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« le: mercredi 18 septembre 2013, 18:41:40 »
« Waouh ! », c’est le seul mot que je suis capable de prononcer en ouvrant la porte. J’allais plutôt envoyer une phrase sèche et expéditive à quelque fan boutonneux venu me dire qu’il allait perdre son pucelage en me faisant monter au septième ciel. Mais là, une visiteuse élégante, dans une robe dorée digne d’un grand couturier français. Comme si l’une des notables de la ville venait rendre visite à une artiste, à moins que ce ne soit une productrice intéressée à me prendre sous contrat.
J’allais lui dire que c’est trop tard, quand un « (…) je suis l’une de vos plus grandes fans (…) » me ramène à une basse réalité matérielle, presque décevante, si ce n’est le cadeau qu’elle tient en main. Hum, elle est même adorable cette Mélinda ; elle a l’air toute timide, malgré sa classe. Hum, je ne suis pas sure qu’elle le soit tout le temps, et, quitte à être là, je suis tout à fait en droit de demander à l’une de mes fans de me faire un massage décontractant au sortir de scène. Au moins, ça lui fera un souvenir.
« Merci, c’est gentil, ce DVD ; j’aime les cadeaux, je les garde tous, tu sais. »
Inutile de lui dire que les CD et autres DVD pourris de minettes qui essaient de me copier avec une voix de casserole et un look de pute, ou de gringalets qui croient que de les voir caresser leur instrument en vidéo me donnera envie d’une partie de jambes en l’air avec eux, ça finit directement à la poubelle.
Mais bon, elle est toute timide, et si je veux lui demander de me masser pour me détendre, autant faire un effort.
« Allez, parce que c’est toi, je vais le mettre de suite. Viens, entre et ferme la porte. Tiens, assieds-toi sur ce canapé. »
Et hop, le DVD dans le lecteur, le son assez fort pour bien ridiculiser les voix de crécelles et autres gargouillis de Mélinda et ses copines. Ca commence fort, avec un titre débile, « La vie secrète d’une artiste ». Si c’est elle qui se croit artiste…
Un mec ? Il fait quoi, là ? Je le connais… Je ne sais plus où… C’est quoi ce truc ?
Je regarde Mélinda, un peu surprise : « J’espère qu’il ne va pas rester sur la vidéo, celui-là ».
Elle ne me répond pas, sans doute parce que ça doit ménager un effet de surprise que l’arrivée de ses copines, je suppose. Vraiment ringard comme mise en scène, comme clip aussi !
Mais je commence à blêmir, quand je vois le mec se déshabiller jusqu’à être nu, mais vraiment nu ; ce n’est pas un sexe qu’il a, c’est un truc insensé, un braquemart démesuré.
J’en ai déjà vu un comme ça, et, vu le peu d’expériences que j’ai vécues…
Il se déplace, il entre dans une pièce éclairée de spots, tenant la grosse tige en mains. On dirait vraiment un porno de mauvais goût, et pas un clip de pucelles. A quoi joue-t-elle ?
Je regarde Mélinda, mais je ne parviens pas à saisir la signification de son sourire ni de son regard.
Le DVD continue, et une voix venue de nulle part lance : « Vas-y, elle est chaude, commence par lui ramoner la chatte ! ».
Cette voix, je la connais, c’est celle de ce gros porc de Tengiko Mei Linaïsu. Le nom a jailli dans ma tête, au moment même où la caméra fixe mes propres fesses pilonnées par l’autre complice. J’éteins aussitôt le lecteur, je connais la suite, mais là n’est pas le problème.
Je me retourne vers Mélinda, les poings serrés :
« Où as-tu eu ça ? Tu as intérêt à me le dire, et vite ! Parce que, ton cadeau, je vais te le faire ravaler et tes jolies dents avec ! »
Zut, le vigile, il ne faut pas qu’il entende. Je rabaisse aussitôt la voix, pointant cette traîtresse du doigt :
« D’où tiens-tu ces horreurs ? De toutes façons, ce n’est qu’un montage foireux fait par ce gros porc de Tengiko… »
Trop tard ! Je l’ai dit. Elle va savoir que je le connais, il faut vite faire diversion :
« Et cette robe, c’est quoi cette histoire de robe ? Tu sais ce que tu peux en faire de ta robe ? Tu vas vite me donner toutes les copies de ce DVD que tes copines ont aussi. Et tu as intérêt à disparaître aussitôt après. J’espère que c’est très clair ! »
Et moi, j’ai intérêt à vite savoir comment les saletés de ce pourri de Tengiko Mei Linaïsu sont arrivées là, et qui d’autre en a une copie. Passe encore que ma carrière d’actrice X soit en lancement, mais cette vidéo n’a rien du X raffiné, plutôt du porno de seconde zone.