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Sujets - Black Widow

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Les alentours de la ville / Targetting The Widow [Katerina Kayser]
« le: mardi 22 mai 2018, 22:38:06 »

Madripoor était une île très particulière. Cette principauté était une île indépendante et autonome située près de Singapour, le long du détroit de Malcca. Géopolitiquement parlant, ce détroit était d’une importance vitale, car il était la principale route d’approvisionnement en pétrole vers la Chine et vers le Japon. Proche de Singapour, le détroit était donc un haut-lieu de la piraterie internationale, ce qui allait très bien avec Madripoor, île qui avait longtemps été un refuge de pirates. À l’origine, Madripoor avait été l’une de ces utopies libertaires, comme on avait pu en trouver dans les Caraïbes. L’équivalent de la République des Corsaires  en Asie du sud-est. Madripoor avait été un refuge pour flibustiers et pour criminels, avant de peu à peu se développer, s’organiser sous la forme d’une monarchie. L’île avait su gagner son indépendance, en reposant sur un système complexe et opaque de corruption, de pots-de-vin, d’attentats et d’assassinats, tout en conservant une stabilité politique qui avait permis, grâce au crime, à l’île de prospérer.

Aux yeux de la communauté internationale, plus particulièrement occidentale, Madripoor était un  rogue State, un État-voyou qui avait pendant longtemps abrité des terroristes et des criminels internationalement recherchés. L’absence de traités d’extradition avec le reste des autres États du globe avait souvent permis aux criminels de se réfugier. L’île était maintenant sous la coupe réglée d’une terroriste internationale qui servait HYDRA, la redoutable et sensuelle Ophélia Sarkissian, plus connue sous le sobriquet de Madame Hydra. Dangereuse, cruelle, perverse, elle avait même été jusqu’à épouser Wolverine pour asseoir son autorité sur Madripoor, lui qui, pendant la Seconde Guerre Mondiale, avait été l’un des gardiens de Madripoor, la protégeant de l’influence de la Main et des forces de l’Axe. Depuis que Madripoor était sous son commandement, l’île était dans le viseur renforcé du S.H.I.E.L.D.

Depuis une grue industrielle du port, Natalia observait les jonques qui approchaient dans la baie de Madripoor.

*Lesquelles sont à HYDRA ?*

Le S.H.I.E.L.D. enquêtait sur une piste sérieuse. Une piste impliquant un allié de Madame Hydra qui refourguait à Madripoor des esclaves terranides, une espèce hybride venant de Terra. L’affaire était d’importance, car il était avéré que Madripoor était au bout d’un vaste trafic ayant, de l’autre côté de la chaîne, le puissant clan yakuza des Guramu. Madripoor était un client, et disposait d’entremetteurs, des intermédiaires comme le capitaine de cette jonque, Nibori Hoshido. Natalia avait été envoyée pour retrouver sa jonque, et obtenir des informations sur ses complices japonais. S’il était toujours difficile d’agir sur le sol de Madripoor, ce n’était toutefois pas le cas des autres pays.

Natalia était ici en parfaite illégalité, sans couverture, ce qui était pour elle une habitude. En revanche, ce qu’elle ne savait pas encore, c’est que l’informateur du S.H.I.E.L.D. était un menteur, et que tout cela était un piège destiné à attirer la Veuve Noire hors de sa toile.

Un piège, tout simplement, qui allait bientôt s’abattre sur elle...

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Les alentours de la ville / L'Œil De La Gorgone [Elektra Natchios]
« le: samedi 22 juillet 2017, 22:19:49 »
Japon, Préfecture de Shiga
Près du Lac Biwa


C’était l’un des plus vieux lacs du monde, et le plus grand lac du Japon... Le lac Biwa, une véritable mer intérieure, qui se trouvait au nord-ouest de la Préfecture de Shiga, proche de celle de Kyoto. Un endroit très touristique, que ce soit pour son lac, ou pour ses montagnes environnantes, car elles étaient le siège historique des ninjas. On montrait aux touristes le fameux village montagnard de Kôga, village qui, historiquement, avait été la dernière communauté de ninjas au Japon. Les touristes aimaient s’y rendre, et se rendaient notamment au Ninjutsu Yashiki, une demeure ayant abrité historiquement des ninjas. Pour beaucoup, les ninjas appartenaient au folklore japonais, à un passé riche qui passionnait les Occidentaux, et que ces derniers connaissaient très peu. Mais il y en avait d’autres qui savaient voir au-delà des apparences.

À la fin du 16ème siècle, au Japon, un homme, Kagenobu Yoshioka, avait initié une révolte contre les seigneurs locaux, les shogun, les estimant corrompus, et plus prompts à se défendre eux-mêmes qu’à protéger leurs serfs.  Yoshioka parvint à fonder La Main, à l’origine une ligue d’individus fuyant les abus seigneuriaux, et voulant vivre libres. Et ils avaient fui ici, dans ces régions, dans les montagnes de Shiga, près du lac Biwa.

Des siècles après, La Main existait toujours. Elle avait été fondée par Yoshioka dans un rêve qui, dans le fond, n’aurait pas déplu aux Lumières d’Europe. C’était une application du contrat social de Rousseau, en réalité. Les seigneurs avaient été choisi par le peuple pour les protéger et les diriger, mais, Yoshioka ayant constaté qu’ils n’étaient plus en mesure de les faire, avaient voulu que le pouvoir revienne au peuple. Il avait donc créé ce mouvement, La Main, en considérant que les communautés japonaises formaient des doigts, et qu’il fallait une main pour les relier ensemble. Les rares écrits et témoignages sur Yoshioka le décrivaient comme un homme cultivé, et adepte de métaphores. Un doigt seul ne pouvait rien faire, et, pour que les doigts soient efficaces, les cinq devaient travailler ensemble, avec une main qui les dirigerait efficacement, sans que jamais un seul ne se retourne contre les autres. Ainsi devait être le Japon. Ça, c’était le bon côté du fondateur de La Main... Mais, comme tous les idéalistes, il avait aussi une vision extrême des choses, et n’avait pas hésité à tuer, à massacrer, à brûler, à voler, à piller, pour parvenir à ses fins.

L’héritage de Yoshioka, c’était La Main. Une redoutable organisation criminelle, qui avait la mainmise sur le Japon. En un sens, Yoshioka avait réussi son pari. La Main était présente d’un bout à l’autre du Japon, comme une sorte de mafia des mafias, c’est-à-dire que même les Yakluzas avaient peur d’elle. En s’exilant dans les montagnes et dans les profondeurs du Japon, La Main avait découvert des démons, et avait pactisé avec eux. La théorie de Natalia, c’était que La Main avait pactisé avec des yōkai, des sortes de mélange entre des fantômes et des démons, là aussi typiques du folklore japonais, mais hélas bien réel.

*Enfin, toujours est-il que je ne peux pas laisser faire ça...*

Plusieurs grandes villes entouraient le lac Biwa. Au nord-est, on trouvait notamment Nagahama, une ville qui avait été construite autour d’un château historique datant du 16ème siècle, Nagahama-jo. Situé le long du lac, le château était entouré par un parc, et, même si, habituellement, les gens pouvaient s’y promener, ce soir, le parc était fermé aux visiteurs. Le long de la voie rapide faisant le tour du château, des voitures étaient arrêtés sur le trottoir, et des hommes en costume avec des lunettes noires dissuadaient quiconque de s’approcher. Et les rares policiers qui passaient n’allaient sûrement pas les verbaliser. Face aux Yakuzas, on s’écartait pudiquement, surtout quand on savait que le principal clan yakuza de Nagahama avait rejoint la plus puissante mafia yakuza du Japon, le Yamaguchi-Gumi.

L’évènement qui se déroulait à Nagahama-jo était suffisamment important pour que Black Widow s’en approche. Avec ses jumelles, elle se tenait sur une terrasse, au dernier étage du Nagahama Royal Hotel, qui avait l’avantage d’être très proche de Nagahama-jo, puisque situé au sud. Grâce à la couverture fournie par le S.H.I.E.L.D., elle avait pu rejoindre l’hôtel, où, en consultant le registre des clients, elel avait découvert que plusieurs sommités de l’HYDRA avaient réservé des places ici.

*La Main et l’HYDRA ensemble... Avec la surveillance des Yakuzas. Tout ça ne me dit rien de bon.*

Black Widow était venue enquêter. Après la Seconde Guerre Mondiale, beaucoup d’agents d’HYDRA s’étaient rendus au Japon pour se reconstruire sur place, se heurtant rapidement aux forces de La Main. Depuis lors, il régnait toujours entre les deux organisations une forte tension. Est-ce que cette réunion avait pour but de faire une alliance ? Le S.H.I.E.L.D. combattait La Main au Japon, et l’organisation, qui avait perdu énormément d’agents et de territoire aux États-Unis, était probablement aux abois.

Autant dire qu’une alliance entre les deux ne disait rien de bon, et Natalia était donc là pour découvrir ce qui se passait.

Après le repérage, elle retourna dans sa chambre, ouvrit sa valise, et enfila rapidement sa combinaison de combat, avant de se préparer à sortir.

*Bon... À moi de jouer !*


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Les alentours de la ville / Gods Among Us [Thor Odinson]
« le: vendredi 03 juin 2016, 00:53:53 »
« Vous savez, je n’y croyais pas, au début…
 -  Les Dieux sont parmi nous, maintenant. Il faut vous y faire. »

Ils étaient sortis de JFK pour voir qu’une voiture était là, prête, une élégante Bentley noire. L’agent spécial Phil Coulson était aux commandes, Ray-Ban nichés sur le nez, tandis que Natalia, assise sur le fauteuil passager, consultait encore le volumineux dossier qu’on lui avait transmis, et qui s’intitulait, sobrement, « THOR ». On y voyait de nombreuses enquêtes archéologiques et historiques sur le Thor de la mythologie, et sur la manière dont ce Thor mythologique se retrouvait dans le Thor moderne. Un membre éminent des Avengers,  qui avait cependant disparu depuis plusieurs années.

À cette époque, Natalia était encore la Black Widow soviétique, et, à ce titre, n’avait pas connu Thor, ou les Avengers. Coulson, en revanche, avait côtoyé ces derniers. Les Vengeurs s’étaient formés par accident, un groupe d’origine privé qui s’était constitué pour combattre Loki et ses manipulations, le frère jaloux de Thor, Dieu de la malice, ayant manipulé Hulk, contraignant plusieurs super-héros à s’allier pour ramener Hulk à la raison, et terrasser Loki.

« Mais… Thor n’était-il pas revenu lors de la Civilm War ?
 -  Pas exactement… Asgard a été détruite lors du Ragnarok, mais Mjollnïr est revenu sur Terre. L’homme qui l’a pris, à cette époque, était un clone de Thor, créé par Stark et Richards. Un clone qui a perdu le contrôle. »

Natalia hocha lentement la tête. Assimiler toutes ces informations était complexe. Thor avait toujours été partagé entre sa vie sur Terre et ses responsabilités à Asgard. Des déchirements qui provoquaient la colère de son père, Odin, créateur de Mjollnïr, Dieu suprême, dur, autoritaire, mais juste. Asgard avait fini par être détruite lors du Ragnarök, et, depuis lors, Thor avait tout simplement disparu, comme les autres Asgardiens.

Ainsi, quand le SHIELD avait appris qu’un nouveau Thor venait d’émerger à New York, il n’avait pas fallu longtemps pour que Coulson décide de s’y rendre, et avait choisi d’emmener avec lui Natalia. Certes, Coulson était maintenant affilié à la section  japonaise du SHIELD, mais le fait est qu’il avait toujours été proche des Avengers… Et puis, au-delà de ça, il aimait bien Thor. Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait discuter avec une légende.

« D’après ce qu’on sait, Donald Blake, l’avatar terrien de Thor, tient un bar dans le Queens…
 -  Il n’est pas censé être docteur ?
 -  Il faut croire que les temps changent. »

Natalia acquiesça lentement de la tête.

La voiture venait de rejoindre le Queens, ce qui n’était pas très difficile, puisque JFK se trouvait au sud de ce district. La voiture roula plus lentement, jusqu’à trouver le fameux bar, et Coulson, par la suite, entreprit de rapidement se garer.

« Okay… Allons-y. »

Le duo sortit de la voiture, et Coulson ouvrit le premier la porte du bar. En plein milieu de la matinée, il n’y avait pas foule. C’était un bar à l’américaine, avec plusieurs flippers dans un coin, un juke-box, et une télévision qui racontait les dernières actualités sportives dans un angle. Les deux agents jaugèrent rapidement la foule, se composant de quelques clients, puis s’approchèrent du comptoir, et s’adressèrent au barman.

« Agents spéciaux Coulson et Romanov, du SHIELD, fit Coulson en brandissant sa carte. Nous aimerions nous entretenir avec Monsieur Blake, je vous prie. »

4
Les alentours de la ville / The Peak Is Down ! [L'Agence]
« le: lundi 11 avril 2016, 07:23:31 »

Cape Canaveral Air Force Station
Floride
États-Unis


Depuis le centre spatial Kennedy, on pouvait voir le fascinant spectacle que constitue la base de Cape Canareval, autrement surnommée « allée des missiles ». C’était une série impressionnante de vastes cercles servant de rampes de lancement pour de multiples fusées. Cape Canareval était la base de lancement, située à proximité du Centre spatial Kennedy, une zone connue dans l’imaginaire collectif occidental pour avoir servi de base au Programme Apollo. Depuis lors, Cape Canareval avait un peu sombré dans les abysses, mais la base restait encore très actuelle pour une raison précise.

« Vous savez, j’ai été, une fois, dans le complexe touristique du centre... Le Kennedy Space Center Visitor. Oh, je devais avoir... Six, peut-être sept ans... Je m’en souviens encore. Toute la famille était ravie, et nous allions assister au lancement d’un satellite de Stark Industries. C’était un moment très émouvant pour moi. J’ai toujours rêvé de me retrouver de l’autre côté de Banana River... Ça, ainsi que de serrer la main de Captain America. J’ai pu accomplir mes deux rêves de gosse, ça fait de moi l’homme le plus heureux du monde, non ? »

Tout en parlant dans la voiture, l’agent spécial du SHIELD Phil Coulson se retourna vers les passagers à l’arrière de la voiture, un lourd Humvee noir, pour leur sourire. Au volant, Natalia Romanov, alias Black Widow, restait silencieuse devant les souvenirs d’enfance de l’agent du SHIELD.

Entre le centre spatial Kennedy et Cape Canaveral, il y avait une lagune, Banana River, une délimitation géographique et symbolique. Aujourd’hui, plusieurs Humvee filaient le long des routes menant à l’une des aires de lancement, où une navette attendait. Bien que Cape Canaveral soit administré par la NASA, le SHIELD l’utilisait pour rejoindre l’espace, comme en l’espèce.

Les Humvee abritaient la plupart des membres d’une agence née dans les années 1970’s, le « Bureau », ou encore « l’Agence ». L’Agence était l’une des multiples organisations créées par le gouvernement des États-Unis pour s’occuper des extraterrestres, et ce à une époque où le SHIELD, une agence de contre-espionnage, était encore en pleine gestation. À l’époque, le SHIELD était encore une simple agence de contre-espionnage conçue par Nick Fury et Howard Stark pour traquer et éliminer les criminels néonazis, notamment l’HYDRA, cette organisation terroriste qui était née des cendres du Troisième Reich. À l’époque, le SHIELD n’avait pas encore la place que l’organisation avait maintenant.

Maintenant, donc, le SHIELD était un monolithe, connu du grand public. Tout comme le centre Kennedy, le SHIELD faisait visiter son quartier général, Triskelion, et disposait d’un site Internet très complet permettant de voir ses infrastructures principales : Triskelion, ainsi que l’Académie du SHIELD. Pensée initialement pour combattre les criminels néonazis, le SHIELD avait maintenant la mission, plus large, et, dans un sens, plus conforme à sa visée primaire, d’être le « bouclier » de l’humanité contre toutes les menaces paranormales, ce qui impliquait, entre autres, les extraterrestres.

Les huiles du Pentagone avaient fini par décider qu’il serait plus efficace d’amener les deux services à coopérer ensemble, et, pour cela, le SHIELD devait faire visiter aux membres de l’Agence leur installation de pointe.

Devant la recrudescence des menaces extraterrestres, le SHIELD avait, depuis de nombreuses années, délégué ses  activités spatiales à une agence, qui était reliée au SHIELD, tout en disposant de fonds autonomes, et liée aussi à la NASA, ainsi qu’à d’autres agences spatiales internationales, comme l’ESA, l’agence spatiale européenne, ou le JAXA, l’agence spatiale japonaise. Tout ce petit monde se concentrait dans le QG du SWORD, là où le groupe se rendait...

Le Peak !

5
Les alentours de la ville / Siège [Lucy]
« le: jeudi 20 novembre 2014, 03:16:47 »



« Arame Arakawa… On y est.
-   Je te laisse taper à la porte, tu fais ça très bien. »

L’agent spécial Lloyd Dawkins tourna la tête vers Natalia, laissant planer quelques secondes d’hésitation, avant de froncer les sourcils, et de se retourner vers elle. Il la dépassait d’une bonne tête, et était plus musclé qu’elle, ce qui donnait au duo une drôle de forme.

« Qu’est-ce que c’est censé vouloir vous dire ? Miss-Iceberg ferait de l’humour, maintenant ?
 -  Je n’attends pas d’un Américain qu’il saisisse l’humour russe.
 -  Ah… Ouais, tu m’en diras tant. Pourquoi tu t’inscris pas à un concours de blagues avec Hawkes, hein ? On se fendrait la poire… »

Natalia Romanov croisa les bras contre sa poitrine en secouant la tête, faisant virevolter ses cheveux roux. Elle portait des vêtements civils, masquant sa combinaison : un jean, et une veste en cuir. Lloyd, lui, portait une chemise noire, un pantalon, et une veste bleue marine… Ainsi que son éternelle barbe mal rasée. Il approcha sa main de la porte, et tapa à cette dernière.

« De toute façon, les Allemands restent les plus nuls à l’humour.
 -  Hein ? »

Il se retourna vers elle, et, voyant qu’elle n’avait pas saisi la référence, finit par soupirer.

« Demain, je file voir l’agent qui se charge de ton programme culturel, et j’y ajouterais quelques modifications substantielles. Si tu veux vraiment connaître la culture américaine dans toute sa profondeur, Natalia… Il faut regarder ‘‘South Park’’.
 -  Oh… Je pensais que tu t’étais arrêtée aux vignettes de ‘‘Snoopy’’ dans le journal. »

Lloyd esquissa un léger sourire, tout en attendant que la femme se trouvant dans l’appartement, Arame, ouvre la porte. Pendant ce temps, Natalia se rappela tous les évènements qui avaient amené le duo devant cette porte, dans un quartier quelconque de Seikusu.

Tout avait commencé il y a quelques semaines, quand une enquête classique du SHIELD avait mené le duo sur la poursuite d’une mutante, Lucy, qui avait apparemment des pouvoirs qui la classaient dans la catégorie officieuse des « emmerdes-sur-pattes », pour reprendre l’expression polie de Lloyd. Il s’était avéré que l’expression était totalement fondée. Lucy était en réalité une diclonius, un terme désignant des individus ayant des capacités paranormales leur permettant de générer autour d’eux des vecteurs, des espèces de bras artificiels qui pouvaient être meurtriers. Lucy s’était échappée d’un centre de recherches qui se trouvait sur une petite île se trouvant au large de Kamakura, dans la préfecture de Kanagawa, se trouvant à environ 450 kilomètres de Kyoto. Un centre de recherches souterrain se trouvait sur cette île, se découpant en deux parties :

  • La partie à la surface du centre, la partie visible de l’iceberg. Elle se trouvait au milieu d’une île escarpée et dangereuse, faite de falaises inhospitalières, ce qui décourageait les touristes ;
  • La partie sous terre, le cœur de l’iceberg. Le SHIELD manquait encore d’informations sur cette partie, mais soupçonnait qu’il existait entre les deux parties un ascenseur permettant de les relier.



L’enquête du SHIELD avait permis, par ailleurs, d’établir plusieurs points. Les diclonius étaient des tueurs nés entraînés par les responsables du laboratoire pour être des soldats surpuissants. Le gouvernement japonais était très probablement derrière toute cette histoire, et les agents du SHIELD n’avaient aucune difficulté à deviner les objectifs à long terme du progrès. Les tensions entre le Japon et la Chine s’accentuaient, et tout le monde savait que, si une guerre devait éclater, le Japon n’était pas déclaré favori. Les diclonius pouvaient constituer leur arme défensive face aux troupes du Parti communiste chinois. Pour Lloyd, il était certain que ce programme était financé par l’armée japonaise, et que les véritables responsables de ce programme avaient dû faire tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter qu’on ne remonte jusqu’à eux.

Lucy avait réussi à s’échapper du centre il y a longtemps, et une autre diclonius avait été libérée, Nana, une diclonius particulièrement gentille, si gentille que Lloyd pouvait la qualifier de « demeurée ». Grâce à elles, l’organisation avait commencé à enquêter activement sur le centre de recherches, en utilisant tous les moyens technologiques mis à leur disposition. Concrètement, ils avaient utilisé un satellite-espion afin de surveiller le centre, et d’obtenir des informations sur leur personnel. Leur objectif était de préparer une attaque du complexe, afin de libérer les diclonius, et de les soigner. Un projet que le gouvernement américain désapprouverait très certainement, mais le responsable du SHIELD au Japon était prêt à prendre le risque. Trop de choses étaient en jeu, et, surtout, le SHIELD sentait que le programme était en train de foutre complètement le camp.

Infiltrer le centre était difficile, et, pour l’heure, l’agence en était encore à étudier les différents plans possibles : envoyer une équipe par l’eau pour entrer dans le complexe, ou passer par les hauteurs ? Pendant ce temps, l’équipe qui continuait à enquêter avait commencé à obtenir des noms, et celui du docteur Arakama avait fini par jaillir sur le tapis.

Une chercheuse japonaise plutôt douée. Ils avaient accédé à son CV, empiétant volontiers sur les frontières de la vie privée, comme le SHIELD aimait le faire. Ils avaient ainsi accédé au compte en banques d’Arakama, et avait appris que cette dernière avait payé une pharmacie à plusieurs reprises. À partir de là, les spécialistes en informatique avaient réussi à avoir accès aux registres numériques de la pharmacie, et avaient ainsi appris que le sympathique docteur prenait régulièrement des antidépresseurs. Leur théorie était que le docteur se sentait mal en point à cause de ce qui se passait dans son boulot, et qu’elle pouvait peut-être leur cheval de Troie. C’était risqué, mais l’organisation manquait d’informations pour se mêler à une attaque sur le centre.

La porte finit par s’ouvrir, et Lloyd brandit sa carte, mettant fin aux souvenirs de Natalia :

« Arakama-san ? Agent Lloyd Dawkins… Voici l’agent Romanov. SHIELD. Nous aimerions nous entretenir avec vous, si ça ne vous dérange pas. »

6
Les alentours de la ville / Piratage transdimensionnel [Uqora]
« le: mercredi 08 octobre 2014, 01:25:23 »
Terre
Localisation exacte inconnue


« Tenez-vous prêts ! Elle ne doit pas s’échapper !
 -  Le transfert aura lieu dans quelques minutes, maintenant... »

La pièce était séparée du reste de la cité, dans un endroit où personne ne songerait à venir leur poser de questions. Les hommes s’activaient nerveusement, autour de machines bourdonnantes et d’écrans d’ordinateurs vibrant doucement. C’était une vaste installation, avec des camions militaires verdâtres qui entraient et ressortaient pour décharger du matériel. Au centre de l’entrepôt, une sorte de curieux dispositif en forme de cercle était installé, relié par une multitude de gros câbles à des superordinateurs, qui diffusaient au centre de la pièce des informations figurant sur un immense écran. On voyait, sur de multiples écrans, des informaticiens en train de maltraiter leurs claviers en massacrant ces derniers, devant des programmes et des diagrammes, multipliant les algorithmes, brisant des barrières, et s’assurant de maintenir la connexion.

Une sorte d’excitation fébrile traversait le corps de ses hommes. Depuis son bureau vitré situé en hauteur de l’entrepôt, le Général Pietro Herzheller avait pu le sentir. Des mois et des mois d’entraînement, des mois et des mois de programmation et de simulations informatiques étaient en train de se concrétiser. Le vortex était allumé, ce qui avait provoqué plusieurs coupures de courant liées à des surtensions, exactement comme prévu. Le vortex brûlait dans l’appareil cylindrique. Des rampes tournoyaient autour, maintenant le vortex immaculé.

« La Toile est en place... Elle va y arriver. »

La femme qui l’accompagnait ne disait rien, ce à quoi l’homme était habitué. Le Capitaine Karl était près de l’Ordinateur Central, là où il y avait le grand écran, et où une petite dizaine de techniciens se tenaient devant leurs écrans. Il se retourna alors, et appuya sur un bouton rouge, qui lui permit de communiquer avec le Général.

« Le Vortex est stable, mon Général.
 -  Parfait. Il n’y a plus qu’à attendre qu’ils nous envoient le paquet. »

Il mit fin à la communication, et croisa ses mains dans le dos. Encore un peu, et tout serait prêt... De son côté, il avait fait tout ce qu’il y avait à faire.

Tout ce qu’il fallait espérer était que la Toile arriverait à faire ce qu’on attendait de lui.



Terra, Tekhos
Localisation exacte inconnue


The Web, aussi surnommée « La Toile », s’apprêtait précisément à faire ce pour quoi on l’avait formé. Dans sa combinaison, il était dans un autre laboratoire, bourdonnant de câbles, d’ordinateurs, d’écrans informatiques, de drones, de robots, et était assis sur un fauteuil, dans une combinaison verte et jaune.

« Rappelez-vous que vous ne pourrez pas la capturer...
 -  Je sais, répliqua-t-il simplement.
 -  Et ce n’est pas le plan, de toute manière... D’ici quelques minutes, vous pourrez vous synchroniser avec le programme de Réalité Virtuelle.
 -  Je sais, Docteur », poursuivit-il, un peu plus énervé de devoir se répéter.

Le scientifique hocha légèrement la tête, s’excusant poliment. Il était fébrile et nerveux, contrairement à lui, qui restait calme. John Raymond, de son vrai nom, était un Tekhan qui n’avait pas pour habitude de paniquer facilement. Il accomplissait calmement ce pour quoi on l’avait embauché... Et, ici, sa mission était claire. Il devait s’immiscer dans le réseau virtuel de Tekhos, afin d’y piéger une IA répondant au nom d’Uqora. Il savait que ce serait difficile, car le réseau virtuel tekhan était extrêmement sécurisé, mais cette attaque s’inscrivait dans un programme de piratage complexe et riche. John Raymond avait déjà fait plusieurs essais en se plongeant dans les flux de données électroniques traversant tout Tekhos, devenant alors « The Web », une entité cybernétique omnipotente. Sa tête était reliée par des électrodes et sa combinaison à de multiples ordinateurs. L’homme était un cyborg, avec de multiples implants électroniques.

« Okay, okay... Nous avons repéré la signature d’Uqora, alors... On va bientôt te lancer là-bas. »

Raymond savait ce qu’il devait faire. La poursuivre, et l’acculer, afin qu’elle sorte dans le bon portail. On lui mit ses lunettes, et, après un compte à rebours de dix secondes, un courant électrique se répandit dans son corps, annihilant toute sensation de douleur. Raymond en eut les membres instinctivement crispés, et, quand il se calma, quand il rouvrit les yeux, il se retrouva plongé dans un autre monde...

...Celui de l’informatique, à la recherche d’Uqora.

7
« Je crois que c’est là.
 -  Tu en es sûr ?
 -  Je ne me perds jamais, trésor, c’est ma devise. Celui qui prétend le contraire est un fieffé menteur. »

Natalia ne trouva rien à ajouter à ça, et considéra silencieusement la petite maison dressée à côté de la voiture. C’était une maison qui n’avait aucune particularité quelconque, et elle sortit tranquillement de la voiture, laissant également l’agent spécial Lloyd sortir. Lloyd, en pur Américain, portait une chemise noire entrouverte à hauteur du menton, un jean et des Ray Ban. Natalia était également habillée en civile, avec une chemise rose pâle et un jean. Elle se rapprocha de la maison, tandis que Lloyd tenait dans la main un sachet contenant de mystérieux objets.

La maison était le refuge d’une mystérieuse femme qui intriguait le SHIELD, à tel point que le responsable du bunker du SHIELD localisé à Seikusu avait envoyé deux agents pour enquêter sur cette femme. Elle s’appelait Yumi Miyazaki, et était officiellement une lycéenne au lycée Mishima... Encore une fois, Mishima revenait sur le tapis, ce qui n’était pas pour plaire au SHIELD. Il se passait manifestement des choses dans ce lycée. Que ce soit les multiples scandales auxquels il avait du faire face au cours de son existence ou la singulière concentration de mutants, le SHIELD allait, tôt ou tard, devoir mener des enquêtes approfondies sur les lycéens figurant à l’intérieur. Une cible de choix qui commençait à se profiler, et qui était apparemment proche de cette jeune femme, était une autre lycéenne venue d’Europe, Mélinda Warren. Elle vivait dans un vaste manoir, et intriguait par le nombre de mutants qui semblaient être proches d’elle. Et elle était très belle, ce qui, selon d’autres critères, suffisait potentiellement à en faire un danger.

En attendant, leur cible était Yumi. D’après l’enquête menée conjointement par le SHIELD et par l’armée, la jeune femme était également liée à un vaisseau extraterrestre qui avait été retrouvé il y a quelques mois dans les profondeurs de la forêt. Le SHIELD s’était progressivement chargé d’extraire ce dernier pour l’emmener dans l’un des hangars de Seikusu Base Camp, où il était étudié, afin de découvrir sa provenance et ses origines. Le SHIELD avait déjà du affronter des invasions extraterrestres au cours de son existence, notamment contre les Skrulls, ou encore d’autres tyrans galactiques qui avaient voulu ajouter la Terre à leur empire. Néanmoins, d’après les premiers rapports rendus par les experts de l’organisation, ce vaisseau n’appartenait à aucune civilisation connue, ce qui inquiétait passablement le SHIELD. Yumi Miyazaki était-elle une espionne, ou une réfugiée politique ? Dans tous les cas, le Bouclier se devait d’intervenir.

Lloyd étant le supérieur de Natalia, il allait se charger de la négociation. De plus, la jeune femme n’avait encore qu’une expérience théorique au sein du SHIELD, et ce même si, concrètement, elle était une agente ayant un talent bien plus élevé que Lloyd. Elle avait pour tâche de rester silencieuse, et d’offrir un visage amical.

« Les Japonais sont moins méfiants à l’égard de leur gouvernement que nous autres Américains, lui avait dit Lloyd, mais ce n’est pas une raison pour foutre la merde, pas vrai ? »

Natalia avait silencieusement acquiescé. C’était d’autant plus vrai que, effectivement, ils n’étaient pas en territoire américain, mais dans le territoire d’un État allié. Or, les Japonais n’admettraient sans doute pas trop des incidents. Lloyd avait refusé ses cours sur la manière d’aborder les Japonais depuis qu’il était arrivé ici, et toqua à la porte. Il attendit jusqu’à ce qu’on lui ouvre, et tomba sur une femme d’âge avancé, probablement la mère de Yumi. Lloyd courba le buste en avant, pour la saluer, et enchaîna ensuite en se redressant, montrant son portefeuilles, brandissant sa carte du SHIELD.

« Agent Lloyd, Madame. Nous venons nous entretenir avec Madame Yumi Miyazaki... Et nous venons en paix. »

Natalia, qui avait encore du mal avec l’humour décomplexé de Lloyd, resta de marbre. Ce dernier sortit alors l’un des éléments contenus dans son sachet, et brandit un cookie devant la femme :

« Vous voulez un cookie ? Ils sont délicieux. »

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Prélude / When Heavens Divide [Valawdée parce que c'est Scarlett]
« le: mercredi 30 avril 2014, 21:33:20 »

INTRODUCTION LIMINAIRE

Le personnage est une interprétation libre de Black Widow. La philosophie du personnage est globalement respectée dans ses grandes lignes, mais son histoire est différente, et s’inspire en grande partie d’une bande dessinée, « La Machination Voronov », qui est un album de la série « Blake Et Mortimer ».

PRÉLUDE

26/03/2014
TRISKELION


[Remarque : Triskelion est la base suprême du SHIELD. C’est une base qui recouvre intégralement une île proche de New York.]

« Mais éteignez-moi cette putain d’alarme !
 -  On la tient ?
 -  L’incendie est éteint.
 -  Mais est-ce qu’on la tient, merde ?!
 -  Vous allez m’éteindre cette saloperie d’alarme un jour, bordel ?! »

Le son strident finit enfin par se taire. L’homme se releva lentement, s’extirpant de son fauteuil en cuir noir, pour se rapprocher de ses hommes, devant les pupitres et les écrans. Des points rouges sur la carte holographique de Triskelion montraient les endroits où la bombe avait explosé. Le général Peters n’en revenait pas. Qu’une seule femme ait pu faire ça... Non, c’était impossible. Il ne pouvait pas y croire, et pourtant... Il se rapprocha du pupitre des communications, et appuya sur un bouton.

« Avez-vous appréhendé l’intruse ? Terminé. »

Il s’écoula quelques secondes avant qu’une voix ne réponde :

« Ici Agent Barton. L’intruse est appréhendée, oui. »

Peters hocha lentement la tête. Au moins, ils avaient réussi à la capturer. Il s’écarta un peu, puis croisa ses mains dans son dos, écartant les jambes, dans une attitude typiquement militaire, habituelle pour cet homme. Il observa à nouveau la représentation holographique de Triskelion. La base suprême du SHIELD... Comment une simple femme avait-elle pu s’infiltrer dans l'une des places fortes les plus sécurisées de l’OTAN ? Peters allait devoir ordonner une enquête.

Et également réfléchir au futur de cette femme.





PARTIE 1
IMPACT

27/12/2012
BAÏKONOUR


[Remarque : Baïkonour est une ville du Kazakhstan construite autour du célèbre cosmodrome de Baïkonour, une base spatiale créée par l’URSS dans les années 1950’s. Le cosmodrome est notamment connu pour avoir été la base de lancement de la fusée ayant envoyé Yuri Gagarine dans l’espace. Bien que Baïkonour ne soit plus sur le sol russe depuis l’éclatement de l’URSS, la base continue à appartenir à la Russie, moyennant une somme assez coquette que les Russes versent à ce pays.]


04h32

« Et je vous répète qu’il faut différer le lancement ! Les risques sont trop grands ! »

Le général Ouffa poussa un long soupir bourru. Il respectait le professeur Iliouchine pour ses expertises scientifiques et sa grande connaissance en astrophysique, mais il fallait bien admettre que le manque d’ambition de ce petit professeur à la barbichette blanche était des plus consternants. Ouffa, qui était le genre d’hommes qu’on voyait plutôt bien, tourna sa tête vers lui, en grommelant.

« Et moi, je vous répète que le Kremlin n’a que faire de vos doutes, Professeur ! La Place Rouge tient à ce que cde nouveau satellite soit lancé avant le Nouvel An ! Vous êtes peut-être le responsable scientifique de cette équipe, Professeur Iliouchine, mais je vous rappelle que JE suis le responsable militaire de toute cette opération ! Ce projet a déjà pris assez de retard comme ça. »

Ouffa s’impatienta, et la mine du docteur s’assombrit. Silencieusement, il acquiesça. Le décollage de la fusée allait pouvoir commencer, et, dans la base, des alarmes se mirent à sonner, avertissant les employés de ne pas s’approcher du site de lancement. Ouffa sentit un regain de fierté le traverser. Ce satellite militaire était un important projet pour la Russie, car il allait leur permettre d’améliorer sensiblement le renseignement militaire, et leur rapidité à obtenir des informations. De quoi damner le pion à ces maudits Occidentaux. Le projet, évidemment, était relativement secret, rappelant à Ouffa l’époque de la guerre froide. Il était temps que la Russie retrouve la place qui était la sienne dans le monde, et il entendait bien, à sa manière, y contribuer.

Dans le haut-parleur, on procéda au compte à rebours, avant le lancement fatidique. Sur l’aire de lancement, la fusée se mit à réagir, ses réacteurs crachant des volutes de fumée, qui recouvrirent toute l’aire de lancement, avant que, dans un grondement terrifiant et assourdissant, la fusée ne s’envole. Depuis l’observatoire, on suivait son envol, ainsi que depuis les ordinateurs et les pupitres de la salle de lancement. Ouffa était tout excité. C’était un grand patriotique, et, comme tant d’autres militaires, l’effondrement de l’URSS l’avait profondément miné.

« Voyez donc ! s’exclama-t-il. Tout se passera pour le mieux, professeur !
 -  Je l’espère bien... maugréa ce dernier.
 -  Ce scepticisme est-il donc propre aux scientifiques ? le railla le général. Et on ose dire les militaires pessimistes. Toutes les simulations ont parfaitement démontré que le décollage se passerait bien, et il se passera bien ! Comme d’habitude, en somme.
 -  C’est là ce qui nous différencie, général, nuança Iliouchine. Je me méfie des habitudes. »

Les observatoires et les satellites avaient annoncé le risque qu’une pluie d’astéroïdes traverse le ciel ce soir. C’était la raison pour laquelle Iliouchine avait voulu décaler le lancement, mais Ouffa avait refusé. Néanmoins, en bon militaire, soucieux du règlement, il avait transmis les inquiétudes du professeur à la Place Rouge. L’état-major avait été formel : le Kremlin voulait que ce satellite soit dans le ciel. Le président Poutine y tenait beaucoup. Le général avait donc décidé de presser la main d’Iliouchine, mais ce dernier continuait à émettre des réserves à n’en plus finir.

Sur l’écran radar, la fusée s’envolait dans l’atmosphère, bientôt prête à abandonner ses réacteurs, avant de placer le satellite.

« Ici Télescope numéro 2, crachota une voix dans le haut-parleur. Tout se passe bien, la fusée suit la trajectoire calculée par les ordinateurs.
 -  Contrôle, ici Télescope numéro 1. La fusée va passer devant des nuages, et nous la perdrons de vue pendant plusieurs secondes. »

Iliouchine avait conscience de l’importance de ce satellite. Il était toutefois triste de voir qu’il travaillait encore pour les militaires. Il avait voulu se lancer dans la recherche spatiale pour permettre à l’Homme de s’élever de sa condition, pour que ce dernier puisse voir à quel point il était nécessaire d’oublier les vaines querelles, devant la taille insignifiante de leur monde natal. Malheureusement, les militaires ne l’entendaient pas ainsi. Les quatre propulseurs de la fusée se séparèrent tous, et la fusée se rapprocha des nuages. Satisfait, Ouffa était en train de proposer au rapport magnifique qu’il allait envoyer à ses supérieurs, lorsqu’un nouveau message jaillit d’un autre observatoire :

« Attention ! Je détecte des astéroïdes qui s’approchent rapidement ! Il y en a toute une dizaine, ils se rendent droit au-dessus du nuage ! »

Ouffa sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Sur un radar, on pouvait voir une dizaine de points brillants fonçant à toute allure, droit vers la fusée. Les superordinateurs de la base étaient déjà en train de tenir compte de cette trajectoire, et établirent un risque sérieux d’impact. Malheureusement, il était impossible de rappeler la fusée, ou de dévier sa trajectoire. Elle traversa le nuage, et fut rejointe par une pluie d’astéroïdes.

« Je ne peux pas dire ce qui va se passer... Il y a une chance pour qu’elle l’évite, et... Oh ! Non, plusieurs l’ont atteinte... IMPACT ! Je répète : IMPACT sur la fusée ! Sa trajectoire est déviée, je vois des flammes qui s’en échappent, elle est en train de... »

KREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !!

Des interférences radio mirent momentanément fin aux transmissions, mais il n’était plus nécessaire de commenter pour voir ce qui venait de se passer. Les astéroïdes avaient décapité la fusée, et la tête de cette dernière, le flamboyant satellite, était en train de tomber comme une pierre, formant une ligne de feu dans le ciel. Il déploya des parachutes de secours, mais ces derniers étaient crevés, et ne tardèrent pas, de toute manière, à s’enflammer également. Iliouchine aurait pu adresser un regard de reproche à Ouffa, mais il était surtout préoccupé par savoir où le satellite allait atterrir. Ouffa, quant à lui, avait subitement très chaud.

« Repérez l’impact de la fusée ! Contrôle radar, ne perdez pas de vue le satellite ! Nous devons précisément savoir où il va atterrir ! s’exclamait Iliouchine par radio. Général Ouffa ! Ordonnez à vos hommes de se tenir prêts ! »

Guère habitué à se faire commander, Ouffa obtempéra, et appela ses équipes, afin d’aller chercher le satellite. Ce dernier s’écrasa sur une montagne enneigée, et roula longuement, envoyant voler de la neige, terminant, fort heureusement, dans sa course, à seulement quelques kilomètres de la base. Ouffa ordonna à un subalterne, le Lieutenant Yuri Imanov, d’envoyer une équipe en récupération, afin de ramener le satellite au plus vite. Il fallait impérativement voir l’étendue des dégâts, et savoir s’il était possible de le réparer. Certes, le Kremlin avait donné l’ordre à Ouffa de ne pas différer le lancement, mais, si la presse avait vent de cette affaire, le général savait que l’état-major se ferait un plaisir de mettre sa tête sur un plateau. C’était les règles du jeu.

L’épave du satellite apparaissait sur un écran radar par un point clignotant, mais il était difficile de s’approcher. Il y avait beaucoup d‘interférences, et, en raison de la menace des astéroïdes, on avait éloigné les satellites. Il faudrait néanmoins moine d’une demi-heure à l’équipe pour retrouver le satellite, et moins de deux heures pour revenir.

Ouffa avait le sentiment que ces deux heures seraient les plus longues de sa vie.

*
*  *

08h32

« Mais enfin, Général, c’est un comble ! Vos troupes devraient être revenues depuis des heures ! »

Le soleil était lentement en train de se lever sur la région de Baïkonour, dardant le ciel de lueurs orangées, mais l’équipe de récupération n’était toujours pas là. Le temps que les satellites se repositionnent, il était impossible d’obtenir des informations. Ouffa avait encore essayé de contacter le Lieutenant Imanov, mais c’était en vain. Ce dernier n’avait pas répondu Ouffa avait pris un verre de vodka pour se détendre, assis sur un siège, tandis qu’Iliouchine tambourinait devant lui, remuant de droite à gauche. Alors que le général ne savait plus quoi dire, son transmetteur radio se mit à grésiller. Rapidement, il l’attrapa en se levant, et l’enclencha.

« Lieutenant Imanov ?
 -  Gé… Général… *KOF !! KOF !!* Nous… *KOF !!*… Récupéré le satellite, comme prévu, mais… *KOF ! FOK !* ... Multiples impacts à sa surface. On l’a remorqué, attaché au half-track, mais... *KOF !! KOF !!* Alors qu’on la remorquait, tous les hommes se sont mis à éternuer, et à transpirer beaucoup, avant de... *KOF !! KOF !!* Haaa... Le... Le chauffeur a fait une embardée à un virage, et le camion s’est logé dans le décor... *KOF !! KOF !!* Tous...Tous morts, Général... Les... Les hommes...Ils... Ils saignaient du nez... La bouche pleine de sang... *KOF !! KOF !! KOF !!* Général, je... *KOF !! KOF !! KOF !!!* Je... Je... Jeeeeeeeeeeeee... Aaaaaaaaaaaaaah !!!
 -  Lieutenant Imanov ? Lieutenant Imanov !! Lieutenant Imanov, répondez !! »

Pour toute réponse, des grésillements. La main tremblante, Ouffa se tourna vers Iliouchine.

« Mais... Mais qu’est-ce que ça veut dire ? »

La mine grave, Iliouchine réfléchit rapidement.

« Ce que ça veut dire, Général, c’est que le satellite n’est pas retombé seul. Vous allez envoyer une autre équipe, mais en la munissant de combinaisons antiradiations. De mon côté, je vais appeler le docteur Voronov pour qu’il mette en place son laboratoire afin d’analyser le satellite et les morceaux de météorites qui ont été retrouvés dessus. »

Ouffa hocha lentement la tête, et s’exécuta. Faire appel au docteur Voronov n’était pas ce qu’Iliouchine préférait. Il était très compétent, mais il était aussi un fervent nostalgique de l’URSS. Le professeur l’appela néanmoins, afin de lui demander de se préparer, et de mettre son équipe au point. En attendant, la nouvelle équipe retrouve le half-track endommagé, avec le satellite, et chargea tous les cadavres. Il n’y avait pas un seul survivant.



30/12/2012
BAÏKONOUR


« Docteur Voronov, l’invita le général Ouffa, vous avez la parole. »

Trois jours s’étaient écoulés après ce désastre. Le Kremlin avait ordonné un rapport en toute urgence, avant le Nouvel An, et l’équipe du docteur Voronov avait du y travailler d’arrache-pied. Ouffa était sur tension, ayant très peu dormi ces derniers temps. Voronov dirigeait tout un laboratoire de recherches dans la base, et présenta oralement le contenu de son rapport :

« Je vous remercie, Général, répondit Voronov, en compilant devant lui un dossier. Avec le peu de temps imparti, moi et mes scientifiques avons fait au mieux. Je peux vous assurer, sans doute possible, que la première équipe de récupération, dirigée par le Lieutenant Imanov, a été tué à cause d’une bactérie inconnue sur Terre, aux propriétés chimiques fascinantes. Ils ont contracté cette bactérie au simple contact de la carcasse du satellite, qui en était infectée. »

Voronov s’éclaircit lentement la gorge, avant de poursuivre :

« Apparemment, la simple inhalation de cette bactérie provoque instantanément chez l’homme adulte une fièvre hémorragique qui détruit les tissus du corps, en commençant par s’attaquer aux poumons. Ceci explique les toussotements de la victime, et sa mort, irrémédiable. »

Ouffa fronça lentement les sourcils.

« Êtes-vous en train de me dire qu’une bactérie a pu survivre dans l’espace, et a contaminé notre satellite ?
 -  Une telle chose n’a rien d’extraordinaire. Une bactérie peut générer des spores pour se protéger, et ces spores permettent à l’organisme d’une bactérie de survivre pendant des milliers d’années. Quand les astéroïdes ont heurté notre satellite, la bactérie s’est retrouvée incrustée dans ce dernier. Notre équipe recommande la destruction du satellite, mais nous avons pu prélever des souches. Je recommande d’examiner attentivement ces souches, et de les utiliser, leur potentiel militaire me semblant...
 -  Non, non, il ne sera pas dit que nous jouerons aux apprentis sorciers dans ma base ! le coupa Ouffa. Je vais ordonner qu’on brûle les corps, et qu’on purge le satellite. Si cette purge n’est pas possible, alors il sera détruit. Quant à vous, docteur Voronov, vous allez détruire toutes les souches que vous avez faites de cette maudite bactérie ! Est-ce bien clair ?! »

L’homme hocha la tête.

« C’est très clair, mon général. »

Satisfait, Ouffa hocha la tête, et se releva.

« Sur ce, je vais envoyer mon rapport au Kremlin. Nous allons relancer un nouveau satellite dans l’espace, et le plus tôt sera le mieux. »

Voronov se releva lentement, attrapant son rapport, et se rendit dans son bureau. Il le ferma à double tour, et, s’assurant d’être seul, attrapa son téléphone, et appela quelqu’un.

« Général Orloff ? Oui, c’est moi... Oui, c’était justement à ce sujet que je vous appelais... Évidemment, le général Ouffa ne veut pas que ça s’ébruite... Oui... Oui, tout à fait. J’entrevois un bel avenir pour notre rêve commun, Général Orloff... Oui... Oui, je le pense aussi. Les Occidentaux le sauront, tôt ou tard, et nous aurons besoin d’un bon élément pour... Oui, c’est à elle que je pensais... Pensez-vous pouvoir m’assurer sa coopération ?... Parfait. De mon côté, je vais mettre en œuvre les recherches, et les poursuivre. Je n’ai cette bactérie en main que depuis trois jours, mais je dois vous avouer que ses promesses sont fascinantes... Oui, tout à fait. »

Voronov raccrocha, puis ouvrit son tiroir, et en sortit un autre dossier, et l’ouvrit. Sur la première page de ce dernier, il y avait une femme, qui fixait silencieusement l’objectif. Son nom apparaissait en gros à côté de l’image : « NATALIA ROMANOV ».





PARTIE 2
UNE VIE D’ESPIONNE

PROJET « вдова »

Le 25 Décembre 1979, l’URSS envoya des troupes en Afghanistan. Le jour même de l’invasion, le Général Orloff s'était rendu Place Loubianka pour discuter avec certains officiels du KGB ce qu’il pensait de cette guerre. Tous furent d’accord pour considérer que cette guerre aurait pu être évitée. Les agents du KGB avaient contribué au coup d’État de 1978, qui avait mis à la tête du pays le PDPA, un parti marxiste. Ils s’accordèrent pour considérer que, si les agents russes avaient réussi à protéger Taraki, le Président afghan, très favorable à Moscou, et à tuer les islamistes radicaux comme Amin, l’Armée rouge n’aurait jamais eu à se déplacer en Afghanistan pour soutenir le régime issu de 1978, et protéger l’Afghanistan des influences islamistes, notamment iraniennes ou pakistanaises.

La conversation dura plusieurs heures, et entérina un projet auquel ces hommes tenaient : développer de meilleurs espions, qui seraient des individus exceptionnellement doués, et qui, à leur manière, permettraient d’influer sur le déroulement de l’Histoire. Orloff, comme ses amis du KGB, ainsi que d’autres généraux influents, étaient des individus nostalgiques, regrettant l’époque de Staline. Un homme rude, mais qui avait su protéger le pays du nazisme, du capitalisme, et étendre l’influence de la mère-patrie. Orloff estimait qu’une seule personne pouvait changer le cours de l’Histoire. C’est ainsi que le Projet « Veuve » fut adopté, ayant pour objectif de former, dès le plus jeune âge, dans des camps spéciaux, des enfants, afin d’avoir des espions exceptionnels. Orloff et ses collègues sentaient que la fin de l’URSS approchait, et l’enlisement de l’Armée rouge en Afghanistan confirma ce sentiment.

Le projet « Veuve » se mit en place en secret. Orloff et ses alliés n’avaient en effet pas confiance en Gorbatchev, ainsi qu’avec les autres dirigeants du Parti communiste, les trouvant trop proches des Occidentaux, et trop éloignés de Staline. Ils s’associèrent avec plusieurs scientifiques eugéniques, notamment le Docteur Voronov, qui administrait alors, à cette époque, la clinique de Perm-35, un goulag situé dans l’Oural. Sous la direction de Voronov, des enfants déportés travaillent dans une partie très isolée de Perm-35, séparés des autres détenus, où ils subissent des entraînements draconiens, ainsi que des injections destinées à améliorer leurs capacités cognitives. Plusieurs de ces enfants moururent, tandis que d’autres réussirent à s’adapter. Très vite, une femme réussit à se détacher du lot, ce qu’Orloff interpréta comme un signe. Elle était en effet la descendante de l’ancienne famille impériale russe, les Romanov, dont le dernier Empereur, Nicolas II, fut assassiné en 1918. Natalia Romanov émergea ainsi du projet, étant clairement en tête par rapport aux autres élèves. Elle était si talentueuse qu’Orloff choisit de la retirer de Perm-35, afin de la former de son côté.

Orloff espérait pouvoir se servir de Romanov lors du putsch de 1991, pendant lequel lui et d’autres conservateurs russes tentèrent de renverser Gorbatchev, afin d’essayer de sauver l’URSS. Natalia était malheureusement trop jeune pour les soutenir, mais Orloff réussit à ne pas être inquiété par le putsch. Entre-temps, l’URSS s’effondrait, et Orloff choisit, prudemment, d’abandonner le projet « Veuve », et affecta Voronov à la clinique de Baïkonour, afin que ce dernier se fasse oublier des dirigeants en place. Dans la débandade qui suivit l’écroulement du bloc rouge, le projet « Veuve » et ses conséquences disparurent. Il ne subsista plus que quelques rares agents russes, dont Natalia, qui fut alors désignée comme « Black Widow ».


MISSION #001 – LE COMMERCE DE GUERRE

1993.

La première mission de Black Widow eut lieu dans les années 1990’s, peu avant la guerre de Bosnie-Herzégovine. Conformément aux souhaits d’Orloff, Black Widow avait passé une année entière en Occident, afin qu’elle puisse corroborer ce qu’on lui avait appris pendant son enfance avec la pratique occidentale. Elle y vit ainsi l’hypocrisie de tout un peuple, des gens qui n’avaient pas hésité à soutenir des fondamentalistes et des fanatiques en Afghanistan, à encourager des dictateurs, et dont leur conception de la démocratie n’était rien de plus qu’une oligarchie faussement dissimulée. On lui apprit à voir l’hypocrisie de ces organes internationaux comme l’ONU, prétendant agir au nom de la « communauté internationale », alors qu’il s’agissait juste d’un organe pro-occidental.

Widow fut envoyée pour mettre fin à un marché aux armes qui s’opérait dans les montagnes du Caucase entre d’anciens généraux russes, des mafieux, et des mercenaires. Orloff ne voulait pas que les armes de l’armée soient entre les mains de mercenaires indépendants qui enflammeraient une région dont ils avaient besoin, le Kazakhstan et ces autres pays étant, pour Orloff, des prolongements naturels de la Russie, au même titre que l’Alsace-Lorraine des Français. Le baptême du feu de Widow fut un succès. Elle s’infiltra dans le petit village de montagne où la population était enfermée par les mercenaires, et apprit que les traîtres voulaient vendre aux mercenaires des explosifs.

Black Widow piégea les bombes, et laissa la transaction se faire. Elle n’eut ensuite plus qu’à faire détoner les bombes, carbonisant plusieurs dizaines de terroristes, tandis que les survivants accusèrent les mafieux russes et les traîtres de les avoir doublés. Ils s’entretuèrent, et Widow acheva les survivants depuis le clocher d’une église, à l’aide d’un fusil à lunettes. Personne ne la vit, et elle avait tissé sa toile, piégeant les insectes à l’intérieur.

Pour Orloff, c’était le signe qu’elle était prête.

MISSION #023 – LA PLUS GRANDE DES FAILLES

1998.

Boris Eltsine fut le premier Président de la Fédération de Russie, qui succéda à l’URSS. Et Orloff ne l’aimait pas. Eltsine était pour lui un Occidental, un bourgeois, quelqu’un qui voulait privatiser la Russie, qui voulait la vendre aux capitaux américains. Il crachait sur les banques, et refusait cette situation. Il était rejoint en ce sens par d’autres hommes du FSB, ceux qui avaient également participé au putsch de 1991. Orloff n’aimait pas non plus les oligarques. C’était un nostalgique de Staline, quelqu’un qui voyait la démocratie occidentale comme le nouvel opium du peuple. En soi, Orloff n’était pas du tout un démocrate, mais il n’aimait pas l’hypocrisie, et rêvait de mettre à la tête de la Russie une autre personne qu’un gros lard qui s’empiffrait sur le dos d’une Russie moribonde. C’est ainsi qu’Orloff et ses amis manigancèrent les scandales financiers et politiques qui ébranlèrent le second mandat d’Eltsine. Orloff, discrètement, aidera un magistrat russe, Iouri Skouratov, à révéler l’existence de scandales financiers impliquant Eltsine et les oligarques russes, consistant en un détournement des fonds fournis par le FMI à la Russie. Le simple souhait d’Orloff était tout simplement d’éclabousser Eltsine, mais il s’avéra que Skouratov fut plus doué que ce que lui et ses alliés du FSB avaient estimé. Il rejoignit le parquet suisse, et révéla ainsi une multitude de scandales financiers et de pots-de-vin impliquant, non seulement Eltsine, mais aussi plusieurs oligarques, comme Boris Berezovsky, un milliardaire qui fut proche des mafieux et du pouvoir. Orloff et les autres généraux craignaient que l’enquête de Skouratov ne finisse par tomber sur eux, et, quand le Kremlin demanda au FSB de se débarrasser de ce Procureur, Orloff fut ravi d’envoyer Black Widow sur cette affaire.

La jeune femme était toujours aussi talentueuse, et l’avait prouvé en accomplissant avec brio de nombreuses missions au cours du conflit en Bosnie, dans lequel la Russie avait sagement évité de s’enliser, Orloff ayant toutefois décidé de soutenir discrètement Milosevic et Karadžić en envoyant Black Widow pour accomplir différentes missions. Elle fut donc envoyée pour supprimer Skouratov, mais il était hors-de-question de le tuer. C’était un magistrat, mais, surtout, une personnalité publique. Il fallait donc broyer sa réputation. Widow s’enfonça dans les profondeurs de Moscou, et récupéra, auprès de mafieux russes, une vidéo dans laquelle on pouvait voir Skouratov, ou quelqu’un lui ressemblant étrangement, en train de besogner avec deux prostituées. Ce fut une mission facile, mais elle soulagea beaucoup Orloff. Le FSB l’envoya au Kremlin, et le Kremlin l’envoya à tous les quotidiens nationaux.

C’en fut ainsi fini d’un jeune chien fou, et Orloff pouvait se reposer sur ses deux oreilles.




Citer
RAPPORT POST-OPÉRATOIRE

  • Date du rapport : 17/01/2014



X... a totalement récupéré. Son corps ne porte plus aucune trace des séquelles qu’elle a subies, et il ne subsiste plus que quelques cicatrices sur sa tête, qui seront toutefois dissimulées quand ses cheveux repousseront. Même rasée, elle reste d’une redoutable beauté. Elle a de superbes yeux, et des formes qui auraient pu faire d’elle un mannequin. J’irais jusqu’à dire qu’il y a quelque chose d’angélique se dégageant de son visage, et j’ai du mal à voir en elle la redoutable espionne tant décriée. Pourtant, les rapports ne mentent pas. Elle a une peau blanche, et une longue chevelure rousse. Nous avons d’ailleurs pu l’identifier grâce aux cheveux qu’elle avait encore. Elle est vraiment belle, au risque de me répéter.

Bien que je sorte un peu des objectifs fixés par le présent rapport, le Docteur Chivax lui a présenté une nouvelle combinaison, similaire à celle qu’elle portait auparavant. C’est une longue combinaison noire spécialement adaptée pour sa taille, et qui comprend une ceinture abritant des emplacements pour différents accessoires, ainsi que des bracelets autour des poignets. Le docteur espérait déclencher un quelconque déclic, mais il n’y a rien eu. La combinaison porte aussi un masque qui recouvre intégralement le visage.

Dans l’ensemble, X... s’est donc remise de ses séquelles, à un rythme impressionnant. Elle a repris des forces, et j’ai bon espoir que ses cheveux repousseront également. Honnêtement, chauve, ça ne lui va pas.



MISSION #047 – DÉCHÉANCE URBAINE

2003.

Yuri Gargarov avait été un proche ami d’Orloff. Un oligarque russe qui avait soutenu le coup d’État des militaires pour essayer de sauver la patrie d’Eltsine et des autres corrompus vendus au pygargue. Malheureusement, Gargarov ne partageait pas les mêmes idéaux qu’Orloff et ses associés, et, après la crise Skatarov, et l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, Gargarov entreprit de se racheter une conscience, en menaçant de révéler au Kremlin les projets d’Orloff et de ses associés. Le général ne pouvait pas tolérer ça, mais Gargarov était prudent. Il savait l’influence qu’Orloff avait en Russie, et choisit de se réfugier au Brésil. Il ne fallait surtout pas croire que Gargarov était un patriote : ce n’était qu’un opportuniste, un escroc. Il voulait de l’argent, et il avait compris qu’il aurait plus d’argent à obtenir en sacrifiant Orloff, plutôt qu’en continuant à le suivre dans ses projets dangereux. Gargarov et sa famille avaient longtemps soutenu les plans d’Orloff par l’argent qu’ils obtenaient, et l’instauration du capitalisme en Russie, avec tous ses bienfaits reconnus (les placements boursiers, la privatisation des banques avec l’extension des pouvoirs mafieux et des trafics criminels internationaux), avait encore mieux permis à Yuri de s’enrichir. Son argent, il l’obtenait grâce à ses gisements pétroliers, mais aussi grâce à ses liens avec la Mafia. Il le dépendait essentiellement en putes de luxe et en vacances de sport bien méritées dans les chalets ultraluxueux des stations de ski des Alpes, comme Courchevel. Pour Orloff, il était temps de se débarrasser de Gargarov. Soit ce dernier les trahirait, soit il refuserait de les soutenir... Ce qui reviendrait au même. Il s’était réfugié au Brésil, à Rio de Janeiro, dans le manoir de luxe d’un politicien brésilien corrompu, un politicien qui soutenait les narcotrafiquants, et avait gagné son siège grâce à eux.

Rio de Janeiro était une ville où le tiers de la population s’entassait dans les bidonvilles brésiliens, les favelas, de véritables zones de non-droit gouvernés par les narcotrafiquants et par la corruption. On ne voyait aucun espoir durable pour ces populations, qui vivaient dans des zones insalubres, sous le joug de seigneurs de guerre se comportant comme les pires des tyrans médiévaux. Les élections politiques étaient corrompues, frauduleuses, les députés ayant obtenu leur siège grâce à l’argent sale de la drogue, et de la menace de représailles sur les habitants qui ne voteraient pas favorablement pour eux. Ce n’était pas avec des Glock ou de simples pistolets que les narcotrafiquants faisaient régner leur loi au Brésil, mais avec des armes de guerre, des fusils à pompe automatiques, des fusils d’assauts. Ils formaient une véritable armée parallèle, et, s’ils avaient eu la jugeote de s’allier, ils auraient réellement pu constituer une force dangereuse pour le Brésil, et créer une insurrection. Fort heureusement, en un sens, les gangs des favelas passaient leur temps à se massacrer entre eux, et on dénombrait annuellement plus d’un millier de morts sous l’effet des guerres de gangs. C’est dans ce contexte que Black Widow atterrit dans les hauteurs luxueuses de Rio de Janeiro, s’infiltrant dans une villa richissime, mais pour découvrir que Gargarov était parti voir Nacimiento, le maître d’une des favelas, un narcotrafiquant vivant dans sa forteresse. Black Widow ne pouvait pas se permettre d’échouer. Elle devait tuer Gargarov, et supprimer les preuves que ce dernier possédait en mettant la main sur son ordinateur portable, qu’il avait toujours avec lui. Black Widow choisit donc de se rendre dans la favela.

C’était un hasard malencontreux du calendrier, car elle y entra le jour où le BOPE enclencha des représailles contre Nacimiento. Il y a quelques jours, ses hommes avaient abattu l’un des crânes noirs. L’homme s’était rendu dans la favela pour y retrouver sa copine, et avait été abattu d’une balle dans le crâne. On ne tuait pas une tête du BOPE sans s’exposer à de sévères représailles, et, quand le BOPE se fâchait, il fallait serrer les dents. Relevant de la police militaire de Rio de Janeiro, le BOPE était un corps d’élite, ses agents subissant une formation militaire extrêmement lourde... Et, quand un corps de police avait comme emblème des têtes de mort, on pouvait s’attendre à ce que leurs interventions ne fassent pas vraiment plaisir aux ONG internationales... Ceci étant dit, le BOPE considérait volontiers toute cette bande d’écolos et de drogués comme des laxistes ne comprenant rien à la réalité de la situation. Autrement dit, quand le BOPE descendait dans une favela, ce n’était pas pour incarcérer, ni pour interpeller, mais pour tuer. Ceux qui survivaient et finissaient en prison étaient juste ceux qui avaient réussi à payer les bonnes personnes pour finir en prison.

Black Widow arriva le jour où le BOPE mena une attaque dans la favela en visant la forteresse de Nacimiento. Ce fut clairement l’une de ses missions les plus difficiles. Elle esquiva les redoutables caveirões et les escouades de militaires en noir tirant sur tout ce qui bouge. Quand le BOPE était là, les civils ne sortaient pas. Ceux qui sortaient n’étaient que des cibles sur place. Remonter discrètement toute la favela, au milieu d’une guerre urbaine, ne fut pas aisée. Mais elle y arriva. Elle parvint à s’infiltrer dans le fort de Nacimiento, alors que ce dernier se battait avec acharnement contre les policiers, et elle réussit à abattre Gargarov, alors que ce dernier avait prévu de s’échapper en se faisant passer pour un otage. Elle l’abattit donc, et laissa ensuite le Brésil maquiller la vérité pour que l’opinion publique n’apprenne pas qu’un oligarque russe avait été tué lors d’une fusillade dans une favela, le Brésil ne voulant pas que son image internationale en pâtisse. Aux yeux du monde entier, Gargarov fut donc porté disparu en mer, lui et ses mannequins blondes, et Widow retourna en Russie, épuisée, mais avec l’ordinateur compromettant.


MISSION #051 – LES PARAPLUIES DE CHERBOURG

2006.

C’est dans l’Arsenal militaire de Cherbourg que la France sortit, en 1967, son premier sous-marin de classe nucléaire, Le Redoutable, à la tête d’une série de sous-marins similaires à ce dernier. À cette époque, le Kremlin commençait officieusement à se poser des questions sur le rattachement de l’Ossétie du Sud, comprenant de grandes populations russophones. Pour Poutine, ainsi que pour d’autres généraux, incluant Orloff, il était temps que la Russie sorte définitivement de l’héritage Eltsine, et réclame son titre de puissance mondiale de premier plan. C’est dans ce contexte qu’Orloff envisagea d’envoyer l’agent Widow à Cherbourg, afin de s’infiltrer dans l’Arsenal, et de voler les plans d’une nouvelle arme de combat mise en place par l’OTAN. L’Arsenal devait en effet recevoir une délégation de l’OTAN, accompagnée de quelques agents issus du SHIELD, afin de discuter de l’amélioration des sous-marins de combat occidentaux, probablement en réponse à la montée en puissance de la Russie, et à l’organisation croissante du BRIC, que l’OTAN percevait comme les prémices d’une organisation internationale concurrente à cette dernière... De quoi mener l’impérialisme du pygargue à tête blanche.

Widow se rendit donc à Cherbourg, sous un nom d’emprunt, et réussit à infiltrer l’Arsenal de Cherbourg. Ce fut la première fois qu’elle aperçut Nick Fury, peu de temps avant que ce dernier ne soit limogé du SHIELD. Elle apprit que les Occidentaux soupçonnaient la Russie de soutenir la Latvérie, en essayant de remettre Fatalis au pouvoir. Widow savait que la Latvérie avait vu son dirigeant actuel, Victor von Fatalis, être renversé par les Occidentaux, au profit d’une démocratie qui, pour certains, était dénoncée comme une démocratie-fantoche, faite uniquement pour permettre aux Occidentaux de voler les technologies de la Latvérie, et y installer leurs usines. L’agent Widow se concentra sur sa mission, consistant à accéder à l’ordinateur portable de Fury, et à détruire le disque dur, qui abritait les données techniques.

La mission fut un succès presque parfait. Presque, en effet, car une caméra de sécurité réussit à filmer pendant une seconde la silhouette de Widow, de dos. On vit ainsi une femme avec une combinaison noirâtre, et un effet de flou. Quand Fury vit cet image, il eut la conviction que, d’une manière ou d’une autre, il fallait la retrouver.

Après tout, ce n’était pas tout le monde qui pouvait accéder à son ordinateur portable.




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INTERROGATOIRE #003

  • Date de l’interrogatoire : 01/01/2014



AGENT SMITH. – Romanov... Qu’est-ce que ce nom évoque pour vous ?
X... – La famille impériale russe. Les derniers au pouvoir avant que la Révolution russe ne chasse l’actuel Empereur, Nicolas II, en 1917. Il mourra en Juillet 1918 avec ses enfants.
AGENT SMITH. – Comment s’appelle l’actuel Président des Etats-Unis ?
X... – Barack Obama.
AGENT SMITH. – Quel était le 21ème Président des Etats-Unis ?
X... – Arthur Chester.
AGENT SMITH. – Qu’a-t-il fait de notable ?
X... – Le Pendleton Civil Service Act...
AGENT SMITH. – Qui a dirigé la Russie à la fin du 14ème siècle ?
X... – Vassili Ier.
AGENT SMITH. – Quel a été l’objectif de son règne ?
X... – Continuer à accroître l’unification de la Russie en annexant des principautés.
AGENT SMITH. – Quel est le plus petit État du monde ? Quelle est sa superficie ?
X... – Le Vatican... 0.44km².
AGENT SMITH. – Comment vous appelez-vous ?
X... – Je... Euh...
AGENT SMITH. – Où êtes-vous née ?
X... – Je...
AGENT SMITH – Quand êtes-vous née ? Quel âge avez-vous ?!
X... – Mais...
AGENT SMITH – Quel est le dernier film que vous ayez vu au cinéma ? Quelle est votre glace préférée ?
X... – Je ne sais pas...
AGENT SMITH – Le dernier livre que vous ayez lu ? la dernière chose dont vous vous rappeliez avant d’avoir fini ici ?
X... – Mais je n’en sais RIEN ! Je n’en ai absolument aucune idée ! Je ne sais pas, voilà !



MISSION #054 – LE DROIT DES PEUPLES

2008.

Les Occidentaux croyaient-ils donc vraiment que la Russie serait dupe ? Croyaient-ils vraiment pouvoir acheter les Russes avec leurs dollars, leurs euros, et leurs infâmes cheeseburgers ? Elle est le plus grand État du monde. Comment diable peuvent-ils croire que leur démocratie bourgeoise a la moindre chance d’aboutir ici ? Comment peuvent-ils croire que nous serons dupes au point de voir que leurs militaires et leurs politiciens poursuivent assidument la politique de containment ? L’élargissement progressif de l’Union Européenne n’a fait qu’isoler davantage la Russie. Une alliance économique, elle ? Quel avantage économique les Occidentaux pourraient tirer à s’allier avec les pays d’Europe de l’Est ? Plus le mensonge est gros, plus il passe. Militairement, l’OTAN s’étend également, en piétinant l’ancien Pacte de Varsovie. Économiquement et militairement, ils nous encerclent, et s’infiltrent en nous, nous pénètrent par leur malbouffe, par leur film dégradant, par leur idéologie de l’absurde et du ridicule.

Prenez Mikheil Saakachvili, par exemple. Président de la Géorgie... Rien d’autre qu’un pantin vendu à l’Occident, qui n’a en tête qu’un objectif : rejoindre l’Union Européenne, rejoindre l’OTAN, vendre son peuple à leurs banquiers, à leurs usines. Plus le mensonge est gros, et plus il passe. Nous ne pouvons pas laisser l’Occident continuer à nous isoler ainsi, et à nous diviser. Nous avons encore des bases militaires dans la plupart de nos anciens territoires, sans parler de nos minorités russes. Et nous avons appris qu’une tension avait éclaté en Géorgie entre le pouvoir en place, et deux régions dissidents : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Ce sont les nôtres qui sont là-bas, sous le diktat de corrompus vendus au culte du dollar. La démocratie n’est qu’un mensonge, une incitation à avoir des dirigeants faibles et soumis, des populistes qui seraient uniquement tentés par le souci de conserver le pouvoir, de gagner les élections, et qui n’auraient pas cette vision d’ensemble. La démocratie bourgeoise, celle des Lumières, celle de la Révolution Française, n’était rien de plus qu’un moyen de transférer le pouvoir de la noblesse à la bourgeoisie. La Russie avait raison de s’en méfier, et la Russie choisit donc d’intervenir, une nouvelle fois, en Abkhazie et en Ossétie du Sud.


La deuxième guerre d’Ossétie du Sud éclata en Août 2008, opposant la Géorgie à une province séparatiste, l’Ossétie du Sud. Black Widow fut envoyée pour soutenir les séparatistes. Ces derniers étaient formés et entraînés parles Russes, et Widow s’appropria le terrain, lorsque la guerre éclata, dans la nuit du 7 au 8 Août. L’actuel Président de la Russie, Medvedev, choisit de protéger ses minorités russophones, et envoya des troupes pour protéger les séparatistes de l’agression géorgienne. Widow participa discrètement à ce conflit, attaquant des militaires géorgiens. L’Occident choisit naturellement de soutenir le pouvoir en place, mais les Russes n’étaient pas inquiétés. Les Occidentaux, ce n’était que de l’esbroufe. Ils n’attaquaient que les plus faibles, et n’avaient pas le courage d’attaquer les États véritablement puissants. Rien de bien surprenant, la culture de la démocratie leur avait été enseignée, avec cette première leçon, induite par le concept démocratique : le Président en place était un faible. Un faible, car il devait toujours obtenir l’aval de son Parlement, une bande de notables corrompus. Les Occidentaux avaient beau tirer à boulets rouges sur les oligarques russes, ils n’avaient aucune leçon à donner. La Russie savait que cette deuxième guerre aboutirait à la sécession de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Quand l’actuel Président de la France, Sarkozy, choisit d’agir comme médiateur entre l’Union Européenne et la Russie, afin d’aboutir à un plan de paix, Orloff et ses amis éclatèrent de rire. L’Union Européenne ne les inquiétait pas du tout. Tout ça n’était rien de plus qu’un marché de dupes : les Américains cherchaient à conserver leurs bases avancées en Europe de l’Est, afin de continuer à encercler la Russie et à l’isoler, politiquement parlant, tandis que les Russes cherchaient tout simplement à rappeler aux Américains que leur impérialisme ne saurait s’imposer à tous.

La mission de Widow fut un succès, la paix fut signée, et tout le monde se désintéressa bien vite de la Géorgie... Sauf les Russes, qui continuaient à avoir des troupes dans les régions séparatistes... Mais, après tout, ils avaient déjà des bases militaires en Géorgie, alors ce n’était pas très surprenant.

MISSION #056 – ROBOT ROCK

2009.

La Latvérie avait le soutien de l’URSS depuis la Seconde Guerre Mondiale. Les Soviétiques avaient soutenu la monarchie en place pour repousser l’envahisseur nazi. Ce petit pays planté dans les Balkans sombra ensuite, après la guerre, dans une tyrannie sévère. Sous l’autorité du Roi Vladimir Fortunov, la Latvérie opprima lourdement les communautés tziganes du pays. La vengeance des Tziganes s’élabora avec Victor von Fatalis, qui réussit à prendre le pouvoir. Les Soviétiques avaient choisi de l’aider, car ils estimaient que Fatalis était plus ouvert au communisme que son prédécesseur. Cette alliance ancestrale continuait à se perdurer, jusqu’à ce que le dirigeant de la Latvérie soit chassé du pouvoir, et que les Etats-Unis mettent en place une démocratie. Une autre manière de répandre l’impérialisme américain dans des pays où ils n’avaient rien à faire. Profitant de la déconfiture du pays, et de l’instauration d’une démocratie censée leur lécher les pieds, les Américains avaient envoyé des espions pour essayer de récupérer les technologies robotiques de la Latvérie. En matière de robotique, ce petit pays avait toujours été très en avance, et ses technologies étaient très convoitées. La Russie envoya donc Black Widow, avec pour mission, d’une part, d’empêcher le SHIELD de récupérer les plans de conceptions de robots très perfectionnés, et, d’autre part, de s’approprier lesdits plans. La générosité était l’apanage des imbéciles, pas des États.

Ce fut la deuxième fois que Widow se confronta aux agents du SHIELD, que la Maison Blanche préféra envoyer, plutôt que la CIA, à Doomstadt. L’échange devait avoir lieu à l’Académie Werner, les Américains venant depuis l’aéroport de Doomsport. Black Widow fut là pour les accueillir, les filant discrètement, à travers les rues de la capitale. Les grandes statues à l’hommage de Fatalis avaient été abattues pour le gouvernement, afin de faciliter la transition démocratique, et les murs des écoles étaient décorés d’affiches pour les élections. Widow ne s’y intéressa que fort peu, préférant pister les agents du SHIELD, jusqu’à atteindre la glorieuse académie de la Latvérie, essentiellement spécialisée dans la robotique.

Widow continua à suivre les agents, jusqu’à voir le traître latvérien : un scientifique qui rêvait de voyager à l’Ouest, et qui pensait avoir gagné son billet de sortie. Widow avait profité de son séjour en Latvérie pour tout organiser, et, alors qu’elle surveillait l’entretien, des mercenaires qu’elle avait embauchés attaquèrent les agents du SHIELD, donnant lieu à une fusillade nourrie dans l’amphithéâtre où l’échange avait lieu. Le traître latvérien choisit de s’enfuir, paniqué, et Widow se contenta de l’abattre, à l’aide des flèches fixées le long de sa combinaison. Elle s’empara ensuite des données tactiques, mais fut ensuite poursuivie par les agents du SHIELD, ainsi que par la police locale. Elle parvint malgré tout à rejoindre l’aéroport, et s’enfuit dans un avion, au nez et à la barbe des Occidentaux.

Orloff fut content.




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RAPPORT #004 (extraits)

  • Date de remise du rapport : 06/04/2014



(p.3)

Un vieux proverbe relate que la mémoire est la sentinelle de l’esprit. Quand j’officiais au CNRS, j’ai travaillé sur la mémoire, sur son fonctionnement, sur la mémoire dont elle marche. La mémoire est quelque chose de fascinant, et qui amène bon nombre d’interrogations. Qu’est-ce qui fait, par exemple, qu’un sujet est capable d’oublier ce qu’il a fait le matin, et de se rappeler, par la suite, avec une précision extrême, de ce qu’il a pu faire il y a cinq ans, si l’évènement qu’il a vécu est traumatisant ? Il existe bon nombre d’études et d’essais sur la mémoire, bon nombre de théories et d’interprétations. L’objet de ce présent rapport n’était pas d’en faire une synthèse, ni d’en faire un rappel exhaustif, mais d’essayer de trouver une explication scientifique à la situation actuelle de l’Agent X...

Pour entamer ce rapport, il me semblait nécessaire de rappeler que la « mémoire », au sens strict, ne veut rien dire, scientifiquement parlant. C’est un terme qui est à la fois suffisamment précis pour évoquer quelque chose, mais trop imprécis pour signifier concrètement quelque chose. Il est de coutume de dissocier la mémoire en deux éléments :


  • La mémoire à court terme, qui permet de retenir les informations instantanées, pendant une courte période de temps. Faites-en l’exemple : prenez le premier numéro que vous voyez dans votre environnement, lisez-le simplement, et essayez de vous rappeler de ce dernier. Après quinze secondes, vous vous en souviendrez. Au bout de cinq minutes, vous l’aurez totalement oublié ;
  • La mémoire à long terme, elle, permet de retenir à vie des informations qu’on apprend progressivement, ou chargées d’émotions. Vos périodes de moments intenses, comme votre première fois. La mémoire à long terme a plusieurs couches. Ainsi, l’apprentissage forcé d’enseignements peut subsister pendant quelques jours, avant de progressivement décroître. Et, de même, il existe certains enseignements que vous retiendrez à vie : manger en manipulant couteaux et fourchettes, par exemple, ou utiliser un vélo...



Ce que les différentes études menées, aussi bien par des recherches civiles que militaires, ont révélé, c’est qu’il n’existe pas, dans le cerveau, une zone spécifique pour la mémoire. J’aurais plutôt tendance à dire qu’il y en a une multitude. Les théories actuelles, réalisées à l’aide d’amnésiques, et confirmées suite à mes scanners réalisés sur l’Agent X..., estiment que la mémoire à long terme est répartie dans trois différentes zones du cerveau : le cerveau postérieur, le cervelet, et la moelle épinière.

Il apparaît que les blessures cérébrales reçues par l’Agent X... ont endommagé certaines de ses zones, et pas les autres. C’est assez difficile à expliquer en l’état, et je reviendrais là-dessus plus longuement dans la suite du rapport, mais je pense que les capacités cognitives et strictement cérébrales de l’Agent X... n’ont pas été altérées. Par ses capacités strictement cérébrales, j’entends tout ce qui, en quelque sorte, relèverait de la mémoire collective. L’Agent X... est ainsi capable de se rappeler précisément du contenu d’une encyclopédie, mais tous les traits de sa mémoire liés à ses goûts, ses envies, ses désirs, ont été effacées. Au vu de mes analyses, il est encore trop tôt pour me prononcer, mais je pense que l’Agent X... n’a jamais du avoir une véritable vie. Ce n’est qu’une arme de combat. La manière dont elle s’est comportée durant les entretiens, et sur les enregistrements, le confirme.

Par ailleurs, sa mémoire à court terme est extrêmement efficace. Je pense que ceux qui l’ont formé ont du réaliser des opérations chirurgicales pour améliorer son hippocampe. Il faudrait des scanners plus poussés pour le réaliser. L’hippocampe est un élément du cerveau qui sert de relais entre les différents types de mémoires du cerveau, et j’ai pu constater que l’Agent X... était pleinement capable de mémoriser rapidement de grandes informations. Ses séances d’entraînement en arts martiaux révèlent en elle une véritable tueuse, qui ne gaspille jamais ses ressources. C’est proprement fascinant.

(Coupe du cerveau)


(p. 43)

Au travers de mes entrevues, j’ai pu établir un profil psychologique de l’Agent X..., ce qui rentrait dans mes attributions.

Cette femme est extrêmement curieuse à l’égard du monde, ce qui est d’autant plus troublant que ses connaissances historiques et politiques sont sûrement meilleures que les miennes. Il est assez difficile de le comprendre, mais, si l’Agent X... est capable de résumer en détail les apports du chief justice John Marshall, et d’analyser la portée de l’arrêt Marbury vs Madison, elle est en revanche incapable de prendre un choix. J’ai pu le constater lors d’une discussion rapportée en annexe, sur le choix du régime idéal, entre la démocratie ou la dictature. L’Agent X... est capable de mobiliser ses connaissances, mais a bien du mal à prendre des décisions. De même, elle peine à comprendre l’art. Je lui ai présenté différents types de peintures, répondant à différents genres artistiques, et elle a été incapable de me dire ce qu’elle en pensait. J’ai obtenu de meilleurs résultats en lui faisant écouter de la musique, là encore, à travers différents genres, mais ça relevait plus de la curiosité et du divertissement que du véritable art. Tout ceci ne fait que confirmer ce que je pensais : cette femme a été éduquée pour être une arme, et pour éprouver le moins de pensées possibles. Je ne pense pas que ses dommages cérébraux aient altéré le fonctionnement de son esprit, mais plutôt qu’ils ont contribué à briser son conditionnement.

Sa curiosité se couple avec une certaine forme de sympathie. Elle n’est pas agressive, mais essaie surtout d’en savoir plus sur son passé. Elle est ainsi très volontariste, mais j’ai pu noter qu’elle avait une forte tendance à la soumission... Au sens militaire du terme. Donnez-lui un ordre, et elle aura tendance à obéir instinctivement, ce qui, je le pense, est une autre conséquence de son conditionnement. Elle est instinctivement persuadée que le donneur d’ordres a forcément raison, et que les États sont là pour défendre l’ordre et l’intérêt général. Un point de vue simpliste, j’en conviens, mais ce n’est qu’une opinion personnelle.

Paradoxalement, j’ai aussi noté une certaine forme d’infantilisation... Ce qui, en y réfléchissant bien, n’est en réalité que la conséquence logique de tout ce qui a été vu lors de mes observations. Je pense que, face à un choix particulièrement émotif, comme choisir entre ses ordres ou un homme qui a toute sa confiance, l’Agent X... hésitera.

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