Le Grand Jeu

Plan de Terra => Ville-Etat de Nexus => Les bas fonds => Discussion démarrée par: Nariko le lundi 27 août 2012, 18:36:23

Titre: Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le lundi 27 août 2012, 18:36:23
*Père ne sera pas content...*

Ce fut cette pensée qui traversait l’esprit de Nariko, alors qu’elle s’aventurait, à la tombée du soleil, dans la partie la plus sinistre de cette grande ville dont elle avait tant entendu parler : Nexus. La belle et glorieuse Nexus, l’immense ville-État, sacrée plus grande ville du monde. Son histoire prestigieuse, ses bâtiments magnifiques, ses places gigantesques... Nariko avait vu l’envers du décor, derrière la propagande, les gardes et les crieurs publics huant les Ashnardiens, minimisant les troubles politiques, et vantant les mérites de Nexus. Elle avait été derrière les beaux bâtiments, et avait vu la crasse de la ville, la misère, le paupérisme ambiant... Elle était à Nexus depuis maintenant une semaine, à la recherche d’alliés, suivant en cela les directives de son père, Shen. Nous ne pourrons pas éternellement repousser l’Empire en étant seul, Nariko, lui avait-il dit. Les clans avaient besoin d’un allié puissant, et Nexus semblait être le meilleur choix possible. La guerre entre les deux États faisait rage, et Shen espérait que Nexus les soutiendrait économiquement, en acceptant de leur vendre des armes, de former des troupes, ou même d’envoyer des hommes.

Nariko était partie avec Kaï, et avait rejoint la cité-État, en ne rencontrant que peu de brigands et de monstres sur le chemin. Deux belles femmes, c’était tentant pour bien des pillards, mais Nariko était une beauté particulièrement redoutable, et elle n’avait eu aucune difficulté à se débarrasser d’eux. Une fois à Nexus, elle avait compris que la corruption était forte, et que, si on ne payait pas certains fonctionnaires, rencontrer ceux qui détenaient le pouvoir étaient impossibles. Rencontrer la Reine Ivory n’était, en soi, pas compliquée, mais cette dernière était très jeune, et préférait passer son temps à jouer avec ses poupées, ou à bâiller, les histoires des grandes personnes l’embêtant. Le pouvoir était dirigé par des nobles autosuffisants et prétentieux, de petits bourgeois. Que pouvaient-ils bien faire pour elle ? Nariko, néanmoins, ne se décourageait pas, et en profitait pour fouiller les bas-fonds.

Elle avançait près de bordels, de tripots, d’auberges sinistres, et revenait maintenant vers son auberge, de plus en plus déconfite. Ses maigres revenus continuaient à s’épuiser, et elle n’arrivait pas à obtenir une audience avec le Conseil. Elle avait passé deux heures aujourd’hui au Château royal, mais sans succès. Maintenant, après une petite fouille, elle retournait vers l’auberge, espérant que Kaï serait là. Laisser la jeune fille seule dans une ville aussi dangereuse ne l’encourageait guère, car elle savait très bien que Kaï s’amusait à aller dehors, à se balader le long des toits, et elle craignait qu’elle ne tombe sur des voyous, des bandits... En l’occurrence, ce fut Nariko qui tomba sur eux, en la personne d’une patrouille de gardes.

Dans les bas-fonds, les gardes nexusiens n’étaient pas particulièrement disciplinés. A l’image de la noblesse, la milice était corrompue, et Nariko avait été repérée par plusieurs gardes. L’opportunité de s’envoyer en l’air une belle étrangère qui croyait encore à toutes ces fariboles sur la ville était trop tentante pour qu’on la refuse. Dans une rue sombre et sinistre, la guerrière s’arrêta ainsi, en voyant plusieurs gardes jaillir dans son dos, et devant elle. Une impasse sombre sur la gauche indiquait clairement où ils comptaient s’amuser avec elle, et laisser son cadavre. Elle les entendait ricaner, elle les voyait loucher sur son corps, observant ses seins, ses formes, sa gorge, sa bouche, ses yeux.

« Héhéhé ! ricanait l’un des gardes.
 -  Se promener seule sans escorte la nuit n’est pas trop recommandée, M’dame...
 -  On sait jamais sur qui qu’on peut tomber...
 -  M’ouais, t’a fait ! »

Elle ne bougeait pas, silencieuse, prudente, et l’un d’eux approcha le bout de sa hallebarde, touchant ses belles jambes fines. L’effet de surprise... Nariko n’avait pas l’Heavenly Sword, qu’elle avait laissé dans sa chambre, et portait une dague dissimulée dans sa robe. Le bout de la hallebarde remonta le long de sa jambe, et atteignit ses fesses... C’en fut trop pour Nariko, qui sortit sa dague, et se retourna d’un coup sec, plantant, au milieu des ricanements, sa dague dans la gorge du soldat, atteignant une partie que son armure ne protégeait pas. Son sang se mit à couler, et les gardes sortirent de leur torpeur, serrant les dents, avant de se ruer sur elle.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le lundi 27 août 2012, 20:28:28
Alastyn avait passé la journée à arpenter les rues bondées de Nexus. Évitant quelques fois une agression, aidant quelques personnes perdues mais rien de bien fatiguant. En fait, ce qui l’avait le plus fatigué, c’était ce soleil, la chaleur qui s’en était dégagée. Maintenant que la nuit était tombée, l’air se rafraichissait et il en profita.
Ça fait du bien quand ça s’arrête, pensa-t-il.
Désormais, il trainait du coté des bas fond. Il arpentait ses ruelles malfamées sans but précis. Son errance l’avait conduit par là et maintenant il valait mieux ne pas baisser sa garde. L’ambiance des lieux était assez sombre, l’odeur des ordures entassées ça et là empestaient, se mêlant aux odeurs des corps sans vies perdus dans quelques coins sombres.

Tout ça ne donnait pas envie de rester très longtemps au même endroit. Il marcha alors, mêlant ses pas à des téléportations à courte distance pour éviter de se faire attraper par un quelconque brigand sournois. Remontant sa cape au niveau de son visage, il pressa le pas. La nuit tombée, ce lieu devenait encore plus dangereux encore. Les attaques ne lui faisaient pas peur, il savait qu’il pouvait fuir aisément mais connaitre un maximum de lieux différents était un de ses objectifs de voyages. Plus il visitait d’endroit, plus il avait de portes de sortie. Continuant de marcher nez couvert pour les odeurs, il arriva près d’une auberge mais décida de ne pas y entrer tout de suite.

Il continua alors son chemin, tranquillement tout en restant sur ses gardes. Quand il arriva à un croisement, il entendit plusieurs voix s’élever un peu plus loin.

« - Héhéhé !
 -  Se promener seule sans escorte la nuit n’est pas trop recommandée, M’dame...
 -  On sait jamais sur qui qu’on peut tomber...
 -  M’ouais, t’a fait ! »


Au ton des voix, il comprit le sarcasme et décida d’aller voir ce qu’il se passait. Lentement, il avança, vérifiant les alentours pour ne pas se faire prendre et il se cacha dans un coin de la rue. Là, il vit une drôle de scène, une patrouille de gardes sembla attaquer  une femme. Quand il l’aperçut, il ne put bouger tout de suite. Il était subjugué par sa beauté. Des cheveux flamboyants lui arrivant aux pieds, des vêtements la mettant en valeur et apparemment rien pour se défendre. Pas étonnant que les gredins des bas fonds soient attirés par elle. Il continua à observer et quand un des gardes lui toucha les fesses avec sa hallebarde, elle le tua sans hésiter.
Tuer ou être tué, telle était la loi de ce coté de la ville et il le comprit bien vite. Alors qu’elle laissa sa victime tomber, les autres gardes foncèrent sur elle. Alastyn ne put rester là sans rien faire et fonça sans réfléchir. Il envoya le plus lent des gardes en l’air et le laissa retomber violemment au sol avant d’en envoyer un deuxième en l’air. N’étant pas très costaud de nature, il devait utiliser son pouvoir à la fois pour attaquer et se défendre. Il s’estima alors heureux de l’avoir maitrisé avant d’arriver ici.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mercredi 29 août 2012, 23:10:13
Après la mort du premier de ces types, les gardes agirent, mais sous le coup de la surprise. Ceci laissa le temps à Nariko de s’attaquer à un second garde, qui tentait de l’attaquer avec sa hallebarde. Le soldat leva l’arme, et tenta de l’abattre sur la guerrière, qui l’évita en bondissant en arrière, puis attrapa l’arme par la manche en bois, l’immobilisant, et se rua sur l’homme. Il tenta de s’emparer de son épée à la ceinture, mais elle fut plus rapide, et planta sa dague dans sa gorge, puis s’empara de son épée. Se retournant alors, elle para une lame d’un adversaire avec l’épée du garde, mais un autre soldat l’attaqua sur le flanc. Elle bondit à nouveau en arrière, et heurta le mur. Un soldat tenta de la pourfendre avec sa hallebarde, et elle tendit sa lame, dévia le coup, et leva la jambe, donnant un coup de pied retourné au garde, qui, sous le choc, relâcha sa hallebarde. Nariko défia un homme avec la lame, et le blessa au plastron. Ce fut à cet instant que deux gardes s’envolèrent dans les airs, s’écrasant par terre. Les soldats paniqués décidèrent alors de ne pas demander leur reste, et choisirent de s’enfuir. Celui que Nariko avait plaqué au sol fut attrapé par cette dernière. Elle planta sa tête sur le sol, et murmura dans le creux de son oreille :

« La prochaine fois que toi et tes potes revenez me faire chier, je serais bien moins clémente. »

Elle le relâcha ensuite, sans tenir compte des excuses pitoyables que le renégat avançait, et se retourna face au mystérieux inconnu qui l’avait aidé. La guerrière fronça les sourcils en voyant une espèce de moine dans une longue robe. Elle conservait toujours son épée, ignorant les motivations de l’individu qui, apparemment, était un magicien. Nariko le contempla donc, s’imposant une distance de sécurité. Dans cette ville de rats, on n’aidait jamais quelqu’un sans raison. Devait-elle le remercier ? Non... Même sans son aide, elle aurait réussi à se débarrasser des forbans.

« Que voulez-vous ? »

Ce bref combat l’avait échauffé, mais elle se sentait lasse. Lasse de cette ville qui l’avait déçu, de cette ville pleine de promesses impossibles à réaliser. La gratitude ne faisait pas partie de son vocabulaire, surtout face à un inconnu dont la longue robe rendait difficile de voir son regard. La beauté de Nariko lui attirait bien des ennemis, et elle comptait généralement sur l’effet de surprise que suscitait sa beauté pour se sortir de situations périlleuses. Mais, ici, elle n’avait pas son Heavenly Sword (une erreur qu’il faudrait réparer), et elle ignorait totalement les motivations de cet homme.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le jeudi 30 août 2012, 14:45:23
Plus le combat avançait, plus il remarqua que l’inconnue avait l’habitude de se battre. Ses réflexes semblaient très affûtés et la précision de ses coups était étonnante. Il la voyait bondir, attaquer et se défendre sans sembler en difficulté. Cette adresse l’étonna mais au vu du nombre, il avait préféré intervenir. Mieux valait l’assurance d’une victoire que de laisser quelqu’un se fatiguer à affronter une patrouille de gardes malintentionnés.

Quand il intervint, les assaillants finirent par se retirer, visiblement dépassés par les talents de la guerrière. Celle-ci murmura d’ailleurs quelque chose qu’il ne saisit pas et qu’il préférait éviter d’entendre. Apparemment, il ne fallait pas la provoquer et, heureusement pour lui, ce n’était pas son but. Quand elle se tourna vers lui, il remarqua qu’elle avait gardé l’épée du soldat. La méfiance devait faire partie de sa vie, ça devait être son quotidien ainsi que les batailles.
Il la vit froncer les sourcils avant de prendre la parole.

« Que voulez-vous ? »

Vraiment, elle restait sur ses gardes et c’était assez compréhensible, surtout dans ce quartier. Tout en parlant, elle ne se rapprocha pas, préférant garder ses distances. Signe inévitable du manque de confiance ambiant. Remarquant qu’il n’était pas de taille à lutter contre elle, il resta lui aussi à l’écart afin de ne pas se mettre sa colère à dos.
Il se mit alors à parler, calmement mais toujours méfiant lui aussi.

« Rien du tout, j’ai juste entendu ces gardes parler avec un air louche et je suis venu voir ce qu’il se passait. Désolé si je vous ai dérangée. »

Il salua alors l’inconnue et retourna vers l’auberge avant de s’arrêter et de se retourner vers la femme.

« Vous devriez rentrer, les attaques vont devenir plus récurrentes à cette heure-ci et malgré vos capacités, la fatigue finira par vous avoir. Si vous n’avez pas de chez vous, j’ai repéré une auberge non loin par là. »

Il pointa une direction avant de passer par le chemin qu’il avait désigné plus tôt. Bizarrement, il ne se tracassa pas pour cette femme. Certes sa beauté l’avait marqué au premier regard mais tout cela n’était qu’une façade. Cette apparence attirante cachait en réalité une certaine violence et un grand danger pour quiconque la provoquait. C’était cette dernière raison qui l’avait poussé à ne pas entamer une discussion qui semblait déjà vouée à l’échec.

Tranquillement, il alla vers l’auberge et y entra. Les lumières de la salle l’éblouirent quelques secondes. Quand ses yeux se furent habitué à la lumière, il alla trouver celui qui sembla être le gérant des lieux et réserva une chambre pour la nuit. Il posa ensuite la somme convenue sur le comptoir en échange de la clé de sa chambre et alla s’installer contre un mur avant d’observer les personnes présentes.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le vendredi 31 août 2012, 22:36:59
« Rien du tout, j’ai juste entendu ces gardes parler avec un air louche et je suis venu voir ce qu’il se passait. Désolé si je vous ai dérangée. »

Oh... Ainsi donc, elle avait affaire à une âme charitable ? Dans un tel endroit, ceci semblait à peine croyable, et Nariko ne sut pas quoi répondre. Était-ce un mensonge ? Non, c’était... C’était trop stupide pour être un mensonge. De ce qu’elle avait cru comprendre, dans les grandes villes, quand on entendait quelqu’un crier « A l’aide ! », a fortiori une femme, le premier réflexe était de foutre le camp le plus loin possible. Elle ne dit donc rien, et resta à bonne distance de l’homme, qui se mit à marcher. Il lui conseilla de rentrer chez elle, et elle esquissa un léger sourire amusé en coin.

« C’est précisément là où je comptais aller. »

Une petite pause, avant qu’elle n’ajoute, en penchant la tête :

« Merci de votre aide, mais... Ce n’était pas spécialement nécessaire, je suis une grande fille. »

Il ne sembla même pas l’écouter, et elle haussa les épaules. Elle contempla ensuite les cadavres, et regarda autour d’elle, avant de froncer les sourcils. Il y avait quelque chose de louche... Nariko s’attarda quelques secondes de plus, essayant de comprendre d’où lui venait ce sentiment, cette sensation qu’il y avait quelque chose qui ne collait pas, mais, comme elle ne trouva rien, elle finit par se résoudre. Sans doute commençait-elle à fatiguer, après tout... Haussant les épaules, la guerrière se retourna donc, et reprit la route. Rejoindre l’auberge ne fut pas difficile, et elle quitta les ruelles sinistres et étroites pour des rues pavées éclairées et un peu plus grandes.

Dans l’obscurité de la ruelle qu’elle venait de quitter, les cadavres restaient là, inertes, baignant dans leur sang... Jusqu’à ce qu’une mystérieuse forme, une ombre, se détache du mur, et ne s’avance. La créature s’approcha silencieusement des cadavres, forme longiligne et faite d’ombres. Elle les contempla, et un sourire de plaisir s’arracha sur ses lèvres, révélant une longue langue noirâtre et visqueuse qui vint éclairer une rangée de dents pointues. La créature sentait le pouvoir, l’empreinte de ce qu’elle avait perçu il y a plusieurs jours. Un artefact magique puissant... Suffisamment puissant pour lui faire perdre la tête... Elle avait pisté cette femme en la sentant, et reniflait son odeur... La signature de l’artefact collait à son corps, et la créature était contente. Contente, car cette énergie était forte. Retournant se confondre dans les ombres, la créature s’avança, cherchant d’autres âmes faciles à corrompre.

Nariko, de son côté, atteignit l’auberge, et monta rapidement dans sa chambre. Elle ouvrit la porte, et s’approcha du balcon. Kaï était là, lisant un livre, et tourna la tête en voyant la guerrière rentrer. Un sourire éclaira son visage, avant qu’elle ne fronce les sourcils. Elle reconnaissait ce regard dans les yeux de Nariko. Elle venait de répandre la mort.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » demanda-t-elle donc.

L’intéressée haussa les épaules, et lui ébouriffa les cheveux.

« Rien d’autre que les tracas habituels dans une grande ville corrompue... Tu sais, je me demande si nous n’avons pas fait une erreur en allant ici, Kaï... Il n’y a rien qui peut nous intéresser.
 -  Je t’ai rarement vu aussi défaitiste... Je suis sûre que la chance finira par nous sourire.
 -  Mouais... Cette ville est un véritable trou à rats. »

Elle soupira, cessa d’observer les toits noirâtres de la ville, puis alla sortir Heavenly Sword de son fourreau, et contempla silencieusement la longue lame, la caressant du bout des doigts. Kaï déglutit faiblement. Même si Shen avait autorisé Nariko à conserver l’épée, cette dernière exerçait indéniablement sur sa porteuse une influence. Et la relation que Nariko avait avec cette arme était curieuse. L’arme n’était pas qu’une simple épée ayant été forgée il y a des millénaires ; elle était bien plus que ça. Nariko pouvait passer des heures à l’observer silencieusement, sans rien dire, avec un léger sourire sur les lèvres, et une lueur sinistre dans le regard. Kaï n’osait alors jamais l’avouer, mais, dans cette situation, elle lui faisait un peu peur.

Il ne comptait pas s’attaquer directement à elle. Elle était trop forte, et il devait commencer par envisager toutes les pistes possibles... Sa première proie serait l’homme qui l’avait aidé... Il avait senti de la magie sur lui, et serait donc un délicieux repas pour la créature, pour le Fantôme. Il avait besoin de se nourrir, comme n’importe quelle créature vivante, mais, pour lui, la nourriture dont il avait besoin ne se résumait pas qu’à quelques nutriments fades et insipides. Non, il lui fallait autre chose. Il lui fallait de la magie. Le Fantôme trouva rapidement un autre porteur, et s’infiltra dans sa peau.

Son hôte, un esprit faible en proie au doute, un truand de bas étage, fut rapidement asservi, et le Fantôme vit à travers ses yeux, sentit à travers ses doigts, et ressentit son passé. Il s’appelait Marko Pellucci. Un vaurien, comme bien des Nexusiens des bas-fonds, qui n’était jamais sorti de la ville, et qui dirigeait une petite bande sévissant dans les bas-fonds. Ils étaient dans leur repaire, un taudis minable, et Marko pensait aux seins de l’une des putes du bordel à proximité, rêvant de les tenir dans ses mains. Elle avait une paire de nichons incroyable, et rien qu’y penser le faisait bander. Le Fantôme se gaussait de son hôte. Un minable, facilement corruptible.

« Va, Marko, accomplis tes désirs... Pour obtenir ta petite chérie et ses gros seins, il te faut de l’or, des pièces de monnaie clinquantes... Et tu sais qui a de l’or sur lui... Va, Marko, petit Marko, et peut-être soulageras-tu ta queue ce soir... »

Marko obtempéra, esclave de ses propres désirs. Le Fantôme se contentait juste de donner une petite pousse. Bien sûr, il ignorait si ce magicien avait de l’or, mais c’était sans importance. Il voulait le dévorer, absorber sa magie... Sa faim le rappelait à lui, et il aurait besoin de cette énergie s’il voulait s’attaquer à la porteuse. Marko se mit donc en route, et rejoignit rapidement l’auberge avec ses hommes. Ils n’avaient pas d’armures, mais des armes, et étaient coriaces. L’aubergiste les connaissait, et se mit à redouter le pire, mais ils s’avancèrent vers l’homme, brandissant leurs poignards et leurs masses.

« Toi... File ton tric, où on te saigne comme un putain de goret ! »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le samedi 01 septembre 2012, 12:41:42
Apparemment, l’inconnue qu’il avait aidée plus tôt avait déjà un autre lieu pour passer la nuit. Elle habitait peut-être même dans le coin. Ça faisait déjà quelques temps qu’il l’attendait, qu’il espérait la revoir mais elle ne daignait pas se montrer. En même temps, ce lieu ne convenait pas réellement à une telle femme. Repaire de voleurs, menteurs et bandits en tout genre, l’endroit ne lui plaisait pas vraiment non plus mais il devait bien passer la nuit quelque part. Il se remit alors à penser à l’après combat, tout ce sang rougissant les pavés, ces corps inertes qui ne se relèveraient plus jamais. Ça le faisait frémir de l’intérieur mais, après tout, ils l’avaient cherché.
Et puis, la voix de l’inconnue s’était élevée dans l’air, atteignant ses oreilles.

« C’est précisément là où je comptais aller. »

En y réfléchissant mieux, c’est vrai qu’elle l’avait prévenu qu’elle avait un endroit où aller. Elle était donc du coin, ça expliquait qu’elle savait se défendre, qu’elle ne s’était pas aventurée là sans raisons. Ce qui commençait à l’inquiéter, c’est qu’elle s’était tout de même attaquée à des gardes, elle risquait désormais d’avoir de graves ennuis si ça venait à se savoir dans les hautes sphères du pouvoir. Surtout si elle avait pu être identifiée par quelqu’un. Et puis, son autre phrase lui revint. Il n’avait pas été très attentif au moment où elle avait parlé mais il écoutait toujours, les détails lui revenaient en tête plus tard, c’était le cas ce soir.

« Merci de votre aide, mais... Ce n’était pas spécialement nécessaire, je suis une grande fille. »

Il se sourit à lui-même, une grande fille… Ça, il l’avait remarqué. Il était encore en train de penser à ce qu’il venait de se passer quand un groupe d’hommes entra. A leurs visages, il sut que les nouveaux arrivants n’étaient pas de bons compagnons de route. L’air sévère, ils se dirigèrent vers lui, l’aubergiste semblait les connaitre, soulagé que cette troupe ne vienne pas à lui. Alastyn les observa alors, sachant qu’avec sa maigre carrure il ne faisait face à personne en combat singulier, les attaques de groupe étaient sa fin à coup sûr.

« Toi... File ton tric, où on te saigne comme un putain de goret ! »

Quoi, c’était tout ? Ils voulaient simplement de l’argent ? C’était bizarre, s’ils voulaient juste de l’argent, pourquoi ne pas prendre celui de l’aubergiste qui, de toute évidence, devait être celui en possédant le plus ici. Un marché avec le tenancier peut-être… Non, ça ne collait pas, son air à la fois surpris de leur visite et soulagé que ça ne lui tombe pas dessus ne correspondait pas à un accord entre eux. Alors ils voulaient juste venir faire chier l’Esper ? C’était qui ces cons ?
Il hésita, leur donner sa bourse pourrait les contenter mais au vu du peu qu’elle contenait, ils risquaient de s’énerver sur lui. Éviter de leur donner semblait la meilleure option mais alors il devrait fuir et les laisser ici avec le risque qu’ils saccagent tout… Non, il ne pouvait pas se permettre ça. Il devait les attirer à l’extérieur et s’échapper, ne plus revenir dans cette auberge, ils l’y attendraient sûrement après sa fuite.

Il eut alors une idée qu’il ne tarda pas à mettre en place. Discrètement, il téléporta la clé se trouvant dans sa main sur le comptoir de l’auberge et tendis sa bourse à celui qui avait parlé.

« Tenez, il n’y a pas grand-chose dedans, c’est tout ce que j’ai. »

Quand Marko la prit, Alastyn disparu de son champ de vision. Il se retrouva derrière le groupe, reprit son bien par la magie et sortit en courant. Le groupe peu recommandable fut alors surpris de voir disparaitre le petit sac de cuir mais ne se laissa pas longtemps avoir. Ils se retournèrent alors, entendant les pas précipités de leur cible et le poursuivirent. Combinant son pouvoir à sa course, il les éloignait peu à peu de l’auberge et se satisfaisait de la bêtise de ces andouilles.
Quand il fut assez éloigné, il repensa à la place publique et s’y téléporta. Là, ils pouvaient toujours courir pour le retrouver. Il profita de ce moment de répit pour se mettre à marcher vers un endroit calme tout en réfléchissant. Il n’arrêtait pas de se demander pourquoi lui, pourquoi pas quelqu’un d’autre. Lentement, il redescendit une rue pavée et éclairée. Là au moins, si on l’attaquait à nouveau ce serait plus facile de s’en tirer. Un nouveau souci le perturba, il n’avait désormais plus assez pour s’offrir le luxe de prendre une chambre dans une auberge. Il s’installa alors dans une ruelle assez sombre pour qu’on ne le repère pas et tenta de dormir un peu.

Quand il fut sur le point de céder à la fatigue, quelque chose lui vint en tête. Si c’était vraiment lui qu’on cherchait, ce n’était pas pour le détrousser, comme il l’avait remarqué, l’aubergiste était une meilleure proie. Cette assaut devait le cibler lui, mais pourquoi ? Était-ce possible que ce soit du à son intervention lors de l’attaque des gardes ? Il songea alors à cette possibilité et tomba dans un sommeil léger, se réveillant au moindre bruit.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le dimanche 02 septembre 2012, 03:24:20
Nariko savait très bien ce que Kaï pensait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Il était difficile de lutter contre une superstition vieille de plusieurs siècles. Heavenly Sword était une arme puissante, et toute arme puissante était dangereuse. Heavenly Sword, sur ce point, ne faisait pas exception. La redoutable épée magique avait indéniablement une volonté propre, et était, en ce sens, bien plus qu’un objet métallique froid et inerte. En la caressant du bout des doigts, Nariko le sentait... Elle sentait cette intense énergie... Heavenly Sword avait soif de sang. C’était une épée, et une épée était faite pour arracher la vie. Toute cette légende autour de l’Élu... Nariko avait prouvé au clan que cette légende était une superstition ridicule, que n’importe qui pouvait utiliser Heavenly Sword et la dominer, mais, pour autant, l’épée était difficile à contrôler. C’était le cas avec tous les artefacts magiques anciens et puissants, et Shen, son père, était toujours assez réticent. Mais il ne pouvait pas refuser à Nariko d’utiliser Heavenly Sword, car, non seulement elle avait réussi à repousser le Roi Corbeau avec cette arme, mais les autres clans se fédéreraient encore plus facilement grâce à cette épée.

L’épée... Nariko continuait à la caresser du bout des doigts, absorbée dans ses courbes. Elle était si belle, si envoûtante, si... Si parfaite, dans un sens. Quand Nariko la portait, elle ne se sentait plus uniquement comme une simple guerrière, mais comme une espèce de Déesse guerrière invincible. Elle se sentait capable de tout faire avec elle, et il lui suffisait de fermer les yeux pour se rappeler...

*Ton pouvoir était alors infini. Tu t’en rappelles ? Cette aura blanchâtre qui t’entourait, cette impression de flotter, d’omnipuissance ? Ils étaient des centaines, voire même des milliers, à t’attaquer, à tourner autour de toi... Tu les entendais hurler, tu ressentais leur rage, leur fureur, mais toi... Toi, tu ne ressentais aucun plaisir, aucune colère, rien d’autre qu’une espèce de grande sérénité. Oui... Oui, tu étais en paix avec toi-même, car toi et Heavenly Sword ne faisiez plus qu’un. Tu étais Heavenly Sword ! Elle n’était plus qu’un prolongement de ton corps. Quelle merveilleuse sensation, n’est-ce pas ? Un peu plus près du paradis... Tu as touché les étoiles... Un tel pouvoir n’échoit pas aux mortels.*

Elle sortit de sa transe en rouvrant les yeux, sentant son pouls battre furieusement dans sa poitrine. Oui, elle se souvenait parfaitement... Elle ne s’était jamais sentie aussi... Sereine. C’était curieux, car elle était alors persuadée de mourir, et, effectivement, elle était morte. Mais ça ne l’avait pas empêché de se sentir bien... Elle avait fauché des centaines d’âmes en défiant le Roi Corbeau, et cet état lui manquait parfois... Mais elle ne pourrait plus jamais l’atteindre. Son lien entre Heavenly Sword existait, mais elle devait veiller à ce que l’épée ne la consume pas.

Alors qu’elle était plongée dans ses pensées, elle se raidit soudain en voyant des gouttes de sang jaillir de l’épée. Quelques discrètes gouttes qui se mirent à se déplacer. Il n’y eut aucune voix dans sa tête, mais, à la place, des images... Des images d’un homme en train de courir, d’homme sen train de le poursuivre, d’une ombre qui n’était pas une ombre... Un repas, un plat, une menace... Nariko se redressa subitement, surprenant Kaï.

« Que... Qu’est-ce qu’il y a, Nariko ? »

La guerrière ne répondit pas sur le coup, et se mordilla les lèvres. Un danger rôdait dans la ville, une menace imperceptible, sourde, qui résonnait dans sa tête... Nariko l’avait toujours pressenti, au fond d’elle-même. Le Roi Corbeau n’était pas mort, mais ce n’était pas lui qui était dehors... Mais quelque chose d’approchant, quelque chose de dangereux... Elle ferma les yeux, les visions revenant dans sa tête. Elle vit des ruelles sombres, des hommes qui couraient rapidement, des badauds qui, prudemment, s’écartaient, préférant les laisser passer plutôt que de se mêler à des histoires qui, dans le fond, ne les regardaient pas. Elle vit d’autres images se former, et vit une grande place, une immense place circulaire entourée de maisons, avec des torches dans les coins. Elle sentit l’ombre heureuse, se rapprocher de sa proie...

Le Fantôme était appâté. Utiliser de la magie sous son nez... Il traquait l’homme, traquait sa proie, utilisant sa magie pour remonter jusqu’à lui. La proie était fatiguée, épuisée, et le Fantôme aimait bien la traque. Il allait se régaler, car la proie fatiguait, et ne pourrait plus fuir éternellement...

« Nariko ! »

La voix autoritaire de Kaï ramena Nariko dans la réalité, et elle la regarda. Le regard de l’adolescente était dur et déterminé, comme si elle avait compris que quelque chose de grave était en train de se passer. Presque instinctivement, Nariko avait attrapé Heavenly Sword, et la glissa dans son dos.

« On sort, Kaï… Je sens une menace… »

Kaï ne dit rien, mais alla chercher son arbalète, sa dague, et suivit Nariko. Sortant par la terrasse, elle atterrit sur un toit, et se mit à courir rapidement, suivant les conseils silencieux, mais non moins réels, d’Heavenly Sword. L’épée conduisit ainsi la jeune guerrière jusqu’à la place du marché, qui comprenait de nombreux gardes, et des badauds. Même en cette heure avancée, il y avait des étals, des vendeurs, des charlatans, des apothicaires. Sur le toit, Nariko fronça les sourcils. Il était proche, elle pouvait le sentir...

« Qui est-ce qu’on cherche ?
 -  Un démon... Affûte tes sens, Kaï, et utilise ton flair et tes oreilles... Tu es plus douée que moi à ce jeu. Il se terre dans ces ruelles, et je crois qu’il n’est pas seul... »

Kaï obtempéra. Nariko n’avait jamais connu ses vrais parents, mais elle était convaincue qu’il y avait eu des Terranides dans sa famille, car, bien qu’elle soit humaine, elle ressemblait plus à une espèce de sauvage neko qu’autre chose. Elle écouta silencieusement, courbée, et entendit des bruits de pas, des rires, et des cris de plaisir.

« Par là ! »

Elle sauta sur un autre toit, et Nariko la suivit. Les deux femmes arrivèrent ainsi près d’une ruelle où un homme était encerclé par des truands. Nariko fronça les sourcils, surprise de voir que l’homme au centre du groupe était l’homme en robe qui l’avait aidé tantôt contre les gardes corrompus. L’homme s’était assoupi, mais Marko, guidé par le Fantôme, l’avait retrouvé, et il s’était reçu un coup de pied en pleine figure, avant qu’une dague ne se glisse sous sa gorge, l’empêchant ainsi de faire le moindre mouvement suspect. Ils avaient été très rapides.

« Tu pensais nous échapper, hein, sale cave ? »

Les bandits ricanaient, et Nariko se laissa tomber dans une ruelle adjacente, tandis que Kaï, depuis sa position, armait son arbalète. La victime était maintenue par les bras, tenu par un solide gaillard se trouvant dans son dos. Sûrement un docker. Nariko, quant à elle, longeait le mur.

« Je vais te bouffer, salopard ! »

Celui qui parlait... Celui qui parlait était mystérieux... Nariko le sentait. Une âme noire, maléfique, insondable. Elle arriva à l’entrée de l’impasse, et Kaï lâcha son carreau.

« Twing twang », sussurra-t-elle.

Le carreau se planta dans le crâne du docker maintenant l’homme, et, au, même moment, Nariko dégaina Heavenly Sword, et faucha deux des membres du gang.

« Tuez-les ! » hurla Marko.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le dimanche 02 septembre 2012, 17:03:25
La fatigue avait eu raison de ses sens, il était désormais plongé dans un sommeil plus profond n’avait pas entendu les la troupe se ramener. Comme réveil, il eut droit à un bon coup de pied directement dans la figure. Sans avoir le temps de réagir, une dague se glissa sous sa gorge.

« Tu pensais nous échapper, hein, sale cave ? »

Hein quoi ? Ah merde, c’étaient eux…
Alastyn se rappela de leurs visages mais ne put bouger. Il se demandait encore comment ils avaient pu le retrouver quand l’autre reprit sa tirade, faisant cesser les ricanements de ses sbires.

« Je vais te bouffer, salopard ! »

Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit là ? Non, c’est pas possible, il doit s’agir d’un rêve.
C’est ce qu’il pensait jusqu’à ce que le sang s’écoulant d’une de ses narines ne lui rappelle le coup qui l’avait sorti de sa torpeur. La douleur lui revint, le faisant assez souffrir pour qu’il comprenne qu’il n’était pas dans un rêve. Ce qu’il se passait là était bien la réalité, ses jours… Non, ses minutes étaient désormais comptées. Retenu par une espèce de baraque, il ne savait pas bouger, s’il se téléportait, il entrainait l’autre brute avec et il mourrait plus loin. Mourir, à force d’aider les autres il était certain que ça devait lui arriver un jour mais là, maintenant… Non, c’était trop tôt. Il avait encore des choses à voir, à faire, à découvrir.

Quand enfin il se fit à l’idée de trépasser, les choses s’enchainèrent à une vitesse folle. Il entendit un sifflement dans l’air, sentit qu’on ne le retenait plus et vit qu’il était désormais recouvert de sang. Au même moment, les cris de deux hommes retentirent et il aperçut la femme qu’il avait aidée plus tôt. Cette fois, son arme était différente, ce n’était plus la dague de tout à l’heure mais une vraie épée. Il était légèrement rassuré voyant qu’elle n’était pas avec eux mais l’ordre résonnant dans la ruelle le rappela aux faits.

« Tuez-les ! »

Cet ordre le fit frémir, encore une fois le sang allait couler ce soir et le sien en ferait sûrement partie. Enfin, il se ressaisit et se dit qu’il ferait mieux de se défendre. Il n’allait pas se laisser manger sans réagir. Ce cannibale pouvait encore rêver s’il espérait pouvoir croquer de l’esper ce soir. Apparemment, il était tombé entre deux camps. La mystérieuse inconnue et ses complices d’un coté et l’autre anthropophage avec sa bande. Il profita de son instant de liberté pour se téléporter près de la rouquine et tout en envoyer valser un des sbires, il murmura un « désolé » à la fille. Il se sentait responsable de ce qu’il se passait actuellement, c’est lui qui les avait attirés ici et maintenant il mettait la vie d’autres personnes en danger. Il envoya alors encore quelques brigands valser avant de tomber à genoux. A force d’utiliser son pouvoir et de courir, il était à bout de forces. Il lui  en restait juste assez pour rester éveillé, se défendre au cas où un de la troupe du bouffon l’attaquait mais il ne pourrait plus tenir très longtemps.

Alors que sa sauveuse s’était jetée dans la bataille, un des voyous vint vers lui pour lui porter le coup de grâce. Alors que la lourde masse s’abattit sur son crâne, Alastyn mit ses mains pour se défendre et entendit un bruit sourd avant de voir qu’il n’avait rien eu. Surpris, il téléporta la brute sur la trajectoire d’un carreau venant d’un des toits et s’effondra face contre terre. Ses dernières forces s’en étaient allées lorsqu’il avait utilisé son pouvoir pour échapper au coup de masse.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le lundi 03 septembre 2012, 00:02:38
Le mage se téléporta près de Rinako, qui ne lui accorda même pas un regard, sans répondre à son excuse. Elle n’était pas spécialement venue pour le sauver, mais, dans l’absolu, autant épargner la vie d’un innocent... Sa cible était le chef des brigands, Marko. Il y avait en lui quelque chose de particulier. Depuis sa position, Kaï était pratiquement intouchable, et faisait mouche à chaque fois. Alastyn tenta bien d’aider, mais se trouva rapidement vaincu, la magie l’ayant épuisé. Nariko, de toute façon, v’aiat pas besoin de lui. Heavenly Sword trancha les adversaires, de pauvres voyous, sans difficulté. Un bras s’envola dans les airs, une tête sauta, un ventre fut ouvert en profondeur, deux jambes tranchées, alors que Nariko dansait.

Il était absorbé par cette femme, par ce mélange, par cette sensuelle brutalité, cette danse exquise... Elle était divine, tout simplement. Cette passion qu’elle mettait au combat, ces corps qu’elle fracassait... Cette femme était à ses yeux la perfection incarnée, une véritable artiste. Oh, cette danse magnifique ! Tout en elle respirait la grâce, l’excellence. Son hôte ressentait cela. Son érection le montrait, mais le plaisir, le désir, que le Fantôme ressentait, n’était pas un désir charnel. Il ne ressentait rien de ces choses-là. C’était un désir spirituel, le désir que ressent un prédateur quand il voit sa proie se dandiner devant lui. Cette épée était merveilleuse.

Marko était sa proie, et les gêneurs s’effondrèrent bien rapidement. Aucun ne réussit à s’approcher, Nariko tranchant dans le vif. Elle roulait par terre, utilisait ses poings, ses pieds, et sa longue épée la protégeait plutôt bien des assauts adverses. Elle était costaude, résistante, et vive. Elle égorgea un autre homme d’un coup de lame. Nariko se battait avec rage et passion, bondissant un peu partout. Elle évita la hache d’un homme en sautant par-dessus lui, et, dans son dos, faucha ses jambes dans un hurlement de douleur. Elle se rua ensuite vers le chef, dont les yeux se mirent alors à luire d’une lueur jaunâtre malfaisante, confirmant qu’il n’était pas un simple homme.

« Qui es-tu ? »

Nariko bondit vers lui, et l’homme se téléporta dans un nuage d’ombres, atterrissant à quelques mètres d’elle, un sourire déformant ses lèvres. Des espèces de stries noirâtres se formaient sur son corps, des lignes sombres sous sa peau. Ce corps n’était pas fait pour la magie du Fantôme. Kaï le visait avec son arbalète.

« Je t’ai senti, Nariko... J’ai senti en toi l’empreinte d’un pouvoir qui te dépasse, et qui m’attire, qui provoque en moi une inextinguible soif... »

La voix était sombre, malfaisante. Kaï visa soigneusement. Autour de l’homme, les objets se mettaient à s’animer, et Nariko vit des tonneaux, des morceaux de volets, fondre vers elle. Elle en para un avec Heavenly Sword, mais se reçut un coup sur le ventre, qui l’envoya s’écrouler au sol, lui bloquant la respiration. Immédiatement, l’homme se téléporta, atterrit devant elle, et la souleva en la tenant par la gorge, comme un fétu de paille. Il avait une puissance herculéenne, et, en étant arrachée du sol, et en sentant sa respiration se coincer, Nariko planta son regard sur l’homme... Pour voir des ombres qui l’entouraient... L’image lui rappela la possession de Bohan, quand le Roi Corbeau prenait le contrôle sur lui, et le dominait entièrement.

Élargissant son sourire, Marko balança Nariko contre le mur, où elle se fracassa. Elle tenta de le frapper avec sa lame, mais l’homme se téléporta à nouveau. Un véritable courant d’air ! Il atterrit à côté d’elle, et envoya une décharge magique qui frappa Nariko sur le flanc, l’envoyant rouler par terre. Elle fit une roulade sur le sol puis se releva, nettoyant un peu de sang qui coulait de ses lèvres. Ce type était terriblement rapide.

« Qui... Es-tu, sale... Con ?! »

L’homme se mit alors à rigoler, et tendit les bras, haussant les épaules.

« Tu as croisé l’un des nôtres, Nariko... Haaa... Il... Il avait choisi un bon porteur, mais tu... Hummm... Tu nous paieras ça, pe... Petite garce arrogante ! »

Le corps était en train de se désagréger sur place, des lambeaux de peau tombant comme on si épluchait sa peau. L’ombre l’entourait, et ses yeux saignaient. Visiblement, l’utilisation de la magie n’avait pas été appréciée par ce corps faible et malade, qui était en train de s’effondrer. Nairko savait à qui il faisait référence. Le Roi Corbeau. Il y en avait d’autres... Comme lui ? Cette perspective était effrayante... Mais peut-être que cela expliquait pourquoi on l’avait ressuscité ? Peut-être que cette créature savait des choses ?

« Qui ?! Qui m’a réveillé ? Parle ! »

Elle n’eut droit qu’à un éclat de rire mauvais

« Tu... Tu oses me... Me donner des o-o-ordres... Haaaaa, que ce corps est... Huuurnghh ! »

A genoux, l’homme se tenait les côtes, souffrant visiblement terriblement.

« Nous... NOUS NOUS... SALOOOO-AAAAAAARGHHH !! »

Le corps explosa soudain, l’homme relevant la tête en levant les bras au ciel. Il y eut une superbe explosion, et la moitié du corps de Marko, de la tête jusqu’au bassin, explosa. Ses organes roulèrent sur le sol, ses os éclatés tombèrent un peu partout, et du sang vint recouvrir le sol et les murs, tandis que le reste de son corps s’effondrait mollement par terre. Le démon était parti,e t Nairko regarda autour d’elle.

« Merde... »

Elle secoua la tête, soupira. Heavenly Sword ne ressentait plus rien. Elle rangea l’arme dans son fourreau, et fit signe à Kaï de descendre, puis, contournant les corps et les morceaux de corps, elle alla voir l’homme endormi.

« Que fait-on de lui ? demanda-t-elle pensivement.
 -  On le prend avec nous. Il peut nous être utile. »

Elles allaient retourner à l’auberge avec lui. Nariko ne savait plus quoi penser. Le Roi Corbeau... Il y aurait donc des démons similaires à lui ? Elle devait se renseigner.

« Mieux vaut éviter les patrouilles... Il peut marcher ?
 -  Je vais l’aider à se tenir... »

Nariko passa l’un des bras de l’homme autour de son cou, et avança, suivant lentement Kaï à travers les ruelles de Nexus. Si des gardes passaient par là, la situation pouvait en effet sensiblement se compliquer. Mieux valait donc éviter ce genre de désagréments, et se fier à l’instinct de Kaï. On n’était cependant jamais à l’abri d’une mauvaise surprise.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le vendredi 07 septembre 2012, 12:43:28
Épuisé, il ne savait plus bouger un seul membre. Il restait là, étendu entendant ce qu’il se passait près de lui. Doucement, il tourna la tête vers la ruelle en espérant que tout ça finirait bientôt. Il sentait que les cadavres s’entassaient, que bientôt cette ruelle ne ressemblerait plus à ce qu’elle devait être mais plutôt à un champ de bataille. Le sang de ces morts commençait à couler, dessinant sa trajectoire entre les pavés. Il sentait que ce liquide vital glissait sous son corps à bout mais il ne pouvait rien y faire.

A moitié conscient, il percevait à peine les bruits mais fit plus attention lorsqu’il entendit que l’on parlait. Alors cette femme avait réussi à atteindre le chef et ils se mettaient à discuter, voilà qui promettait la fin de cette bataille. Il se doutait bien que ça ne se finirait pas sans violence mais il espérait que la femme s’en sorte. Après tout, elle incarnait son dernier espoir de rester en vie.

Lentement, ses yeux se fermèrent et il n’entendit plus rien. Plus tard, il sentit qu’on soulevait son corps, qu’on parlait autour de lui. Il ouvrit un peu les yeux et vit que c’était un duo féminin. L’une des deux était celle qu’il avait vu plus tôt, l’autre était une inconnue mais elle devait certainement être celle qui tirait d’en haut au vu de son arbalète.

Lentement, il marchait, soutenu par une des deux. Il ne savait pas où ils allaient, ni même s’il pouvait leur faire confiance mais elles l’avaient sauvé et il ne pouvait de toutes façons pas bouger seul. Finalement, il se décida à leur faire confiance. Si elles avaient voulu, elles auraient pu le laisser trainer mais non, elles en avaient décidé autrement et ça l’arrangeait bien.

Tout en continuant de marcher, suivant l’archère, il regardait le sol. Il ne s’était jamais senti aussi inutile. D’habitude, c’était lui qui aidait les autres, pas l’inverse. Enfin, il n’allait pas se plaindre, il avait besoin d’un coup de main et c’est ce qu’on lui proposait pour le moment.

« Merci »

Son dernier mot fut un murmure mais il était honnête. Les moments où il pouvait remercier les gens étaient rares et à chaque fois, il se sentait terriblement inutile.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le vendredi 07 septembre 2012, 21:14:55
Kaï menait la marche de ce trio insolite, s’aventurant dans les ruelles, marchant d’un pas précipité. Elle était nerveuse, ce qui, à vrai dire, pouvait amplement se comprendre. L’endroit était dangereux, et il valait mieux éviter de tomber sur une nouvelle patrouille, ou sur de nouveaux scélérats. Nariko, quant à elle, était perturbée. La rencontre avec Marko, mais surtout avec le démon qui l’avait possédé, l’avait ébranlé. Elle avait toujours su que le Roi Corbeau était en vie, une sorte d’intuition. En revanche, elle ignorait qu’il n’était pas le seul, et qu’il existait d’autres démons similaires à ce dernier.

*Mais, dans le fond, est-ce vraiment étonnant ? Ce n’est pas le seul démon qui existe dans ce maudit monde. Il y en a bien d’autres... Méfie-toi, Nariko.*

Et elle se méfiait. Pas du malheureux qu’elle tenait, mais des autres... Elle avait l’impression que des millions d’yeux l’observaient, la suivaient, la pistaient, la traquaient. Elle en avait envie de se retourner constamment, tout en sachant que c’était une réaction stupide, qui s’expliquait par sa hantise des grandes villes.

*Il y a un nom pour ça... Agoraphobie, ou un truc comme ça...*

De plus, toutes les rues étaient étroites, silencieuses, sombres. On étouffait dans Nexus, dans cette ville ancestrale, qui ressemblait à une espèce d’immense bordel organisé. Les rues ne ressemblaient à rien. Il y avait de l’herbe entre les pavés, d’autres avec des pavés arrachés, donnant lieu à des nids-de-poules et à des fissures béantes. Il y avait encore un autre nom pour ça, la peur des endroits clos, mais, sur le coup, Nariko n’avait pas à s’en souvenir. Elle suivait Kaï en espérant rapidement rejoindre l’auberge et pouvoir quitter cette ville de cinglés... Et, accessoirement, se débarrasser du type qu’elle avait sauvé, en priant pour qu’il ait des informations utiles sur le démon.

Kaï fit signe à Nariko de s’arrêter, et grimpa sur un toit. Depuis cette position, elle vit une patrouille de gardes qui s’avançaient, et attendit qu’ils passent. Ce fut maintenant que l’homme murmura quelque chose. Un borborygme incompréhensible, bref, que Nariko, après quelques instants, interpréta comme un « Merci ». Elle ne répondit rien, et raffermit sa prise sur ce dernier. Il était vaseux, et Kaï réapparut ensuite sur le toit, et fit signe de la main à Nariko de poursuivre. La guerrière hocha la tête, et s’avança à nouveau.

Les trois individus finirent ainsi par rejoindre l’auberge sans aucun autre incident notable, et la guerrière put poser l’homme sur l’un de leurs lits, avant de soupirer, et de s’asseoir sur une chaise.

« Qui était ce démon ? On... On aurait dit...
 -  Kaï...
 -  Mais c’est impossible ! Il est mort, tu l’as tué !
 -  Kaï...
 -  Il faut retourner immédiatement dans les montagnes et prévenir Shen. Il faut...
 -  KAÏ ! »

Nariko avait haussé le ton, et Kaï se tut. La jeune femme était, ce qui était compréhensible, paniquée. Oui, ce démon était similaire au Roi Corbeau, ce qui était effectivement très inquiétant, et très anormal. Mais revenir dans les montagnes était exclu. La route était bien trop longue, et Nariko devait résoudre ce mystère.

« Je comprends que tu aies peur, Kaï, reprit Nariko sur un ton plus doux, mais il ne faut pas céder à la panique. Cette créature n’était pas le Roi Corbeau. »

Difficile pour Kaï de ne pas paniquer. Les agissements du Roi Corbeau avaient conduit à sa mort, et à celle de Nariko. Nariko avait toutefois réussi à ressusciter Kaï, mais elle ignorait qui l’avait ressuscité. Kaï avait donc toutes les raisons de paniquer, le Roi Corbeau étant un adversaire d’une puissance terrifiante. Sans la fusion totale que Nariko avait eu avec Heavenly Sword, elle n’aurait jamais pu vaincre le démon, et libérer l’esprit tourmenté de Bohan. A chaque fois qu’elle repensait à cette journée fatidique, la guerrière en avait des frissons. Ça avait été un combat terrifiant, au-delà de tout ce qu’elle avait jamais fait, un affrontement qui s’était poursuivi dans d’autres plans astraux, jusqu’à ce que le Roi Corbeau soit défait. Il avait subi une humiliante défaite, mais, de là à le considérer comme mort, c’était un pas que la guerrière se refusait à franchir.

« Et lui, alors ? fit Kaï en désignant du nez l’homme affaibli dans le lit.
 -  Il est ma seule piste pour essayer d’en savoir plus sur le démon. Quand il sera réveillé, il pourra nous en dire plus. »

Du moins, Nariko l’espérait. L’homme était juste choqué, et n’avait aucune blessure sérieuse. Il fallait tout simplement attendre qu’il se remette sur pied, ce qui, normalement, ne devrait pas trop tarder...
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le samedi 08 septembre 2012, 10:38:42
Plus ils avançaient, plus il sentait que ses forces lui revenaient. Il avait senti que la femme le soutenant avait raffermi sa prise mais ne dit rien. Il continuait d’avancer, il ne savait pas où ils allaient mais ce serait sûrement mieux que de rester dehors. Sans cesse, il se repassait les images de cette soirée bizarre, tentant désespérément de comprendre quelque chose. Il l’avait aidée contre les gardes et plus tard, c’était elle qui le sauvait des voyous. Son arme avait changé, ce n’était plus la dague qu’il avait vu plus tôt mais une épée qu’elle semblait manier avec une grande aisance.

Quand ils furent arrivés dans l’auberge, l’inconnue l’installa sur un lit et il entendit les deux femmes parler. Au son des voix, il comprit qu’elles semblaient savoir quelque chose que lui ignorait, quelque chose qui avait un rapport avec ce qu’il s’était passé. Il hésitait, il ne savait pas s’il voulait en savoir plus vu l’état dans lequel il était actuellement. Il était encore trop faible, bien trop faible pour pouvoir accomplir son but, pour montrer à ces Tekhans que les Esper ne sont pas des abominations mais qu’ils peuvent être utiles.

Après qu’il aie entendu la guerrière crier, il remarqua la crainte de l’autre, elles avaient sûrement vécu quelque chose avec un fantôme de l’espèce qu’ils avaient rencontré ce soir. Quand le sujet d’un Roi Corbeau fut entamé, il ne saisit rien du tout mais bizarrement, il n’avait pas envie de le rencontrer.

« Et lui, alors ? »
Quoi lui ? Il n’avait rien fait, il était juste une victime. Un pauvre type qui avait été au mauvais endroit au mauvais moment.
« Il est ma seule piste pour essayer d’en savoir plus sur le démon. Quand il sera réveillé, il pourra nous en dire plus. »

Ça, ce n’était pas certain. Lui-même ne comprenait pas grand-chose à ce qu’il semblait se passer. Enfin, il se releva, doucement en se tenant la tête. Il avait déjà oublié que le sang le recouvrait. Regardant autour de lui, il remarqua qu’il était dans une chambre. A en croire le placement des objets, c’était très certainement une auberge.

« Où suis-je ? Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?»

Il ne savait pas pourquoi, mais ce furent les premières paroles qui lui vinrent en tête. Il les avait sorties comme s’il était plein de méfiance, comme s’il évitait de vouloir parler de lui. Il observa alors les deux femmes et se décoinça un peu. Il avait envie de pouvoir leur faire confiance, de pouvoir les croire mais d’abord, il devait au moins savoir pourquoi elles l’avaient ramené et aidé. Il repensa alors à ce qu’elles avaient dit et cherchait une réponse pouvant les éclairer. Une question lui vint alors à l’esprit mais il s’abstint de leur poser, elles ne sauraient probablement pas lui répondre… Sauf si… Mais oui, comment avaient-elles fait pour le retrouver ? Était-ce le hasard ? Il n’était pas totalement convaincu. Elles étaient venues armées, prêtes à en découdre avec ses assaillants comme si elles savaient qu’ils étaient là. Tout comme ce démon qui avait réussi à le suivre malgré plusieurs téléportations. Tout ça était louche mais il voulait comprendre comme ça avait pu être possible.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le dimanche 09 septembre 2012, 13:29:10
Nariko n’était plus du tout fatiguée, mais pressée. Il se passait des choses qu’elle n’arrivait pas à expliquer. Un démon proche du Roi Corbeau en ville... Elle en était toute retournée, mais, pourtant, ce n’était pas la peur qui la dominait, loin de là. C’était plutôt une sorte de forte excitation, d’impatience. Elle piaffait d’envie à l’idée de retrouver cette créature, et de la tuer, de s’en servir pour en apprendre plus sur le Roi Corbeau... Et, pourquoi pas, savoir qui s’était chargé de la ramener du monde des morts, de la sauver, et de la remettre sur les rails. Tout d’un coup, la guerrière trouvait son périple à Nexus bien plus intéressant.

« Où suis-je ? Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? »

Elle tourna la tête vers l’homme. Ce dernier était visiblement en train d’émerger, et la guerrière s’avança lentement vers l’homme. Il avait été attaqué par le démon. Pourquoi ? Est-ce qu’il savait des choses, ou est-ce qu’il n’était qu’une simple victime ? Nariko y réfléchissait rapidement. Était-ce une simple coïncidence que cet homme qu’elle venait de sauver soit celui qui, il y a un peu moins d’une heure, l’avait aidé contre une patrouille de Nexusiens renégats ? La guerrière n’était pas du genre à croire aux coïncidences, mais elle doutait que l’homme savait quelque chose.

*Il est possible que cette créature l’ait attaqué à cause de moi... C’est même tout à fait probable. Depuis combien de temps m’espionne-t-il ?*

A nouveau, la guerrière sentit un soupçon de paranoïa s’emparer d’elle, et tâcha de se concentrer, de rester stoïque... Elle en était presque à se demander si ce fantôme ne l’avait pas aperçu dès son entrée dans la ville, et s’il n’était pas responsable des problèmes qu’elle avait rencontré au Palais... C’était ridicule, et, dans le fond, peut-être bien qu’elle avait plus peur qu’elle n’osait se l’avouer. Kaï, quant à elle, ne dissimulait pas sa peur, étant plus sensible que Nariko. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle fuirait. Elle avait peur, oui, mais cette peur était son moteur. C’était cette peur qui l’avait permis de s’infiltrer dans les terres de Bohan pour libérer Shen et les autres guerriers du village. La peur était un moteur qui pouvait se transformer en courage, et Kaï le savait. Mais ça ne l’empêchait pas d’être nerveuse pour autant.

« Vous êtes dans une auberge de Nexus... Et je m’appelle Nariko. Elle, c’est Kaï. Quant à ce que je vous veux... Rassurez-vous, si je voulais vous tuer, ce serait déjà fait. »

Jusqu’à quel point pouvait-elle faire confiance à cet inconnu ? La réponse était assez simple : elle ne lui accordait pour le moment qu’une confiance très réduite. Elle avait les bras croisés, et donna quelques explications supplémentaires. Elle et Kaï venaient de loin, et étaient arrivées à Nexus pour des raisons qui les regardaient. Elles avaient cherché à contacter la Cour royale, mais c’était un rêve superflu ; la corruption était élevée, et il fallait graisser la patte des fonctionnaires pour réussir à contacter les véritables décideurs politiques.

« Quant à la créature qui vient de vous attaquer... J’ignore qui elle est, mais elle ressemble à un démon que j’ai déjà croisé dans le passé, et qui avait, entre autres, le pouvoir de prendre le contrôle des gens, d’infléchir leurs émotions et leurs désirs pour les plier à sa guise. »

Elle ne parla pas non plus d’Heavenly Sword, car, comme le vieux le proverbe le disait, trop parler nuit. Mieux valait, dans l’absolu, en dire le moins possible, afin de préserver des cartes dans sa manche, et, surtout, estimer jusqu’à quel point elle pouvait faire confiance à cet homme. Elle lui en avait dit suffisamment pour qu’il se fasse une bonne idée de la situation, même s’il restait encore, dans les explications de la guerrière, de grandes zones d’ombres. Ceci était volontaire.

« Et pour vous ? A part sauver des demoiselles en détresse, vous faites quoi à Nexus ? Et vous vous appelez comment, au fait ? »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le dimanche 09 septembre 2012, 18:18:32
« Vous êtes dans une auberge de Nexus... Et je m’appelle Nariko. Elle, c’est Kaï. Quant à ce que je vous veux... Rassurez-vous, si je voulais vous tuer, ce serait déjà fait. »

Cette réponse le rassurait un peu, si elles se présentaient, c’était déjà un bon point. Néanmoins, il n’avait pu s’empêcher de noter le moment de silence entre ses questions et cette réponse, elle devait se méfier et, selon ses observations, c’était celle qui parlait la chef.

« Quant à la créature qui vient de vous attaquer... J’ignore qui elle est, mais elle ressemble à un démon que j’ai déjà croisé dans le passé, et qui avait, entre autres, le pouvoir de prendre le contrôle des gens, d’infléchir leurs émotions et leurs désirs pour les plier à sa guise. Et pour vous ? A part sauver des demoiselles en détresse, vous faites quoi à Nexus ? Et vous vous appelez comment, au fait ?»

Il prit son temps pour assimiler ce que Nariko venait de lui dire. Un démon, ça expliquait bien des choses, notamment qu’il avait pu le suivre par delà la ville sans problèmes. Il comprit alors pourquoi ce démon avait dit qu’il voulait le manger. Alastyn devait sûrement l’avoir appâté et éveiller cette gourmandise mais il ne savait pas trop quand ni comment. Alors qu’il restait silencieux, il surprit le regard des deux femmes, interrogateur.

« Je m’appelle Alastyn et à part sauver des demoiselles apparemment pas si en détresse que ça, je cherche à développer mon pouvoir le plus possible. Je dois connaitre ce dont je suis vraiment capable. »

Il s’arrêta là, préférant lui aussi laisser des zones d’ombre dans son histoire. Il sentait qu’on ne lui faisait pas confiance mais il avait aussi compris qu’elles n’avaient pas le choix. Si ce démon pouvait vraiment envahir les gens et les posséder, il était possible qu’il soit lui aussi victime de cette chose. Lentement, il se recula. Il se doutait que ça ne servait à rien s’il était lui aussi possédé mais c’était un geste qu’il fit inconsciemment. Il se demanda alors pourquoi elles l’avaient emmené avec elles. Ce duo pouvait très bien le laisser là-bas… A moins qu’elles ne veuillent des explications ? Possible… Certain même. Regardant Nariko et ensuite Kaï, il baissa la tête et se réinstalla, assis, sur le lit de son réveil.

« J’imagine que vous voulez savoir pourquoi ce démon me pourchassait ? Eh bien pour être honnête, je n’en ai pas la moindre idée. Il est possible que j’aie attisé sa faim mais je ne sais pas comment. En tout cas, je suis content que vous soyez arrivées, je ne m’en serais certainement pas sorti sans votre aide. »

Malgré les explications de Nariko sur les évènements de ce soir, il ne pouvait s’empêcher de se poser des questions. Trop de choses restaient inexpliquées mais il n’osa pas demander à en savoir plus. Il avait bien remarqué qu’elles ne seraient pas bavardes, surtout avec un étranger. Il savait qu’il leur devait la vie, il voulait payer sa dette mais ne savait pas comment.

« Au fait, ce démon… Il est mort ou pas ? »

Ça au moins, il était en droit de le savoir. C’était sa vie qui avait été en jeu plus tôt, lui qui avait failli mourir seul dans une ruelle. S’il devait vivre sur ses gardes chaque jour, chaque seconde alors autant le savoir maintenant. Si ce démon n’était pas rassasié, et il doutait qu’il l’était, Nexus deviendrait un souvenir à garder en mémoire pour un cas d’extrême urgence.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le lundi 10 septembre 2012, 01:36:24
Alastyn... Il s‘appelait Alastyn, et était venu à Nexus pour évaluer l’étendue de ses pouvoirs. Un magicien ? Peut-être... Mais quelqu’un qui n’avait apparemment pas suivi une formation complète. Heavenly Sword ne réagissait pourtant pas à son contact, contrairement à ce qui avait eu lieu avec le Fantôme. Pourquoi diable ce dernier avait-il cherché à l’attaquer ? Nariko avait peur que cet homme ne soit qu’une simple victime, et non pas un élément du puzzle... Ce que ce dernier finit par confirmer.

« Au fait, ce démon… Il est mort ou pas ? »

Nariko haussa les épaules, et secoua la tête, ce qui était une réponse à part entière. Ce démon n’était pas mort, c’était une certitude. Elle se mit alors à rapidement réfléchir... Le Fantôme avait détruit son hôte, car ce dernier n’avait pas réussi à supporter sa présence. Peut-être... Peut-être que c’était ça que le Fantôme voulait ? Un hôte plus fort ? Un hôte qui soit à même de supporter sa présence sans... Sans se décomposer sur place, ou quelque chose comme ça. Nariko ignorait tout de ces démons, mais elle supposait qu’une possession démoniaque ne se faisait pas aisément... Le Roi Corbeau avait trouvé l’hôte parfait, un noble puissant, un guerrier valeureux, probablement un magicien sans le savoir, quelqu’un qui avait été formé par Manta et Acerodon, préparé par les légendes à accueillir ce démon. Bohan avait été l’hôte parfait, donnant au Roi Corbeau la capacité de se déchaîner, mais, en définitive, lui-même n’avait rien été de plus qu’une des innombrables victimes du démon. C’est pour ça que Nariko l’avait épargné.

Oui, tout lui semblait de plus en plus clair, maintenant... A cause d’elle, le Roi Corbeau n’avait pas pu mettre la main sur Heavenly Sword, et conquérir le monde. Il avait donc toutes les raisons du monde de lui en vouloir, de la haïr, et, s’il avait des alliés, des proches, des fils, il semblait logique que ces derniers cherchent à la tuer, afin de s’emparer d’Heavenly Sword. Alastyn... Elle allait devoir veiller sur lui, empêcher qu’il ne succombe, car il était désormais plus que probable que le Fantôme voulait l’attaquer. Elle allait devoir se renseigner sur lui, sur cette créature, savoir comment la combattre, et comment la tuer.

« Il vous veut, Alastyn. Ce... Ce démon, cette créature... Elle veut s’emparer de vous comme elle l’a fait avec ce bandit pour me tuer, et pouvoir s’emparer d’un puissant artefact magique sur lequel mon clan veille depuis des décennies, et que j’ai réussi à brandir pour repousser un démon semblable à celui qui nous a attaqué.
 -  Nariko ! s’exclama Kaï. Je croyais qu’on ne devait pas…
 -  Mieux vaut qu’il sache ce qui se passe... Dans l’ignorance, il serait plus facilement susceptible d’être corrompu...
 -  C’est risqué ! »

Nariko soupira, et planta un regard lourd de reproches vers Kaï, qui le lui rendit... Mais finit par baisser les yeux, et regarder ailleurs. Deux femmes fortes, deux fortes têtes, mais l’une l’était plus que l’autre. Nariko était fille d’un chef, et avait dompté Heavenly Sword. Difficile de rivaliser avec un tel CV. Nariko secoua la tête, et regarda à nouveau Alastyn, afin de définitivement mettre les choses au clair.

« Je n’ai pas réussi à vaincre ce démon ; c’est l’hôte dans lequel il se tenait qui s’est décomposé sur place. Si je crois ce que vous dites, votre pouvoir magique l’intéresse... Il... Il doit rechercher un meilleur hôte pour pouvoir m’attaquer, alors... Il vaut mieux que nous restions ensemble, car je dispose d’une arme qui est capable de l’effrayer, de le blesser, et peut-être même, si j’en savais un peu plus sur ces créatures, de le tuer. »

Elle désigna de la tête l’épée, qui était posée à même le sol. Une longue épée de forme bizarre, qui était calme. Alastyn n’était pas une menace, mais son épée, visiblement, ne détectait pas la magie environnante, simplement les émanations du Roi Corbeau et de ses proches.

« Vous voulez mieux comprendre vos capacités magiques, si j’ai bien compris, et je cherche des informations sur une créature magique... Il me semble que nous devrions trouver un moyen de concilier nos deux intérêts... Si, toutefois, passer du temps en notre compagnie ne vous dérange pas... »

Kaï ne dit rien, mais fixait l’homme d’un air mauvais, sceptique. Elle était bien plus prudente, et bien moins confiante que Nariko. Contrairement à elle, elle avait connu de très près la violence dont les hommes étaient capables, et accorder sa confiance était pour elle quelque chose de difficile. En réalité, Nariko n’était pas spécialement différente, mais elle savait dissimuler ce qu’elle pensait et accorder une confiance de façade.

Après tout, c’était cela qui faisait l’âme d’un chef, non ?
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mardi 11 septembre 2012, 19:41:21
Après sa question il observa Nariko, espérant que le démon serait mort mais sa réaction fut contraire à ses attentes. Elle secoua la tête négativement et il comprit qu’il devait maintenant partir. D’un coté, il était content car ça lui donnait une occasion de quitter Nexus afin de découvrir de nouveaux lieux mais d’un autre coté, il se sentait mal. Ça annonçait une traque, une poursuite à travers Terra sans repos. Il se décida alors, il devait apprendre quelques rudiments pour se défendre même s’il savait que ça ne servirait à rien face à un monstre. Il se souvenait avoir téléporté la main de l’autre brute et se disait que s’il pouvait encore faire des choses dont il n’avait pas encore conscience, ça lui ouvrait de nouvelles possibilités. Maintenant, il savait qu’il ne devait pas compter que sur sa colère, il pouvait aussi maitriser sa peur et se défendre grâce à elle. Attaquer peut-être aussi mais il ne savait pas encore comment.

Il écouta alors sa sauveuse alors qu’elle lui expliquait un peu mieux la situation et remarqua que Kaï n’était pas vraiment d’accord. Son manque de confiance ne le surprenait pas mais il ne lui en voulait pas pour autant. Au contraire, il comprenait même aisément qu’elle ne veuille pas ébruiter un tel secret. Il sentait son regard posé sur lui tout en écoutant Nariko mais n’y faisait pas attention. Il voulait en savoir le plus possible, savoir comment contrer cette chose, pour lui, pour elles. Elles semblaient tellement atteintes par ce qui l’avait poursuivi qu’il se sentait le devoir de les aider dans leur quête. Il regarda l’épée et releva la tête quand la rousse lui proposa de rester avec elles.

« Vous n’avez pas peur qu’il arrive à me contrôler ? »

Il ne voyait pas comment concilier les intérêts mais tout ce temps passé en solitaire commençait à l’ennuyer. Il hésitait à accepter, certes ça lui ferait de la compagnie et il avait envie de connaitre un peu plus ces deux filles mais il sentait bien que s’il acceptait, ça allait déranger celle qui restait en arrière. Il sentait encore son regard posé sur lui, il sentait qu’il allait devenir une cause de dispute mais, apparemment, c’était la fille à l’épée la chef. Si elle avait décidé de l’accepter pour un moment, il pourrait en profiter pour essayer de prouver sa bonne volonté.

« Si vous ne craignez pas que le démon m’habite, alors ce sera avec plaisir. Ça fait trop longtemps que je marche seul et un peu de compagnie ne me ferait pas de mal. »

Après avoir répondu à Nariko, Alastyn se tourna vers Kaï. S’ils devaient rester ensemble un moment, elle devait, au moins, l’accepter… Ou plus simplement être moins distante, moins froide. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire mais il se dit qu’il devait tenter quelque chose.

« Désolé si ma réponse vous ennuie, je sais que vous ne me faites pas confiance mais je vous assure que je ne vous veux rien de mal. »

Tout en parlant, il réfléchissait, se demandant comment et où aller chercher des informations sur les créatures magiques. Il n’était pas certain de savoir où trouver de tels renseignements mais s’il pouvait se rendre utile alors autant ne pas se priver.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 13 septembre 2012, 14:00:33
Kaï se contenta de soupirer, et s’approcha de la fenêtre.

« Je vais aller surveiller les alentours. »

Elle fila dehors, et alla se poster sur le toit, recourbée, observant les environs. Nariko se pinça les lèvres, puis regarda Alastyn, et consentit à lui donner quelques nécessaires explications.

« Kaï a beaucoup souffert, et s’inquiète aussi pour moi. Ne vous inquiétez pas pour ses réactions, elle se méfie de tout le monde. »

Nariko ne pourrait rien y faire. Elle était l’une des rares à qui Kaï faisait confiance. Les individus en qui Kaï croyait se comptaient sur les doigts d’une seule main. Elle voyait tous les autres comme des ennemis potentiels, et Nariko se retint de dire à Alastyn que, si Kaï était aussi froide, c’est parce qu’elle craignait de devoir le tuer si jamais le Fantôme revenait prendre possession de lui. Mieux valait éviter de sympathiser avec un individu qui était, pour elle, en sursis. On évitait ainsi de souffrir inutilement. Pour d’év identes raisons, Nariko ne pouvait pas le dire. Elle désigna de la tête Heavenly Sword.

« Notre démon est aussi repoussé qu’attiré par cette épée. Il veut probablement la contrôler, comme le Roi Corbeau, mais il en a aussi peur, car le pouvoir d’Heavenly Sword peut le tuer. En théorie, si vous restez à proximité, le Fantôme ne devrait pas chercher à vous attaquer. »

Du moins, c’était ce que Nariko supposait. En vérité, elle n’en savait absolument rien, mais ça lui semblait logique. L’objectif du Roi Corbeau avait toujours été de s’emparer de cette épée, afin de devenir un individu d’une puissance ultime. Heavenly Sword était le contrepouvoir du Roi Corbeau, et, dans tout ce qui concerne la magie, quand deux pouvoirs opposés s’absorbent mutuellement, ce qui en résulte est une augmentation exponentielle de force magique. Contrairement à ce que Shen avait toujours craint, Heavenly Sword était une nécessaire bénédiction, qui permettait de venir à bout de ces démons particuliers. Nariko se rapprocha d’Alastyn, et s’assit sur le lit de l’homme, à proximité de lui.

« Cette épée est tout pour moi : mon fardeau, ma croix, mais aussi une arme fidèle, et ma raison de vivre. Je suis sa porteuse, et elle est mon arme... »

Difficile de dire pourquoi elle disait ça, ce qu’elle espérait en le faisant. Rien, sans doute, car une telle réflexion n’attendait aucune réponse. Qu’y avait-il à répondre ? Nariko se tourna vers Alastyn, et lui parla un peu plus du Roi Corbeau. Elle lui dit que ce dernier avait pris possession d’un maréchal ashnardien et l’avait rendu fou afin d’utiliser sa puissance, son savoir, et son armée, pour prendre Heavenly Sword. Il y avait eu des centaines et des centaines de morts dans les deux camps... Sans s’en rendre compte, Nariko confiait toute son histoire. Elle alla bien sûr à l’essentiel.

« D’après les légendes, Heavenly Sword est une épée divine. J’ignore pourquoi notre clan l’a récupéré, mais, ce dont je suis sûre, pour l’avoir moi-même ressenti, c’est que son pouvoir est incommensurable. J’ai pu affronter seule toute une armée, et, pendant un bref instant, j’étais comme une Déesse. J’ai redonné la vie à Kaï, et j’ai pu vaincre et blesser le Roi Corbeau. Un tel pouvoir n’est pas dévolu aux mortels. Il a provoqué ma mort... »

Elle le regardait en parlant, et se redressa soudainement.

« Mais je suis encore là. Quelqu’un m’a ressuscité, ramené à la vie, et... Et j’ignore pourquoi ! »

Nariko secoua la tête, et croisa les bras, puis retourna voir Heavenly Sword. Elle indiqua à Alastyn que les autres membres du clan n’avaient vu personne, et elle ne pouvait émettre que des théories sur l’identité de son sauveur. Il était même possible que ce soit Heavenly Sword qui l’ait sauvé, ou les Dieux... Même si cela semblait peu probable, les Dieux interférant très peu dans la destinée des espèces inférieures. La guerrière haussa les épaules.

« J’espérais aussi trouver des réponses là-dessus à Nexus... Vous savez s’il y a une bibliothèque de magie quelque part ? J’espérais en trouver un, mais cette ville est tellement immense que je suis toujours bredouille... »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le jeudi 13 septembre 2012, 20:28:35
Alastyn observa Kaï sortir, se disant qu’il avait gaffé mais la rousse prit la parole avant qu’il n’ait eu le temps d’agir. C’était donc bien ce qu’il avait vu, de la méfiance de la part de l’archère. Silencieux, il écoutait parler Nariko, gardant ses remarques pour lui, ne la coupant pas dans son élan. Il avait remarqué que c’était déjà la deuxième fois qu’elle montrait son épée et se dit que ça devait vraiment être quelque chose d’important dans toute cette histoire. Chose qu’elle lui confirma bien vite. Elle pouvait donc mettre un terme à la vie de ces démons ou bien accroire leurs pouvoirs. Alastyn était entre deux états quand il apprit ça, à la fois excité de la tournure qu’avaient pris les choses et apeuré car il savait que plusieurs vies étaient en jeu. Il ne devait pas faiblir, il venait de prendre sa vraie décision. Maintenant, il était plus que motivé, il allait devenir fort et prouver à ces tekhans que les espers n’étaient pas des objets qu’ils peuvent modeler à leur façon.

Un problème persistait selon ce qu’il avait compris. En théorie… Cela sonnait comme une incertitude dans les paroles de cette femme. D’accord l’épée attirait le démon mais si elle la maitrisait bien, c’était certain qu’il ne risquait rien… Enfin, certain… Il préférait le penser mais il savait qu’elle n’était pas infaillible, qu’elle n’était qu’une humaine comme les autres avec une arme magique. C’était encore ce qu’il était en train de penser quand Nariko se rapprocha. Cette proximité soudaine le surprit, il ne s’attendait pas à ça, surtout venant d’une guerrière accomplie mais quand elle commença à lui expliquer ce que représentait cette lame, il ne put qu’écouter en silence.

 Il croisa les doigts, posa les coudes sur ses genoux et mit sa tête sur ses mains. Elle était en train de lui raconter toute son histoire et enfin il sut qui était ce Roi Corbeau. Avec ce qui avait été dit avant, il se doutait que c’était un démon mais là, il en savait un peu plus, ce qui était toujours bon à prendre. Il l’écoutait se confier, se disant qu’elle en avait besoin, qu’il lui fallait quelqu’un à qui parler ouvertement. Quand il apprit sa mort, il se retourna vers elle, surprit et remarqua qu’elle ne traina pas à se relever, s’exclamant qu’elle était toujours là. S’était-il trompé sur ce qu’il pensait ? Peut-être, peut-être qu’elle ne lui avait dit ça que pour qu’il comprenne mieux la situation. Elle cherchait des réponses, ça il l’avait compris mais elle s’empressa de confirmer ses soupçons en lui demandant une bibliothèque de magie.
Il se leva alors à son tour et alla près de Nariko.

« Votre fardeau doit être bien lourd à porter, si vous avez encore envie d’en parler, n’hésitez pas. Je saurai vous écouter mais quand tout ça sera fini, votre raison de vivre, changez la. »

En disant ça, il savait que ce ne serait pas facile pour elle, qu’elle ne serait peut-être pas d’accord mais selon lui, elle avait encore un bel avenir. Il fouilla alors dans ses souvenirs, ses visites lui servaient alors vraiment à quelque chose de plus utile que la simple fuite.

« Je sais où vous pouvez trouver la bibliothèque de magie mais je ne promets pas que vous y trouviez des réponses. Je n’ai jamais mis les pieds à l’intérieur ni même lu un seul de leurs ouvrages. »

En réalité, il ne connaissait qu’une seule bibliothèque, il n’avait pas menti en disant qu’il n’était jamais entré ni même quand il avait dit qu’il n’était pas certain de pouvoir trouver des réponses. La seule chose dont il pouvait être sûr, c’est qu’il y avait au moins un rayon traitant de magie. Il se souvint des personnes qu’il avait observée, des jeunes, des vieux, tous en quête de réponses ou de savoir. Il avait songé à entrer une fois mais s’était ravisé avant de franchir les portes. Il se souvint de ce moment passé à hésiter avant de faire demi-tour. Pour lui, il n’y avait pas de réponses à l’intérieur, juste de quoi passer un peu de temps… Et puis, qui dit réponses dis questions hors, il ne se posait pas de questions à l’époque. Maintenant, il s’en posait au moins une. Pas sur son pouvoir en tant que tel mais sur les sources de son talent inné. Il en profiterait sûrement pour observer les archives sur le sujet.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le samedi 15 septembre 2012, 01:30:54
« Votre fardeau doit être bien lourd à porter, si vous avez encore envie d’en parler, n’hésitez pas. Je saurai vous écouter mais quand tout ça sera fini, votre raison de vivre, changez la. »

Nariko siffla, se retenant d’engueuler cet homme. Pour qui diable se prenait-il, à aller jusqu’à lui donner des leçons ? Changer sa raison de vivre... Nariko hésitait entre rire ou le frapper. C’était... Tellement masculin. L’homme se préoccupant du sort de la jolie femme en détresse. Changer de vie ? Pour devenir quoi ? Une fermière qui travaillerait aux champs ? Une femme au foyer ? Nariko était fille de chef, elle était destinée, un jour, à diriger le clan, et elle serait, comme son père, et comme le père de son père, et jusqu’à aussi loin qu’on puisse s’en souvenir, une puissante guerrière. C’était ce que sa destinée exigeait, et elle saurait s’y plier sans rechigner. Elle était ainsi, elle ne pouvait pas s’en passer. C’était sa vie. De quel droit se permettait-il de venir lui dire de changer sa raison de vivre ?

*Il veut te voler ton épée..., siffla une voix dans la tête de Nariko. Heavenly Sword... Qui ne la voudrait pas ? Qui ne la désirerait pas ? Cette épée est d’une telle puissance, elle contient en sa lame le pouvoir des Dieux... Méfie-toi, Nariko, méfie-toi, car c’est toi qui a dompté Heavenly Sword... Toi, et toi seule...*

Nariko secoua lentement la tête, s’écartant un peu de l’homme, essayant de ne pas céder place à sa paranoïa. Contrôler cette puissante épée était particulièrement difficile, et pas que d’un point de vue de physique. Mentalement, pouvoir contrôler un tel pouvoir était difficile, périlleux. C’était un défi de tous les instants, une tentation constante, comme une espèce de plaie ouverte qu’aucun baume ne parvenait à cicatriser. Il ne se passait pas une semaine sans qu’elle ne rêve plusieurs fois de cette sensation d’omnipuissance et de supériorité... Elle s’était sentie d’une telle puissance en ce moment, si détendue, si sereine... Oui, ça avait été une sensation indescriptible. Elle s’était élevée au-dessus des hommes, dispensant aussi bien la Vie que la Mort. Comment ne pas secrètement rêver d’un tel pouvoir à nouveau ? D’une telle puissance qui reviendrait encore ? Nariko savait que c’était comme la légende du fruit défendu ; on ne devait pas le croquer, mais on le voulait. Si elle mordait à nouveau au fruit, alors Nariko mourrait pour de bon... Mais ça ne l’empêchait pas de continuer à en rêver.

Elle secoua lentement la tête, revenant à la réalité, alors qu’Alastyn continua à lui parler. C’était naturel, chez les hommes, elle ne pouvait pas lui en vouloir... Mais ça l’agaçait quand même. On n’avait cessé de la materner, de la repousser, de la considérer en inférieure, simplement parce qu’elle n’avait pas quelque chose qui dépassait d’entre les cuisses. Alastyn se serait-il permis cette même remarque si Nariko avait été un homme ? Elle en doutait sincèrement. Il n’aurait pas été si compatissant. Sa tirade sur le « fardeau » était exaspérante, car elle sous-entendait que Nariko, derrière son apparence de femme forte, restait une frêle jeune fille en manque de douceur et de caresses.

« Je sais où vous pouvez trouver la bibliothèque de magie mais je ne promets pas que vous y trouviez des réponses. Je n’ai jamais mis les pieds à l’intérieur ni même lu un seul de leurs ouvrages. »

Elle hocha la tête. C’était toujours ça de pris. Nariko s’approcha de la fenêtre, croisa les bras en soupirant, puis, en observant la ville, lâcha quelques mots :

« Nous y irons dès demain. »

Le ton était ferme et résolu. La guerrière se retourna ensuite, et s’avança vers l’homme.

« Pour le reste... Gardez vos conseils et vos réconforts pour des individus qui en ont vraiment besoin. Heavenly Sword n’est pas un fardeau, c’est une bénédiction. Si vous croyez que je m’apitoie sur mon sort, alors vous n’avez rien compris. Je n’ai pas eu une vie facile, mais c’était un choix volontaire. Si j’avais suivi les consignes de mon père, je serais devenue une inutile fermière qui aurait eu la gorge tranchée par les soldats de Bohan. J’ai volontairement choisi cette vie, car c’est celle qui me correspond. »

Elle se pencha un peu plus vers l’homme, en fronçant les sourcils :

« Si vous croyez que la voie des armes et une exclusivité masculine, laissez-moi vous dire que vous vous trompez sur toute la ligne ! »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le samedi 15 septembre 2012, 19:52:28
Alors qu’il continuait à parler, Alastyn ne put s’empêcher d’observer cette femme. Il la vit secouer la tête et se dit qu’il avait encore réussi… Ou plutôt raté. Il avait encore énervé quelqu’un en parlant trop vite, trop maladroitement. N’étant pas certain, il avait continué en déviant le sujet sur le début des recherches. Après tout, c’est ça qu’elles voulaient et il avait bien compris qu’il n’avait pas vraiment sa place parmi elles, comme à chaque fois qu’il se retrouvait en société. Son isolement avait eu énormément d’effets sur sa vie actuelle et il en mesurait chaque jour un peu plus les conséquences.

Quand Nariko hocha la tête, il sut qu’il avait bien fait de revenir là-dessus. Même s’il n’était sûr de rien, au moins il leur donnait un point de départ qu’elles n’avaient, jusque là, pas encore. Quand elle décida d’y aller le lendemain, l’esper fut content de cette décision, même si elle était assez logique. Les bibliothèques n’ouvraient certainement pas la nuit mais il s’abstint de cette remarque.

« Pour le reste... Gardez vos conseils et vos réconforts pour des individus qui en ont vraiment besoin. Heavenly Sword n’est pas un fardeau, c’est une bénédiction. Si vous croyez que je m’apitoie sur mon sort, alors vous n’avez rien compris. Je n’ai pas eu une vie facile, mais c’était un choix volontaire. Si j’avais suivi les consignes de mon père, je serais devenue une inutile fermière qui aurait eu la gorge tranchée par les soldats de Bohan. J’ai volontairement choisi cette vie, car c’est celle qui me correspond. »

Quand elle reprit la parole, il comprit qu’il avait vraiment gaffé, il aurait du se taire comme il le faisait si bien. Il baissa la tête alors qu’elle parlait, son ton en disait long sur ce qu’elle pensait et il n’osa pas la couper. Après tout, elle avait raison. Qui était-il pour lui parler comme ça ? Juste un inconnu, un inconnu qu’elle avait sauvé qui plus est. D’après son récit précédent, ça devait faire un moment qu’elle avait choisi la voie des armes, de la guerre et tout ce qui va avec. Toutes ces choses que lui-même ne saurait supporter et pourtant, il en fallait, des guerriers et des guerrières prêts à donner leur vie pour le peuple insouciant, pour leur pays.

« Si vous croyez que la voie des armes et une exclusivité masculine, laissez-moi vous dire que vous vous trompez sur toute la ligne ! »

Alors c’était ça ? Elle pensait vraiment qu’il croyait que la guerre était simplement masculine ? Il hésita à répondre, se disant qu’il pouvait très bien l’énerver encore plus mais s’il se taisait maintenant, c’était presque lui donner raison. Au pire, il l’énervait un bon coup et demain ce serait fini. Il les guiderait jusqu’à la réserve de livres et disparaitrait aussitôt… Mais ça, c’était seulement s’il mettait les nerfs de cette femme à bout encore une fois. Il n’écartait pas la possibilité de présenter des excuses pour la calmer. Des excuses sincères, il lui devait bien ça mais il se dit que ça ne changerait pas grand-chose au final.

« Si je vous ai blessée, je vous présente mes excuses. Je n’ai jamais voulu dire que la guerre était quelque chose d’exclusivement réservé aux hommes. Moi-même je serais incapable de participer à une guerre, une vraie et je pense que vous avez bien du le voir ce soir. Je voulais juste dire que… »

Il réfléchit alors à ce qu’il pouvait ajouter, ayant l’impression d’en avoir déjà trop dit et que chaque parole pouvant suivre ne servirait que de combustible à la colère de Nariko.

« Disons que je voudrais bien qu’il n’y ait plus de guerre, plus de raison de fuir ni de se cacher. Votre raison de vivre, c’est votre lame, très bien, au moins vous en avez une. La mienne, c’est mon pouvoir. Sans lui, je serais déjà mort ou bien je serais devenu un monstre difforme. J’aimerais bien ne plus avoir à m’en servir pour fuir. Juste le garder pour aider les gens… Enfin, vous n’êtes pas là pour écouter ma vie et faites comme si je n’avais rien dit sur votre épée, j’ai été idiot et je vous présente mes excuses. »

En y réfléchissant mieux, il remarqua qu’elle utilisait cette arme pour aider bien plus de personnes que lui ne saurait le faire. Elle traquait les démons possesseurs, les êtres comme le Roi Corbeau pour les tuer, les faire quitter ce monde. Il regrettait ses paroles sur le "fardeau" mais ce qui était fait ne pouvait être défait à présent à moins d’un tour de magie. Cette fille, plus il apprenait à la connaitre, plus elle lui rappelait la première esper qu’il avait aidé à partir. Elle aussi avait choisi la voie directe, c’était elle aussi une guerrière et son don, il se souvenait encore de la peur qu’il lui avait inspirée la première fois qu’il l’avait vu. Cette fois là, ça avait été tellement facile de rester ensemble sans s’énerver. Il l’avait sorti de l’enfer, comme il appelait ça, et pour le remercier, elle avait fait un bout de chemin avec lui. Cette fois, les rôles s’inversaient, c’était lui qui avait été sauvé et qui voyagerait avec sa sauveuse… Ou plutôt ses, même si l’autre n’était pas d’accord, pour les remercier et leur faire partager son savoir sur Nexus.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le lundi 17 septembre 2012, 10:59:24
Ainsi donc, elle avait affaire à un idéaliste. Nariko fut assez surprise de l’entendre avouer que son souhait était de mettre fin à la guerre. Tout cela sonnait à ses oreilles comme une excuse pour avoir eu un sentiment de supériorité à son égard, mais s’énerver contre lui était puérile. Nariko sentit son irritation disparaître rapidement, et décroisa les bras, alors qu’Alastyn s’expliquait, affirmant vouloir simplement aider les gens, contribuer à la société. Pour avoir de tells envies, il devait probablement être l’une de ces nombreuses âmes solitaires errant sur Terra, et cherchant à se donner un but à leurs existences.

« Enfin, vous n’êtes pas là pour écouter ma vie et faites comme si je n’avais rien dit sur votre épée, j’ai été idiot et je vous présente mes excuses. »

La guerrière haussa les épaules.

« Ne vous en faites pas... »

Elle soupira, et entreprit de se justifier :

« Le clan où je suis née n’est pas à proprement parler sexiste, mais les rôles entre les sexes sont strictement encadrés. L’homme a un rôle externe, et la femme un rôle interne. C’est de cette manière que les ménages se structurent... Alors, forcément, mon père a été très déçu que je sois une femme... J’ai sans cesse du batailler contre les hommes du clan... »

Nariko ignorait pourquoi elle se confiait à cet inconnu... Elle n’avait jamais parlé aussi facilement à quelqu’un, et ce n’était pas uniquement lié au fait qu’ils avaient combattu ensemble. Il y avait autre chose... Peut-être son regard... Il avait des yeux bleus pénétrants et très attirants, la guerrière devait le reconnaître. Elle ne savait clairement pas quoi en penser, mais cet homme le troublait. Elle se mordilla les lèvres, et s’assit à nouveau sur le lit.

« Malheureusement, faire des plats, nettoyer les armes, ou en forger, ne m’ont jamais tenté. J’ai toujours été une femme d’action... Il faut voir le bon côté des choses. Ce sexisme ambiant m’a conduit à devoir me surpasser, et je suis devenue le plus puissant guerrier du clan. »

Grâce à cela, elle avait pu porter Heavenly Sword, et utiliser les capacités de l’épée pour venir à bout du Roi Corbeau. Dans un sens, elle n’avait donc pas à se plaindre... Mais, en réalité, elle avait souffert. Son père n’avait jamais réussi à lui montrer qu’il l’aimait pendant son enfance, car il avait toujours voulu avoir un fils, afin qu’il porte Heavenly Sword. Selon les légendes, il était évident que le porteur de l’épée serait un homme. Que son bébé soit de sexe féminin avait donc été pour lui une déception... Shen avait été un mauvais père, et il avait fallu que Nariko et lui soient sur le point de mourir pour que Shen admette ses erreurs.

Nariko soupira, sortant de ses pensées. Tout cela était bien loin, maintenant. Elle était devenue une icône du clan, celle qui avait repoussé l’Empire d’Ashnard, et qui avait sauvé les clans. Mieux, elle était aussi celle qui avait réussi à dompter Heavenly Sword. Shen lui avait longuement parlé après la guerre contre Bohan, et avait confessé ses erreurs. Ceci, toutefois, Nariko ne le confia nullement à Alastyn, c’était trop personnel pour cela. Elle s’adossa contre le mur, et croisa les jambes, avant de revenir s’intéresser au cas d’Alastyn.

« J’ai du mal à croire que vous soyez un simple chevalier désintéressé tentant d’œuvrer pour la paix dans le monde. Outre le caractère utopiste de telles idées, les individus de ce genre se rendent généralement dans des ordres religieux. Quel est votre secret, Alastyn ? Ce pouvoir dont vous parlez... Vous pouvez m’en dire plus ? »

Nariko voulait en savoir plus sur cet homme. Difficile de se dire pourquoi... Elle essayait de se convaincre que c’était uniquement parce que, plus elle en saurait sur lui, et plus elle serait à même de repousser le Roi Corbeau, mais... En réalité, elle n’en était vraiment pas sûre. Il n’y avait pas que ça...
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le lundi 17 septembre 2012, 15:08:02
Encore une fois, il l’écoutait, comprenant peu à peu les raisons de son emportement. Cet encadrement strict avait eu mauvais effet sur elle et pourtant, elle l’avait utilisé pour montrer le meilleur d’elle-même. Au fond, il l’admirait. Malgré tout ce qu’on avait pu lui dire, elle avait surmonté les épreuves tout en restant celle qu’elle était. Elle n’avait jamais caché sa nature et maintenant, elle vivait tout en poursuivant son but. Il était évident qu’elle ne lui avait pas tout dit mais il n’allait pas lui en demander plus. Il gardait en tête ses réactions et préférait la voir de bonne humeur.

« J’ai du mal à croire que vous soyez un simple chevalier désintéressé tentant d’œuvrer pour la paix dans le monde. Outre le caractère utopiste de telles idées, les individus de ce genre se rendent généralement dans des ordres religieux. Quel est votre secret, Alastyn ? Ce pouvoir dont vous parlez... Vous pouvez m’en dire plus ? »

Les ordres religieux, cette idée le fit sourire, ironiquement. Il les avait assez observés pour savoir que sa place n’était pas parmi eux, qu’il était trop différent. Il connaissait leurs points de vue sur les espers et préférait encore vivre anonymement plutôt que de les rejoindre. C’était dur de vivre au jour le jour comme il le faisait mais l’attrait d’un toit et du couvert ne lui suffisait pas. Il voulait autre chose et ça, les ordres ne lui donneraient jamais.
Inspirant une bonne fois, il prit son temps avant de répondre.

« Mon secret, mon pouvoir… Voilà bien des questions intéressantes. Si je n’ai pas rejoint les ordres religieux, c’est tout simplement parce qu’ils ne me conviennent pas. J’ai trop longtemps été prisonnier et mon pouvoir m’a sauvé. Je ne peux pas gâcher cette liberté nouvelle pour aller m’emprisonner dans une conduite à suivre. Ça fait six ans que je suis libre, que je goûte à une vraie vie. Je vous rassure, je n’ai commis aucun crime si ce n’est être moi, né maudit comme diraient certains. »

Il observa alors la pièce et vit une bougie sur une commode.

« Vous voulez savoir quel est mon pouvoir, je vais vous le montrer. Je peux être ici ou là à mon envie. Pour l’instant je vous parle mais en une seconde je peux disparaitre et me retrouver aux limites du territoire Tekhan tout comme je pourrais être sur la grand place de Nexus. »

Il leva alors le bras vers la bougie un peu plus loin et ferma son poing juste assez pour y mettre le bâton de cire. Il le regarda, encore sur la commode et l’instant d’après, il était dans sa main. Il observa alors Nariko dans les yeux, calmement. Il sentait qu’il n’avait rien à craindre d’elle, il se sentait un peu plus à l’aise que lors de son réveil.

« Je peux téléporter ce que je veux où je veux. Que ce soit une personne ou un objet. Ceci est l’expression de ma colère. Avec ce qu’il s’est passé ce soir, je peux aussi dire que ma peur nourrit mon don mais je n’ai pas encore eu le temps de comprendre comment elle affecte mes pouvoirs. »

Il renvoya alors la bougie à sa place. C’était la première fois qu’il expliquait la source de ses dons. Pourquoi à elle ? Peut-être parce qu’elle aussi s’était confiée, peut-être parce qu’elle l’avait intrigué dés la première fois qu’il l’avait vue.

« Je vous envie. Vous vivez sans regrets, vous vivez en sachant que vous avez bien fait. Moi, je vis avec le regret de m’être enfui seul, d’avoir abandonné plusieurs personnes comme moi. De ma faute, ils subissent encore des expériences ignobles. Si je n’ai pas rejoins les ordres, c’est pour cette raison. Je me sens responsable de leur captivité mais je continue de croire qu’un jour je saurai les libérer et montrer la vraie valeur des espers aux yeux du monde… Ou au moins ouvrir la voie. »

Il était conscient de la difficulté de la tâche, qu’il avait besoin d’aide pour y parvenir mais ne désespérait pas. Cette pensée le guidait depuis plusieurs années maintenant et il ne pouvait se résoudre à abandonner. La culpabilité le rongeait mais, au fond, il savait qu’il n’avait pas eu le choix, qu’il devait partir. Cette fois là, il n’avait pensé qu’à sa survie, sa fuite. I en avait bien sauvé une mais ce n’était pas assez, il lui en fallait plus, toujours plus… Jusqu’au dernier si possible.

Il remarqua alors qu'il avait été bavard, très bavard. C'était contraire à ses habitudes mais là, ce soir, il se sentait bien. Il avait l'impression que rien ne pouvait lui arriver et il avait envie de faire confiance à cette guerrière.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 20 septembre 2012, 00:08:54
C’était maintenant au tour d’Alastyn de se décrire un peu plus. Nariko en avait dit bien plus que ce que le minimum syndical exigeait sur elle. Les autres éléments de sa personnalité étaient pour l’heure un peu trop intimes, et elle ne tenait pas à ce que la situation tende à se compliquer davantage. Elle avait exposé son passé, ses frustrations, ses plaisirs, en tentant d’être sincère. Elle ne vivait pas sans regrets, non, mais elle se consolait en se disant qu’elle avait fait de son mieux, et qu’elle avait réussi à sauver son clan, son père, et Kaï. Il y avait eu bien d’autres pertes, mais, sans elle, ça aurait pu être pire.

L’homme lui expliqua que son pouvoir consistait à téléporter des objets ou des personnes. Un tel pouvoir permettait d’envisager bien des hypothèses, et Nariko se demandait s’il contrôlait bien ce pouvoir... Probablement pas, car, si tel était le cas, il n’aurait pas besoin d’aller à Nexus. La guerrière ne savait pas grand-chose des ESPers. Elle savait que le terme était un acronyme tekhan désignant les individus dotés de capacités extrasensorielles, les mutants. Des espèces de mages qui disposaient d’un pouvoir inné et unique, alors qu’un magicien acquérait ses pouvoirs avec le temps. Alastyn était donc un ESPer ayant le pouvoir de téléporter des choses. Ceci incluait bien des questions, et, quand il eut terminé son exposé, Nariko enchaîna en posant les siennes :

« Je vois... Mais, pour être honnête, j’ai du mal à comprendre comment un individu  capable de téléporter n’importe quoi peut avoir peur d’être enchaîné... Je veux dire, si vous êtes dans une cage, vous n’avez qu’à téléporter la cage ailleurs, ou téléporter dans la cage les clefs des gardes, non ? »

Pour Nariko, c’était du bon sens. Il avait téléporté avec facilité une bougie, alors, pourquoi ne pas faire de même avec des geôliers ? S’il ne pouvait pas se téléporter lui-même, il disposait toujours de l’option de téléporter le décor... Nariko comprenait tout d’un coup bien mieux pourquoi le Fantôme s’était intéressé à cet homme. Les pouvoirs paranormaux de l’ESPer auraient été très pratiques pour ce démon. Il aurait pu voler Heavenly Sword très facilement, et Nariko allait devoir se méfier, et redoubler de prudence. Elle était convaincue que le Fantôme n’en resterait pas là, et continuerait à les harceler.

Elle avait écouté avec attention le récit d’Alastyn, et ne comprenait pas pourquoi ce dernier avait téléporté ses amis. Peut-être qu’il avait rencontré des obstacles particuliers ? Nariko avait entendu parler de cristaux permettant de contrer les effets magiques... Ou alors, il ne devait pas contrôler à la perfection son pouvoir, et ce dernier s’avérait instable... Raison de plus de se méfier, car tout était possible. Alastyn pouvait téléporter Nariko à l’autre bout de Nexus, laissant Heavenly Sword sans protection. Et, si jamais le Fantôme mettait la main dessus...

*Me voilà encore embarquée dans une satanée histoire... Ne te décourage pas, Nariko, tout se passera bien. Il faut juste que je surveille Alastyn, et que je redouble de prudence... Bah, de toute manière, je peux compter sur Kaï... Elle est partie pour veiller sur l’auberge toute la nuit... S’il se passe quelque chose, elle m’avertira.*

Tout ce que Nariko espérait, c’était qu’ils obtiendraient chacun des réponses à la bibliothèque de Nexus.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le samedi 22 septembre 2012, 13:45:54
« Je vois... Mais, pour être honnête, j’ai du mal à comprendre comment un individu  capable de téléporter n’importe quoi peut avoir peur d’être enchaîné... Je veux dire, si vous êtes dans une cage, vous n’avez qu’à téléporter la cage ailleurs, ou téléporter dans la cage les clefs des gardes, non ? »

Cette question résonna dans la tête d’Alastyn. C’était assez naturel de la part de quelqu’un qui ne connaissait pas l’étendu de son pouvoir, à vrai dire, lui-même ne la connaissait pas. Pas encore du moins.

« Je n’ai découvert mon pouvoir que quand j’ai été enfermé pendant des années. Avant ça, je ne savais rien faire de particulier. En ce qui concerne la cage, je pourrais très bien en sortir tout seul, je n’aurais qu’à me téléporter dehors, comme je l’ai fait la toute première fois. »

Comme pour illustrer ses propos, il se téléporta sur le rebord de la fenêtre, observant le ciel nocturne. Malgré sa facilité d’évasion, il se sentait encore prisonnier. Enfermé dans cette envie d’aider les autres mais il était un prisonnier libre. Il pouvait parcourir le monde à sa guise, profiter des étoiles le soir sans avoir à regarder à travers les barreaux d’une geôle. Il était simplement prisonnier de son passé, de ces chaines qui pouvaient le ramener en arrière en un rien de temps.

« Vous savez, il n’y a pas que les cages matérielles. Celles là ne me posent pas de soucis tant que mes pouvoirs ne sont pas annulés mais il y a les autres, les cellules mentales. Ce sont elles les pires de toutes. Quoi qu’on fasse, elles finissent par revenir nous enfermer. Nous sommes simplement libre d’aller où l’on veut en sachant qu’au final, rien ne changera pour nous. »

Il tendit alors un bras en direction de Nariko et redirigea son regard vers elle.

« Au bout de ce bras, il y a les chaines du passé. Á chaque fois que je les vois, je revis ce passé. C’est comme une boucle infinie dont je n’ai pas moyen de me débarrasser. »

Son regard revint alors vers le ciel et il soupira en contemplant les étoiles brillantes. Il espérait que la journée de demain se passerait sans encombre, sans attaque de ce spectre mais il n’y croyait pas trop. Il ramena alors ses genoux au niveau du menton, croisa les bras autour de ses jambes et posa le menton sur ses genoux.

« Vous devriez dormir maintenant. »

Lui aussi le devait mais il ne pouvait pas simplement s’endormir après ce qu’il lui était arrivé. Il ferma alors les yeux, espérant pouvoir se reposer mais il n’y arriva pas. Il restait à l’écoute de ce qu’il se passait autour de lui, ressassant chaque partie de sa journée, inlassablement.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le samedi 22 septembre 2012, 17:04:37
Alastyn s’expliqua donc, et Nariko, pour être honnête, ne comprit pas grand-chose. Il n’avait, à l’époque, pas réussi à sortir de la prison, car il ignorait encore l’étendue de son pouvoir. Il lui parla également d’une prison mentale, et Nariko, pour le coup, ne comprit absolument pas à quoi il faisait référence. Une sorte d’entrave magique ? Ou des traumatismes psychologiques ? Elle l’ignorait, mais les explications de l’homme ne l’avaient pas vraiment convaincu... Il restait encore très mystérieux, mais elle supposait que c’était volontaire... Et elle sentait la fatigue la gagner. Nexus était une ville épuisante pour elle, qui n’avait jamais été dans une ville aussi grande, et une envie de dormir explosa en elle. Ses yeux la piquaient de plus en plus.

« Vous devriez dormir maintenant » suggéra l’homme.

Elle hocha lentement la tête, mais un problème allait rapidement se poser. La chambre ne comprenait que deux lits : un lit deux places pour Nariko, et un lit une place pour Kaï. Nariko se mordilla les lèvres en se relevant, et ouvrit la porte en bois menant à la chambre. Il y avait un grand lit, deux tables de chevet, et un candélabre pour éclairer la pièce. Nariko se retourna ensuite, et alla attraper Heavenly Sword, la ramenant dans la chambre, près du lit, là où elle dormirait. Elle alla ensuite voir Alastyn, qui était près de la fenêtre.

Nariko croisa les bras, adossée contre la porte.

« Dormir est une bonne idée, oui... Demain sera une longue journée, mais nous n’avons que deux lits... »

L’évidence était simple : Nariko allait devoir partager son lit. Cette perspective ne l’excitait pas particulièrement, mais elle allait devoir faire avec. Laisser partir Alastyn était risqué, avec ce démon qui lui tournait autour, et elle ne pouvait pas non plus le laisser dormir sur le sol, comme un chien. Elle se retourna, rentrant dans la chambre, et précisa donc le contenu de sa pensée :

« J’espère que vous ne prenez pas trop de place en dormant. »

La scène était assez cocasse, mais Nariko la prenait avec sérieux. La scène serait d’autant plus compliquée que Nariko avait pour habitude de dormir nue. Elle contempla son épée, et commença à se déshabiller, avant de faire signe à Alastyn de rester hors de la pièce. Nariko avait sa pudeur, et elle n’arrivait pas à dormir avec des vêtements. C’était quelque chose d’instinctif, d’enfantin, pour ainsi dire. Elle retira donc ses vêtements, et se faufila sous sa couette, allumant les bougies de la candélabre, avant de tirer les rideaux.

« N’y vois aucun problème, mais je ne peux pas dormir autrement que nue... »

C’était fortement tendancieux, et Nariko réalisa le double sens de cette phrase juste après l’avoir prononcé... Bah, quelle importance, après tout ? Elle n’allait pas rougir comme une vierge effarouchée à l’idée de partager son lit avec un homme !
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le dimanche 23 septembre 2012, 18:12:21
Toujours éveillé, Alastyn entendit Nariko aller dans une autre pièce avant de revenir chercher son épée. Elle semblait vraiment y tenir et c’était assez compréhensible. C’était un artefact très précieux donc sûrement l’objet de beaucoup de convoitise. Quand elle lui parla des deux lits, il ne fut pas vraiment dérangé. Au pire, il pouvait rester là où il était sans problèmes. Quand il voyageait, il dormait souvent au clair de lune et un sol d’auberge n’était pas plus inconfortable qu’un sol sauvage après tout.
Ce qui le surprit fut la phrase suivante.

Elle l’invitait clairement à venir dormir avec elle. Il se demanda alors pourquoi elle lui avait proposé à lui, le parfait inconnu, alors qu’il y avait Kaï. Elles se connaissaient depuis bien plus longtemps et au moins, elle pouvait dormir tranquillement. Il était encore en train de réfléchir à ça quand Nariko lui fit signe de rester en dehors de la pièce.

« N’y vois aucun problème, mais je ne peux pas dormir autrement que nue... »

A cette phrase, Alastyn rougit. Il aurait vraiment préféré dormir seul. Oh ce n’était pas contre cette guerrière mais c’était… Autre chose. D’abord, Kaï ne lui faisait pas vraiment confiance et s’inquiétait pour Nariko, ce n’était pas vraiment ce genre de situation qui allait arranger les choses. Ensuite, cette fille était quand même attirante et dormir dans le même lit qu’elle n’était pas aisé. Il remarqua alors qu’elle l’avait tutoyé pour la première fois depuis le début de la soirée. Oh ce n’était pas grand-chose mais il se dit qu’il devrait peut-être faire de même.

Il hésita alors à demander pourquoi elle ne dormait pas avec Kaï et se ravisa avant d’ouvrir la bouche. Ce n’était pas tous les jours qu’une femme pareille l’invitait à passer la nuit en sa compagnie. Non seulement il y avait ça, mais elle pouvait aussi le protéger en cas d’attaque du démon. Quand il sentit que Nariko était couverte, Alastyn entra les yeux vers le sol. Il alla alors vers un coin de la pièce et commença par ôter ses chaussures puis sa cape qu’il posa bien repliée au sol. Ensuite, il enleva son pull et le replia avant de le mettre sur la cape. Quand il se releva, il resta dos au lit et ne bougea pas. Il était, encore une fois, perdu dans ses pensées. Le retour à la réalité se fit quand il sentit un frisson le parcourir. Il alla alors vers le lit et passa rapidement sous la couette. Il profitait de cette couverture pour cacher les cicatrices couvrant ses avant bras et son torse.

« Ne t’en fais pas, je ne prends généralement pas de place pour dormir. »

Il se tourna alors sur le coté, dos à Nariko et tenta de trouver le sommeil. Il s’était recroquevillé sur lui-même, prenant le moins de place possible. Plus il essayait de s’endormir, plus il pensait à ce qu’il pourrait arriver pendant la nuit. Kaï entrant et les trouvant tout les deux là, le démon arrivant et volant l’épée ou encore, un rapprochement entre eux. Toutes ces hypothèses tournaient en boucle dans sa tête mais sa préférée restait la troisième. C’était, à ses yeux, la moins désagréable. Et alors, lui revint l’idée du spectre revenant et il murmura :

«  Au fait, on devrait peut-être faire des tours de garde au cas où le démon viendrait, non ? »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mardi 25 septembre 2012, 01:10:15
Dans le lit, Nariko était un peu moins gênée qu’Alastyn, mais, pour autant, elle n’était pas parfaitement sereine. Dormir nue avec un homme, surtout quelqu’un qui était assez élégant, était une bonne expérience... Assez alléchante, même. Elle eut un léger sourire, et regarda le plafond, tandis que l’homme s’allongeait nerveusement à côté d’elle, et essayait de dormir, en se faisant tout petit. Au moins, il n’essayait pas de s’étaler, et la guerrière était plutôt amusée par la tournure des évènements. La scène était assez cocasse, en vérité, et elle s’humecta les lèvres, se retenant de pouffer. Cette situation lui rappelait une scène similaire qu’elle avait vécue il y a quelques années, quand elle avait dormi avec un garçon. Le pauvre était devenu cramoisi, n’osant même pas respirer sous la tente. Nariko, qui comptait initialement toucher son sexe par pure curiosité, était revenue sur son envie en voyant qu’il était presque sur le point de se faire dessus. Ce fut à ce moment, alors qu’elle réfléchissait à son passé, et que les lumières des bougies allaient en déclinant, qu’Alastyn posa une question :

« Au fait, on devrait peut-être faire des tours de garde au cas où le démon viendrait, non ? »

Nariko répondit après quelques secondes, en tournant la tête vers lui, puis une partie de son corps, se mettant sur le côté.

« Je ne vous ai pas invité dans mon lit pour rien... Kaï restera dans le lit simple, car, de cette manière, elle est plus proche de la fenêtre. Si quelqu’un s‘approche, elle le sentira... Inutile de vous embêter avec ça. »

Elle se retourna ensuite, se couchant sur le ventre, et soupira légèrement, avant de gigoter un peu, de manière à bien positionner ses seins, et commença à fermer les yeux. Elle dormait mieux sur le ventre, et n’était nullement inquiète. Kaï était parfaite pour espionner, et, si Nariko avait choisi de dormir avec Alastyn, plutôt qu’avec Kaï, c’était parce que la jeune femme dormait dans son petit lit, et préférait dormir près de la fenêtre, afin de pouvoir plus facilement surveiller la région. Nariko la connaissait accessoirement suffisamment pour savoir qu’elle prendrait mal de savoir que la guerrière avait offert son lit à un homme dont elle se méfiait. La confiance de Kaï était une chose difficile à obtenir. Pas impossible, mais ça prenait son temps. Alastyn y aurait droit, s’il continuait à être avec elles, et si Kaï voyait que Nariko lui faisait confiance.

Nariko commençait à rêvasser, la couverture du lit repliée à mi-hauteur de ses omoplates, laissant le bout de sa longue chevelure. Elle regardait sur la gauche, et souffla sur les bougies, plongeant la pièce dans la pénombre, et ferma les yeux. Cette journée-ci avait été longue, et elle avait encore tué. A force, elle finissait par n’en ressentir plus aucun remords... Elle avait ôté tant de vies que cela lui apparaissait presque comme naturel... Il n’en avait pas toujours été ainsi. Le premier homme que Nariko avait tué l’avait hanté dans ses cauchemars, car, comme toutes les premières fois, elle avait été assez difficile. L’homme s’était battu, avait offert une résistance exemplaire, et Nariko avait eu du mal. Maintenant, c’était bien différent, et elle commençait à se dire que la mort faisait partie naturelle de son existence... Quand on portait une épée, il fallait bien s’attendre à devoir donner la mort.

*J’ai accepté mon rôle depuis bien longtemps… Ceci ne fait pas de moi un monstre…*

Du moins, c’est ce qu’elle essayait de se dire... Mais elle savait très bien quelles étaient les pulsions qu’elle ressentait quand elle se battait avec Heavenly Sword, et qu’elle sentait l’adrénaline la gagner... Elle était comme une funambule marchant au-dessus d’un précipice. Un simple faux pas, un simple moment d’hésitation, et sa rage naturelle risquait de la consumer...
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mardi 25 septembre 2012, 20:29:43
Quand Nariko lui expliqua son choix, Alastyn se sentit déjà un peu plus rassuré. Il se détendit alors un peu plus et sentit que la guerrière bougeait dans son dos, certainement une question de confort personnel. Lui, il resta là, allongé sur le coté sans bouger. Être sur le coté droit était, pour lui, la meilleure façon de dormir. Peu à peu, il ferma les yeux, allant jusqu’à oublier la présence de la femme nue. Il se perdait dans ses pensées, comme s’il était seul dans la pièce, seul dans le lit.

Après un petit moment, il se retourna sur la gauche et se retrouva face à elle. Elle semblait à moitié endormie et il décida de ne pas la déranger enfin, d’essayer du moins. Il se mit alors sur le dos et posa les mains par-dessus la couverture, observant le plafond. Disons plutôt qu’il regardait les ténèbres face à lui et qu’au bout, il y avait le plafond. Il eut un moment d’hésitation, regardant à nouveau dans la direction de Nariko avant de revenir sur le plafond. Il avait hésité à la toucher, quelque chose en elle l’attirait malgré ce qu’il l’avait vue faire. Tous ces meurtres, elle n’avait pas eu le choix de les commettre et elle avait décidé de le sauver. Il sourit alors, cette barrière de solidité qu’elle s’était façonnée cachait quelqu’un de gentil au fond, c’était peut-être ça qu’il aimait chez elle.

La fatigue de la journée le rattrapait enfin et, d’un coup, il fut totalement décontracté. Il ne savait pas vraiment à quoi associer cette décontraction, le parfum de Nariko, la fatigue, le sentiment que celle dans son dos dormait… Peut-être un mélange des trois. Il décida de ne plus y penser, de se laisser aller à vagabonder dans ses rêves. Finalement, il céda au sommeil et s’endormit.

Au petit matin, lorsqu’Alastyn se leva, il alla directement vers ses affaires et se rhabilla sans même regarder vers le lit. Il n’avait pas vraiment fait attention à la présence de Nariko et puis, il ne voulait pas non plus qu’elle le prenne pour un pervers en le voyant l’observer si elle se réveillait. En fait, il ne savait pas vraiment si elle s’était déjà levée, son sommeil avait été si profond qu’une bataille aurait pu avoir eu lieu sans que ça ne le réveille.

Il était déjà en train de s’imaginer la journée qui débutait seulement. Se voyant déjà au milieu de toutes ces étagères pleines de livres, ne sachant pas où chercher. Il en avait des questions, comme savoir si un pouvoir d’ESPer n’était lié qu’à une seule émotion ou bien, au contraire, il pouvait rassembler toutes les émotions d’une seule personne pour en faire quelque chose de différent à chaque fois. Avec toutes les expériences menées, il se doutait que certaines informations n’étaient plus secrètes, que malgré le système de sécurité certains détails devaient avoir filé entre les mailles du filet.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 27 septembre 2012, 03:00:52
Nariko n’eut pas vraiment de difficultés à dormir. Le lit était ferme, et bien plus confortable que les lits de paille sur lesquels elle avait l’habitude de dormir. Elle s’écroula à vrai dire assez vite, et ce malgré la présence d’un homme dans son lit. Elle avait grandi dans un clan de guerriers, un clan où l’intimité personnelle était un concept difficile à comprendre. Elle se réveilla aux premières lueurs de l’aube. Elle dormait peu, et s’empara d’Heavenly Sword, avant de s’étirer, nue, dans la salle commune. Kaï avait un peu utilisé son matelas, mais elle avait du dormir encore moins que Nariko, ce qui attrista légèrement cette dernière. Si les nuits de la guerrière étaient plutôt paisibles, elle savait que Kaï avait du mal à dormir. Dans ses rêves, elle revoyait Acerodon la poursuivre. L’homme avait massacré sa famille et son clan, et l’avait pendu. Kaï avait réussi à le tuer, mais il y avait largement de quoi traumatiser la pauvre femme. Dans la mesure où le corps d’Acerodon avait été emporté par le courant, son cadavre n’avait jamais été retrouvé, et, comme cet homme était un puissant magicien doué pour produire des illusions, Kaï était, au fond d’elle-même, toujours persuadée qu’Acerodon était en vie, et la pourchassait.

*Acerodon était peut-être fort, mais il s’est reçu un carreau d’arbalète en pleine tête... Je l’ai vu tomber de la volière, et il était mort...*

Elle soupira. Kaï devait probablement être en train d’espionner les marchés et les stands pour voler du pain, et Nariko alla dans la salle de bains. L’un des avantages à disposer d’une chambre était qu’elle n’était pas obligée d’aller se laver à la rivière, ce qui avait toujours été problématique. Père avait toujours refusé qu’elle se lave avec les guerriers, et elle devait donc attendre que les hommes terminent. Comme elle était réputée maudite, les femmes ne voulaient pas non plus qu’elle se baigne avec elles, et Nariko se baignait seule.

La jeune femme regardait l’eau monter avec un léger sourire sur les lèvres, et entendit alors Alastyn se réveiller. Il était également assez matinal. Tant mieux, elle n’aurait pas à attendre avant d’aller çà la bibliothèque. Elle l’entendit remuer dans le salon, et se rapprocha de lui... Sauf que Nariko était totalement nue, et pas particulièrement gênée.

« J’espère que vous avez bien dormi. Kaï est partie nous chercher à manger. »

Nariko se retourna, retournant dans la salle de bains. Elle avait laissé Heavenly Sword dans la pièce principale, sur la table. Elle ne se faisait pas de doute. Si Alastyn avait voulu s’en emparer, il aurait certainement agi pendant que la guerrière dormait, et, dans la mesure où elle était censée l’aider contre le Fantôme, elle se devait bien de lui faire un peu confiance. Heavenly Sword était son bien le plus précieux, plus important encore que sa vie.

*Inutile d’être aussi nerveuse... Quand bien même il chercherait à s’enfuir avec elle, Heavenly Sword me reviendrait... Je suis sa porteuse, et je la retrouverais, où qu’elle soit...*

Ça, c’était une certitude. On ne pouvait pas voler Heavenly Sword autrement qu’en tuant celle qui la tenait. L’épée avait sa volonté propre, et ne se laisserait pas faire. C’était bien pour ça que Bohan avait essayé de la tuer pour pouvoir bénéficier des pouvoirs d’Heavenly Sword. Restant dans la salle de bains, Nariko s’était adossée contre le mur, croisant les bras en regardant l’eau monter. Elle prenait son bain bien chaud, aimant sentir la chaleur sur son corps.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le jeudi 27 septembre 2012, 19:46:32
Quand il sortit de ses pensées, Alastyn ouvrit la porte de la chambre et se dirigea vers la pièce commune. Il referma alors la porte de la chambre, remarquant alors seulement que Nariko était déjà levée et observa les alentours. Kaï aussi était levée mais aucune des deux n’était présente. Il fit alors le tour de la pièce, cherchant un éventuel signe de bagarre et entendit alors de l’eau couler dans la salle de bain. Quand il entendit la voix de Nariko, il se retourna vers elle et avant d’avoir pu répondre, son regard fit rapidement un aller-retour de haut en bas. Alastyn se retourna alors très vite.

« Euh oui oui, j’ai bien dormis merci. »

Il avait baissé la tête pour répondre, le visage encore rouge de gêne. Heureusement, Nariko n’avait pas l’air d’avoir fait attention, ni même d’être dérangée par sa nudité. Il tenta alors d’oublier cette vision mais c’était difficile, elle avait un beau corps, bien pourvu et ce n’était pas pour lui déplaire. Il s’installa alors au sol, contre un mur et vit Heavenly Sword sur la table. Très vite, ça attira son attention et il en oublia ce qu’il avait vu avant.

Elle qui tenait tant à garder sa lame près d’elle, l’avait laissée là. Était-ce un oubli ? Non, ce n’était pas possible. Elle la gardait trop précieusement pour l’oublier comme ça. Un test de confiance ? Oui, ça semblait déjà plus crédible à ses yeux. Il se rappelait encore qu’elle lui avait dit que cette lame était sa raison de vivre, elle ne pouvait pas l’avoir oubliée aussi facilement. Il téléporta alors la bougie d’hier dans une de ses mains et commença à la faire tourner, il occupa ses mains tout en réfléchissant. Kaï partie chercher à manger, Nariko dans la salle de bain et, enfin, cette épée posée, là, comme ça, au milieu de la pièce comme pour la mettre en évidence. Kaï devait certainement l’observer d’ailleurs, d’un des toits entourant cette auberge par exemple.

Il tapota alors la bougie dans la paume de sa main libre et la renvoya à sa place d’origine avant de se lever.

« Bon, c’est pas tout ça mais il serait temps que je me réveille moi. »

Suivant ses propos, il leva les bras vers le plafond et commença à s’étirer avant d’étirer les muscles des jambes et enfin, il se mit à faire le tour de la pièce pour se dégourdir totalement les jambes. Quand ses étirements furent fini, il se dirigea vers la fenêtre et regarda dehors, laissant le vent matinal le coiffer à son envie. Tout en profitant de l’instant, il observait la rue, cherchant le démon de la veille. Il n’espérait pas vraiment le trouver, c’était plus un tour de surveillance.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 27 septembre 2012, 21:15:31
Il les avait trouvés, bien sûr... Comment aurait-il pu ne pas les repérer ? Il pouvait sentir la puissance de l’épée dans toute cette ville moribonde, comme une espèce de phare attirant son appétit au milieu du chaos ambiant, de cet étalage de médiocrité et de faiblesses. L’épée le hantait, et, tandis qu’il avait récupéré ses forces, il la voyait de près. Elle le hantait, il pouvait imaginer les courbes de l’arme, mais sans pouvoir l’approcher. Il voulait la tenir dans ses mains, en sentir la puissance, et se débarrasser de la femme qui la portait. Il était là, il les observait, invisible, indiscernable... Lui ne prenait pas l’apparence d’un corbeau, mais celle d’une créature encore plus difficile à discerner, et sa magie était inexistante. Il était une Ombre, et une ombre se devait d’être discrète. Il avançait à la lueur de l’obscurité. Ce n’est pas que le soleil lui était fatal, mais il n’aimait pas cette luminosité excessive. Il préférait l’obscurité, où il se sentait bien mieux. La seule lumière qu’il tolérait était celle de cette épée. Bientôt... Bientôt...

L’eau coulait dans la salle de bains, et Nariko s’était allongée dans la bassine sans difficulté, avant d’arrêter les robinets. Nexus disposait d’un système de canalisations et de tuyauterie particulièrement efficace, et l’eau chaude lui procura un bien fou. Elle était au courant de l’effet qu’elle faisait à l’ESPer, et trouvait cela... Aussi amusant qu’excitant. Dans son clan d’origine, sa beauté lui était fatale, renforçant l’impression qu’elle était maudite, telle une espèce de tentatrice maléfique, de succube qui voulait pervertir l’esprit avisé des guerriers du clan. La superstition était une saloperie... Alors, voir un homme qui ne la regardait pas en fronçant les sourcils, en ayant envie de la baiser et de la frapper, ça lui faisait du bien... Alastyn ne ressemblait pas aux abrutis du clan, que ce soit ceux qui la détestaient simplement, ou ceux qui avaient tenté misérablement de la violer, en la prenant pour une femme faible.

*Dommage qu’il ne soit pas très débrouillard, mais bon... C’est aussi une qualité, dans un sens...*

Dans un sens, oui... Nariko commença à fermer les yeux, et, pendant ce temps, Alastyn ne tarda pas à recevoir la visite de Kaï. Cette dernière avançait le long des toits, enjouée et espiègle, tenant dans une main un sachet.

« Nariko ! Nariko ! Kaï est revenue ! »

Nariko put l’entendre sauter sur le toit, marcher rapidement dessus, et eut un léger sourire, avant que la jeune femme ne se laisse glisser, ne s’appuie à la rambarde, et ne pénètre à l’intérieur. Elle atterrit élégamment sur la table, et sursauta légèrement en voyant l’ESPer. Aucune trace visible de Nariko, et elle tenait dans la main un sac contenant quelques viennoiseries chaudes, des croissants, des pains au chocolat, et d’autres gâteries qu’elle avait subtilisée sur la place du marché.

« Nariko ! NARIKO !!
 -  Je suis là, Kaï... »

Kaï avança rapidement, d’une démarche féline, et ouvrit la porte. Elle avait laissé dans la chambre son arbalète, afin de pouvoir plus facilement se faufiler dans les rues de Nexus. En voyant sa grande maie nue, Kaï pouffa à moitié.

« La chasse a été bonne, Kaï ? »

Kaï hocha la tête, regarda à droite et à gauche, ses yeux semblant observer un point invisible. Elle avait de nombreuses absences, et Nariko ne s’en étonna pas.

« Prends soin de notre invité, Kaï, je vous rejoins rapidement...
 -  D’accord, Nariko, tu peux compter sur Kaï ! »

Joignant le geste à la parole, la jeune femme enjouée rejoignit la salle, et regarda Alastyn.

« Kaï s’excuse pour son comportement, elle était nerveuse... Mais Nariko aime bien Kaï, et Kaï a confiance en Nariko. »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le vendredi 28 septembre 2012, 17:34:06
Quand Kaï entra dans la pièce, Alastyn s’éloigna de la fenêtre et l’observa alors légèrement surpris. Elle avait l’air beaucoup plus enjouée que la veille, peut-être était-ce du à l’arrivée de la journée. Il ne pouvait pas en être sûr et ne demanda même pas d’où lui venait cette joie. Il préférait nettement la voir dans cet état là. Il observa alors le sachet qu’elle tenait et se dit que ça devait être le petit-déjeuner d’après les odeurs en émanant. Finalement, l’épée posée là n’était peut-être pas un test mais un simple oubli. Il se rapprocha alors de la table et s’installa pendant que Kaï était allée trouver Nariko. Posant un coude sur la table et soutenant sa tête avec sa main, il attendit le retour de l’archère.

« Kaï s’excuse pour son comportement, elle était nerveuse... Mais Nariko aime bien Kaï, et Kaï a confiance en Nariko. »

A ces mots, Alastyn fit un signe pour montrer que ce n’était rien. Il avait bien comprit que ce ne serait pas facile pour eux et n’avait, de toutes façons, pas l’habitude d’en vouloir à quelqu’un en particulier.

« Ce n’est rien, c’est du passé. Autant oublier cette nervosité et profiter de ce moment non ? »

N’étant pas un guerrier de nature, il avait déjà du mal à faire confiance mais pour elles deux, après ce qu’elles avaient vécu, ça devait être encore plus difficile. Il essaya un instant de se mettre à leur place et abandonna. Il ne connaissait pas assez l’art de la guerre ni même ce qui pouvait faire changer les gens à la longue. Peut-être les meurtres, peut-être l’habitude du danger permanent ou encore tout autre chose. Il ne connaissait pas tout ça, son seul point commun avec elles, c’est que lui aussi avait déjà du tuer pour survivre. Tuer ou être tué, c’était peut-être cette loi qui rendait les guerriers si froids et distants.

Il reposa ensuite son regard sur le sachet contenant de quoi manger et revint vers Kaï en souriant.

« Alors, que nous amenez-vous pour ce matin ? »

Cette question, il savait que ça ne la vexerait pas, ou l’espérait-il tout au plus. Ce n’était ni personnel ni assez indiscret pour mettre quelqu’un sur la défensive et puis, après son réveil, il avait faim. Il n’avait pas encore mangé et l’odeur des pâtisseries encore chaudes lui mit l’eau à la bouche. Il en oublia carrément le danger, la scène était tellement naturelle pour quelqu’un de normal qu’il en profita au maximum. La seule chose cassant le tableau d’un petit déjeuner normal était l’arme, trônant fièrement au milieu de la table. L’ESPer hésita à l’envoyer ailleurs mais n’en fit rien, il préférait éviter de toucher à ça. Premièrement parce qu’il ne se sentait aucun droit de la bouger de sa propre volonté et ensuite parce qu’elle était assez bien placée pour être saisie d’urgence pour se défendre si jamais.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le dimanche 30 septembre 2012, 15:11:23
Yeux clos, Nariko profita de l’eau chaude, des effluves qui s’en échappaient et lui réchauffaient le corps, la détendaient, noyaient sa nervosité. Kaï, de son côté, était retournée dans la pièce, et regardait aussi bien Alastyn que des points invisibles, connus d’elle seule. Elle était dans une position accroupie, ses genoux fléchis sa position habituelle. Bien des gens avaient pris Kaï pour une neko sans queue, en raison de ses positions, de sa posture féline, ou de sa cagoule en forme d’oreilles pointues sur la tête. Kaï était une sauvage, elle avait passé des années dans la forêt, à se remettre du massacre de son clan par les forces d’Acerodon, avant que le clan ne vienne la recueillir, et ne l’adopte.

« Kaï a été chercher nourriture attirante là où il y a les tentes, dans la grande place circulaire... Il y avait beaucoup de monde, mais Kaï a réussi à les éviter... Mais elle a été séparée de lui, et il lui a manqué... Elle pense qu’il avait envie de faire twing twang, mais Kaï a refusé... Nariko n’aurait pas apprécié... »

Quand on parlait avec Kaï, on était toujours un peu décontenancée. Son séjour dans la forêt lui avait un peu fait perdre la raison, et elle s’était enfuie avec pour seule arme l’arbalète à répétition de son père. Bien que Nariko ne soit pas psychologue, elle avait compris que la solitude et le désespoir avaient conduit Kaï à voir en l’arbalète une espèce d’ami conscient, qui la protégeait... Un souvenir latent de son père, qui l’amenait à apprécier fortement la compagnie de l’arbalète, au point qu’elle avait dormi avec elle. Après la mort d’Acerodon, Kaï s’était un peu calmée, et pouvait maintenant se séparer un peu de son arbalète, mais elle éprouvait toujours le besoin constant de l’avoir près d’elle, de lui parler... Même Nariko, après toutes ces années, ne s’y était pas totalement habituée, mais elle savait que Kaï était inoffensive... Tant qu’elle n’avait pas trop envie de jouer à twing twang.

Kaï s’avança à côté de l’homme, et sauta sur la table, puis ouvrit précautionneusement le sachet, et en sortit un croissant. Elle avait ouvert le sachet en tirant sur l’une des extrémités du papier, le tenant entre ses deux doigts, et sortir le croissant par l’extrémité, avant de le soulever, et de l’observer. Elle ouvrit alors la bouche, et avança sa langue, léchant prudemment l’extrémité du croissant. Elle fronça à nouveau les sourcils, puis mordit dedans, tirant d’un coup sec, et commença à avaler. Un air de plaisir éclaira alors son visage.

« Kaï aime bien ! »

Ça la changeait des baies de la forêt, et elle sauta à nouveau hors de la table, rejoignant la fenêtre, et s’assit sur le toit.. Elle soupira en sentant le vent frais du matin, et en entendant les goélands. Nexus, après tout, était un port, et l’air marin était une chose assez nouvelle pour Kaï. La mer l’effrayait et l’attirait en même temps, un peu comme Nariko. Elles étaient deux montagnardes, qui n’avaient jamais vu une telle étendue d’eau. C’était un spectacle assez saisissant, fascinant et effrayant en même temps. Les minutes s’écoulèrent ainsi silencieusement, jusqu’à ce que Nariko, enroulée dans une serviette dissimulant ses seins et le haut de ses jambes, ne sorte de la salle de bains.

« L’eau est encore chaude, Alastyn, je vous recommande de rapidement vous baigner. Plus vite nous irons à la bibliothèque, mieux ce sera. »

Touche de féminité ou non, Nariko en avait profité pour se parfumer délicatement. Un parfum sensuel, qu’elle n’avait pas mis par touche de galanterie personnelle, mais simplement parce qu’il serait plus facile ainsi d’amadouer les gardes. Elle savait qu’elle était belle, et, à Nexus, il valait mieux compter sur sa plastique que sur son épée. De cette manière, elle pourrait plus facilement perturber les gardes, et obtenir qu’on ne l’embête pas trop. Il était toutefois possible que ce parfum, couplé aux autres scènes tendancieuses, puisse troubler encore un peu Alastyn... Mais ce n’était pas pour déranger la guerrière, à vrai dire, bien au contraire.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le dimanche 30 septembre 2012, 18:08:11
Plus Alastyn observait Kaï, plus il était amusé. S’il avait pu la comparer à quelqu’un, c’aurait sans aucun doute été à une enfant, peut-être une neko mais elle l’amusait. Ce n’était pas de l’amusement moqueur, au contraire, c’était beaucoup plus sain. Son comportement contrastait énormément avec celui de quelqu’un pouvant tuer froidement. Quand elle se mit à parler, il l’écouta et comprit bien vite qu’elle parlait du marché. Des tentes, une place circulaire, beaucoup de monde… Définitivement c’était la grand place, il n’y avait que cet endroit qui correspondait à la description qu’avait fait Kaï. Par contre, la suite de son récit était étrange, qui était ce Lui, que signifiait faire twing twang… Il se posa la question mais ne demanda pas plus d’explications. Après tout, c’était dans son esprit et la réponse qu’Alastyn aurait pu recevoir l’aurait sûrement encore plus embrouillé et avec une qui s’en chargeait, ça lui suffisait.

Kaï sauta ensuite sur la table et eut une attitude qui fit sourire Alastyn. On aurait dit un animal découvrant quelque chose de nouveau. Cette attitude de sentir puis goûter, il l’avait souvent observée chez les animaux et elle le reproduisait à merveille. Quand le regard de la jeune fille s’éclaira, il comprit qu’elle avait aimé… Et elle ne tarda pas à le confirmer. Il prit à son tour un croissant et le mangea sans rien dire. Kaï était retournée sur le toit, sûrement à guetter un quelconque danger. Il termina alors son pain et vit sortir Nariko… Au moins, cette fois elle était couverte, ce qui l’arrangea fortement. Il se leva alors et se dirigea vers la salle de bain tout en parlant.

« Oui, vous avez raison. »

Quand il passa à coté de Nariko, il sentit le parfum qu’elle avait mit et se fit alors la remarque qu’il ne l’avait pas senti avant, malgré les différents moments de proximités qu’ils avaient eus. C’était étrange, il aurait du le sentir… A moins qu’elle n’en avait pas mis. Il se demanda alors pourquoi c’était le cas maintenant mais continua son chemin sans s’arrêter. Une fois dans la salle de bain, il referma la porte et s’adossa contre. Il prit alors une grande inspiration et soupira longuement. Le parfum de Nariko était encore dans l’air et là, il fut certain de ne pas l’avoir senti plus tôt. Il s’approcha alors de la baignoire et se rappela les paroles de la guerrière, elle avait raison. Au plus tôt ils allaient à la bibliothèque, au plus vite ils auraient leurs réponses. Il se déshabilla alors et entra dans l’eau encore chaude.

Bizarrement, il n’arrivait pas à se détendre malgré la solitude. Dans cette pièce, il faisait calme, l’eau était assez chaude pour détendre n’importe qui mais pas lui. Les images de cette nuit ainsi que celles de ce matin lui revinrent en tête et il eut une érection. Il était tendu car il voulait que la rousse vienne le rejoindre et, en même temps, il ne le voulait absolument pas. Après tout, n’importe laquelle des deux pouvait arriver sans prévenir, comme l’avait fait Kaï quand Nariko était dans son bain, pour n’importe quelle raison. Il ferma alors les yeux et se laissa envelopper par l’eau, tentant de penser à quelque chose d’autre. Il se perdit alors peu à peu dans ses souvenirs, ceux d’après son emprisonnement et pensa à l’avenir. Son corps se détendit alors lentement et finit par être complètement à l’aise. Il avait enfin retrouvé son état normal, celui qu’il avait quand il était seul.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mardi 02 octobre 2012, 02:35:10
Tandis qu’Alastyn allait se baigner, Nariko observa les trouvailles de Kaï, et eut un léger sourire en constatant qu’elle avait du voler un boulanger, ou le client d’un boulanger... Les viennoiseries étaient toutes chaudes, et sentir cette délicieuse odeur réveilla l’appétit de la guerrière, qui mordit paisiblement dans un pain aux raisins, en s’asseyant sur une table. Elle pouvait entendre Alastyn avancer. L’auberge était ancienne, et il marcha sur une poutre de bois qui craqua, signifiant qu’il venait de rentrer dans l’eau. Cet individu était bien mystérieux... Elle croqua dans le pain aux raisins, tout en continuant à se demander ce qu’elle allait faire avec lui. Il avait l’air honnête, et très professionnel. Il avait au moins trois ou quatre occasions de sauter sur Nariko, mais avait réussi à se tenir. La guerrière appréciait cela. Elle se savait désirable, et Alastyn avait su repousser ses pulsions.

*Peut-être qu’il est eunuque ou homosexuel... Ce serait dur... Mais, au moins, je suis assurée qu’il sera loyal avec moi, et ne cherchera pas à me doubler.*

C’était une solide assurance, car Nariko accordait difficilement sa confiance à qui que ce soit. De plus, l’ESPer n’avait pas tenté de s’emparer d’Heavenly Sword, qui restait sagement sur la table. Il était donc temps de partir en chasse. Se redressant, Nariko s’approcha de la fenêtre, humant l’air marin. On pouvait entendre les cris des goélands, et l’activité de la ville. Nexus n’avait rien à voir avec le clan, pas même avec le palais de Bohan.

« Je n’ai jamais été dans une ville aussi grande... »

Kaï confirma en hochant la tête. Elle tenait son croissant entre les deux mains, ses yeux grands ouverts observant les toits et la rue. Il y avait des gens en contrebas, qui parlaient entre eux. Nariko les observa silencieusement, sentant le vent frais secouer ses mèches de cheveux. Un homme tenait une caisse de chargement, et un autre promenait son chien en discutant avec un quidam sur le marché. Kaï hocha la tête.

« Oui, la ville est grande... Kaï a peur d’y perdre Nariko... »

La guerrière eut un léger sourire, et Nariko, en tendant sa main, lui caressa tendrement le dos, faisant sursauter la petite sauvage. Elle tourna la tête, et roula des yeux en voyant la guerrière. Nariko lui fit un léger sourire, et l’embrassa sur la joue.

« Ne t’en fais pas, Kaï, je ne t’abandonnerai jamais... J’ai même bravé la mort pour toi, alors ce n’est pas une grande ville qui nous séparera... »

Kaï baissa les yeux en soupirant, puis releva la tête, et Nariko lui fit un clin d’œil. Les deux femmes s’entendaient à merveille, et la perspective d’être séparée de Kaï angoissait énormément la porteuse d’Heavenly Sword. La croisade contre Bohan leur avait permis de se rapprocher très intimement. Il n’y avait rien eu de sexuel entre elles, c’était... C’était un lien autrement plus profond et intense, un lien de vie et de mort. Kaï était morte pour Nariko, et Nariko était morte pour Kaï. Des amants ne pouvaient pas en prétendre autant. Ceci conférait à leur relation une relation très spéciale. Elles n’étaient pas amantes, ni sœurs, et partageaient pourtant un lien unique, et profond.

Alastyn ne tarda plus à sortir de la salle de bains. Il y était resté assez longtemps, et, quand il en sortit, ce fut pour voir Nariko en train de s’armer convenablement. Heavenly Sword était dans son dos, et elle avait aussi, de manière discrète, ses chaînes, et une seconde lame, une simple épée de combat. Nariko se battait généralement avec deux armes. Hier, elle était sortie en ne portant qu’Heavenly Sword, mais elle ne tenait pas à avoir de mauvaises surprises, et préférait donc s’armer convenablement.

« Si vous êtes prêt, Alastyn, il est temps d’aller à la bibliothèque... Je me méfie de cette ville, et nos agissements de la veille n’ont pas du passer inaperçus...  Kaï nous protègera depuis les toits, si jamais il se passe quelque chose. »

L’intéressée avait récupéré son arbalète, et la regardait mélancoliquement, avant de confirmer en hochant la tête. Elle regarda ensuite Nariko, un air suppliant sur le visage :

« Est-ce que Kaï pourra faire twing twang ?
 -  Si l’occasion se présente...
 -  Ouuuiiii !! » s’exclama Kaï, ravie.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mercredi 03 octobre 2012, 15:04:38
Toujours dans son bain les yeux fermés, Alastyn put entendre les voix des deux femmes s’élever de l’autre coté de la porte. Il ne saisit pas ce qu’elles disaient et ne tenta pas non plus de comprendre. Ce qu’il se passait entre elles, ne le regardait pas et ce n’était pas son genre de s’immiscer volontairement dans les conversations des autres, même discrètement. Il se laissa encore aller à rêvasser avant de revenir au pourquoi de leur compagnie. Ils devaient encore aller à la bibliothèque et Nariko semblait pressée d’y arriver. Il ouvrit alors les yeux et termina de prendre son bain avant de se sécher et se rhabiller. Il avait passé pas mal de temps isolé et se disait que rester plus longtemps pouvait être mauvais pour leur relation.

Une fois prêt, Alastyn ressortit de la salle de bain et vit Nariko s’armer. Cette vision le fit sourire, après les différentes scènes tendancieuses, il en avait presque oublié son coté bagarreur. Une fois que l’échange entre les deux femmes eut fini, l’ESPer acquiesça.

« Je suis prêt, nous pouvons y aller. »

Sa réponse était courte mais précise. Il avait affiché un air déterminé lorsqu’il répondit et se dirigea ensuite vers la porte de sortie. En réalité, il était aussi déterminé qu’elles à aller se renseigner mais ce qui le motivait le plus était que ce duo trouve ses réponses, qu’elles puissent affronter les démons en ayant plus de connaissances sur eux qu’actuellement. Il n’avait pas changé d’idée concernant leur bataille, il préférait toujours qu’elles cessent de mettre leur vie en danger et encore plus maintenant qu’avant mais il savait que c’était impossible. Maintenant, tout ce qu’il pouvait faire c’était de les aider du mieux qu’il pouvait et avec ce qu’elles pourraient éventuellement apprendre, ça leur donnait plus de chances de rester en vie.

Il sorti alors, suivi de Nariko et prit la route de la bibliothèque, couvert par Kaï. Alors qu’il marchait dans la rue, il se dit qu’on pouvait les prendre pour un couple et sourit à cette idée. Ce n’était pas le cas, loin de là mais il s’amusait de la situation avant de redevenir sérieux. Il pensait avoir compris ce que voulait dire "twing twang" et se demandait si vraiment l’occasion se présenterait. Il décida alors de profiter de ce moment pour poser une question qui le perturbait depuis ce matin.

« Au fait, votre amie m’a parlé de quelqu’un ce matin mais je n’ai vu personne avec vous depuis hier. Elle m’a dit qu’elle en avait été séparée et qu’il lui manquait. Vous êtes une espèce de petit groupe anti démons ou quelque chose du genre ? Si vous ne voulez pas répondre ce n’est pas grave, je comprendrai. »

Tandis qu’il parlait, il regardait un peu partout, évitant soigneusement de croiser le regard de celle qui l’accompagnait. Il ne le faisait pas vraiment consciemment, c’était plus une habitude qu’il avait depuis qu’il était plus jeune et qui s’était perpétuée au fil des ans. Il devait absolument bien connaitre la personne en face pour savoir poser son regard dessus lors des discussions ou bien se sentir assez en confiance pour ça, ce qui revenait presque à la même chose. Avec elle, ce n’était pas la connaissance qui l’en empêchait, c’était plus l’influence qu’elle pouvait avoir sur ses émotions.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 04 octobre 2012, 00:59:30
« Je suis prêt, nous pouvons y aller. »

C’était le signal que Nariko attendait. Elle hocha la tête, vérifia une ultime fois ses armes, puis se dirigea vers la porte de sortie, tandis que Kaï filait par la fenêtre, allant se poser sur un toit, évitant qu’on ne s’intéresse à elle. La jeune femme portait dans son dos sa longue arbalète, et Nariko descendit l’escalier en bois menant au rez-de-chaussée. Il y avait déjà quelques clients en train de boire, et la femme de l’aubergiste passait le balai. La guerrière passa en ouvrant la porte, Alastyn sur ses talons, et se dirigea vers la bibliothèque, dans les hauteurs de Nexus. Il allait falloir traverser une petite partie de la ville, et la guerrière s’encouragea à éviter de passer par la place du marché, qui serait sûrement bondée. Quelques Nexusiens regardaient parfois les formes de Nariko, mais personne n’osa l’aborder. Le fait qu’elle soit accompagnée semblait rendre les badauds moins fougueux, et elle n’eut donc pas à parler.

La jeune femme s’aventurait le long de rues pavées lorsqu’Alastyn lui posa une question sur Kaï. Nariko hocha lentement la tête, et lui répondit assez rapidement. Elle était consciente, bien consciente, qu’il était difficile de suivre une conversation avec Kaï, justement parce qu’il lui avait fallu plusieurs mois pour finir par pleinement la comprendre, et par devenir si proche d’elle.

« Kaï a grandi dans un clan qui était allié du mien depuis une alliance conclue il y avait plusieurs siècles. Malheureusement, son clan a été intégralement massacré par les forces du Roi Bohan. »

C’était une manière de fédérer les locaux, en attaquant les clans guerriers. Avec son immense armée, Bohan avait commis des massacres, de nombreuses boucheries, et avait envoyé ses généraux raser plusieurs clans. Acerodon s’était chargé du clan de Kaï. Nariko s’était rendue sur place après la boucherie, et avait été horrifiée. Hommes, femmes, enfants, vieillards... Il n’y avait eu aucun survivant, et certains avaient été longuement torturés. Le clan avait été sauvagement pillé, les soldats ashnardiens allant jusqu’à arracher les dents des massacrés.

« Son clan a été directement massacré par un homme fou, Acerodon. Il a tué la mère et le père de Kaï sous ses yeux, et cette dernière a réussi à s’enfuir. Acerodon aurait pu la tuer, mais il s’est simplement contenté de la torturer... Il l’avait ensuite laissé à deux de ses hommes, afin qu’ils puissent la violer et en finir avec elle. »

Kaï n’était pas loin, mais Nariko savait qu’elle ne pouvait pas les entendre. Reprenant sa respiration, Nariko poursuivit. Alastyn ne devait sûrement pas encore voir, pour le moment, le lien entre cette histoire et le comportement de Kaï. Autour d’eux, la ville était, comme toujours, assez animée. Des badauds avançaient ici et là, y compris des chariots, et on pouvait toujours entendre les goélands, ou voir des patrouilles de gardes. Personne, heureusement, ne semblait voir qu’elle avait tué plusieurs soldats la veille. Il fallait croire que c’était une chose assez banale à Nexus. Elle reprit son discours ensuite :

« Lorsque nous sommes arrivées dans le camp du clan, nous avons trouvé la tente des parents de Kaï... Elle était là, prostrée, ses yeux noircis nous observant avec terreur. Les deux hommes qui avaient voulu la violer avaient tous les deux été tués par des carreaux. »

Le père de Kaï était allongé sur le sol, l’arbalète près de lui, et l’explication officielle était que le père, dans un ultime sursaut, avait réussi à s’emparer de son arbalète, et s’en était servi pour tuer les deux hommes.

« Quand Kaï parle d’un individu qui la protège, elle fait référence à son père, et, plus précisément, à son arbalète. Ne vous avisez pas de lui la retirer. Quand nous avons essayé de faire ça, Kaï est entrée dans une rage folle, et seule la possibilité de récupérer l’arme lui a permis de se calmer. »

Shen avait estimé que le traumatisme de voir ses parents se faire massacrer sous ses yeux avait amené l’esprit de Kaï, pour ne pas sombrer dans la folie, à refouler ce qu’elle avait vu, et à considérer que, d’une certaine manière, les esprits de ses parents sommeillaient dans son arbalète. Le récit de Kaï n’était pas particulièrement heureux, mais Nariko le disait sans trembler, ou sans pleurer. Elle était forte, mais il était évident qu’en parler avec Kaï, même pour elle, était particulièrement difficile. A plusieurs reprises, Nariko s’était demandée si elle ne devait pas forcer Kaï à voir la réalité en face, et à accepter la mort de ses parents... Mais elle s’était dit que ce choix ne lui appartenait pas, et que, tant que Kaï restait une amie fidèle, et une solide guerrière, rien d’autre n’importait. Nariko regarda alors Alastyn, afin de lui lancer quelques évidences :

« Ne répétez pas ce que je viens de vous dire à Kaï... Je vous crois suffisamment intelligent pour vous taire, mais si vous lui en parlez, elle risque de déprimer, et je n’ai franchement pas besoin de ça en ce moment. »

Tandis qu’elle avait fait son récit, le duo était maintenant arrivé le long des quartiers assez aisés de Nexus, des zones où les rues étaient plus larges, et les maisons plus propres. Il ne fallait pas non plus réduire Nexus à un ensemble de bas-fonds putrides et puants. La ville n’était pas la ville la plus connue du monde pour rien, et ses quartiers riches étaient célèbres. Nariko et Alstyn se tenaient dans le quartier des Colombiers, un quartier qui aurait plu à n’importe quel romantique, avec ses arbres, ses fontaines, ses belles maisons blanches, et cette impression de paix et de sérénité qui s’en dégageait. Kaï, quant à elle, continuait à gambader le long des doigts.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le jeudi 04 octobre 2012, 16:02:07
Plus il écoutait le récit de la femme, plus il commençait à comprendre la réaction de Kaï le jour avant. Ça ne devait pas être facile pour elle de vivre après toutes ces horreurs. Toutes ces choses, il préférait les laisser enterrées, effacées par les moments du présent. Il observa alors le quartier dans lequel ils se trouvaient et appréciait l’impression de calme qu’il dégageait. C’était autre chose que les bas fonds d’où ils venaient.

« Ne vous en faites pas, je ne lui en parlerai pas. Au moins, maintenant elle vous a et ce n’est pas rien, elle peut profiter de la vie en sachant qu’elle peut compter sur vous. »

Il avait dit ça sereinement, toujours sur le ton neutre mais en réalité, au fond de lui, il était un peu jaloux. Il n’enviait pas vraiment le passé de l’archère, loin de là mais elle avait eu la chance de rencontrer Nariko qui l’avait alors aidée à surmonter tout ça et puis, il avait remarqué leur complicité et se dit qu’il n’avait jamais vécu la même chose, avec qui que ce soit.

« Je comprends mieux pourquoi vous vous entendez aussi bien toutes les deux. »

Il baissa alors la tête, terminant sa phrase en murmurant presque et continua de marcher. Ici, il savait qu’il ne risquait pas de heurter quelqu’un de trop pressé, les riches ne se donnant pas la peine de courir pour aller à leur destination. Il releva alors la tête et sourit.

« Si un jour vous avez le temps, vous devriez visiter les hauts quartiers de Nexus. Je suis sûr que ça vous plairait. »

Il hésita alors à ajouter quelque chose mais préféra se taire. En réalité, il n’était pas du tout certain de ce qu’il venait de dire mais ce n’était pas ça qui l’empêcha de parler, c’était plus sa timidité. Il chassa alors tout ce qu’il aurait pu dire de sa tête et se concentra sur les alentours. Observant les maisons blanches, les arbres, les groupes de personnes installés près des fontaines et sourit. Ce quartier était l’un de ses préférés, à la fois magnifique et calme. Personne ne courait ici, tous prenaient leur temps pour vivre, renforçant ainsi le sentiment de sérénité envahissant les rues.

Tout en regardant les alentours, il observa un instant Nariko du coin de l’œil et se dit qu’elle était presque à sa place ici. Il ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir pris ses armes avec et, après ce qu’il avait vu hier soir,  se dit que les bas quartiers ne lui allaient pas si mal non plus. Ceux qui ne la connaissait pas devaient la prendre pour une fille inoffensive et spécialement si elle n’avait pas de quoi se défendre mais ils se trompaient lourdement. Ceux qui ne la voyait que quand elle se battait devaient la prendre pour une sauvage mais eux aussi se trompaient. Pour lui, elle était juste une extraordinaire guerrière humaine. Elle pouvait être à la fois calme et dangereuse, belle et mortelle. Il se mit alors à chercher quel animal pouvait lui correspondre et abandonna l’idée, ne sachant que choisir.

Son amie, quant à elle, était beaucoup plus simple à deviner. C’était le chat, discrète, curieuse, docile et pourtant elle pouvait sortir les griffe s’il le fallait. Ces deux là étaient faites pour se rencontrer, aucun doute n’était possible. Elles se complétaient, se soutenaient et c’était quelque chose qui lui avait rarement été donné de voir. Quand il ressortit de ses pensées, il tourna alors à droite et reprit la parole.

« Nous allons bientôt arriver. Une fois à l’intérieur, j’irai faire quelques recherches avant de vous rejoindre. Il y a quelque chose que je veux vérifier. »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le vendredi 05 octobre 2012, 02:03:27
« Je comprends mieux pourquoi vous vous entendez aussi bien toutes les deux. »

Dans l’adversité, on se liait bien plus facilement. C’était une évidence qui ne cessait jamais de se renouveler, et de se confirmer. Kaï et Nariko  avaient affronté ensemble des centaines de soldats, défié de redoutables ennemis, et avaient même affronté la mort. Les liens qui en ressortaient étaient naturellement forts et solides. Le ton d’Alastyn, bas et faible, laissait supposer une sorte de respect pour ce solide lien. Nariko pouvait le comprendre. A chaque chose, malheur est bon, et, si Kaï et Nariko avaient connu l’horreur, elles en étaient ressorties plus fortes, plus liées, plus soudées. Les deux femmes se complétaient à merveille, Kaï en attaquant de loin, et Nariko en combattant de près, utilisant son agilité, sa rage, et la redoutable Heavenly Sword, pour former une espèce de tornade rousse qui fondait sur ses ennemis, et les mettait en pièces.

Alastyn lui conseilla de ne pas hésiter à visiter les hauteurs de Nexus, et Nariko ne pouvait que le comprendre. Bien que guerrière, elle n’était pas insensible à ce genre de spectacle. Là d’où elle venait, il lui arrivait fréquemment de grimper sur des promontoires surélevés, des montagnes, afin d‘observer les superbes crépuscules. Elle était sûre que, depuis les falaises de Nexus, on devait également disposer d’une vue magnifique sur le port.

« J’y penserai », dit-elle simplement.

L’heure n’était pas vraiment au tourisme, avec ce démon qui rôdait dans la ville. Le duo continuait à avancer, jusqu’à rejoindre la bibliothèque. C’était une belle structure, avec un parvis, un perron, et des colonnes à l’entrée. Il y avait plusieurs gardes devant, et de nombreux individus entraient et sortaient. Des érudits, des conseillers, des assistants, des majordomes... On y trouvait de tout, et Nariko entra dans la bibliothèque. Elle avait brièvement vu Kaï sauter sur le toit, et se déplacer le long des plateformes longeant le toit en marbre, afin de se glisser dessus. Le vestibule de la bibliothèque était grand, et plusieurs gardes en armure étincelantes se tenaient à l’entrée. Deux hommes s’avancèrent vers Nariko, leurs armures cliquetant sur le sol.

« Que voulez-vous ?
 -  Les armes sont interdites dans l’enceinte de la bibliothèque... Qu’elles soient apparentes ou non.
 -  Ah...
 -  Veuillez les remettre, vous les récupérerez en sortant. »

Nariko serra les lèvres. Remettre Heavenly Sword ? Elle n’y tenait pas particulièrement, et fit un geste de repli. Les sourcils du garde se froncèrent derrière sa visière.

« Je viens juste consulter des livres... tenta de plaider la guerrière.
 -  Le règlement est le règlement. A ma connaissance, une épée n’est pas requise pour consulter des livres.
 -  Il doit sûrement y avoir un moyen de s’arranger... Je déteste être séparée de mon épée, et...
 -  Déposez vos armes, ou sortez, Madame. »

Silencieusement, les autres gardes s’étaient rapprochés, et Nariko n’avait besoin que d’un regard pour voir qu’ils n’avaient rien à voir avec les imbéciles des bas-fonds. Leurs armures étaient solides, et leurs capes dorés témoignaient de leur haut rang militaire. Ils se positionnaient de manière à l’encercler, et à se tenir à distance de son épée. Serrant les lèvres, Nariko planta son regard dans celui de l’homme. Remettre son arme était hors-de-question, mais, d’un autre côté, elle avait besoin des connaissances se trouvant dans cette bibliothèque.

« Madame, si vous ne déposez pas votre arme, je serais en droit de vous poursuivre pour trouble à l’ordre public.
 -  Cette épée m’est précieuse, soldat, et je ne m’en sépare qu’en cas de circonstances particulièrement exceptionnelles. »

La tension montait progressivement, et Nariko, en se mordillant les lèvres, comprit qu’elle allait probablement devoir rebrousser chemin. Des gens en toge et en robe regardaient la scène avec curiosité. Des nobles haussaient les épaules, et Nariko constata que d’autres gardes s’étaient rapprochés. Un combat serait, non seulement inutile, mais aussi suicidaire. Elle alla s’avouer vaincue, lorsqu’un homme s’approcha.

« Je me porte garant de cette femme, Capitaine. »

Surpris, l’homme se retourna, et Nariko vit un homme bedonnant, chauve, avec une longue robe multicolore ressemblant à une espèce d’arc-en-ciel. Il avait les mains jointes devant son énorme estomac, et un fantôme de sourire sur les lèvres.

« Je... Vous êtes sûr, Monseigneur ?
 -  Évidemment. »

Le capitaine était toujours sceptique, tout comme Nariko, qui ignorait tout de cet homme. Monseigneur... Il devait probablement s’agir d’un homme important. Mais il n’avait pas la carrure d’un seigneur... Quoique, avec ces Nexusiens... Le Capitaine hésita.

« La procédure standard exige que vous...
 -  Je connais la procédure standard, Capitaine, mais la situation est assez exceptionnelle... Cette femme est venue de loin, et l’objet qu’elle porte sur son dos n’est pas qu’une simple arme. »

Le Capitaine croisa les bras, de plus en plus surpris.

« Qu’entendez-vous par là, Monseigneur ?
 -  Cet objet est un objet de culte qui, en tant que tel, figure dans le champ d’application de la bulle Sacrum Autocritas. En vertu de cette bulle, nul croyant ne doit être séparé de son objet de culte sauf cas de force majeure... Et, à ma connaissance, pénétrer dans une bibliothèque n’en fait pas partie. Autrement, j’aurais du vous remettre ma croix. »

L’individu avait une voix douce et chaleureuse. Encore une fois, le Capitaine hésita, et, constatant qu’un attroupement risquait de se former, il haussa les épaules, mais recommanda malgré tout à la guerrière de se tenir à carreau, et d’éviter de faire quelque chose de stupide. Cette dernière s’écarta, et regarda l’individu.

« Je suppose que je devrais vous remercier, mais... Qui êtes-vous ? »

L’homme eut un léger sourire, et ne tarda pas à se présenter :

« Je suis l’Archidiacre Edmund Linoge. »

Entre-temps, le capitaine, frustré, s’était rabattu sur Alastyn, qui n’avait pas été visé spécifiquement par l’Archidiacre.

« Déposez toutes vos éventuelles armes, vous les récupérerez en sortant. »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le lundi 08 octobre 2012, 18:11:35
Quand ils arrivèrent devant la bibliothèque, Alastyn ne put s’empêcher de regarder en l’air, réflexe idiot pour s’assurer que Kaï les suivait toujours. Il s’attendait à ce qu’elle descende pour les accompagner à l’intérieur mais ce ne fut pas le cas. Il pénétra alors dans le bâtiment après avoir laissé passer Nariko.

Une fois à l’intérieur, ils arrivèrent dans un grand vestibule gardé et les problèmes ne tardèrent pas à arriver. Plus la conversation avançait, plus il s’apprêtait à devoir improviser un plan. Quand il vit que Nariko allait abandonner la lutte, il réfléchit alors à toute vitesse et eut une idée. Elle n’aurait qu’à leur donner et il la récupérerait pour elle après avoir vraiment pénétré à l’intérieur de la bibliothèque. Après tout, il avait passé tellement de temps à l’observer qu’il pouvait maintenant se l’imaginer clairement, chose très utile pour téléporter l’épée près de lui.

Il leva alors la main pour faire un signe à la guerrière quand une nouvelle voix s’éleva dans l’air. Comme tout le monde, il se tourna alors vers la personne qui venait de parler et put apercevoir un membre des ordres religieux. Il avait beau paraître prévenant, Alastyn ne pouvait se résoudre à lui faire confiance. La discussion tourna alors à l’avantage de Nariko et Alastyn sourit juste avant que le garde ne s’adresse à lui.

« Déposez toutes vos éventuelles armes, vous les récupérerez en sortant. »

Il se tourna alors vers le garde qui venait de parler et levas les bras en répondant.

« Je n’en ai aucune, je ne touche pas à ce genre de choses. »

Il ne savait pas pourquoi il avait dit ça, c’était sorti tellement naturellement, comme s’il parlait de quelque chose de prohibé mais il resta tout de même sérieux. Le capitaine fouilla alors l’ESPer pour vérifier ses dires et les laissa passer. Alastyn resta silencieux, laissant passer Nariko en premier et ils pénétrèrent enfin réellement dans la bibliothèque. Une grande salle se présentait devant eux, les hauts murs étaient recouverts d’étagères pleines de livres et Alastyn observa rapidement la pièce.

« Je vais vous laisser ici, j’ai mes propres recherches à faire. »

Il n’en dit pas plus, partant déjà de son coté. Son ton avait été sec, il ne le voulait pas mais il sentait quelque chose de bizarre chez l’archidiacre et ne tenait pas spécialement à le connaitre beaucoup plus. Tandis qu’il marchait, il avait le regard rivé sur les étagères, sur les livres pleins de connaissances en cherchant quelque chose pouvant le renseigner sur les pouvoirs des ESPers.

Au fond de lui, il se sentait mal d’avoir laissé Nariko seule avec ce prêtre mais il savait qu’elle pouvait se défendre en cas de danger. Il supposait que ce n’était pas le coté silencieux de l’endroit qui l’empêcherait de se défendre si jamais il y avait besoin. Quand il vit un ouvrage semblant traiter du sujet, il le prit et alla s’installer à une table non loin. La lueur de quelques bougies l’éclairait suffisamment pour lire mais il ne trouva rien d’intéressant. Il rangea alors le livre et en prit un autre, parcourant brièvement les pages à la recherche de quelque chose pouvant attirer son attention. Il fit ça quelques fois avant de tomber sur le bon. Il soupira, releva la tête de sa page et balaya la salle du regard, cherchant Nariko et l’autre. Ne les voyant pas, il ne s’attarda pas plus que ça et commença sa lecture plus profondément.

Au fur et à mesure de sa progression, il découvrit des choses expliquant ce qu’il avait constaté la veille, la découverte d’une nouvelle facette de son pouvoir passait par une autre émotion que sa peur. Il releva alors la tête pour la poser dans ses paumes et commença à réfléchir, ne faisant attention à rien de ce qu’il se passait aux alentours. Maintenant, il savait qu’en canalisant bien ses émotions, il pourrait trouver de nouvelles utilités à son pouvoir et la peur, après la colère, lui servait de base pour vérifier cette hypothèse. Il ferma alors le livre et resta un moment à observer la couverture, pensif. Avec ce qu’il venait d’apprendre, il se sentait maintenant capable de devenir beaucoup plus fort que ce qu’il ne l’était pour le moment.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mardi 09 octobre 2012, 00:55:15
Nariko s’avança dans la grande pièce centrale, tandis qu’Alastyn s’écarta. L’Archidiacre lui offrit un sourire bienveillant, et s’avança ensuite. La bibliothèque comprenait plusieurs mezzanines, et de nombreuses tables de lecture. On trouvait ensuite de grandes rangées de livres, et l’Archidiacre s’avança au milieu. En regardant autour d’elle, Nariko ne tarda pas à voir, sur le sommet d’une étagère, la silhouette de Kaï, qui disparut tout aussi rapidement. Elle parvint à ne pas sourire, mais était soulagée de savoir que Kaï, non seulement avait réussi à entrer dans la bibliothèque par le toit, mais veillait encore sur elle. Nariko suivit l’Archidiacre.

« La bibliothèque de Nexus est l’un des plus hauts lieux de savoir de tout Terra, expliquait l’homme. Ceci n’a rien d’étonnant ; c’est la plus grande ville du monde, et elle est majoritairement tournée vers le commerce. Elle a côtoyé d’innombrables civilisations, et est au croisement de bien d’entre eux. C’est un carrefour commercial mondial... »

Linoge continuait à parler, désignant ici et là des étagères. Il y avait de grandes échelles pour permettre d’aller chercher des livres, et de nombreux gardes dans les coins. Les parties sombres étaient éclairées par des espèces de gemmes magiques, et Linoge vantait Nexus. Il lui expliqua que la ville était l’un des plus hauts fiefs de l’Ordre, et palabrait sans arrêt, agaçant Nariko.

« Que me voulez-vous ? » le coupa-t-elle alors.

L’Archidiacre se tut brièvement, et réfléchit un peu, un pli soucieux traversant son front dégarni, avant qu’il ne réponde :

« Vous protéger. Croyez-le ou non, mais mes intentions à votre égard sont tout à fait honorables. »

Nariko ne put s’empêcher de rire sardoniquement à cet aveu.

« Je crois que, vous, les Nexusiens, avez un proverbe pour désigner les individus qui ont des intentions tout à fait honorables. Quelque chose en rapport avec un couteau à planter dans un cœur. »

Ce fut au tour de l’Archidiacre de sourire, amusé, avant de répliquer rapidement :

« Pour être honnête, mes préoccupations à votre égard concernent surtout cette épée que vous portez fièrement dans votre dos.
 -  Je me doutais bien que ma plastique n’était pas le seul élément qui vous a conduit à intervenir auprès de mon auguste personne. »

Nariko était nerveuse, mais elle avait l’impression que cet homme, comme tous les hommes de pouvoirs, lui dissimulaient quelque chose, qu’il jouait avec elle, et voulait lui voler Heavenly Sword. En ce sens, sa méfiance lui apparaissait comme tout à fait normal. Elle ne pouvait pas se fier à un individu qu’elle ne connaissait pas, et qui prétendait vouloir l’aider. C’était toujours de ces gens-là qu’il fallait se méfier en priorité.

« Je fais partie de l’Ordre depuis des années, et, en ma qualité d’Archidiaicre, je suis responsable de l’un des nombreux diocèses de Nexus. Je suis l’inférieur de l’un des évêques de Nexus, mais ce n’est pas lui qui m’a délégué afin de vous rencontrer... C’est l’archevêque de Nexus en personne qui désirait s’assurer de votre identité. »

Pour Nariko, qui connaissait un peu l’Ordre, elle savait que l’archevêque de Nexus était un individu particulièrement puissant. Il devait avoir une énorme influence, et elle se demandait bien pourquoi il voulait la voir... A moins que ce ne soit pour lui voler son épée. Cette idée sembla traverser l’esprit de l’archidiacre, qui tenta de rassurer Nariko :

« Notre objectif n’est pas de vous ravir Heavenly Sword, loin de là... Vous avez réussi à dompter cette épée que nous considérons comme un cadeau du Dieu-Maître. L’Église n’a pas de désirs hostiles entre vous. Dites-moi... Connaissez-vous la légende de cette épée ? Ses origines ? »

Nariko haussa les épaules.

« La légende est connue chez moi... »

Selon cette légende, l’épée était dans les mains d’un homme il ya des millénaires, l’Élu, qui avait utilisé cette épée pour triompher d’un vil tyran, un individu monstrueux, homme pour certains, démon pour d’autres, qui avait ensanglanté toute la région. Cet homme avait ensuite offert l’épée au clan de Nariko, et, depuis, on attendait le retour d’un Élu...

« Vos actions contre le Roi Bohan ont probablement du vous faire comprendre que cette version actuelle de cette légende est quelque peu...
 -  ...Mensongère ?
 -  Erronée, préféra dire l’homme. Cette légende existe depuis des millénaires, et, dans votre clan, à tradition orale, il est normal qu’elle ait évoluée. Vous avez du comprendre que ces histoires autour de l’Élu étaient un peu tirés par les cheveux... L’Élu devait être un mâle, et l’épée a pourtant révélé tout son potentiel à une femme.
 -  J’ai entendu parler du sexisme ambiant au sein de l’Ordre...
 -  Cette réputation tend de plus en plus à s’affaiblir... Nous avons une cathédrale à Tekhos, rappelez-vous. Mais ne nous égarons pas... Pour nous, hommes de foi, votre épée était celle que l’Homme-Jésus portait lorsqu’il est venu en ce monde.
 -  Vous vous foutez de moi ? »

L’archidiacre eut un sourire. Prononcer un juron devant un homme de foi pouvait être très mal perçu, a fortiori dans une bibliothèque, d’autant plus que Nariko, sous la surprise, avait haussé le ton.

« D’autant plus que je vous croyais religion pacifiste...
 -  Ce à quoi je ne peux que vous répondre en citant l’un de nos Évangiles : ‘‘Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée’’, affirmait l’Homme-Jésus. C’est sur le fondement de cette tirade que nous avons fondé des ordres militaires. Parfois, et de manière très paradoxale, la paix exige des actes guerriers.
 -  Ok... Et quel rapport avec Heavenly Sword ? »

L’archidiacre lui parla brièvement du Sauveur, l’Homme-Jésus, aussi appelé le Christ. Il était venu accomplir des miracles, il avait soigné les femmes et les enfants, aidé les miséreux, mais s’était aussi battu. Et plusieurs contes et histoires rattachées aux Évangiles affirmaient qu’il avait avec lui une épée, l’utilisant pour repousser les démons. L’Ordre prêchait, non seulement l’amour entre les prochains, mais aussi une rigidité morale. Cette épée avait disparu, et, depuis lors, beaucoup de charlatans avaient proposé des épées factices.

« Je ne peux malheureusement vous en dire plus... L’Archevêque tient à vous raconter cela par lui-même.
 -  Et pourquoi irais-je le voir ?
 -  Parce que le savoir que vous recherchez ne se trouve pas dans cette bibliothèque. »

Nariko fut surprise, et essaya de le masquer. Cet homme savait décidément bien des choses sur elle.

« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler... »

Un sourire amusé éclaira à nouveau les lèvres de l’homme obèse, qui répondit doucement :

« Pour survivre à Nexus, manier une épée n’est pas la seule chose requise. Il faut aussi savoir mentir, ce qui n’est pas encore votre cas. »

Nariko ne sut quoi répondre face à cela, et Linoge continua :

« Je vais vous remettre un sauf-conduit qui vous autorisera à vous rendre dans le quartier de Bellevue librement. Rendez-vous dans les plus brefs délais au palais épiscopal, et... Évitez de laisser votre jeune amie grimper sur le toit du palais, les gardes de l’Archevêque sont moins conciliants que ceux de la bibliothèque... »

Encore une fois, Nariko fut surprise, et ses yeux se portèrent instinctivement vers les hauteurs... Avant qu’elle ne se fustige elle-même, sous le regard amusé de Linoge.

*Merde !*

Elle avait tant de questions, mais aucune ne lui venait à l’esprit. Comment ce type savait-il toutes ces choses sur elle ? Il lui tendait une enveloppe, et, précautionneusement, elle la prit, et la consulta. C’était une belle lettre, avec une écriture fine et soignée, un sceau et une signature émanant de l’Archevêque en personne. Tout ça avait l’air officiel, et lui donnait le droit de se rendre à la Bellevue. C’était l’un des quartiers les plus huppés de Nexus, si huppés qu’il était restreint d’accès suite à la promulgation d’un décret d’urgence. C’était la Révolution, après tout. On y trouvait les manoirs et les résidences des barons, des ducs, et le palais épiscopal.

« J’aimerais répondre à toutes vos questions, mais mon rôle se limitait simplement à vérifier votre identité, et à vous remettre ce papier.
 -  Je...
 -  Vous pouvez continuer seule vos croisades contre les démons noirs, mais, honnêtement, vos chances de succès sont infimes sans notre aide.
 -  Les... Attendez, les démons noirs ? Mais qu’est-ce que tout ça veut dire ?! »

Linoge secoua la tête, et s’écarta. Nariko fut bien tentée de le suivre, mais deux gardes l’empêchèrent de passer. Pestant, elle resta sur place comme une gourde, et se mordilla les lèvres. Elle retourna ensuite voir Alastyn, et lui expliqua ce qui se passait. Autant dire que la guerrière était troublée, et ne savait clairement pas quoi faire. Tout ça ressemblait à un piège, mais, en même temps, si l’Ordre avait voulu récupérer son épée, ils auraient sûrement déployé d’autres méthodes. Peut-être bien que ce Linoge disait vrai, d’autant plus qu’il avait l’air d’en savoir long sur elle... Mais Nariko était par nature très méfiante. Et comment avait-il pu repérer Kaï ? La jeune femme était généralement très discrète. C’était à n’y rien comprendre ! Et ces démons noirs... Parlait-il du Fantôme ? Disait-il la vérité quand il affirmait que Nariko ne trouverait rien d’intéressant ici ? Il était possible que l’Ordre ait censuré toutes les informations ayant trait aux « démons noirs »... La guerrière se sentait larguée... Mais le sauf-conduit qu’elle avait était officiel. Pourquoi se donner cette peine, si c’était simplement pour lui tendre un traquenard ?
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mardi 09 octobre 2012, 16:49:46
Alastyn était toujours en train de réfléchir quand Nariko s’approcha. Elle était seule, l’autre chauve semblait avoir décidé de se séparer d’elle et l’ESPer était rassuré de voir ça. Il rangea alors son livre et alla vers la guerrière qui lui expliqua ce qu’il s’était passé.

« Si vous pensez que c’est un piège, pourquoi ne pas y aller ? Je sais que c’est risqué mais au moins vous aurez quelques réponses à vos questions. »

Le risque, il le savait grand mais le besoin de réponses était tellement pressant chez elle qu’elle devait y aller. Il posa alors les yeux sur l’enveloppe et se dit que lui aussi aurait besoin de ce genre de document pour aller dans le quartier où elle avait été invitée. Il posa alors une de ses mains sur l’épaule de Nariko.

« Au pire, Kaï et moi pourront vous couvrir en cas de problèmes. Je peux être à coté de vous n’importe quand, il faut juste réussir à me faire savoir que vous aurez besoin d’aide et j’apparaitrai. »

Lui non plus n’avait pas confiance en l’Ordre, ne l’aimait pas pour être tout à fait honnête, mais ils devaient aller voir ce qu’il se passait. La chance d’avoir les réponses à ses questions devait être saisie, elle devait y aller. Alastyn pensa alors au démon et ôta sa main en la resserrant. Si c’était dangereux pour elle, c’était aussi dangereux pour lui. Il se décida alors d’oublier ça et se contenta de regarder la guerrière dans les yeux.

« On sort ? Nous n’avons plus rien à faire ici apparemment. »

Il regarda alors une dernière fois la grande salle et garda cette image dans un coin de sa mémoire. Il avait eu la réponse qu’il voulait, d’autres étaient nées suite à ça mais il savait qu’il devait devenir plus fort, plus débrouillard. Pour le moment, il se reposait beaucoup trop sur ce duo de femmes fatales mais une fois qu’ils se seraient séparés, il devrait de nouveau compter sur lui-même. Il l’avait déjà fait par le passé, c’était même son habitude mais il évoluait, il comprenait un peu mieux son don maintenant, sa façon de fonctionner.

Jusqu’où allait son pouvoir, à quel point pouvait-il être fort, combien de temps ça lui prendrait encore pour découvrir tout son potentiel… Toutes ces questions envahissaient son esprit, mais pour le moment il avait décidé de se focaliser sur Nariko, sur ses questions à elle, ses possibilités de trouver les réponses qu’elle cherchait.

Il se mit alors à réfléchir aux moyens que pourrait utiliser la guerrière pour alerter les deux qui resteraient en retrait mais n'eut aucune idée, il ne connaissait pas le quartier de Bellevue, justement à cause de l'interdiction d'y pénétrer sans autorisation mais il ne doutait pas que la rousse trouverait une solution si jamais il y avait vraiment besoin.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mercredi 10 octobre 2012, 00:03:39
Alastyn avait raison, et il acheva de convaincre Nariko. De toute manière, c’était ça, ou retourner à l’auberge, et se tourner les pouces. Elle ignorait ce que l’Archevêque savait, mais elle était maintenant au moins au courant de la raison expliquant l’intérêt subit de l’Ordre pour elle : son épée. Elle avait peur qu’on ne cherche à lui ravir, une espèce de sentiment paranoïaque.

« On sort ? Nous n’avons plus rien à faire ici apparemment.
 -  Bonne idée. Continuons notre ascension. »

Nariko se dirigea vers la sortie de la bibliothèque, et entendit dans le vestibule de curieuses conversations entre plusieurs notables.

« La manifestation aura lieu aujourd’hui...
 -  Vous savez ce que j’en pense. Le Conseil devrait avoir le courage de les interdire !
 -  Ce serait encourager à la révolte ! Le Conseil ne peut pas prendre ce risque...
 -  Ce que le Conseil devrait faire, c’est capturer ce Deathclaw, et tous les Griffe-Noir qui l’accompagnent ! »

Nariko n’en entendit pas plus, car elle sortit ensuite de la bibliothèque. Une manifestation ? Elle espérait que ça ne dégénérerait pas en émeute, et fut bien tentée d’en demander plus à quelques gardes... Avant de se raviser. Elle n’était pas venue dans cette ville pour s’occuper des problèmes politiques de Nexus, même si, dans une certaine mesure, les problèmes de Nexus se répertoriaient sur les siens. Nexus ne pourrait logiquement pas aider le clan de Shen si la ville était incapable de régler ses propres problèmes. En revanche, si Nariko recevait l’aide de l’Ordre... Elle savait que l’Ordre était particulièrement puissant Ses légendaires Paladins étaient unanimement réputés pour être des guerriers saints légendaires. Et il ne fallait pas non plus négliger les multiples ordres religieux militaires dépendant directement ou indirectement de l’Ordre. Son clergé avait un poids politique considérable, car bien des serfs étaient de fidèles croyants. La religion de l’Ordre, celle du Dieu unique tripartite et de l’Homme-Jésus, était la plus répandue sur Terra. Leur aide serait bien plus intéressante que celle de Nexus.. Mais suffirait-elle à stopper l’Empire ? L’Ordre était bien moins influent chez les Impériaux, le pouvoir impérial voyant toute autre forme d’influence publique comme une menace. L’Église ashnardienne était ainsi très particulière, car les tribunaux ecclésiastiques étaient soumis aux cours impériales.

La guerrière s’était renseignée, et gravit une superbe route bordée d’arbres et de pavés menant à la Bellevue. Le luxueux quartier se tenait sur les plus hautes falaises de Nexus, près de plusieurs phares, et la route y menant permettait d’avoir un superbe point de vue sur la mer au loin, ainsi que sur une partie du port. Le vent remuait dans les cheveux de Nariko, et on pouvait voir, ici et là, la végétation. C’était une très belle vue, et Nariko s’y attarda un petit peu, avant de reprendre sa route.

Un mur blanchâtre et immaculé protégeait l’accès à la Bellevue, avec un corps de garde. Le palais royal était un peu plus bas, vu qu’il était supposé être accessible à n’importe quel roturier, mais il ne fallait pas se leurrer ; le cœur du pouvoir était ici, entre les murs d’albâtre et les maisons dorées de la Bellevue. Les marchands et les bourgeois se trouvaient là, les maîtres des puissantes guildes marchandes de Nexus, les propriétaires des grandes compagnies maritimes du royaume. Il y avait dix gardes à l’entrée, ainsi que deux miradors de part et d’autre.

« Halte ! scanda un homme d’une voix forte. Par édit d’urgence, l’accès à la Bellevue est interdite à ceux qui n’ont pas l’autorisation requise.
 -  J’ai un sauf-conduit épiscopal », répliqua Nariko en lui montrant le papier.

Le garde contempla le papier, fronça les sourcils, puis loucha sur le corps de la femme, et sur l’homme qui l’accompagnait. Il n’était pas bien compliqué de comprendre ce qu’il pensait en les voyant. Une prostituée venant avec son maquereau, un moine envoyé pour satisfaire les besoins de quelques évêques peu portés sur la morale.

« Laissez-les passer... Mais je tiens à vous avertir. Au moindre problème, sauf-conduit ou pas, vous aurez de gros problèmes. »

Nariko ne répondit pas, retenant la remarque acerbe qu’elle avait dans la bouche. Les belles portes en or s’ouvrirent, et Nariko entra dans une immense cour impressionnante. Elle comprit mieux pourquoi la situation politique était si tendue à Nexus. Il y avait des inégalités sociales énormes entre les bas-fonds putrides et les hauteurs de Nexus ! La grande cour était bordée de grands arbres, de magnifiques oliviers, des chênes, et d’autres encore. Une fontaine trônait au centre, et plusieurs individus étaient là, assis sur des bancs, nourrissant des oiseaux en parlant. La guerrière regarda autour d’elle. Il n’y avait que de grandes maisons avec des arcades, des manoirs, et elle commença à s’avancer. Même les domestiques étaient chichement habillés, et toisaient de haut la jeune femme.

« Je cherche le palais de...
 -  Aaaaaah, diantre Ciel, ne me touchez pas ! » s’exclama un domestique en bondissant sur place, et en s’éloignant rapidement.

Interloquée, Nariko ne sut pas quoi dire. Il y avait ci des arbres partout, avec des petits squares, des kiosques. C’était un véritable ghetto de riches, propre et calme, bien loin des tumultes de la cité. Aucune affiche sur les murs, parfois quelques lierres élégants et modestes.

« Bon.. Je suppose qu’on va devoir marcher jusqu’à trouver les drapeaux de l’Ordre... »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le dimanche 14 octobre 2012, 12:26:40
Une fois qu’il eut fini de parler, Alastyn suivit Nariko vers la sortie. En passant dans le vestibule, il entendit lui aussi la discussion sur la manifestation et se mit à espérer ne pas être pris dans la foule mécontente. Leur temps était précieux, ils devaient éviter ce genre de choses, surtout que ça pouvait les séparer. Il se rendit alors compte qu’il ne pouvait plus rien apporter à ce duo de guerrières mais ne pouvait pas s’en éloigner à cause de ce mystérieux démon qui rôdait dans les parages.

Il continua alors de suivre Nariko silencieusement et quand elle s’arrêta pour regarder le paysage, Alastyn hésita à parler avant de se reprendre. Il profita aussi de cette pause pour se relaxer et le parfum de Nariko lui revint avec le vent. Il baissa alors les yeux, se demandant pourquoi elle avait tant d’effet sur lui et reprit l’ascension de Nexus à sa suite.

Ils arrivèrent enfin au dernier quartier, le plus influent et le mieux gardé de la cité. Rien que pour l’entrée, une dizaine de gardes étaient présents, sans compter ceux qui se cachaient dans les miradors. Alastyn se dit alors que pénétrer ce quartier sans se faire voir relevait soit du miracle, soit d’une préparation impressionnante, ce qui était loin d’être le cas pour Kaï, elle n’avait certainement pas prévu de devoir venir là, ce qui réduisait les chances de préparation nulles.

Quand le garde parla de l’édit d’urgence, l’ESPer ne put s’empêcher de repenser à ce qu’ils avaient entendu en sortant de la bibliothèque, tout ce qui concernait la manifestation. Toute cette histoire devait être à la base de la sécurité renforcée, ce qui motivait le nombre de soldats postés devant ce mur immaculé ainsi que de leur état de nervosité. Ce n’était pas que leur nombre qui lui fit remarquer la tension, leurs corps, leurs gestes, leurs regards… Et, surtout, le ton que donnait celui qui parlait à ses phrases. Une agressivité rare chez les gardes gradés.

Quand ils purent enfin passer, Alastyn cacha sa surprise de voir qu’on le laissait passer aussi mais revit l’expression du garde après inspection du sauf-conduit. Il avait tellement de mal à cacher ses pensées que rien qu’en le regardant on pouvait lire dans ses pensées. Maintenant, ce qui tracassait Alastyn était Kaï. Avant même de quitter la chambre ce matin, il avait pu remarquer sa crainte d’être séparée de Nariko. L’ESPer regard les alentours et réfléchit tandis que Nariko demanda son chemin. La réaction de l’interlocuteur le surprit, au moins tout autant que la guerrière mais il n’en fit aucun commentaire.

« Bon.. Je suppose qu’on va devoir marcher jusqu’à trouver les drapeaux de l’Ordre...
Oui, c’est fort possible en effet. Les gens d’ici ont l’air de penser qu’on les intoxiquerait rien qu’en leur parlant… Enfin, je suppose que ça ne devrait pas être trop dur à trouver. »

Il refit alors un tour de la cour avant de revenir vers Nariko.

« Dites, votre amie, j’ai pu remarquer qu’elle avait peur d’être séparée, je pourrais aller la chercher et la ramener ici. Vu qu’elle se promène beaucoup sur les toits elle pourrait aussi nous éclairer sur le chemin à prendre, non ? »

Tout en parlant, il réfléchit aux différentes possibilités qu’il avait pour la faire entrer ici sans se faire prendre. Les miradors l’embêtaient, de là haut, les gardes pouvaient voir les toits et les entrées voulues discrètes. Pénétrer entre ces murs illégalement semblait être quelque chose d’impossible mais il avait déjà dépassé l’impossible par deux fois, le refaire ne devrait pas poser de problèmes. Il fallait juste qu’il arrive à trouver un lieu d’où on ne pourrait le voir, un lieu assez proche où ramener Kaï sans se faire prendre.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le dimanche 14 octobre 2012, 18:51:20
Dans ce quartier hyper-luxueux, il était difficile de s’accommoder à ce décor, à cette ambiance riche et lourde. Nariko regardait nerveusement autour d’elle. L’endroit avait beau être sûr et propre, elle ne se sentait pas à sa place ici. Elle comprenait mieux la réaction du domestique qu’elle avait vu. Ils devaient passer pour des espèces de pouilleux, et elle avait intérêt à rapidement se rendre au palais de l’archevêque, avant qu’on ne vienne leur ordonner de partir. Elle avait certes un sauf-conduit, mais elle doutait qu’il soit amplement suffisant. Elle regardait autour d’elle, lorsqu’Alastyn choisit de lui parler de Kaï. En entendant parler d’elle, Nariko tourna la tête vers l’intéressée, qui, le dos courbé, observait un arbre, en penchant la tête de droite à gauche, visiblement intriguée par ce spectacle. La guerrière croisa les bras, et haussa les épaules.

« Ne vous en faites pas pour Kaï, le mieux est qu’elle vienne avec nous. »

Pas d’escapades sur les toits, donc. C’était préférable, la Bellevue avait l’air d’être lourdement surveillée, et elle ne voulait pas qu’on prenne Kaï pour une voleuse. Ces gens étaient suffisamment à cran comme ça. Il y avait comme une odeur de poudre qui régnait à Nexus, un délicat parfum de risque, une envie de changement, qu’on pouvait presque ressentir à la Bellevue. On le ressentait à la manière dont les domestiques et autres nobles les dévisageaient dans leurs beaux vêtements, avec un soupçon de mépris, de condescendance, et un zeste de panique. Oui... Il y avait comme une odeur de poudre, mais il n’y avait que dans les romans à l’eau-de-rose qu’une révolution se faisait en douceur. Est-ce que les émeutes en vigueur dans Nexus conduiraient à une révolution ? Nariko, honnêtement, ne le souhaitait pas. Si Nexus entrait en guerre civile, elle ne pourrait pas obtenir son aide... Et elle aurait fait tout ça pour rien... Pour rien, ou presque.

Elle se remit à marcher, avançant dans une rue bordée de délicieux arbres, et qui coupait un square. Il se dégageait de cette zone une impression de paix et de sérénité, et elle vit, le long d’un banc, un vieil homme qui était en train de balancer des miettes de pain pour des pigeons. Nariko sentit sa chance, et s’approcha de l’individu. Elle remarqua que plusieurs autres personnes le surveillaient, et ce dernier leva la tête, un sourire éclairant son visage fatigué. Sûrement un vieux noble...

« Salutations, Monsieur, lâcha Nariko en s’approchant.
 -  Je vous souhaite chaleuresement la bienvenue, noble et belle dame, répliqua la personne âgée sur un ton doux. Il fait une belle journée, n’est-ce pas ?
 -  Oui... Excusez-moi de vous déranger, mais je...
 -  Chaque jour, je me promène dans ce quartier, poursuivit doctement l’homme, sans vraiment avoir relevé la tirade de Nariko. Je m’arrête à chaque banc pour nourrir les oiseaux, et je fais cela chaque matin depuis cinq ans. Oh, je n’ai pas à m’en plaindre, on a une vue superbe sur tout le port depuis certains coins... Sur le bout de la Falaise de Pic, par exemple, on peut voir tout le port, avec la baie, et la ville qui s’étire au loin... Mais ils devraient songer à améliorer un peu les transports dans la partie basse de la ville. Il n’est pas étonnant que ces jeunes gens se sentent si offusqués quand on voit dans quelle misérable situation ils vivent...
 -  Je...
 -  Le problème n’est pas l’argent. Je vois tous les jours les bateaux de marchands, les négociants, qui affluent. Les guildes et les comptoirs commerciaux ont des fortunes formidables, mais ils préfèrent gaspiller leur argent, plutôt que le répartir équitablement. Et on en arrive à des situations exécrables et dangereuses, comme ces jeunes hurluberlus qui se prononcent en faveur de l’abolition de l’esclavage... Pensent-ils sincèrement que ça changera quelque chose ? »

Nariko n’arrivait pas à en placer une, et croisa les bras, tandis que la personne âgée, qui n’avait visiblement plus toute sa tête, distribuait des miettes de pain aux pigeons. Elle rongea son frein, tandis que Kaï, blottie contre la jambe de la guerrière, regardait en fronçant les sourcils ce pain. Il datait de plusieurs jours, et elle se doutait que cet homme devait être l’aîné d’une maison de nobles, un vieux gâteux qu’on laissait ici en espérant qu’il finisse par mourir. Le vieux continuait à déblatérer sur la situation économique actuelle, sur cette révolution qu’il craignait, parlant entre-temps de l’augmentation du cours du kilo de pommes de terre au marché, et de la manière dont cette augmentation faisait partie des causes de la révolte., le tout sans oublier de se référer aux Ashnardiens, qu’il craignait visiblement comme la peste.

La guerrière réussit malgré tout à s’imposer, et, après vingt bonnes minutes, l’homme indiqua au détail près l’emplacement du palais épiscopal. Il aurait même été jusqu’à les accompagner, si Nariko ne s’était pas éclipsée rapidement, sa patience mise à bout. Ses nerfs étaient à vif, et elle marcha rapidement, se remettant de ses émotions.

Le palais épiscopal fut rapidement en vue. Il se tenait dans une autre grande place, et était énorme. Il avait des arcades, des piliers, et d’immenses drapeaux de l’Ordre flottaient sur les balcons, et le long d’une grande barrière noire qui protégeait les jardins l’entourant. Il y avait au moins dix gardes religieux devant l’établissement, leurs armures blanches scintillant. Ils avaient des armes d’hast, et Nariko s’avança.

« Je suis Nariko, porteuse d’Heavenly Sword, et l’archevêque...
 -  Nous sommes au courant, répliqua rapidement l’un des gardes. Vous pouvez rentrer. »

Le palais était blanc, grand, et un perron menait à une grande porte massive à double battant. Nariko s’avança lentement, et les gardes laissèrent également passer Alastyn et Kaï.

« Nous y voilà... » souffla Nariko.

La guerrière s’avança, et pénétra dans un grand salon, immense, avec un énorme lustre, et d’autres gardes, ainsi qu’un homme descendant les marches. Il portait une toge, et était assez élégant. Il parla d’une voix de stentor, en descendant le long des marches :

« Voici celle qui a brisé l’ost du Maréchal Bohan. C’est un grand honneur de vous voir en personne... Vous l’ignoriez sans doute, mais votre réputation et vos exploits sont parvenus jusqu’à nos oreilles.
 -  Je l’ignorais, répliqua Nariko, sur la défensive.
 -  Et quel est donc le jeune homme qui vous accompagne ? » lança l’Archevêque en se tournant vers Alastyn.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le lundi 15 octobre 2012, 19:44:02
La réponse concernant l’escapade en hauteur était assez logique, comme il pouvait s’y attendre, Nariko n’était pas décidée à prendre le risque d’avoir des ennuis si près du but. Il acquiesça alors et suivit la guerrière. Lorsqu’elle s’approcha d’un vieux monsieur, il s’arrêta et attendit que leur discussion se termine. Tandis qu’ils parlaient de leur coté, Alastyn profita de cette pause pour mieux observer les alentours, se rapprochant des arbres bordant l’allée. Cependant, il revint assez vite vers les deux femmes, toujours occupées à parler avec la personne plus âgée et se dit que cet entretien durait bien longtemps. Il arriva au moment où celui qui donnait à manger aux pigeons parlait du prix des pommes de terre et comprit la raison de la longueur de l’entretien.

*Certainement quelqu’un qui n’a pas souvent de compagnie*

Il n’écouta alors pas beaucoup plus et reprit son chemin quand les deux femmes partirent. Le rythme e marche était tout de suite plus soutenu et Alastyn se retint de faire un commentaire sur la discussion qui venait d’avoir lieu. Il sentait la tension chez la rousse et ne tenait pas particulièrement à l’énerver un peu plus que ce qu’elle ne semblait l’être maintenant. Une fois arrivés, le garde semblait être au courant de leur arrivée, ce qui ne surprit pas vraiment l’ESPer.

Il pénétra alors à l’intérieur du palais, suivant Kaï et Nariko et arriva à son tour dans le grand salon. Les décorations fastueuses, le lustre énorme, la troupe de gardes à l’intérieur ainsi que ceux de l’extérieur, tout ça ne mettait pas vraiment Alastyn à l’aise. Lui, préférait les grands espaces, les lieux où il pouvait rester aussi longtemps qu’il le voulait sans qu’on le surveille. Tout le contraire de ce vaste salon à l’intérieur du quartier le plus surveillé de tout Nexus. Il se sentait comme dans une prison, une prison de luxe, certes mais ça restait quand même un lieu sous surveillance permanente. De vieux souvenirs remontèrent mais il les chassa immédiatement.

« Et quel est donc le jeune homme qui vous accompagne ? »

Alors ça y est, l’attention de l’archevêque se dirigea sur lui. Il observa furtivement Nariko et revint tout de suite vers l’homme de foi.

« Alastyn, un ami de ces dames. »

En réalité, il ne savait pas vraiment quoi répondre, il sentait bien que sa place n’était pas ici, qu’il n’était pas convié à cette petite réunion mais ses pas l’avaient amené jusque là et il pourrait en profiter pour en apprendre un peu plus sur le démon qui le traquait. Lui aussi était sur la défensive, il préférait ne pas se fier aux gens de religion, surtout aux grosses têtes mais il n’avait pas le choix, il devait faire avec, pour un moment, un instant qu’il espérait le plus court possible. Dire qu’il était un ami était peut-être avancé mais il ne voyait pas quoi dire, dire qu’il était simplement la cible d’un démon lui paraissait idiot, inadapté aux circonstances actuelles et dire qu’il n’était qu’un voyageur les ayant guidées un instant lui semblait la meilleure solution pour se faire éjecter sans trop de cérémonies.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mercredi 17 octobre 2012, 11:22:21
« Un ami... Hum, c’est intéressant... J’en déduis que, si cette femme vous accepte, c’est que vous ne devez pas être une menace... »

Nariko n’aurait pas été jusqu’à dire cela, mais il était correct qu’elle ne voyait pas Alastyn comme une menace. Pour le moment, en tout cas... A dire vrai, elle ne savait pas comment le considérer. La raison officielle pour laquelle il la suivait était pour empêcher que le Fantôme ne rentre en possession de son corps, et ne pose ainsi des problèmes à Nariko... Mais était-ce la seule et unique raison ? La guerrière ne pouvait pas le dire. Elle avait dormi avec lui, et elle ne dormait pas non plus avec de parfaits inconnus. Dans une certaine mesure, elle lui faisait confiance, et voyait en lui une espèce d’allié. Nariko cessa d’y penser, et décida d’abréger cette conversation, afin d’aller directement à l’essentiel :

« Je lui fais confiance.
 -  Soit... Oh, j’en oublierais même de me présenter ! Je suis l’Archevêque Maximus. Je vous en prie, veuillez me suivre. »

Il s’avança sur la gauche, et Nariko, pensivement, le suivit silencieusement. Ils avancèrent le long d’un beau couloir luxueux, avec de superbes tableaux. De magnifiques peintures dévouées à la foi et à l’Ordre. Maximus s’avança le long d’un tapis rouge confortable, jusqu’à entrer dans une confortable véranda. On pouvait voir le jardin du palais depuis cet endroit, et il y avait de nombreuses plantes. Les portes de la véranda étaient grandes ouvertes, et Maximus, pesamment, alla s’asseoir sur l’une des chaises se trouvant autour d’une petite table circulaire.

« Ici, on pourrait se bercer dans l’illusion que tout va bien... soupira Maximus. En haut de la falaise, on pourrait avoir la tentation de regarder à l’horizon, et de ne pas voir ce qui se passe à ses pieds... »

Nariko ne répondit pas, ne sachant pas quoi répondre, exactement. L’Archevêque se faisait une réflexion que la guerrière elle-même s’était faite : à la Bellevue, on était complètement déconnecté de ce qui se passait à Nexus. Elle resta debout, tandis que Kaï, avec de grands yeux, observait les plantes, le dos courbé, les reniflant en fronçant parfois les sourcils, ou en posant un doigt sur ses lèvres,  avant d’hocher la tête, comme si elle suivait (ce qui était probablement le cas) une conversation imaginaire.

« Connaissez-vous l’histoire de l’homme qui tombe du toit d’un immeuble ? » lâcha alors Maximus.

Elle secoua la tête, réalisant qu’elle était encore tombée sur quelqu’un qui adorait parler. Il fallait croire que c’était une coutume locale : noyer le poisson en parlant sans arrêt.

« C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un toit, et qui, à chaque fois qu’il se rapproche du sol, se répète sans cesse la même litanie : Jusqu’ici, tout va bien... Jusqu’ici, tout va bien... Mais, dans une chute, ce qui est important n’est pas la descente, n’est-ce pas ? C’est l’atterrissage. Nexus est comme cet homme, en train de tomber, et de se dire que, pour le moment, tout va bien.
 -  Je suis désolée pour les problèmes ayant lieu à Nexus, mais je ne vois pas en quoi...
 -  Vous êtes venue ici pour obtenir l’aide de Nexus, pour que les Nexusiens vous envoient de l’aide pour reconstruire vos clans, et pour vous envoyer des troupes afin de prévenir de la menace d’une autre intervention ashnardienne. Me tromperai-je ? »

Pris de court, Nariko balbutia légèrement, avant de répondre :

« Et bien, non, mais...
 -  Félicitez-vous que l’Ordre vous soit tombé dessus. Si vous aviez réussi à atteindre le Conseil de la Reine Ivory, vos éventuels alliés vous auraient convié à un banquet, et vous auraient empoisonné, afin de pouvoir s’approprier votre précieuse épée. »

Nariko en fut scotchée, et ne sut pas quoi répondre. L’Archevêque dut sentir son trouble dans son visage, car il se mit à sourire, comme si cette scène l’amusait :

« Le pouvoir séculier est ainsi : fluctuant. Faut-il le condamner ? L’Ordre ne peut pas se le permettre, car la religion a besoin de leur soutien pour prospérer. Nexus est aux abois, ma chère. Oubliez cette image d’une cité florissante, resplendissante et juge que vous pouviez avoir de notre cité-État en étant une petite fille. Une révolte gronde, une révolution même, selon certains... On lit des inscriptions placardées sur les affiches publicitaires, et sur les murs. Les noms de leaders, de chefs rebelles influents qui agissent contre Nexus, leurs motivations politiques... Changer le monde, instaurer une démocratie pour certains, et développer une sorte d’athéisme que l’Ordre ne saurait tolérer. »

Nariko tourna la tête autour du mobilier très luxueux de l’endroit, et lâcha, acerbe :

« Vous avez besoin de gens pour vous permettre de bâtir des palais...
 -  Cette richesse affichée vous parait-elle contraire aux principes de l’Ordre ?
 -  Je vous laisse deviner...
 -  Ne soyez pas trop prompte à juger les autres, porteuse. Ce palais est faste et luxueux, certes, mais, à bien des occasions, les Archevêques n’ont pas hésité à vendre les biens, ou à ouvrir ses portes aux plus démunis. L’Ordre dispose du’ne importante richesse patrimoniale que nous nous devons de conserver. De plus, cette richesse étalée permet de justifier notre puissance auprès du pouvoir local. Pensez-vous sincèrement que nous aurions la même influence que celle que nous avons maintenant si notre siège se résumait à une grange crasseuse ? »

Il marquait un point, et Nariko comprit avoir affaire à un orateur. Elle décida de ne pas se laisser disperser, et de rester concentrée sur ses questions :

« Et pourquoi me parler de ça ?
 -  Vous êtes sûrs de ne pas vouloir vous asseoir ? C’est une longue histoire... Et qui s’appuie en partie sur les livres se trouvant derrière vous, sur la table. »

Se retournant, Nariko vit plusieurs livres, certains avec plusieurs marques-pages, et consulta les titres. Les livres étaient sobres, et elle comprit rapidement, en voyant qu’il n’y avait aucune quatrième de couverture, qu’il s’agissait de livres de recherche, d’un savoir spécifique à l’Ordre. Tous les livres présentaient le même début de titre : « Réflexion sur Dieu et le monde ».

« L’Ordre conserve presque jalousement ses propres recherches, et seul un infime contenu de nos recherches sont disponibles dans les bibliothèques publiques. »

Il ménagea une courte pause en remplissant un verre d’une mixture orangée. Du jus d’orange pressé venant des jungles au sud. Il but sans hésitation, faisant signe de la main aux autres de ne pas hésiter à se servir. Maximus s’éclaircit la gorge, et se mit à parler, à délivrer ses explications :

« Tout est lié, j’en ai bien peur. Votre épée, ces Démons noirs, et la Révolution... Avez-vous entendu parler du Tentateur ? »

C’était une question rhétorique, car Maximus, dès qu’il l’eut posé, y répondit par lui-même :

« Dans les Saintes Écritures, le Tentateur est la figure allégorique du Mal, des péchés contre lesquels l’homme doit se méfier pour conserver son âme propre et pure. Le Tentateur est perçu comme un fruit de Dieu, une manière de mettre à l’épreuve la détermination de ses ouailles, et de la renforcer. Le Tentateur est une lutte perpétuelle entre l’homme et ses pulsions antisociales, et la question de l’existence réelle du Tentateur fait débat, comme il est indiqué dans l’un de ses ouvrages. Pour le commun des mortels, le Tentateur est le Diable, un individu ayant une existence tangible et palpable.
 -  Et pour vous ?
 -  Les recherches de plusieurs de nos exorcistes au fil des siècles ont établi que l’allégorie du Tentateur n’est, en réalité, pas si allégorique que cela. Vous devez bien comprendre que la plupart des mythes et des contes peuplant nos Écritures sont une évolution de mythes et d’autres légendes qui existaient avant elles. Ces mythes remontent à plusieurs millénaires, et sont les premières traces historiques que nous avons. »

L’homme continua ainsi à parler, alternant entre explications et gorgées de vin. Il expliqua que plusieurs exorcistes avaient lutté contre des possessions démoniaques très particulières. Le rôle de l’Ordre était de protéger les âmes des croyants, contre eux-mêmes, mais aussi contre les autres. Si ce rôle justifiait parfois des actes peu acceptables, comme la Sainte Inquisition, il justifiait aussi la lutte contre la possession démoniaque, et le développement des exorcismes. Un démon, en effet, cherchait constamment à rejoindre le plan inférieur, mais il était très difficile à un démon de se transphaser tout seul. C’était une violation du pacte ancestral passé entre les Anges et les Démons, un pacte infiniment complexe qu’on résumait simplement comme une sorte de pacte de non-agression entre les Enfers et les Cieux. Cette convention avait ses nuances et ses limites, car il y avait malgré tout des anges et des démons dans ce monde, mais infiniment moins que si ce pacte n’existait pas.

« Un démon a plusieurs moyens de rentrer dans notre plan : se faire appeler par des invocateurs, et tenter de prendre le dessus pour eux pour être libre, ou pervertir une âme innocente. »

Les démons privilégiaient généralement de jeunes enfants, presque des bébés, car leur esprit était encore en construction, à un stade presque embryonnaire. Les défenses magiques étaient faibles, et il était plus facile pour un démon de s’infiltrer dans sa tête, et d’en prendre le contrôle.

« Ce sont les exorcistes qui ont réussi à nous mettre au courant de l’existence de cette famille démoniaque que nous appelons les Démons Noirs. A chaque fois qu’un exorciste accomplit son œuvre, il se doit d’envoyer un rapport, qui permet d’approfondir nos connaissances sur les démons. Il y a quelques siècles, un intellectuel, un théoricien de l’Ordre et philosophe, Malbaurt, a relu de nombreux rapports d’exorcistes, et a pu établir un lien entre plusieurs exorcismes présentant des traits particuliers. »

Il s’agissait d’un autre des livres, et l’homme poursuivit, expliquant en quoi ces exorcismes étaient spéciaux... Il portait généralement sur des individus d’âge mûr, et qui avaient des affinités magiques, ou une forte personnalité. Magiquement parlant, une possession démoniaque livrait toujours des signes magiques, une espèce de signature magique qui permettait, grâce à des méthodes que l’Archevêque se refusa à divulguer, à obtenir, avec une fiabilité plus ou moins prononcée, l’identité des démons. Malbaurt avait ainsi vu une espèce de corrélation, de résonance magique très forte, entre ces différentes possessions. Il avait été plus loin encore, et s’était rendu dans les archives saintes de l’Ordre, au Saint-Siège de l’Ordre, et avait obtenu des transcriptions de témoignages, émanant notamment des possédés.

Si on ne pouvait que difficilement se fier aux témoignages des enfants, ceux d’hommes mûrs étaient plus probants. Malbaurt avait ainsi remarqué que chacun des possédés se plaignait de voir dans ses rêves un animal spécifique le hanter. Les exorcistes n’avaient pas été troublés outre mesure, car il était courant que l’inconscient d’un homme choisisse de prendre la forme d’un animal. Cependant, en la matière, l’expérience avait été légèrement différente, et avait conclu Malbaurt à considérer que tous ces démons appartenaient à une même et unique famille ancestrale, qu’il avait appelé les Animaegi, et qu’on surnommait Démons noirs. « Ani » soulignait leur avatar animal, et « maegi » était un ancien terme désuet désignant la magie.

Au terme de cette longue explication, Maximus prit un nouveau verre de jus d’orange.

« Le Roi Corbeau est un Animaegi, tout comme l’est le démon que vous pourchassez à Nexus... Et nous pensons que cet Animaegi est plus puissant du Roi Corbeau, et peut posséder plusieurs âmes à la fois. Et je suppose que vous devez être celui que l’Animaegi convoite, n’est-ce pas ? fit Maximus en se tournant vers l’homme. Nos capteurs magiques vous ont repéré dès que vous êtes entrés. Vous êtes ce que nos chères Tekhanes sceptiques appellent un ESPer. Vous disposez de ce que nous appelons un don divin, qui peut vous aider à apporter la lumière et la prospérité. Les Animaegi sont des créatures issues de noirceurs abyssales et de ténèbres éternels. Il est naturel qu’ils vous traquent. Malbaurt a montré que la plupart des possédés étaient des individus aux capacités surnaturelles. »

Son raisonnement se tenait, Nariko était bien forcée de le reconnaître.

« Parlez-moi de vous, fit-il en se tournant vers Alastyn. Que cherchiez-vous dans cette bibliothèque ? »

Alastyn avait naturellement été surveillé à la bibliothèque, et les gardes avaient fait leur rapport, que Maximus s’était procuré avant que les deux individus n’entrent dans sa demeure, par le biais d’un corbeau.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mercredi 17 octobre 2012, 20:02:54
Après que l’archevêque se soit présenté à son tour, Alastyn fit un signe de tête en guise de salut et suivit le groupe à travers le couloir. Son regard passait d’une toile à l’autre, profitant de son passage ici pour mémoriser le lieu. Une fois dans la véranda, il observa la pièce et posa son regard sur le jardin, croisant les bras dans son dos. Il avait l’air ailleurs mais écoutait pourtant chaque chose qui se disait.

L’archevêque semblait en savoir bien long sur les deux femmes, bien plus que lui-même n’en saurait sans doute jamais. Au fond, il était certain que l’archevêque devait en savoiur encore bien plus que ce qu’il ne disait. Quand il se mit à parler des révoltes, Alastyn repensa à ce qu’ils avaient entendu en sortant de la bibliothèque.

*DeathClaw et ses Griffe-Noire* pensa-t-il.

Il alla alors se servir un verre de jus d’orange et retourna observer le jardin tout en écoutant le quasi monologue de l’homme de foi. Quand il sembla arriver au bout, Alastyn fut surpris d’entendre qu’il était au courant pour le démon que Nariko avait affronté et se mit à tenter de comprendre d’où il pouvait le savoir. Évidemment il y avait leurs actes de la veille, tous ces morts dans une ruelle, c’était bien trop et le corps de celui qui avait été possédé devait sûrement, lui aussi, porter des traces magiques… Et puis, c’était quoi ces capteurs magiques ? Il n’avait jamais entendu de ça, toute cette histoire le mettait de plus en plus mal à l’aise.

« Parlez-moi de vous, fit-il en se tournant vers Alastyn. Que cherchiez-vous dans cette bibliothèque ? »

Alastyn se rapprocha alors enfin de la table, quittant la vue du jardin et resta debout, les mains posées sur le dossier d’une chaise. Quand il prit la parole, son ton joyeux l’avait quitté, laissant place à une certaine froideur.

« A quoi ça peut bien vous servir de savoir ce que je cherchais ?
Ça peut nous servir à contrer le démon que vous cherchez. Alors, que cherchiez-vous dans cette bibliothèque ?»

La réponse de Maximus fit plonger Alastyn dans un état de méditation, il cherchait ce que ça pouvait apporter à leur traque, sa quête à lui n’avait rien à voir avec tout ça, il était juste devenu une victime malgré lui.

« J’imagine que vous devez déjà le savoir mais soit, si vous insistez je vais devoir le dire. »

Il semblait contrarié, il ne voulait pas se livrer, surtout pas face à lui. Il décida alors de dire ce qu’il cherchait et de simplement se contenter de ça.

« Comme vous l’avez si bien dit, j’ai des pouvoirs mais il y a peu j’ai remarqué que je ne savais pas encore tout sur ce don. J’ai juste été chercher des réponses. Je ne vois pas trop en quoi ça va vous aider à contrer ce démon, je suis juste une cible comme une autre, peut-être même moins fort que ceux qui ont été envahis par ce genre de démon. Je suis juste en évolution et chercher des réponses aux questions que l’on peut se poser en allant à la bibliothèque me semble assez normal non ? »

Sa dernière phrase fut ponctuée d’une pointe d’ironie, reflétant son agacement concernant la question d’avant. Il se reprit alors et alla voir les livres posés.

« Désolé, je me suis laissé emporter. J’ai juste été chercher des informations sur les pouvoirs naturels. »

Cette histoire de contrôle de plusieurs personnes, il en revenait à penser à la révolte. Si ces démons étaient eux aussi au courant de la guerre que leur avait déclaré l’Ordre, il serait fort probable que ces mêmes démons cherchent à venir à bout de cet Ordre peu importe les moyens.

« Vous savez comment un démon arrive à contrôler quelqu’un ? »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 18 octobre 2012, 16:42:36
Si Maximus cherchait à en savoir plus, c’était tout simplement pour mettre l’homme en confiance, et aussi pour se reposer un peu. Nariko, de son côté, était un peu décontenancée par les informations dont l’Archevêque disposait. Il n’avait toujours pas dit ce qu’il attendait d’elle, mais en savait beaucoup. Savoir que l’Empire avait attaqué les clans où Nariko vivait n’était pas trop compliqué ; Nexus avait sûrement des espions les informant de ce qui se passait chez l’ennemi. Mais, pour autant, Maximus en savait bien plus de cette histoire que ses implications politiques. Il était au courant d’Heavenly Sword, des légendes, et ce qu’il disait sur les démons... Oui, tout cela était bien mystérieux, et elle comprenait volontiers les réticences d’Alastyn. La connaissance était le pouvoir. Cet adage était la doctrine de bien des gouvernements, et l’Ordre semblait l’avoir pleinement acquis. L’Archevêque ne tarda pas à répondre à la question d’Alastyn.

« Comme vous devez vous en douter, l’Ordre prend au sérieux toutes ces histoires de possession démoniaque. La plupart du temps, les individus qui se disent possédés ne le sont en réalité pas... Si ce n’est de leur propre folie. Une possession démoniaque est très difficile à trouver, et tout aussi difficile à lutter. Ce ne sont pas de simples démons mineurs qui peuvent posséder un esprit et un corps, mais des démons puissants, qui ressentent comme insultants le fait d’être invoqués dans ce plan, et préfèrent y aller par eux-mêmes. »

Maximus se répétait un peu, et tenta d’expliquer le processus de contrôle démoniaque. En temps normal, une possession démoniaque était longue, et difficile à discerner. Les démons étaient prudents, mais il y avait toujours des signes extérieurs. L’enfant possédé entrait en dépression, dans une sorte de schizophrénie le rendant irascible... Toute la difficulté était de savoir si ces problèmes venaient d’un démon, ou d’une maladie psychologique. Il fallait une fine observation, et, si l’Ordre avait des orbes et des cristaux pour repérer les possessions, elles fonctionnaient rarement. Concrètement, une possession était difficile à repérer, et Maximus se référait ici à plusieurs ouvrages d’exorcistes.

« Contrairement à la croyance populaire, un exorcisme ne permet pas à coup sûr d’établir l’existence d’une possession. Les démons sont malins, et il faut certains sorts de magie sacrés très poussés pour les révéler. »

Posséder un esprit était extrêmement difficile, nécessitant des talents télépathiques très élevés. Maximus leur expliqua que, de manière très simple, on pouvait dissocier plusieurs niveaux de télépathie, selon le degré de pénétration dans un esprit. Un niveau de télépathie simple consistait ainsi à capter les pensées conscientes d’un individu. Pour posséder un esprit, il fallait rentrer dans son inconscient, dans les profondeurs de son esprit. Or, quand un esprit était bien formé, quand le conscient avait établi de manière correcte ses barrières pour empêcher l’inconscient d’entrer, il fallait être un télépathe légendaire pour atteindre cette zone, et pouvoir pervertir l’esprit.

« Un adulte ne peut jamais être entièrement possédé. On peut le contrôler pendant quelques instants, mais, pour ce qui est de le posséder... Il faut détruire l’esprit du corps, le briser, afin que le démon le remplace. Ce processus prend des mois, voire même des années. »

L’Archevêque leur faisait tout un cours, et termina en disant que les Animaegi étaient des exceptions. Ils arrivaient à faire ce qu’un démon normal n’arrivait pas à faire : posséder assez rapidement un homme adulte. Toutefois, cette possession était assez particulière, incomplète et dangereuse. Il leur expliqua que l’Animaegi rentrait en force, utilisant probablement une capacité héréditaire commune aux Ani, mais qui était instable, et conduisait à l’affaiblissement progressif du corps et de l’esprit de l’hôte, qui étaient encore liés. Deux esprits se partageaient le même corps, et l’esprit du dominé tentait constamment de reprendre le contrôle sur le dominant. C’est ce qui expliquait pourquoi le vaurien, hier, était tombé en morceaux.

« Un Animaegi prend des mois, voire même des années, à préparer son hôte. C’est ce qui a eu lieu entre Bohan et le Roi Corbeau, par exemple. De cette manière, les deux esprits coexistent de manière pacifique, mais l’Animaegi le contrôle. »

C’était la possession démoniaque de l’Animaegi : non pas une destruction de l’esprit, mais une fusion entre les deux, une fusion où, progressivement l’esprit du dominé était absorbé par celui du démon. Un Animaegi préférait généralement une proie magique pour de simples raisons. La magie attirait beaucoup un Animaegi, car elle lui permettait de plus facilement contrôler quelqu’un.

« Je redoute que l’Animaegi vous utilise pour parvenir à ses fins. Heavenly Sword, votre épée, est une arme puissante, un artefact qui, s’il tombait entre de mauvaises mains, engendrerait de graves conséquences. Vous connaissez l’étendue de son pouvoir, Nariko. Quand vous avez utilisé cette arme, et que la magie a brûlé en vous, nous l’avons senti. Du haut de nos tours blanches, nos prêtres et nos mages ont senti cette perturbation... Et les Animaegi aussi. Vous n’avez pas tué le Roi Corbeau, mais vous l’avez profondément affaibli. »

Maximus ménagea une courte pause, le temps de se redresser, et de marcher un peu. Nariko, quant à elle, l’écoutait silencieusement, se replongeant dans les souvenirs lointains de cette période. Elle avait du brandir Heavenly Sword contre l’armée de Bohan, et un pouvoir incommensurable était venue en elle. Elle avait décimé l’armée, fauchant des hommes par centaines, avant que Bohan, possédé par le Roi Corbeau, n’intervienne. Oui... Les explications de Maximums commençaient à avoir un sens. Il lui expliqua que l’Animaegi, le Roi Corbeau, était le dernier des Ani. Tous les autres avaient été enfermés et scellés par ce dernier lorsqu’un précédent individu avait porté Heavenly Sword, il y a de cela des millénaires.

« Quand j’ai affronté Bohan, je me suis retrouvée dans une autre dimension à un moment... nota Nariko. Un endroit hors de l’espace et du temps.
 -  La dimension des Animaegi... Son refuge. Vous l’avez grièvement blessé, et le Roi Corbeau a perdu le contrôle sur les Animaegi qu’il avait enfermé.
 -  Alors... J’ai contribué à les libérer ? réalisa-t-elle subitement.
 -  Indirectement, oui... Et celui que vous pourchassez dispose d’un hôte permanent à Nexus Quelqu’un qui a commencé à faire parler de lui il y a quelques semaines. »

Et, avant même que Maximus en prononce son nom, Nariko savait déjà le nom qu’il allait dire :

« DeathClaw. »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le dimanche 21 octobre 2012, 22:50:17
Alastyn écouta en silence, il tendait l’oreille vers ce que disait Maximus tout en feuilletant les différents livres sans réellement faire attention à ce qu’il y trouvait, étant plus concentré sur son écoute que sur le regard. Il referma alors le denier et retourna observer le jardin à coté de Kaï. L’air de dehors lui faisait du bien, il préférait écouter le cours de l’archevêque en se sachant moins enfermé que dans cette véranda. Il écoutait, retenant chacun de ses questions, laissant l’orateur terminer son histoire. Après tout, il se dit que s’il le coupait à chaque fois pour poser une question dont la réponse se trouvait plus tard dans le récit, ce serait une perte de temps et moins ils perdaient de temps, plus vite ils pourraient partir. Il ne savait pas pourquoi il avait passé son temps à mémoriser le palais, le jardin alors qu’il se sentait mal ici. Sa manie de regarder les lieux où il se trouvait était pratique pour son pouvoir mais il ne voulait pas toujours retenir les endroits, et encore moins s’y téléporter.

Quand le sujet de la libération des Ani fut entamé, Alastyn observa plus attentivement les deux intervenants et se dit que la guerrière devait se sentir responsable de l’arrivée de ces démons sur Terra. Ça devait représenter un gros poids sur sa conscience, une erreur à réparer au plus vite si possible. Le problème était de savoir comment les atteindre au mieux, comment les éliminer pour du bon sans risquer d’en relâcher de nouveaux. Cette histoire devenait de plus en plus compliquée, de plus en plus dangereuse, que ce soit pour Kaï et Nariko que pour lui-même. Il revint alors vers la table et croisa les mains derrière le dos.

« J’imagine que si l’hôte permanent meurt, le démon ne meurt pas, ma question sera donc la suivante. N’y a-t-il pas un moyen de faire sortir l’esprit du démon de l’hôte et de le tuer une fois dehors ? »

Il était conscient que se soucier de la vie de quelqu’un qui était votre ennemi n’était pas la meilleure solution mais il ne pouvait se résoudre à donner la mort ou laisser faire si c’était possible d’éviter ça. Pour lui, la seule cible était le démon lui-même et non pas celui que l’on appelait DeathClaw.

« Faire sortir un Animaegi d’un corps humain est compliqué mais c’est ce à quoi j’avais pensé. »

Il expliqua alors que l’animaegi, une fois libéré, chercherait probablement à s’enfuir mais aussi qu’Heavenly Sword pourrait tuer le démon dans sa forme pure. Il leur dit également que l’Ordre disposait d’artefacts pour bloquer temporairement les démons noirs. Alastyn avait écouté tout ça avec sérieux, il était resté près de Nariko et Maximus, comme s’il se sentait soudainement beaucoup plus affecté par cette histoire qu’il ne semblait l’être auparavant.

« - J’ai encore une question qui me tourne en tête. Savez-vous si les démons peuvent communiquer entre eux et combien sont-ils ?
- Nous ne savons pas grand-chose sur le sujet et tout ce que je pourrais vous dire ne serait que suppositions et hypothèses. Certains disent même qu’il n’y en a qu’un qui s’est scindé en plusieurs autres. Néanmoins, il est possible que ces démons se détestent, qu’ils se haïssent mais tout ceci n’est qu’hypothèses, suppositions infondées. »

Alastyn écouta alors, hochant la tête pour montrer qu’il avait compris ce que disait l’archevêque. L’histoire de la haine qu’ils se voueraient entre eux corroborait le fait qu’il n’y ai qu’un seul démon dans tout Nexus. Un seul pour monter une révolution et faire tomber l’Ordre qui les chassait depuis si longtemps. Ensemble ils auraient pu être plus forts mais là, le fait qu’il n’y en ai qu’un ne pouvait signifier que deux choses, soit il était assez fort pour y arriver seul, soit ils ne se parlaient pas, que ce soit à cause de leur haine ou l’impossibilité de l faire, et alors là, ce démon ci aurait agi seul. Au moins la possibilité de l’isolement du démon le rassurait un peu, une fois celui là vaincu, il serait tranquille par rapport à ça et pourrait reprendre sa vie normale.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mardi 23 octobre 2012, 14:26:22
Maximus répondait aux pertinentes questions d’Alastyn, et, après avoir satisfait la curiosité de l’homme, il leur parla un peu de ce bandit, qui se faisait surnommer DeathClaw. C’était un fermier qui avait perdu toute sa famille par les fautes de chevaliers qui avaient abusé de leurs privilèges. Le jour de son mariage, les hommes de son seigneur, Sire Langlay, accompagnés du fils du souverain, un bâtard qui n’avait jamais accepté sa lignée, avaient forcé ce dernier à faire l’amour avec sa promise. Terrorisé, celui qui devait devenir l’une des terreurs de Nexus s’y était pris comme un manche, et les hommes avaient fait le boulot à sa place, lui montrant comment un homme devait se comporter. Ils avaient ensuite tué tous les témoins, conscient que le seigneur, s’il apprenait ceci, s’énerverait. La ferme avait brûlé, mais le fermier avait survécu. Fort logiquement, cet épisode avait traumatisé DeathClaw, qui avait alors rejoint les bandits sévissant dans la région, et tenté de mener une révolte paysanne contre le seigneur local.

« Le camp était dirigé par un ancien croisé, Sire Julien d’Osprey. »

Le jeune DeathClaw avait été rapidement formé par d’Osprey en personne, sa haine et sa rage lui ayant permis de rapidement apprendre à se battre. Langlay, de son côté, envoyait ses hommes dans la forêt pour chasser les bandits, et ces derniers réussirent à en tuer un certain nombre. Ils avaient ensuite réussi à rallier à leur côté bon nombre de villageois, mais leur siège avait été brisé par Langlay. Des brigands avaient trahi le camp en divulguant, contre des pièces d’or, la localisation de leur campement. Langlay avait utilisé des balistes incendiaires et de nombreux archers et arbalétriers pour abattre les brigands. Osprey avait été humilié en place publique, puis pendu. Sa carcasse avait été accrochée aux murs du château d’Osprey, jusqu’à ce que les corbeaux dévorent sa carcasse, et qu’on ne décide de le jeter dans un charnier.

DeathClaw, cependant, avait survécu, et avait préféré se rendre à Nexus. Physiquement, DeathClaw était un individu massif, un géant particulièrement costaud, et il était probable que c’était à Nexus que l’Animaegi l’avait repéré. Comment ? Pourquoi ? C’était un grand mystère. A Nexus, DeathClaw avait rapidement trouvé, dans certaines auberges, des cellules révolutionnaires. Osprey était en effet un fervent révolutionnaire, et avait voulu renverser Langlay, un puissant noble. Sa mort était un coup dur pour ces mouvements révolutionnaires, mais leur détermination n’en fut guère affaiblie. Ils acceptèrent DeathClaw après lui avoir soumis un test, en l’invitant à tuer des gardes nexusiens. L’homme l’avait fait sans hésitation.

« Je connais son passé, car j’ai pu accéder aux rapports des miliciens ayant enquêté sur lui, précisa alors Maximus. Les années se sont écoulées, et, peu à peu, on a appelé notre homme « DeathClaw ». Ce surnom lui est resté. Notre homme utilise comme armes de combat de longues griffes en acier, d’où son surnom. »

DeathClaw était devenu un chef révolutionnaire, dont la tête était mise à prix par les autorités. Il avait été jusqu’à tuer les miliciens le poursuivant, et sévissait essentiellement à Nexus, se terrant dans les bas-fonds, probablement dans des bordels. L’Ordre s’était progressivement intéressé à lui, jusqu’à envoyer une sœur dans un bordel. Il avait fallu à cette dernière des mois pour obtenir des informations, mais elle avait pu confirmer que DeathClaw abritait bien un Animaegi. Dès lors, son élimination devenait une priorité absolue, mais, pour des raisons évidentes, elle se faisait dans un contexte politique complexe. L’Ordre tenait beaucoup à son image, et, si on se mettait à assassiner des révolutionnaires, le peuple pouvait se révolter contre l’Ordre.

« Les Cardinaux ne veulent pas perdre le clergé de Nexus, expliqua tout simplement Maximus.
 -  Alors, c’est à nous de faire le sale boulot, c’est ça ? comprit Nariko.
 -  Non. Vous envoyer tous les deux dans le repaire de DeathClaw serait une mission-suicide, mais, dans la mesure où vous êtes la seule qui puisse tuer l’Animaegi, vous comprendrez que je vous demande votre aide. »

Maximus se leva, et développa ses explications. La sœur qu’ils avaient envoyé, Orphée, était une belle femme, qui n’avait eu aucune difficulté à se faire passer pour une prostituée de talent. Sa couverture, proche de la réalité, était celle d’une sœur s’étant enfuie d’un couvent de l’Ordre, ce qui, dans un sens, était vrai. Les clients préféraient généralement les religieuses. Ce que les clients en question ignoraient, c’est que ce couvent n’était pas qu’un simple couvent, mais une véritable école de formation, afin de développer des guerrières, et de les utiliser pour s’infiltrer dans des positions difficiles. L’Ordre avait réussi à obtenir l’aide des Nexusiens, et, tandis que les yeux seraient rivés sur la manifestation qui aurait lieu à la place du marché, une escouade passerait par les égouts pour rejoindre le repaire de DeathClaw, une auberge isolée dans les bas-fonds, près du bordel où Orphée travaillait.

« DeathClaw a transformé cette auberge en une petite place forte. Il a la mainmise sur une mafia locale, et ses hommes surveillent l’auberge scrupuleusement. Sachez toutefois que le bordel est relié à l’auberge. Nos hommes attaqueront par une petite cour à proximité. Ce que je vous demande, c‘est de vous tenir prêt à utiliser Heavenly Sword contre l’Animaegi. »

Pour cela, l’Archevêque comptait utiliser un artefact précieux, une orbe de magie sacrée, la plus pure des magies. Face à cette orbe, l’Ani’ serait obligé de fuir… Du moins, Maximus l’espérait. Il prendrait alors sa forme animale, et seule Heavenly Sword pourrait le tuer. Dans la mesure où il était moins puissant que le Roi Corbeau, Maximums espérait que Nariko le tuerait. Maximus n’avait toutefois pas fini ses explications, et avait conservé le meilleur pour la fin. La magie sacrée était la plus capricieuse des magies, et il fallait une âme pure et noble pour la manier, ce qui valait aussi pour les orbes magiques.

« C’est un paladin qui mènera notre opération. Frère Vanguard est l’un de nos paladins les plus dévoués, et c’est lui qui portera l’orbe. Tout ce que je vous demande, c’est de vouloir nous aider à venir à bout de cette menace. Vu votre… Vu votre beauté, je pense que vous n’auriez aucune difficulté à pouvoir rentrer dans la maison de charme… Vous, vous n’aurez qu’à vous faire passer pour son proxénète… »

Nariko fronça les sourcils. Se faire passer pour une pute ? Devait-elle égorger sur place l’Archevêque pour une proposition aussi infamante ?

« Ce n’est qu’une suggestion, n’allez pas faire de fausses interprétations. Vous pouvez aussi entrer en force, ou contacter Orphée. Elle est chez elle, dans les bas-fonds. Je peux vous communiquer son adresse, si vous le désirez. »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mardi 30 octobre 2012, 19:49:16
Alastyn écouta tranquillement l’histoire de l’archevêque sans bouger, sans parler. Il enregistrait les informations données par l’homme de foi et tiqua quand Nariko posa une question. Évidemment que l’ordre voulait les utiliser pour éliminer de DeathClaw et leur faire porter la responsabilité si jamais ça se passait mal. Une seule embrouille dans le plan et tout leur retomberait dessus. Il savait que l’image projetée par l’ordre était importante et qu’ils seraient prêt à tout pour la garder intacte mais il continua à écouter.

Au moment où Maximus proposa à Nariko de pénétrer à l’intérieur de la maison de charme, Alastyn se retint de parler, laissant l’archevêque finir son histoire. A sa dernière phrase, il était évident que les expressions faciales de Nariko et Alastyn avaient été perçues clairement. L’idée même de se faire passer pour un proxénète ne lui allait pas du tout, il ne se voyait vraiment pas dans ce rôle et Nariko ne devait pas se voir non plus dans celui de la prostituée. L’ESPer s’installa alors sur une des chaises autour de la table et croisa les bras sur la table.

« J’imagine que l’entrée en force ne sera pas facile donc je pencherais pour l’adresse de votre Orphée. »

Cette mystérieuse sœur pouvait bien leur donner quelques renseignements utiles concernant DeathClaw mais Alastyn se doutait que l’archevêque avait sûrement déjà toutes les informations. En fait, il avait penché pour cette solution car il se voyait mal entrer en force dans le repaire, il savait bien que Nariko était forte, il l’avait vue combattre mais combien d’ennemis pourrait-elle vaincre avant de céder, ça, il préférait ne pas le découvrir. Il se tourna alors vers Nariko.

« Je te laisse choisir l’entrée que tu préfères, je tenterai de te couvrir un maximum quelque soit ton choix. »

Il était conscient que c’était la première fois qu’il était aussi familier lorsqu’il lui parlait mais il ne voulait simplement pas la vouvoyer devant l’archevêque. Pour la couverture, il savait déjà comment faire, comment l’aider. Il n’avait qu’à l’aider à avoir une mobilité accrue et ça, il pouvait le faire aisément. Les ennemis ne sauraient plus où donner de la tête, la voyant frapper dans tous les sens et le démon se montrerait certainement bien plus vite avec l’entrée en force mais celle-ci impliquait de mettre fin à des vies.

Il se releva alors et alla à nouveau observer les jardins du palais. Cette vue le calmait, il voyait déjà l’avenir, lorsque ce démon serait mort. Il pourrait enfin être de nouveau libre, il pourrait à nouveau repartir sans avoir à se soucier de cette chasse dans laquelle il pourrait finir dévoré. Il soupira alors doucement en baissant la tête et revint à la discussion qui continuait autour de la table.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mercredi 31 octobre 2012, 15:53:06
Des deux options que Maximus préférait, Nariko préférait largement pénétrer en force, et égorger tout ce qui bouge. Heavenly Sword était une arme puissante, et elle avait déjà affronté des bataillons entiers, à l’époque où elle affrontait les forces de Bohan. Partant de là, de simples malfrats en pouvaient pas vraiment l’inquiéter, même s’ils s’étaient retranchés dans une auberge. Nariko avait combattu bien des ennemis, et être en infériorité numérique était pour elle une habitude. Elle se voyait très mal se faire passer pour une prostituée, d’autant plus que ceci reviendrait à se séparer de son épée. Or, Nariko ne délaissait Heavenly Sword qu’en de très rares occasions.

« Je te laisse choisir l’entrée que tu préfères, je tenterai de te couvrir un maximum quelque soit ton choix. »

Sur le coup, elle ne se souvenait plus qu’Alastyn l’ait déjà tutoyé auparavant. Était-ce à cause de la présence de l’archevêque ? Ou pour d’autres raisons ? Sur le coup, Nariko ne savait pas quoi en penser. Elle regarda brièvement Kaï, qui semblait assez détachée de cette conversation, comme à chaque fois. Elle regardait le jardin en penchant la tête de droite à gauche, levant parfois les mains comme pour saisir un objet invisible. Réalisant qu’on l’observait, elle tourna la tête vers Nariko, une expression de curiosité perplexe sur son regard. Puis elle retourna à sa méticuleuse exploration, et Nariko reporta son attention sur Maximus.

Ils allaient bientôt retourner dans les bas-fonds. Si DeathClaw était vraiment un Animaegi, alors Nariko devait y aller sans plus tarder. Elle ignorait jusqu’à quel point elle devait croire le discours de Maximus, mais, en toute honnêteté, si ce dernier avait voulu lui tendre un piège pour s’emparer d’Heavenly Sword, il aurait inventé un plan bien moins compliqué. Et, s’il en savait vraiment autant sur l’épée que ce qu’il disait, alors il savait que l’épée ne pouvait pas être portée par n’importe qui. Nariko l’avait dompté, mais personne ne pouvait vraiment réussir à maîtriser l’épée. Elle lui appartenait, jusqu’à ce que l’arme en décide autrement.

« Allons voir cette Oprhée, et nous aviserons ensuite... »

Maximus hocha la tête, et leur communiqua donc l’adresse, ainsi que des indications pour s’y rendre. Nariko n’avait plus rien à faire ici, et entreprit de partir, quand l’Archevêque leur rappela de se méfier. Dehors, la manifestation avait probablement commencé, et se déplacer dans les bas-fonds risquait de ne pas être simple. En sortant du palais épiscopal, Nariko réalisa qu’on n’entendait toujours pas les clameurs de la ville. Il en serait sûrement différent quand on commencerait à descendre de la falaise.

« Retournons dans le monde réel... » lâcha Nariko en regardant brièvement Alastyn.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mardi 27 novembre 2012, 09:56:41
Alastyn fut légèrement soulagé que Nariko ne choisisse pas tout de suite la voie de la brutalité mais il continuait de penser qu’après avoir rendu viste à Orphée, elle foncerait sûrement dans le tas. Il écouta les indications données par Maximus et repartit, suivant Nariko. Au moment où Maximus leur rappela de se méfier, l’ESPer, tournant le dos à l’archevêque, eut un air de dédain et murmura pour lui-même
« Comme d’habitude. »

Une fois dehors, le calme des rues revenait enfin. Finit les discussions, les plans de bataille et l’étrange atmosphère qu’il avait ressentie en étant dans ce palais. Cette fois, l’air de la ville lui fit un peu de bien.

« Retournons dans le monde réel... »

Il tourna alors son regard vers Nariko et acquiesça sans trop savoir que dire. Après cette longue conversation, il ne savait plus vraiment que dire ni que faire sinon aller voir cette ancienne sœur. Alors qu’ils redescendaient, passant à nouveau les portails gardés, Alastyn s’avança un peu plus et observait l’horizon. Son regard se posait constamment sur la ligne où l’eau de la mer rejoignait le bleu du ciel. Il finit par observer Nariko encore une fois.

« J’imagine que vous allez rejoindre votre clan une fois que vous aurez l’aide de l’Ordre, continuer à chasser ces démons, je me trompe ? »

Il reposa ensuite son regard vers ses pieds et continua de suivre le chemin menant vers les bas-quartiers de Nexus. Peu à peu, des voix commencèrent à s’élever dans l’air et Alastyn se surprit à avoir oublié cette manifestation.

« Eh bien, on dirait que ça a commencé, ça va pas être facile de bouger parmi la foule. »

Il avait prononcé son dernier mot avec une intonation étrange par rapport à ses habitudes. Normalement, il parlait plutôt calmement et sans rien laisser paraître mais, là, on pouvait facilement comprendre qu’il n’aimait pas être au milieu de tant de gens, il se voyait déjà à devoir se frayer un chemin. L’idée des bagarres, des gens qui se bousculent et du désordre régnant ne lui plaisaient guère et pourtant, il devrait faire avec le temps d’arriver chez cette femme dont ils ne connaissaient absolument rien sinon ce que Maximus leur avait laissé savoir.

Intérieurement il doutait, se demandant si, à la longue de rester là-bas, elle n’avait pas rejoint le gang de ce DeathClaw et si elle ne le préviendrait pas de leur arrivée et du risque qu’il courait. Finalement, il chassa ses idées et continua sa route, se laissant guider par ses pas et les indications de l’archevêque.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mardi 27 novembre 2012, 22:25:31
Nariko quitta le quartier des Colombiers, en compagnie de Kaï et d’Alastyn. La petite Kaï était perturbée par tout ce qu’elle avait vu, sa tête oscillant de droite à gauche, exprimant là son désarroi et sa surprise. Ses grands yeux ébats clignotant témoignaient également de sa stupeur. Nariko retrouva le long chemin menant des falaises à la ville, et aperçut, au loin, la ville. Elle s’étalait à perte de vue. Ce n’était pas la plus grande ville du monde pour rien. Nexus concentrait à elle une écrasante partie des flux commerciaux mondiaux, qu’ils soient terrestres ou maritimes. Son immense port était une interface maritime majeure, et, depuis cette position, on pouvait voir la succession de digues et de phares entourant et protégeant le port. On pouvait même voir l’enceinte de l’arsenal de Nexus, avec ses hautes tours, et ses nombreux navires de guerres. La flotte maritime de Nexus était l’une des plus puissantes du monde. Si Ashnard avait une suprématie militaire terrienne, Nexus disposait du contrôle des mers, même par rapport à Tekhos.

« J’imagine que vous allez rejoindre votre clan une fois que vous aurez l’aide de l’Ordre, continuer à chasser ces démons, je me trompe ? »

Elle sursauta, la phrase d’Alastyn l’ayant fait sortir de ses réflexions. Nariko haussa les épaules.

« J’étais venue ici pour trouver un soutien politique afin d’aider mon clan à se reconstruire. C’est visiblement un échec. »

L’Ordre ne pourrait pas soutenir le clan de Shen contre les Ashnardiens. Ce dernier avait déjà bien du mal à faire respecter son autorité auprès de l’Empire, et, dans la mesure où il apparaissait de plus en plus comme certain que, tôt ou tard, l’Empire poserait ses drapeaux à Nexus, l’Ordre n’allait pas s’opposer au futur vainqueur. Du peu que Nariko avait observé de Nexus, elle ne voyait vraiment pas comment le royaume pourrait repousser les hordes impériales. Cette guerre d’usure tournait en la défaveur des Nexusiens, et la guerre civile qui se profilait dans l’immense ville ne faisait que confirmer ce sentiment.

Le trio descendit, se rapprochant de la place du marché, où on pouvait entendre les échos lointains de la manifestation. Ça bardait sévère.

« Eh bien, on dirait que ça a commencé, ça va pas être facile de bouger parmi la foule.
 -  Il va falloir trouver d’autres passages. »

La place du marché était fermée, et, en s’approchant, Nariko vit que plusieurs gardes formaient un cortège entourant une foule de gens en colère qui hurlaient.

« La corruption doit cesser ! disaient les plus polis.
 -  Que tous ces coupe-jarrets aillent se faire enculer dans une basse-cour et nous rendent notre or ! » rugissaient les moins polis.

La tension était nerveuse, notamment entre les gardes et les manifestants. Une émeute était imminente, et Nariko choisit de s’écarter. Rejoindre Orphée et les bas-fonds n’allait pas être simple, et elle entra dans une auberge, passant par une porte à l’arrière qui menait dans une petite ruelle. Le tenancier était trop occupé à surveiller ce qui se passait dans la rue pour s’occuper des trois qui passèrent par l’arrière. Nariko avançait rapidement, et entendit les tumultes de l’autre côté.

« Vous n’avez pas le droit de vous réunir sur la place du marché ! hurlait l’un des soldats.
 -  On y restera tant qu’on veut, l’escroc ! »

La situation était effectivement particulièrement tendue, et risquait à tout moment de dégénérer... Ce qui finit par arriver. L’un des manifestants était un individu qui avait toutes les raisons du monde d’être aigri. Sa femme avait été violée par plusieurs soldats, et, il y a à peine quelques jours, le juge avait prononcé la relaxe des prévenus, déclenchant la colère de l’homme. En voyant ces gardes, il sentit sa fureur naître. Attrapant un caillou, il visa soigneusement, et le balança sur le front d’un des soldats, lui ouvrant la boîte crânienne, et faisant couler son sang.

Ce fut l’étincelle qui mit le feu aux poudres.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le lundi 10 décembre 2012, 13:04:11
« J’étais venue ici pour trouver un soutien politique afin d’aider mon clan à se reconstruire. C’est visiblement un échec. »

Alastyn ne sut que répondre à ça, il aurait voulu rester optimiste face à une telle fatalité mais savait que ce serait inutile. La révolte qui grondait plus bas contredirait tout ce qu’il aurait pu avancer comme arguments. Cette fois, l’une de ses plus grandes peur le rattrapait, il se sentait terriblement inutile, même pas capable de remonter le moral de quelqu’un, ne croyant lui-même pas à ce qu’il aurait pu dire.

L’idée de l’autre passage n’était pas si mauvaise dans le fond, si tout le monde se rassemblait au même endroit, une fois la foule passée, ce serait beaucoup plus simple de circuler. Il suivit alors la rousse et sa compagne et pénétra à l’arrière d’une auberge. De là où ils étaient, le tenancier ne les voyait pas, trop absorbé par les tumultes extérieurs, mais, eux, pouvaient voir ce qu’il se passait dans la rue et dans l’établissement publique.

Alastyn vit la pierre voler et tendit le bras pour l’envoyer ailleurs mais se ravisa, préférant éviter de les faire remarquer. Ils étaient là sans être entrés normalement, sans autorisation du patron et montrer leur présence mettait toute leur entreprise par terre. Le caillou atteignit alors le garde au front et l’ESPer détourna le regard pour éviter de voir couler le sang. Sa position dans l’affaire ? Neutre… Oui, il était neutre. C’était un étranger, comme les deux filles qu’il suivait mais il voulait aider, il voulait pouvoir calmer les esprits échauffés de dehors mais à lui seul, il ne pouvait rien et s’en mordit la lèvre supérieure.

Une fois le garde au sol, envahit par son propre sang, le calme se fit. Une, deux, trois secondes avant que tout ne dégénère. Les habitants se mirent à brandir ce qu’ils trouvaient, râteaux, pierres, haches, couteaux tandis que les gardes se préparèrent à sévir avec leurs équipements autrement plus adaptés que ceux des manifestants. Leurs lances piquèrent les corps des premiers révolutionnaires, envoyant encore plus de liquide rougeâtre colorier les pavés de la chaussée, juste devant l’auberge dans laquelle ils étaient.

Tout en continuant d’avancer, le jeune homme réfléchit, tenta de se repérer dans la ville par rapport à ce qu’il avait vu en regardant au dehors quelques secondes… Quelques secondes, ça n’aurait certainement pas suffit à un humain sans pouvoirs, mais lui, son pouvoir lui offrait également une excellente mémoire visuelle, chose très importante pour lui. Le grand bâtiment d’en face, il l’avait déjà vu, la pièce qu’ils venaient de traverser, il y était déjà entré. Après avoir remis de l’ordre dans sa tête malgré le brouhaha extérieur, il se rapprocha beaucoup plus des deux femmes et murmura.

« Je sais comment aller plus vite pour passer, j’ai vu où nous étions. »

Il plaça alors une main sur les épaules des filles et se concentra, fermant les yeux pour mieux voir le lieu d’arrivée. C’était son moment, l’instant qui leur ferait gagner du temps et courir moins de risque en arrivant un peu plus loin. La seule chose qui lui donnait de la difficulté, c’était de téléporter les deux en plus de lui. A deux, il l’avait déjà fait quelques fois, à trois jamais. Il concentra toute sa colère, se focalisa sur la rue un peu plus loin et ils se retrouvèrent instantanément au dehors de l’auberge, dans une rue plus calme.

Il lâcha alors les deux guerrières, s’adossa au mur le plus proche et posa une de ses mains sur son front. L’effort qu’il venait de faire l’avait privé d’une grande partie de ses forces. Il tourna vaguement la tête pour tenter de voir quelque chose mais sa vue était obstruée, il ne voyait rien de clair. Sa tension avait chuté, s’il ne s’était pas adossé au mur, il aurait certainement chuté. Il leva alors son bras droit et pointa la sortie gauche de la rue dans laquelle ils se trouvèrent.

« Par là. »

Ce furent ses seuls mots avant qu’il ne relâche sa tête et se redresse. Il entama ensuite la marche, comme s’il n’avait pas eu de problème juste avant.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mercredi 12 décembre 2012, 20:58:05
La situation était en train de dégénérer, d’échapper à tout contrôle. Le sol tremblait, et la colère des habitants était à son paroxysme. Nariko, Kaï, et Alastyn, étaient entre deux feux. D’un côté, des paysans déchaînés ; de l’autre, des soldats en colère. Nariko n’avait clairement pas envie de se retrouver entre les deux. Il fallait rejoindre au plus vite l’auberge, et, alors qu’elle cherchait une solution, elle sentit l’une des mains de l’ESPer se poser sur son épaule. Il toucha également Kaï. Surprise, Nariko tourna la tête, mais, en voyant l’homme se concentrer, elle comprit qu’il cherchait quelque chose... Probablement à les amener à se téléporter. Elle fit donc signe à Kaï de ne pas s’éloigner de lui, de se laisser faire. Nariko sentit comme d’étranges vibrations émaner de son dos, et comprit qu’Heavenly Sword réagissait à l’usage de la magie. Le trio disparut alors, comme par enchantement, avant de se retrouver dans une petite cour. On entendait encore les bruits de la bataille, mais ils étaient un peu plus éloignés... Pour le moment, en tout cas.

Surprise de se retrouver instantanément d’un endroit à un autre, Nariko eut une légère sensation de vertige, et posa une main sur sa tête. Elle secoua cette dernière, reprenant son souffle. Ils étaient dans une sorte d’impasse, avec une rue qui descendait le long de bâtiments similaires à droite et à gauche. Alastyn semblait également assez épuisée. Il n’y avait que Kaï qui avait semblé la moins atteinte, cherchant déjà comment accéder aux toits.

« Kaï veut se tenir en hauteur, glissa-t-elle à Nariko.
 -  Pas de problème... Mais méfie-toi, Kaï. »

Kaï lui fit un léger sourire, et grimpa sur un tonneau, puis de là, atteignit le balcon d’une terrasse, une toiture, et se retrouva sur un mur, puis sur un toit. Elle était terriblement agile, mais il y aurait sûrement des archers sur les toits. Le trio ne pouvait pas rester là, car la bataille, forcément, allait dégénérer. Nariko regarda Alastyn, attendant que ce dernier se remette. Ce dernier se releva alors de lui-même, et se mit à marcher, lâchant de sobres mots.

« Par là. »

Nariko ne dit rien, et le suivit. Le duo avança le long des rues, entendant les bruits de combats, des explosions, des hurlements. La rue menait à une série d’autres rues, mais ils se rapprochèrent d’une rue un peu plus grande, et virent que les habitants étaient en train de dresser des barricades, se dépêchant d’agir. D’autres couraient rapidement, mais ils ne s’en prenaient pas à Nariko ou à Alastyn. Ils n’avaient pas d’uniformes, et Nariko décida de se mélanger à la foule. Elle se dirigea vers des révolutionnaires se tenant dans un café.

« Il est temps d’en finir avec ces corrompus ! s’exclama un homme.
 -  Les armes sont prêtes, mais ils nous ont repoussé sur la place du marché...
 -  C’est sans importance ! Nous les prendrons en tenaille dans les ruelles !
 -  Je ne suis pas rassuré pour autant. »

L’autre révolutionnaire le poussa, visiblement mécontent de son scepticisme.

« Qu’est-ce que tu veux alors, hein ? Que la situation reste comme elle est ? Qu’on continue à travailler au port quinze heures par jour, avec un salaire qui sera englouti par les impôts et par l’inflation ? Il est l’heure de prendre les armes, de résister à l’oppression ! »

Une ambiance assez survoltée régnait dans l’auberge. Nariko s’avança prudemment, jusqu’à ce qu’un homme la remarque.

« Voilà une révolutionnaire comme je les aime ! rigola l’homme, avec un regard coulant de désir sur les formes de Nariko.
 -  Je cherche le repaire de DeathClaw.
 -  Que lui veux-tu ?
 -  Il a mandé ma présence...
 -  Ah vraiment ? Son repaire est assez éloigné. Tu devrais plutôt rester ici... On est bien ici. »

Nariko fronça les sourcils, comprenant que l’homme, non seulement n’avait pas envie de l’aider, mais semblait aussi éprouver un certain désir pour elle. D’autres rebelles, intéressés, s’étaient rapprochés, parlant entre eux, observant les belles formes de cette femme, se léchant les lèvres, allant même jusqu’à presser leurs sexes. Il s’agissait de rustres, pas d’hommes instruits ou vraiment cultivés. Un révolutionnaire se rapprocha alors. On lisait l’intelligence dans ses yeux bleus.

« Je m’appelle Marcus, se présenta-t-il. Et vous êtes ?
 -  Nariko.
 -  Un joli nom pour une jolie minette ! » commenta un docker en posant une main sur son épaule.

Nariko se débattit, mais ce fut Marcus qui agit, en poussant l’homme, l’envoyant s’étaler sur le sol.

« Tu te crois où, Tom ?! » s’exclama Marcus, furieux.

Il portait une longue veste verte, un treillis, et se retourna vers Nariko.

« Vous portez une belle épée... Vous devriez être sur le front. Les soldats ne vont pas tarder à débarquer par ici. »

Comprenant qu’elle aurait plus de chances en se faisant passer pour une révolutionnaire, Nariko commença à inventer un mensonge, qui n’en était pas vraiment un.

« Je pense que les Nexusiens vont envoyer des troupes par les égouts pour attaquer DeathClaw. Je vais lui apporter des nouvelles, mais il faut que je m’y rende le plus vite possible...
 -  Soit... Dans ce cas... »

Marcus entendit alors des hurlements, des sifflets, et sortit rapidement dehors. Plusieurs barricades avaient été dressées le long de la rue, et on entendait les rebelles hurler, arguant que les soldats approchaient. Nariko vit alors des cavaliers s’approcher rapidement, sautant par-dessus les barricades, suivis par des soldats, renversant les paysans. Les lames en fauchèrent plusieurs, et, depuis la terrasse de l’auberge, des archers et des arbalétriers tirèrent sur les cavaliers, parvenant à en atteindre un au plastron, le faisant tomber sur le sol. Un autre cheval fut arraisonné par plusieurs paysans, et son cavalier donna des coups d’épée au hasard, avant d’être déstabilisé, et de tomber sur le sol. On balançait des cailloux sur les soldats qui tentaient de passer par-dessus les barricades, donnant lieu à un combat assez compliqué à analyser.

« Bordel... Repoussez-les ! » hurla Marcus, s’écartant de Nariko.

La guerrière se mordilla les lèvres, et porta la main à son épée. La première barricade venait de se rompre, et les soldats déferlaient sur l’auberge où Nariko et Alastyn se trouvaient. Impossible de fuir. Tenant son épée, elle vit un Nexusien planter son fléau dans la tête d’une femme, envoyant cette dernière s’écraser sur le sol. Ils défonçaient les portes, attaquant de simples villageois. Nariko s’avança vers plusieurs soldats qui traînaient une femme dans une ruelle, et en égorgea un. Elle envoya son pied frapper un soldat dans le ventre, avant de le tuer également. Le troisième soldat, qui avait commencé à déshabiller la femme, se retourna, une lueur épouvantée dans le regard.

« Non, pitié ! »

Nariko n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit que la femme qui avait faille être violée attrapa l’un des poignards des soldats, et l’enfonça dans la poitrine de l’homme.

*Me voilà au cœur de cette révolte...*
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le jeudi 13 décembre 2012, 12:54:57
Alastyn suivait Nariko, sans rien dire, se contentant simplement d’observer l’agitation qui régnait en ces lieux. Il savait que Kaï les suivait de là-haut, il les avait entendues parler, à défaut de les voir à ce moment là. Malgré ça, il était nerveux, mal à l’aise. La bataille n’était pas son domaine de prédilection, il avait vécu reclu de toute société pendant tant d’années et voir tout ce qui se passait en dehors de la cellule qu’il avait habité lui demandait beaucoup d’efforts pour s’y habituer. Cela faisait maintenant quelques temps qu’il était sorti mais rattraper plus d’une dizaine d’années n’était pas chose aisée. La foule, il se sentait toujours à l’écart, incompris mais, quelque part, c’est lui qui cherchait cet isolement qui le réconfortait.

Malgré la distance qu’il avait prise par rapport à la masse, il gardait toujours un œil sur la rousse, elle avait beau être forte, il ne savait pas jusqu’à quel point elle pouvait se défendre seule. Lorsque le révolutionnaire loucha sur les formes de Nariko, Alastyn faillit l’envoyer ailleurs mais il se contenta de penser que ce n’était qu’un crétin, un pervers de première catégorie qui n’aurait pas hésité à sauter sur l’occasion qu’il avait eu cette nuit. Il revit alors les différents moments, de la veille au soir à ce matin, à la sortie de son bain et rougit avant de détourner la tête pour regarder ce que les autres révolutionnaires faisaient.

Au début, rien ne se présentait, tout paraissait calme au milieu de leur agitation… Trop calme peut-être. Il avait un mauvais pressentiment, ils devaient se dépêcher de rejoindre ce foutu DeathClaw et éliminer le démon qui l’envahissait. C’est alors que les cavaliers arrivèrent, suivis d’autres soldats et le massacre commença. Le sang coula, le nombre de morts commençait à grimper furieusement et Alastyn était là, au milieu de tout ça sans savoir que faire. N’ayant pas d’uniformes, les révolutionnaires ne s’attaquèrent pas à lui mais, bientôt, il fut encerclé par plusieurs soldats, lances à la main. Il tourna le regard dans tous les sens, cherchant la guerrière du regard. Trop tard, elle n’était plus à l’intérieur. Il observa alors les lances pointées sur lui et revit le moment où il avait échappé à la mort la veille.

*Tant pis, je n’ai pas le choix, c’est le moment de vérifier.*

Il prit alors position, se calant sur ses appuis et tourna le regard, ils étaient tous autour, formant un cercle pour l’empêcher de fuir. S’ils savaient, si seulement ils savaient ce dont il était capable, alors ils sauraient que tout ça était futile face à lui. Pour vérifier la source de son pouvoir, il devait connaitre à nouveau la peur de mourir et ces soldats allaient lui offrir l’occasion rêvée. Il ne bougea pas, pas plus que les hommes armés, il évalua la situation, s’il bougeait, ils le tueraient, s’il ne bougeait pas, il pourrait peut-être survivre. Curieusement, leur cercle était calme au milieu de la bataille, personne ne bougeait, eux l’observant, prêts à agir et lui, les regardant, cherchant le meilleur moyen de bouger. Il désigna alors l’un d’eux dans sa tête et s’avança vers lui, sachant pertinemment qu’il allait risquer le tout pour le tout. Ses souvenirs lui revinrent, envahirent son esprit et, au moment où le garde allait le frapper, il esquiva le coup, se plaçant de coté. L’homme à gauche balaya alors l’air devant lui avec son arme et Alastyn se baissa par réflexe. La peur ne venait pas, il était en danger et pourtant, il n’avait pas peur de mourir, pas assez en tout cas pour éveiller son pouvoir. Il continua de bouger, peu de temps après, il fut mis à terre par l’un d’eux et vit la pointe de l’arme foncer droit sur lui. Il mit alors les mains devant sa tête pour se défendre et entendit l’un des soldats hurler de douleur.

Celui qu’il avait désigné plus tôt venait de prendre le coup à sa place et tomba, face contre terre dans une mare de sang. Alastyn comprit tout de suite ce qu’il venait de se passer et recommença, chaque coup qui lui était porté déviait inlassablement vers l’un des autres, les éliminant un par un. Quand le dernier fut encore debout, Alastyn tourna la tête, attrapa une lance et la téléporta au dessus du dernier survivant, la laissant retomber. Il fut transpercé, de bas en haut et l’ESPer se releva, fatigué de ce qu’il venait de faire. Il courut alors au milieu de la mêlée, ne sachant pas vraiment ce qu’il allait y faire, changeant les places de certains pour que les révolutionnaires se mettent à prendre l’avantage contre les soldats. Il chercha Nariko, Kaï et vit sa compagne de voyage dans une ruelle.

« Nariko on ne doit pas rester ici. »

Il avait crié cette seule phrase, ne sachant pas pourquoi. Il ne savait même pas pourquoi il l’avait cherchée elle et pas quelqu’un d’autre. Peut-être était-ce par ce que c’était la seule personne en qui il avait confiance dans cette bataille, peut-être simplement parce que c’était la seule qu’il connaissait au moins un peu ou bien était-ce pour une autre raison ? Il n’en savait rien et ne chercha pas à savoir, il s’était juste laissé guider par son instinct. Quand il la vit se retourner, il reçut un coup d’épée au bras, l’entaillant assez pour faire couler son sang et l’engourdir légèrement. La tension qui régnait dans l’air l’envahit et il se laissa aller à la colère, utilisant son autre bras pour envoyer celui qui avait donné le coup sur l’épée d’un autre soldat.

C’est alors qu’il réalisé, il était en train de se transformer en assassin, il commençait à tuer les gens au lieu d’essayer d’aider… Enfin, il aidait un camp, s’étant laissé aller à la vengeance de la femme qu’il avait vue prendre un coup de fléau, l’agression de Nariko la veille… Il venait de comprendre pourquoi les révolutionnaires se battaient mais il refusa de tuer plus, de laisser le sang tâcher sa conscience.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le vendredi 14 décembre 2012, 19:40:54
La bataille faisait rage, donnant lieu à des escarmouches ici et là. Les soldats étaient moins nombreux, mais plus entraînés, et mieux armés. Inversement, les révolutionnaires se battaient avec passion, avec le courage du désespoir, et étaient nombreux. Les cavaliers étaient déstabilisés, mais les soldats nexusiens ne comptaient pas se laisser faire. Nairko voyait des cadavres tomber un peu partout, et poussait des hurlements de rage, affrontant plusieurs groupes de soldats. Elle en repoussa un avec le pied, l’envoyant glisser sur le sol, et frappa avec Heavenly Sword, égorgeant un soldat. Sa grosse épée fondait sur les ennemis, et elle se battait parfois avec des chaînes, s’en servant pour faucher les membres des adversaires. Elle évita un fléau en s’abaissant, et frappa l’homme au ventre, répandant des gerbes de sang. Son énorme épée était un atout non négligeable. Depuis une corniche, Kaï soutenait également Nariko, ses tirs précis fauchant avec une extrême précision les nombreux ennemis. Des archers et des arbalétriers ennemis se positionnaient également, et des rebelles sur des terrasses tombèrent, fauchés par les tirs.

« Neutralisez ces pisse-jarrets !
 -  Sus aux rebelles ! »

Les soldats nexusiens étaient acharnés, fondant dans la masse. Nariko para une épée, et tournoya sur elle-même, tranchant un bras et s’enfonçant dans une armure, tuant un autre ennemi. Elle aperçut alors un cavalier foncer sur elle. Elle para avec son épée, faisant rebondir la lame, et dut fléchir les genoux. Dans son dos, un soldat en profita pour tenter de la planter avec sa pique, mais un carreau vint lui transpercer la tête, perçant son casque léger. Son sang éclaboussa le visage de Nariko, qui s’avança sur deux autres soldats, les tuant rapidement. Elle frappait fort et vite, manquant rarement ses coups, faisant preuve d’une précision mortelle. Elle poussait des cris guerriers, et un autre soldat tenta de l’attaquer. Il leva bien haut son épée, faisant briller les rayons de soleil. L’épée fondit sur elle, et elle l’évita en bondissant sur le côté. Sans armure, elle était beaucoup plus souple, et faucha les jambes de l’homme, qui poussa des hurlements de douleur. Elle fit tournoyer son épée, et la planta dans son ventre, poussant un autre hurlement.

« Cette femme est une diablesse ! s’exclama un soldat.
 -  Venez vous battre ! Allez !! » rugit Nariko, sa lame ensanglantée, du sang coulant de son visage.

Elle hurla à l’attention des soldats. A dire vrai, elle n’avait pas du tout entendu Alastyn l’appeler, trop obnubilée par le combat. Contrairement à lui, faire couler le sang ne la dérangeait nullement. Elle avait le sang chaud, et était une guerrière. Se battre l’épanouissait, la libérait. Les soldats étaient effrayés par cette femme, et un arbalétrier tenta de la viser. Attentive, Kaï le tua. Elle tira à une certaine distance de lui, plus de quinze mètres, mais le toucha à la gorge. Kaï avait un talent indéniable dans ce domaine, et l’arbalétrier, se tenant en hauteur sur un perron, tomba de ce dernier, laissant des traînées de sang derrière lui.

Les soldats hésitaient, et les rebelles, se sentant encouragés, faisaient des prisonniers. Nariko s’avançait vers les soldats, les haranguant.

« Elle est démoniaque ! Sorcière ! rugit un soldat en la pointant du doigt.
 -  Sorcière ? s’esclaffa Nariko. Vous vous battez comme des filles ! »

Elle les provoqua encore, mais les soldats avaient perdu bien trop d’hommes.

« Tuez cette salope ! hurla alors un autre soldat.
 -  Elle nous tuera !
 -  La couardise est le premier pas vers la trahison ! »

Le soldat qui avait exposé ses craintes se reçut un coup.

« Ce n’est qu’une femme !
 -  Viens te battre, au lieu de discuter ! » lâcha Nariko.

L’homme s’avança. C’était un élégant chevalier en armure noirâtre (http://img93.xooimage.com/files/9/6/5/115472-3a57798.jpg). Il s’avançait lourdement, tenant sa solide épée, tandis que, dans le creux de son autre main, une lueur brillait dangereusement. Le sol tremblait autour de lui, et il envoya alors, de sa main, une puissante on de d’énergie vers Nariko. Cette dernière brandit Heavenly Sword pour se protéger, et l’onde explosa contre son épée, l’envoyant sur le sol.

« Je fais partie de la garde d’élite de Nexus. Cette émeute est terminée. Rentrez chez vous ! »

Il tendit à nouveau sa main, et une boule d’énergie en jaillit, fauchant plusieurs rebelles, les explosant, répandant des tripes, des os carbonisés, et des explosions de sang un peu partout. Nariko se releva, poussa un hurlement, et courut vers l’homme. Leurs deux épées s’entrechoquèrent lourdement, et Nariko tenta de le déborder en bondissant sur sa droite. Elle tournoya dans les airs, et essaya de le frapper dans le dos... Mais se reçut un coup de poing en pleine figure, qui l’envoya heurter un mur. Un rebelle tenta d’en profiter pour attaquer le puissant Nexusien dans le dos, mais ce dernier se retourna, et l’attrapa à la gorge, le soulevant comme un fétu de paille, avant de broyer ses cervicales. Nariko, sonnée, attaqua à nouveau, mais son épée heurta à nouveau celle de l’homme, qui envoya une décharge d’Air, soufflant Nariko, qui s’envola dans les airs, et rebondit sur le sol.

Le chevalier s’avança lentement vers elle. Kaï lâcha alors un carreau, mais ce dernier se brisa contre la solide armure. Tournant la tête, il leva une main, et envoya une boule d’énergie vers le toit.

« Noooon !! » hurla Nariko.

La boule explosa sur la terrasse où se trouvait Kaï, soufflant cette dernière, qui tomba sur le sol. Nariko sentit la colère s’emparer d’elle, et poussa un rugissement, fonçant vers l’homme... Qui envoya une autre décharge d’énergie, frappant Nariko. Elle roula sur le sol. Les rebelles, tétanisés, ne savaient plus quoi faire, et le chevalier fit signe à ses hommes de prendre possession des lieux. Sonnée, Nariko vit, à travers ses yeux brouillés, Kaï se relever lentement, titubant à moitié. Grognant de douleur, la porteuse d’Heavenly Sword se redressa, et courut vers elle. Elle vit Alastyn.

« Allez, Kaï, vite... On ne peut plus rien faire contre eux...
 -  Kaï... A mal... » gémit cette dernière.

Nariko soupira, et secoua la tête.

« Kaï doit se relever !
 -  Kaï...
 -  Kaï est courageuse, non ? Kaï doit se relever ! »

Ceci sembla décider cette dernière, tandis que les rebelles étaient en chute libre, se faisant massacrer. Nariko attrapa Kaï, et se mit à courir, fuyant le plus loin possible.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mardi 18 décembre 2012, 15:13:23
Alastyn ne fit plus attention aux alentours, il ne remarqua même pas que Nariko continuait de se battre. Il posa sa main sur sa blessure et serra les dents. Cette fois, il était battu, il resta là sans bouger, il ne savait pas combien de temps s’était passé mais un bruit sourd le fit relever la tête. C’était la guerrière qui se battait apparemment contre un chevalier noir. Le chevalier semblait avoir l’avantage, puisque quand il releva la tête, il vit Nariko être envoyée sur le sol. Il fit alors un pas en avant et se ravisa quand il la vit se relever. Il continuait d’observer le combat, comme la plupart des personnes présentes. Ce chevalier semblait puissant, presque invulnérable. Kaï avait tenté de l’avoir mais son armure avait arrêté le carreau sans problème. Elle devait être de bonne facture, pas étonnant qu’il soit membre de la garde d’élite de Nexus. La ville était puissante et en constant affrontement avec Ashnard, ça impliquait que ses meilleurs soldats soient, eux aussi, très forts. Lorsqu’il suivit la boule d’énergie foncer vers Kaï, Alastyn courut vers son point de chute et voulut l’aider à se relever. Kaï se releva, seule et Nariko ne tarda pas à arriver.

« Kaï doit se relever !
 -  Kaï...
 -  Kaï est courageuse, non ? Kaï doit se relever ! »

Lorsqu’il vit que ces quelques mots suffirent à la convaincre, il se mit à suivre les deux femmes, regardant par moment derrière lui. Ils devaient trouver DeathClaw, ils n’avaient pas vraiment de temps à perdre dans ce genre de bataille. L’arrivée de ce chevalier semblait avoir remotivé les troupes de Nexus, ils s’étaient remis à massacrer les rebelles lorsqu’Alastyn se remit à regarder devant lui. Les gardes viendraient sûrement par ici eux aussi, il suffisait de ne pas trainer. Il ne pensait pas qu’ils les croiraient si l’un des trois leur expliquait qu’ils voulaient trouver DeathClaw pour tuer un démon. Surtout s’ils disaient que c’était l’Ordre qui les envoyait pour accomplir cette tâche. Après tout, le groupe religieux disposait de bien assez d’effectifs pour mener une telle mission à terme et discrètement.

*Il va falloir faire attention à ce type*, pensa l’ESPer en revoyant le chevalier noir. S’il revenait les trouver, ils auraient du mal à le vaincre. Kaï avait mal, lui avait utilisé beaucoup de pouvoir et avait un bras engourdi et Nariko ne semblait pas pouvoir prendre le dessus facilement sur cet adversaire imposant. Maintenant, tout ce qu’il voulait, c’était de trouver leur cible et en finir. Une fois le démon dehors et vaincu, il se dit que la rébellion cesserait, que tout rentrerait dans l’ordre et qu’enfin il ne serait plus pourchassé, même s’il ne semblait plus être traqué depuis la veille.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mercredi 19 décembre 2012, 00:27:15
Que Nexus en soit à envoyer ses gardes d’élite illustrait une chose : cette révolte inquiétait beaucoup ses dirigeants. La population de Nexus comprenait surtout des ouvriers et des dockers. Si tous ces derniers se mettaient à faire grève, et à manifester dans les rues, l’économie de Nexus, sa puissance principale par rapport à Ashnard, en pâlirait. Il fallait donc faire un exemple, écraser la révolte dans l’œuf. C’est cette mentalité qui devait justifier l’envoi de puissantes forces d’assaut. Nariko avait été surprise. Ce chevalier était redoutable, et elle n’avait pas le temps, ni les moyens, de l’affronter. Mieux valait opter pour un repli stratégique. En temps normal, affronter toute une armée ne l’aurait pas dérangé, car c’était, plus ou moins, ce qu’elle avait fait contre Bohan, mais els circonstances ne jouaient pas en sa faveur. Le trio se mettait à courir rapidement le long d’une grande rue, mais Nariko s’arrêta vite en voyant, au bout de la rue, d’autres Nexusiens approcher, dont de nombreux archers et arbalétriers qui se mirent en position.

Avisant une ruelle sur la gauche, elle s’y précipita, tandis qu’une pluie de flèches et de carreaux s’abattirent sur les révolutionnaires qui tentaient également de se replier. Nariko entendit plusieurs hurlements de douleurs des rebelles, pris en étau. Elle courut le long de la ruelle étroite, jusqu’à voir une porte s’ouvrir. Un homme leur fit signe d’approcher. Un sympathisant ? Nariko n’avait guère le temps de se le demander, et entra dans une pièce sombre, sentant une forte odeur de nourriture. Probablement un garde-manger.

« Refermez la porte, vite ! » s’exclama un homme.

Il la poussa derrière Kaï, la fermant à double tour, tandis qu’une patrouille de soldats s’avançait dans la ruelle.

« Dire que j’ai quitté ma masure pour m’installer ici... maugréa l’homme. Vous faites partie du Réseau ? »

Nariko ignorait totalement ce qu’était le Réseau, mais confirma en hochant la tête. Visiblement, l’homme était un rebelle. C’était un ancien serf, qui était ici en toute illégalité, puisqu’il avait rompu son serment de vassalité. Un serment qu’il estimait n’avoir jamais fait, car il était né sur les terres d’un seigneur qui avait, pour soutenir l’effort de guerre et la reconstruction des forts nexusiens, considérablement augmenté les impôts. L’homme était parti à Nexus, croyant que, en tant que docker, il gagnerait plus facilement sa vie. Il avait déchanté, en réalisant que les guildes bourgeoises l’escroquaient, et que les taxes à payer étaient particulièrement lourdes ici aussi.

« Nous devons rentrer au QG faire notre rapport... Mais les rues ne sont pas sûres.
 -  Pas sûres ? Ça, c’est le moins qu’on puisse dire. »

L’homme se mit à marcher, et demanda de l’aide pour écarter de lourds tonneaux. Il était plutôt âgé, ce qui était la principale raison pour laquelle il ne défilait pas dans la rue. Sous le tonneau, l’homme révéla une trappe, d’où une forte odeur s’échappait.

« Entrez dans les égouts. Ce n’est pas un endroit très sûr, mais c’est toujours moins dangereux qu’au-dessus. »

Nariko avait entendu parler des égouts de Nexus. Un dédale de couloirs, entrecoupés par des cryptes, des catacombes. Un labyrinthe inextricable rempli de monstres se nourrissant des déchets de la ville, mais qui servaient aussi aux contrebandiers. Les gardes y faisaient parfois des descentes, mais les égouts étaient plutôt dangereux, fourmillant de légendes sur des caves où des sectes se regroupaient massivement pour procéder à des rituels sacrificiels.

« Je n’ai pas l’habitude d’emprunter les égouts. Comment rejoindre rapidement le QG ?
 -  Je vais vous donner une carte. Attendez ici. »

L’homme âgé s’écarta, boitant à moitié, et ouvrit une porte. Nairko entendit plusieurs voix hystériques, mais ne perçut aucun son intelligible, l’homme refermant très vite la porte.

« Kaï n’aime pas cet endroit... minauda-t-elle.
 -  Tu es remise ? »

Elle hocha la tête en clignant des yeux, ce qui était une approbation. Soupirant de soulagement, Nariko se tourna vers Alastyn.

« J’espère que vous allez bien... »

Ils n’eurent pas spécialement le temps de prolonger cette conversation. Le vieil homme revint, et leur tendit une carte annotée. Elle l’observa, voyant une série d’indications.

« Vous êtes ici, indiqua l’homme en posant son doigt au beau milieu d’une ligne, et il vous faut rendre là.
 -  C’est assez éloigné. Nous ferions mieux de commencer rapidement. »

L’odeur était vraiment repoussante, mais ce n’est pas comme si elle avait le choix. Nariko descendit la première, avançant le long d’une petite échelle en bois, jusqu’à atterrir en contrebas. Elle observa ensuite l’égout, ne pouvant s’empêcher un commentaire sarcastique :

« Charmant décor. »

(http://nsa32.casimages.com/img/2012/12/18/mini_121218114339177123.png) (http://nsa32.casimages.com/img/2012/12/18/121218114339177123.png)
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le jeudi 20 décembre 2012, 10:16:31
Alastyn continuait de suivre les deux femmes et lorsqu’il vit que les troupes de soldats se mettaient en position de tir, Nariko tourna dans une ruelle et il la suivit sans demander son reste. Les flèches volèrent, accompagnées de carreaux et il se dit qu’il avait eu beaucoup de chance de tourner assez vite, sans quoi il aurait sûrement été transpercé lui aussi. Il n’eut pas beaucoup de temps pour réfléchir, il voyait déjà les deux guerrières entrer dans un bâtiment et il les suivit avant que le vieil homme ne referme derrière eux. Il resta alors un peu près de la porte, écoutant ce qu’il se passait au dehors et finit par rejoindre les autres personnes. Les réponses de Nariko parmi les révolutionnaires l’impressionnaient et il se dit qu’elle devait avoir l’habitude de réagir aussi vite et naturellement.

« Entrez dans les égouts. Ce n’est pas un endroit très sûr, mais c’est toujours moins dangereux qu’au-dessus. »

Les égouts… Il n’en voulait pas, il n’avait pas envie d’y aller mais il se résigna, le vieux avait raison, c’était plus sûr en bas que dans la rue au milieu de ces soldats et de ces rebelles. Lui aussi avait entendu pas mal de légendes sur les égouts de Nexus mais il n’y prêtait pas attention, ce n’était pas le genre de discussions qu’il suivait de manière intéressée. Lorsque le rebelle leur proposa une carte, Alastyn se sentait un peu mieux, il connaissait la réputation de ces dédales et la carte les empêcherait de se perdre… Enfin, il suffisait simplement de suivre le chemin tracé et tout irait bien… Surtout si les monstres dont parlaient les légendes étaient faux.

« J’espère que vous allez bien... »

Il leva alors la tête, ressortant de ses pensées et vit l’homme revenir avec la carte. Il leur donna alors quelques explications, leur montra où ils étaient et leur destination et Nariko descendit la première. Alastyn laissa passer Kaï et la suivit sur l’échelle en bois. Une fois en bas, il observa les alentours, sa vieille habitude de tout observer était plus forte que le reste. L’odeur le répugnait mais s’expliquait facilement en voyant les alentours et en sachant que c’étaient les égouts. Il ne fut pas surpris, d’autant plus que l’eau était vaseuse, la pourriture attaquait tout ce qu’elle pouvait trouver, que ce soit les quelques tonneaux laissés là, à l’abandon ou bien la vieille échelle de bois qu’ils avaient empruntées pour descendre.

« Charmant décor. »

Cette remarque le fit sourire, il avait bien compris que c’était ironique, qu’elle ne lui trouvait rien de charmant.

« Il fallait s’y attendre, ces égouts ne sont pas réputés pour leur propreté ni leur entretien. »

Sans perdre plus de temps, il commença à se diriger vers leur destination, se méfiant des environs. Il en avait entendu parler, des monstres mais n’était pas certain de leur existence, il restait donc sur ses gardes malgré tout. Toutes ces histoires, elles pouvaient très bien être vraies… Et puis il restait aussi la possibilité que quelques gardes soient dans les parages. Finalement, ils avaient demandé les renseignements pour atteindre Orphée et ne s’en servirait pas, leur approche avait totalement changé, ils s’infiltraient par les égouts, par là où le paladin devait arriver.

« Cette rébellion semble changer le plan de départ. Vous allez bien toutes les deux ? »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 20 décembre 2012, 22:55:32
« Il fallait s’y attendre, ces égouts ne sont pas réputés pour leur propreté ni leur entretien. »

C’était le cas de le dire. Les égouts étaient lugubres, sales, et puaient atrocement. Ils existaient depuis des siècles, et Nariko était sûre qu’ils avaient une histoire à raconter. Elle-même ne pouvait imaginer combien de cadavres on avait du balancer là-dedans, combien de fuyards avaient tenté d’échapper à la justice en se réfugiant dans ces souterrains. Elle savait que les égouts étaient dangereux. Bien des monstres y rôdaient, et servaient à l’entretien de la ville en se nourrissant des déchets, permettant, à leur manière, de nettoyer les égouts. Pour autant, ces créatures n’étaient pas franchement hostiles à de la chair fraîche. Nariko avançait donc prudemment, sentant Kaï derrière elle. La jeune femme tirait la langue, clairement écœurée par cette odeur infecte. Le trio n’avait toutefois pas le choix. Nariko contempla la carte, et avança le long d’un pont en bois surplombant cette eau sombre et poisseuse.

*Prions pour que je ne tombe pas là-dedans, elle a l’air dégueulasse...*

Elle reprit sa route, s’avançant à travers une obscurité assez prononcée. Les égouts étaient faiblement éclairés par des meurtrières, de petites fenêtres dans les coins, qui devaient servir à l’évacuation des eaux. L’endroit restait globalement très sombre, et elle regretta de ne pas avoir demandé une torche à l’homme qui les avait aidés. Elle arrivait à déchiffrer la carte, et c’était l’essentiel. Plus que jamais, son clan lui manquait. Ses grands espaces, ce calme, cette paix... Et cette bonne odeur, surtout.

« Cette rébellion semble changer le plan de départ, fit alors remarquer Alastyn. Vous allez bien toutes les deux ? »

Le plan de départ... Nariko se rappela que l’Archevêque de Nexus comptait envoyer des paladins par les égouts, un groupe d’assaut qui attaquerait le harem. Sur le coup, la révolte lui avait totalement occulté de l’esprit cette force de frappe. Elle doutait toutefois que les paladins, avec leur lourde armure, empruntent un chemin similaire aux leurs.

« Bien des églises ont de profondes cryptes qui mènent dans les catacombes. L’Ordre utilisera ces chemins détournés et connus d’eux seuls, plutôt que de s’aventurer dans les égouts. »

Elle continuait à marcher, tandis que Kaï grognait.

« Nonobstant cette odeur pestilentielle, je me sens comme un charme, ironisa-t-elle.
 -  Cette odeur perturbe les sens de Kaï...
 -  Ne t’en fais pas, Kaï, je suis là pour te protéger.
 -  Kaï n’aime pas cet endroit sombre et clos... Les murs lui font peur ! »

Ça, elle en était sûre. Nariko ne dit rien, nerveuse. Elle entendit des bruits de pas venant d’en haut, ainsi que des hurlements, et vit du sang jaillir brièvement depuis une ouverture dans un coin. Visiblement, là-haut, la bataille continuait à faire rage. Elle observa à nouveau le plan, et continua à marcher. Elle espérait qu’Orphée lui offrirait une bonne douche, car Nariko en avait bien besoin. Plus elle avançait dans ces dédales, et plus elle s’accommodait à cette odeur repoussante. Elle ne savait pas s’il fallait s’en féliciter ou s’en inquiéter. Parfois, elle avait l’impression de voir des bulles éclore à la surface de cette eau sinistre, comme si des monstres se terraient là-dessous. Un endroit merveilleux... Encore un peu, et elle le recommanderait presque pour le tourisme !

Nariko continuait à s’avancer, avant d’entendre des bruits émanant de l’eau. Elle s’arrêta, la main sur la garde de son épée, et observa les reflets de l’eau. Elle ne voyait rien, et le temps sembla se ralentir, les secondes s’étirer. Tous ses sens étaient aux aguets, et une forme jaillit alors des profondeurs de cette eau verdâtre. Elle vit une gueule effrayante, un corps rachitique, et tendit le pied, envoyant ce dernier s’écraser sur la tête de cette indescriptible horreur. Parallèlement, d’autres monstres jaillissaient ici et là de l’eau, fondant sur le trio. Il s’agissait de créatures qu’on apercevait généralement dans des zones humides et sauvages, comme des marécages, des marais, ou encore de grands égouts : des noyeurs (http://img91.xooimage.com/files/9/8/e/tw2_journal_drowner-3a81cc9.png). Grisâtres, petits, ils avaient d’énormes yeux globuleux, des palmes le long de la colonne vertébrale, et fondirent vers les voyageurs. Heavenly Sword jaillit, et Nariko décapita un noyeur à côté d’elle, faisant jaillir de son cou un sang verdâtre. Un autre bondit alors hors de l’eau, et s’écrasa sur l’elle, la griffant au visage. Elle poussa un hurlement, tombant au sol, le sang jaillissant de sa joue gauche, mais sa main réussit à frapper le noyeur à la tête, le forçant à se reculer. Kaï se mit à bondir en l’air, évitant un noyeur, et atterrit de l’autre côté, où elle fit feu avec son arbalète. L’un de ses carreaux transperça le dos d’un noyeur, le carreau ressortant au milieu de son estomac.

« Saloperies ! » s’exclama Nariko.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le vendredi 21 décembre 2012, 17:19:37
« Bien des églises ont de profondes cryptes qui mènent dans les catacombes. L’Ordre utilisera ces chemins détournés et connus d’eux seuls, plutôt que de s’aventurer dans les égouts. »

Là, elle marquait un point, il voyait mal ces paladins traverser cet endroit puant et dégoutant. Ils avaient leurs catacombes, sûrement bien mieux entretenues que ces égouts, pour se balader sous terre. Lorsque Kaï dit qu’elle se sentait mal, Alastyn la comprit, lui aussi se sentait mal, enfermé à se demander dans combien de temps ils sortiraient. Pour le moment, ils étaient prisonniers de ce dédale, à marcher sous les différents lieux de bataille plus haut. De temps en temps, il voyait le sang couler par les orifices des plaques d’égouts et entendait les cris de plusieurs personnes. Pas de doute possible, la rébellion continuait et les gardes ne faisaient pas de prisonniers. Finalement, ils étaient bien, là en dessous… Enfin, bien pour leur sécurité, l’odeur pestilentielle l’empêchait de respirer normalement mais c’était le prix à payer pour éviter le bain de sang.

Lorsque Nariko s’arrêta et ne bougea plus, il l’observa, main à l’épée, prête à dégainer et se disait qu’il avait du rater quelque chose. Son manque d’expérience en bataille devait sûrement y être pour quelque chose. Il vit alors une forme surgir de l’eau poisseuse et se jeter sur Nariko qui l’accueillit avec un coup de pied dans le visage. D’autres surgirent alors presque instantanément et l’ESPer put les observer. Rien que de les voir sortir de cette espèce de mélasse ne lui donnait pas vraiment envie de les toucher mais ils semblaient avoir faim vu comme ils les avaient attaqués.

« Alors ce n’étaient pas que des histoires… »

Leurs griffes ne semblaient pas que faites pour la décoration et ils semblaient savoir s’en servir. Il les regarda, sachant très bien qu’il avait déjà utilisé beaucoup de son pouvoir, il devait se défendre à mains nues cette fois et cette idée le répugnait. Enfin, il fallait bien passer par là pour progresser et il avait vu assez de combattants pour avoir quelques notions de self-défense. Il plia et déplia les doigts de sa main engourdie et remarqua qu’il pouvait l’utiliser. Finalement, il avait eu assez de temps pour récupérer un peu de forces.

Il serra alors les poings, les leva au niveau de ses épaules et frappa le premier noyeur qui s’approcha. Comme il pouvait s’y attendre, il n’était pas assez expérimenté pour pouvoir mettre son adversaire ko en un coup mais, au moins, ça l’empêchait de s’approcher trop près. Après les avoir observé, il avait noté qu’ils avaient à peu près la même physionomie que des humains et hors de l’eau, ils devaient certainement respirer comme eux.

*C’est ça, leur couper la respiration.* Pensa-t-il avant d’arrêter un coup de griffes avec son avant bras. Il frappa alors dans le plexus de la créature mais sa coupure le rappela à l’ordre. Rien à faire, il était vraiment trop handicapé pour le moment et pas assez expérimenté pour pouvoir lutter comme les deux femmes.

« Meurt saleté ! » Cria-t-il avant de donner un plus gros coup sur le visage de la bestiole face à lui. Le noyeur tomba alors à la renverse et Alastyn continua de résister, espérant qu’il n’y en ait pas de trop, ils n’avaient pas que ça à faire.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mardi 25 décembre 2012, 15:33:40
Les noyeurs attaquaient toujours en bande. Seul, un noyeur n’était pas très dangereux, alors ils préféraient se regrouper. Néanmoins, ce groupe-ci semblai tassez désœuvré. On trouvait généralement à la tête d’un groupe un noyeur plus puissant que les autres, un noyadé. Il n’y en avait aucun ici, signe qu’ils étaient probablement affamés, et désorganisés. Nariko se releva rapidement, après avoir reçu un coup de griffes. Elle avait de vilaines blessures, mais ces dernières commençaient déjà à cicatriser. La magie d’Heavenly Sword était en train de parler. Son agresseur réfléchit, impressionné par cette grosse épée. Kaï, de son côté, commençait à faire parler ses carreaux, et tua deux autres noyeurs, avant qu’un autre ne tente de l’attaquer. Il courut rapidement vers elle, mais Kaï était particulièrement agile. Elle utilisa ses jambes pour bondir en l’air, tournoyant sur elle-même, évitant le noyeur, et tira avec son arbalète alors qu’elle se tenait en l’air, atteignant le monstre à la tête.

Nariko, de son côté, tua deux noyeurs d’un seul coup. Les survivants auraient probablement eu la décence de s’enfuir, mais ils préférèrent se battre. Un se glissa dans le dos de Nariko, et elle l’entendit approcher trop tard. Il la griffa dans le dos, la faisant à nouveau hurler, et elle se retourna rapidement, envoyant son coude se nicher dans la nuque du noyeur, l’envoyant dans l’eau. Sa tête en ressortit, et un carreau de l’arbalète de Kaï se planta dans l’un de ses yeux, le tuant sur le coup. Nariko se permit ensuite un soupir de soulagement. Les monstres avaient été vaincus.

« Et ben... Ce n’est pas de tout repos... »

Les griffes des noyeurs n’étaient pas très longues, fort heureusement, la guerrière sentit ses blessures disparaître rapidement, ne laissant même pas de cicatrices. Elle rangea son épée dans son fourreau. L’odeur des cadavres des noyeurs était horrible, manquant la faire vomir.

« J’en ai ma claque de ces putains d’égouts. Dépêchons ! »

Elle reprit ainsi la route, sans plus de considération pour cette courte bataille. Les égouts étaient remplis de noyeurs, et Nariko espérait que leur groupe ne tomberait pas sur pire qu’eux. Leur marche fut assez silencieuse, au milieu des égouts. La luminosité ambiante diminuait parfois fortement, les plongeant presque dans l’obscurité. L’eau verdâtre en venait à les éclairer, brillant dans la nuit, tandis que des débris flottaient dessus. Nariko voyait de la moisissure verte le long des murs, et se rappela que certaines plantes qui poussaient dans les égouts avaient des propriétés alchimiques. Aucun autre noyeur ne vint les attaquer, mais elle ne tarda pas à apercevoir d’autres cadavres, qui flottaient le long des galeries. Des noyeurs.

« Les cadavres sont frais... »

Elle vit des traces d’épées, des flèches, et s’avança un peu. Nariko dut malheureusement marcher dans l’eau fétide des égouts, mais elle était peu profonde. Elle prit un chemin à droite, et arriva près d’une autre ouverture. Il y avait une espèce de petite fontaine à droite, plantée dans le mur. Elle s’approcha de cette dernière, et se retint de boire à l’eau... Avant d’entendre des bruits de combat. Nariko se pressa, traversant cette galerie, arrivant à un autre couloir. Sur la gauche, des barreaux avaient été ouverts, et des hommes se battaient avec acharnement contre des noyeurs.

« Repoussez-les !
 -  Tuez ces saloperies ! »

Nariko devina, à leurs vêtements, qu’il s’agissait de révolutionnaires, et elle s’empressa de les aider.

« Merci de votre aide ! s’exclama l’un des hommes.
 -  Il n’y a pas de quoi. Nous cherchons à rejoindre le QG. Nous avons des informations de dernière minute à transmettre. »

Le révolutionnaire hocha la tête.

« Suivez ce chemin. Sur votre gauche, il y aura une porte en bois. Elle est déverrouillée, et mène dans des cryptes. Méfiez-vous, il y a des brouxes, mais ce chemin mène tout droit au bordel qui jouxte l’auberge. »

Nariko le remercia, et se mit en route. Les brouxes... Des vampires sauvages, qui avaient perdu toute humanité, toute conscience, pour devenir d’abominables suceurs de sang. Des ennemis redoutables, mais il en fallait plus pour impressionner Nariko. Le trio s’écarta ainsi des rebelles, qui cherchaient probablement à utiliser ces égouts pour rejoindre d’autres batailles ayant lieu dans la ville. En venant les aider, Nariko avait réussi à ôter tout doute sur ses intentions.

« Nous y serons bientôt » soupira-t-elle avec soulagement.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le vendredi 28 décembre 2012, 09:12:00
Alastyn continua de se défendre, frappant le peu de noyeurs qui s’approchaient de lui jusqu’à ce que l’un d’eux attaque Kaï. Il profita de ce moment pour se focaliser sur celui qui resta seul. Il l’attrapa par la tête et l’envoya contre le mur sale le plus proche. Ça avait suffit à l’empêcher de nuire mais l’ESPer se dit que ça ne suffirait pas à le tuer… Qu’importe, ils devaient juste rejoindre le QG des rebelles au plus vite et le temps que celui là se réveille, ils seraient déjà loin.

« Et ben... Ce n’est pas de tout repos... J’en ai ma claque de ces putains d’égouts. Dépêchons ! »

Il ne put s’empêcher de regarder les deux femmes et vit qu’elles n’avaient pas de blessures, ce qui le soulagea. Nariko avait raison, il valait mieux ne pas trainer et lui aussi en avait marre de ces égouts puants et envahis de créatures dégueulasses. Lorsque Nariko fit sa remarque sur la fraicheur des cadavres, Alastyn les observa un peu plus longuement tout en continuant d’avancer. Le courant allait dans le sens opposé, ce n’étaient pas ceux qu’ils venaient de tuer. Il y avait quelqu’un d’autre dans ces égouts, les révolutionnaires étaient sûrement proches, ils touchaient enfin au but, ils pourraient enfin respirer l’air frais de l’extérieur au lieu de cette odeur de moisi, de cadavres et de sang.

Lorsqu’il vit la petite fontaine, il sourit, voir une telle chose dans un endroit pareil avait de quoi dérouter, un peu comme une oasis en plein désert… Sauf que l’oasis, on s’y attend un peu, on l’espère même. Il continua de suivre Nariko, louchant parfois sur ses formes. On avait beau dire ce qu’on voulait, elle restait tout de même une femme assez attirante et il se sortait de la situation actuelle en l’observant furtivement. Des voix s’élevèrent, Nariko se précipita et Alastyn releva la tête, les révolutionnaires étaient là, il ne s’était pas trompé en observant les corps des noyeurs flotter à la surface de ce qu’on ne pouvait plus vraiment qualifier d’eau. Après que Nariko les eut aidés, l’un d’eux les guida, leur indiquant le chemin à prendre, la dernière ligne droite pour sortir d’ici.

Des brouxes… Encore des créatures sauvages qui tenteraient certainement de leur bloquer la route, de se nourrir de leur chair. Eux, c’était autre chose que les noyeurs, eux, étaient immortels, invulnérables aux coups normaux, des vampires. Sauvages certes, mais des vampires quand même, il ne savait pas lutter contre ces choses… Il n’avait jamais vraiment voulu apprendre à les affronter non plus.

« Nous y serons bientôt
En espérant ne pas tomber sur ces foutus vampires… »

Alastyn s’avança alors sur le chemin indiqué par le révolutionnaire et s’arrêta devant la porte en bois, il soupira et posa sa main sur la poignée.

« Bon, il faut bien passer par là… »

Après ces quelques mots, il ouvrit la porte et laissa passer les deux femmes avant de leur emboiter le pas et de refermer la porte derrière eux.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le vendredi 28 décembre 2012, 16:44:44
(http://images4.wikia.nocookie.net/__cb20081116160206/witcher/images/b/b6/Places_Crypt1.png)

« Bon, il faut bien passer par là…
 -  Finement observé » plaisanta Nariko.

La porte s’ouvrit lourdement en grinçant, donnant sur une zone particulièrement sombre. Nariko s’avança lentement, fronçant les sourcils. Impossible d’y voir quoi que ce soit. Elle pesta, et se décida à se servir encore une fois de son épée, n’ayant aucun élixir avec elle, ni aucune torche. La lame d’Heavenly Sword se mit à briller, s’illuminant dans l’obscurité. Un ajout qui leur serait indispensable. Nariko s’avança en tête, la lame dans son fourreau, émettant un halo bleuté autour d’eux. La crypte était sombre, silencieuse. On entendait l’écoulement des eaux, mais, au moins, il n’y avait pas cette puanteur atroce. On sentait plutôt une forte odeur de renfermé. De nombreuses galeries étaient obstruées par des éboulements. Nariko vit plusieurs tombeaux et sarcophages abîmés, détruits. Des squelettes pourrissaient dans des cercueils partiellement ouverts. On n’enterrait pas le commun des mortels dans les cryptes. Il devait s’agir d’une ancienne famille de nobles, appartenant à la longue et interminable histoire de Nexus.

« Kaï n’aime pas cet endroit. Il y fait sombre et lugubre, intervint alors la jeune femme.
 -  Nous sortirons bientôt de là, Kaï », promit Nariko.

Naturellement, le plus tôt serait le mieux. Avec tous ces éboulements, se perdre était difficile. Il y avait peu d’embranchements, et elle vit également que plusieurs pièces avaient été emmurées. Mieux valait ne pas se demander ce qui avait du se passer là-dedans. Elle avait vu à la bibliothèque des volumes entiers sur les souterrains de Nexus. A eux seuls, ils formaient une véritable ville, avec ses codes, ses lieux, ses menaces, ses parias. Égouts, catacombes, cryptes, grottes souterraines, anciennes mines, oubliettes des donjons... Il y avait de quoi se perdre. Nul doute que des vampires et des goules devaient rôder dans ces lieux, se nourrissant de la chair des cadavres, d’un sang putride et infect, qui vous faisait perdre la raison. La guerrière regardait craintivement autour d’elle, ayant l’impression que des milliers de yeux les observaient.

Les révolutionnaires leur avaient dit qu’il y avait des brouxes. Ces vampires se tapissaient dans l’ombre, redoutant la lumière du jour. Rien de religieux là-dedans ; les brouxes erraient tellement dans l’obscurité que des lumières vives leur brûlaient la rétine. Mais cette crypte avait l’air très ancienne, et devait donc avoir son lot de goules en tout genre. Kaï était de plus en plus nerveuse, reniflant dans le vide.

« Kaï sent une odeur... »

Nariko sentait aussi l’odeur... La pourriture des corps, les cadavres en décomposition... Probablement des révolutionnaires... Et, alors que le trio s’avançait, elle entendit également des bruits... Des grognements, de la chair qui claque, arrachée... Elle n’eut pas besoin d’intimer le silence à Kaï et à Alastyn, celui-ci s’imposant de lui-même. Nariko s’avança lentement, près d’un embranchement sur la droite. Il menait dans une grande pièce sombre avec, au fond, un escalier permettant de sortir. L’escalier, malheureusement, s’était effondré sur lui-même. Plusieurs goules se trouvaient là, dévorant les cadavres. Les goules étaient énormes, et Nariko reconnut sans hésitation des graveirs (http://img94.xooimage.com/files/e/d/3/graveir-3aaf78c.jpg), de puissantes goules à la peau rouge, relativement grandes.

Elle les observait lentement, sans bouger. Les graveirs étaient accroupies sur le sol, dévorant les cadavres, arrachant les bras. Ils n’avaient pas encore perçu la présence du trio, trop occupés à dévorer les cadavres. Il y avait néanmoins d’autres menaces que les graveirs. Au-dessus du trio, une forme avançait silencieusement dans l’obscurité, voûtée contre le plafond. Elle était indiscernable, de longues ailes l’enveloppant, la dissimulant dans la pénombre. Quand elle baissait la tête, on pouvait furtivement voir deux yeux rouges observant les trois proies. Nariko, de son côté, se retourna vers les deux autres. Les graveirs étaient visiblement affamés. Elle avança alors lentement, évitant l’embranchement, mais, au bout de plusieurs mètres, elle déchanta en réalisant que ce couloir était bloqué. Le seul passage était donc par la pièce avec les graveirs, où il y avait d’autres couloirs.

La guerrière se retourna, décidée à rebrousser chemin, quand le monstre attaqua. Il tomba juste derrière Nariko, et sa grande forme noirâtre l’enveloppa. Nariko n’eut pas le temps de réagir qu’elle sentit des crocs froids se rapprocher de sa gorge, tout en entendant un grognement. Le monstre frappa vite, mais Nariko avait de bons instincts. Elle sentit les dents s’enfoncer en elle, mais sa tête partit en arrière, frappant celle du monstre. Il poussa un couinement, et Nariko, en fléchissant les genoux, put se retirer. Elle avait mal au cou. Du sang s’échappait de cette zone, mais la blessure n’était que superficielle. Le monstre était un redoutable noctule.

(http://nsa31.casimages.com/img/2012/12/28/mini_121228020915264008.jpg) (http://nsa31.casimages.com/img/2012/12/28/121228020915264008.jpg)

Le noctule était un vampire redoutable, un prédateur nocturne particulièrement puissant. Outre ses longues griffes, ses dents pointues, il pouvait aussi envoyer des ondes sonores particulièrement puissantes, qui pouvaient désarmer quelqu’un. Nariko s’écarta, prudente. Fort heureusement, les crocs d’un noctule n’étaient pas empoisonnés, mais il avait de très belles dents. Le noctule grogna, et Nariko sortit son épée de son fourreau... Avant de voir ce dernier lâcher une puissante attaque sonore. Elle fendit l’air, et frappa Nariko, l’envoyant sur le sol, tandis que ses oreilles se mirent à bourdonner. Le noctule bondit alors vers Nariko, ses longues griffes en avant, mais Nariko roula sur le sol, l’évitant en se relevant.

Entre-temps, entendant les bruits, les graveirs s’étaient redressés, et, sortant de leur repas, commencèrent à sentir la chair fraîche. Ils s’approchèrent lentement, leurs lourds pas résonnant dans cette pièce sombre et silencieuse.

*La situation est sensiblement en train de se compliquer...* nota Nariko.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le dimanche 06 janvier 2013, 12:45:44
« -  Finement observé.
- C’est tout un art chère dame. »

Une fois à l’intérieur, Alastyn marchait plus doucement, silencieux. Le respect des morts l’intimait à se taire, à marcher en silence comme à son habitude. Toujours le regard baissé, il n’aperçut pas la chose qui les suivait depuis le plafond, dans l’obscurité. Il sentait bien les regards mais mettait ça sur le compte des nombreux crânes aux regards vides tournés vers eux. Avec ce genre de restes, pas besoin de globes oculaires, juste un visage tourné pouvait sembler vous observer et vous narguer avec un sourire froid. Autant dire qu’il n’était pas très à l’aise dans ces sombres catacombes. Il suivait toujours les deux femmes, éclairées par la lueur de l’épée, plus ils avançaient, plus il se sentait mal à l’aise, il voulait sortir de là, tout comme Kaï… Et certainement aussi comme Nariko mais lorsqu’ils atteignirent un escalier, celui-ci sembla être impraticable pour sortir.

Et comme si ça ne suffisait pas, d’énormes goules étaient sur le chemin, ça n’allait pas être facile de passer. Alastyn les observa, lui aussi tout en regardant la pièce dans laquelle elles se trouvaient. Leur nourriture le répugnait mais telle était la loi de la nature. Il marcha alors dans les pas de Nariko lorsque celle-ci s’avança et restait le plus silencieux possible. Une fois au bout du couloir, le trio fut déçu de n’y trouver qu’un cul de sac. Ils étaient sur le point de repartir lorsqu’une chose tomba du plafond et attaqua la guerrière rousse. Alastyn ne suivit pas ce qu’il s’était passé, trop surpris de l’apparition de la chose. Il voyait que c’était un vampire et entendit bientôt le lourd pas des goules se rapprocher. L’heure du diner était finie… Enfin, en pause pour un moment. Elles devaient sûrement vouloir goûter à leur chair encore fraiche.

En se retournant, il put apercevoir les goules se rapprocher. Maintenant ils étaient encerclés, d’un coté les mangeurs de chair, de l’autre le suceur de sang et un mur pour les bloquer. Alastyn soupira…
*Pas le choix*

Il revint aux deus femmes, se rapprocha d’elles et se concentrait déjà. Il attrapa leurs mains et regarda une dernière fois le noctule.

« Prêtes à courir ? »

Sans attendre de réponse, il les téléporta dans la salle de déjeuner des goules et commença à courir vers un chemin inconnu. Peu importe le chemin qu’il prenait, il savait que les goules n’étaient pas loin, que le vampire était plus rapide mais ce saut dans l’espace leur donnait un peu d’avance. Il lâcha alors les deux femmes, vérifiant par moment qu’elles le suivait alors qu’au loin le cri du vampire retentit, se répercutant contre les murs sombres et en ruine des catacombes.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 10 janvier 2013, 18:13:37
D’un côté, le noctule. De l’autre, les graveirs. Nariko n’était pas en état de les repousser, et Alastyn le réalisa, car il s’empressa de les tenir, avant de se téléporter derrière les graveirs, au milieu des cadavres.  Elle n’allait pas se faire prier, et se mit à courir. Les graveirs et le noctule les poursuivraient, elle le savait. D’une part, les graveirs préféreraient la chair d’humains frais, à celle d’un vampire... Quant au noctule, le sang des goules était sa seule nourriture, et elle se doutait bien que le sang d’humains serait plus intéressant que celui des graveirs. Semer les goules ne serait pas difficile, car les graveirs était plutôt lents, mais le noctule, en revanche, pouvait les rattraper. Ces créatures se déplaçaient rapidement, profitant de l’obscurité pour fondre sur leurs proies. Le noctule les pourchasserait, et Nariko n’avait pas envie de l’affronter dans son repaire. Le tiro se mit à courir rapidement, et emprunta des escaliers en colimaçon qui descendaient. Ils cessèrent de courir progressivement, au bout de plusieurs minutes, lorsque Nariko réalisa qu’ils avançaient dans une partie un peu trop poussiéreuse.

« Avançons plus calmement... Nous ne sommes pas à l’abri d’une autre menace, et courir précipitamment ne peut que nous conduire dans une situation encore plus délicate.
 -  Kaï a un mauvais pressentiment... »

Nariko ne dit rien, savant que les intuitions de Kaï pouvaient parfois se révéler justes. Le trio s’avança à travers un couloir sombre et très ancien, poussiéreux. Elle n’entendait pas le spas des graveirs, signe qu’ils avaient du les semer... Ou débarquer dans un endroit encore plus dangereux, où les goules n’osaient pas s’aventurer. Nariko était en tête, attentive. Les souterrains de Nexus étaient un monde à part, un endroit particulièrement dangereux, et ce couloir étroit n’était pas spécialement rassurant. A droite et à gauche, elle croyait voir d’autres passages, mais ils étaient tous emmurés, condamnés. Elle avait l’impression d’entendre des bruits sinistres derrière. A moins que ce ne soit son imagination ? La guerrière n’aimait vraiment pas ces endroits, se sentant oppressée. Il faisait terriblement chaud. Commençait-elle à devenir claustrophobe ?

*Ça n’aurait rien de surprenant, dans le fond... Je ne suis pas habituée à des espaces aussi étroits. J’ai l’impression qu’il y a des menaces tapies dans n’importe quel coin d’ordre...*

Rien de bien rassurant, en effet. Nariko continuait à marcher, et le couloir devant eux se brisait, les conduisant dans un autre couloir, avec un tapis rouge complètement décrépi. La guerrière s’avança, et atterrit, au bout du couloir, à ce qui semblait être le hall d’entrée d’un château. Un château souterrain ? Voilà qui était surprenant ! Il y avait un double escalier intérieur longeant les murs, et un lustre brisé gisait sur le sol. Nariko se mit à descendre, prudente, les escaliers en bois craquant sous ses pieds.

« Je serais bien curieuse de savoir qui a songé à construire un château souterrain... »

Il faudrait sans doute se plonger dans l’historique de Nexus pour le savoir. Quoiqu’il en soit, Nariko se demandait franchement comment elle allait faire pour ressortir de ces souterrains, désormais. Ils avaient du faire de légers détours pour se retrouver là. La guerrière regarda autour d’elle. L’entrée du château était obstruée par des éboulements, mais, entre les escaliers, il y avait une double porte qui filait. Nariko s’en approcha rapidement. L’une des deux portes était tombée sur le sol, et, en s’avançant, Nariko vit, à l’intérieur, plusieurs couvées d’œufs, ainsi que, sur un mur, un graffiti représentant une grande toile d’araignée, avec, au centre, une tête de lion. Elle le regarda lentement, et sentit un frisson la parcourir. Ce sigle était le logo d’une secte nexusienne, le culte de l’Araignée à tête de lion. Cette secte croyait en un Dieu païen revendiquant des sacrifices rituels. Nariko se mit à reculer, avant d’entendre des bruits. Des créatures se mettaient à descendre le long des murs.

« Kaï sent une vilaine odeur...
 -  Je la sens aussi... Nous sommes dans le repaire d’une secte qui élève des araignées géantes. »

En fuyant le noctule, le trio était tombé dans le repaire d’une secte ! Voilà ce qui s’appelait aller de Charybde en Syclla. Les araignées, gardant les lieux, se mettaient à descendre le long des murs. Il y avait probablement une sortie en traversant le nid, de l’autre côté.

« Couvre-nous, Kaï ! Il faut passer à travers le nid, en espérant ne pas tomber sur la Reine ! »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le vendredi 11 janvier 2013, 14:02:04
« Kaï a un mauvais pressentiment... »

Personne ne répondit à cette phrase. Après avoir échappé au vampire ainsi qu’aux cadavres ambulants, voilà qu’ils se retrouvaient un étage sous le précédent. La sortie n’allait pas être simple à trouver, d’autant plus que le danger de rencontrer d’autres créatures était plus présent que jamais. De la poussière partout, c’était le signe que les goules ne venaient jamais ici. Il ne savait pas pourquoi mais, soit elles avaient peur, soit elles ne savaient pas descendre les escaliers. Il n’avait pas étudié les rapports sur les goules et autres morts-vivants, il savait juste ce qu’en disaient les croyances populaires. La tension que le trio émettait devait sûrement être perceptible pour un œil extérieur, ils étaient tous les trois silencieux, observant chaque recoin du couloir qu’ils empruntèrent, un ennemi pouvait se tapir n’importe où.

*Un château sous les catacombes ?!*

Il s’arrêta un instant, prenant l’image de ce château enfoui en photo dans sa tête. Cette découverte, il n’était pas prêt de l’oublier de si tôt. Il pressa un peu le pas et rejoignit assez vite les deux guerrières, les suivant précautionneusement dans les escaliers en bois décrépit.

« - Je serais bien curieuse de savoir qui a songé à construire un château souterrain...
- Peut-être un très ancien souverain et le château n’était alors pas souterrain. »

Lui-même ne croyait pas ce qu’il disait mais c’était une possibilité parmi tant d’autres. En tout cas, si on avait bâti ce château alors que le souterrain était déjà là, ça indiquait une forte possibilité de volonté à se cacher. Quand Nariko s’approcha de la double porte, Alastyn attendit, il voyait que la guerrière observait quelque chose à l’intérieur et d’après son frisson, ça ne sentait pas bon.

« Kaï sent une vilaine odeur...
 -  Je la sens aussi... Nous sommes dans le repaire d’une secte qui élève des araignées géantes. »
*Et meeeeerde*

Après les noyeurs, le noctule, les graveirs voilà qu’arrivaient les araignées géantes. Décidément, rejoindre DeathClaw par ici n’était pas une partie de plaisir mais il fallait bien passer par là. Passer à travers le nid… Alastyn n’était pas vraiment pour cette idée mais c’était ça ou retourner voir les créatures du dessus. Il s’avança à la suite de Nariko, laissant Kaï les couvrir avec son arbalète. Il y avait des œufs partout, des toiles d’araignées dans tous les coins et les énormités à huit pattes derrière. Faire demi-tour n’était désormais plus possible, il leur fallait avancer mais l’histoire de la reine inquiétait l’ESPer, avec la chance qu’ils avaient il y avait de fortes possibilités qu’ils tombent dessus. Une reine dans un château… Il ne pouvait que s’amuser de l’ironie de la chose malgré la situation actuelle tout en traversant le nid, il souriait à l’idée de la reine araignée assise sur le trône. C’était con, ce n’était pas le moment de penser à ça mais au moins, ça avait le mérite de lui éviter de penser à d’autres choses et d’éviter de le laisser céder à la peur.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le dimanche 13 janvier 2013, 12:00:51
Le culte de l’Araignée à tête de Lion était initialement né à Ashnard. D’aucuns pensaient qu’il s’agissait d’une sorte de culte drow réadapté par les humains. Derrière une sorte de philosophie de comptoir, complètement imbuvable, le texte fondateur du culte préconisait le recours à des sacrifices humains pour permettre d’honorer l’Araignée. Ce culte comprenait un clergé, rempli de cinglés, qui devaient notamment manger vivantes des araignées. Certains rapports anciens affirmaient également que certains fanatiques de ce culte s’étaient reproduits avec des araignées géantes. Ce culte existait avant le développement de la guerre entre Ashnard et Nexus, et avait été banni de l’Empire, ainsi que de Nexus, où il avait commencé à prospérer. Cette secte existait visiblement toujours. Le trio avançait rapidement le long du château, fuyant les araignées qui gardaient l’entrée de ce tombeau.

Il y avait une série de couloirs sombres, et Kaï était en tête, son flair lui permettant d’éviter les endroits regorgeant d’œufs. L’endroit était particulièrement sombre et sinistre, avec des fissures dans le sol, des toiles d’araignées un peu partout, des inscriptions le long des murs. Kaï grimpait un escalier, et le trio atterrit en hauteur d’un grand hall. Ils s’arrêtèrent, entendant des bruits. En contrebas, il y avait une scène qui donna envie à Nariko de vomir. C’était une partie du nid, et il y avait des hommes... Qui couchaient avec des araignées géantes.

« Seigneur... » soupira Nariko.

Elle pouvait voir l’une des araignées sur un homme, enfonçant probablement son dard entre lui.

« Laissons-les batifoler, et foutons le camp... suggéra Nariko.
 -  Kaï sent l’odeur de la sortie. »

Encore une bonne nouvelle ! Kaï s’avança le long du couloir, passant à travers un nouvel escalier en colimaçon qui montait. Les narines de Kaï avaient toujours été particulièrement sensibles, ce qui était parfois très utile. Le trio continua à grimper, s’éloignant de cette secte. Nariko espérait ne plus jamais y mettre les pieds, mais quelque chose lui dirait qu’elle reviendrait dans ce château abandonné. L’escalier était plutôt long, se terminant sur un couloir en pente qui montait, avant d’atteindre une échelle rouillée. Nariko pouvait désormais entendre les bruits au-dessus, et commanda à Kaï de s’accrocher à son dos, tandis qu’elle se mit à grimper.

Au bout de l’échelle, il y avait une plaque que la jeune femme écarta, pour être partiellement aveuglée par la lumière du soleil. Elle fronça des yeux, et sortit rapidement. Ils étaient enfin sortis ! Elle attendit qu’Alastyn monte également, et referma la plaque. Ils se tenaient dans une petite cour pavée entourée de murs et de petits immeubles.

« Pour tout vous avouer, je ne suis pas déçue d’être sortie de là... Il ne reste plus qu’à trouver cette maudite auberge. »

Pour entrer ou sortir de la cour, il y avait une grosse porte en bois. Nariko soupira, reprenant son souffle, et se rapprocha de la porte. Elle l’ouvrit légèrement, pour voir une petite rue silencieuse et calme. Trop calme. Elle l’ouvrit, prudente, et s’avança un peu. Il n’y avait que des volets clos le long des maisons aux murs clairs. Nariko se mit à s’avancer, prudente, suspicieuse, et entendit du bruit sur la droite, entre deux immeubles. Elle se colla contre le mur, et, en tournant la tête, vit une sorte de place publique avec une fontaine, quelques discrets arbres, et des hommes armés au centre, qui s’agglutinaient autour d’une arme de siège. C’était une baliste montée sur roues. La baliste était une arme de siège défensive qu’on utilisait pour envoyer des projectiles, généralement de lourdes flèches. Elle vit que plusieurs hommes la maniaient pour la bouger, avec un carquois comprenant d’énormes flèches, chacune faisant au moins un mètre.

La guerrière ne vit aucun uniforme, et en déduisit qu’il devait s’agir de rebelles. Elle s’approcha alors, prudente, et se présenta comme une sympathisante de la révolution, devant s’entretenir avec DeathClaw. Les rebelles, fort heureusement, la crurent sans hésiter.

« L’auberge est à côté. Remontez par cette rue, prenez à droite, et vous la verrez. »

Nariko espérait juste ne pas arriver trop tard. Le groupe de l’Ordre devait attaquer par les égouts, et il valait mieux être là pour les soutenir. Ils avaient perdu un temps fou dans ces catacombes.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le lundi 14 janvier 2013, 14:24:33
Kaï en tête, le groupe avançait dans les couloirs de ce château souterrain. Il n’y avait pas à dire, cette tireuse était une bonne aventurière, elle leur permettait d’éviter les nids et, par la même occasion, d’avoir plus d’araignées aux trousses. La secte qui avait bâti ce château devait vraiment être fanatique de ces bestioles. Lorsqu’ils furent en haut d’un grand hall, ils baissèrent la tête pour voir l’origine des bruits et Alastyn se recula directement. La secte avait toujours ses membres et, en plus, ils s’accouplaient avec les bestiaux. Il était prêt à parier que ce qu’il vit à ce moment là, il se le rappellerait dès qu’il verrait une araignée, aussi petite soit elle.

« Laissons-les batifoler, et foutons le camp...
 -  Kaï sent l’odeur de la sortie. »

Ça, c’était une bonne idée suivie d’une bonne nouvelle. Malgré le spectacle… Bizarre qu’ils venaient de voir, savoir que d’autres humains étaient ici signifiait une sortie plus sécurisée que les vampires et autres goules de l’étage supérieur… Ou inférieur, il ne savit plus trop où ils se trouvaient en hauteur au vu des montées et descentes qu’ils avaient prit dans ce château de misère.

Lorsqu’ils arrivèrent au pied de l’échelle rouillée, il laissa les deux femmes passer en premier et les suivit avant que Nariko ne referme la plaque. Il lui fallut un moment pour se réhabituer à la lumière du jour. Il cligna plusieurs fois des yeux et finit par retrouver sa vue habituelle.  Une petite cour emmurée, de petits immeubles… Ils étaient revenus dans la réalité de Nexus, c’en était enfin fini de ces choses sous la ville. S’il avait le choix, il n’y retournerait certainement pas. Les horreurs du dessous pouvaient bien rester seules.

« Pour tout vous avouer, je ne suis pas déçue d’être sortie de là... Il ne reste plus qu’à trouver cette maudite auberge.
- Moi non plus, il était temps. » Dit-il en jetant un dernier regard sur la plaque qui les séparait de ce château aux occupants étranges.

Comme pour la situation en dessous, Alastyn suivit silencieusement, sur ses gardes. Le calme et la tension de Nariko devait avoir eu cet effet de méfiance qu’il ressentait maintenant. Il se colla lui aussi au mur le plus proche et observa les rebelles manipuler la baliste. Il se demandait ce qu’ils allaient faire avec ça et vit Nariko s’avancer. Le manque d’uniforme devait l’avoir rassurée sur le fait que c’étaient des rebelles et non des soldats de Nexus. Comme avant, elle se présenta comme quelqu’un devant s’entretenir avec DeathClaw, celui à qui elle s’adressa sembla la croire sur parole et leur indiqua le chemin à prendre. Selon ses indications, ce n’était plus très loin, Alastyn poussa un soupir de soulagement et se dirigea dans la direction indiquée en remerciant le rebelle qui les avait dirigé. Il ne put s’empêcher de s’exprimer tout en respirant une bonne fois.

« Enfin l’air libre, enfin fini avec ces araignées, vampires, goules et tout le reste. »

Il se retint de parler de l’animaegi qu’il restait encore à rencontrer. Ils étaient sortis des sous terrains mais ce n’était pas une raison pour crier victoire, le temps passé sous la ville les avait bien ralentis.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mardi 15 janvier 2013, 20:56:19
« Enfin l’air libre, enfin fini avec ces araignées, vampires, goules et tout le reste. »

Nariko n’aurait pas dit mieux, mais avait clairement le sensation que son corps avait conservé les odeurs des égouts. Les individus dans les rues les regardaient en fronçant les sourcils, ou en se tapant les côtes, riant entre eux. Nariko ne disait rien, ayant conscience que les odeurs des égouts étaient plutôt persistantes. Ce quartier était visiblement entre les mains des rebelles, et les affrontements avaient lieu au loin, à moins qu’ils n’aient stoppé. La guerrière ignorait pendant combien de temps elle avait erré dans les égouts, mais la situation avait pu évoluer depuis. Le trio finit par se rapprocher de l’auberge, reconnaissable au loin, car il y avait de nombreux gardes devant, et la structure avait été fortifiée. C’était rudimentaire, mais tout de même bien fait. On avait mis des barbelés, des protections devant les fenêtres, renforcé l’épaisseur des murs, et il y avait de nombreux arbalétriers et autres dans les fenêtres. Nariko s’avança prudemment vers la cour de l’auberge. Il y avait un grand panneau d’affichage dehors, diffusant des tracts, et trois types bourrus se tenaient à l’entrée. Ils ricanèrent en voyant le trio s’approcher.

« Qu’est-ce qu’y viennent faire là, les mignons ?
 -  ’Sont-ti parfumés, les meugnons ! »

Il y eut de nouveaux ricanements. Nariko essaya de ne pas tenir compte de l’avis de ces derniers, se dirigeant vers la porte d’entrée de l’auberge, mais une solide main se posa sur son épaule, la forçant à reculer.

« J’ai un message important à transmettre à...
 -  Vous puez comme une tripotée de putains de rats, les corniauds ! » rétorqua l’un des hommes.

Ceci fit ricaner à nouveau les autres gardes. Ils étaient une bonne vingtaine dans la cour, avec des forges improvisées, des armureries. C’était bel et bien une place forte, avec de nombreux hommes. Les videurs se refusaient à les laisser passer, et une entrée en force n’était pas la meilleure.

« Nous revenons des égouts, ceci explique l’odeur.
 -  Ça, ma p’tite belle, pour sentir cette odeur de cul farci, je me doute bien que t’as pas du gambader dans le parc ! »

Nariko serra les poings. Est-ce qu’elle allait devoir les frapper ? C’est à cette occasion que quelqu’un d’autre intervint. Un garde qui nettoyait le tranchant de sa hache.

« Vous devriez aller prendre un bain aux thermes publiques. Elles sont juste à côté de l’auberge. Les videurs font ça avec tout le monde. L’odeur importune les dames qui accompagnent Claw. »

Nariko ferma les yeux.

« Kaï pense qu’elle devrait sentir mieux, cette odeur la perturbe...
 -  Je crois que je vais rejoindre ton avis, Kaï. Un peu de détente ne pourra pas me faire de mal... Surtout si ça nous débarrasse de cette odeur de mort. »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le mardi 29 janvier 2013, 10:10:12
Alastyn suivit Nariko, évitant de regarder aux alentours mais ne pouvant s’empêcher de repérer les lieux. Des rebelles circulaient librement, couverts par les archers positionnés en hauteur. Lorsque Nariko voulut entrer dans l’auberge, l’attention d’Alastyn se porta sur le type qui l’avait retenue, pas vraiment le genre de personne qu’il côtoierait s’il avait le choix. Il se recula alors mais savait que cet homme avait raison, ils puaient suite à leur aventure dans les égouts mais la rencontre avec DeathClaw était capitale.

« Vous devriez aller prendre un bain aux thermes publiques. Elles sont juste à côté de l’auberge. Les videurs font ça avec tout le monde. L’odeur importune les dames qui accompagnent Claw. »

Il écouta les femmes et partageait leur avis, un bon bain ne leur ferait pas de mal, il suffisait juste de ne pas trop trainer pour éviter de perdre à nouveau un temps de dingue. Son regard se porta au sol, se demandant où en étaient les soldats de l’Ordre et il effaça vite fait ces pensées, se dirigeant déjà vers les thermes.

*Quelle idée ils ont eu d’utiliser les égouts aussi…*

Il y pensait mais ne dit rien, les thermes étant juste à coté, les videurs pourraient l’entendre. Il entra alors et paya pour les trois avant de se tourner vers Nariko. Elle émettrait peut-être une réserve sur son acte mais il n’en avait rien à faire.

« Voilà, vous pouvez y aller. Et si ça vous dérange que j’aie payé pour vous, dites-vous que c’est un remboursement pour la nuit dernière. »

Il se dirigea alors du coté des hommes et attrapa une serviette en continuant son chemin. Nexus était une des villes les plus évoluées, excepté Tekhos et les thermes étaient séparés. Bien sûr, quelques hommes tentaient d’aller chez les femmes et inversement, mais généralement, les contrevenants se faisaient attraper vite fait. Il se déshabilla alors et entra dans l’eau chaude. C’était bon, relaxant. Enfin un moment où il ne lui arriverait rien depuis le début de cette histoire. Ils étaient si proches de l’animaegi et pourtant c’était presque à ses cotés que leur moment de répit arrivait. Il se laissa aller, se détendant un maximum, oubliant la pression de ces dernières heures. Là, c’était comme un autre monde, un monde qui n’avait rien à voir avec la bataille à l’extérieur. Un havre de paix chez des rebelles en guerre, voilà comment il voyait la chose.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le jeudi 31 janvier 2013, 12:24:49
Après leur escapade dans les égouts et les catacombes putrides de la ville, le trio se rendait maintenant aux thermes publiques. L’équivalent ancestral des piscines, mais dont la fonction première n’était pas tant de barboter dans l’eau que de prendre un bain commun. L’hygiène était difficile à concevoir dans une ville médiévale, mais, pourtant, les thermes étaient quelque chose d’implantés dans toutes les grandes villes. Avoir sa propre baignoire était un luxe que seuls les bourgeois pouvaient se permettre, et même certains d’entre eux, en temps normal, préféraient l’usage des thermes. Évidemment, vu le contexte politique, Nariko ne s’attendait pas à trouver qui que ce soit de noble dans les thermes des bas-fonds. Le trio rejoignit ces dernières, une sorte de bâtiment avec des colonnades, et la mention « THERMES » à l’entrée. Un perron y menait, et, à l’intérieur, il y avait un guichet. Alastyn se chargea de payer pour les trois, s’empressant de se justifier :

« Voilà, vous pouvez y aller. Et si ça vous dérange que j’aie payé pour vous, dites-vous que c’est un remboursement pour la nuit dernière. »

Nariko haussa les épaules.

« Merci répondit-elle simplement. On se retrouve dans une demi-heure, ce devrait être suffisant. »

C’était aussi le temps qu’il faudrait pour laver les vêtements aux thermes. Dans les vestiaires, Nariko et Kaï les confièrent au personnel, afin qu’ils soient nettoyés. Le duo se rendit ensuite dans les thermes, comprenant plusieurs bassins enfumés, ainsi que des jacuzzis. La nudité était de rigueur, et les bassins étaient assez vides en ce moment. Nariko et Kaï se plongèrent dans un bain assez chaud, et Nariko ferma les yeux, entreprenant de se détendre, plongeant une bonne partie de sa tête dans l’eau chaude. Après tout ce qui s’était passé dans les catacombes, elle en avait bien besoin. Elle avait le sentiment que le pire était derrière elle, mais se doutait bien que des épreuves l’attendaient encore. DeathClaw, pour commencer, ou encore ce chevalier nexusien invincible... Sans parler de toutes les horreurs sommeillant dans les catacombes, comme cette secte remplie de cinglés copulant avec des araignées géantes.

Nariko soupira longuement, se parfumant, se shampooinant, nettoyant son interminable chevelure. La demi-heure passa après vite, car l’eau était très confortable. La femme dut laisser parler la guerrière, afin de réussir à sortir. Ses vêtements étaient là, et elle les récupéra, ainsi que son épée, après s’être nettoyée. Pendant un bref instant, elle se mit à regretter que les thermes ne soient pas mixtes, mais ce regret fut éphémère, durant en fait le temps qu’elle sente quelque chose dans ses vêtements. Un papier froissé. Surprise, elle le prit, l’ouvrit, et vit un simple message, sommaire, bref :

« Retrouvez-moi dans la ruelle derrière l’auberge. »

La guerrière fronça les sourcils en contemplant ce message, se demandant si c’était un canular ou non, mais il n’y avait personne dans les vestiaires, à part elle et Kaï. Nariko s’empressa de sortir, retournant dehors. Il faisait toujours calme, signe que les affrontements avaient du cesser. Il n’y avait que des hommes armés qui circulaient, les révolutionnaires. Nariko attendit qu’Alastyn approche, et lui parla assez rapidement de cet énigmatique mot. Il n’était pas signé, mais tracé d’une belle écriture ronde.

« Vous en pensez quoi ? »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le dimanche 17 février 2013, 21:18:14
La demi-heure était vite passée, il avait tellement apprécié le temps de répit auquel ils avaient eu droit qu’il avait failli oublier leur objectif principal. Une fois qu’il était entré dans l’eau, il s’était laissé aller, avait profité de ce moment de repos. Cet endroit était tout le contraire des égouts, calme, reposant, relaxant. Pour une fois, il était totalement détendu et oubliait tout, avait la tête vide de toute pensée autre que celle de profiter du moment présent. Une fois la demi-heure passée, il traina encore un peu et sortit finalement se préparer à la suite de l’aventure, serein.

Une fois sorti de son bain, il récupéra ses vêtements nettoyés et se rhabilla avant de sortir. Une fois dehors, il remarqua que le calme s’était installé chez les rebelles, la guerre avait dû cesser pendant qu’ils étaient dans les thermes. Il rejoignit les deux femmes qu’il accompagnait et fut assez surpris de voir que Nariko tenait un mot dans ses mains. Ce qui le surprit encore plus, c’était le fait que quelqu’un semblait savoir qui ils étaient et voulait les rencontrer en privé. Il resta songeur un moment, réfléchissant à toutes les hypothèses probables et en arriva à la conclusion que seule une femme avait pu lui transmettre le message.

« Si on prend la version optimiste, je dirais que c’est un message d’Orphée qui a été mise au courant de notre arrivée et qui veut vous voir le plus vite possible. Si on prend la version pessimiste, c’est un piège de l’Anitruc et il a envoyé une de ses servantes vous donner le mot, ce qui fait aussi notre affaire puisque c’est votre objectif. Je serais d’avis d’aller voir de quoi il retourne, les deux possibilités sont les seules que je vois pour le moment. »

En réalité, il ne croyait pas vraiment à la ruse du démon, il penchait pour la théorie d’Orphée et espérait avoir raison, ça pouvait également leur permettre d’avoir un peu plus de connaissances de la situation.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mercredi 20 février 2013, 16:37:22
Alastyn résuma plutôt bien la situation. Un piège, ou Orphée... L’un dans l’autre, Nariko ne savait pas quoi en penser, mais elle avait confiance en Heavenly Sword. L’épée magique la protègerait contre tout adversaire. Elle avait triomphé du Roi Bohan, de son palais, de ses sbires, et même de son armée. Ce n’était pas quelques gredins qui allaient pouvoir l’effrayer. Elle était au-dessus de ça, mais, pour autant, elle savait que, à Nexus, il ne fallait surtout pas se fier aux apparences. Ce n’était pas une erreur qu’elle comptait réitérer.

« De toute manière, ce n’est pas comme si nous avions le choix...
 -  Nariko sent bon, intervint alors Kaï. Kaï aime cette odeur, elle est reposante. »

Sa remarque fit sourire Nariko. Les réflexions de Kaï avaient toujours le don de surprendre Nariko, que ce soit par son matérialisme étonnant, ou par ses remarques décalées, qui se raccrochaient curieusement au sujet actuel. Nariko se mit en marche, voyant plusieurs gens les regarder. Il y avait essentiellement des loubards et des bandits, des individus qui, en temps normal, finissaient aux cachots, mais qui, vu les circonstances, étaient de glorieux révolutionnaires. La manière dont certains les reluquaient en frottant leurs lames signifiaient clairement qu’il ne valait mieux pas trop s’attarder. Pour l’heure, les révolutionnaires étaient encore trop agités par la riposte future de l’armée nexusienne pour songer à se défouler sur les femmes, mais il pouvait toujours y avoir des exceptions.

Nariko retourna vers l’auberge. Elle était plutôt grande, et le trio l’atteignit par l’arrière, cherchant la ruelle. L’auberge était une belle bâtisse, comprenant plusieurs bâtiments, avec de nombreux gardes, que ce soit des patrouilles au sol avec de féroces chiens, ou des archers postés aux balcons. Des drapeaux flottaient ici et là, probablement le symbole du mouvement révolutionnaire. Sur des tables, on distribuait des tracts, et des affiches propagandistes vantaient les mérites de la Révolution. Sur une image caricaturale d’un tract flottant au sol, Nariko vit, sur une enluminure, l’image d’un gros cochon et de souris volant le fromage que ce dernier réunissait. Le dessinateur avait été inspiré, car il y avait quantité de détails. Le gros cochon était assis sur une espèce d’usine très petite, où des rats apathiques travaillaient d’arrache-pied pour engraisser ce gros lard libidineux et moche. La gravure présentait un texte :

« Ils nous prennent pour des rats et des pestiférés !
Mais, sans nous, ils ne pourraient pas avoir d’aussi gros culs !
Revendiquez un système juste et représentatif !
DÉMOCRATIE !!
»

Nariko déposa le tract, et continua à marcher, longeant l’auberge, jusqu’à voir ce qui semblait s’apparenter à une ruelle. Une petite impasse sombre avec des canalisations puantes, là où on balançait les déchets. Pour éviter de nouvelles épidémies de peste, la municipalité nexusienne avait revu tous les systèmes de voirie et d’évacuation des eaux usées. Nariko s’avança le long de la ruelle, ne voyant personne. Il y avait plusieurs portes, et elle remarqua que l’une d’entre elles était entrouverte.

« J’ai l’impression d’être une espionne… » maugréa-t-elle.

Elle se dirigea vers la porte entrouverte, et pénétra, avec Alastyn et Kaï, dans une antichambre en bois, avec une autre porte, accessible par un petit perron de trois ou quatre marches. Celle-ci était fermée, et Nariko tapa à la porte en bois. A côté, il y avait une petite lampe à huile, éteinte. C’était probablement une entrée latérale, et, quelques secondes plus tard, un petit volet en bois s’écarta, révélant deux yeux bleus, avant de rapidement se refermer. Nariko s’impatientait, rejetant l’envie de s’emparer d’Heavenly Sword pour défoncer la porte, mais cette dernière s’ouvrit rapidement. Il y avait un homme patibulaire derrière, une sorte de géant chauve avec deux yeux s’enfonçant dans ses orbites, et des mains énormes. Il s’écarta lentement, et, derrière lui, comme dans un conte de fées, la belle se trouvait là.

« Je vous souhaite la bienvenue. »

Orphée (http://img93.xooimage.com/files/0/4/c/orph-e-3bff7d9.jpg) était effectivement une très belle femme, qui faisait plus penser à une courtisane de luxe qu’à une prostituée de bas étage. Elle avait de superbes yeux noisettes plongeants, hypnotiques, allant à merveille avec sa peau chocolatée. Une beauté des îles qui leur fit un léger sourire, tandis que le colosse à côté d’elle referma la porte.

« Ne vous en faites pas, Balleor est un garde fidèle, qui s’assure de ma protection en ces temps compliqués. »

Nariko la considérait avec scepticisme.

« Vous... Vous êtes vraiment une Sœur ? »

Orphée haussa les épaules.

« Toutes les sœurs ne vivent pas recluses dans des couvents en devenant nonnes. Certaine préfèrent l’action à la prière. Je suis une Sœur, et, si j’ai bien compris, vous êtes ici pour supprimer DeathClaw ? »

C’était une question rhétorique, et Orphée enchaîna rapidement :

« Le trajet s’est-il bien passé ? »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le jeudi 02 mai 2013, 14:03:03
Kaï avait surpris Alastyn par sa remarque sur l'odeur. Cette fille avait l'air de vivre dans un autre monde, comme si l'état actuel des choses ne l'atteignait pas. Malgré cela, elle se révélait être une bonne alliée et il ne fit aucune autre remarque. Ce n'était pas le moment et la vexer n'était pas dans ses intentions, loin de là. Il retourna vers l'auberge en compagnie des deux femmes, voyant du coin de l'oeil les regards des loubards tournés vers eux. Cette sensation d'être épié sur tout ce qu'on fait le mettait mal à l'aise, il avait envie d'aller leur dire de s'occuper de leurs affaires mais c'était prendre le risque de se faire décapiter au milieu de la rue. Cette mort serait tellement inutile qu'il ne dit rien et continua de marcher. Furtivement, il jeta un œil sur le tracte relâché par Nariko et y vit le cochon assis. Il n'y prêta pas plus attention que ça et continua la route

« J’ai l’impression d’être une espionne… »

« Ça vaut toujours mieux que de se faire tuer en rentrant dans le tas. »

Une fois dans l'antichambre, l'obscurité les entourait, avec pour seule lumière, un rayon de clarté provenant de l'entrebâillement de la porte. Il ne fallut pas longtemps pour qu'un bruit de bois se fasse entendre face à eux. Alastyn observa par là et aperçu les yeux bleus avant de les voir disparaître dans le même bruit que précédemment. Le doute s'installa en lui, il se demanda s'ils allaient pouvoir entrer lorsque la porte s'ouvrit. Nariko passa, suivie de Kaï, elle-même suivie par l'ESPer. Une fois qu'ils furent entrés, le géant referma la porte, non sans s'assurer que personne ne les avait suivis et Orphée se mit à parler. Une formule de bienvenue, une phrase pour rassurer le trio quant à la présence de Balleor et une question rhétorique après avoir répondu à Nariko. Tout ça était bien beau, juste le temps de se mettre en place avant de passer aux choses sérieuses.

« Le trajet s’est-il bien passé ? »

« Pas autant qu'il aurait pu mais nous sommes là. C'est que tout n'a pas été si mal en fin de compte. »

Il posa un instant son regard vers Balleor, son garde du corps et reprit.

« Comme vous l'avez souligné, nous sommes là pour DeathClaw et votre aide pourrait nous être précieuse. Déjà, est-ce que le paladin, frère Vanguard, est arrivé et, si oui, lui parler pour préparer un plan de bataille ne serait pas une mauvaise chose. »
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le vendredi 03 mai 2013, 00:50:17
Kaï trouvait qu’Orphée aussi sentait bon. Pour elle, c’était un bon argument pour lui faire confiance, mais elle restait silencieuse, sachant que, dans ce genre de situations, il valait mieux laisser Nariko négocier. Kaï restait donc en retrait, tandis qu’Alastyn, visiblement pressé, posa rapidement plusieurs questions concernant DeathClaw et Vanguard.  Orphée le regarda, et esquissa un léger sourire.

« Frère Vanguard n’est pas encore arrivé. Il semblerait que les égouts de la ville ne soient pas très sûrs en cette période de l’année. »

Nariko pouvait le confirmer, avec toutes les bizarreries qu’elle avait vu sous terre. Des sectes fanatiques où des hommes copulaient avec des araignées géantes, des trafiquants, des noyeurs, des vampires... Il y avait toute une espèce de bestiaire là-dessous. A l’avenir, elle y réfléchirait à deux fois, avant de retourner dans les égouts. Orphée leur expliqua que, du fait de la forte tension sociale qui régnait, les patrouilles de soldats dans les égouts s’étaient raréfiées, donnant effectivement lieu à une hausse des trafics suburbains, et au développement des monstres.

« Nexus est une ville au passé long et tumultueux. Il y a quantité de créatures qui se nourrissent des déchets de la ville.
 -  Ouais, ouais, l’interrompit Nariko, n’ayant pas spécialement envie d’un exposé sur la question, on a vu... Et si vous nous fournissiez un plan d’attaque ? »

Orphée se mordilla les lèvres. Décidément, Nariko avait du mal à croire que ce soit une sœur, vu son maquillage, et sa grande beauté. Elle hocha la tête, puis leur fit signe de la suivre. Balleor marchait devant, et lui ouvrit la porte. Nariko, Kaï, et Alastyn, entrèrent dans des couloirs parfumés et chauds, avec de l’encens, des lumières roses, des portes closes et entrouvertes, qui permettaient parfois de voir des femmes à l’intérieur, faiblement vêtues, très belles, en train de rigoler, ou de se faire tendrement l’amour. Nariko résista à la tentation d’y voir un peu plus. Balleor s’arrêta devant une porte, et Orphée entra. Nariko la suivit, ainsi que ses acolytes, et ils pénétrèrent dans une chambre avec une fenêtre donnant sur une cour, à l’intérieur de l’auberge.

« Un plan d’attaque, donc... Et bien, si vous cherchez DeathClaw, ou quel que soit son nom, il est dans ce bâtiment, au dernier étage. »

Du doigt, elle avait désigné, par la fenêtre, un bâtiment en face de la cour. Cette cour se composait de plusieurs arbres, d’un parvis, et d’arcades voûtées le long des murs. Il y avait parfois plusieurs patrouilles qui passaient, et Nariko discerna des archers sur les toits. Le mieux serait que Kaï grimpe sur les toits par les arbres de la cour, afin de leur fournir une couverture aérienne.

« Les troupes de Vanguard entreront par le cellier, soit dans l’aile est. Le mieux me semble donc que vous passiez par l’aile ouest. Tenez, regardez. J’ai... Réussi à obtenir des plans de l’auberge. »

Orphée se dirigea vers sa table de travail, et en sortit une espèce de parchemin, qu’elle déroula, et qui permit de voir un plan sommaire de l’auberge :

(http://img97.xooimage.com/files/d/6/6/sans-titre-3de0334.png)

Le plan était simple, tout comme la stratégie.

« Au sein du harem, les gardes vous prendront pour une prostituée et un client. N’hésitez pas à donner le change, si la situation l’exige. Je vous conseille de monter au second étage. Il y a une porte permettant de mener à l’aile ouest, et elle est rarement gardée. Ensuite, je vous conseille d’attendre que Frère Vanguard arrive pour remonter vers l’aile nord, où se trouve DeathClaw. »

C’était effectivement un plan simple. Nariko hocha la tête, puis expliqua à Kaï qu’elle devrait discrètement se rendre sur les toits. Kaï obtempéra, et fila dans la cour, laissant Nariko avec Alastyn. La guerrière n’ayant aucune question supplémentaire, elle sortit de la pièce. L’odeur enivrante de cet harem était assez repoussante, surtout elle, comme une sorte de féminisme aiguë teintée de sexisme. Elle n’avait qu’une envie : quitter cet harem infernal.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Alastyn le vendredi 13 septembre 2013, 17:07:40
Lorsqu'Orphée parlait, tout semblait si simple mais en regardant par la fenêtre, Alastyn observait un peu partout, comme à son habitude. L'aile est, l'aile ouest, le bâtiment en face d'eux et les archers postés sur les toits. Tout cet ensemble lui paraissait comme une place forte qu'il aurait été difficile de prendre d'assaut. Avoir quelqu'un à l'intérieur était un atout non négligeable au vu de la sécurité. En soi, ça n'avait rien d'étonnant, même pour ceux qui ne connaissaient pas l'existence du démon. Cette place était le point centrale de la résistance, le repère du chef des résistants et si les forces de l'Ordre venaient à les trouver, ils devaient bien avoir de quoi se défendre. Une patrouille passait encore lorsque l'ESPer cessa ses observations. Il revint à la discussion et observa le plan déroulé. Il était basique mais correspondait bien à la réalité de la chose. Il ne le regarda pas plus de deux secondes.

« Au sein du harem, les gardes vous prendront pour une prostituée et un client. N’hésitez pas à donner le change, si la situation l’exige. Je vous conseille de monter au second étage. Il y a une porte permettant de mener à l’aile ouest, et elle est rarement gardée. Ensuite, je vous conseille d’attendre que Frère Vanguard arrive pour remonter vers l’aile nord, où se trouve DeathClaw. »

Rarement gardée, voilà qui était légèrement dérangeant. Se mêler à la foule devait être une chose faisable pour les faire passer sans se faire repérer par les gardes mais une fois devant la porte indiquée, ce serait autre chose. Si elle était gardée, il leur faudrait faire partir les gardes ou encore les affronter. S'ils les affrontaient, ce serait signaler leur présence au chef des lieux qui devait certainement les avoir senti de toutes manières. Maintenant qu'ils étaient là, faire marche arrière était tout bonnement impossible, ils devaient continuer d'avancer, de se rapprocher de l'Animaegi. Une question se posait encore concernant Frère Vanguard.

« Comment saurons-nous que les renforts sont arrivés? »

Il y aurait sûrement un signal ou quelque chose de ce genre mais il voulait être sûr et ne rien laisser au hasard. Plus ils avançaient, plus il se sentait changer, devenir un peu plus responsable, moins silencieux tout en gardant une capacité de réflexion vitale pour le bien de l'équipée.

« Je ferai pendre quelque chose à ma fenêtre. Ainsi, vous saurez que vous pourrez avancer vers l'aile nord de votre coté. »

C'était simple mais ça suffisait pour savoir quand y aller. Elle mettrait certainement Frère Vanguard au courant lorsqu'il era arrivé pour coordonner leurs mouvements. D'après ce qu'avait vu Alastyn, ce serait visible des deux cotés et ce ne serait pas surprenant que quelqu'un pende un drap ou quelque chose du genre pour l'aérer ou le faire sécher. Satisfait, il sortit de la pièce où ils se trouvaient et avança à la suite de la guerrière pour lui résumer discrètement le signal de départ.
Titre: Re : Déchéance urbaine [Alastyn]
Posté par: Nariko le mardi 17 septembre 2013, 11:04:59
NARIKO

Se faire passer pour une prostituée... C’était vraiment une mauvaise idée, qui lui faisait horreur. Rien que pour ça, elle avait envie d’égorger Orphée. Cependant, elle devait bel et bien admettre que son plan, aussi tortueux soit-il, avait des chances de marcher. Nariko était plutôt belle, mais elle allait devoir se débarrasser d’Heavenly Sword. Une prostituée avec une épée, ce n’était guère crédible. Nariko réfléchissait, tandis qu’Alastyn posait à Orphée une question concernant Vanguard. Cette dernière leur expliqua qu’elle utiliserait un chiffon pour signaler l’arrivée de Vanguard. Nariko hocha la tête. Elle estimait cette aide inutile, mais elle ne comptait pas le dire. Heavenly Sword lui suffisait amplement.

« Allons-y, Alastyn... »

Elle s’avança un peu, le long d’un couloir, et s’arrêta au bout de quelques mètres, avant de se retourner.

« Voudriez-vous prendre mon arme ? Une pute avec une épée, ce n’est guère crédible. »

Elle avait lâché ce mot avec mépris, pour lui montrer tout le dégoût que cette expédition lui inspirait. Elle lui tendait son épée, avec le fourreau, et, quand la main d’Alastyn l’agrippa, elle la retint, en fronçant les sourcils.

« Fais-y attention. »

Elle s’était tellement habituée au poids de cette épée dans son dos que ne pas la sentir lui donnait le sentiment d’être nue. Elle reprit sa route, quittant le couloir, pour rejoindre l’aile ouest, où on entendait des gloussements et des bruits de pas rapides, des soupirs lascifs et des grincements de lits. Les couloirs étaient enfumés, avec une légère odeur d’encens, des murs de couleur chaudes avec de belles fenêtres ouvertes donnant un éclairage tamisé sur la zone. Il n’y avait aucune porte, seulement des rideaux. Nariko vit une pièce où deux femmes nues faisaient l’amour à un homme, l’une lui faisant une fellation, et l’autre l’embrassant dans le cou. Dans une autre pièce, deux femmes s’embrassaient tendrement sous les yeux d’un homme. Il devait s’agri de rebelles. Nariko s’avançait lentement, sur une moquette tendre et confortable qui étouffait ses pas.

La guerrière s’avançait, rejoignant le troisième étage, où il y avait désormais des portes closes, probablement pour les clients les plus riches. Nariko marchait lentement, quand elle entendit des bruits venant de dehors. Elle tourna sa tête vers une fenêtre. Les bruits venaient de l’auberge. Des cris, des hurlements... Et un mouchoir était tendu dans la fenêtre d’Orphée.

« Il semblerait que Vanguard soit arrivé... Nous devrions nous hâter... »

Comme pour confirmer ses dires, un corps traversa une fenêtre, et tomba d’un étage pour tomber sur la cour centrale. Il était temps de se ruer.



VANGUARD

(http://nsa34.casimages.com/img/2013/09/16/mini_130916010120133410.jpg) (http://nsa34.casimages.com/img/2013/09/16/130916010120133410.jpg)

Les noyeurs n’avaient eu aucune chance contre Vanguard et ses hommes. C’était un paladin redoutable, qui avait déjà mené une croisade infernale, allant jusqu’en Enfer avec une armée de nobles guerriers pour terrasser des démons. En comparaison, quelques noyeurs étaient donc insignifiants pour lui. Frère Vanguard les avait terrassé sans aucune difficulté, jusqu’à arriver sous l’auberge. Se battre contre des révolutionnaires lui déplaisait fortement. Il n’était pas un politique, mais, d’un autre côté, si le régime politique nexusien était affaibli,  l’influence de l’Ordre, aussi bien spirituelle qu’économique, serait affaiblie. Les paladins le savaient, donnant lieu à un conflit d’intérêts entre leur survie et entre un principe central qu’ils chérissaient : le principe de libre-arbitre. Ce principe induisait celui de libre détermination des peuples. Si le peuple ne voulait pas de la monarchie nexusienne, les paladins ne sauraient s’y opposer. Ceci donnait lieu à d’interminables débats pour savoir s’il fallait agir ou non. Les révolutionnaires représentaient-ils vraiment l’expression de la volonté générale ? Vanguard faisait partie des paladins prônant une intervention dans le milieu de la politique, car il était, pour sa part, un animal politique.

« Nous y sommes... Voici la trappe, elle nous mènera à la cave à vins. Frère Lambert, vous irez avertir Sœur Orphée. »

L’homme hocha la tête, et le groupe installa une échelle, atteignant la cave à vins. Quelques frères tuèrent des individus isolés dans la cave à vins, qui cherchaient à boire. Ils les égorgèrent proprement, puis grimpèrent l’escalier menant vers l’auberge.

« Ils sont trop nombreux pour passer discrètement... Préparez-vous, mes frères. »

Et Vanguard donna l’assaut en donnant une charge magique.