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Sujets - Winnifer Ocherbraids

Pages: [1]
1
Cœurderoche / ... And I'll run faster. [Léano & co]
« le: samedi 16 février 2013, 23:26:27 »
(continuation de ce topic)

Quand le jour fut clair et que les sabots des montures cessèrent de claquer contre la terre, Winnie se réveilla aussi brutalement que si quelqu'un l'avait poussé dans le vide.

Elle savait pertinemment qu'il ne lui aurait été pas permis de s'assoupir : elle était censé surveiller sa nouvelle compagne. Heureusement, celle-ci était encore là, sa respiration régulière dans son calme sommeil indiquant qu'elle était toujours en vie. Mais cela ne voulait pas dire que sa santé était meilleure.
La rousse réveilla son compagnon qui s'était plus vite assoupie qu'elle, puis secoua plus doucement Evershy, toujours assoupie sur le sol dur de la charrette.


- On est arrivés, déclara-elle simplement. Blacksmith, tu l'aides à se lever, s'il te plaît ?

Un grognement pour toute réponse. Mais le nain finit quand même, après un léger coup de pied, à se lever et à prendre l'ange dans ses bras, avant de sauter hors du moyen de transport. Il lâcha la jeune femme une fois qu'ils furent à terre, s'inclina en rougissant et trottina vers ses aînés en leur tournant le dos.

Volgrim s'était avancé vers eux, et s'arrêtant devant la demoiselle, il hocha légèrement la tête en signe de bonjour. Pas aussi démonstratif que le cadet de la troupe, il s'adressa cependant cette fois ci avec du respect envers Evershy. Personne n'aurait pu dire si la démonstration de la veille lui inspirait ce même respect, ou si c'était par crainte que cette femme ait des pouvoirs magiques qui pourraient leur nuire. Mais il y avait fort à parier que c'était le chant de la déchue qui provoquait ce changement de comportement. Rien d'autre n'aurait pu le faire, de toutes façons, vu que le reste du temps avait été passé par la céleste à dormir à poings fermés. Il était plus de midi, Evershy dormait depuis plus de six jours : le voyage avait été long. Mais de là où ils étaient, le soleil ne se montrait pas : impossible de dire quelle heure il était, sans le matériel adéquat.


- Je suis navrée que vos projets aient été avortés par notre voyage, déclara-il d'une voix cassée par l'âge, mais nous devions passer par ici pour nous recueillir notre prochaine commande, et nous n'avons pas croisé de guérisseur sur notre chemin.

Pas de guérisseur assez bon marché pour lui, voulait-il dire. Mais il aurait été délicat de l'avouer.

- Quoiqu'il en soit, vous repartirez avec nous une fois les formalités remplies et vous serez sous la surveillance de Winnifer jusqu'à notre départ. En attendant, bienvenue à Cœurderoche, Ma Dame.


Limuludar, l'une des cités principales de Cœurderoche s'étendait donc devant eux, moins à pertes de vues qu'à pertes d'étages, car elle était en effet bâtie plus en profondeur qu'en longueur - comme la plupart des villes minières. Ses constructions n'étaient pas particulièrement modestes : les nains étaient fiers de leurs ponts gravés, et surtout de la lumière magique qui sortait des profondeurs, assurant chaleur et protégeant de l'obscurité. Par ailleurs, quand le crachin de Cœurderoche parvenait à traverser l'épaisseur des grottes, il se changeait en pépites d'or au contact de cette même lumière. Les habitants de la cité avait parfois le plaisir de se réveiller le matin, et de découvrir des monceaux lumineux au pas de leur porte, après un fort orage dans l'entre-deux Mondes.
Le désavantage majeur, c'était que de cette forte lumière jaillissait régulièrement des monstres de légendes, et elle en attirait certains aussi. Les attaques étaient fréquentes, les destructions également. Finalement, les bénéfices des pluies d'or étaient surtout utilisés dans la reconstruction et le nettoyage des dégâts, ainsi que le budget de l'armée. Ce qui faisait qu'au lieu de s'enrichir, la ville gardait une économie régulière et ne pouvait se passer de commerce avec l'extérieur, comme celui qu'assurait la troupe de la jeune naine.
Winnifer avait passé son enfance dans cette cité : elle n'avait pas été la dernière à traîner les pépites d'or dans son tablier, en étant toute petite. Revenir dans cette ville, c'était remuer les souvenirs et la nostalgie. Mais elle avait choisi cette vie, et ne le regrettait pas. Au-delà de son désir de s'enrichir, elle avait aussi découvert le plaisir du voyage au cours de ces quelques mois d'aventures, et l'adrénaline de la bataille la transfigurait assez pour vouloir rester au-dessus.

La compagnie s'avança dans le centre de la ville en traversant un long pont de bois brun. Evershy ne passait pas inaperçu au fur et à mesure qu'ils avançaient dans les fondations en colimaçon, vers l'entrepôt de marchandises où ils allaient chercher les prochains biens à acheminer vers la surface. Elle était bien plus grande que la population d'ici, constituée bien sûr uniquement de nains. Ceux-ci la regardaient avec surprise, n'étant pas habitués aux étrangers dans leurs rues. S'ajoutait à cela le fait qu'elle ait des ailes... enfin, une seule. Et c'était bien encore plus surprenant, en plus du fait que cette même aile soit bandée. Glasmond avait tenté de soigner la blessure pendant le sommeil de la jeune femme durant leur voyage, mais les dégâts n'avaient été que partiellement réparés : il fallait montrer la plaie à un bon guérisseur.
Autre chose : Evershy n'était pas beaucoup habillée. La couverture qu'on avait placé sur elle pendant son sommeil tenait toujours sur son dos, mais ses vêtements déchirés ne laissait plus beaucoup de places à l'imagination, et les mâles qu'ils croisaient détournaient la tête, pudique et trop fiers pour se laisser aller devant une étrangère.

Passés l'entrepôt, ils se séparèrent avec obligation de se retrouver dans sept jours devant les portes de la ville. Winnie se retrouvait donc avec une semaine de congé. Habituellement, elle passait ses journées libres à bricoler et à aller embêter ses sœurs dans leur magasin en leur parlant de ses aventures. Mais pour cette fois-ci, il lui faudrait s'occuper de Evershy, ce qui remplirait probablement ses journées. Par ailleurs, elle avait un projet dont il fallait qu'elle lui parle, en espérant son accord, car elle en faisait partie.

La naine fit un sourire rassurant à l'ange lorsqu'elle se retrouvèrent toute seule. Elles s'avancèrent dans les rues de la ville, Winnie tenant la déchue par le poignet pour la faire avancer, sans trop la brusquer. Il était un peu plus de midi, et un bon repas les attendait à la maison familiale, en espérant que Evershy ne craigne pas trop la famille Ocherbraids.


- Je crois qu'on ne s'est pas présenté, au fait ? Moi, c'est Winnifer. Tu les as peut-être vu m'appeller Winnie, mais c'est bien parce que je ne peux pas les en empêcher.

En gros, il valait mieux éviter. Elle ne serait pas capable de s'en prendre à quelqu'un si on l'appelait comme ça, mais devant ses sœurs, ce serait un peu humiliant à ses yeux... déjà que celles-ci n'étaient pas capables de comprendre qu'elle avait grandi... enfin, au sens figuré du terme...

2
Ville-Etat de Nexus / She'll fly higher [Léona & Co]
« le: dimanche 20 janvier 2013, 22:41:59 »
Winnifer n'aimait pas particulièrement Nexus.

Rien ne se valait dans cette ville qui se prétendait moderne et agréable à vivre. L'esclavagisme ne l'avait pas choquée plus que ça - ils en avaient même déjà tiré quelques pièces d'or, parce qu'un marché juteux était un marché juteux. Sans aller dans le sens des tyrans qui martyrisaient ces pauvres créatures, personne ne prétendait avoir plus de valeur qu'un terranide dans la compagnie. De toutes façons il n'y en avait pas de par chez eux, et l'opinion du peuple nain était donc très floue à ce sujet. Il n'y avait que l'idée de valeur marchande qui s'insérait dans leurs têtes, et le fait que les gens de la surface se débrouillaient très bien sans leur aide.
Là où ça coinçait plus, c'était que l'on puisse considérer aussi un de leur espèce comme un produit bon pour aller derrière les barreaux et mordiller le cuir de son collier. Apparemment, les habitants de cette ville vivait avec l'idée que tout le monde était à vendre, que l'un pouvait tôt ou tard devenir la possession de l'autre. Winnie s'y connaissait bien, en marché. Et elle savait que sa valeur n'était pas calculable en pièces d'or sonnantes et trébuchantes.
Ça ferait longtemps qu'elle se serait vendue elle-même, sinon.
Enfin... non. Elle n'était pas pingre à ce point.

Par contre, Nexus faisait fort en matière d'alcool et de nourriture. A l'auberge du Coucher de Lune, ils avaient si bien dînés que la peau du ventre de la demoiselle lui semblait assez lisse pour glisser dessus. Ils s'étaient fait plaisir, en tentant d'oublier que c'était grâce à une femme aux grandes oreilles que ces gourmandises envahissaient la table de bois. La rousse avait eu beau tenté, la vision de cette créature frêle ne s'était envolé qu'au bout de la cinquième pinte. Mais enfin, enfin, elle avait pu sortir de sa tête ce regard vide et mort, et pourtant empreint d'une supplication muette.


- Hé, hé, j'suis presque plus bourré ! Hé ! Winnie !
- C'est super, Blacksmith. Hé, regarde où tu vas, ho !..
- Oups, désolé...

Elle avait évité une poutre de bois d'un toit de justesse, tandis que son camarade nain la portait sur ses épaules. Ils étaient comme ça depuis une demi-heure, se baladant dans les rues presque vides de la ville, ne s'éloignant pas trop du quartier pour éviter de se perdre.
La terre était ronde, cela dit...
La deuxième tentative de course de l'homme fit échouer la tête de Winnifer dans un arbuste suspendu à une autre poutre du toit, lui faisant bouffer de la verdure pour plus de deux mois.


- ... Tu l'as fait exprès, connard ?
- Mais noooon.
- T'es sûr ?

Il réprima un hoquet pour toute autre réponse, et Winnie soupira en regardant les étoiles. Son menton entre ses mains, ses coudes sur le crâne casqué de Blacksmith, elle observait les toits qu'en temps normal, sa petite taille ne lui permettait pas de voir. Ainsi emboîtés, ils atteignaient à eux deux la stature d'un humain classique, et c'était étrange de pouvoir se placer de leur point de vue. Finalement, tout ce que Winnifer finit par se dire, c'est qu'elle ne loupait pas grand-chose de son véritable angle de vision. Peut-être se prenaient-elle à peine un peu plus de poussière...

Mais en même temps, s'ils n'avaient pas décidés de s'amuser à jouer les humains, la naine n'aurait jamais aperçu l'éclat brillant de la sphère coloré, sur une des paillasses d'un toit voisin. Et toute cette histoire se serait transformé en banale soirée de beuverie.

Ses yeux scintillèrent d'un autre éclat que celui de l'objet non identifié : même en étant à moitié ivre, elle savait reconnaître la valeur quand elle la voyait. Ses talons heurtèrent la poitrine de son coéquipier qui grogna de douleur et leva la tête pour la regarder.


- T'es pas bien ou quoi ? T'as-
- Avance par là.
- Par où ? Là-bas ?
- Non, par ! Par ici- bordel, mais HO ! Regarde mon doigt ! Voilà, par là.

Ce n'était pas facile de considérer une direction quand on était éméché, et Blacksmith l'était un tout petit peu plus que sa camarade. Mais il reconnut tout de même aussi l'éclat brillant. Ses yeux s'ouvrirent en grand, et cette fois-ci, il ne se trompa pas de direction.

Les petites mains gantés de la naine s'avancèrent dans l'air, avides et ravies. Mais le bijou semblait encore trop haut pour elle, et elle poussa un juron. Sitôt cela fait, ses doigts ne prirent plus l'air, mais le bois de la poutre qui retenait la maison, dans l'espoir de faire bouger un peu le toit. Cela fonctionna mieux que prévu : le bâtiment devait être assez vieux pour se permettre de branlebaquer de la sorte (oui, son esprit embrumé ne trouvait pas d'autre mot).
La pierre précieuse finit par glisser, auparavant coincée entre deux paquets de paille qui composaient les tuiles du toit. Les deux nains la regardèrent plonger dans une course effrénée, se demandant ce qu'il en était vraiment. Blacksmith pariait pour du diamant, Winnifer aurait juré voir du saphir. La pensée qu'une pierre précieuse posée gentiment sur un simple toit crotteux pouvait être suspecte ne vint pas dans leur esprits. Quand on était bourré, on se laissait aller dans les plus simples chimères... et accessoirement, on devenait aussi très con.

Le butin finit par rouler contre la fin de la paille, et chuter dans l'air. Winnifer tendit les mains pour le rattraper, mais un paramètre vint flouter ses calculs déjà assez médiocres - ses bras étaient tendus dans l'angle opposé.
La pierre précieuse brillait : certes. Mais depuis quand une pierre précieuse était... ronde ?

Les deux nains couinèrent en voyant l'objet de leurs désirs approcher le sol, et finalement se briser sous leurs yeux, déclenchant une bourrasque de fumée multicolore qui leur envoya de la poussière dans les yeux : ils tombèrent en arrière et se séparèrent sous le choc. Le souffle coupé, Winnifer se releva tout de même en même temps que son complice. Le nuage de fumée qui les enveloppait les faisaient tousser à s'en arracher les poumons.


- Qu'est-ce que c'est que ce bordel, encore ?!

La voix rauque de Glasmond les firent sursauter et presque sortir de leur ivresse. Quand le robuste nain de trente ans leurs aînés employait ce ton à la limite du démoniaque, ça entraînait ensuite une engueulade sévère pour eux deux, qui étaient après tout les plus jeunes recrues de la compagnie. Et donc, selon l'avis général, les plus enclins à faire des conneries.

Mais l'engueulade ne suivit pas. A la place, Glasmond restait planté à l'entrée de la rue, les yeux écarquillés devant la vision qui s'offrait à lui. Ce qui était sorti de la sphère était en plein dans son champ de vision. Winnifer et Blacksmith, eux, avaient préféré tourner la tête pour le regarder, et n'avaient donc pas encore aperçu le sujet principal de leur prochaine aventure...

3
Les landes dévastées / Holy Crom ! [Krull]
« le: dimanche 13 janvier 2013, 19:55:16 »
Winnifer déglutit bruyamment, en observant le ciel bardé de nuages noirs. L'atmosphère pesante du lieu régnait même à quelques kilomètres du champ de bataille, et suffisait à ôter toute idée de délire, pourtant constante dans l'esprit de la joyeuse rousse. Il ne restait plus beaucoup de temps avant que le silence glauque du paysage ne soit remplacé par des hurlements guerriers.
Les Nains ne participeraient pas à la bataille. Ils y prendrait pourtant part dans un sens, en témoignait les cliquetis du fer s'entrechoquant dans la charrette qui terminait leur cortège. En tant que fournisseur, il aurait été peu sage de ne serait-ce qu'assister à la bataille, et encore moins de se rapprocher : s'aurait été se trahir aux yeux de ceux qu'ils ne fournissaient pas, même si ceux-ci n'étaient pas encore là. Le côté de la plaine aride d'où ils devaient surgir dans moins d'une heure était vide de toute vie.

Ainsi, le cortège attendait que la troupe des barbares du Nord arrivent vers eux. Volgrim, le plus vieux et de ce fait leur chef auto-proclamé, avait depuis longtemps fait un signe aux conquérants avec sa lourde hache pour qu'ils s'approchent, ce qui avait fonctionné. Winnifer, quant à elle, ne pouvait pas dire qu'elle se sentait très à l'aise au milieu de ce marché, mais elle était celle qui avait modifié et retapé les armes dans la commande des barbares, et elle devait donc se présenter à eux pour leur expliquer leur fonctionnement. De plus, abandonner sa compagnie alors que ça faisait plus de six mois qu'elle les suivait partout aurait été dans son esprit comme quelque chose de semblable à une trahison. Elle n'était pas lâche à ce point.

Bien sûr, tous les barbares n'avaient pas bougé pour les rejoindre. Pendant que l'armée se préparait à l'assaut, leur commandant s'était rapproché, entouré d'un peu de protection et de main d’œuvre pour récupérer ce qu'ils avaient demandé.
Une fois qu'ils furent assez prés, Volgrim se rapprocha et serra la main au chef de clan barbare. C'était après tout le plus diplomatique de la troupe, et accessoirement le plus grand. Les deux supérieurs se saluèrent, entamèrent la conversation pour être sûr de la commande et du montant qui en résultait.


« - Nous avons emmené avec nous notre ingénieur pour vous expliquer le fonctionnement des armes proposées, grogna le vieux nain en jetant un coup d'œil derrière lui. Elle va tenter de faire vite et simple. Winnifer ? »

Il avait pris garde de ne pas couper le prénom de sa camarade pour en faire quelque chose de sérieux. Déjà, dés que les barbares avaient compris avoir affaire à une femme, un léger murmure s'était élevé dans le rang.
Winnie était elle-même un peu plus grande que ses compagnons, mais elle ne pouvait pas échapper à l'image qu'on se faisait sans doute de sa personne, avec ses couettes rousses et ses grands yeux bleus. Mais personne ne fit de commentaire, et elle en profita pour se rapprocher de Krull, et lever une main pour inciter le barbare à la lui serrer.

4
Les landes dévastées / Photosynthèse [Rahemar]
« le: dimanche 06 janvier 2013, 03:10:26 »
- J'ai un caillou dans ma botte !

Telle avait été l'excuse ultime de Winnifer, face à une compagnie d'hommes qui marchaient depuis quatre jours et demie sans jamais s'arrêter. Tous les Nains se retournèrent vers celle qui, il y a deux jours, bondissait en avant du groupe pour ouvrir la marche, dont l'entrain était tellement saisissable qu'il en était fatiguant. Mais il faut croire que même les cœurs les plus vaillants avaient leurs limites.

- On n'a pas le temps pour tes histoires, Winnie, la réprimanda Volgrim, le plus ancien de leur troupe, et donc choisi chef par déduction pure et simple. Les tours d'Ashnard ne sont même pas encore visibles dans le paysage.
- Peut-être que ça aiderait si les arbres de cette maudite forêt ne nous cachait pas la vue ? siffla la rousse.

Elle adressa un regard mauvais à la végétation tout autour d'eux, comme si c'était les buissons qui étaient responsables de son manque d'énergie latent. Il paraitrait que rien ne pousse dans les terres sauvages ? Bien sûr, et son cul était en mithril pur, aussi... cette saleté d'herbe réussissait toujours à se frayer un chemin quelque part...
Volgrim lui adressa un regard dur, en dessous de ses sourcils blancs, et même avec la barbe qui lui mangeait les trois quart du visage, elle pouvait détecter la grimace de désapprobation qui se traçait en dessous. Il traitait toujours Winnifer un peu durement - en tant que nouvelle membre, et aussi en tant que plus jeune, mais c'était sa manière de lui apprendre les ficelles de l'aventure. Elle n'était après tout que novice dans le domaine. Six mois de voyage d'expérience, ce n'était pas grand-chose.


- J'aime pas les arbres, se plaignit la jeune femme en enlevant sa botte, on n'aurait jamais dû passer par là, imaginez qu'on croise des elfes !..
- Des elfes dans les landes dévastées ? Il y a peu de chances, ma petite.
- 'M'appelle pas comme ça !
- Tu n'as pas à me dire ce que je dois faire de toi ou pas. Et si tu as l'intention de rester là, nous n'avons pas l'intention de t'attendre.

La naine maugréa un instant, avant de secouer sa chaussure et de la remettre, massant un instant son petit pied meurtri. Elle ne comptait pas passer pour une pleurnicharde aux yeux de toute la troupe : Cranneg la charriait déjà bien assez comme ça, dés qu'elle avait, comme il disait, "un pet de travers"... elle le voyait d'ailleurs en tête de file, remettre sa hache sur son dos en lui adressant un sourire goguenard. Elle aurait aimé lui lancer une réplique cinglante... ou sa hache dans la tête, tiens.
Le temps de recharger son matériel sur son dos, la compagnie s'était déjà avancée de quelques mètres. Winnie s'avanca d'un pas vif pour les rattraper, sans avoir une seule idée de ce qui l'attendait.

Quelqu'un avait déjà mentionné que le sol était particulièrement friable dans cette zone, et elle n'avait pas spécialement écouté, trop occupée à se chamailler avec Cranneg en début de matinée. Or, s'aurait été un détail supplémentaire à retenir : dans la situation qui suivit, la jeune femme n'eut en effet pas de réflexes particuliers, ce qui aurait pourtant été bien utile.
Le sol était friable, en effet. En cause, justement, la végétation alentours, qui était gourmande et pompait les ressources de la terre jusqu'à la rendre infertile, faible. Assez faible pour ne pas supporter le poids de dix nains et de leur équipement, et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ceux-ci s'enlisèrent dans un gravier terreux. Un grand bruit retentit, et quand le nuage de poussière se fut évaporé, il ne restait de la scène qu'un grand trou béant, que la troupe avait formé et où elle était désormais prisonnière.

Les yeux de la petite rousse s'ouvrirent en grand, et son cœur manqua un battement. Elle se précipita sur le reste de la terre solide pour regarder au fond du trou, mais déjà le sol se dérobait sous ses pieds. Son instinct lui clama de reculer, et elle se contenta d'appeler les siens.


- Volgrim ? VOLGRIM ?! hurla-elle.

Le timbre de sa voix était plus aiguë qu'elle ne l'aurait souhaité, et c'est une tendance qui s'accentua quand personne ne lui répondit. Des gémissements parvinrent au bout d'un moment, et Winnifer reconnut vaguement la voix de son chef qui hurlait des phrases incompréhensibles. Elle essaya de se rapprocher, trouva finalement un lopin de terre qui semblait plus solide, et regarda en bas.
Il s'était creusé un trou profond, aux murs tapissés d'énormes racines. La naine ne put s'empêcher de se demander à quoi se nourrissaient ces arbres. Mais en y repensant... elle n'était pas spécialiste (dieu merci), mais des arbres qui poussaient dans un endroit si particulier, ça ne devait pas se nourrir que de minéraux...

Elle ne voyait pas ses compagnons.

La terre se fissurait de nouveau, et Winnie s'écarta une fois de plus. Tout était allé trop vite, et maintenant, elle ne savait plus trop quoi faire.
Sauter dans le trou était exclu : elle ne savait pas combien de mètres il pouvait faire. Cependant, si elle parvenait à entendre la voix de Volgrim, ça voulait dire qu'il n'était pas mort sur le coup, et que donc, une chute ne serait pas mortelle. Elle pourrait toujours planter sa hache dans la terre des murs pendant sa chute, si celle-ci durait trop longtemps.

Au moment où elle finissait par se décider et que son corps se soulevait pour sauter, quelqu'un l'attrapa par les cheveux, par derrière. Sa silhouette resta en suspension dans le vide, et elle poussa un gémissement.

5
FICHE TECHNIQUE
(ou comment annoncer la couleur sans trop se casser la tête)

- Caractéristiques physiques :
♦ Poids (avec équipement) : 158 kilos
♦ Poids (brut) : 27 kilos
♦ Taille : 131 centimètres
♦ Résistance classique de la race des Nains face à la douleur, la faim ou l'épuisement (elle est double, voire triple, par rapport à un humain de base)
♦ Force notable (Winnie peut aisément soulever sa hache de cent-trente kilos et porter son équipement sans s’essouffler)

- Inventaire :
♦ Au niveau des armes :
* Une hache de fer forgé, d'environ 2 mètre trente et cent-trente kilos (arme habituelle)
* Un marteau de bois noir, résistant et solide (renforcé par une "croûte" de métal qui l'enrobe et le protège)
* Une petite dague en cas d'urgence
* Si le temps le lui permet, Winnie fabrique également une sorte de "mecha" dont elle seule a le brevet et qui sont capables d'attaquer et de défendre une zone précise

♦ Pour l'équipement :
* Une armure de base abîmée par les combats
* Une boîte à outils pour les interventions mécaniques
* Un sac de cuir avec le juste nécessaire à l'intérieur (apparentez ça à un... sac à main, si vous voulez. Mais ne venez pas pleurer après, hein...)
* Trésorerie : De nombreux joyeux de toutes sortes dont la valeur finale combinée donne 8500 pièces d'or

TRAMES
(Ou comment, après la forme, on entame le fond)

Concernant la classification de mes trames, je les trie selon le caractère de mon personnage, pour que ce soit plus simple.

> Ainsi, si vous souhaitez RP avec une Winnifer en pleine forme, prête à se lancer dans la bagarre (la Winnie habituelle, quoi)... les situations sont multiples !
♦ Vous la provoquez en duel (et vous vous retrouvez avec une troupe de Nains sur le dos en moins de deux secondes), ou vous tendez un piège à la compagnie sur leur chemin, les attaquez pour leur voler ce qu'ils ont... bref, vous aimez la baston, et ça tombe bien parce que Winnie aussi !
♦ Vous pouvez aussi rencontrer nos amis Nains dans une taverne, et finir la soirée avec eux... si vous préférez profiter de la convivialité d'une soirée arrosée !

> Une autre facette de ma perso serait sans doute la Winnie qui a pris une ou deux chopes de bières en trop. Quand elle est bourrée, ça peut devenir une autre personne selon qui est en face d'elle. En général, on a droit à une petite Naine câline et adorable, peut-être même un peu trop d'ailleurs... ou à une vraie boule de nerfs qui dit et fait n'importe quoi.
♦ Elle peut s'être trompée de chambre dans son ivresse, et se glisser dans votre lit sans que vous ayez un mot à redire...
♦ A l'inverse, profiter d'elle s'avère beaucoup plus simple quand elle est dans cet état-là. Ça devient une sacrée loque pendant la descente, et les possibilités deviennent illimitées !
♦ Si vous êtes un Dieu/une Déesse ou autre machin capable de faire des prouesses visuelles, elle tentera sans doute de vous attaquer en se croyant sujette aux hallucinations. Prenez garde !

> On a aussi un choix plus sérieux qui est celui de la Winnifer soumise et sans protection. En effet, elle a beau être forte pour quelqu'un de sa race ou de sa taille, sans ses armes et ses compagnons pour veiller sur elle, on se retrouve bien vite face à une inoffensive créature (même si ça me fait mal de dire ça é_è). Il est plus aisée de constater combien elle est adorable sans toute cette ferraille dans les bras et sur le dos.
♦ Vous pouvez la kidnapper pendant qu'elle cuve ses chopes de la veille, mettre ses armes et ses amis hors de portée en l'emmenant dans un endroit lointain, où elle ne pourra pas se repérer. Et en faire ce que vous voulez.
♦ Une fois dans une cage, il deviendra facile d'en tirer quelques pièces d'or pour un marchand d'esclaves assez malin pour la priver de ses défenses.
♦ Si vous êtes loyal, tabassez-la pendant un combat. Je ne garantis pas l'efficacité de cette solution, toutefois...

> Autre option : la Winnie qui marchande. Un Nain reste un Nain. C'est assez clair, je pense.
♦ Ses inventions pourraient vous intéresser.
♦ A l'inverse, elle pourrait très bien apprendre de vous, si vous êtes un mécanicien aguéri.

> Enfin, une autre solution reste celle de la Winnifer en période d'amûûr. On a tous nos désirs et nos fantasmes, et notre petite rousse n'est pas une exception à la règle, même si elle cache bien son jeu.
♦ Ce n'est pas spécifié dans le background de son histoire, mais Winnie a un sérieux faible pour les Elfes, les femmes en particulier, avec lesquelles elle a déjà flirté de nombreuses fois et même eu une histoire presque sérieuse. Bien sûr, ce n'est pas avouable quand on est ce qu'elle est et vous devrez faire de multiples efforts pour lui faire cracher le morceau...
♦ Bien sûr, il n'y a pas que les Elfes qui sont sexy dans la vie, alors montrez-moi un peu ces miches \o/ ne soyez pas timides et affirmez-vous si quelque chose dans cette adorable rousse vous intéresse ;) !

Il y a bien sûr possibilité de mélanger les trames, d'en ajouter, d'en modifier... et d'avoir votre avis sur la question.
Je vous attends de pied ferme ;] !

6
Prélude / Winnifer Ocherbraids [Valinanisée !]
« le: jeudi 03 janvier 2013, 02:21:20 »
Page 1

Citer
« On connait la race des Nains comme celles d'un peuple plus petit que la moyenne, avec d'imposantes barbes et des pioches sur leurs dos. Un peuple souterrain, qui ne s'intéresse que très peu aux personnes de la surface. Beaucoup a déjà été dit sur eux, c'est pourquoi je n'approfondirais pas à ce sujet, car ce n'est pas là le principal de ce chapitre de mon bestiaire. J'aimerais davantage vous en dire plus sur les femelles nains, ou Naines, puisque l'on ne parle pas que très peu d'elles, au point que l'on se demande si leur existence n'est pas juste fable ou confusion... »

Il bloquait sur ce paragraphe depuis plusieurs jours, et rien ne pouvait faire venir l'inspiration. Rien d'étonnant : quelles autres informations aurait-il pu trouver, dans son village perdu au milieu des forêts de l'Ouest de Terra ? Bien que la situation du lieu se soit amélioré depuis quelques temps.

En effet, s'il y avait quelque chose qui soit assez connu à la taverne de cette petite cité, c'était bien la population qui y passait régulièrement.

C'était pourtant une ville d'humains ordinaire, sans aucune attraction valable pour attirer les touristes. Mais au fil des années, elle était devenue une étape obligatoire pour traverser la frontière du pays et passer du côté de la mer, et les voyageurs s'étaient accumulés sur les routes, foulant la terre battue de leurs grosses bottes de cuir.
Ça n'était pas pour déplaire au patron de l'unique taverne de cette toute petite bourgade, qui n'avait jamais autant fait tourner la boutique depuis vingt-cinq ans. Et ce n'était pas non plus pour déplaire à son plus jeune fils, qui avait toujours voulu commencer un long et fascinant bestiaire sur les créatures qui peuplaient le sol de Terra depuis sa création.

Le jeune homme avait débuté une introduction commentant les différentes hypothèses concernant la création de Terra – la plus réaliste, soit celle qui incluait Aphrodite, n'ayant bien sûr pas été abordé du tout. Il avait ensuite pris le coup pour compléter le reste des pages : faire le tour de la taverne en interpellant les voyageurs et en leur demandant maints détails sur leurs voyages et sur eux-mêmes. La plupart répondait avec chaleur, et il avait donc pu récolter de nombreuses informations sur les terranides, les soldats, les E.S.P.er et même certains lunatiques qui s'étaient prétendus Dieux... toutes ces informations avaient été soigneusement consignés, en attente du projet que cet humain avait en tête : publier son bestiaire et en entasser les exemplaires dans les bibliothèques de Terra.
Mais pour l'instant, malgré un bon coup de plume et les langues débridés par l'alcool des clients de la taverne, il manquait certains points à cet ouvrage pour qu'il soit parfait, et le jeune homme ne savait comment les remplir.

Il avait mis dés le début un point d'honneur à parler des femelles des races qu'il commentait. On n'en voyait passer très peu dans l'établissement, mais les mâles avaient été enclins à discuter d'elles, à les décrire dans leurs apparences, leurs caractères et leurs habitudes de vie. Ça avait été un agréable sujet de discussion pour ces hommes à qui manquait souvent leurs femmes, et ceux qui n'en avait pas prenait quand même plaisir à s'en souvenir. C'était aussi, parfois, un franc moment de rigolade, quand les rares voyageuses présentes dans la pièce écoutaient et contredisaient les dires des hommes avec énergie.

L'adolescent n'avait eu aucun souci pour aborder les Hommes qui passaient. Il avait même réussi à approcher des Elfes, il y a quelques jours de cela.
Mais pour ce qui était des Nains... il se heurtait à une situation compliqué.
Son père lui avait dit dés le début qu'ils n'aimaient pas trop les gens de la surface. Les voyageurs bavards avaient confirmés cela, et finalement, le fils du tavernier n'avait pas osé approcher la troupe   attablée au fond de la pièce, prés de la cheminée, entourée d'une multitude de haches et de pioches scintillantes. Il les regardait souvent, assez souvent pour qu'ils le remarquent, et lui lancent des regards tantôt interloqués, tantôt amusés. Rien d'agressif en soi, mais quand il souhaitait enfin se lancer, il était découragé par le regard de son père vers les Nains.

Selon lui, la troupe des miniers devait rester pour une semaine, une longue étape avant un long voyage.
Au matin du quatrième jour, elle se leva de son tabouret pour venir vers lui.


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« - Hé, tu pourrais regarder si j'ai un trou, là ?

Le jeune homme, trop occupée dans la finalisation de ses parchemins, avait sursauté et failli renverser son verre, en entendant cette voix derrière son dos. En se retournant, il avait ouvert de grands yeux, qui s'étaient d'ailleurs automatiquement baissés pour atteindre la cible. Son regard avait rencontré de grands yeux aussi curieux que les siens.

- Heu... pardon ?
- Rien, répondit l'apparition en croisant les bras, c'est juste que tu nous regardes si souvent, que je me demande comment ça se fait que personne n'ait encore un trou dans le dos...

Il l'avait regardé bouché bée, sans rien dire, et elle avait soupiré, soulevant du même coup une mèche rousse de son front. Elle s'était ensuite installée sur un tabouret voisin.

- Bon, je conçois que c'était nul, comme tactique d'approche. Mais j'aurais juste voulu savoir pourquoi tu nous regardais sans arrêt – enfin, Volgrim voulait le savoir, il se sent épié depuis qu'on est arrivé et ça l'agace.
- Ah, je... je suis désolé, c'est juste que... mais je vais cesser de vous regarder, soyez rassurés...
- C'est pas ça qui va nous dire pourquoi tu nous observes depuis notre arrivée. Si on avait voulu que tu arrêtes simplement, on t'aurait regardé de travers et tu aurais fini, pas vrai ?

Le jeune garçon hocha la tête, pensivement. C'était vrai, mais il aurait manqué d'ego en l'admettant, et son père lui répétait sans cesse de savoir garder une certaine fierté, surtout devant une femme.

Bien qu'il remarquait depuis le début, que devant lui, ne se dressait pas une femme tout à fait ordinaire.

Bien sûr, il l'avait déjà vu, cette fille au milieu d'une bande d'hommes, tout aussi bruyante et assoiffée de bière qu'eux. Elle se trimballait tout comme eux cette armure qui avait l'air si lourde à côté de ses propres vêtements de paysan, et elle ne semblait jamais s'en rendre compte : selon lui, elle aurait tout aussi bien pu être toute nue. Sa chevelure aussi flamboyante que les barbes de ses confrères nains étincelait autant que les flammes de la cheminée toute proche : selon les jours, ils pouvaient être attachés en couettes cerclées de bandeaux d'argent, décorés d'une paire de lunettes de protection, ou même tressées en deux cercles pareils à des roues de feu de chaque côté de son crâne. Les femelles nains avaient leurs propres modes, sans doute.
Ce jour-là cela dit, il était très tôt, et sans doute n'avait-elle pas eu le temps d'enfiler sa côte de maille. A la place, elle se retrouvait avec de simples vêtements tout de même très peu féminins : un haut blanc sur lequel se superposait une veste de cuir, un serre-taille lui-même dans la même matière, un short dont les poches étaient remplis d'objets insolites – un tournevis, quelques écrous, des rouages qui dépassaient et scintillait sur le tissu... ainsi que des bottes et de longs et épais gants, également en cuir. L'ensemble n'accordait pas la prestance de l'habituelle armure chevaleresque, et laissait clairement voir que sans les épaulettes, mademoiselle la Naine était plutôt frêle, sans beaucoup de formes visibles sous le tissu. Rien à voir avec les dames aventurières qui passaient régulièrement et dont l'habit le plus long était la cape sur leurs épaules... mais malgré tout, la peau claire de cette habitante des sous-sols et ses grands yeux brillants de bon matin accordés à son joli minois n'en faisait pas du tout une laideronne. Elle semblait juste moins mature – ce qui ne voulait pas dire qu'elle l'était forcément.

Le jeune homme ne savait trop quoi répondre à la question sans paraître stupide, et la voyageuse n'insista pas.


- Passe nous voir à midi, quand tu seras un peu plus réveillé, d'accord ? Conclut-elle avec un sourire. Si je suis pas là, tu viens de la part de Winnifer.

Et sur ces mots, elle reprit la direction de l'escalier, sifflotant et perdant quelques rouages qu'il ramassa et garda dans l'attente de midi.

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Le tavernier n'en était pas revenu, au début.

Son plus jeune fils, le plus timide et le plus discret, qui allait s'asseoir au milieu de la bande la plus bruyante et ivrogne de toute sa clientèle, c'était assez peu orthodoxe. Mais le plus étonnant, ça avait sûrement été la réaction des Nains face à sa présence. Il ne l'avait pas envoyé promené, allant jusqu'à lui réserver un siège, à côté d'une de leurs semblables, une petite rousse mignonnette comme tout. Il s'était mêlé aux conversations qui tournaient souvent autour de lui, encouragé par la dite petite rousse, et avait bavardé et plaisanté avec ces étrangers.

Finalement, personne ne s'était posé plus de questions. Tant qu'ils ne lui offraient pas une bière – ça aurait totalement remis en cause le stéréotype du nain, il ne savait même pas s'il aurait laissé passé ça ! Mais en tout cas, il y avait fort à parier que c'était sûrement pour son livre qu'il avait approché ces fêtards, et de toutes façons, ceux-là l'avaient délaissé un peu plus tard dans la soirée pour aller danser avec le reste des clients, l'alcool aidant – parce qu'un nain, à la base, ça ne dansait plutôt qu'avec les siens. Ou ça ne dansait pas du tout, et vu ce que ça donnait au-delà de la théorie, ça valait sans doute mieux.

N'était donc resté à la table que son fils et la rousse, et ils avaient discuté toute la soirée durant.

La petite dame n'avait pas l'air désagréable, bien qu'en temps normal, il semblerait qu'elle ait plutôt un sale caractère. Les Nains lui en avait fait confidence, alors qu'ils venaient commander pour le repas du soir et que son fils et elle soient dehors pour chercher des métaux nécessaire pour son prochain projet. La jeune femme était, en effet, une grande mécanicienne – raison pour laquelle ils avaient accepté de l'embarquer avec eux. En effet, si l'on voyait rarement des naines hors de leurs contrées, c'était parce qu'elles n'avaient rien à faire ailleurs. Mais Winnifer n'avait pas du tout l'intention de passer sa vie aux crochets d'un époux qui l'abandonnerait tous les jours pour aller travailler à la mine. C'était une femme indépendante malgré son jeune âge (sans doute que pour un peuple avec plus de deux siècles d'espérance de vie, cinquante-quatre ans, c'était en effet assez juvénile). Winnifer renfermait une dextérité et une force rare pour quelqu'un de leur race, raison pour laquelle elle avait hérité du surnom de « Mains de cuir » parmi leurs semblables, parce qu'à force de travailler le fer, ses mains avaient fini par cesser de saigner et devenir aussi puissantes que celle d'un homme.
En plus d'être douée de ses mains, la jeune femme avait une attitude assez garçonne pour que l'on ne la remarque que très peu en tant que femelle, ce qui arrangeait franchement la troupe, qui, si elle se laissait aller sous l'effet de l'alcool et dans l'ambiance de la taverne, était en vérité de nature discrète, comme tous les Nains. Si cette fille avait pu se laisser pousser la barbe, avaient-ils confiés au tavernier en plaisantant, sans doute qu'elle l'aurait fait rien que pour perpétuer le mythe à sa manière.
Peu lui importait ce que l'on pensait d'elle : elle savait très bien qu'on ne pourrait jamais empêcher les gens de jaser, elle-même ne s'en privait pas – parce que l'on empêchait jamais une fille d'être une fille. Néanmoins, le lui déclamer en pleine face était pour la rousse l'équivalent d'une déclaration de guerre. On ne lui parlait de sa petite taille, de sa frimousse de gamine, ou du fait que son armure avait l'air quatre fois trop lourde pour sa stature frêle, parce que sinon on avait l'immense plaisir d'avoir une clé à molette qui nous détachait délicatement les yeux du fond de leurs orbites. Cette demoiselle n'avait de féminin que le fait d'être extrêmement susceptible.
Autrement, on n'aurait pu trouver une femme qui aimait plus la baston et l'alcool que Winnifer en personne. C'était quelqu'un énergique, plein de vitalité et de passion. Sans doute que si les humains avaient eu moins de préjugés à son égard, ils se seraient laissé charmer par ce caractère qui était loin d'être celui de la gamine qu'ils imaginaient voir au comptoir de la taverne.
La seule chose qui la faisait sortir du rang, c'était sa générosité célèbre. On n'en voyait pas trop la surface quand on était un Humain, mais quand on était un Nain, on constatait le contraste. Néanmoins, il ne valait mieux pas trop lui en parler, car Winnifer n'aimait pas sortir du rang et était fière d'être ce qu'elle était, c'est-à-dire une Naine, une représentante pure et dure de ce peuple si fier et arrogant, qui ne s'occupait jamais des gens de la surface.

Un dernier détail qui avait encore été flouté par les deux jeunes gens franchissant la porte de la taverne, des tas de bouts de ferraille dans les bras. La discussion s'était arrêté ici, et lorsque les Nains avaient taquiné leur confrère féminin sur le sujet, celle-ci avait rougi, aboyé deux ou trois répliques cinglantes, et grimpé rapidement l'escalier, son compagnon sur les talons.

La tavernier avait été heureux de cette interruption. Non pas parce que les Nains le fatiguait – il était toujours d'attaque pour une discussion avec les voyageurs, c'était aussi pour cela qu'il exerçait ce métier. Mais il ne savait pas s'il aurait été d'attaque pour une discussion sur les chances d'un mariage entre humains et nains – car ça se serait forcément incliné par là au bout d'un moment. Il se faisait un peu trop vieux pour supporter autant d'excentricité dans une notion aussi sacrée que cette union-là, et ne préférait même pas y penser, en fin de compte.


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Que le vieux commerçant se rassure néanmoins : les Nains n'étaient pas prés de lui faire la causette au niveau matrimonial. Ils évitaient de parler de ce qu'ils ne connaissaient pas, et aux dernières nouvelles, seul leur chef partageait sa vie avec une femme. Celle-ci n'était d'ailleurs pas forcément heureuse que son homme parcourt les terres en la délaissant si souvent. Leur couple était en lui-même une leçon de vie pour le reste de la troupe : on ne pouvait concilier mariage et aventure sans que cela tourne au drame.

A cinquante-quatre ans, l'équivalent de vingt-sept ans en années humaines, Winnifer avait largement le temps pour trouver quelqu'un avec qui partager sa couche – avec deux siècles d'espérance de vie, on remettait souvent à plus tard les choses les plus importantes. Néanmoins, tout le monde dans la troupe se doutait bien que celui qui réussirait à conquérir le cœur de leur petite combattante n'était pas encore sorti de la roche, comme on disait de par chez eux, et sans doute que cela prendrait encore un certain temps.

Ses trois sœurs, elles, étaient pourtant toutes casées. De braves filles, qui s'étaient soudées dés le début pour faire tourner la boutique, quand leurs pauvres parents avaient cassés leur pipes !  Beaucoup se demandait qu'est-ce qui pouvait pousser leur entêtée de petite sœur à s'écarter d'une situation aussi bénéfique.


- Quand on est un nain, répondait alors la concernée, on ne s'amuse pas à rester derrière un comptoir quand on peut aller travailler à la mine et gagner son pain comme tout le monde. Les commerçants, chez moi, c'est soit des femmes, soit des empotés. Et puis, vendre des chaussettes ? Sérieusement, des chaussettes ?! J'en serais morte de honte avant d'avoir empaqueté la première paire !

Au-delà de la paire de chaussettes, les parents de la demoiselle étaient en fait d'honnêtes commerçants, spécialisés dans le textile en tout genre. De laine ou de coton, ils habillaient les Nains de toute la ville et faisait tous les jours une recette raisonnable – suffisante pour nourrir les quatre filles qu'ils avaient, en tout cas. C'est ainsi que la plus jeune de la portée avait passé son enfance, et qu'elle avait finalement vu ses parents, déjà bien vieux, s'éteindre et laisser le commerce à leurs progéniture. Mais totalement braquée dans ses convictions, la rousse avait bien entendu fui cette opportunité, sans personne pour la retenir.
Oui, Winnifer en tant qu'enfant, c'était déjà quelque chose. Ça ne s'arrangea pas quand elle passa la majorité, et qu'elle se mit à aller... pointer à la mine. Une femelle à la mine, avait-on déjà vu ça ? Ce n'était même pas une question de sexisme – Dieu seul savait qu'ils étaient plus évolués que ça - mais de constitution. Il était assez évident qu'une délicate créature comme celle-là ne tiendrait pas deux jours dans les sous-sols.

Mais, sans que l'on sache par quel miracle il en fut ainsi, cette petite peste les fit mentir à tous. Elle tint bon, et pas qu'un peu : elle travailla durant dix longs mois durant, sans aucune autre source de force que sa volonté de fer. Elle en faisait certes un peu moins que les autres – ce fut d'ailleurs le prétexte qu'utilisèrent les nains supérieurs pour la sortir de là, car il n'y avait aucun doute que même si cette effrontée avait tenue presque une année, ses forces s'amenuisaient de jour en jour et la maladie la guettait.

C'est ici qu'ils la rencontrèrent vraiment, alors qu'elle passait pour la dernière fois les portes de la mine. Ils lui épargnèrent une dernière journée de travail, à elle et à ses poumons fatigués, pour lui expliquer qui ils étaient, ce qu'ils faisaient, et ce qu'ils comptaient faire d'elle, pour peu qu'elle veuille bien d'eux.

Ce ne fut pas leurs aventures qui tentèrent Winnifer, non moins leurs amitiés et le fait qu'ils étaient fidèles, ou même l'admiration et l'affection qu'ils pouvaient lui porter depuis qu'il la connaissait en tant que la petite « Mains-de-Cuir » qui traversait les sous-sols poussiéreux de la mine. Non, en réalité, elle ne leur ouvrit vraiment son cœur que quand le mot « trésor » fut prononcé. Des richesses, voilà tout ce qui intéressait la vaillante Naine. Elle se moquait bien des contrées à explorer – bien que la perspective de voir autre chose que les grottes du monde des Nains était en soi alléchante pour une jeune adulte. Se nourrir de voyages, c'était bon pour ceux qui fabulaient à en avoir la fièvre. Winnie était réaliste... et en plus, elle adorait la baston.
Eux-mêmes étaient et resteraient des Nains, avares jusqu'à la moelle, prêt à tout pour remplir leurs poches... ils pouvaient la comprendre. S'aurait été du gâchis que de garder bien à l'abri une telle tête brûlée.

C'est ainsi que Winnifer Ocherbraids finit par rejoindre leur petite troupe. Elle était la dixième membre de leur compagnie, dont le statut officiel de messager entre les tribus Naines était vite oublié au profit de l'aventure et du pactole. Au début, la Naine était la première à remplir le sac du butin... et elle avait fini par attraper le virus, elle aussi. L'aventure, c'était définitivement mieux que d'aller pointer à la mine comme les honnêtes gens.

En plus de cela, c'était bien la première fois de sa vie que la jeune femme ne se sentait pas comme un fardeau pour qui que ce soit. Elle était utile au groupe – ses capacités dans la mécanique leur avaient permis d'impressionnants gains de temps et d'argent. Son niveau au combat n'était pas mauvais non plus, sûrement grâce à sa vitalité et à ses armes qu'elle upgradait de temps à autre. Winnie laissait les plaintes et les commérages aux filles de la surface qu'ils croisaient, ne s'y joignant pas, et l'air de rien c'était une bouffée d'air frais que de pouvoir traîner avec une demoiselle qui ne pensait jamais à accorder critique avec rouge à lèvre.

Ce gamin n'aurait pas pu trouver pire sujet à mettre dans son bouquin – car les bestiaires avaient tous pour point commun de traiter leur sujets avec objectivité. Or, s'il y avait bien quelqu'un qui ne soit pas représentatif de la race des Naines, c'était bien Winnifer. Mais sans doute qu'il devrait s'en contenter : la prochaine Naine qui passerait dans le coin, elle n'était sûrement pas encore née.


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C'est sur cette discussion que les Nains surprirent leur amie les observer avec un grand sourire, écoutant tout ce qu'ils disaient, car leurs voix portaient loin. Ils se renfrognèrent dans leurs barbe, préférant se concentrer sur leurs bagages pour être prêts à partir dés le matin, et Winnie se retourna sur l'humain qui prenait les dernières notes de ce qu'il avait entendu, et ajoutait le point final de la catégorie des Nains.

- Tu en as fini avec, alors ? Demanda la rousse, surprenant encore une fois son ami, qui ne croyait pas trop que ses écrits intéresseraient quiconque un jour.

Le livre comportait une cinquantaine de pages, avec des lignes et des croquis d'aventuriers, d'humains, de nains...
Son amie fit jouer entre ses doigts gantés le reste des pages, examinant la rame blanche comme si elle avait espérer y trouver quelque chose.


- Il en reste pas mal, encore. Tu as de quoi écrire !

Elle ne vit que trop tard le regard triste que lui lançait le jeune humain, et qui ne résumait pas seulement sa nostalgie à l'idée que son amie parte si tôt.
Il ne réalisait que maintenant qu'il n'était pas comme Winnifer. Il n'était qu'un simple humain, qui aurait pu certes se décider à gravir des montagnes, aller rencontrer des elfes, s'attaquer à des lyches ou à d'autres horribles créatures. Il aurait pu partir avec eux, devenir le onzième membre et grossir le rang de ces aventuriers flamboyants.
Mais il n'était que le fils d'un tavernier perdu entre les terres de l'Ouest. Son destin à lui ne comptait pas les forêts, les mers ou les coups d'épées. A la place, il ne pouvait voir dans son avenir que les chopes de bière, le bon feu de bois de la pièce commune et les interminables contrats de la succession, lorsque son père fermerait les yeux. Tel était sa vie, en ces lieux, et pas dans d'autres.
Il n'avait pas le profil pour écrire un bestiaire, ou pour écrire quoique ce soit d'ailleurs. Il aurait juste aimé s'en rendre compte un peu plus tôt.

Ce fut une voix forte qui le sortit de ses idées noires, avec une idée beaucoup moins noire. Une idée qui se résumait à cette simple phrase :


- J'aurais pleins de montagnes à gravir dés demain matin... c'est pas quelques pages de plus qui m'embarrasseront.

Il avait levé la tête et l'information était venu dans son esprit, claire comme de l'eau, car il comprenait mieux cette fille qu'il n'avait jamais compris quiconque.

L'idée d'écrire ce bestiaire à deux, ils en avaient déjà parlé la soirée d'avant. Winnie lui avait accordé qu'en tant que voyageuse, elle serait capable d'écrire et de rectifier ce qu'il avait déjà analysé. Ce bouquin qui lui était si cher, l'adolescent savait bien que cette nouvelle amie saurait en faire quelque chose, et faire un détour pour le lui rapporter dés que les pages en seraient pleines.
Quant à la jeune femme, il lui semblait que cette requête lui apportait un nouveau but dans son aventure, un but rien que pour elle toute seule. Et, pour quelqu'un de si peu enclin à partager, c'était un concept qui apportait de l'apaisement.

Sans doute qu'elle clamerait que c'était uniquement pour récupérer la moitié du butin une fois que le livre aurait fait son petit chemin de succès. Mais ils savaient tout deux qu'au fond de cette armure un peu trop grande, il y avait un peu de générosité qui ne demandait qu'à sortir discrètement, juste pour une personne chère.

En lui accordant un de ses rares sourires discrets, il déposa le livre entre les petites mains cuirassées.


Citer
Croquis de Winnifer dans son armure de combat – illustration présente dans le bestiaire du fils du tavernier, réalisée par lui-même.

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> Comment avez vous connu le forum : Merci à Tour de Jeu (:
> Avez vous des moyens de faire connaître le site autour de vous ? Si oui lesquels : Il y a des choses qui doivent rester secrètes, je pense... °°'

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