Les murs, les portes, les vitres... et même les voitures, le sol, les chiens… L’affiche était plaquée partout dans la ville, qui disait invariablement :
Joie sur le monde !
En l’occasion du mariage entre Lyan Rose et Yoruichi Shihouin,
Tous les PJs du forum sont conviés à se rendre,
Et ce incessamment,
Aux festivités.
Viendez en nombre !
Et si possible apportez un cadeau.
Denrées, bijoux, argent…
Le tout encadré d’une guirlande de fleurs que tendaient des bébés anges grassouillets en un rectangle approximatif. En dessous étaient deux cartes, la première de Seikusu, la deuxième de Nexus, avec sur chacune un gros trait rouge nous indiquant l’itinéraire à suivre dans ce monde puis dans l’autre. La question première qui me taraudait, Qui diantre a pu poser toutes ces affiches ? Sans trouver réponse, j’arrachai l’une d’elle et en suivis les indication machinalement. Par principe. En tant que PJ du forum cela me semblait faire partie des convenances, d’une espèce d’effort social ; et puis, les PJs dont j’avais déjà croisé le chemin avaient toujours eu ce petit quelque chose… d’attirant. Sexuellement.
Entre les bouchons, les portails dimensionnels et les mauvais suivis de plan, il me fallut deux grosses heures pour trouver l’endroit. Une voiture classieuse stationnait, devant laquelle attendait une splendide damoiselle, dont l’identité se pressentait facilement à la longue robe blanche qui la parait (venir à un mariage en robe de mariée sans être la mariée ça faisait mauvais genre). Je passai devant elle avec discrétion, m’excusant de mon retard d’un geste de main, et m'incrusta dans la foule sans en avoir l'air.
Si je ne m'étais pas attendu à tomber sur une telle jungle, j'avais mis dans le mile en devinant que toutes les créatures en présence seraient à faire gauler un eunuque. Même les mecs étaient... disons que s’il fallait vraiment... Bref. Ces joyeux invités se prenaient à des jeux de mâles et tout semblait sur le point d’exploser quand retentit l’annonce qui, avec douceur, menaçait de mettre à mort tout ceux qui s’oseraient à troubler la solennité du moment.
Dans un coup d’œil panoramique rapide je repérai vaguement les lieux. Les trois saisons, l’estrade, la bouffe et toute la panoplie nécessaire à marier des êtres chers, tout avait été dressé de main de maître ; le prêtre, armé jusqu’aux dents, et le marié, terrifiant lui aussi ; les invités, tous bizarres, et moi, au milieu, d'une banalité vulgaire. Or il était temps pour la promise de rejoindre sa moitié. Une allée se constitua entre eux au travers de la meute d’invités, preuve que la menace de l'annonce avait porté ses fruits.
Pour le cadeau, on comptera sur le fait de n'être pas le seul à s'être ramené les mains dans les poches.