Le Grand Jeu

Plan de Terra => Ville-Etat de Nexus => Place publique => Discussion démarrée par: Vincente Valentyne le mercredi 07 novembre 2012, 19:50:24

Titre: ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le mercredi 07 novembre 2012, 19:50:24
Nexus, sa place publique... Pour ce que j'avais pu entendre, c'était la plaque tournante du commerce dans la région. Et ça, je le croyais. Il n'y a qu'à voir la mer d'étals qui s'étendait sous mes yeux pour le comprendre. Oui oui, sous mes yeux, je ne dis pas de bêtises. Non, je ne suis pas géante, ou dans le quartier des pygmées, je suis juste sur les toits. Quoi, ce n'est pas interdit, que je sache ? D'accord, ce n'est pas commun, mais ça c'est juste parce que la plupart des gens a la flemme de faire un peu d'escalade, contrairement à moi.

Donc, je me trimballais sur les toits du marché. C'était plutôt facile, d'ailleurs : quasiment toutes les échoppes avaient des toits bien solides, et elles étaient tellement serrées que je pouvais aller presque partout, si j'avais un peu d'élan. Du reste, personne ne faisait attention à moi. Tout le monde regardait ce qui était à vendre, quand ils ne faisaient pas attention à où ils posaient leurs pieds. Pour ma part, je guettais ma prochaine cible.

Finalement, je choisis une bijouterie. C'était de loin mes victimes préférées. D'une part, parce que c'était de la marchandise très facile à revendre, plus encore si je ne faisais pas la difficile sur le prix ; d'autre part, j'avais une combine très efficace, en la personne de Lya. Et oui, j'ai appris à mon amie l'hermine comment voler une bague. C'est tellement facile pour elle... J'en suis parfois un peu jalouse. Et donc, la voila partie, et moi j'observe. Le coup classique : le marchand regarde ailleurs, trop occupé à servir ses clientes, et Lya en profite pour se glisser derrière son dos, dans sa réserve. Elle prend alors une bague dans sa gueule, et remonte vite fait me la donner.

Elle arrive à répéter le manège deux autres fois avant d'être vue : plutôt une bonne pèche. Ce qui n'est pas l'avis du marchand, par contre... Mais je m'en fiche, le temps qu'il appelle la garde, je suis déjà loin, héhé !

J'arrive comme ça dans une partie moins fréquentée du marché. Toujours depuis mon perchoir, j'aperçois du coin de l’oeil une personne sortant du lot. Portant des vêtements sombres, ce qui le fait ressortir au milieu des couleurs plus claires en vigueur ici, des cheveux noirs mi-longs, une épée au coté... Je pense que je vais garder un oeil sur lui, au cas où. De toute façon, j'ai déjà gagné ma journée, et comme je n'ai rien à faire, autant voir s'il n'y a pas un truc intéressant dans le coin...
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le jeudi 08 novembre 2012, 20:29:00
« 50 pièces d’argent ? Vous vous moquez de moi !
 -  C’est le prix usuel pour des articles de ce genre.
 -  Je crois plutôt que j’irais voir un marchand qui n’est pas un escroc... Encore que ce doit être une espèce plutôt rare dans cette ville.
 -  Croyez-moi, répliqua le marchand en haussant les épaules, mon offre est très généreuse. J’ignore de quel village isolé vous venez, mais nous sommes à Nexus. Les griffes de kikimorrhe se trouvent dans n’importe quelle échoppe.
 -  Rares sont celles qui sont en parfait morceau, et aussi bien faites ! Cette griffe n’a pas appartenu à une simple ouvrière, mais à une puissante kikimorrhe !
 -  J’admets qu’elle est de bonne facture, mais ce n’est pas une raison pour l’acheter à un prix si élevé. Nous ne sommes pas totalement libres de fixer nos prix, vous savez, et je ne peux décemment pas la revendre à un prix trop élevé sans porter aux principes déontologiques qui régissent notre profession.
 -  Aux principes déontologiques ?! Et quels sont ces principes, dites-moi ? Entubez les clients autant que possible ?
 -  Si votre seul intérêt est de me provoquer, Monsieur, je vous suggère de partir. Je suis tout à fait en droit de porter plainte ! Renseignez-vous ! Le cours de ce genre d’articles n’est pas favorable à la bourse ! »

Soupirant, Cahir fit un geste de la main, et reprit ses griffes, laissant là cet escroc. Le marchand d’armes attendit soigneusement que Cahir se soit éloigné, avant de faire signe à plusieurs de ses hommes d’aller le détrousser. On était à Nexus, après tout, et le marchand avait partiellement menti. Les griffes de kikimorrhe étaient de très bons articles de contrebande. Le marché noir, à Nexus, était un marché très important, utilisé par bon nombre de marchands et de guildes, en raison des taxes nexusiennes, excessives. Tout était corrompu dans cette ville, et les marchands n’aimaient pas trop voir une part importante de leurs bénéfices partir dans les assiettes et les grands tableaux luxueux des bourgeois nexusiens. Les griffes de kikimorrhes étaient des ingrédients alchimiques précieux, mais elles permettaient aussi de forger des armures solides. Le marchand connaissait des alchimistes qui seraient très intéressés par ces articles, mais il ne tenait pas à débourser trop d‘argent pour les obtenir. Dans ce genre de situations, il fallait être rusé. Ses hommes allaient suivre cet étranger, et l’égorgeraient dans un coin. En bonus, le marchand aurait même l’épée de cet énergumène ! On ne venait pas au marché de Nexus proposer des articles en étant indépendant. Or, il n’y avait aucun signe visible sur lui témoignant d’une appartenance à une quelconque guilde. Personne ne viendrait porter plainte s’il venait à mourir.

Cinq hommes suivaient prudemment Cahir. Si cet homme avait réussi à tuer des kikimorrhes, c’est qu’il devait être un bon combattant. Il valait donc mieux se méfier, et envoyer plus d’hommes que nécessaires. Cahir, de son côté, comprit très rapidement qu’il était suivi, mais fit mine de ne pas s’en rendre compte. Il avait tué plusieurs kikimorrhes dans des marécages, et s’était rendu au marché de Nexus, bien loin de sa patrie natale, afind ‘essayer de les revendre.

*Plus j’erre dans ce trou-à-rats, et plus je réalise à quel point la propagande ashnardienne n’est pas si éloignée que ça de la vérité... Il n’y a que des corrompus ici, des mendiants, des clochards, des voleurs, des arnaqueurs, des escrocs... Cette ville n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut jadis...*

Il manquait à Nexus une personne forte, un véritable souverain qui servirait de modèle. La Reine Ivary était trop jeune pour ce rôle, et ses conseillers n’étaient que des opportunistes, des requins et des comploteurs. Cahir y songeait tout en se rapprochant d’un boucher, prenant un morceau de viande. Il avait faim, et s’écarta un peu, s’éloignant progressivement du marché, se dirigeant vers une auberge. Il empruntait volontairement des rues isolées, jusqu’à entendre des hommes l’entourer. Cahir s’arrêta alors. L’apatride était encerclé, et il les regarda brièvement.

« Je suppose que vous ne cherchez pas à discuter, Messieurs.
 -  Y a deux manières de régler ça, mon petit pote. Soit tu nous refiles tout ce que t’as, et p’t’ête qu’on t’laissera vivre, soit tu décides de faire chier, et on te zigouaille comme une sal’perie de porc.
 -  Je prends note... Mais je suis très attaché à mes effets personnels. »

Le malotru se fendit d’un large sourire.

« J’aime mieux ça... gloussa-t-il. Zigouayez-le ! »

Dans le dos de Cahir, un homme armé d’un poignard s’approcha rapidement, levant sa lame pour l’abattre. Cahir le laissa approcher, puis réagit rapidement, envoyant son coude en arrière. Ce fut rapide, et il l’envoya fracasser le nez du bandit, qui, surpris, tomba à la renverse. Les autres réagirent rapidement. Un bandit tenait un fléau dans sa main, et courut rapidement vers Cahir, abattant l’arme sur lui. Il faisait tournoyer son arme, et Cahir fléchit les genoux, roulant sur le sol, évitant le coup. Il se redressa rapidement, et porta sa main à son épée. Au même moment, il vit un autre bandit foncer sur lui, armé d’une épée.

*Ces types sont des amateurs...*

L’homme venait bien trop vite, et, tout en ayant la main gauche sur la garde de son épée, il leva son pied, et l’envoya atterrir dans l’estomac de l’homme, le couchant au sol. Le brigand avec le fléau courut vers Cahir, mais ce dernier dégaina son épée, avant de se retourner, et de trancher d’un coup sec la main de l’homme tenant le fléau. C’était une longue et belle épée, qu’il tenait à deux mains. La lame était forgée dans le plus pur acier valyrien, l’un des plus puissants aciers du monde. L’acier valyrien était très rare et très précieux. L’homme n’eut pas le temps d’hurler sa douleur, car l’épée de Cahir siffla à nouveau, lui décapitant proprement la tête.

« Tu t’en tireras pas comme ça, enfoiré ! »

Un bandit leva la main vers lui, et Cahir, à sa grande surprise, réalisa avoir affaire à un magicien. Ne boule de feu se matérialisa dans la paume de sa main, avant qu’il ne l’envoie vers l’apatride. Ce dernier fit une pirouette, évitant proprement la boule de feu, puis utilisa sa lame pour trancher une seconde boule de feu, quelques flammèches venant rapidement s’éteindre sur son manteau. Énervé, le bandit visa à nouveau, et tenta d’envoyer une autre boule de feu, lorsque Cahir porta l’une de ses mains gantées au collier autour de son cou, ouvrant un pendentif. Un cristal se mit à briller, et la boule de feu disparut presque instantanément.

« Mais que... ?! »

Soupirant, Cahir sortit de sa ceinture une petite dague, et l’envoya droit vers l’homme. L’arme traversa la gorge de ce dernier, crevant sa pomme d’Adam.

« La dymérite est très efficace contre la magie... Je vous laisse trois secondes pour fuir, cancrelats. »

Les tueurs n’en demandèrent pas plus, et fichèrent le camp. Cahir récupéra ses armes, contempla les cadavres avant de grogner, puis reprit son gigot, et s’éloigna.

Un peu d’exercice, ça ne pouvait jamais faire de mal.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le vendredi 09 novembre 2012, 18:50:28
L'homme s'arrête à une échoppe, et sort des objets de sa poche. Pour ce que j'arrive à entendre, il cherche à vendre des griffes de... De quoi ? C'est un nom bizarre, ça. C'est quoi comme bestiole ? En tout cas, il commence à se fâcher, avant de partir, sans rien vendre. Lui, il ne sait pas à qui s'adresser pour vendre des objets, c'est sur... Pas comme moi. J'allais continuer à le suivre, quand je vis le marchand réunir quelques hommes, qui n'avaient pas l'air très gentils. Puis ces gaillards se mettent à suivre l'homme en noir. Ça, ça sent l'agression à plein nez, ou je suis une orc. Du coup, je me dépêche pour me mettre au niveau de l'homme en noir, toujours perchée sur les toits.

Lui, pendant ce temps, quitte le marché, et semble s’entêter à passer par des petites ruelles. Pour moi, ça m'arrange, c'est plus facile de sauter d'un toit à l'autre, mais pour lui, je ne sais pas si c'est un bon calcul... Jusqu'au moment où il se retrouve encerclé par les voyous. Pendant qu'ils s'échangent des amabilités, je m'installe sur le bord de la toiture, prête à profiter du spectacle.

Ça ne tarde pas, et ça envoie. Le premier larron, qui tente une attaque en traitre, se fait proprement étaler par un coup de coude. Ensuite, l'homme en noir évite l'attaque d'un type armé d'un fléau, avant d'envoyer son pied dans le ventre d'un troisième vilain. Il sort alors son épée, et tchak ! tchak ! tranche la main, puis la tête, du gus au fléau. Waouh ! Ce n'était pas un manche, ce type en noir, ça c'est sur ! Et son épée, là... Elle est quand même vachement belle ! Je suis sure qu'elle doit valoir bien cher, aussi...

Soudain, un truc en flammes traverse la ruelle. Oh mince ! Un sorcier ! Là, je ne vois pas trop ce que le noiraud peut faire... Il parvient à éviter la première boule de feu, et tranche la deuxième d'un coup d'épée. Ah, il s'en sort vraiment bien. Puis le voila qui sort un pendentif. À quoi il joue ? Soudain, la boule de feu que préparait le mage disparait purement et simplement. Le temps qu'il comprenne, le noiraud lui a déjà envoyé un couteau dans la gorge. Et de deux ! Mais c'était quoi, ce pendentif ?

L'homme, victorieux, m'épargne la question en donnant l'explication aux vilains, tout en les menaçant. Ceux-ci ne trainèrent pas. Moi, de mon coté, j'avais des fourmis dans les doigts. Si je parvenais à mettre la main sur les objets qu'il possédait, je pourrais gagner plus en une fois qu'en deux semaines normales. Il ne faut surtout pas que je le perde de vue. D'ailleurs, où va-t-il ?

Ah, il ne va pas loin, finalement... Il se dirige vers une auberge du coin, un endroit tranquille. Aller, on prend son courage en main, et on y va avant qu'il ne sorte de la ruelle. Un petit sprint pour le dépasser, puis un saut sur le toit d'un porche, puis un autre, une réception, et voila ! je suis en face de lui.

" Hey ! Salut à toi ! J'ai vu le combat, tu assures, dis-moi. Tu viens d'où, pour te battre comme ça ? "
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le dimanche 11 novembre 2012, 21:43:02
Ce petit exercice avait creusé l’appétit de Cahir. Il laissa les criminels s’éloigner rapidement. Inutile de les interroger, il savait qui les avait embauchés. Ce marchand, cet escroc nexusien qui avait essayé de l’arnaquer. Quand il apprendrait ce que l’apatride avait fait, il est probable qu’il chercherait à se venger. Mieux valait donc se méfier, car Cahir connaissait suffisamment le taux de corruption de cette ville pour savoir qu’il n’hésiterait pas à appeler la garde. Et, dans la mesure où Cahir était un apatride, ancien Ashnardien, personne ne pourrait le protéger. N’étant pas Nexusien, le droit nexusien ne pouvait pas s’appliquer à lui. Il ne pouvait demander la protection d‘aucune convention internationale, puisqu’il n’appartenait à aucun pays.

*Il va sans doute me falloir quitter rapidement cette ville... Mais je dois trouver quelqu’un à qui vendre mes griffes...*

Le mieux serait sans doute de s’adresser directement aux alchimistes. Cahir connaissait quelques adresses, et ce serait moins risqué. Il s’engageait dans le fond de la ruelle lorsqu’il entendit des bruits. Il s’arrêta, la main sur la garde de son épée... Et vit une espèce de paysanne débarquer devant lui. Ses sourcils se froncèrent légèrement. C’était... C’était une fille. Une adolescente, même. Il regarda autour de lui, et comprit qu’elle venait depuis les toits.

*Elle est descendue vite... Une bonne équilibriste... J’en sais suffisamment sur Nexus pour savoir qu’on ne vient jamais parler à un inconnu par bonté d’âme...*

Est-ce qu’elle travaillait pour le marchand ? L’apatride en doutait. Elle ne tarda pas à lui parler :

« Hey ! Salut à toi ! J'ai vu le combat, tu assures, dis-moi. Tu viens d'où, pour te battre comme ça ? »

Il la regarda sans trop savoir quoi répondre sur le coup. Évidemment, lui dire qu’il venait d’Asnard, et était un ancien soldat d’élite, était tout simplement exclu. Il se trouvait à Nexus, et on le lapiderait pour moins que ça. Il y avait presque à chaque coin de rue une affiche propagandiste contre l’Empire. Les Impériaux n’avaient pas vraiment une bonne image ici. La guerre entre les deux puissante sensations durait depuis plusieurs décennies, et les deux camps se radicalisaient de plus en plus... Politiquement parlant, en tout cas. Cahir avait pu remarquer que la populace était un peu plus divisée sur la question. Les gens étaient tellement lassés par la corruption qui gangrénait la ville que la perspective d’avoir un Empereur autoritaire et inflexible les tentait de plus en plus, afin de museler les nobles et autres bourgeois véreux.

Cahir fit la moue, et répondit assez rapidement.

« D’un endroit où une petite plante comme toi n’a pas envie d’aller. »

Elle avait l’air très jeune, et il s’avança, passant à côté d’elle. Cahri n’était pads très loquace, et n’était pas du genre à se confier aux inconnues, même quand elles étaient mignonnes.

« Si tu permets, j’ai faim, lâcha-t-il. Navré pour toi, mais je n’ai pas de piécettes à te donner. »

Sur le coup, le guerrier pensait que cette jeune fille était venue à lui afin de faire l’aumône, en essayant de le flatter. Il sortit de la ruelle, se dirigeant vers une auberge.
Titre: Re : Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le jeudi 15 novembre 2012, 11:19:48
« Si tu permets, j’ai faim. Navré pour toi, mais je n’ai pas de piécettes à te donner. »

De quoi ?! Il m'a prit pour quoi, une mendiante ? Il me chauffe les oreilles, là. J'essaie d'être sympa, et voila ce que j'ai en échange. Mais pas question que je te lâche comme ça, mon coco. Ton matériel m'intéresse, et j'ai bien l'intention de m'en emparer. Enfin, encore faut-il que j'arrive à lui faire baisser sa garde...
Pour le moment, l'homme était sorti de la ruelle, et se dirigeait vers l'auberge. Bon, vu que la manière gentille ne fonctionnait pas, on va lui forcer un peu la main. Alors qu'il passe à coté d'un empilement de caisses, je m'élance, en grimpe quelques-unes, et me mets ainsi à sa hauteur, dans tous les sens du terme, d'ailleurs.

" Si tu rentres dans cette auberge, asnardien, tu n'en ressortira pas libre... Si tu en ressorts. "

En fait, je ne sais pas du tout si il est bien d'Asnard. Mais il était clair qu'il ne venait pas de Nexus, ni des environs. Il n'y avait qu'un autre pays, à ma connaissance, Asnard, contre qui Nexus faisait la guerre. Or, comme il ne m'a pas dit d'où il venait, de là à penser qu'il l'a caché pour éviter d'attirer les hostilités, il n'y a qu'un pas, que j'ai allégrement franchi.
Je suis néanmoins récompensée en le voyant stopper son pas. J'en profite pour m'installer plus confortablement, et développer mon idée.

" À ton avis, que va faire la garde, quand elle va rappliquer ? Elle va fouiller les environs, et demander des informations aux passants. Et, toujours selon ton avis, combien de temps mettra-t-elle avant d'aller demander aux clients de l'auberge ? "


Ça, c'était le premier hameçon, celui conçu pour bien capter son attention. Mais je n'en avais pas fini.

" D'autant que le marchand n'aura pas hésité à leur verser une petite prime de motivation... Ça se comprend, d'ailleurs. Non seulement il n'a rien gagné, mais en plus tu l'as humilié. Et ici, et surtout ces porcs de marchands, être humilié appelle vengeance. Tout ça pour quelques griffes de kikimorrhe... "

Maintenant que j'avais retrouvé le nom, je me souviens qu'Asul, mon receleur favori, m'en avait parlé. C'était un ingrédient prisé, à la fois en alchimie, mais aussi en armurerie. Il était relativement rare, et avec les taxes imposées, très demandé au marché noir. Pas étonnant que l'autre gros lard ai envoyé ses types pour tuer cet homme...

" Enfin, si tu cherches toujours un acheteur, sache qu'ici, si tu n'es pas recommandé par quelqu'un, tu te feras toujours enfler... Comme ça vient de se produire, d'ailleurs. "

Maintenant, c'était l'heure de vérité. Soit il consentait à me faire confiance, soit je devrais recourir à la force...
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le vendredi 16 novembre 2012, 10:24:04
Cahir marchait vers l’auberge, tout en se doutant que la jeune femme n’allait pas le laisser aussi facilement. C’était un test. L’apatride n’était plus aussi naïf qu’autrefois, et il entendit cette dernière courir derrière lui, avant de sauter sur un tas de caisses à côté, s’asseyant dessus. Il se tourna lentement vers elle, arrêtant sa marche, et ne dit rien. Ce n’était pas la première fois que des vagabondes se joignaient à lui, et sa grande bonté d’âme l’amenait toujours à s’intéresser à ces gens. Le souvenir de Louane ne devait pas le perturber. La belle kitsune avait été honnête avec lui, honnête et énergique... Mais cette femme-là, visiblement, était tout, sauf honnête.

Il se retourna lentement vers elle, sans rien dire, après qu’elle eut fini ses explications, en lui disant de ne pas se rendre à l’auberge. Le marchand, selon elle, n’hésiterait pas à obtenir l’aide des gardes, ce que Cahir savait déjà. Il ne disait rien, l’é&tudiant silencieusement, son visage fermé, puis haussa la tête.

« Très bien... Je suppose que tu dois avoir un endroit où me conduire, n’est-ce pas ? Un lieu où je rencontrerais des marchands honnêtes... »

L’apatride se retourna lentement, observant l’auberge, captant l’attention de la femme. Il ne disait pas grand-chose, réfléchissant rapidement. Elle l’avait appelé d’Ashnardien, ce qui, à proprement parler, était faux. A l’évocation de sa nationalité perdue, ses sourcils s’étaient très légèrement voilés. Il finit par la regarder.

« Depuis combien de temps m’espionnes-tu ? A ce que je sache, ces bandits n’ont pas précisé être employés par un marchand, ni rechercher mes griffes... »

Elle était jeune. Elle avait du parler sans réfléchir, car elle venait tout simplement de se trahir.

« Cette ville est un trou à rats, un nid de bandits, de vipères, de mendiants, d’escrocs, de manipulateurs, et de voleurs. A quelle catégorie appartiens-tu ? Tu m’as vu me battre, tu m’as vu au marché, et tu as l’air agile, trop agile pour être une mendiante... »

Dire que les livres d’histoire décrivaient cette ville comme un haut centre culturel, un lieu de prospérité économique. Nexus la grande n’était décidément plus que la triste image d’elle-même. Un piètre spectacle, et cette fille, malgré son air enfantin, ne lui inspirait nullement confiance. Il s’écarta encore d’elle.

« Je ne te fais pas confiance, et j’ai faim. Sois gentille, et va trouver un autre pigeon à plumer. »

Oui, s’approcher de l’apatride n’était pas simple. Il était dans une ville qui l’attirait autant que des pestiférés. De plus, il venait tout juste de ressortir d’une bataille. Il n’avait donc clairement pas la tête de se faire embobiner par de jeunes femmes qui ne chercheraient qu’à lui voler ces griffes. Pourquoi diable se rapprocherait-elle de lui, autrement ? L’apatride n’était pas naïf à ce point. Elle ne se rapprochait pas de lui pour son charme fou, mais clairement pour les trésors qu’il avait. Et Cahir n’avait guère envie de se séparer de son précieux équipement.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le dimanche 24 février 2013, 19:21:46
« Très bien... Je suppose que tu dois avoir un endroit où me conduire, n’est-ce pas ? Un lieu où je rencontrerais des marchands honnêtes... »

Ah ? Il me fait confiance ? Youpi ! J'ai gagné !

« Depuis combien de temps m’espionnes-tu ? A ce que je sache, ces bandits n’ont pas précisé être employés par un marchand, ni rechercher mes griffes... »

Et zut et mince et crotte ! J'ai crié victoire trop vite. Lui n'est pas une proie facile, vraiment pas une proie facile. Trop méfiant.

« Cette ville est un trou à rats, un nid de bandits, de vipères, de mendiants, d’escrocs, de manipulateurs, et de voleurs. A quelle catégorie appartiens-tu ? Tu m’as vu me battre, tu m’as vu au marché, et tu as l’air agile, trop agile pour être une mendiante... »

Aïe ! Il m'a percée à jour. C'est fichu. Quoi que je dise, maintenant, il ne m'écoutera plus.

« Je ne te fais pas confiance, et j’ai faim. Sois gentille, et va trouver un autre pigeon à plumer. »

Et il me laisse là. Dans ma tête, ses mots résonnent. Trou à rats... Nid de vipères... Mendiants... Voleurs... Les larmes me montent aux yeux et mes poings se serrent, en repensant à mon passé.
Qu'est-ce qui lui donne le droit de juger les gens de la sorte ?! Qu'est-ce qu'il sait de moi, de ce que j'ai bien pu vivre ? Qu'est-ce qu'il en sait ?!

" Lya ! "

Un cri, tout sauf anodin. De ma main tendue vers le dos de cet homme, Lya, mon amie hermine, bondit et s'élance à sa poursuite. Sa mission est simple : briser sa concentration en se glissant sous ses vêtements. J'attends un peu qu'elle le rattrape, puis m'élance moi aussi.
Il s'agira d'être rapide et précise. Sitôt que je l'aurais fait tombé, il faudra trancher les lanières de son épée et de son pendentif. Lya rcupérera celui-ci, pendant que je m'occuperai de l'épée. J'avais projeté d'y aller plus en douceur, mais il ne mérite pas mieux.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le mardi 26 février 2013, 09:49:41
La sentence était dite. Cahir s’éloignait de la voleuse, qui n’était décidément pas très douée, tout en sachant très bien ce qui allait se passer. Il était doué, et avait clairement compris qu’elle était prête à l’attaquer.  Il voulait voir comment elle réagirait, et ce qu’il ferait avec elle. Elle avait croisé son chemin, mais n’avait pas compris que Cahir n’était pas un simple voyageur, mais un ancien soldat ashnardien, un militaire de renom. Il s’avançait lentement, quand il entendit du mouvement. Visiblement, la voluse avait été affectée, et réagissait sur le coup de l’émotion. Une grave erreur.

*Le plus dur, ce sera de ne pas trop la faire souffrir...*

Cahir s’apprêtait au combat, mais fut, pour le coup, surpris, quand il vit une espèce de créature blanchâtre jaillir de la femme pour foncer sur lui.

« Lya ! » hurla la voleuse.

L’apatride, surpris, vit une hermine bondir vers lui, et le heurter au visage, le surprenant. Il tituba, avant de sentir la sale bête tenter de se faufiler dans ses vêtements, son corps l’empêchant de voir, tandis que Vincente se mit à courir vers lui. C’était un plan complètement foireux, qui l’agaça plus qu’autre chose, et, alors que Vincente s’élançait, il sentit la créature se faufiler sous sa veste.

« Saloperie de bestiole à la con ! » maugréa Cahir en se débattant.

Vincente était rapide, et elle heurta Cahir de plein fouet, le faisant tomber. L’homme s’écroula sur le sol, lâchant son épée, qui se mit à rouler. Il eut à peine le temps de secouer la tête que la petite agrippa ses griffes, avant de s’écarter pour se saisir de son épée. Cahir essaya de la retenir, mais elle était aussi rapide qu’agile, et sa main claqua dans le vide.

*Quel con ! Elle m’a eu comme un bleu...*

Il était en colère, et sentit Lya s’échapper. Elle tenait de rejoindre sa propriétaire, mais Cahir n’était pas totalement idiot non plus, ni dénué de réflexes. Elle fila par le bas de son torse, et essaya de le contourner. Couché sur le dos, l’homme se retourna rapidement, et tendit sa main, attrapant l’hermine par la queue. Lya se débattit, mais sa poigne était solide, et Cahir se releva.

« Au temps pour moi, petite, tu es rapide... Mais si tu veux pas que je brise le cou de ta... Partenaire... Ou que je l’envoie s’éclater contre le mur, tu vas me rendre, non seulement mon épée, mais aussi mes griffes. »

Vu qu’elle avait donné un nom à l’hermine, il était probable, voire même certain, que Vincente accordait une grande importance à cette dernière. Autant que Cahir envers son cheval, par exemple.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le dimanche 10 mars 2013, 23:15:22
" Lya ! "

Oh non ! Non non non non non ! Il tenait Lya en otage, et me menaçait avec. J'avais le choix entre rendre l'épée et les griffes, ou voir Lya se faire tuer. Lya... Depuis que je l'ai trouvée dans mon sac, on a toujours été amies. On ne s'est jamais quittées plus d'une heure. Jamais je ne pourrais supporter de la voir mourir.
Je serre les mains sur l'épée et le sac. Ces objets sont une vraie fortune... Qui vaut la vie de Lya ? Non... Pour rien au monde je donnerais la vie de Lya. Elle est ce que j'ai de plus précieux. J'envoie l'épée et le sac au sol, non loin de l'homme.

" Vous avez gagné... Relâchez Lya... "
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le lundi 11 mars 2013, 23:15:10
« Vous avez gagné... Relâchez Lya... »

Un léger sourire éclaira les lèvres de Cahir. Il ne s’était pas trompé. Cette sale bête devait avoir une quelconque importance pour la voleuse. Elle balança son épée et les griffes à ses pieds, et il hocha la tête. Il aurait été tentant de briser le cou de Lya. Cette femme l’avait attaqué, et ça n’aurait été, dans le fond, que justice. Cependant, Cahir, même s’il était un apatride, restait un homme d’honneur. Il écarta donc ses doigts, libérant Lya, qui fila loin de l’homme. Ce dernier avait légèrement mal au torse, et s’abaissa, remettant ses griffes sur sa ceinture, puis son épée. Vincente restait à bonne distance de lui, probablement pour pouvoir rapidement s’enfuir. Cahir réfléchissait silencieusement.

*Elle est rapide et douée... Et je ne connais rien à Nexus...*

Il y avait peut-être moyen de s’arranger. L’apatride rechignait instinctivement à s’aider d’une voleuse , mais, parfois, il fallait faire contre mauvaise fortune bon cœur. Il sortit alors de sa poche quelques pièces, et regarda Vincente, avant de lui lancer une pièce.

« Rares sont ceux qui arrivent à me faire tomber, petite. Viens, je t’offre à manger, et nous discuterons ensemble. »

Il s’approcha d’elle, en souriant légèrement, puis rentra dans une auberge, et s’assit sur une table. L’auberge n’était pas pleine, mais pas vide non plus. Elle ressemblait à n’importe quelle auberge de Nexus, avec des armoiries dans les coins, des tableaux, et des affiches antirévolutionnaires. Cahir fronça légèrement les sourcils en voyant plusieurs soldats dans un coin, discutant entre eux. Il préféra regarder son menu. On servait surtout du poisson. Cahir attendit que Vincente le rejoigne.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le vendredi 15 mars 2013, 00:34:08
Les secondes qui séparèrent ma capitulation de la libération de Lya furent certainement les plus longues de ma vie. Rien ne me garantissait qu'il tienne parole, et sans vouloir y penser, il y avait de bonnes chances que je vois Lya mourrir sous mes yeux. C'est donc avec un immense soulagement que je vis mon hermine courir vers moi. Elle escalada ma jambe et mon corps pour venir se blottir contre mon cou. De mon coté, je lui prodiguais moult caresses pour la rassurer. Mais il restait l'homme.

Celui-ci ramassa ses affaires, puis je le vis me jetter quelque-chose. En l'attrapant, je réalise qu'il s'agit d'une pièce, et l'entends m'inviter à manger. Étant donné ce qu'il vient de se passer, j'ai du mal à comprendre où il veut en venir. Il m'adresse un sourire, puis se dirige vers la taverne. J'hésite à le suivre.
D'un coté, j'ai tenté de lui voler des biens précieux, d'une manière assez brutale. N'importe qui pourrait m'en vouloir, assez pour de venger de façon assez radicale. D'un autre coté, il a effectivement libéré Lya comme il l'avait promit. Il agissait donc avec honneur, chose assez rare dans le meilleur des cas. Je choisis de le rejoindre, au moins pour voir ce qu'il veut.

Lui n'a pas perdu de temps, et s'est déjà installé à une table, les yeux dans le menu. C'est en appercevant les gardes non loin que je comprends pourquoi il me donnait l'impression de se cacher derrière le carton. Si, comme je l'ai prédis tout à l'heure, d'autres gardes de pointent à notre recherche, la situation va tourner au vinaigre en un rien de temps. Au cas où, je prépare un fumigène, et note les sorties possibles.
Je me place finalement face à lui. Un choix motivé par l'envie de mettre la table entre nous deux. S'il veut s'en prendre à moi, il lui faudra d'abord soit l'écarter, soi la contourner, ce qui dans les deux cas me laissera le temps d'agir.

" Drôle de réaction, vu ce qui s'est passé... C'est quoi le piège ? "
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le vendredi 15 mars 2013, 12:29:05
Elle revint lentement vers lui, indécise. On pouvait la comprendre. Ce n’est pas tous les jours qu’un individu que vous tentiez de voler vous proposait de vous réunir autour d’une table. Il la laissa donc s’approcher, la voyant observer tous les détours de l’auberge, probablement pour envisager un plan de fuite. Il y avait plusieurs portes, un escalier filant dans le sous-sol, un autre dans les étages, des poutres apparentes en hauteur, et de nombreuses fenêtres. Pour une acrobate, les points de sortie étaient plutôt nombreux. Elle s’approchait prudemment, choisissant de se mettre face à lui, suspicieuse.

« Drôle de réaction, vu ce qui s'est passé... C'est quoi le piège ? » demanda-t-elle.

Cahir ne répondit pas, car une serveuse apparut au même moment. Il indiqua prendre un plat, et, en guise d’entrée, on leur servit un bold e crevettes décortiquées. Il en prit une, et l’avala avec plaisir. Les fruits de mer... Une spécialité nexusienne, assurément. Il croqua dedans, l’avalant d’une traite, et commença à parler.

« Il n’y a pas de piège. Je ne tends pas de piège. »

Voilà qui était dit. Difficile d’être plus clair. Il prit une autre crevette, et s’expliqua :

« Comme tu as du le remarquer, je ne viens pas de Nexus, et je ne connais quasiment rien à cette ville. J’ignore où aller pour vendre mes dents, et comment trouver du travail sans me faire escroquer... Et je n’ai pas spécialement envie de m’amuser à devoir affronter des bandits à chaque fois qu’on tentera de me voler mes biens. »

Cahir était sincère, direct et rapide. Une âme de militaire, tout simplement. On leur offrit du vin, et il but une rasade, avant de reposer l’échoppe.

« Toi, petite, tu as l’air de connaître cette ville. Et, pour l’heure, je suis bloqué à Nexus. »

Ce n’était vraiment pas la ville qu’il préférait, mais, à défaut de faire mieux... Il n’avait plus assez d’argent pour quitter la ville, et continuer son errance. Dans un coin, on pouvait sentir la belle odeur des grillades. Les cuisiniers s’activaient dans les fourneaux, afin de faire frire les poissons. Il y avait plusieurs aquariums, et Cahir vit une serveuse apporter aux soldats un plat de fruits de mers, avec un assortiment de crevettes, de pattes de crabes, de morceaux de poissons, d’huîtres, et de moules. Les soldats étaient assez bruyants, et mangeaient avec appétit, parlant entre eux d’une patrouille dans les marais d’houille à proximité. L’apatride s’intéressa à nouveau à Vincente.

« J’ai besoin d’une guide. A qui comptais-tu vendre les griffes ? Par quel intermédiaire ? »

Les questions de Cahir ressemblaient presque à un interrogatoire, mais il pensait que Vincente pourrait être intéressée par l’idée d’avoir un acolyte. Il espérait ne pas se tromper.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le lundi 18 mars 2013, 20:09:54
L'homme m'expliqua brièvement sa situation. Comme je l'avais compris, il n'était pas originaire de la région. Et il n'a plus d'argent pour continuer son voyage. Je redouble de prudence. Je n'oublie pas qu' il y a une prime de 3 000 pièces d'or pour ma tête, une somme supérieure à la revente de ses griffes. Il dit vouloir de moi comme guide, mais il suffirait que je relâche ma garde une seconde...

Tient, parlant de garde... Je me livre à une série d'estimations. Voyons voir... Entre le temps qu'ont prit les brigands pour retourner au marchand, le temps mit par celui-ci pour alerter la garde, et le temps qu'ils vont mettre pour arriver ici... Mince, il ne reste pas beaucoup de temps. Puis un détail me revient en mémoire. Le marchand portait une chevalière particulière au doigt. Sur le coup, je n'ai pas fait attention, mais maintenant, je la vois clairement. Et les armoiries dessus... Sont celles de la guilde des armuriers ! Ouh, ça sent mauvais...
Officiellement, cette guilde est juste un rassemblement de plusieurs armuriers et forgerons. Officieusement, elle régule tout les trafics d'armes, et est connue pour être très proche de la garde et l'armée, dont elle est le fournisseur exclusif. Peu de gens osent s'en prendre à eux, du fait de cette influence, et même moi préfère ne pas avoir affaire à eux. Si je reste trop longtemps ici, je risque d'être embarquée dans le conflit... Tout en lui adressant la parole, je me prépare à partir.

" Hin, tu me demandes de l'aide, après avoir refusé celle que je te proposais ? Désolée, mais je ne suis plus d'humeur charitable maintenant. Débrouille-toi tout seul pour vendre tes griffes.
Un dernier conseil : si tu veux vivre vieux, dégage de cette ville aussi vite que possible, et n'y remets pas les pieds avant longtemps, compris ? Sur ce... "
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le mercredi 20 mars 2013, 22:02:20
L’offre de Cahir lui semblait honnête, d’un point de vue nexusien. Il savait que cette ville était un repaire de rats et de cancrelats, où il ne fallait se fier à personne. Nexus la grande, Nexus la fière, la glorieuse cité millénaire, était bien loin. Le masque d’or s’était craquelé pour révéler sa pourriture, et les fissures se confirmaient de plus en plus, au fur et à mesure que le temps passait. Nexus était devenue Nexus l’orgueilleuse, avait négligé ses défauts, et ceux-ci la rongeaient. La propagande officielle, qui attribuait les troubles uniquement aux Ashnardiens, était insuffisante en la matière pour expliquer cette situation. Cahir l’avait su en venant ici, et si ça ne tenait qu’à lui, il ne serait jamais resté. Seulement, il avait besoin d’argent pour rejoindre un embarcadère, afin d’aller sur un archipel. Il agissait sans raison, simplement pour se donner un but à son existence. Sa fierté était le dernier rempart au désespoir, la dernière façon de l’empêcher de s’écrouler, et de se suicider. Sans elle, il ne serait plus rien, tout simplement. C’est pour cette raison qu’il se forçait à ne pas sombrer, à rester brave et digne.

« Hin, tu me demandes de l'aide, après avoir refusé celle que je te proposais ? Désolée, mais je ne suis plus d'humeur charitable maintenant. Débrouille-toi tout seul pour vendre tes griffes.[/color] »

Il ne dit rien, mais une moue contrariée traversa son visage. Cette femme avait visiblement son caractère. Il ne comptait pas quémander, ni supplier.  Ce n’était pas son genre. Et surtout pas devant une voleuse. Cahir ne dit donc rien, tandis que Vincente se relevait, prête à partir. Sur un ton plus radouci, elle ajouta :

« Un dernier conseil : si tu veux vivre vieux, dégage de cette ville aussi vite que possible, et n'y remets pas les pieds avant longtemps, compris ? Sur ce...[/b] »

Là encore, aucun sourire ne vint éclairer les lèvres de Cahir. Il fixa le regard de Vincente, puis se désintéressa d’elle, la laissant partir. En temps normal, il aurait peut-être deviné que la voleuse avait peur, mais il se sentait surtout agacé. Il ne lui reprochait rien. C’était de sa faute. Quelle idée stupide se tourner vers une voleuse ! Il fallait croire qu’il existait encore une vieille étoile pour veiller sur lui, afin de l’empêcher de faire telle alliance. Être un traître à sa nation était amplement suffisant, sans devoir rajouter d’autres points noirs sur sa biographie. Il ne serait pas un traître ou un parvenu, et resterait fidèle à la ligne.

*Voilà qui m’apprendra à me tourner vers ceux qui contaminent toute forme de civilisation...*

Nexus, comme Ashnard, reconnaissaient l’importance de la propriété privée. Le vol était la négation de la propriété, l’une des bases de tout système civilisé. Il était normal d’abhorrer les voleurs. Cahir restait à sa place, tandis que Vincente sortait. L’apatride ignorait que le marchand qui l’avait agressé appartenait à l’une des puissantes guildes de Nexus, tout comme il ignorait que les individus qu’il avait occis faisaient partie d’une bande qui, comme toutes les bandes organisées de la ville, étaient financées et soutenues par des individus puissants. Et, si Cahir était un inconnu, Vincente était  connue des forces de police. Quand cette dernière sortit, ce fut pour voir une patrouille de soldats se rapprochant de l’auberge. En réalité, d’autres gardes approchaient aussi de l’auberge. Cahir avait abattu les hommes d’un des ténors de la guilde des armuriers. C’était une action qui ne devait pas rester impunie. En voyant la jeune fille, les gardes l’observèrent plus attentivement, cessant d’interroger les badauds.

« C’est la voleuse.
 -  Et elle sort de cette auberge…
 -  Voilà qui sera l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Sa petite tête vaut chère ! »

Les gardes hochèrent la tête entre eux, satisfaits, puis se rapprochèrent de Vincente, sortant les épées de leurs fourreaux, et pointant leurs hallebardes. Cahir, de son côté, continuait à déguster ses crevettes quand il vit d’autres gardes entrer dans l’auberge, par d’autres portes, leurs regards dévisageant l’assistance, avant de se porter sur lui. Instinctivement, il comprit que ces putains de griffes de kikimorrhes étaient en train de le foutre dans la merde.
Titre: Re : Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le vendredi 22 mars 2013, 01:46:13
Alors que j'ouvrais la porte de l'auberge, je vit plus loin une escouade de gardes s'approcher. Ils interrogeaient tout ceux qu'ils pouvaient, surement à la recherche de l'homme. Bien, on dirait qu'il va avoir quelques ennuis... Mais ce n'est plus mon affaire. Cet idiot s'est mit dans la mouise, et quand j'ai voulu l'aider (bon, c'était intéressé, mais quand même...), il a refusé. À lui d'assumer, maintenant.

« C’est la voleuse.
 -  Et elle sort de cette auberge…
 -  Voilà qui sera l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Sa petite tête vaut chère ! »

Urgh... Mince... On dirait que ce n'est pas mon jour à moi non plus. Je tourne la tête, pourvoir arriver une autre escouade de l'autre coté de la rue. Double et triple zut ! Ma seule option, rentrer dans l'auberge, ce que j'execute sans trainer. Seulement, j'ai à peine le temps de faire trois pas que je vois à nouveau d'autres gardes arriver par le fond, sans doute entrés par la porte de service. Evidemment, les gardes assis, voyant arriver leurs collègues, saississent leurs armes et se joignent au groupe.

L'homme et moi nous retrouvons peu à peu encerclés, dos à dos au milieu de la pièce. Les autres clients, comprenant la situation, détallent sans trainer, pendant que le patron et ses empoyées filent se cacher à la cave. J'évalue la situation. En tout, il doit bien y avoir pas loin de deux douzaines de gardes autour de nous, et surement d'autres à l'extérieur. Toutes les issues directes, portes comme fenêtres, sont évidemment gardées, se qui m'empèche de les utiliser. Sortir par le rez-de-chaussée est compromis, que ce soit par devant ou par derrière.

" Eh, on les tient.
- Ouaip, on est verni, double prime !
- Dis donc, il a du matos le mec, ça doit faire un beau bonus.
- Et la gamine est pas mal roulée, ça fera un extra !
- Tu crois qu'ils sont complices ?
- On s'en fout, on rafle la mise, et on s'éclate ! "


Pas le choix, il va falloir combattre... Je prépare un fumigène dans chaque main. On ne peut pas vraiment appeler ça un plan, mais la meilleure solution qui me vient à l'esprit, c'est de parvenir à atteindre l'escalier qui menne à l'étage. Là, leur nombre aura moins d'impact qu'ici, et si je parviens à avoir accès au toit, alors la fuite sera possible... Seulement, seule, je ne suis pas sure d'y arriver...

" Tché, nous voila dans la même galère on dirait... Ça m'énèrve, mais je vais devoir revenir sur ce que j'ai dit tout à l'heure. Enfin, si tu veux t'en tirer, en tout cas... "
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le vendredi 22 mars 2013, 14:31:20
Même manger des crevettes était à Nexus un exploit ! Alors que Cahir les savourait, il voyait les gardes se rapprocher, et comprit que la force publique n’avait pas traîné. Tant d’hommes simplement pour lui, c’était un honneur, mais il comprit, en voyant revenir Vincente, que c’était sans doute la voleuse que les autorités recherchaient. A Nexus, le vol par des indépendants devait être sévèrement réprimé. Cahir se redressa, tandis que les clients, prudemment, s’écartaient. Les soldats nexusiens avaient des mines patibulaires, suffisamment hostiles pour amener n’importe quel curieux à s’éloigner rapidement, sans demander son reste. Cahir se releva lentement, ayant toujours son épée à la ceinture, et considéra silencieusement les griffes de kikimorrhe. Il avait de plus en plus l’impression que ces griffes constituaient un cadeau empoisonné. Il vit Vincente revenir, alors que les soldats formaient progressivement un cercle autour d’eux.

« Tché, nous voila dans la même galère on dirait... Ça m'énèrve, mais je vais devoir revenir sur ce que j'ai dit tout à l'heure. Enfin, si tu veux t'en tirer, en tout cas... »

Il sourit.

« Tu ne pouvais pas te passer de moi ? »

La seule sortie possible était par l’escalier. Cahir sortit son épée, mais vit que plusieurs gardes pointaient sur eux des arbalètes.

« Belle épée... nota un soldat.
 -  Viens la voir de plus près. »

Cahir se mit en position de combat, alors que les arbalétriers pointaient ses carreaux sur lui. Avec son épée en verredragon, il était visiblement la menace prioritaire. Il sourit légèrement, et l’un des arbalétriers tira sur lui. L’épée se positionna juste avant le tir, et intercepta le carreau. Les soldats en furent surpris, ne s’attendant pas à ce qu’un simple homme réussisse un tel coup. Mais Cahir n’était pas un vulgaire homme, c’était un ancien guerrier d’élite. Il avait vu l’arbalétrier, et, surtout, vu où ce dernier comptait tirer. Le carreau filant tout droit, il lui avait suffi de s’interposer avec sa lame. Deux hallebardiers fondirent sur Cahir en courant rapidement, et en hurlant stupidement. Ce dernier, en position de combat, en évita un à l’aide d’une roulade, et lui fait un croche-pieds, envoyant le soldat s’écraser sur la table, tandis qu’il leva sa lame, et l’abattit sur le second, déchirant sans difficulté sa côte de mailles bleue, faisant couler le sang. Il s’élança alors vers l’escalier, tandis que des fumigènes explosaient dans la pièce, et grimpa l’escalier deux par deux, faisant craquer le bois. Des flèches se logèrent à proximité de lui, tandis que les soldats, surpris par les fumigènes, toussaient en grognant.

A l’étage, Cahir atterrit dans une salle, et courut vers une porte en bois, l’ouvrant d’un puissant coup de pied. Il y avait plusieurs fenêtres.

« Rattrapez-les, bordel ! »

Cahir regarda Vincente.

« Curieusement, je ne crois pas que de simples griffes peuvent attirer tout un régiment de soldats. Mais nous en discuterons plus tard. »

Il se dirigea par une fenêtre, qui donnait sur un petit toit en pente, et grimpa dessus. Il y avait des tuiles, et il se retourna, puis sauta en hauteur, s’agrippant à un interstice, et commença à grimper, rejoignant le toit. Il était plutôt agile, et, depuis le toit, il y aurait de plus amples solutions de s’enfuir. Néanmoins, il allait devoir faire confiance à Vincente pour les guider, car il ignorait totalement par où se rendre.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le samedi 30 mars 2013, 23:18:50
Le point positif de faire équipe avec un type expérimenté, c'est qu'on a pas besoin de lui expliquer un plan dans les moindres détails. Il comprend très vite, et sait s'adapter à vos actions. C'est du moins ce que je comprenais, après ces derniers instants.

Du fait de sa carrure et de son épée, l'homme était devenu une cible prioritaire pour les gardes, qui de fait avaient concentré leur attention sur lui. Comme je m'y attendais, après l'avoir déjà vu combattre, un tir d'arbalète, puis la charge de deux hallebardiers, ne furent d'aucune menace pour lui. Pour ma part, j'avais activé mes fumigènes, et les avais lancés devant moi. Puis je détalais vers les escaliers, en même temps que l'homme.

Arrivés en haut, je le laissa passer devant. Pendant qu'il cherchait une issue, je fracassa une des fioles d'huile que je transportais sur le haut des marches. Un tour classique, mais efficace. Puis je rejoignis mon compagnon forcé, pendant qu'il ouvrait une fenêtre.

" Curieusement, je ne crois pas que de simples griffes peuvent attirer tout un régiment de soldats. Mais nous en discuterons plus tard.
- Si tu trouves que ce n'est pas le moment, n'en parle pas tout simplement. À la place, fais gaffe à ne pas glisser. "


Malgré mes dires, force est de constater qu'il se débrouille pas mal en escalade. Sans avoir mon niveau pour autant, il gère ça bien mieux que la moyenne des personnes que j'ai pu voir. Il me rejoind sur le sommet du toit, pendant de que j'analyse la situation. Le problème majeur est que l'auberge donne sur une grande rue, laquelle grouille de gardes. Du coup, aller d'un coté ou de l'autre ne sera guère utile, puisque les gardes pourront nous suivre. Et comme l'arrière de l'auberge donne sur une petite cour, comme les autres bâtiments environnant, les choix sont limités, et guère intéressant. La meilleure option reste de partir vers la gauche. En effet, il y a plus loin un rassemblement devant quelque artiste de tue, ça ralentira un peu les gardes.

" Prépare-toi pour la course, et ne te tord pas une cheville. "

Et je m'elance agilement sur les toits.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le dimanche 31 mars 2013, 12:24:18
« Si tu trouves que ce n'est pas le moment, n'en parle pas tout simplement. À la place, fais gaffe à ne pas glisser. »

Il sourit. Cette femme avait du toupet, ça lui plaisait. Sur le toit, il pouvait voir que les soldats se regroupaient à l’extérieur, les désignant du doigt. Quelques badauds les observaient également. Nexus... Depuis cette position, il pouvait voir à quel point la ville était immense, mais ce n’était pas le meilleur point de vue. Il y a quelques jours, il avait grimpé le long des falaises entourant la ville, ces falaises qui menaient aux quartiers huppés, où les simples pécores n’avaient pas accès, et avaient vu toute la taille de la ville. Elle s’étalait sur de nombreux kilomètres, avec une énorme façade maritime, un enchevêtrement de lignes de quais, de docks, de pontons, de phares, d’arsenaux militaires, et de navires. Il avait été triste, triste pour Nexus, Nexus la Grande, qui n’était plus qu’un sinistre fantôme d’elle-même. Et ce d’autant plus qu’il savait que les Ashnardiens, qu’il considérait toujours comme sa patrie, n’y étaient pas totalement étrangers. Ils avaient précipité la chute de Nexus, certes pour mieux la reconstruire par la suite, mais avaient quand même contribué à sa déchéance.

Tandis qu’il y songeait, Vincente regardait autour d’elle, cherchant une porte de sortie.

« Prépare-toi pour la course, et ne te tord pas une cheville.
 -  Ne t’en fais pas pour ça, petite. »

Cahir n’était certes pas aussi agile qu’elle, mais il était sportif, et avait déjà participé à des missions d’infiltration consistant à grimper le long de murs d’enceintes, à avancer sur les toits, afin de tuer des cibles. Les archers et les arbalétriers les visaient en décochant leurs flèches ou leurs carreaux. A cette distance, ils pouvaient les atteindre, théoriquement, du moins. Il aurait fallu être un excellent archer pour faire mouche, mais l’apatride ne tenait pas à rester là pour leur offrir une chance de perfectionner leurs essais. Il se mit à courir, suivant Vincente, qui filait le long de toits en tuile, sautait par-dessus de petites ruelles. Elle filait comme une flèche, et Cahir devait suivre l’allure, étant beaucoup plus facile à repérer qu’elle. C’était une vraie acrobate. Elle aurait fait fureur dans un cirque.

Entre-temps, quelques archers postés sur les toits tentaient de les attaquer, tandis que Cahir vit ce que Vincente cherchait : un attroupement de gens autour d’un spectacle de rue, où des Asiatiques faisaient tournoyer un dragon de papier en donnant des coups de tambour. Ils descendirent dans une petite impasse, à l’aide de quelques appuis. Cahir n’attendit pas, et s’avança vers les gens, avant de ralentir son allure.

« Inutile d’attirer l’attention. Cherchons un moyen de foutre le camp rapidement. »

Il passa entre plusieurs gens, tandis que les gardes s’approchaient. Cahir et Vincente étaient sur une place devant une église. Elle était plutôt belle. Peut-être une porte de sortie ? Il laissait le soin à Vincente de se repérer, tout en se méfiant. Dans ce genre de situations, non seulement elle pouvait le semer, mais également lui reprendre ses griffes. Il aurait été suicidaire de lui accorder une confiance absolue en ce moment. Cahir se méfiait autant des gardes qui les coursaient, que de cette femme.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le mardi 02 avril 2013, 22:03:21
Bon, on avait réussi à avoir un peu de répit, s'était déjà ça. Maintenant, il fallait trouver un moyen de semer définitivement ces gardes. Actuellement, l'homme (j'ignore toujours son nom) et moi nous trouvions au milieu de la foule, non loin d'une représentation artistique impliquant un genre de dragon et des tambours. Je me moquais de ça, mes préoccupations étant comment disparaitre, et les cris des gardes fendant la foule.

J'avais beau chercher, je ne voyais pas des masses de solutions. La foule m'empèchait de me repérer clairement, de fait le choix le plus évident que je voyais était l'église nous faisant face. Et honnêtement, je n'étais pas tentée par l'idée d'y aller, tout bonnement parce que c'était un choix trop évident. C'est alors qu'une idée me vint à l'esprit.
Pour mon plan, il me faut un peu d'argent. Je n'ai aucun mal à récupérer une bourse parmi les nombreux badauds se pressant autour de moi. Elle est plutôt maigre, mais ça fera l'affaire. J'attrape un des gamins assistant au spectacle.

" Petit, tu veux bien me rendre un service ? Je sors une pièce que je fais danser entre mes doigts. Tu peux aller dire au curé de l'église que sa commande est arrivée ? Je te donne cette pièce d'avance, et deux autres si tu reviens avec le curé. "

Le jeune garçon prend la pièce et file sans discuter. J'espère que les gardes tomberont dans le panneau en voyant quelqu'un entrer dans l'église... Lya, perchée sur mon épaule droite, se tend alors. Elle sent l'air ambiant, avant de pousser deux cris brefs. La chance ! S'il y a un accès aux égouts, ce sera encore plus facile de leur échapper ! Vivement, je quitte la place, pour rejoindre une ruelle adjacente. Encore une fois, j'en dois une à Lya. Une grille se trouve au niveau du sol, d'où émane l'odeur de la pourriture. Je constate alors que l'homme ne m'a pas laché d'une semelle.

" Si tu veux toujours me suivre, j'espère pour toi que tu n'es pas un coeur sensible. "

Sans attendre sa réponse, je fais sauter les barreaux à grand renfort de coups de pieds et jurons. Puis je me glisse par l'ouverture pratiquée. Honnêtement, je ne suis pas vraiment partante pour qu'il me suive. Maintenant que les dangers imminents ont été écartés, je n'ai plus besoin de sa présence, d'autant qu'il pourrait à tout moment se retourner contre moi. On a été alliés de circonstance, mais maintenant, la méfiance est de mise.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le mercredi 03 avril 2013, 08:18:39
Fendant la foule, les gardes avançaient prudemment. A Nexus, la tension sociale était forte, et il suffisait d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Les soldats ne voulaient pas être responsables d’une émeute, et ne dispersaient donc pas la foule, préférant avancer prudemment, leurs intimidantes armes forçant les gens à s’écarter. Cependant, Cahir et Vincente étaient dissimulés dans le gros de la foule. L’apatride recherchait une solution. Rentrer dans l’église lui apparaissait comme le choix le plus évident, mais, à supposer qu’il existe une porte de sortie à l’intérieur, le duo serait coincé dedans. Il fit donc confiance à l’instinct de Valentyne, qui réussit à leurrer les soldats. Ces derniers se dirigèrent vers l’église, tandis que le duo se rendit dans une nouvelle impasse annexe à la fête, pour ouvrir une grille d’évacuation vers les égouts. La puanteur agressa les narines de Cahir. Une grimace de dégoût s’afficha sur ses lèvres, mais il n’était pas sot.

« Si tu veux toujours me suivre, j'espère pour toi que tu n'es pas un cœur sensible » la provoque-t-elle en passant.

Sa petite taille lui permet de se glisser entre certains barreaux de la grille qu’elle a écartée. Cahir, de son côté, se rappelait ce qu’il savait sur les souterrains de Nexus. Ils formaient une ville sous la ville, un enchevêtrement de grottes, de catacombes, et d’un réseau d’égouts ancestral. Les spécialistes en urbanisation considéraient que Nexus avait été la première ville mondiale à développer un réseau d’égouts, devant Tekhos même. Ce réseau d’égouts avait permis de réinstaurer la salubrité publique, en mettant fin à une nuisance odorante, et en permettant de réduire les infections. Les égouts étaient fermés au public, car ils abritaient de nombreux monstres se nourrissant des déchets de la ville : noyeurs, goules, graveirs, noctules... Sans parler des forbans qui utilisaient les égouts pour convoyer des marchandises illégales, les égouts servant à un vaste trafic, notamment de stupéfiants. Y entrer était risqué, même avec une guide débrouillarde comme Vincente, mais l’apatride n’avait pas spécialement le choix. C’était, soit ça, soit affronter des soldats corrompus qui se feraient un plaisir de le dépuiller et de l’incarcérer.

Alors, Cahir entra dans la canalisation. Il suivit une pente descendante et sombre, jusqu’à atteindre les égouts. L’éclairage était faible, menant de petites ouvertures taillées dans les recoins du plafond. Il y avait, au centre, une eau verdâtre et visqueuse, jonchée ici et là de débris. De nombreux chemins étaient fermés par des grilles noirâtres fermement plantées dans le sol, et Cahir et Vincente se tenaient sur une plate-forme.

« J’ai déjà visité des égouts, ne t’en fais pas pour moi », lui répondit-il, à rebours.

Depuis leur position, Cahir percevait les vibrations, aussi bien sonores que physiques, de la foule au-dessus d’eux. Il était rassurant de voir que des gens, en-haut, s’amusaient, alors qu’eux barbotaient dans la fange.

« Et si tu me parlais un peu de toi ? Je veux bien croire que ces griffes de kikimorrhes aient une bonne valeur marchande, mais, de là à déployer tout un bataillon de soldats... Quelque chose me dit que ces soldats en avaient après toi... Et, vu que nous sommes littéralement plongés tous les deux dans la merde, ce serait peut-être le bon moment de partir sur de bonnes bases, et de briser la glace. »

Cahir était sérieux. Ce n’était pas un manipulateur, mais un homme d’honneur. Il donna donc rapidement le bon exemple :

« Moi, par exemple, je m’appelle Cahir Mawr Dyffryn aep Ceallach, fils du général Ceallach, et de l’artisane Mawr. Je suis un ancien soldat impérial ashnardien qui a été condamné à l’exil par jugement impérial extraordinaire. »

Il n’en dit pas plus. L’avouer était déjà suffisamment dur dans sa bouche, lui donnant un arrière-goût de rancœur et de moisissure, qui allait à merveille avec cet endroit sinistre et nauséabond. Tout en parlant, Cahir restait vigilant, attentif. Les égouts étaient loi  d’être aussi déserts qu’on aimait bien le prétendre.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le samedi 06 avril 2013, 00:37:05
Un bruit dans mon dos m'annonce qu'il a décidé de me suivre. Bon, je ne peux pas vraiment l'en empêcher, j'espère juste qu'il ne me jouera pas un coup foireux...
Ma main fouille mon sac, pour en extraire le cristal de lumière, quartz soumit à la magie pendant une longue période, et maintenant capable d'éclairer n'importe quel lieu, du moment qu'il est exposé à un peu de chaleur. Celle de ma paume ne tarde pas à le faire réagir, et une faible lueur commence à repousser les ombres environnantes. Soucieuse de ne pas trainer dans les parages, des fois qu'un garde plus malin que les autres chercherait dans le coin, je me mets en marche, l'homme sur mes talons. Il ne tarde pas à briser le silence.

« Et si tu me parlais un peu de toi ? Je veux bien croire que ces griffes de kikimorrhes aient une bonne valeur marchande, mais, de là à déployer tout un bataillon de soldats... Quelque chose me dit que ces soldats en avaient après toi... Et, vu que nous sommes littéralement plongés tous les deux dans la merde, ce serait peut-être le bon moment de partir sur de bonnes bases, et de briser la glace.
Moi, par exemple, je m’appelle Cahir Mawr Dyffryn aep Ceallach, fils du général Ceallach, et de l’artisane Mawr. Je suis un ancien soldat impérial ashnardien qui a été condamné à l’exil par jugement impérial extraordinaire. »


Et ben mon vieux, tu parles d'un nom alambiqué. C'est fait pour filer la migraine aux gens à qui tu te présentes, ou tes parents avaient reçu un gage lors de ta naissance ?
Considérant que l'on s'est suffisamment éloignés, je m'arrête, ce sera plus simple pour parler.

" Vincente Valentyne. Quant à la profession, je ne vais pas te faire un dessin...
À propos des gardes, tu as à moitié raison, et à moitié tord. Oui, ils en avaient après moi. Mais initialement, c'est toi qu'ils voulaient. Et ce sont ces griffes la cause.

Je vais te faire un topo : dans Nexus, tu as des dizaines de guildes en tout genre. Et parmi elles, la guilde des Armuriers. Officiellement parlant, c'est un rassemblement d'armuriers et forgerons, juste pour des histoires de régulation de la concurrence, protection des secrets de fabrication, et tout le bazar. Dans les faits, c'est le plus grand réseau de trafic de matériel de guerre de ce coté-ci de la frontière. En prime, c'est le fournisseur exclusif de la garde et de l'armée, donc tu te doutes qu'ils sont écoutés très attentivement là-bas.
Et maintenant, le rapport avec toi : tu as voulu vendre tes griffes à un type du réseau, que tu as insulté, et par deux fois. Et ça, c'est impardonnable, non seulement d'un point de vue personnel, mais aussi parce que ça pourrait donner des idées... Ils veulent te mettre le grappin dessus pour se venger, et faire un exemple. "
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le samedi 06 avril 2013, 12:13:47
L’iconoclaste duo continuait à avancer le long d’égouts sinistres et moribonds. Vincente utilisait une sorte de cristal magique faisant penser à de l’artisanat elfique pour avancer. Par moment, l’obscurité était opaque, et Cahir avait toujours la main près de la garde de son épée. Il sentait une indicible menace dans l’eau verdâtre, et savait que l’endroit n’était pas sûr. Il s’était présenté en toute humilité, n’ayant après tout aucune honte à avoir face à une voleuse. Elle lui donna donc son nom complet, puis lui donna de plus amples précisions sur ce qui venait de se passer. Cahir l’écouta silencieusement. Il savait que, dans un État, il existait des contrepouvoirs à l’exercice de l’autorité publique. Des notions qu’il avait vus à l’académie, lors des enseignements théoriques : la souveraineté, le pouvoir... Ashnard avait une vision très souverainiste des choses, considérant que l’État devait exercer un monopole dans l’édiction de normes séculières, les autres contrepouvoirs devant se soumettre aux normes étatiques. Les guildes, les corporations, les associations, les cultes, étaient autant de menaces à la puissance du pouvoir étatique, car ils tendaient à prédominer sur les normes publiques. A Nexus, ce phénomène était encore plus marquant, du fait de la corruption ambiante, et de la transformation de l’aristocratie en une bourgeoisie marchande.

Vincente lui expliqua que Cahir s’était fâché avec un membre de la guilde des Armuriers, qui désignait des marchands d’armes constituant les principaux fournisseurs de l’armée nexusienne. Il comprit donc qu’il s’agissait d’adversaires dangereux, qui avaient le soutien indéfectible des pouvoirs publics. Les Armuriers n’avaient pas du accepter qu’un simple homme vienne rejeter leur offre. Cahir était devenu persona non grata, et ils avaient voulu faire un exemple en envoyant une garnison toute entière s’occuper de lui. C’était assez rocambolesque, un scénario plutôt tiré par les cheveux, mais, quoiqu’il en soit, ça n’enlevait rien au problème majeur : les jours de Cahir à Nexus étaient désormais comptés.

« Il ne me reste plus qu’à prendre le premier bateau pour foutre le camp d’ici... » lâcha-t-il tout simplement.

C’était la seule conclusion logique à laquelle il était arrivé. Nexus avait de nombreux navires qui partaient et venaient chaque jour, un important trafic commercial. Ashnard avait parfois essayé de faire un blocus maritime, mais la flotte nexusienne était bien trop organisée, et bien trop puissante, pour que les navires de guerre ashnardiens tiennent. Nexus était avant tout une puissance maritime, et Ashnard une puissance continentale. L’apatride se mit à marcher, avant de regarder à nouveau Vincente.

« Désolé de t’avoir embarqué dans tout ça, petite. »

Dans l’absolu, c’était plutôt à elle de se blâmer, car c’était elle qui était intervenue auprès de lui. Cahir continuait à marcher, tout en entendant des bruits sinistres, des échos revenant de loin. Sa prise sur la poigne de son épée se raffermit, tandis qu’il se retourna devant Vincente.

« Et tu vas où comme ça ? Ce n’est pas que j’aime pas les lieux, mais je t’imagine mal vivre là-dedans... »
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le jeudi 25 avril 2013, 21:47:29
Je savais déjà que Cahir n'était pas stupide, et il le confirma à nouveau en comprenant parfaitement dans quelle panade il s'était fourré. Il faut dire qu'en effet, il était bon pour lui de quitter la ville au plus vite. La Guilde des Armuriers se faisait moucher pour la première fois en plus de trois ans, nul doute qu'ils n'appréciaient pas l'offense. Mais dans toute cette histoire, mon problème était de sortir de cette embrouille, le plus vite possible, sans y laisser des plumes, et avec une compensation. En gros, mission très difficile. J'avais beau me creuser la tête, je ne voyais pas trop comment remplir tout ces objectifs. Mon compagnon forcé s'excusa alors, avant d'ajouter une remarque sur les lieux.

" Bah, c'est ma vie quotidienne, ce genre de déconvenue. Bon, pas tout le temps avec quatre ou cinq bataillons aux fesses, mais la course-poursuite, j'ai l'habitude.

Et, tu as peut-être une opinion sur les voleurs qui t'est propre, mais de là à imaginer que les égouts sont ma maison... Sérieusement, on est des humains normaux, nous aussi ! On dort dans des maisons, dans un lit, comme tout le monde !
Si je passe par là, c'est simplement qu'on ne croise jamais personne... Enfin, très rarement, quoi. Donc c'est un bon moyen pour aller d'un point à un autre sans être embêté... En général. "


Oui, en général... Parce que les bruits qui se font entendre ne sont pas de bon augure. Par principe, dans les égouts, tout ce qui s'entend est source de problèmes. Ça peut être un humain, parfois isolé, parfois en groupe, et à un stade plus ou moins avancé de folie. Ça peut être aussi une bestiole quelconque, mais agressive le plus souvent. Mais le pire, c'est les rejetons.
Je ne sais pas comment ils classifient ça, là haut, dans leurs grandes écoles. Mais dans notre milieu, ça englobe tout un tas de saletés à l'allure repoussante, voire ignoble, et très dangereuses (dans le meilleur des cas). On ne sait pas trop d'où elles viennent, mais ce qui est sur, c'est qu'il y a peu de personnes se vantant d'en avoir vu de près, sauf si les cadavres pouvaient parler, à la rigueur...
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le vendredi 26 avril 2013, 01:11:37
Est-ce qu’il avait réussi à toucher une corde sensible ? Cette question fit naître sur ses lèvres un fantôme de sourire. Vincente n’était pas aussi imperméable qu’on le penserait. Son « nous aussi » était révélateur. Il s’imaginait une pauvre, qui vivait dans les bas-fonds grandissants de Nexus, obligée de vivre en se contentant des miettes que les plus riches laissaient aux miséreux. Le vol lui était apparu comme une nécessité. A choisir entre ça et la prostitution, c’était sans doute un moindre mal. Dans un sens, Cahir pouvait la comprendre. Nexus était certes la première puissance économique mondiale, il n’en restait pas moins que les richesses étaient, comme partout, très inégalement réparties entre les propriétaires, les bourgeois, les marchands, et les autres, la masse populaire. Ceci entraînait une forte hausse du paupérisme, avec le développement de bas-fonds qui devenaient de plus en plus des zones de non-droit, où l’autorité était représentée par des barons du crime, des trafiquants. La faute en revenait toujours au même acteur politique défaillant : l’État. Cahir était un homme à l’esprit politique très centralisateur, et très souverainiste. Rien n’importait plus que d’avoir un État fort, car c’était la garantie que les choses iraient dans le meilleur des cas, que la corruption serait réduite, et que les dirigeants se consacreraient vraiment, dans la mesure du possible, à la prospérité de leur État. A Nexus, le pouvoir royal était trop faible, et les contrepouvoirs trop forts Il fallait un véritable changement pour redonner à Nexus sa gloire d’antan.

« Comme tout le monde, hein ? la railla-t-il. Personnellement, je passe plus de temps à dormir à côté de mon cheval, à la belle étoile, plutôt que dans un lit et sous un toit. Alors, peut-être bien que c’est moi, finalement, le vagabond, hein ? »

C’était assez ironique, quand on y pensait. Cahir suivait l’eau verdâtre et marécageuse. L’odeur était à vous retourner l’estomac, mais il conservait ses distances avec cette eau vaseuse. Le duo s’avançait le long des égouts, et Cahir était de plus en plus convaincu qu’ils étaient suivis. Sa main se rapprochait prudemment de son épée, prêt à se battre. Il savait que les égouts de Nexus étaient dangereux. Ils étaient vieux, et abritaient quantité de monstres se nourrissant des déchets de la ville. Le duo se rapprocha d’une grille rouillée, qui menait probablement dans une crypte. Cahir s’en rapprocha prudemment, et vit des traces d’ossements sur le sol.

*Je n’ai pas envie de savoir ce qui se terre là-dedans...*

Non, vraiment pas. Il suivit prudemment Vincente, se taisant, préférant rester attentif aux bruits suspects. Le duo s’enfonçait dans une galerie assez sombre, avec de la moisissure verte contre les murs... Et Cahir le sentit. C’était l’occasion que les créatures attendaient. Des mains jaillirent du mur, friable, des mains griffues. Cahir réagit au quart de tour, et sa lame jaillit, tranchant des doigts, qui se dirigeaient vers la tête de Vincente. Des éclaboussures pourpres jaillirent des doigts tranchés, ainsi qu’un hurlement typiquement humain. Sans attendre plus longtemps, Cahir enfonça sa main à travers les briques, qui cédèrent, et il attrapa ce qui ressemblait à une gorge. Il tira violemment, et brisa le mur, ce qui eut pour effet de balancer un homme particulièrement mince, un échalas, dans l’eau.

« Pour le coup, il semblerait que notre monstre soit typiquement humain... »

Cahir plongea alors ses mains dans la vase, et souleva l’homme. Il gémissait, tentant ses doigts tranchés.

« Qui t’es, sale enfoiré ?! »

L’homme était apeuré, et ne disait rien. Cahir entendit alors des bruits de pas venant du fond du couloir, et vit plusieurs hommes se rapprocher, portant des armes... Dont des arcs.

« Tiens, tiens, siffla une voix amusée, il semblerait que nos petits oisillons soient d’humeur joueuse aujourd’hui. »

La voix était sarcastique. Les hommes brandissaient des torchères, et Cahir reconnut plusieurs femmes... Ainsi que des oreilles pointues, et des nains. Il comprit alors que l’échalas entre ses mains était un Terranide.

« Qui êtes-vous ? demanda l’apatride, en essayant de ne rien transparaître de sa nervosité.
 -  Quelle importance, dh’oine ? lâcha alors l’homme d’une voix méprisante. Ce qui importe, c’est tout le raffut que vous avez fait au-dessus. Ce qui importe, c’est que la fille qui t’accompagne a l’air d’avoir un joli minois, et que tu as l’air d’être un bon gaillard, pour un dh’oine. Ce qui importe, c’est que vous vendre nous rapportera suffisamment d’or pour acheter des armes.

Alors, Cahir comprit.

« La Scoia’tael... » grogna-t-il.

La Scoia’tael... Une sorte d’organisation mafieuse non-humaine regroupant des elfes, des nains, des Terranides, et qui, derrière des ambitions prétendument nobles, se livrait à des activités beaucoup moins nobles : kidnapping, assassinats, pillages, et terrorisme... Officiellement, ils militaient pour la cause des non-humains, ce qui, soit impliquait que ces derniers soient considérés comme égaux aux humains, soit à ce que les humains soient traités comme des êtres inférieurs. La Scoia’tael avait une certaine influence à Nexus. C’était plutôt ironique, car les Écureuils, comme on les surnommait, avaient comme soutien financier et militaire Ashnard, dans la mesure où la Scoia’tael permettait de désorganiser l’ennemi, par une politique de guérilla.

Cahir vit les elfes archères brandir leurs arcs vers eux. Si on en croyait les talents des elfes archers, elles n’auraient aucune difficulté à les atteindre. Il n’eut pas longtemps à réfléchir, et s’interposa entre eux et Vincente, brandissant le Terranide comme bouclier. L’elfe qui leur avait parlé, et qui semblait être le chef, leva alors la main. Cahir vit alors qu’il lui manquait une partie du nez, et qu’une affreuse balafre déformait son visage.

« On ne fait que passer. Laissez-nous partir.
 -  Toshi est prêt à mourir pour sa cause, répliqua l’elfe. Et je préférerais me damner plutôt que de laisser un seul dh’oine vivre. »

L’une des elfes archères fronçait les sourcils. Elle tirerait dès qu’elle aurait une ouverture. Cahir regarda Vincente brièvement.

« Tu as encore une de ces bombes fumigènes ? Si c’est le cas, je te suggère de l’utiliser à mon signal, et de courir vers la crypte. »

Cahir ignorait ce qui se cachait à l’intérieur, mais, à choisir entre la crypte et affronter une bande de bandits hargneux, son choix était vite fait.

« MAINTENANT ! » hurla-t-il.

Il donna un coup de pied à Toshi, et bondit en arrière.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le vendredi 26 avril 2013, 23:40:51
La galerie se poursuivait encore et toujours. J'écoutais d'une oreille distaite le commentaire du guerrier, l'autre monopolisant mon attention sur les bruits environnants. Ils enflaient, de peu, mais progressivement, et ce n'était pas bon signe du tout. D'après le plan que je me faisais en tête, il y avait une sortie un peu plus loin, et il devenait urgent de l'atteindre en vitesse. Focalisée sur cet objectif, je ne vis pas l'assaut venir.

Heureusement pour moi, Cahir, lui, le vit une fraction de seconde avant qu'il ne soit trop tard. Les événements se sont ensuite enchainés à une telle vitesse qu'il me fallut un temps pour tout assimiler. Une main jaillit du mur dans ma direction, avant que Cahir n'en tranche net les doigts d'un coup d'épée. Les moignons n'avaient pas fini leur chute que le guerrier propulsait l'assaillant hors de sa cachette, pour le menacer de sa lame. Pour ma part, j'étais encore sous le choc, incapable de réagir à ce qui venait de se passer.

Puis une nouvelle menace arriva, sous la forme d'un groupe de non-humains aux intentions clairement hostiles. D'après l'échange verbal entre leur meneur et Cahir, je compris qu'il s'agissait d'un bataillon des Ecureuils, un groupe terroriste sévissant à Nexus. On était mal. Cahir maintenait le premier assaillant entre eux et nous, ce qui formait un bouclier improvisé entre eux et nous, mais à la moindre ouverture ils nous étriperaient.
Les instructions de Cahir me sortirent de mon état d'hébétude. Encore une fois, nous nous retrouvions compagnons d'armes face à l'adversité... À son signal, quand il envoya voler le corps vers le groupe, créant un instant de surprise, j'en profita pour faire éclater ma grenade au sol, générant un épais nuage de fumée. Dans la foulée, je lançais deux fioles d'huile, au cas où ils voudraient quand même nous suivre, avant de suivre Cahir au travers de la grille.

Nous courrons dans le conduit, à moitié aveugles du fait de la faible lumière de mon cristal, qui dansait sur les murs au rythme de mes foulées. Un crépitement suivi d'un hurlement m'annonça qu'au moins des poursuivants avait glissé sur l'huile, et l'avait enflammée avec sa torche. Voila qui les décourageraient de nous courir après. Tout à me féliciter, je ne vis pas le dénivelé, pas plus que Cahir, et nou nous mirent à dévaler la pente en roulant, emmelant nos membres dans un concert de cris et de jurons.

La chute se termina enfin, et j'aterris sur Cahir, mon visage à moins d'un pouce du sien. C'est en contemplant mon reflet dans ses yeux que je pris conscience de notre position. Rougissante, je m'écarte d'un bond.

" Cest ! Euh, je veux dire... Enfin... Je ne voulais pas ! Euh... Merci pour tout à l'heure... "

Wow, ma fille, tu t'emmêles séverement, là. Je regarde Cahir qui se redresse, un air amusé sur le visage. En dépit de nos divergences, on s'est retrouvés par deux fois à s'entre-aider, et il a même sauvé ma vie. Il est plus gentil et fiable que je ne l'ai cru au premier abord...

Je dégaine ma dague et me jette dans sa direction.

" Attention ! "

La lame passe au dessus de son épaule, pour se planter dans un genre de tentacule blanchatre et d'apparence flasque. Un cri strident retentit alors, pendant que l'appendice se retracte violemment. Mais ce n'est qu'en voyant une masse titanesque bouger dans les ombres, accompagnée par un bruit de succion, qu'une vraie terreur s'empare de moi.

Comme tout nexusien, j'ai déjà entendu des dizaines de légendes sur toutes sortes de lieux et créatures au sein de la ville. Un ancien m'avait mit un jour en garde, affirmant qu'une légende reposait toujours sur une histoire vraie. Là, maintenant, j'aurais souhaité de tout mon être qu'il se soit trompé. Car la créature qui approchait appartenait à l'une des légendes les plus terrifiantes que je connaisse.

Le Kraken pale.

Quand on parle de kraken aux gens, ils s'imaginent un monstre marin, une sorte de pieuvre géante venue du fond des mers. D'après la légende du Kraken pale, l'une de ses créatures, alors à l'état de nouveau-né, se serait retrouvée dans les égouts de Nexus, en remontant les canaux tel un saumon remonte la rivière. Perdu dans le labyrinthe de conduits, incapable de retourner à la mer, il se nourissait de ce qu'il parvenait à attraper, corrompant ainsi sa nature, dégénérant peu à peu vers l'état de monstre blafard et malingre, copie difforme et diminuée d'un vrai kraken, mais animé d'une vigueur impie.

Dans toute sa detestable splendeur, la créature se révéla dans la lumière du cristal. Une masse informe de chair gélatineuse, d'un blanc malade, suintante et parcourue de spasmes, emplissait mon champ de vision. Une armée de tencatcules s'agitait tout autour, certains arborant plaies ou bubons, d'autres se nécrosant carrément.
Pétrifiée par une peur primale, je regardais ma mort approcher...
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le samedi 27 avril 2013, 19:08:00
Cahir allait tout simplement de Charybde en Scylla. Il avait affronté la garde nexusienne, et tombait maintenant sur des Écureuils. Il fallait croire qu’il avait du vexer le Dieu de la chance. L’apatride agit rapidement, tandis que Vincente, suivant ses ordres, balançait sa grenade fumigène, ainsi que de l’huile inflammable sur le sol. Un choix judicieux, mais ils ne pouvaient se permettre d’attendre. Cahir avait eu la sagacité de s’abaisser, et évita ainsi plusieurs flèches tirées par les elfes archères. Il s’agissait probablement de flèches avec des pointes havekars. Ces pointes, une fois enfoncées dans le corps, se dépliaient, formant des espèces de griffes qui déchiquetaient la proie, et rendaient son extraction très difficiles. On pouvait même les enduire de poisons. En somme, il fallait se méfier des elfes. Cahir courut rapidement, tandis que l’elfe hurlait après eux. L’apatride ne l’écoutait pas. La crypte était sinistre, et abritait assurément un monstre, mais ce n’était pas comme s’ils avaient le choix. De Charybde en Scylla... Ils dévalèrent une pente sombre, plongée dans l’obscurité, et Cahir heurta un obstacle quelconque, qui le fit basculer avec Vincente. Les deux roulèrent sur le sol, dévalant une longue pente poussiéreuse, jusqu’à ce que Cahir s’écrase lourdement, dans un soupir, sur le sol, avant de sentir Vincente lui atterrir également dessus, comme pour l’achever. Il soupira, et réalisa que son visage avait atterri près du sien... Ce qui perturba Vincente. Cahir se retint de grogner et de la pousser, et elle se leva toute seule.

« Cest ! Euh, je veux dire... Enfin... Je ne voulais pas ! Euh... Merci pour tout à l'heure...
 -  Y a pas de quoi... » répliqua Cahir en commençant à se relever.

Il avait un peu mal dans le dos, mais, visiblement, il avait eu de la chance dans sa chute. Il regardait lentement autour de lui, cherchant où il se trouvait.

« Attention ! » hurla alors la jeune femme en lançant vers lui une dague.

La dague siffla près de son oreille, et il se retourna, voyant une espèce de long bras blanchâtre et visqueux qui se retira rapidement. La dague se planta dans son corps, et une vibration parcourut la pièce. L’homme se releva rapidement, dégainant son épée. Quelque chose d’énorme se trouvait là, et, lorsque le cristal lumineux de Vincente se remit en marche, Cahir reconnut... Un énorme kraken blanchâtre. Il était plutôt petit par rapport aux krakens des mers, mais plutôt gros par rapport à eux. Il devait probablement se nourrir des monstres des égouts : les noyeurs, ou encore les goules. Ceci expliquait pourquoi il n’y avait pas de noyeurs par ici. Ils devaient craindre ce kraken.

*Un kraken dans les égouts de Nexus... J’aurais vraiment tout vu dans cette ville !*

La masse du Kraken était en hauteur, face à eux deux, et de nombreux tentacules en sortaient. Cahir regardait le monstre, éberlué, tenant son épée, à l’acier forgé en verredragon. Les tentacules se rapprochaient d’eux, se déployant le long de la masse principale. L’apatride regarda autour d’eux. Ils étaient dans un grand puits d’évacuation des eaux, avec de nombreux ossements. Il reconnut alors une forte odeur de putréfaction, et vit, ici et là, de nombreux petits trous dans les murs, qui permettaient d’acheminer l’eau usée. Il y avait plusieurs portes de sortie, mais le kraken déploya rapidement d’épais tentacules devant ces derniers, comme pour les retenir. Un tentacule fonça alors vers Cahir, qui trancha avec son épée. Le verredragon se fit un plaisir, et le solide tentacule fut tranché, un morceau tombant sur le sol. Le monstre poussa un grognement de colère, et, en tournant la tête vers Vincente, l’apatride vit qu’elle était pétrifiée.

Il réagit rapidement, et lui donna une gifle, afin de la réveiller.

« Je ne pourrais pas le contrer tout seul, Princesse ! s’exclama-t-il. Réveille-toi ! »

De nouveaux tentacules fondirent sur eux, et il attrapa Vincente, bondissant en avant, évitant ainsi les tentacules qui fondirent sur eux, défonçant le sol, provoquant des lézardes sur le sol. Il se releva rapidement, se retourna, et son épée rencontra un autre tentacule, le tranchant. Un autre le frappa sur le côté, et il tomba sur le sol, avant de faire une roulade, évitant un autre tentacule, puis en trancha un énième.

*Comment une telle masse peut-elle se maintenir en hauteur ?* se demanda-t-il alors.

Il regarda rapidement la pièce, et comprit que le kraken, pour se maintenir, avait enroulé plusieurs tentacules contre le mur. Ils étaient en hauteur, impossibles à atteindre, mais il avait rapidement une stratégie.

« Enduis tes dagues de ton huile inflammable, et vise les tentacules qui permettent à ce gros tas de merde de se maintenir en hauteur. Je te couvrirai. »

L’idée, tout simple, était de faire tomber le kraken, afin de pouvoir s’enfuir.
Titre: Re : Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le dimanche 28 avril 2013, 20:00:36
Le kraken était juste au dessus de moi. Son corps titanesque se divisait en une infinité de tentacules qui s'agitaient dans tout les sens. Et au milieu de cette masse grouillante, je pouvais appercevoir la bouche de la créature, une ouverture béante hérissée d'une multitude de crocs acérés. Jamais je n'avais vu un tel cauchemar, et cette horreur me figeait d'effroi.
Un des tentacules fila dans ma direction, pourtant je restais inerte. Il y eu un éclat métalique, du sang et un cri, avant qu'un choc sur ma joue me rende mes sens.

" Je ne pourrais pas le contrer tout seul, Princesse ! Réveille-toi ! "

Cahir... Oui, je devais me réveiller. ce n'est pas mon genre d'abandonner si facilement !
L'homme m'attapa par la taille et bondit sur le coté, évitant un nouvel assaut du monstre. Son épée trancha un tentacule plus hardi que les autres, puis il se tourna à nouveau vers moi.

" Enduis tes dagues de ton huile inflammable, et vise les tentacules qui permettent à ce gros tas de merde de se maintenir en hauteur. Je te couvrirai.
- Euh, oui ! Je vais essayer. "


Une nouvelle attaque nous sépare, chacun de nous roulant d'un coté. Cahir se relève et commence à répondre aux assauts du monstre, ce qui mobilise son attention. Voir la danse de son épée, au milieu de tout ces tentacules, me fascine un temps, avant que mon esprit ne me rappelle ma mission. Ma main glisse dans mon sac et m'apprend que j'ai encore 3 fioles d'huile. En dépit de l'urgence, je prends un petit instant pour rendre hommage à l'esprit du guerrier. Il a su noter que j'avais de l'huile inflammable sur moi malgré le chaos de notre précédente rencontre, n'est pas intimidé par le kraken, et a même trouvé un moyen de le vaincre. Le moins que je puisse faire pour lui faire honneur, c'est mener à bien ses instrutions...

J'attrape un de mes couteaux de lancer. Je n'en ai qu'une dizaine, pour à peu près autant de cibles. L'erreur n'est donc pas permise. Heureusement, Cahir capte l'attention du monstre, qui se focalise sur lui, me laissant le champ libre. Consciente qu'il ne tiendra pas indéfiniment, je fais au plus vite. Le bouchon de la fiole saute, et je fais couler une partie de son contenu sur la lame. D'un geste fluide, j'envoie l'arme vers ma cible, où elle se plante dans la chair.

J'ai le temps de reproduire l'opératio deux fois, quand je sens un changement dans l'attitude du kraken. Je le vois avec espoir diminuer ses assauts sur Cahir, pour réaliser ensuite que c'est pour les reporter sur moi ! Le point positif, dans ce malheur, c'est que ces assauts sont limités, par rapport aux attaques auquelles Cahir fait face, mais ma tache est maintenant plus ardue. Je continue tant bien que mal, mais j'espère que, quoi que Cahir ai prévu, il agisse vite, ou nou serons le prochain repas du monstre...
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le mardi 30 avril 2013, 13:39:44
« Euh, oui ! Je vais essayer. »

Il aurait voulu lui dire qu’essayer serait insuffisant. Il fallait réussir, s’ils voulaient survivre. Mais le kraken ne leur laissa pas l’occasion d’avoir une conversation, les attaquant à nouveau, faisant tomber ses tentacules sur eux. Il bondit sur le côté, et se décida à affronter le monstre. Le kraken voulait danser ? Il allait être servi ! Cahir avait servi dans l’élite ashnardienne, il savait se battre, et surtout manier l’épée. De plus, sa lame était dans l’un des aciers les plus tranchants qui soient, le redoutable verredragon. Il devait attirer l’attention du monstre. Or, il savait que le kraken, dans le fond, n’était rien de plus qu’un simple monstre, une bête. Pour l’attirer, il suffisait de la faire souffrir. Cahir coupa donc rapidement un autre tentacule, et le kraken poussa un grognement, avant de l’attaquer. Une pluie de tentacules se mit à fondre sur l’homme, qui les esquiva, et trancha. Ses réflexes surdéveloppés l’amenaient à danser au milieu des tentacules visqueux. Il les esquivait en s’abaissant sur le sol, en bondissant, en faisant des roulades, tranchant dans le vif. Les morceaux tranchés des tentacules se mettaient à fondre rapidement, avant que les extrémités ne repoussent rapidement.

*Cette saloperie est pleine de surprises particulièrement vicieuses...* grogna Cahir.

Il fit tournoyer sa lame, et continuait à affronter les tentacules. Un le heurta dans le dos, et il réagit instinctivement, se retournant en tranchant le tentacule, aspergeant encore le sol du sang du monstre. Vincente, de son côté, visait soigneusement les tentacules prioritaires, ceux qui permettaient à la masse centrale du kraken de se maintenir en hauteur. Cahir aurait bien aimé l’attaquer, mais il y avait bien trop de tentacules qui le protégeaient. C’était comme affronter une espèce de redoutable et horrible forêt, impénétrable et touffue. Il bondit sur le sol, évitant encore un tentacule, qui frappa lourdement par terre, avant de se redresser, ondulant dans l’air, avant de fondre sur sa cible. A ce moment, des couteaux de lancers explosèrent près de l’un des tentacules, fragilisant le pilier, ainsi que le tentacule. Un tremblement parcourut le kraken, qui dut lâcher son pilier, déstabilisant sa position, mais sans le faire tomber.

Plus intelligent que Cahir ne l’aurait pensé, le kraken commença à comprendre que Vincente était une menace à ne pas négliger, et envoya sur elle plusieurs tentacules. Cahir la vit les esquiver, et tenta de la rejoindre, mais le kraken l’avait pas oublié. La situation commençait à devenir problématique. Sur le long terme, l’apatride finirait par se fatiguer, et le kraken en profiterait. Il comprenait mieux pourquoi ce monstre était légendaire.

*Le plan initial n’est plus bon... Il va falloir improviser.*

L’apatride allait donc devoir trouver une autre stratégie. Pour le coup, rien ne lui venait. Un autre tentacule le frappa au ventre, et il tomba sur le sol, en grognant de douleur. Sans attendre plus longtemps, un tentacule s’abattit avec force sur son ventre. La douleur fut terrible, mais l’armure encaissa l’essentiel du choc, laissant Cahir groggy, mais en état de se battre. Il nota alors une chose intéressante. Pour les attaquer, le monstre avait envoyé plus de tentacules, dégarnissant sa défense. Ceci lui donna une idée.

« Lance une autre dague ! Mais vise sa tête, cette fois ! Je suis sûr qu’elle est moins résistante que le reste du corps ! »
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le mercredi 08 mai 2013, 19:05:19
Aïe aïe aïe ! La situation n'était pas chouette du tout. Un de mes couteaux avait produit son effet, endommageant sévèrement le tentacule et déstabilisant le kraken, mais en contre-coup, sa riposte a été violente. Et Cahir en a fait les frais, frappé par deux fois au ventre et mit à terre. Heureusement, le bruit métallique m'indique que son armure a rempli sa fonction, ce qui me soulage un peu. Puis sa nouvelle instruction tombe.
Viser la tête ? Vu la taille de la cible, ce n'est pas un problème, mais il a surement le cuir trop épais pour que mes couteaux n'infligent de sérieux dégâts. Puis je réalise qu'il y a une partie très vulnérable : les yeux. Peu importe à quel point un corps peut être résistant, les yeux sont toujours un point faible. Et même les plus gros monstres n'échappent pas à la règle. Dans combien de contes le héros triomphe du monstre parce qu'il a visé ses yeux ?
Profitant d'un temps mort dans les assauts du kraken, je lance un de mes derniers couteaux. J'ai la satisfaction de le voir se planter dans l'oeil de la bête, satisfaction modulée par le rugissement assourdissant poussé alors. La victoire n'est peut-être pas si loin...

Le kraken commence à lever ses tentacules, et j'ai juste le temps de faire un Gloups d'anticipation. Puis l'enfer se déchaine. Le monstre frappe furieusement tout autour de lui, fou de rage et de douleur. Je me retrouve à danser dans tout les sens, évitant tant bien que mal les attaques du kraken. Un bond en arrière pour éviter un tentacule frappant le sol se transforme en roulade pour esquiver un autre coup fauchant l'air, et chaque moment à lever la tête pour voir ce qui se passe implique de la baisser rapidement pour ne pas la perdre.
Je parviens un temps à éviter les attaques, mais elles sont si nombreuses que je ne tiens pas la cadence. Un des tentacules me frappe au flanc, assez fort pour m'envoyer au sol. À moitié sonnée, j'essaye de me relever, quand je sens une masse s'approcher. Pas la peine de regarder en arrière, je sais déjà ce que c'est, mais ça ne m'empêche pas de ressentir un frisson de frayeur. Le tentacule m'attrape et s'enroule autour de mon corps, et la pression m'empêche de respirer. Je suis progressivement amenée vers la gueule du monstre. Là, c'est la fin...
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le vendredi 10 mai 2013, 11:28:47
C’était une lutte inégale. Un colosse contre deux individus épuisés et déjà blessés. Le kraken brisait des navires entiers, et on demandait à deux vulgaires individus de le terrasser ? C’était une mission suicidaire, Cahir le savait, tout comme il savait que, dans ce genre de circonstances, deux réactions typiques étaient possibles. La première était de s’offusquer contre le caractère injuste de la situation, et de refuser l’affrontement, d’agir en lâche. Auquel cas, on pouvait s’attendre à avoir une vie difficile, et à ne jamais savoir affronter les difficultés. En d’autres termes, on devenait un faible, un mouton, un soumis, quelqu’un qui avait peur de la vie, car la vie, loin de se caractériser par l’égalité et la justice, était fondamentalement injuste, et inéquitable. Cahir avait depuis longtemps admis cet état de fait, et, dans une situation injuste, adoptait le second type de comportement ; se surpasser, afin de triompher des difficultés. Ce kraken ne l’effrayait pas. Il avait peur, oui, mais la peur ne le réfrénait pas. Au contraire, elle le motivait, en lui rappelant que sa vie était en jeu, et qu’il devait se battre pour la protéger. L’adrénaline l’excitait, faisant fonctionner rapidement son cerveau. Son plan fut efficace, et le kraken fut blessé... Mais pas vaincu.

Néanmoins, la bête, qui ne s’attendait sûrement pas à ce que ses proies se défendent, et parviennent à la blesser, à faire couler son sang, réagit de la plus prévisible des manières : par la fureur et la rage. Ses coups s’abattirent frénétiquement sur le sol, faisant trembler toute la pièce. L’apatride fut déstabilisé, et se reçut un nouveau coup de tentacule sur le ventre, qui le repoussa. Il en lâcha son épée, et s’écrasa douloureusement contre le mur, avant de s’affaler lourdement sur le sol. Poussant des grognements, Cahir entreprit de se redresser, mais se reçut un puissant tentacule sur le dos. Même avec l’armure en ébonite, la douleur explosa dans son corps, le faisant trembler. Il cracha même du sang, sentant sa vision se troubler.

*Concentre-toi, concentre-toi !*

Se secouant la tête, il roula sur le sol, évitant un autre tentacule qui fracassa le sol, et se releva. Un tentacule fendait horizontalement l’air, filant droit vers l’homme, qui plongea sur le sol, évitant ce dernier, qui heurta le mur, le brisant. Des morceaux du plafond se mettaient à tomber, formant de gros blocs. Cahir n’avait plus son arme, mais le kraken se désintéressait à nouveau de lui. Il avait réussi à attraper Vincente, et amenait cette dernière vers sa gueule édentée. Cahir courut vers son épée, et bondit vers le sol. Il fit une superbe roulade, se réceptionnant avec son épaule, et récupéra au passage son épée.

*Je n’ai pas encore dit mon dernier mot, enfoiré !*

L’apatride s’élança vers son adversaire. Se rapprochant trop près de lui, le kraken réagit en conséquence, et un autre tentacule fendit l’air. Le guerrier, pour le coup, regrettait de ne pas avoir un bouclier pour le protéger. Son armure était efficace, mais ne valait pas une bonne vieille protection plus éloignée de son corps. Un autre tentacule chercha à lui faucher les jambes, et Cahir fit encore une roulade, évitant ce dernier, qui frappa dans le vide. Il se releva rapidement, et agit par réflexe. Sa lame se planta dans un tentacule, et il s’y cramponna, avant que le tentacule ne l’emporte, la lame servant d’appui. Sentant le vent lui fouetter le visage, Cahir se mit à décoller, et heurta douloureusement un mur. La douleur lui fit lâcher la garde de son épée, mais il ne tomba pas, car un tentacule supplémentaire s’enroula autour de son bassin, le maintenant la tête à l’envers.

Les deux étaient faits comme des rats, et il sentait le kraken serrer autour de sa taille, tout en l’amenant vers sa gueule. La situation devenait critique, mais l’homme réfléchissait à une stratégie. Ne jamais abandonner, même en de pareilles circonstances. Le kraken semblait visiblement hésiter entre Vincente et Cahir, et l’apatride était sûr que la jeune femme n’avait plus de munitions. Cependant, il avait encore quelques tours dans son sac. Le tentacule ne retenait que son bassin, et l’ébonite, qu’on se le dise, était un alliage résistant. L’homme regarda autour de lui, et vit que le tentacule se comprenait d’espèces de membranes, des trous, qui permettaient sûrement au monstre de respirer. Cahir n’eut pas à réfléchir trop longtemps, et envoya son poing dans l’un des trous. L’ébonite déchiqueta la chair du monstre, qui poussa un grognement, et relâcha Cahir. Ce dernier ne chercha toutefois pas à tomber, et utilisa son autre main pour s’agripper au tentacule, et s’en servit pour bondir dans les airs. C’était une méthode peu courante, mais, tant qu’elle était efficace, il n’en demandait pas plus.

Cahir tomba sur le sol, et se réceptionna en se mettant en boule, étouffant un grognement. Son épée était tombée, et il la ramassa, puis se dirigea vers l’un des gros tentacules qui soutenaient le kraken, et le trancha d’un coup sec. Ce fut le coup de trop pour le kraken. Il avait déjà fragilisé le sol en s’énervant, et lâcha prise, se mettant à tomber. Cahir se retourna, et se mit à courir, vers le tentacule retenant Vincente. Le kraken défonçait le sol, et tombait dans un trou, et Cahir trancha le tentacule qui retenait Vincente. Le kraken tomba en hurlant, rebondissant contre les murs, et s’écrasa dans l’eau verdâtre. Vincente avait basculé dans le vide, emportée par l’élan du monstre, mais Cahir l’avait retenu à la main, allongé sur le sol.

« Urf ! soupira-t-il. Je te tiens, ma belle, ne t’en fais pas. Saloperie de monstre... »

Cahir la souleva alors, utilisant sa force, et se mit à soupirer à nouveau, en sueur.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le mercredi 15 mai 2013, 01:04:44
Prisonnière du tentacule du kraken, j'avais de sérieux doutes sur mes perspectives d'avenir. En l'occurrence, elles se résumaient à une gueule démesurée passablement bien garnie en crocs, sans parler de l'haleine qui faisait passer les égouts pour un jardin en fleur. La pression se faisait de plus en plus forte, et des grincements inquiétants commençaient à se faire entendre. La pire mort que je pouvais imaginer : broyée et dévorée par un monstre de cauchemar. Cahir, de son coté, n'est pas logé à meilleure enseigne : le kraken a fini par le capturer lui aussi, et je vois au sang qu'il a sur le visage qu'il a du être passé à tabac. Peu importe comment on voit la situation, ce coup-ci, je ne vois pas comment en sortir. Puis la douleur commence à devenir impossible à endurer.

Puis le monstre produit un grondement sourd, et relâcha un peu sa prise. En ouvrant un œil, je compris ce qui se passait : Cahir avait réussi à dégager un de ses bras, et s'en était servi pour frapper un des orifices respiratoires du kraken. Il était ainsi parvenu à se libérer et à récupérer son épée. Il s'élança et sortit de mon champ de vision, mais un bruit de chair tranchée me fit comprendre qu'il avait du viser l'un des tentacules-pilier du monstre. J'en eu la confirmation en le sentant chuter, et compris simultanément qu'il allait m'entrainer dans sa chute ! Le tentacule ne me retenait plus, mais ça ne changeait pas grand-chose pour moi, puisqu'en chutant, le corps du kraken défonça le sol, me privant d'éléments pour me retenir. La terreur me submergeait... Puis je sentis un choc dans mon épaule.

« Urf ! Je te tiens, ma belle, ne t’en fais pas. Saloperie de monstre... »

Cahir... Jamais ne n'avais senti une telle vague de reconnaissance envers quelqu'un. Utilisant ce qui devait être ses dernières forces, il me hissa hors du trou, et nous nous étalions tout deux au sol. Nous avions vaincu le kraken, il ne restait du monstre que les derniers échos de ses cris. Je ne sais pas combien de temps on reste ainsi allongés, mais je suis la première à agir.
Je me redresse, et me penche vers Cahir. Même sans avoir vu l'état réel de ses blessures, c'est clair qu'il est mal en point. Mes mains plongent dans mon sac, et je bénis le jour où j'ai pu mettre la main dessus. Enchanté par un mage, se sac s'ouvre sur une dimension adaptée, ce qui permet de ranger à l'intérieur bien plus d'objets que ne le permettrait un sac normal de cette taille. L'une de mes mains en ressort avec un pot, l'autre avec un sachet d'herbes.

" Tiens, cet onguent aide à la cicatrisation des blessures, et ces herbes permettent de lutter contre la douleur. Je te dois la... vie, a-alors je... peux bien... f-faire... "

Une boule dans ma gorge m'empêche de continuer. Ma vue se trouble, et des larmes incontrôlables commencent à tracer des sillons sur la poussière de mes joues. Suis-je état de choc ? Je me croyais forte, mais au final, je ne le suis pas tant que ça, on dirait...
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le jeudi 16 mai 2013, 19:01:07
En sueur, Cahir avait mal un peu partout. Sans son armure en ébonite, il aurait probablement eu des os brisés sous les nombreuses chutes qu’il avait fait. Épuisé, l’apatride s’assit contre le mur. Des gouttes de sueur maculaient ses cheveux, et il avait de fortes rougeurs sur les joues. L’apatride soupira encore, essayant de reprendre son souffle, et vit alors Vincente lui amener une espèce d’onguent. Elle lui expliqua que cet onguent le soignerait, mais, pour qu’il marche, il devrait ôter son armure. Il ne lui répondit pas sur le coup, car il vit la voix de Vincente se troubler. Relevant la tête, Cahir vit alors que cette dernière était en train de pleurer. Il se mit à sourire, réalisant que cette dernière était en état de choc. Ses mains tremblaient, et il tendit sa propre main, attrapant l’un des poignets de la jeune femme.

« Ce monstre n’était pas un poids plume, reconnut l’homme. Si tu as envie de pleurer, ne retiens pas tes larmes. »

Il libéra ensuite le poignet de la femme, et ferma les yeux. Il entendait l’eau s’égoutter tout autour de lui. Est-ce que le kraken des égouts était vaincu ? Non, sûrement pas. En revanche, il devait être blessé, et furieux. Cahir l’avait fait tomber de son antre, et il avait été englouti dans l’eau, mais un kraken était une créature aquatique. Par conséquent, il était hautement improbable que l’eau l’ait terrassé. Et, connaissant sa chance légendaire, il y avait fort à parier que ce monstre viendrait encore lui rendre visite. Il soupira à nouveau. Sa journée à Nexus commençait plutôt mal. Après s’être mis à dos l’une des plus puissantes guildes de la ville, si puissante qu’elle avait des influences au sein de la garde nexusienne, il était tombé face à un groupe de Scoia’tael, avant d’affronter un énorme kraken, dans les profondeurs de la ville. Il regarda en hauteur, voyant un profond puits sombre. Il y avait plusieurs canalisations, avec de l’eau puante qui s’en échappait. C’était un puits de traitement des eaux, l’eau évacuée menant probablement vers la mer. Le système était complexe et ancestral.

L’apatride ferma les yeux, les rouvrit, puis la regarda encore, en souriant légèrement.

« Tu as eu la frousse de ta vie, hein ? lâcha-t-il. Je connais ça... J’ai eu peur, moi aussi, mais tu sais ce qu’on dit... Seul le fou ignore la mort. »

C’était l’un des conseils principaux dans les écoles militaires ashnardiennes. On expliquait aux cadets que la peur n’était pas un sentiment qu’il fallait fuir, mais qu’il fallait dominer, et maîtriser. La peur était inhérente à la vie, et avait pour elle d’éviter de se lancer dans des opérations suicidaires. Elle était la ligne de démarcation entre la folie et la bravoure, entre le courage et l’obstination folle. Cette peur, Cahir l’avait ressenti à de nombreuses occasions, en affrontant des adversaires, en étant en infériorité numérique, en étant sur le champ de bataille, et en voyant ses troupes se faire décimer. Il l’avait également ressenti quand il avait fait partie d’une escouade allant chasser un dragon sauvage qui massacrait du bétail.

Il soupira encore.

« Tu t’en es bien sortie, ma belle... Tu n’as pas à avoir honte, ce kraken... Il est trop fort pour nous. Il va falloir se dépêcher de partir de là avant qu’il ne revienne. »

Mais, pour ça, Cahir devait se soigner. L’homme retira son manteau, exhibant ainsi son armure, et entreprit de la retirer. Il ôta le plastron, en desserrant les attaches, et le haut de l’armure s’ouvrit en deux. Ce n’était pas une armure complète, mais différents morceaux détachables séparément. L’armure noirâtre heurta le sol, révélant son torse imberbe, les quelques cicatrices résultant de ses combats, ainsi que des plaques rouges sur sa peau.

« Je t’en prie, applique ta solution, je te fais confiance... »
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le mardi 28 mai 2013, 12:47:12
" Hum... Snff... Merci... "

Les mots de Cahir m'encouragent, et m'aident à reprendre le contrôle. Et je n'ose pas imaginer les horreurs qu'il a du voir pour parvenir à garder son calme ainsi. En un sens, cet homme semblait être un monument. Il me faisait penser à un héros. Pas le personnage de conte, l'homme idéal et sans défauts, mais le vrai héros, l'homme avec ses peurs, ses doutes, ses travers et ses parts d'ombre, mais qui ne tourne pas le dos à l'adversité, et qui se bat jusqu'au bout pour ce en quoi il croit. Après l'avoir vu affronter ce kraken, et m'avoir sauvé la vie, je ne pensais plus à le voler. En fait, en ce moment j'avais un profond respect pour Cahir, et j'aurais été prête à le suivre s'il me l'avait demandé.

D'ailleurs, il accepte que je lui passe mon onguent, après avoir ôté son armure. Son torse est bien développé, sans tomber non plus dans l'excès. Le torse d'un guerrier, entaché par les marques des attaques du kraken. Je m'approche, et commence le traitement. L'onguent est certes pâteux, un peu visqueux, et résolument odorant, mais je sais pour l'avoir testé qu'il est efficace. Je me souviens de ce que m'avait dit une rebouteuse : plus un médicament a mauvais goût ou une odeur atroce, meilleur il est. Tout simplement parce que le patient voudra guérir plus vite pour ne pas avoir à le supporter.

J'applique donc le traitement sur les contusions de Cahir. J'étale et masse bien pour faire pénétrer, tout en faisant attention à ne pas trop appuyer et lui faire mal. Le toucher à même la peau me trouble plus que ça ne le devrait, et je bâcle presque les dernières plaies pour en finir. Puis je lui tends une poignée d'herbes prélevées du sachet, lui expliquant qu'il doit les mâcher longuement avant d'avaler pour qu'elles aient plus d'effet. Puis je m'écarte, le temps qu'il se rhabille. J'en profite également pour murir ma décision.

" Cahir ! "

Je me place juste devant lui, et sors ma dague. Sans un mot, je m'entaille la paume de la main, et essuie la lame dans mon sang, de manière à la recouvrir du fluide rouge. Puis je la tends, poignée en avant, à Cahir, pour qu'il la prenne. Une fois qu'il l'a fait, je tombe à genoux, tête baissée, et frappe du poing la partie gauche de mon torse avec ma main entaillée.

" Par sa lame et son sang, Vincente Valentyne signe la Dette du Sang envers Cahir. Par sa chair et son âme, elle payera son dû. "

La Dette du Sang. Ce n'est pas un rituel très répandu, seulement connu que d'une partie du monde de la nuit de Nexus. Il n'a de valeur que si le contractant le réalise lui-même, sans subir d'influences ou de pressions. Quant à sa signification, elle est simple : le contractant jure de cette manière fidélité à la personne à laquelle il tend son arme. Il s'agit d'une fidélité absolue, ne pouvant être brisée que par le bénéficiaire. Bien que n'étant pas à la base un rituel magique, il semblerait que manquer à sa parole ne soit pas une bonne idée : ceux l'ayant fait sont tous morts peu de temps après, comme si une entité s'assurait de l'honneur des contractants.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le dimanche 02 juin 2013, 11:04:18
Elle semblait aller mieux, et appliqua silencieusement son onguent. Cahir ferma les yeux, en sentant des frissons le traverser. Les mains de cette femme étaient douces et chaudes, lui rappelant quelques lointains souvenirs, des souvenirs qu’il s’efforça de réfréner, afin qu’ils n’empiètent pas sur la situation actuelle. L’onguent le faisait frissonner. Pour se soigner, Cahir utilisait plutôt des potions, qui présentaient l’avantage de ne pas avoir à se déshabiller, mais, du fait de sa situation précaire, il n’avait plus d’élixirs de soins. Une grave erreur, qui le plaçait dans une situation délicate. Un guerrier n’était pas invincible, simplement prudent. Et, quand ce guerrier n’était pas magicien, des élixirs étaient indispensables. Il avait prévu d’en acheter à Nexus, mais il ne s’attendait pas à ce que la ville s’acharne sur un simple vendeur de griffes de kikimorrhe, ni à devoir croiser un kraken dans les profondeurs nexusiennes.

*Maudite ville...*

Rien ne se passait comme il l’avait envisagé. Rejoindre Nexus avait définitivement été une mauvaise idée, mais c’était celle qui, sur le coup, lui avait semblé la moins mauvaise. Il ne se voyait pas reprendre la route, avec si peu de provisions. Certes, l’homme savait chasser, et se nourrir des produits de la forêt, mais il y avait malgré tout des éléments qu’il ne pouvait pas obtenir dans la forêt... Et il ne pouvait pas dénier que manger et dormir dans une auberge était bien plus agréable, et bien moins dangereux, que dans une grotte, ou en pleine forêt. Vincente continuait à le frotter, et il rouvrit légèrement les yeux, en sentant... Quelque chose de différent. Il le lut dans les yeux de Vincente, dans la manière dont son corps se rapprochait du sien, à travers la pigmentation de ses joues. Il y a quelques heures, elle aurait probablement abandonné sans vergogne l’apatride auprès de cet immonde kraken. Maintenant, les choses semblaient différentes pour elle. Elle avait beau avoir du répondant, et être futée, Vincente restait malgré tout une gosse de rue. Une gamine, à bien des égards. C’était une chose qu’il ne devait pas oublier, car elle expliquait bien des choses.

Elle termina, et l’homme se redressa, la remerciant brièvement, avant de récupérer ses affaires. L’onguent commençait à agir, et il se sentait déjà mieux. Il ramassa ses affaires, et commençait à se rhabiller quand Vincente l’appela à nouveau. Se tournant vers elle, il la vit alors, avec un couteau, se saigner la main, avant de se livrer à une sorte de cérémonie, où elle finit par lâcher, très sérieuse :

« Par sa lame et son sang, Vincente Valentyne signe la Dette du Sang envers Cahir. Par sa chair et son âme, elle payera son dû. »

La Dette du Sang ? Cahir n’était pas assez familier des légendes et des rites nexusiens pour comprendre ce que ce terme signifiait, mais il en comprenait le principe. Une dette sur l’honneur... Lui aussi avait vu sa situation évoluer à l’égard de cette femme, et s’en rendit compte. Il y a quelques heures, une telle cérémonie l’aurait fait rire. Depuis quand une voleuse était-elle censée avoir de l’honneur ?

*Une voleuse qui s’endette auprès d’un apatride... Nous formons un drôle de couple...*

Un couple assez atypique. Il hocha lentement la tête, avant de lui répondre :

« Je... Euh... Je ne t’imaginais pas si... Si encline aux traditions, Vincente » lâcha Cahir, ne sachant, sur le coup, pas trop quoi dire.

Il termina d’enfiler son armure, ainsi que son manteau par dessus, afin de la dissimuler, et se sentit un peu mieux. Son torse lui semblait moins en feu. Il aurait bien aimé lui dire que, pour lui, sa Dette du Sang ne rimait à rien, car il avait depuis longtemps cessé de croire aux vertus de l’honneur, à son existence (c’était en tout cas ce qu’il se disait), mais il y avait une telle intensité dans le regard de la jeune fille qu’il ne voulait pas casser ce qu’elle faisait.

« Et c’est quoi, cette Dette du Sang ? demanda-t-il. Je vais devoir également m’entailler pour marquer mon acceptation ? Ou un simple hochement de tête suffira ? »
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le samedi 10 août 2013, 17:20:52
Visiblement, Cahir semble incertain de la marche à suivre. Quelque-chose dans son attitude me dit également qu'il n'est pas sur de la signification de mon geste. C'est vrai qu'il n'est pas du même milieu que moi, il n'est même pas de Nexus. Pas étonnant qu'il ne comprenne pas la portée de mon geste... Je reprends la dague de ses mains, essuie la lame et la range.

Maintenant que tu l'as prise, ça a marqué ton acceptation, le contrat est conclu.
La prochaine fois que tu croiseras quelqu'un du Nexus du dessous, tu pourras te vanter auprès de lui d'avoir un contractant de la Dette du Sang. C'est un serment de loyauté et de fidélité. Par je-ne-sais quel mystère, si la Dette du Sang est brisée par le contractant, celui-ci trouvera la mort – et ce n'est pas qu'un mythe.
Cahir, tu es venu à Nexus pour vendre tes griffes. Je t'aiderai donc à les revendre, puis je te ferai sortir de la ville, conformément à ce que tu voulais.


Ceci étant dit, j'observe un peu notre environnement. De toute évidence, nous sommes dans un des nombreux collecteurs qui existent sous la ville. C'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle : dans un tel lieu, on peut facilement se repérer et avoir accès à différents points de la cité. Mais pour cela, il faut un plan, ou au moins savoir très exactement d'où l'on vient. Et ce n'est pas mon cas. Dépitée, je m'approche de chaque conduit, espérant repérer un signe quelconque qui pourrait me donner une piste. Contre toute attente, c'est mon nez qui me le donna.
Dans l'une des galeries flottait une odeur différente, sous les effluves nauséabonds des égouts. Pour m'en assurer, je prends un peu d'eau dans ma main, réprimant un frisson de dégout et interdisant formellement à mon esprit d'imaginer quelles matières pourraient s'y trouver, et l'approche de mes narines. Passé la nausée due à l'odeur atroce du mélange, je souris à Cahir : sous les senteurs ignobles, cette eau a l'odeur iodée caractéristique de l'eau de mer ! Un seul quartier de la ville correspond à une telle odeur : les docks de Nexus. Quotidiennement, l'eau de mer aspergeait les pavés des docks, suite aux vagues qui se brisaient sur les digues. Cette eau coulait ensuite vers les bouches d'égout, où elle se mêlait aux flots. Il nous suffisait donc de suivre le courant dans le sens contraire pour retrouver la surface.

Viens, regagnons déjà la surface.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le lundi 12 août 2013, 12:36:05
Vincente lui expliqua plus en détail ce qu’était la Dette de Sang. Visiblement, il s’agissait d’un serment moral d’allégeance à une personne. Cahir doutait toutefois que ce serment soit simplement moral. Il devait probablement s’agir d’une ancienne coutume divine, vu que celui qui s’obligeait mourrait, si jamais il trahissait cette dette. En d’autres termes, Cahir allait maintenant devoir se farcir cette petite voleuse, ce qui, à vrai dire, ne l’enchantait qu’à moitié. Pouvait-il lui faire confiance ? Il se pouvait très bien que cette histoire de dette sanguine soit une pure invention, simplement destinée à l’étourdir... Mais peut-être devenait-il trop méfiant. Après tout, ils avaient frôlé la mort face à ce kraken, et, sans son intervention, ils seraient effectivement morts. Cahir avait toujours vu les voleurs comme de vulgaires criminels, mais, étant le fils d’un puissant général ashnardien, il n’avait jamais connu les privations. Malgré tout son sens de l’honneur, il confessait avoir parfois braconné sur des terres pour se nourrir, ce qui, d’un point de vue juridique, était une forme de vol.

Pour le coup, Cahir en avait totalement oublié ses griffes. Comment diable la vente de simples griffes de kikimorrhes avaient pu le conduire dans les profondeurs des égouts de Nexus, à affronter un terrifiant kraken ? Il y avait quelque chose que l’apatride n’avait clairement pas compris. Comment un tel enchaînement était-il possible ? Il en était là de ces questions, lorsqu’il vit Vincente se pencher dans l’un des multiples conduits, attrapant l’eau verdâtre. Cahir eut une grimace. Comptait-elle boire cette substance ? Elle risquait d’être intoxiquée ! Cependant, elle se contenta de la renifler, et son nez dut probablement sentir quelque chose que l’apatride n’avait pas senti, puisqu’elle lui indiqua de la suivre.

« Viens, regagnons déjà la surface »

Cahir fronça les sourcils, toujours méfiant. On pouvait le dire paranoïaque, mais on ne survivait pas à Terra, si on faisait confiance au premier venu. Et, quand bien même Vincente avait un joli minois, elle avait tout de même essayé de le voler, et était en partie responsable de sa situation actuelle.

« Hum... Très bien, Vincente, je te suis. »

Il la suivit dans un conduit étroit, devant plier le dos pour avancer. C’était sombre, extrêmement sale, et il comprit qu’il allait devoir nettoyer son manteau. Son armure en ébonite s’en sortirait sans dommage, l’ébonite résistait presque à n’importe quelle texture. Ce n’était pas un matériau extrêmement rare et riche pour rien. Cahir suivait Vincente dans une obscurité étouffante et malodorante. Si des adversaires leur tombaient dessus, ils étaient sans défense. Cette perspective l’angoissait, mais, au bout d’un moment, il discerna une petite lueur émanant du plafond, ainsi qu’une échelle rouillée.

L’échelle menait à la trappe d’un entrepôt d’où, par un trou, on évacuait des déchets. L’eau usée émanait de petits conduits. Cahir monta à la suite de Vincente, pénétrant dans la réserve d’un entrepôt de découpe de poissons. Des pêcheurs et des ouvriers s’affairaient à éplucher des poissons, pour les vendre au marché.

« Évitons de nous faire remarquer, souffla-t-il à l’oreille de Vincente, on nous prendrait pour de svoleurs. »

Un pêcheur abattait son hachoir et s’arrêta, tournant la tête vers la porte ouverte de la réserve.

« Quelle odeur de merde ! Les égouts sont encore bouchés !
 -  Je suis déjà descendu dedans la dernière fois, sans façon ! »

Cahir retint un juron. Il pouvait dissimuler son apparence, mais pas masquer son odeur. Et Cahir renâclait sévère. Les pêcheurs hésitaient, et l’un d’eux alla chercher des bottes. Cahir en profita pour s’avancer, se dissimulant derrière des tonneaux, regardant autour de lui. Vincente était sorte une voleuse, mais lui était un ancien guerrier d’élite. L’infiltration était son domaine, car, à plusieurs reprises, quand il était Ashnardien, Cahir avait du infiltrer ainsi des places ennemies, que ce soit pour faire sauter des places stratégiques, ou assassiner des personnes bien placées.

Il fila sur la gauche, voyant une porte latérale, et la prit, débarquant dans une espèce de ponton en bois, entre deux entrepôts. Des goélands l’accueillirent en hurlant, ainsi qu’un soleil vif, qui lui fit froncer les sourcils. Une bourrasque lui fit du bien. En s’avançant un peu, il eut une belle vision de l’interminable port de Nexus, une série sans fin de bateaux amarrés, en partance ou arrivant, avec des dizaines de digues s’éparpillant à perte de vue.

« Bon..., lâcha-t-il après quelques secondes. Avant d’espérer vendre mes griffes, j’ai besoin de me laver, Vincente. Tu sais où sont les thermes les plus proches ? »
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le vendredi 30 août 2013, 14:15:40
Cahir n'était pas convaincu par ce que je lui disais. Bon, au regard de ce qui c'est passé au tout début, j'avoue qu'il est dans son droit. J'espère qu'il ne va pas se retourner contre moi quand je serais moins sur mes gardes... D'ailleurs, est-ce que la Dette du Sang a une clause de rupture en cas d'abus de confiance ou de trahison ? J'avoue que ça serait utile à savoir...
Bref, on s'engage dans le conduit. Ô joie, moi qui trouvais que les égouts puaient, je me rends compte que j'étais encore loin de la vérité. L'odeur me prend à la gorge, insoutenable. Et encore, à vivre dans les bas-fonds de Nexus, on peut dire que j'ai une certaine tolérance, mais là c'est au dessus de tout. Qu'est-ce que ça peut générer comme puanteur, une ville...

Je suis contente quand, après un temps incroyablement long, nous finissons par tomber sur une grille menant à la surface. Mieux encore, nous émergeons dans une petite pièce qui sert visiblement d'évacuation à un entrepôt. J'avais la crainte de tomber en pleine rue, ce qui en terme de discrétion est le pire qui puisse nous arriver. Encore que, avec l'odeur gagnée dans les canalisations, on empeste tellement qu'on va attirer l'attention à dix mètres à la ronde. Et ça ne manque pas, d'ailleurs : les pêcheurs ne tardent pas à sentir les effluves des égouts.
Étant une voleuse de talent, me glisser jusqu'à la sortie sans me faire remarquer est un jeu d'enfant, vu le nombre de caisses, tables et tonneaux en tout genre, mais pour Cahir ? Avec sa corpulence et son équipement, il ne risquerait pas de passer inaperçu. D'un coup, j'avais une une appréhension en le voyant partir devant. Mais non. Cahir parvient à se glisser hors de l'entrepôt sans attirer la moindre attention, et je le suis.
Il me demande alors la direction des bains publics les plus proches. Je dois avouer que je suis bien de son avis. En tant que fille, je suis loin d'être coquette, mais là, aller chez un receleur avec cette puanteur, ce n'était juste pas possible. Cela dit, il faut que je mette Cahir en garde sur deux ou trois choses.

" Bonne idée. Les quartiers des docks ont plusieurs thermes pas loin, ça fera l'affaire.
Par contre, s'il-te-plait, faisons vite. Par prudence. On peut facilement se faire cueillir par une patrouille à la sortie. "


En effet, le personnel gérant l'accueil des bains publics, s'il est théoriquement censé être indifférent aux personnes souhaitant profiter des lieux du moment qu'ils payent la taxe d'entrée, beaucoup aiment arrondir leur fin de mois en jouant les indics. Et il n'y a rien de plus humiliant que d'être prit en plein milieu de ses ablutions.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le samedi 31 août 2013, 15:23:15
« Bonne idée. Les quartiers des docks ont plusieurs thermes pas loin, ça fera l'affaire. »

Oui, ça lui arrivait, parfois, d’avoir de bonnes idées. Aller à Nexus n’en était certainement pas une, vu qu’il s’était retrouvé dans les égouts, à affronter un kraken (un kraken à Nexus, il aura vraiment tout vu !), mais il devait faire contre mauvaise fortune bon cœur. Dans ce trou à rats puant et sinistre, il avait trouvé une acolyte, une alliée, Vincente Valentyne, une curieuse femme qui avait tenté de le dérober, avant de faire preuve d’honneur en se liant à son service... Un voleur faisant preuve d’honneur, Cahir se croirait presque dans l’un de ces contes romanesques dont les Ashnardiens se gaussaient, ces histoires sur des moins-que-rien honorables et fiers, respectant un code de valeurs, alors que les soldats, l’autorité publique, étaient méprisés, assimilés à des tortionnaires abusant de leurs prérogatives. La moralité douteuse de ce genre d’histoires faisait qu’elles étaient fréquemment censurées, mais Cahir, étant le fils de Mawr, avait souvent du lire des histoires de ce genre. La mécène des artistes était responsable de la censure, mais se refusait à ce que les œuvres censurées soient détruites, estimant que, d’une manière ou d’une autre, elles faisaient partie du patrimoine culturel et historique de l’Empire, dans la mesure où elles évoquaient un message. Un comportement qui lui avait, dans sa jeunesse, valu des procès à plusieurs reprises, ainsi que des menaces, mais qui, selon ses propres aveux, l’avait également amené à croiser son père, Ceallach.

Cahir replongeait dans ses souvenirs d’enfance, avec cette dose d’aigreur et de nostalgie que les souvenirs engendraient. L’histoire de ses parents était cocasse, suffisamment pour faire sourire n’importe qui. Le père de Ceallach avait fait l’objet d’un sonnet le comparant à un buffle avide, et sa mère, Mawr, avait autorisé la publication de ce sonnet. Furieux, Caellach Senior avait assigné en justice, aussi bien l’artiste, un poète, que sa mère. C’est à cette occasion qu’elle avait rencontré son père, qui était alors plus insouciant et plus téméraire que le général rigide et rigoureux qu’il était devenu. Il avait également trouvé que le poète avait eu tort : décrire son père comme un buffle, c’était mépriser les buffles. Mawr avait ri, et, le soir même, ils avaient fait l’amour... À la veille de son procès, et, au terme de cette nuit, un bébé en gestation attendait dans le ventre de Mawr.

« Par contre, s'il-te-plait, faisons vite, enchaîna Vincente, le ramenant à la réalité. Par prudence. On peut facilement se faire cueillir par une patrouille à la sortie.
 -  Ah... Oui, bien sûr ! »

Qu’est-ce qu’elle avait dit ? Tandis qu’elle s’avançait, Cahir cligna des yeux, retournant en arrière, et se remémora... Prudence... Faire vite... Il hocha la tête. Il avait suivi une formation militaire. Sous la douche, il pouvait être propre en une minute Il suivit donc la jeune femme jusqu’aux thermes les plus proches, s’attirant des regards suspects de la part de gens qui les observaient dédaigneusement. Ils entrèrent, tombant sur une femme à l’accueil, qui fronça les sourcils. En voilà qui avaient bien fait de venir !

« Désirez-vous que nous lavions vos vêtements ?
 -  Non » répliqua-t-il vivement.

Si on voyait son armure en ébonite... Ce serait comme attirer une meute de loups. La femme hocha la tête, priant pour obtenir sa mutation dans les hauteurs de la ville, là où les gens venaient aux thermes, non pas par nécessité, et pour répandre leurs bactéries, mais simplement pour se prélasser dans l’eau. Force était d’admettre que ce bain public était délabré, misérable. Les vestiaires comprenaient des cabines, sortes de petits placards alignés en rangées, pour ranger les vêtements, mais la plupart des portes étaient fracturés, défoncées. Les murs carrelés étaient brisés, et il y avait volontiers des dessins grotesques sur les murs, à connotation sexuelle, ou des insultes gratuites... Ainsi qu’une forte odeur d’urine qui remontait des canalisations endommagées.

« Jusqu’à Ashnard, on vante l’urbanisation de Nexus, son système d’égouts très sophistiqué qui lui permet de conserver une certaine propreté... Il est navrant de voir que la corruption de quelques fonctionnaires bien placés suffit à détruire une ville aussi riche. »

Ashnard, bien sûr, n’y était pas pour rien, mais même Cahir trouvait cela regrettable. Il n’aimait pas cette ville, mais il la respectait en même temps, pour le prestige qu’elle imposait, pour le symbole. Sa simple résistance aux hordes ashnardiennes suffisait à faire de Nexus une ville glorieuse, une ville qu’il fallait craindre et admirer.

Quoiqu’il en soit, il était évident que Cahir ne comptait pas rester longtemps ici. Il cherchait un placard plus ou moins en bon état, afin d’y entreposer ses affaires, et se dévêtit totalement, comme il était de coutume ici. En théorie, les bains publics n’étaient pas mixtes, mais celui-ci était tellement misérable qu’on avait depuis longtemps oublié cette distinction. Il se déshabilla donc rapidement à côté de Vincente, veillant à ce qu’il n’y ait personne dans le couloir, pour glisser son arme et son armure. Il veillait à ce que Vincente ne s’éloigne pas. Certes, elle avait prêté serment, mais la confiance était une chose fragile. Il ne voulait pas tomber dans un piège, et la voir s’éclipser du bain, pour obtenir son équipement précieux, avec l’aide d’un quelconque complice. Une armure en ébonite pure et une lame en verredragon... Avec ça, elle aurait pu s’acheter tout un harem en or massif.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le lundi 30 septembre 2013, 20:33:31
" La corruption de quelques fonctionnaires ? Toute cette ville est déjà pourrie jusqu'aux racines de toute façon. Pouvoir et argent sont les pires maladies qu'il existe : dès qu'elles sont contractées, elles rongent l'esprit et détruisent tout le reste. "
J'ajoute pour moi-même, dans un murmure : " Et transforment vie et liberté en crimes... "

Je secoue la tête pour évacuer des souvenirs trop douloureux. Mon enfance, mes conditions de vie, autant de raisons qui m'ont poussée à faire ce choix, à devenir ce que je suis aujourd'hui. Voleuse ? Je vole ? Parfaitement... Je vole de mes propres ailes ! Les gens peuvent me regarder de haut et me prendre pour un rebut, les oeillères qu'ils portent les empêchent de voir leurs chaînes et leurs ailes brisées. Ils sont juste aveugles à la vérité, c'est toute la différence entre eux et moi.

Je rêvasse, mais Cahir a tôt fait de me ramener sur terre via un problème plus direct : les bains sont mixtes ! Que faire ? J'avais complètement oublié d'envisager ce cas de figure. À ce jour, je ne me suis jamais montrée moins habillée que je le suis actuellement devant un homme. Alors nue, qui-plus-est devant un inconnu... Enfin, je ne considère plus Cahir comme un parfait inconnu, en revanche j'ai un second accès de panique en envisageant le fait qu'il puisse y avoir d'autres hommes ici. Et si ça tournait mal ? Cahir m'aidera, j'espère ?

Pendant que je tergiverse, lui justement c'est déjà mis en tenue, c'est à dire a enlevé la sienne. Je tourne vivement la tête avant dans voir trop. Je n'ai pas une grande connaissance de l'anatomie masculine, et rien que l'idée d'en savoir plus me donne la nausée. Non, je ne suis pas sensible, c'est juste viscéral, un dégout primal.
Mais bon, rester avec cette puanteur collée à la peau, ce n'était pas faisable non plus. Faute de mieux, j'ote mes vêtements et attrape une serviette qui trainait là pour cacher en partie mon corps. Je ne sais pas ce que vois Cahir, ou ce qu'il pense, mais de toute façon je ne veux pas savoir. Je me précipite dans le bain : personne sauvée. Au programme, toilette de chat. Moins longtemps je serais là, mieux je me sentirais.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le jeudi 03 octobre 2013, 00:36:30
Le trouble de Vincente amusait l’apatride. Était-ce la première fois qu’elle voyait un homme nu ? Comme quoi, elle était pleine de surprises. Elle se recroquevilla, n’osant rien dire, observant, béate, l’homme. Sans être une armoire à glace, il fallait bien reconnaître que, sous l’armure, Cahir était plutôt bien bâti. C’était un ancien guerrier d’élite ashnardien, après tout, et il avait quelques muscles et de beaux pectoraux. Vincente se dépêcha de se déshabiller et d’enfiler une serviette, avant de rejoindre l’eau, filant à la vitesse d’une fusée. Il esquissa un léger sourire, attrapa sa serviette, et la suivit d’un pas calme.

Les thermes comprenaient plusieurs bains, et Cahir et Vincente n’étaient pas seuls. De la fumée s’échappait de certains bassins, et des employés passaient parfois pour balancer de l’eau chaude dans les bassins, quand ces derniers commençaient à refroidir. Il y avait des colonnes dans les coins, et un léger brouhaha. Il existait sûrement des bains publics mieux. Celui-ci présentait des murs assez décrépis, mais, au moins, l’eau était propre. L’hygiène des Nexusiens était, sur ce point, relativement irréprochable, car c’était la seule manière d’éviter de nouvelles épidémies, qui avaient historiquement fait des malheurs dans Nexus. Cahir rejoignit Vincente, qui s’était presque totalement immergée dans l’eau.

*Elle reste encore une gamine..., se dit-il. Une gamine adroite et douée...*

À son âge, Cahir suivait déjà sa formation militaire en vue de devenir un soldat d’&lite, conformément à la tradition des Caellach. L’eau était relativement bonne, et il s’y plongea avec plaisir. Il ne sortirait pas des bains publics parfumé comme un jeune notable, mais, tant qu’il se débarrassait de la crasse, il n’en demandait pas mieux. Il s’allongea face à la femme, et laissa l’eau faire son office, provoquant des frissons et des fourmillements sur son corps.

« Tu devrais te détendre, Vincente, l’encouragea-t-il. Pour une fois que nous ne sommes pas poursuivis par la garde ou par un énorme monstre, c’est un moment dont il faut savoir profiter... »

Il s’épongeait à l’aide d’une espèce de grosse éponge, nettoyant son corps.

« Il faudra aussi laver nos vêtements » poursuivit-il.

Et après ? Il ignorait ce qu’il allait faire. Il était avec une voleuse, qui, d’après ce qu’elle disait, devait voler par nécessité, pour survivre. De son point de vue, les criminels se trouvaient toujours de bonnes excuses, mais il admettait que la jeune femme ait des circonstances atténuantes. Cahir soupira lentement, et décida à engager la conversation, réalisant que Vincente resterait aussi fermée qu’une nonne un soir de fête :

« Tu sais, je ne compte pas rester à Nexus. Dès que mes griffes seront vendues, ma priorité sera de partir d’ici. Qu’est-ce que ta Dette de Sang prévoit dans ce genre de circonstances ? Est-ce que tu comptes me suivre ? »

Sa curiosité était légitime. Cahir ignorait où il se rendrait. Nexus était au cœur du monde, au croisement de nombreuses routes commerciales. Il prendrait sûrement un navire vers un autre endroit. Pour le coup, rien ne le tentait en particulier. Pour être entièrement honnête, il ne s’attendait pas vraiment à trouver un tel niveau de corruption au sein de Nexus. Quelque chose lui disait que sortir de cette ville n’allait pas être aussi simple que ce qu’il espérait.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le lundi 14 octobre 2013, 21:27:23
La remarque de Cahir me fit rigoler amèrement. Pas de soucis ? Qu'il parle pour lui...

" Une jeune fille nue dans un bain mixte ? Et tu veux que je me détende ? "

En tout cas, lui avait commencé sa toilette, pas gêné le moins du monde. Histoire de ne pas être en reste, j'attrape à mon tour une éponge pour me nettoyer vivement, sans oser sortir plus que les épaules de l'eau. Quelques ricanements dans mon dos me font sursauter, et je me rapproche instinctivement de Cahir. Mais qu'est ce qui m'a prit de venir là ? J'ai l'impression d'etre une souris tombée par erreur dans une pièce remplie de fauves affamés. Je ne souhaite qu'une chose, sortit d'ici au plus vite. Puis Cahir aborde à nouveau l'histoire de la Dette de Sang, et penser à autre chose m'aide à me calmer. Un peu.

" La Dette de Sang est un contrat de fidélité. Je suis ton obligée, mais si tu ne souhaites pas de moi, je n'ai pas obligation de te suivre.
Je te l'ai dit, Cahir, tout dépend de ce que tu souhaites. Nous ne sommes pas liés par un contrat Maitre-esclave. Quoique sous un certain angle, ça puisse y ressembler... Bref, j'ai promis de t'aider à sortir de Nexus, je le ferai. Si après ça, tu décides que mon aide t'es utile, tu peux me demander de te suivre, je le ferai. Si tu décides au contraire que nos chemins se séparent, je resterai entre ces murs. "


Ayant fini ma toilette, je glisse vers le bord du bassin, attrape une serviette et m'enroule dedans. Nous avons assez trainé, il est temps d'aller voir Asul maintenant. Le vieil homme ne devrait pas trop faire le difficile, au pire j'echanterais ce service contre un autre...

" Allez Cahir, la sortie t'attend ! La guilde des armuriers n'est pas la seule à avoir des oreilles bien placées... "
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le mardi 15 octobre 2013, 17:40:40
« Si après ça, tu décides que mon aide t'es utile, tu peux me demander de te suivre, je le ferai. Si tu décides au contraire que nos chemins se séparent, je resterai entre ces murs. »

Il écoutait silencieusement, réfléchissant. Vincente lui avait dit que la Dette du Sang n’était pas un contrat d’esclavage, mais Cahir ne voyait pas trop en quoi ce contrat différenciait. L’esclavage volontaire était une forme d’esclavage, et l’esclavage, juridiquement, se définissait comme la relation de subordination entre un individu et un autre individu. Ce qui, fondamentalement, caractérisait l’esclavage était cette condition de subordination totale. Les autres effets qui en découlaient, comme la fusion des patrimoines, l’abandon du nom de famille, étaient des conséquences de l’effet premier, induit par l’esclavage : la subordination, la soumission d’un individu à un autre. Partant de là, cette Dette de Sang appartenait à la même famille que le contrat d’esclavage, mais était différent sur les effets juridiques que ce contrat particulier entraînait. Cahir doutait que le patrimoine de Vincente lui appartienne intégralement.

*De toute manière, je n’ai théoriquement aucun patrimoine, puisque je suis un apatride...*

Pour autant, il lui fallait encore revendre les griffes de kikimorrhe. Cette Vincente l’intriguait. C’était une voleuse, mais elle avait un certain sens de l’honneur... Or, pour un soldat, l’honneur était une vertu cardinale. Cahir, sur ce point, avait toujours été un éternel naïf, quelqu’un qui était perdu dans des codes qui n’avaient plus cours nulle part. Il croyait en la discipline, en la bravoure, en l’exemple des meilleurs, à l’ordre, à l’autorité, au respect de ses supérieurs... Mais même Ashnard était dominé par les politiques et les bureaucrates, avec tout ce que ces termes avaient de nocif. L’Empereur Mordred était trop faible pour contrôler l’ascension des rapaces autour de lui, cherchant encore à consolider son pouvoir de l’influence lointaine de l’Araignée, plutôt qu’à chercher à se bâtir une autorité forte. Cahir avait payé ce mode de pensée, il avait été la victime à sacrifier pour une alliance politique et économique, lui, l’un des soldats les plus prometteurs de l’Empire. Cette trahison avait un goût très amer dans sa bouche, n rappel permanent du coup bas qu’il avait subi, de la douleur qui obscurcissait son cœur, et l’attristait continuellement.

Était-il en droit de juger Vincente, alors qu’il n’était pas mieux qu’elle ? Voilà la question qu’il se posait. De quel droit se permettait-il de critiquer son statut de voleuse, alors que lui-même était un voleur ? De quel droit se permettait-il de critiquer les criminels, alors que lui-même avait du matériel volé, et savait combien le désespoir poussait au crime ? Nexus était une ville de désespoir, une ville qui avait chuté, une ville qui, derrière ses belles rues pavées et ses murs d’albâtre, abritait une pourriture, une moisissure qui s’étendait comme le choléra. Il ne pouvait pas la juger, il ne pouvait que la comprendre, et, dans une moindre mesure, accepter cette situation.

*Dans un monde de rapaces et de traîtres, est-ce criminel de contourner de mauvaises lois ?*

Il avait toujours cru en la puissance de la loi, au fait qu’il faille la respecte, qu’elle était légitime, mais il n’en était plus très sûr, maintenant. Il avait vu que la loi était facilement contournée de sa finalité première pour servir des intérêts particuliers. Il avait vu que la loi n’était pas la réponse à tout, qu’une bonne loi pouvait ne pas être appliquée, et que le peuple pouvait crouler sous la multiplicité des lois et des normes. Il avait vu que la justice était violée par les propres instruments censés la défendre, que son efficacité était biaisée par ceux-là mêmes qui étaient censés en assurer l’effectivité. Devait-il toujours croire en la toute-puissance de l’État, en la légitimité de la force publique, quand cette dernière se pliait devant des puissances catégorielles ?

« Allez Cahir, la sortie t'attend ! La guilde des armuriers n'est pas la seule à avoir des oreilles bien placées... »

Il sortit de ses pensées, et le duo, quelques instants plus tard, se retrouva dehors. Cahir ne sentait plus la mort, et avait récupéré ses vêtements. Malgré les apparences... Vincente n’était encore qu’une gamine. Pouvait-il honnêtement l’amener avec lui ? Sur la route ? Nexus était un endroit dangereux, mais ce n’était rien comparé à ce qu’il y avait dehors. La manière dont elle avait rougi comme une prune dans les thermes... Oui, elle n’était qu’un enfant.

« Il me semble risqué d’essayer de vendre mes griffes aujourd’hui, Vincente, remarqua-t-il. Si cette guilde est aussi puissante que je le suppose, elle entendra parler de cette transaction, et je n’ai pas envie de retourner dans les égouts. »

C’était une inquiétude légitime, selon lui.

« Je pense qu’il vaut mieux nous faire oublier jusqu’à demain... »

Il rajouta alors :

« Par ailleurs... Est-ce que tu es déjà sortie de Nexus ? »

La réponse qu’elle apporterait serait importante pour son choix de l’aider à sortir d’ici ou non.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le lundi 24 mars 2014, 00:28:15
Cahir releva un point important concernant la vente de ses griffes. Heureusement pour lui, en l'amenant chez Asul je lui assurais de faire d'une Pierre deux coups. Le vieil homme (en était-il un ?) se faisait passer pour un receleur, tout en ayant une grande influence dans les ombres de Nexus. Si la guilde des armuriers apprenait qu'Asul aidait Cahir, en agissant rapidement nous pourrions le faire sortir de Nexus avant qu'ils ne trouvent une solution qui ne déclencherait pas de conflit ; et Cahir pourrait lui revendre ses griffes.
Puis Cahir s'interessa de savoir si j'étais déjà sortie de Nexus. La réponse était simple, non jamais. Pour plusieurs raisons. D'une part, j'étais liée à Asul, je suis l'un de ses hommes. D'autre part, il y avait la bande, qui dépendait de moi. Enfin, quel intérêt aurait une voleuse à parcourir les chemins comme une vagabonde ? J'expliquais tout cela à Cahir.

" Si je n'avais pas toutes ces obligations, j'aurais dit adieu à cette ville depuis bien longtemps Cahir. La vie ici ne vaut pas la peine d'être vécue, et même une mort brutale entre les griffes d'une créature féroce serait préférable à cette lente agonie...

Bon, si tu veux que l'on passe la nuit dans une auberge, il va falloir jouer de prudence : beaucoup sont contrôlées par des patrouilles, pour éviter les échauffourées, et des espions et indics y arrondissent leur fin de mois. Cela étant, Nexus est une grande ville, et parfois les informations circulent lentement. En se faisant discret et en ne trainant pas trop, on devrait passer entre les mailles du filet. "


Bien que les tavernes et auberges soient désignées comme des territoires neutres, dans les faits beaucoup de guildes outrepassaient cette règle, quand ce n'était pas le gérant lui-même qui prenait parti. Heureusement il en restait qui suivaient à peu près la règle, et c'est vers l'une d'entre elles que je menais Cahir.
"Le Coq Rieur" comptait parmi les auberges les plus neutres de Nexus. Elle différait de la norme standard d'une auberge traditionnelle, où l'entrée donnait sur la place commune. Ici l'entrée donnait sur un vestibule, où on pouvait choisir entre aller dans la salle commune d'un coté, ou monter directement à l'étage pour prendre une chambre. Ainsi il y avait peu de chances d'être vu par un indic en embuscade à une table. L'addition était chère, surtout avec le repas monté à l'étage, mais au moins cela garantissait une certaine sécurité...
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le mardi 25 mars 2014, 02:04:47
« La vie ici ne vaut pas la peine d'être vécue, et même une mort brutale entre les griffes d'une créature féroce serait préférable à cette lente agonie... »

Si même à Nexus, la vie ne méritait pas d’être vécue, c’était à se demander où elle serait meilleure... Nexus n’était-elle pas la ville-lumière ? La ville où le droit était à son apogée ? La ville où tout n’était qu’art et culture ? Voici comment on vendait la grande Nexus, mais, avec le temps, il fallait bien admettre que cette image avait périclité. Depuis la mort du Lion de Nexus et de sa femme, la ville avait lentement sombré. Oh, ce n’était pas que leur mort avait été un déclencheur. Les crises qui agitaient actuellement Nexus étaient les conséquences d’un laisser-aller qui s’était lentement installé dans la ville. Il avait fallu tout le talent de Nöly Ivory et tout le charisme de Liam Ivory pour améliorer la situation, et pour éviter que tout n’explose, mais, avec leur mort prématurée, les dissensions revenaient se produire. C’était la même logique, habituelle, fondamentale : les riches refusaient de céder leurs parts du gâteau, et les pauvres en avaient assez des miettes. L’esclavage s’inscrivait dans les normes comme une forme classique de convention entre deux personnes, ce qui institutionnalisait et implantait dans le marbre les différences sociales. Cahir était triste pour ce pays, car l’effondrement de Nexus ne serait bénéfique à personne. Il regrettait la mort du Lion de Nexus. Combien d’Ashnardiens n’avaient pas salué son courage et sa témérité ? On n’avait point vu, à Nexus, de dirigeant aussi valeureux, depuis l’époque de Sébastian Ivory. Certains Ashnardiens étaient même prêts à voir en lui le nouvel Empereur d’Ashnard. Sa mort avait été aussi terrible pour les Ashnardiens, et, si Cahir était bien sûr d’une chose, c’était qu’aucune famille impériale n’était derrière ce forfait. Avec Liam et Nöly, il y avait enfin eu un espoir, enfin un soubresaut, une lueur d’espoir, pour que la guerre se termine. Pendant que Nexus et Ashnard se tapaient inutilement dessus, pour des querelles sans intérêt, Tekhos continuait à s’agrandir, et à étendre son influence contre la menace formienne. Il aurait fallu que Nexus et Ashnard s’allient ensemble pour former un front commun, et ainsi représenter une puissance qui, par sa taille et son importance, pourrait contrebalancer le poids croissant de Tekhos. Au lieu de ça, l’actuelle souveraine de Nexus était trop jeune pour gouverner, et l’actuel Empereur d’Ashnard trop absent. La guerre continuait à se prolonger, sans qu’on en sache vraiment les raisons, maintenant. Tout ça était un tel gâchis...

L’apatride y songeait silencieusement. À leur manière, lui et Vincente étaient tous les deux des victimes indirectes de la guerre. Cahir avait été sacrifié dans un conflit qui avait également en arrière-plan le conflit latent contre Nexus, et Vincente était né dans les bas-fonds d’une cité-État ruinée par les vastes sommes d’argent qu’elle investissait pour entretenir ses vastes armées et ses massifs superforts. Elle avait l’air complètement défaitiste, comme si la perspective de jours meilleurs était impossible à avoir. Cahir avait bien du mal à trouver quelque chose pour aller contre cette opinion... Après tout, lui-même était un ancien guerrier d’élite ashnardien, maintenant devenu un vagabond, poursuivi par une guilde à Nexus pour avoir refusé de vendre des griffes à cette guilde. La garde de Nexus était corrompue, préférant défendre les intérêts des puissantes guildes que ceux de la société. Il n’était pas étonnant qu’il y ait parfois des contestations sociales.

Vincente conduisit par la suite le duo devant une auberge, « Le Coq Rieur ». Le nom ne disait rien à l’homme, mais il avait décidé de faire confiance à la jeune femme. C’était certes une voleuse, mais il n’avait, de toute manière, pas le choix. Ils entrèrent dans un vestibule avec un escalier sur la gauche, et, devant eux, une lourde double porte d’où on pouvait entendre des rires. Cahir comprit qu’il s’agissait de l’auberge à proprement parler, l’escalier devant conduire aux chambres.

« Je te fais confiance. Il me reste encore un peu d’argent en stock... Et puis, si ces griffes rapportent autant d’argent, je pourrais te rembourser. »

Il avait bien vu le prix élevé de l’auberge, mais, si c’était à ce prix qu’ils ne se feraient pas poursuivre par ceux voulant les occire... Cahir trouvait ça légèrement paranoïaque. Il imaginait mal une guilde déployer de tels moyens pour une simple voleuse et un vulgaire vagabond, mais, à Nexus, on pouvait être surpris par tout et n’importe quoi. Dans l’absolu, il valait donc mieux ne pas sous-estimer la hargne de ceux qui les poursuivaient.

Cahir faisait donc confiance à l’instinct de la femme.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le mardi 25 mars 2014, 13:42:11
J'espérais bien que Cahir me fasse confiance. Après toutes ces épreuves, toute l'aide que j'ai pu lui apporter, s'il ne faisait toujours pas confiance, ça ne servirait à rien que je reste. Je paye le gérant pour une chambre double et deux repas montés, prends la clé qu'il me tend, et monte directement à l'étage. La chambre est de taille modeste, la seule ouverture est une fenetre donnant sur la cour intérieure. Le mobilier se résume à deux lits, une table et trois chaises. Je ne suis pas très étonnée. L'aubergiste sait parfaitement que son enseigne est utilisée par ceux qui ont besoin de discrétion, et qui ne restent pas longtemps. Ainsi il a pu se permettre des coupes budgetaires dans le mobilier sans que cela n'affecte son chiffre d'affaire.
L'idée de passer la nuit avec Cahir ne m'effrayait pas tant que ça. Je ne pensais pas qu'il nourrisse de sombres desseins désormais, l'épisode du bain public me l'avait confirmé. Il n'avait fait aucune allusion, n'avait eu aucun regard, aucun geste déplacé. Et quand bien même il nourrissait de telles pensées, je ne le croyais pas capable de m'agresser. Peut-être éventuellement, je pourrais m'offrir... Mais qu'est-ce que je raconte moi ?!

" Que tu saches pour demain Cahir. Asul est probablement la personne ayant de plus d'influence dans tout Nexus. Je vais te raconter son histoire.

Asul est présent à Nexus depuis trop longtemps pour que même les anciens se souviennent d'une époque où il n'existait pas. Il se fait passer pour un humain, mais personne ne sait réellement ce qu'il est. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il connait tant de secrets, a tant de ficelles sur lesquelles tirer, qu'il pourrait complétement renverser le pouvoir en place et regner sur Nexus. On ignore pourquoi, mais au lieu de ça, il ne prend pas parti et reste neutre, tant au niveau politique que dans la lutte des pouvoirs dans les rues.
Au fil des années il s'est constitué un clan, des personnes acquises à sa cause. Et je suis l'une d'entre elles. Sans sa protection, ça ferait longtemps que je serais morte, ou pire. Les guildes de voleurs et d'assassins n'aiment pas les loups solitaires... "


Comme ça, Cahir saura où il mettra les pieds. Je ne lui ai pas dit, mais en réalité Asul intrigue dans l'ombre. Bien qu'étant assez proche de lui, je ne sais néanmoins pas quels sont ses projets et objectifs, juste qu'ils concernent Nexus et le pouvoir en place... Mais pour quelle finalité ?
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le mercredi 26 mars 2014, 01:55:16
Le duo débarqua dans une paisible chambre, très spartiate. Deux lits, un bureau, trois chaises. Pas de décoration, pas de meubles pour entreposer ses affaires. Autant dire que le propriétaire était un fervent supporter des économies. Une petite fenêtre permettait de voir la cour intérieure de l’auberge, mais il n’y avait pas grand-chose de très reluisant à voir. C’était par cette cour que des charrettes arrivaient, transportant des denrées et des victuailles, où qu’on jetait les déchets dans les égouts. Cahir cessa rapidement de l’observer, tirant sur le rideau, et s’assit sur le lit. Il avait mal aux jambes à force de marcher, et, même si cette chambre était très froide, très neutre, au moins les lits étaient propres. Vincente ne tarda pas à lui parler d’un certain Asul, le décrivant comme son mentor, un homme capable, s’il le voulait, de renverser le pouvoir en place, par les secrets qu’il connaissait. L’apatride resta silencieux durant cet exposé. Par expérience, il savait que, face à la toute-puissance de la machine étatique, un vulgaire homme ne pouvait pas faire grand-chose. Cet Asul devait sans doute être un homme aimant gonfler sa propre importance, mais Cahir ne voyait qu’un simple receleur, un petit forban qui connaissait deux ou trois secrets sur des personnalités influentes, et s’en servait pour impressionner des âmes désolées et facilement impressionnables. Néanmoins, si cet homme pouvait lui acheter ses griffes, Cahir n’en demandait pas plus.

« Sans sa protection, ça ferait longtemps que je serais morte, ou pire. Les guildes de voleurs et d'assassins n'aiment pas les loups solitaires... » poursuivit la femme.

L’homme hocha lentement la tête, pensant y voir une allusion à sa propre personne.

« Et je n’aime pas ces guildes, trancha-t-il. Tout ce que je souhaite, c’est vendre mes griffes. Ensuite, je disparaîtrais dans la nature. J’ignore où je me rendrais, mais j’ai besoin d’argent, si je ne veux pas rester indéfiniment coincé à Nexus. »

C’était aussi simple que ça. Cahir ne voulait pas rester dans cette ville, elle était trop dangereuse pour lui. Si on apprenait ses origines ashnardiennes, il n’aurait que des problèmes supplémentaires. S’il comptait se faire de l’argent ici, il lui faudrait travailler comme un forçat dans les docks, à se faire fouetter par des contremaîtres hargneux. On ne pouvait pas rejoindre une guilde quand on avait aucune identité à l’état civil. Nexus, sur ce point, était plutôt bien organisé, mais cette solide organisation n’allait pas de pair avec un apatride soucieux de trouver un travail. Les guildes ne voulaient pas embaucher des mercenaires ou des criminels, et quiconque était incapable de prouver son identité ne pouvait rejoindre une quelconque guilde, à moins de devenir un esclave, perspective qui, en réalité, tentait fort peu notre apatride.

« Je crois que nous ne risquerons rien ici. »

Il entreprit alors de s’allonger, tout en retirant son épée, qui tomba lourdement sur le sol, et observa le plafond, sa tête en appui sur un de ses bras. Se rappelant alors que la femme était encore une adolescente assez prude, avec un léger sourire amusé sur les lèvres, il rajouta :

« Par ailleurs, tu n’as pas à t’en faire, je ne compte pas te violer. »
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le vendredi 28 mars 2014, 21:20:48
Encore une chance qu'il n'allait pas me violer, il ne manquerait plus que ça ! Je n'ai jamais eu aucune expérience, si ma première devrait être un viol... À cause de ma naissance, de ma mère, l'idée m'a toujours dégoutée. Aucun homme n'a eu l'occasion de se rincer l'oeil sur ma féminité, tous ceux qui ont essayé l'ont regretté... Sauf Cahir. C'est le seul homme à m'avoir vue intégralement nue, et pourtant il est resté calme, n'a pas eu de regard lubrique ou n'a fait d'allusions déplacées. Pour le coup j'avais de la chance d'être tombée sur lui parmi tous, probablement le seul homme digne de confiance, si je ne compte pas Asul...
Bizarrement, Cahir réveillait en moi des parties de mon être dont j'ignorais l'existence. Par exemple, j'ignorais qu'un jour j'aurais eu assez confiance en quelqu'un pour contracter une Dette de Sang. Ou pour passer la nuit dans la même pièce. Oui, très bizarre... Bien que Cahir soit un homme, je n'avais pas de craintes en étant à ses cotés. Au contraire, sa présence me rassurait. Puis les perturbantes pensées revinrent à la charge. Je me mis à m'interroger sur le sentiment d'être enlacée, d'être embrassée d'être... pénétrée ?! Bon sang de dieu, Vincente, mais qu'est-ce qui t'arrive ma fille ?! Toi qui n'a jamais laissé un homme s'approcher de toi, tu accepterais de partager ta couche avec un type que tu ne connais que depuis quelques heures ? Tu délires !?
Oui, ça doit être ça, la fatigue et la faim doivent me faire délirer. Vivement que le repas arrive, avant que Cahir ne s'interroge sur mon comportement....
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le dimanche 30 mars 2014, 03:04:14
Perdu dans ses pensées, Cahir essayait de se dire ce qu’il allait faire, à partir de maintenant... Ou, plutôt, une fois les griffes vendues. Quitter Nexus ? Oui, pourquoi pas, mais pour aller où ? Il avait, pendant un temps, caressé l’idée d’aller à Tekhos, afin de voir ces tours géantes qui toisaient le firmament, mais il avait rejeté l’idée, en raison du fort sexisme tekhan. Il devrait vivre dans la clandestinité, incapable de prouver son existence auprès des services d’immigration tekhans, et finirait dans les ghettos, à devoir se battre contre les autres hommes corrompus et des policières qui préféreraient le tuer, plutôt que de l’aider. Il avait donc abandonné l’idée d’aller à Tekhos, et se questionnait maintenant pour savoir s’il pouvait rester à Nexus. La cité-État avait toujours eu la réputation d’être le paradis des réfugiés et des immigrés, un endroit où le multiculturalisme était admis, un pays qui rayonnait par son cosmopolitisme affiché. Au lieu de ça, Cahir y avait vu la monopolisation de groupes privés se substituant à un intérêt public défaillant. Sa seule alliée était une voleuse farouche et un hypothétique trafiquant.

Cahir fut surpris de ne pas entendre Vincente s’énerver à la proposition de viol. Il tourna la tête vers elle, et constata rapidement que la jeune femme était troublée. Elle essayait de le cacher, mais, en tentant de dissimuler son émoi, elle ne faisait que le mettre à jour. Vincente était jeune, mais suffisamment âgée pour avoir eu ses floraisons. Il se demanda si elle était vierge... Vu le trouble qu’il discernait sur son visage, il était tentant d’opter pour cette hypothèse. Il pensait comprendre ce qui la troublait. Il l’avait vu quand ils étaient entrés dans les thermes. Elle avait eu peur qu’il ne cherche à la toucher, et, en constatant qu’il ne l’avait pas vu, elle avait compris qu’il n’était pas comme les autres... Qu’il était un homme capable de se calmer, et non un adolescent prépubère incapable de contrôler ses érections. L’apatride était amusé par les troubles de la jeune femme, qui devait hésiter entre deux tentations : laisser les choses ainsi, ou laisser l’homme venir à elle. Cahir, quant à lui... Et bien, bien que l’homme ait été éduqué dans une discipline de fer, il n’en restait pas moins un homme, et il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas goûté à la chair d’une femme. En attendant leur entrevue avec Asul, l’homme n’allait pas prendre le risque de sortir de la chambre, de se mêler aux autres, afin que les mercenaires des Armuriers ne puisse pas le retrouver. À défaut, il laissait son esprit vagabonder, et ce dernier revint sur les formes du corps de Vincente, qu’il avait pu apercevoir aux thermes.

Il aimait son côté affirmé, il aimait cette fierté qu’il discernait dans ses yeux. C’étaient des qualités ashnardiennes, et il ne s’était pas attendu à la voir sur une voleuse. Depuis que Cahir était un apatride, et errait sur les sentiers et les routes, il avait pu remarquer, à plusieurs reprises, combien les miséreux et les pauvres pouvaient faire preuve de fierté... Tout en s’abaissant à des actes indignes ou illégaux. C’était un étonnant paradoxe, dont il n’avait jamais vraiment réussi à prendre conscience avant sa déchéance. Il s’assit sur le rebord du lit, observant lentement la jeune femme.

« Hum... » fit ce dernier, se raclant la gorge pour attirer son attention.

Cahir attendit que la femme revienne dans le monde réel. Il avait les mains jointes, et cherchait à comment l’aborder. « Une petite baise ? » ne lui semblait pas être une invitation très efficace pour la convaincre de se laisser aller.

« Quelque chose me dit que tu as l’esprit troublé, Vincente... Et que ça ne vient pas d’Asul ou des types qui nous poursuivent. »

On disait les femmes douées pour perturber l’esprit des hommes. Inversement, les hommes, parfois, pouvaient également s’avérer doués pour lire dans l’esprit des femmes.

« Et je crois que, si je me déshabillais maintenant pour me coucher, tu serais également troublée... Non ? »

Il la provoquait à moitié. Il cherchait à la tester, afin de voir comment elle réagirait.
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Vincente Valentyne le mardi 01 avril 2014, 19:06:40
La réaction fut immédiate. Je sentis le rouge me monter au joues d'un coup. Foutu fourbi de bazar de zut de flute de crotte de saleté de brin !! Cahir avait comprit ce qui se passait dans ma tête ! Et le voila qui me provoquait en prime !!
Sans réfléchir je lui fonce dessus, déployant ma dague cachée.

" Tu. Gardes. Tes. Vêtements. D'accord ? "

Je devais lui sembler complétement hystérique. Enfin, je l'étais, d'une certaine manière... Mais non de dieu d'une pipe en bois, qu'est-ce qui peut bien me passer par la tête en ce moment ?!

" É-Écoute. Je suis troublée, ok. Mais c'est pas à cause de toi, compris ? ... Enfin... Si un peu...Enfin c'est surtout moi qui me trouble moi-même... Enfin c'est par rapport à toi... Enfin, oui, non, enfin... "

Bravo, très clair comme explication... Allez, on respire...

" Bref.
Je t'aide pour sortir de Nexus, ok ? Je te présente demain à Asul pour revendre tes griffes et organiser ton évasion, ok ? Je te sers de guide dans cette ville, ok ? Et je m'assure que tu quittes Nexus en un seul morceau, ok ? C'est ça le plan. Et c'est tout.
Je hais les hommes. Je les hais. Tu m'entends ? Je les HAIS. "


Les trois coups discrets frappés à la porte me rappellent où nous sommes, et qu'un repas devait nous parvenir. J'ai juste le temps de reculer et ranger ma dague avant que deux serveuses ne rentrent, portant chacune un plateau. Sans cérémonie elles les posent sur la table et s’éclipsent, nous souhaitant un bon appétit. L'odeur de la soupe bien chaude me fait oublier ce que je disais à l'instant. Sans attendre Cahir je m'assieds face à une assiette et commence à en engloutir le contenu. Après l'humidité et le froid des égouts, un bon repas chaud et un bon lit douillet, voila juste ce qu'il me fallait pour oublier toutes ces épreuves !
Titre: Re : ça t'ennuie si je "t'emprunte" ça ? [PV - Cahir]
Posté par: Cahir le mercredi 02 avril 2014, 02:24:21
La soudaine colère de Vincente ne cachait rien, et ne faisait, en réalité, qu’aggraver son cas. Pour Cahir, les choses étaient claires, tellement claires qu’elles en étaient presque amusantes, voire lassantes. La dague ne l’effrayait nullement, pas plus que cette fausse lueur de rage qu’il lisait dans les yeux de la femme. Elle se crispait à sa dague, sur le point de le tuer, mais Cahir savait que ce n’était pas parce qu’elle le haïssait. C’était même tout le contraire, en réalité. Elle aimait cet homme, mais cette attirance inattendue se heurtait avec ses préjugés, avec sa vision du monde. Or, par nature, l’être humain était réfractaire au changement, et préférait se reposer sur ce qu’il savait déjà, en voyant tout élément nouveau comme une menace potentielle. Il leva les mains en signe d’apaisement, quand on tapa à la porte. Cahir se sentit soudain sur la défensive, mais constata que ce n’était que les repas. Il se détendit donc assez rapidement, et, quand les femmes repartirent, il s’intéressa de nouveau à la petite.

Elle était jeune, mais, comme il l’avait déjà pensé, suffisamment ferme pour susciter du désir. Et le fait qu’elle soit si perturbée signifiait qu’il y avait une ouverture possible... Or, Cahir restait un homme, même s’il était aussi un soldat entraîné. Plus simplement, il hésitait encore sur la conduite à tenir, mais avait juste envie de la narguer. Cette petite femme si sûre d’elle révélait ici ses faiblesses. Amusant, en un sens. Elle bravait les égouts et les forces de l’ordre de Nexus, mais, face à un homme, elle s’écroulait comme un château de cartes balayé face au vent.

Lentement, Cahir alla s’asseoir face à elle. Vincente mangeait rapidement, en fixant son assiette. C’était une simple soupe, rien à voir avec la viande généreuse du Coucher de Lune, mais Cahir n’allait pas se plaindre. Il trempa sa cuillère dans son écuelle, et avala lentement la tambouille. Elle était chaude, et il y avait un morceau de pain frais et tendre, qu’il commença également à grignoter, tout en réfléchissant.

*En fait... Je crois que je l’aime bien.*

Il sourit lentement, et se racla alors la gorge.

« Pas la peine d’avaler ça aussi vite, tu sais, tu risques d’avoir des crampes... »

On avait l’impression qu’elle avait affaire à un marathon. Cahir laissa planer quelques secondes, et reprit lentement, évoquant un sujet qui, a priori, n’avait rien à voir avec la situation actuelle :

« On dépeint les Ashnardiens comme des individus cruels et sanguinaires, qui massacrent les populations vaincues, qui ne font preuve d’aucune retenue, qui pillent, violent, et torturent à tour de bras. C’est une image que nous entretenons sciemment. La politique de la terreur est l’arme la plus efficace quand il s’agit de faire la guerre. Si on effraie suffisamment une population, elle peut se rendre, ou se révolter, en voyant que ses dirigeants n’ont pas envie de céder. Il est vrai que nous avons des légions de monstres et d’êtres démoniaques à l’aspect peu reluisants. Il est vrai que nous avons fait des pogroms, des sièges sanguinaires, mais dans la même proportion que les Nexusiens, ou que les Tekhanes. La vérité, Vincente, c’est que les Ashnardiens sont avant tout disciplinés. »

On pouvait commencer à voir où il voulait en venir par son discours, et l’homme poursuivit en ce sens :

« Je suis le fils de deux grandes familles ashnardiennes : l’une abrite des généraux et des maréchaux, l’autre des artistes et des artisans. J’ai été éduqué en suivant l’idéal militaire ashnardien, inspiré des peuples antiques : la puissance d’un soldat alliée à la culture d’un homme civilisé. »

Il s’humecta brièvement la gorge, avant de reprendre, avalant encore un peu de soupe :

« Je ne te souhaite aucun mal, Vincente... Mais tu as beau sortir ta dague, ça ne change rien au fait que, malgré ton courage, ta bravoure, et tes capacités à échapper à la milice, tu restes une jeune fille effrayée par les hommes. Tu ne hais pas les hommes. Tu ne m’aurais pas aidé, sinon, et tu ne travaillerais pas avec cet Asul. Crois-moi, la haine a pour elle d’être absolue et de ne s’accorder aucune concession. »

Tout ça ressemblait un peu à un sermon, et il en prit conscience, décidant ainsi de revenir à des choses plus prosaïques :

« Je ne t’ai pas violé dans cette piscine, je ne le ferais pas non plus ce soir... Mais, tout à fait entre nous, Vincente... Tu es franchement pas mal. »