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« le: mardi 05 juillet 2011, 23:29:11 »
Dans son village, il savait agir avec finesse. Mais ici, ce n’était pas les terres sauvages. Non, ici, c’était la Ville-Etat de Nexus. Difficile de ne pas se sentir perdu en un lieu si peu familier. Et pour ne pas arranger les choses, la cité était secouée par un violent conflit. L’ambiance qui y régnait était bien loin de ce qu’Archeveld avait narré. Des lutes, des rixes, des gans qui haranguait la foule des passants pour les rallier à leur cause… tout ceci avait un arrière goût de chaos. Tout ceci était si nouveau pour Belgrif. Tout l’intéressait. Il voulait tout voir, tout entendre. Mais c’était sans doute trop à la fois. Il en avait presque la tête qui tournait. Et puis, satisfaire une curiosité capricieuse n’était pas la seule priorité du Terranide. Il avait des questions importantes à régler. Qu’allait-il manger ? Où allait-il dormir ? Il était partit si vite de chez lui… Les provisions qu’il avait emportées étaient épuisées. A part ce qu’il avait sur le dos, il ne possédait guère plus qu’une modique somme d’argent. Bon, d’accord, cet argent n’était pas vraiment à lui mais c’était si facile de se servir dans les poches des inconnus qu’on croisait. Et ici, il y avait beaucoup d’inconnus, beaucoup de poches à fouiller. Alors que l’homme-chat faisant tant bien que mal du tourisme, sa main avait tendance à se balader furtivement pour attraper discrètement ce qui passait à sa portée. Ce n’était peut-être pas très honnête de sa part mais depuis quand était-il honnête de toute façon ? Gamin déjà il subtilisait le dessert de ses frères et sœurs.
La nuit tombait, conférant à la ville un aspect plus inquiétant encore. Les personnes devenaient des silhouettes, des ombres parmi les ombres. Belgrif était toujours dans la rue. Désorienté, il marchait au gré de ses envies. Une explosion, plutôt proche, attira son attention. L’incendie avait piégé des malheureux dans un bâtiment. On les entendait appeler à l’aide. Toujours par curiosité, le Terranide observait. Evidement, l’idée de jouer les héros ne lui vint pas à l’esprit. Il n’était pas un héros. Non, il était un voleur volé. Comment ça volé ? Belgrif sursauta. Mais oui, il n’était pas le seul à fouiller dans les poches des autres. Quelqu’un s’était chargé des siennes et y avait prit tout l’argent amassé. Voilà quel était le prix pour quelques instants d’inattention. Furieux, le félin observa les environs de son regard vert. Il aperçut un homme s’éloigner en toute hâte. Déjà celui-ci disparaissait au coin d’une rue. C’était certainement lui. Sans hésiter, Belgrif se mit à courir derrière le coupable présumé. Son pas était rapide, silencieux, mais la distance à couvrir était importante. Quand il arriva à son tour au croisement, il chercha à revoir l’individu mais en vain. Zut, il l’avait perdu de vue. Pas le temps de tergiverser, il s’élança dans la nouvelle rue et, à chaque intersection, il vérifiait si son voleur n’y était pas. Ce ne fut pas d’avantage fructueux. En dernier recours, l’adolescent interpella une personne patibulaire qui passait par-là afin de se renseigner. Le type, plutôt de bonne volonté, lui révéla qu’effectivement, il avait croisé quelqu’un de pressé. Il indiqua la direction. Fausse piste ou pas, c’était la seule dont disposait Belgrif. Le voilà dans une nouvelle rue. Le quartier dans lequel il s’engageait avait l’air sinistre. Pas le temps de s’en inquiéter. Le Terranide chercha aussi vite que le lui permettait ses jambes. Une ruelle se présenta à lui mais elle débouchait sur un cul de sac. Il dut revenir en arrière. Alors qu’il découvrait une seconde ruelle, un bruit de chute arriva à ses oreilles. Il se dirigea vers ce bruit étrange et c’était ainsi que, dix secondes plus tard, il retrouva son suspect.
Il était affalé au sol, mort. A son cou était visible deux marques. Belgrif n’avait jamais croisé de vampire mais il en avait entendu parler. Alors il compris. Il vit aussi une femme, de dos, elle s’éloignait. Etait-ce elle, la vampire ? Le Terranide s’approcha du cadavre. Ce dernier tenait encore dans ses mains son butin. Le chat avait vu juste. Il récupéra son argent et se redressa. La femme ne s’était pas encore éloignée tant que ça. Il hésita un instant puis, d’une voix joyeuse, il s’adressa à elle.
-Merci pour le coup de main.
Dans l’obscurité de la ruelle, ce qu’on voyait surtout de Belgrif, c’était son costume rouge vif : un large chapeau et un manteau démesuré qui lui tombait jusqu’aux chevilles. Son visage bestiale disparaissait sous l’ombre du chapeau. On ne pouvait guère que distinguer sa paire d’yeux verts. Il se mit à attendre la réaction de celle à qui il venait de parler.