bureau. Le dossier s’ouvrit et des feuilles volèrent en tout sens. Le Terranide, lui, s’étala au sol. Serrant les dents pour maintenir cette concentration désespérée, il lâcha l’arme à feu inutile désormais et porta la main à la garde de sa rapière. Il voulait se battre, il voulait luter mais il était évident que dans son état, il en était incapable. Il n’arrivait même plus à se relever. Il cherchait à le faire en s’appuyant contre le bureau. Alors comment pouvait-il se défendre ? Toute son attention était captée par le désire de ne pas céder à ses pulsions. Combien de temps y arriverait-il ?