Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Discussion démarrée par: Rayne le samedi 11 février 2012, 22:59:01

Titre: [FINI] Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 11 février 2012, 22:59:01
« Nous approchons du Château-Lerouge ! s’exclama l’homme en souriant.
 -  J’espère qu’ils auront de la nourriture, répliqua sa femme.
 -  Tu connais la devise ; il y a toujours de la nourriture au Château ! Le duc Beauregard y pourvoit facilement !
 -  Je l’espère… Lyria est affamée, et je ne peux même plus donner le sein à Léo. Je n’ai plus de lait ! »

La femme était nerveuse, et son mari tentait vainement de la rassurer, tandis que le chariot s’avançait paresseusement sur une route accidentée. C’était le chariot familial, qui, malgré les avertissements, les routes dangereuses, mal famées, mal entretenues en cette période hivernale particulièrement froide, voguait sur les routes, suivant une rivière pour rejoindre le Château-Lerouge. Ils se trouvaient dans une région qui, l’été, était très pittoresque. Biend es peintures d’artistes avaient été feintes sur cette chaîne de montagnes se découpant au loin, au milieu de la forêt de pins, ou dans les ruisseaux et les cascades serpentant dans la forêt. On se trouvait dans l’un des territoires de Nexus, une zone qui, en temps normal, était un petit coin de paradis.

En temps normal…

Car ce temps-là n’était pas un temps « normal ». Prétendre le contraire, c’était concevoir que la normalité était injuste et méchante. Prétendre le contraire, c’était considérer qu’une famine grandissante était normale. Prétendre le contraire, c’était affirmer que les loups attaquaient normalement les enfants jouant dans la forêt, les bûcherons, et on ne parlait encore que des loups. D’aucuns affirmaient même que des wendigos rôdaient dans la forêt. La situation, pour la famille qui fuyait, n’avait donc rien de normale. Une vague de froid assez violente s’était abattue depuis plusieurs semaines, tuant les cultures, et, dans chaque petit village et bourg, on réfléchissait à venir se réfugier derrière les murs épais du confortable Château-Lerouge, un imposant bastion, reliquat d’une invasion poussée par l’Empire d’Ashnard, ,un bastion qui avait courageusement su repousser l’envahisseur en menant depuis le château des offensives de déstabilisation dans les cols, les vallées, et les canyons serpentant à travers les montagnes.

Financer ce voyage avait été difficile, et la famille avait du se priver de l’aide d’un mercenaire. On disait les routes mal famées, hantées par des brigands sans scrupules, des loups, et bien d’autres bêtes plus sinistres encore. La famille avait emporté ses maigres biens en louant les deux chevaux au maréchal-ferrant, afin qu’on ne les vole pas, et la mère de famille, Sarah, peinait à nourrir ses trois enfants. Un jeune homme, Bastien, une fille, Lyria, et un bébé, Léo. Ils en étaient à ce point ruinés qu’ils avaient accepté d’embarquer avec eux une mystérieuse femme venue récemment au village, une femme avec les cheveux de feu, encapuchonnée, qui parlait peu, et se présentait comme une pèlerine sans histoire. Sarah avait été très hostile à l’idée de l’embarquer, jusqu’à ce qu’elle montre une bourse en or. Elle avait alors accepté de l’embarquer. La jeune femme parlait peu, restant dans un coin du chariot.

« Écoute, chérie, tu n’as pas à t’en faire. Nous serons protégés de toutes les formes de menace à l’intérieur… »

La jeune femme qui feignait de dormir savait pertinemment que l’homme mentait. Tous les serfs se précipitaient dans l’enceinte du Château, et le duc était obligé de les accepter, en vertu de ses obligations seigneuriales. On ne fuyait pas que le froid ou les animaux par ici, mais aussi un être qu’on surnommait « Antéchrist », un nom aux origines inconnues, qui faisait référence à une religion relativement minoritaire sur Terra, plus connue sur Terre sous le nom de christianisme. L’Antéchrist était responsable, dans plusieurs villages, de la mort particulièrement atroce de plusieurs enfants, qui avaient été affreusement mutilés, et retrouvés dans des maisons couvertes de sang. On avait initialement cru à un tueur en série, mais, sous l’impulsion des moines et autres pasteurs, on avait fini par retenir une version un peu plus… Religieuse. Si Rayne se tenait là, c’était justement à cause de cette situation. L’histoire de l’Anthéchrist avait rejailli jusqu’à Nexus, et elle avait fini par venir. Le voyage avait été assez long, et, pour plus de précaution, elle s’était faite passer, dans ce village, pour une pèlerine.

« Honnêtement, je serais soulagée quand elle ne sera plus avec nous, murmura-t-elle à son mari. Elle dégage de mauvaises vibrations… »

Elle parlait à basse voix, susurrant, mais Rayne l’entendait sans la moindre difficulté. Yeux clos, elle faisait semblant de dormir. Son mari s’apprêta à répondre, mais Rayne entendit alors des bruits de chevaux, tandis que des cavaliers encapuchonnés et armés surgissaient devant le chariot. Chacun avait des arcs, et d’autres ennemis embusqués dans les arbres pointaient sur eux des flèches.

« Qui… Qui êtes-vous ?!
 -  Nous ne sommes que de braves compagnons, brave Messire ! Si fait, de braves individus qui ne font que demander un peu de charité !
 -  Nous… Nous n’avons rien de valeur…
 -  Tout a de la valeur, cher Messire. Votre femme, une fois qu’on l’aura un peu engrossé, j’suis sûr qu’on la revendra à bon prix ! Sans parler de vos toges, de vos dents, et… »

Rayne ne l’écoutait plus, et sortit de la caravane. Il y avait d’autres bandits derrière, armés de lances et d’épées, et les enfants avaient peur. Elle descendit de la caravane, avec sa robe grise, sa bure de pèlerin.

« Qu’est-ce qu’un moine fout là ? »

Souriant sous cape, Rayne retira alors sa tenue de pèlerine, et vit les visages estomaqués des bandits en voyant le corps de Rayne… Ainsi que ses deux lames dhampirs. Ils n’eurent cependant guère le temps d’en profiter, car les lames jaillirent. Recourbées en arrière, elles se tendirent en avant, tuant proprement les deux bandits, chacune s’enfonçant dans leurs gorges. Rayne retira ses lames, et, tandis que les gardes chancelaient, elle les abattit proprement, faisant sauter les deux têtes surprises.

« Un peu d’action… Ça me manquait ! »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le lundi 13 février 2012, 01:20:32
La neige tombait sur le corps fatigué de Reikus, non pas fatigué de son voyage vers Château-Lerouge, mais fatigué de se battre. Fatigué des injustices qui étaient commises chaque jour, fatigué de voir des êtres aux cœurs noirs parcourir librement les terres. Reikus était fatigué de tout ca, quand-est-ce qu’Ius lui accorderait un peu de répit? Quand-est-ce que le monde serait juste, et pur? Cela faisait trop longtemps que Reikus se posait les mêmes questions, et à chaque fois, sa conclusion était la même. Il ne croyait pas pouvoir trouver le répit qu’il espérait, et avait perdu depuis longtemps l’espoir de trouver un jour un monde parfait.

Mais pourtant il continuait de se battre, et Reikus se demandait souvent pourquoi, était-ce parce qu’il gardait toujours au fond de lui, quelques étincelles d’espoir? Peut-être, mais il ne croyait pas trouver la réponse à ses questions aujourd’hui. Et en plus, il n’avait pas le temps de les chercher, il devait se rendre d’urgence à Château-Lerouge, bien que personne ne lui ait demandé de le faire. Il avait entendu dire que les terres du Duc Beauregard, d’habitude paisibles, avaient subis quelques événements étranges, et plusieurs croyaient que des forces maléfiques étaient à l’œuvre, et quand des terres se faisaient menacer par des forces obscures, il-y-avait de très grandes chances de voir le Dernier Inquisiteur.

Reikus adorait la neige, elle lui rappelait des jours heureux, sans qu’il ne sache pourquoi. Mais en ce moment, il aurait fait presque n’importe quoi pour que le froid s’arrête. Sa cape le gardait un peu au chaud, mais l’homme était pratiquement gelé. Il voyageait depuis trois jours et ne s’était arrêté que pour dormir et pour manger, il n’avait pas de cheval, donc le voyage s’était avéré particulièrement fatiguant. Il approchait peu à peu de la ville, et il espérait que la fin de son trajet se déroule sans problèmes, mais rien n’était jamais aussi simple, pas pour Reikus Mordo.

Au loin, il vit un chariot transportant une famille, il-y avait une mère avec son bébé, le père et deux autres enfants, Reikus put distinguer que quelqu’un d’autre voyageait avec la famille, il n’était pas capable de bien distinguer ses traits car il portait une bure de moine et avait l’air dormir. Le moine ne semblait pas bien costaud, à un moment, Reikus se demanda s’il ne s’agissait pas en fait d’une moine.  La route était dangereuse et il craignait que la famille ne puisse pas se défendre contre une attaque de bandits ou même contre les bêtes sauvages qui étaient si fréquentes dans cette région à cette époque de l’année.

Reikus décida de suivre la famille, et d’une certaine façon, de veiller sur eux. Ses craintes étaient fondées, après seulement une demi-heure, le chariot fût accosté par un groupe de bandits. Deux d’entre eux échangèrent quelques mots avec l’homme dans le chariot, qui semblait terrifié. C’est alors que le moine sortit de la caravane, les bandits ne semblaient pas comprendre se qu’un moine pouvait bien faire là. C’est alors que le moine enleva sa bure, révélant le corps d’une belle jeune femme aux cheveux de feu. Les bandits semblèrent déstabilisés par la vision d’une aussi belle femme maniant deux longues épées, ils ne bougèrent pas, encore sous l’effet de la surprise. Cette erreur leur couta la vie, car la femme planta ses lames dans leurs gorges puis les décapitas.

Reikus n’était pas vraiment surpris, il avait vu des moines faire bien pire que de décapiter deux hommes, quoique en ce moment il ne croyait plus que la femme était un moine. Il sprinta la centaine de mètres qui le séparait du chariot et des bandits. La femme n’avait pas l’air d’avoir besoin d’aide pour repousser les bandits, mais le Dernier Inquisiteur ne pouvait rester là à rien faire pendant qu’une famille se faisait attaquer. Il dégaina son épée puis attrapa un bandit par la gorge. Reikus pouvait lire de la terreur dans les yeux du criminel c’est alors qu’il lui demanda,

-   Quel est ton nom?

-   Mon… mon nom, pourquoi?

-   Envoyer quelqu’un à sa mort sans connaitre son nom est un acte des plus déshonorable!

-   Oh non… pitié… Je m’appel Jerrik, Jerrik Aldran  


Reikus lâcha le bandit puis lui trancha la tête, Jerrik ne vit même pas le coup qui le tua. Reikus savait qu’il ne pourrait pas arrêter tout les bandits présents pour leur demander leurs noms mais l’avoir fait une fois apaisait un peu sa conscience. Reikus avançait lentement vers les brigands, et un feu semblait bruler dans son regard. Il s’arrêta à la hauteur de la rouquine puis lui fit signe de la tête, comme pour lui dire qu’il ne lui voulait aucun mal.

Reikus éprouvait une haine profonde envers les bandits de grand chemin, qui s’en prenaient à ceux qui ne sont pas capables de se défendre. Plusieurs brigands avaient péris sous les coups du Dernier Inquisiteur. Il savait que les bandits et les pillards n’étaient pas habitués que leurs cibles se défendent, et quand c’était le cas, ils ne savaient plus quoi faire et étaient désorganisés. Il était convaincu que les bandits ne se vivraient pas longtemps, car il savait qu’il était un guerrier expérimenté, et la jeune femme aux deux lames semblait particulièrement redoutable.

Reikus espérait sincèrement que tuer ces bandits découragerais d’autres malfrats de s’installer dans le coin, mais il n’était pas idiot, il savait que dès qu’il aurait le dos tourner, d’autres viendraient prendre leurs place, car tel était la réalité, il-y en aurait toujours d’autres...   
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le lundi 13 février 2012, 12:49:57
Après avoir tué les deux bandits, Rayne se dépêcha. L’appel du sang, de l’action, se faisait ressentir dans ses tripes. Elle bondit en arrière, atterrissant sur le toit du chariot. Surpris, l’un des mercenaires leva la tête vers elle, mais n’eut pas le temps de faire autre chose. Rayne courut rapidement vers les deux, et sauta sur l’un des cavaliers, le renversant dans un petit couinement de douleur, avant qu’il ne se taise définitivement. Le second cavalier tenta de sortir une dague, mais se reçut un coup de pied dans le ventre, le renversant en lui lacérant la peau.  La Dhampir sentit une flèche siffler à côté d’elle, et se retourna vers les archers embusqués dans les arbres, et les autres miliciens. Un sourire naquit sur ses lèvres.

*Il convient de s’occuper des menaces prioritaires.*

Rayne se mit à courir rapidement, atterrissant devant deux fantassins armés d’épées. Ces derniers tentèrent assez inutilement de se battre. Avec ses lames, Rayne arracha la main d’un des deux, et enroula sa jambe autour du cou de l’autre, s’en servant pour le renverser vers le sol, avant d’orienter son épée de manière à trancher à hauteur du bassin, coupant le corps en deux. Elle relâcha la carcasse, et vit une flèche jaillir devant elle, l’évitant de peu. Relevant la tête, elle vit l’archer blêmir, et sourit.

« Ce n’est pas avec une flèche que tu attraperas mon cœur, mon mignon. »

Rayne tendit alors la main. Recourbée autour de ce qui faisait office de pommeau, un filin en acier se détendit, sorte de grappin qui s‘enfonça dans la chair de l’homme, à hauteur de son épaule. Il en lâcha son arc, et Rayne tira d’un coup dessus, donnant un coup sec. Le corps de l’archer s’envola dans un hurlement. Le grappin relâcha le corps du franc-tireur, et renversa un autre archer sur un arbre, les faisant tomber. La corde qui retenait le pied de l’archer à la branche d’arbre se coupa. La Dhampir récupéra ensuite son grappin, et se retourna brusquement, parant avec l’une de ses lames une hache qui se bloqua contre cette dernière. Avec l’autre, elle aurait volontiers pu tuer sur le coup l’ennemi, mais elle décida de le faire souffrir un peu, relevant son arme pour lui trancher un bras à hauteur de l’épaule. Le sang se mit à jaillir, et l’homme en poussa un hurlement terrifiant de douleur.

C’est à ce moment que Rayne remarqua un mystérieux individu qui attaquait les ennemis, se rapprochant d’elle. Elle ne décela aucune attitude offensive dans son regard, et il n’avait pas spécialement l’air de ressembler à un brigand. Elle fronça les sourcils, mais il se désintéressa d’elle, après un bref regard complice et un hochement de tête. Ils n’eurent toutefois pas le temps de se présenter ample mesure, car d’autres adversaires ne tardèrent pas à venir, en l’espèce des chiens sauvages et voraces que d’autres mercenaires avaient lâché sur eux.

« On discutera plus tard », fit Rayne à l’attention de l’homme.

Elle avait vaguement remarqué que le chariot était suivi, mais elle n’y avait pas fait attention, y voyant un quelconque maraud ou rôdeur. Rayne brandit ses lames, fondant vers les chiens affamés. L’un d’eux bondit vers sa gorge, mais se reçut la lame de Rayne. Son corps s’écrasa violemment contre l’arbre, et le pied de Rayne frappa la tête d’un autre chien. Un troisième réussit à la renverser, essayant de la mordre à la gorge, mais elle le repoussa en pointant ses canines, et en l’enfonçant dans la fourrure du chien, déchirant ses veines. Rayne se releva ensuite rapidement, et para avec ses deux lames une hache. Elle tenta de donner un coup de pied, mais l’homme fut plus rapide. Assez imposant, il enfonça son pied dans l’estomac de Rayne, la renversant sur le sol, tentant à nouveau de frapper avec sa hache. D’une roulade, la Dhampir parvint toutefois à éviter l’attaque, et trancha les deux pieds de l’homme au niveau des orteils, avant de faire une roulade. Ses pieds s’élevèrent dans les airs, et l’un de ses talons aiguilles se planta dans l’œil de l’homme privé de ses jambes. Depuis cette position, elle affronta deux autres bandits, armés d’un fléau et d’une épée. Utilisant sa jambe sur la tête du bandit comme point d’appui, elle leva l’autre vers le bandit armé d’une épée, le repoussant, et évita le fléau en reculant sa poitrine. Les deux lames fendirent l’air, l’une vers la gauche, l’autre vers la droite, transformant le corps du bandit en un kit de membres à recoller.

Les bandits ne tardèrent pas, sous l’assaut de l’homme et de la femme, à se replier rapidement. Les lames ensanglantées, Rayne les regarda filer en souriant.

« Dommage… C’était amusant… »

Son regard se tourna vers le mystérieux individu.

« Tu te débrouilles pas trop mal avec une épée. Merci du soutien. Rayne », fit-elle en se présentant.

Elle retourna vers le chariot pour constater que la situation venait de légèrement se compliquer. Le bandit qu’elle avait épargné avait sa dague sortie, menaçant la femme. Rayne s’approcha, et, quand il la vit, il saisit la femme, et plaça son couteau sous sa gorge.

« Ne… Ne ne bouge pas, ou je l’égorge, salope !
 -  Ah oui ?
 -  Lâ… Lâchez-moi ! sanglota-elle.
 -  Ta gueule ! Arrête de bouger ! »

L’homme était paniqué, mais Rayne, si elle était rapide, en pouvait pas non plus l’empêcher de l’égorger. Fort heureusement, il n’avait pas vu Reikus, et ce dernier pouvait probablement passer en douce pour l’attaquer. Rayne se contenta donc de l’occuper, de s’assurer que son attention soit exclusivement concentrée sur elle :

« Tu sais, mon beau, il y a deux manières pour toi de régler ça. Soit mourir rapidement et de manière indolore, soit mourir d’une manière particulièrement longue et douloureuse en jouant avec mes lames, et avec mon fantasme caché d’être chirurgienne. Je laisse ton esprit fatigué réfléchir à ce qui est la meilleure façon pour toi de mourir rapidement. »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mardi 14 février 2012, 06:18:57
Le corps du pauvre Jerrik n’avait pas encore touché le sol que Reikus décapitait un second bandit. Ce geste attira l’attention de trois autres brigands. Deux d’entre eux maniaient des épées mais le troisième, qui semblait un peu plus haut dans la hiérarchie du groupe, se battait avec une lourde masse. Les deux épéistes avancèrent vers Reikus, épées brandîtes au-dessus de leurs têtes, ces hommes ne semblaient pas avoir reçus d’entrainements particuliers. Reikus planta son épée dans le torse d’un des deux hommes et fit reculer l’autre avec un coup de pied dans le ventre. Le Dernier Inquisiteur ressortit sa lame du corps du premier homme, et d’un geste vif comme l’éclair, planta sa lame dans la gorge du second.
Le troisième allait être une tout autre histoire, il semblait beaucoup plus expérimenté que les deux premiers hommes, mais n’était pas assez vieux pour ressentir les effets négatifs de l’âge. 

Il se mit en position de combat, Reikus fit de même. Les deux guerriers se fixaient attentivement, tentant de repérer une quelconque faille dans la technique de l’autre. Reikus se battait depuis très longtemps, est il était difficile pour quelqu’un de normal de trouver des défauts dans sa position, mais un œil plus avertis pouvait en détecter quelques unes.  Reikus gardait sa garde basse, se qui lui permettait de lancer des attaques au parties vitales plus rapidement, mais laissait le haut de son corps à découvert.

Le bandit quant à lui, balançait étonnement bien sa garde, mixant offensive avec défensive, mais ne plaçait pas ses jambes de façons à les protéger. Même le plus costaud des costauds ne pouvait pas marcher avec une rotule en bouillie. Reikus décida d’exploiter cette faille. Le bandit lui lança un lent mais puissant coup de masse, heureusement pour lui, Reikus n’eut aucun mal à l’éviter. Il riposta avec un puissant coup de pieds circulaire au genou gauche. Le brigand n’avait d’autre choix que de déposer son genou à terre. Le Dernier Inquisiteur décapita son adversaire d’un brutal coup d’épée.   

Il prit un moment pour regarder comment se débrouillait la rouquine. Elle était à la fois élégante et meurtrière. Elle découpait en rondelle ses assaillants sans aucune difficulté, son style était, d’une certaine façon, beau à voir. Reikus, lui, préférait éliminer ses ennemis d’une tout autre façon, son style était simple, mais efficace. Il fût tiré de ses rêveries par une flèche qu’il reçut dans l’épaule, Reikus ne broncha même pas. Le projectile avait été en partie arrêté par son armure, il le retira puis repéra l’archer qui se cachait dans les bosquets à quelques mètres de lui. Reikus n’aurait pas dû recevoir la flèche, combiens de fois est-ce que son mentor, Cade, lui avait-il répété de se concentré sur ses adversaires?

Reikus fonça sur l’archer et le plaqua contre un arbre, ce dernier n’eut même pas le temps de réagir. Reikus sortit sa dague de son fourreau puis la lui planta sous le menton, dans les yeux du brigand, il vit un mélange de peur et de tristesse, peut-être que le type qu’il venait de tuer avait une famille, quelque part. Reikus venait possiblement de tuer un père, un fils ou un frère. Il chassa cette idée de sa tête, se consolant en se disant que l’homme qu’il venait de tuer avait sûrement commis beaucoup de meurtres et de vols, c’était son devoir de mettre un terme à sa vie.

La plupart des bandits étaient morts ou fuyants, Reikus s’assura que la guerrière n’avait pas trop d’ennuis. Bien évidemment, elle avait terrassé ses adversaires en un clin d’œil. Reikus avait toujours été intimidé par les femmes en générale, et il avait d’excellentes raisons de craindre celle-ci.

-   C’était un beau combat, commenta Reikus

Il regarda alors la Rouquine, elle le complimenta sur ses talents de guerrier, Reikus estimait que c’était le plus beau compliment que quelqu’un puisse lui faire.

-   Tu te débrouilles pas trop mal avec une épée. Merci du soutien. Rayn

-   Reikus. Et merci beaucoup, permettez moi de vous retourner le compliment, il est rare de voire quelqu’un manier aussi bien une lame que vous. Et bien, deux lames en l’occurrence, sourit Reikus

Rayne retourna à la caravane, Reikus s’apprêtait à faire de même quand il réalisa qu’un bandit qui avait survécus à l’affrontement retenait en otage la paysanne qui était resté dans le chariot. Le bandit ne semblait pas avoir remarqué la présence de Reikus, et Rayne le savait. Elle tentait de gagner du temps, et d’attirer son attention pour donner la possibilité à Reikus de prendre le brigand par surprise. Il constata que Rayne n’était pas qu’une guerrière, elle était également très intelligente.

Reikus contourna lentement la caravane, passant par la forêt, restant à l’abri des regards. Il s’approcha sans faire de bruit de l’homme et de son otage. Le bandit tremblait, et craignait pour sa vie, les menaces et les provocations de Rayne n’aidaient pas à le rassurer.  Une fois assez près de lui, Reikus passa à l’action. Le bras puissant du Dernier Inquisiteur arracha la dague de la main tremblante du bandit, de son bras toujours libre, Reikus frappa l’homme au visage. Le brigand n’avait maintenant plus aucune prise sur son otage, Reikus l’attrapa par la gorge, sa force était décuplé par la haine qu’il éprouvait envers le bandit, si bien qu’il le souleva de terre.

-   Tu bruleras en enfer, souffla Reikus entre ses dents

D’un geste rapide de la main, il lui brisa le cou. Reikus laissa tomber la carcasse par terre, il s’agenouilla et puis pria. Il priait pour les hommes qu’il venait de tuer, mais aussi pour lui-même. En priant, Reikus espérait pouvoir sauver le peu qu’il lui restait de son âme. Sa prière ne dura que quelque secondes mais lui fit un grand bien. Il se retourna vers Rayne et vers la famille qui l’accompagnait.

-   Tout le monde va bien, personne n’est blessé?

Il constata que les blessures de la famille n’étaient que superficielles, ils allaient devoir prendre un peu de temps pour se remettre du choc psychologique, mais Reikus ne pouvait pas les aider pour ca. Il se concentra alors sur lui, il n’avait rien à part la flèche qu’il avait reçut dans l’épaule, Reikus allait devoir appliquer un bandage dessus, et il allait probablement ressentir une raideur dans cette région pour les quelques prochains jours, mais dans l’immédiat, il était hors de danger.

-   Pardonnez-moi si dans le feu de l’action je n’ai pas pris le temps de me présenter comme il le faut, je suis Reikus Mordo, heureux de faire vos connaissances. Je devais me rendre jusqu’à Château-Lerouge, permettez moi de vous accompagner jusque là bas, je ne crois pas qu’il-y ait d’autres bandits, mais on ne sait jamais.
     
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mardi 14 février 2012, 11:56:36
L’homme paniquait, ce que Rayne pouvait comprendre. Avec ses longues lames qui dégoulinaient de sang, elle paraissait légèrement effrayante. La dague de l’homme tremblait nerveusement, et elle se mit à craindre qu’il ne tue la femme par erreur.

« Ne… N’avance pas ! » intima-t-il.

Rayne lui offrit un léger sourire amusé, relativement vicieux, et Reikus jaillit alors. D’un coup, il renversa la dague, et, avec ses mains, tua l’ennemi, avant de se mettre à prier. Fronçant les sourcils, Rayne le regarda prier, comprenant qu’elle devait avoir affaire à une espèce de missionnaire, un idéaliste. Un prêtre-guerrier. Un bref rictus traversa le visage de Rayne. Les individus de ce genre qu’elle avait rencontré pouvaient généralement être des fanatiques. La Brimstone, son ancien employeur, cette société secrète, avait toujours difficilement accepté d’avoir une Dhampir dans ses rangs, si bien que cette dernière avait fini par être déclarée persona non grata par cette dernière. Rayne releva sa lame, et commença à lécher le sang qui y baignait. Le sang, même provenant de ces raclures, était toujours aussi bon. Elle rabattit ensuite ses lames quand Reikus se retourna vers les otages, afin de leur parler.

« Pardonnez-moi si dans le feu de l’action je n’ai pas pris le temps de me présenter comme il le faut, je suis Reikus Mordo, heureux de faire vos connaissances. Je devais me rendre jusqu’à Château-Lerouge, permettez moi de vous accompagner jusque là bas, je ne crois pas qu’il-y ait d’autres bandits, mais on ne sait jamais. »

La femme était dans les bras de son mari, et Rayne ne les écouta pas, retournant vers le chariot. Elle retira ses lames de ses poignets, et utilisa sa robe de pèlerine pour les nettoyer, sous le regard attentif des deux enfants.

« Vous… Vous n’êtes pas une pè… Une pèlerine, h-hein ?
 -  Une pèlerine ne se déplace avec des bijoux comme ça, répliqua sèchement Rayne. Maintenant, ignore-moi. »

De manière générale, Rayne n’aimait pas les enfants ; ils étaient trop bavards. Ses lames nettoyées, elle abandonna sa robe de pèlerine, et conserva ses lames en arrière. Les parents avaient accepté que Reikus vienne avec eux, dans la mesure où Château-Lerouge n’était pas éloigné, et dans la mesure où une autre attaque n’était pas non plus impossible à envisager. Ces bandits avaient été nombreux, mais mal organisés, mal préparés. Leurs chiens sauvages étaient affamés, mal dressés. Il en s’agissait pas de bandits de grand chemin, entraînés, qui auraient cherché à immobiliser le chariot autrement qu’en envoyant deux cavaliers. Avec la pénurie alimentaire qui s’abattait dans la région, et les impôts seigneuriaux élevés, bien des individus avaient du décider de vivre dans la forêt. Le Château-Lerouge n’était en effet plus en mesure de protéger efficacement ses terres, vu qu’il avait accueilli beaucoup de réfugiés.

Le chariot finit par atteindre le château, un imposant édifice planté à l’entrée des montagnes. Ses murs se plantaient dans les profondeurs du sol, au fond d’un large précipice, une vallée qui séparait les montagnes des forêts, comme une crevasse naturelle, une dépression immense avec le château planté au milieu. Le Château-Lerouge était un très vieux château, avec une histoire en conséquence. Il avait initialement été construit par le Comte Lerouge, mais n’était alors qu’un simple manoir de repos, qui avait progressivement gagné de l’importance au fur et à mesure d’invasions et d’autres évènements. Les Beauregard avaient pris le contrôle du Château en renversant les Lerouge suite à une trahison organisée à l’occasion de noces fictives entre un Lerouge et une Beauregard. Les Beauregard en avaient profité pour tuer les Lerouge, ayant préalablement soudoyé les gardes, et fait entrer des mercenaires lors des noces, déguisés en musiciens, saltimbanques, et autres individus. On disait que le seigneur Lerouge avait maudit le règne des Beauregard, décrétant que jamais un seul Beauregard ne connaîtrait la paix dans cette demeure. Quoiqu’il en soit, tous les Lerouge avaient été exécutés, faisant des Beauregard les propriétaires légitimes du château.

Bien des années après l’épisode des « Noces maudites », la sinistre prophétie de Lerouge semblait s’accomplir. Imposant et magistral, le Château-lerouge comprenait plusieurs secteurs, des murailles internes, des tours, des pièges. Son donjon se dressait fièrement au centre du château, une tour qui semblait infime face aux montagnes, comme si elle illustrait la prétention humaine de se croire à l’égard de la montagne. On trouvait aussi dans le Château un secteur réservé à l’entraînement militaire, les faubourgs du château, soit un petit village situé au niveau inférieur, dans la crevasse, et également une église de l’Ordre Immaculé. Une superbe église, qui bénéficiait d’un couvent, de beaux jardins, et dont l’origine historique remontait à une épidémie de peste.

Le chariot s’avança le long du grand pont en pierre menant au Château. Les gardes laissèrent passer le chariot, en expliquant aux individus qu’ils devaient se rendre dans la partie inférieure du Château. Les auberges étant pleines, et le châtelain refusant que des pouilleux viennent dormir chez lui (Rayne résumait mentalement ce que les gardes disaient), ils devaient dormir dans des tentes. Le chariot descendit un chemin en pente, et Rayne put rapidement constater que l’état dans le Château était sous tension. Pour une période de paix, il y avait un nombre particulièrement élevé de gardes sur les murs : archers, arbalétriers, qui semblaient plutôt surveiller les multiples serfs que vraiment surveiller le dehors. Des patrouilles de fantassins lourdement armés se promenaient également, alors que le chariot avançait le long de ce qui semblait être une espèce de marché. Rayne vit un jeune homme affamé regarder des fruits.

« Allez, allez, un fruit pour un sou ! Un fruit pour un sou ! » lançait le marchand.

Le jeune homme s’attrapa d’une pomme, et se mit soudain à courir.

« Au voleur ! Au voleur ! » hurla le marchand.

Le jeune homme courut rapidement, mais fut arrêté par l’un des soldats d’une patrouille, qui le renversa, le souleva, le frappa avec son haubert. Le malheureux atterrit contre le mur, et se reçut un coup dans le ventre.

« Tu vas voir ce qu’on fait aux voleurs par ici, sale chien ! »

Rayne se désintéressa de ce spectacle, qui confirmait néanmoins ce qu’elle pensait. La ville était sous tension. Beauregard acceptait tous les réfugiés, mais n’avait visiblement pas de quoi les nourrir ou les loger. Le chariot finit par atterrir à l’entrée du village, et Rayne descendit du chariot. Elle contempla les hauts murs se dressant face à elle. Son instinct vampirique ne lui disait encore rien, mais elle était convaincue que ce château avait des squelettes dans ses oubliettes. Tout comme elle était convaincue que cet individu qu’on appelait l’Antéchrist se trouvait là. Son instinct de chasseresse, pourrait-on dire. Elle se retourna vers Reikus.

« Alors, dites-moi, Reikus… Qu’est-ce qu’un moine-guerrier vient faire au Château ? » lui demanda-t-elle.

Le village était un ensemble de petites maisons et immeubles, toujours sous étroite surveillance, qui bourdonnaient de monde. Qu’il n’y ait pas encore eu une émeute relevait de l’exploit, vu l’état d’insalubrité prononcé du village. Il n’y avait là rien de féérique. Les serfs pataugeaient dans la crasse et la gadoue, éternuaient, semblaient affaiblis et rabougris, probablement à cause de la faim persistante. Un spectacle navrant.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 16 février 2012, 04:44:22
Le Petit groupe continua sa Route vers Château-Lerouge, le trajet se fit dans le silence. Après tout, les enfants étaient toujours en état de choc et les parents ne se remettaient toujours pas de la prise d’otage. Rayne et Reikus, quant à eux, n’étaient tout simplement pas bavards. La petite famille ne semblait plus faire confiance à Rayne, après tout, elle leur avait mentis en leur disant qu’elle était une pèlerine, les enfants n’osaient même pas la regarder. Personne ne semblait apprécier la présence de Reikus non plus, mais ils étaient conscients que s’ils se faisaient encore attaquer, le Dernier Inquisiteur et la mystérieuse guerrière constitueraient leur seule et unique ligne de défense. Donc ils toléraient leurs présences pour le moment, et c’était tout ce que Reikus demandait.

Château-Lerouge était un endroit qui avait vu beaucoup de sang et de morts avec le temps. On dirait que la triste histoire de ces lieux se reflétait dans les visages et dans l’attitude des gens. Ils marchaient la tête basse, et paraissaient tous plus misérables les uns que les autres.  L’air empestait la mort et la maladie. Le châtelain quant à lui, ne semblait pas manquer de rien. Son immense château l’abritait lui et ses sujets mais personne d’autre, le peuple devait s’entasser dans les auberges et dans les maisons, pour ceux qui n’étaient pas de la ville, des tentes étaient disponibles dans la partie inférieur de la ville, c’est à cet endroit que Reikus allait dormir pendant son séjour à Château-Lerouge.

Ils passèrent par le marché, où plusieurs marchands tentaient de vendre leurs produits. Personne n’avait beaucoup d’argent en ces tristes jours, donc la qualité de la marchandise était en conséquence. Les aliments ne semblaient pas très frais, presque tout l’équipement était usagé et en très mauvaise conditions et de nombreux charlatans tentaient de convaincre les gens d’acheter leurs remèdes ‘’miracles’’ contre les maladies.  C’était ironique de voir le nombre de pièces d’or que l’on pouvait se faire avec de l’eau et un peu de colorant… 

Pendant leur passage au marché, les gardes attrapèrent un voleur qui avait enté de voler une pomme. Reikus compatissait un peu avec le voleur qui se faisait malmener par les gardes, il savait que les conditions de vie étaient minables et que le jeune homme n’avait probablement pas eu de vrai repas depuis des jours. Reikus était pourtant convaincu que personne n’avait à se rabaisser à voler, et que peu importe les conditions, un voleur demeurait toujours un voleur, et il ne devait pas recevoir de traitements de faveur. Pendant un moment, Reikus voulut arrêter les gardes, mais se ravisa. S’attirer la colère des gardes à son entrée dans la ville n’était pas la meilleure façon qu’il connaissait de faire une bonne première impression.   
I
ls arrivèrent au village, cet endroit semblait encore plus triste que le faubourg de la ville. Les gens marchaient dans la crasse, étaient presque tous malades et empestaient. Aucune joie ne se lisait dans leurs yeux, et aucun enfant ne riait. Le Dernier Inquisiteur comptait bien faire une différence. Rayne, qui était resté muette presque tout le long du trajet, lui adressa la parole.

-   Alors, dites-moi, Reikus… Qu’est-ce qu’un moine-guerrier vient faire au Château?  

La remarque fit sourire Reikus. Beaucoup de gens le confondaient avec un moine guerrier, et c’était tout à fait logique puisqu’il avait le même tempérament que ces guerriers saints.

-   Vous vous trompez mademoiselle Rayne… Je ne suis pas un moine-guerrier, je suis religieux c’est certain, mais je n’appartiens à aucun ordre religieux.  Pour répondre à votre question, j’ai entendu parler de l’état pitoyable de Château-Lerouge, je voulais constater de mes propres yeux l’étendu des dégâts, peut-être même essayer de faire une différence, qui sait?...  

Son regard se posa un instant sur le château, le Duc Beauregard était un homme méchant. Reikus avait entendu bien des atrocités au sujet de sa famille, Le Dernier Inquisiteur ne comptait pas laisser un tyran sur le trône, c’était certains. Il son regard retourna vers Rayne mais ne dit rien, Reikus était perdu dans ses pensés. Ils arrivèrent aux tentes des réfugiés, l’endroit, comme le reste de la ville, était en très mauvais état. Plusieurs dizaines de tentes étaient installés par-ci et par-là, quoique la plupart des gens, trop pauvres pour posséder des tentes, s’étaient fabriqués des abris de fortunes avec ce qu’ils pouvaient trouver. Certains dormaient même à la belle étoile.

Reikus trouva un terrain inoccupé et relativement propre. Il suggéra à la famille de commencer à s’installer. Reikus avait sa propre tente, une petite tente modeste, rien de trop grand, pouvant accueillir trois personnes avec leur équipement, quatre s’ils se serraient.  Il aida la famille à s’installer, Reikus les aimait bien. Il n’avait pas eu la chance de discuter avec eux, mais il se sentait d’une certaine manière responsable d’eux. Pour cette raison, Reikus s’installa près d’eux.

-   J’espère que vous ne manquez de rien, s’il-y a quoi que se soit, n’hésitez pas à me le demander, je ne serais pas bien loin. L’offre est aussi valable pour vous mademoiselle Rayne.  

Un peu plus tard, Reikus alla voir Rayne, s’assurant que la famille ne pourrait pas entendre leur conversation, il ne voulait pas les effrayer encore plus. Rayne était ici pour une raison, qui, jusqu’à date, lui était inconnu. 

-   Je préfère parler loin de la famille, ils n’ont pas à se soucier d’autre chose que de leur propres affaires. Plus tôt, vous m’avez demandé ce que je faisais ici, je vous ai répondu honnêtement, j’espère que vous ferez de même. Alors mademoiselle Rayne, que faites vous ici? Votre visite a un but, vous savez quelque chose que je ne sais pas sur cet endroit. Si votre cause est juste, il n’est pas impossible que je vous aide. Comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis ici pour faire une différence dans la vie des gens…

Reikus ne s’attendait pas vraiment à une réponse tout à fait honnête, lui-même avait omis de
dire quelques détails à propos de sa visite. La jeune femme ne semblait pas méchante. Dangereuse, oui, mais pas méchante. Sa présence ici l’intriguait beaucoup, elle était ici pour une raison bien précise, et Reikus voulait savoir pourquoi.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le jeudi 16 février 2012, 11:15:44
C’était un village relativement typique, comme Rayne le remarqua rapidement. De pseudos-alchimistes vendaient des potions vantant des exploits invraisemblables : accroissement spontané de la libido pour les plus pervers, mais la plupart des potions étaient avant tout curatives. En cette période de disette et de maladie, les familles préféraient se soigner mutuellement, plutôt que de s’assurer de leurs prouesses sexuelles. Dans des coins, des prêtres appartenant probablement à l’ordre monastique établi dans le château prêchaient aux ouailles, affirmant généralement que ce qui arrivait là n’était qu’une épreuve de Dieu, et qu’il faudrait la surmonter à l’aide de la foi. Elle pouvait reconnaître ceux qui étaient des fanatiques, et ceux qui étaient moins enthousiastes, plus tolérants. Son regard se porta sur le village, et elle suivit tranquillement Reikus et la famille, tout en réfléchissant à ce qu’elle devrait faire. Elle avait réussi à rejoindre ce fort, c’était déjà ça. Mais quelle piste explorer, maintenant ?

*Je vais devoir en savoir plus sur ce château…*

La Dhampir releva la tête vers l’épais donjon. Il était vraiment grand, et des corbeaux volaient en hauteur, tournant autour de certaines parties du donjon. Il y avait de nombreux drapeaux, des fenêtres… C’était vraiment un donjon bien bâti. Il méritait tout à fait sa qualification de château-fort à la lisière des terres de Nexus, dont l’objectif était essentiellement de servir de base militaire pour empêcher des invasions de monstres, de milices, ou de bandits. Pour l’heure, le Château devrait sans doute regarder vers l’intérieur, vu les camps de brigands qui sommeillaient dans les forêts avoisinantes.

Les serfs parlaient entre eux de façon animée, et Rayne apprit ainsi que le Duc comptait s’adresser sous peu au peuple, depuis la cour principale, à l’entrée du donjon. Ce serait sans doute la meilleure manière de commencer ses recherches. Reikus lui parla alors. Il avait commencé par lui répondre qu’il n’était pas un moine-guerrier, car il n’appartenait à aucun ordre religieux. Était-il donc un fanatique ? Pourquoi ce refus de rejoindre les sections militaires de l’Ordre Immaculé, s’il partageait les mêmes convictions que ces derniers ? A moins qu’il ne soit du genre déiste, à rejeter le principe d’un clergé, et à ne pas vouloir se mêler de religions. Peu lui importait, dans le fond, tant qu’il ne venait pas à la considérer, du fait de ses attributs vampiriques, comme une erreur de la nature à châtier le plus rapidement possible. Il n’avait pas clairement répondu sur ses raisons d’être ici, mais elle pouvait plutôt bien le comprendre. Rayne, si elle était du genre à attirer l’attention, n’attirait pas spécialement la confiance. Les serfs qui passaient la détaillaient, étudiant ses cheveux enflammés, sa poitrine agréable, ses vêtements très attirants, ainsi que les deux longues lames recourbées filant derrière ses bras. N’importe qui de censé pouvait aisément comprendre qu’elle ne désirait pas qu’on vienne l’embêter.

« Comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis ici pour faire une différence dans la vie des gens…[/b] »

Elle le regarda à nouveau. « Faire une différence dans la vie des gens ? » Ciel, il ressemblait vraiment à un Samaritain ! Elle lui répondit assez rapidement.

« Disons que je fais du tourisme… A ma manière. »

C’était une manière détournée de résumer les choses. Rayne était venue au Château-Lerouge pour neutraliser un tueur en série qu’on appelait Antéchrist, mais n’avait pas été mandatée pour le faire. Elle agissait uniquement par curiosité, ce qui expliquait notamment pourquoi elle ne communiquait pas avec Severin. Ce dernier avait enjoint à Rayne de prendre des vacances, de trouver un moyen de se détendre. Malheureusement, Rayne n’était pas du genre à aimer se détendre en allant bronzer sur une plage. Le soleil n’était pas particulièrement dangereux pour sa santé, mais elle ne voyait aucun intérêt à se faire dessécher sur une plage, au milieu d’individus braillards et sans intérêt. Et puis, outre cela, elle menait toujours une enquête personnelle, intime : retrouver son père déchu, Kagan. Ses recherches à Nexus l’avaient amené sur la piste du Château-Lerouge, une piste qu’elle comptait bien exploiter en profondeur.

« Il se passe effectivement quelque chose dans ce château, poursuivit-elle. Quelque chose d’autre que les brigands ou la famine… Je n’irais pas jusqu’à dire que le château fait l’objet d’une malédiction divine, car je ne suis pas du genre fataliste, mais il se passe quelque chose de dangereux ici… Quelque chose qui aurait besoin de discuter avec mes lames. »

Rayne regarda à droite et à gauche.

« Il se passe dans la région des choses sinistres depuis plusieurs semaines, des meurtres brutaux sur des cibles assez jeunes. En quadrillant les meurtres, j’en suis arrivée à la conclusion que le Château-Lerouge serait bientôt la cible d’autres attaques. »

Inutile d’en dire plus, d’avancer ses suppositions. Rayne avait encore besoin de preuve pour étayer ses soupçons.

« Quoiqu’il en soit, le duc ne va pas tarder à parler devant l’entrée du donjon. Je pense qu’il serait judicieux d’y aller, n’est-ce pas ? »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le samedi 18 février 2012, 06:41:52
Ce que lui disait Rayne était étrange, des jeunes gens de la région, tués. Reikus ne supportait pas les tueurs de sang froid, encore moins ceux qui tuaient des jeunes. La jeune femme ne semblait pas être trop certaine de ce qu’elle avançait, Reikus ne doutait pas une seconde de son histoire, Rayne semblait tout simplement manquer de preuves. Mais le Dernier Inquisiteur n’avait besoin d’être appuyé par des centaines de preuves, alors quand une seul suffisait. Reikus était un homme d’action, et Rayne semblait lui ressembler sur ce point, sauf qu’elle était une femme, bien entendu.

-   Quoiqu’il en soit, le duc ne va pas tarder à parler devant l’entrée du donjon. Je pense qu’il serait judicieux d’y aller, n’est-ce pas ?

-   Oui, effectivement, il ne faudrait surtout pas rater ca…

Ils se rendirent devant le majestueux donjon, où les villageois s’étaient presque tous amassés, les gens étaient très nerveux, ils se racontaient des rumeurs plus invraisemblables les unes que les autres.  Le peuple était énervé, plusieurs hommes lancèrent des regards méfiants vers Rayne et Reikus, il faut dire que leur entrée  dans la ville n’était pas passée inaperçu. Plusieurs parlaient des deux guerriers qui avaient vaincus un groupe de brigands à l’entrée de la ville. Rayne attirait l’attention à cause de ses habits, se lames et sa beauté, les gens reconnaissait également Reikus, bon nombre de gens avaient entendus parler du Dernier Inquisiteur.

Le Duc allait se prononcer d’une minute à l’autre. Sur un balcon, assez bas pour que le peuple entende et voit bien leur duc, mais pas assez pour qu’il soit en danger.  Deux gardes en armure lourde se tenaient là, sans bouger. Ils essayaient de repérer les menaces possibles dans la foule, étrangement, Reikus se sentait observé. De plus en plus de gardes s’approchaient de lui et de Rayne.  Les gardes n’allaient rien tenter, à moins que Rayne ou Reikus tente quelque chose d’étrange. Le Dernier Inquisiteur ne voulait pas affronter les gardes, non pas parce qu’il craignait pour sa vie, bien au contraire. Il n’aurait aucune difficulté à exterminer une douzaine de garde, mais ils ne méritaient pas la mort. Il allait donc faire attention à ce qu’il ferait, maintenant qu’ils étaient observés, lui et Rayne. De toute façon, le Duc Beauregard allait bientôt se montrer.

 Le Duc attendait devant la porte de son balcon, avec lui, il-y avait quelques conseillers, plusieurs gardes, et un homme sinistre qui se tenait dans un coin. L’homme était arrivé à Château-Lerouge il-y avait un mois, il portait une toge blanche, orné de rouge. Une capuche lui recouvrait une grande partie du visage, il avait l’air d’une sorte de prêtre, mais personne ne pouvait dire quel dieu il priait. Quand les gardes ou les conseiller demandaient au Duc qui il était, le Duc se fâchait, et leur ordonnait de ne plus jamais poser cette question. L’homme semblait être très important, mais personne ne pouvait dire pourquoi.

Les hommes attendaient dans une grande pièce, le sol était fait de marbre, les murs étaient ornés d’œuvres de peintres renommés et plusieurs sculptures de guerriers semblaient regarder le Duc et ses conseillers d’un regard sévère. Les grandes portes de chêne qui menaient au balcon n’attendaient qu’à êtres ouvertes. Le Duc, un homme un peu rondouillard, avait revêtu ses habits préférés, une sorte de tunique bleu-gris. L’homme avait la cinquantaine, comme pouvait en témoigner ses cheveux noirs grisonnants, et son début de calvitie. Un de ses conseillers approcha de lui.

-   Monseigneur,  je suis venus vous prévenir, on dit que Le Dernier Inquisiteur à été repéré à l’entrée de la ville, il a exterminé un groupe de brigands. Il pourrait s’avérer très dangereux pour vous Seigneur.

-   Était-il seul?Demanda le Duc Beauregard

-   Non, il était accompagné d'une petite famille et de quelqu’un d’autre

-   Étrange, fit remarquer l’homme encapuchonné, il voyage toujours seul… Appart la famille, avec qui était-il?

-   Une femme

-   Laissez-moi deviner, une belle jeune femme aux cheveux de flammes?   

-   C’est exact!

L'homme encapuchoné émit un petit rire

-   Qu’est-ce que cela signifie? S’impatienta le Duc

-   Vous êtes en danger Monseigneur… Je n’ai pas oublié notre marché, je vous protégerais, je suis le seul à en être capable. Même vos soldats ne pourraient pas, croyez moi… Pour l’instant, vous devriez parler à votre peuple, je crois qu’ils s’impatientent.

-   Je n’aime pas ca du tout, J’espère que je n’ai pas fait une erreur en vous faisant confiance…   

Le Duc apparut sur le balcon, les gens applaudirent sans énergie. Un homme huait le Duc, deux gardes le prirent et l’emmenèrent loin de la vue de tous, personne n’aurait aimé être à la place de cet homme.  Le Duc Beauregard souriait à la foule et envoyait la main, derrière lui, deux de ses conseillers, et l’homme encapuchonné.  Il commença alors son discours,

-   Mesdames et messieurs, je sais que les temps sont difficiles, mais sachez que je suis là, pour vous! Nous faisons tout notre possible pour vous aider. Nos gardes n’ont vu presque aucun bandits ses derniers jours, nos médecins sont très près d’avoir trouvé un remède pour l’épidémie, et les scientifiques sont unanimes, le froids ne devrait pas durer longtemps cet année!

Bien entendu, le Duc mentait, les choses n’allaient pas bien du tout, il essayait vainement de rassurer le peuple, mais personne ne le croyait vraiment.

-   Vous pourrez tous bientôt rejoindre vos maisons hors de la ville, mais nous vous déconseillons de vous promener loin des murs sans protection jusqu’à nouvel ordre. Vous aurez peut-être constaté une présence accrue de gardes dans la ville, ils sont ici pour faire respecter la loi, quiconque contesteras leur autorité seras sévèrement punis. Les meurtriers et les hérétiques seront mis à mort publiquement. Les choses devraient rentrer dans l’ordre d’ici bientôt, merci de votre compréhension, et passez une bonne journée.

Le peuple n’aimait pas ce qu’il entendait, des pendaisons, plus de gardes. Les choses n’allaient pas bien du tout. Reikus craignait pour l’avenir de Château-Lerouge, le peuple pouvait se révolter à tout moment et les choses allaient en empirant. Il se retourna vers Rayne.

-   Ce n’est pas la loi martiale, mais ce n’est pas bien différent… Que se passe-t-il ici?

Reikus se parlait plus à lui-même. Il regardait le balcon, comme s’il espérait que le Duc revienne, il regarda à nouveau Rayne.

-   Alors mademoiselle Rayne, que comptez vous faire maintenant?  

La question était simple, mais Reikus avait réalisé que Rayne savait beaucoup de choses sur cet endroit. Bien qu’il ne veuille pas l’admettre, il avait besoin de l’aide de la jeune femme.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 18 février 2012, 15:03:46
Reikus et Rayne suivirent le chemin menant à la cour principal du château. C’était la place publique, celle où il y avait les pendaisons. Le gibet était dans un coin, et il y avait de nombreux gardes, probablement pour prévenir une éventuelle agitation. Rayne choisit de s’isoler contre un mur. Le peuple semblait nerveux, agité, fatigué, au bord de la révolte. La faim et la peur les tiraillaient, et ils attendaient du duc que ce dernier les soutienne, ce qui serait d’autant plus difficile que la popularité du duc ne cessait de diminuer. La malédiction des anciens propriétaires du Château-Lerouge continuait à peser sur eux. Le regard de la Dhampir s’attarda surtout sur l’un des hommes qui accompagnaient le Duc, une espèce de moine dans une longue robe blanche ornée ici et là de rouge. Rayne sentait quelque chose d’anormal chez cet homme, une puissance mystique qui n’en faisait pas qu’un simple prêcheur. Discret, l’homme ne dit rien pendant le discours du Duc, un discours empreint d’une hypocrisie seigneuriale faite pour rassurer le peuple, tout en annonçant la mise en place de mesures autoritaires. La Dhampir eut l’impression que le regard du moine se centrait sur elle et sur Reikus, et elle acquit alors la conviction que ses recherches devraient sans doute commencer par en savoir plus sur cet individu.

Le Duc Beauregard termina son discours en annonçant le retour rapide à la normale des choses. Un brouhaha commença à se répandre au sein de la populace, tandis que Reikus s’adressa à nouveau à la vampire.

« Ce n’est pas la loi martiale, mais ce n’est pas bien différent… Que se passe-t-il ici? »

C’était une question à laquelle Rayne n’avait aucune réponse concluante à fournir. Était-ce là l’œuvre de son père ? Elle peinait à le croire. Kagan était affaibli, faible, fuyant pour échapper à la colère de sa fille. A nouveau, elle en vint à se demander si elle ne sautait pas à pieds joints dans un traquenard tendu par son père. Ce mystérieux prêtre… Instinctivement, elle savait qu’il fallait se méfier de lui. Les religieux n’étaient pas des gens très ouverts d’esprit.

« Alors mademoiselle Rayne, que comptez vous faire maintenant ? » demanda-t-il.

Elle hésita sur la réponse. Elle n’eut toutefois pas le temps de la donner, car le brouhaha ambiant ne se tarissait pas, enflant et grondant de plus en plus.

« Nous voulons du pain, pas des cordes !
 -  Nous voulons qu’on chasse les brigands !
 -  Lâches ! Menteurs ! Tyrans ! »

La colère se mit à exploser, et le mot fut répété comme un leitmotiv fracassant.

« TYRAN ! TYRAN ! TYRAN ! »

Le people réuni grondait, exprimait sa colère, malgré les vaines tentatives du Duc d’instaurer le silence, le calme et la paix. Rayne, prudente, sentait la tension croître. Une émeute risquait d’éclater, et les archers sur les murs bandaient leurs arcs, tandis que plusieurs villageois invectivaient les soldats.

« Dispersez-vous ! » ordonna un soldat.

Le Duc, entre-temps, était parti, provoquant l’ire de la foule. On commença à jeter des cailloux sur les soldats en armure. Le peuple affirmait vouloir dormir librement, vouloir la nourriture du Duc, vouloir que ce dernier les protège efficacement. Le capitaine de la garde intimait le respect et le calme, mais n’obtenait rien. Des flèches furent alors lancées, tombant devant les villageois, mais l’un d’eux se rua vers le capitaine, sortant une lame. Le capitaine réagit au quart de tour, sortant sa propre lame, et tua le villageois d’un coup sec, faisant jaillir son sang. L’épée s’enfonça dans les vêtements rapiécés et rabougris du malheureux, et un moment de silence plana sur l’assistance, tandis que les portes du donjon livraient passage à une rangée d’arbalétriers.

« Rentrez chez vous ! La rébellion n’est pas acceptée !
 -  Assassin !
 -  Monstre ! Nous réclamons justice ! »

Loin de se calmer, la colère semblait enfler encore plus, et les arbalétriers pointaient ostensiblement leurs armes sur le peuple, jusqu’à ce qu’une voix se mette à jaillir de derrière eux.

« Baissez vos armes, soldats ! C’est un ordre ! »

Le capitaine se retourna, alors que, jaillissant du château, le prêtre en robe blanche s’avançait, s’appuyant sur un long bâton dont une lueur blanche émanait du sommet. Sans se démonter, le capitaine répliqua rapidement.

« Je ne reçois mes ordres que du Duc, moine, et pas d’une quelconque…
 -  Oseriez-vous nier l’autorité de Sa Sainteté ? Oseriez-vous prétendre, homme de peu de foi, qu’un mortel a plus de puissance en ces lieux que la force divine ? Oseriez-vous ?! lâcha le prêtre d’un ton sec et fort.
 -  Là n’est pas la question, je…
 -  Silence ! En vérité, je vous le dis, tout n’est qu’une question de foi, homme païen ! Vos cultes barbares, votre manque d’abnégation, votre refus de pitié… L’errance des ouailles, l’aveuglement du Juste, est la porte ouverte vers le péché et le Vilain. C’est l’absence de foi qui vous maudit, et c’est la Foi qui vous guérira ! Silence ! Oui, silence, car, quand le Divin s’exprime, les brebis écoutent ! Écoutez le message du Berger ! »

Le cristal du bâton du prêtre se mettait à briller dangereusement, et le capitaine se mit à reculer, s’écrasant devant le prêtre, qui s’approcha du corps de l’homme qui avait attaqué le capitaine. N’étant pas encore mort, ce dernier était toutefois proche de périr, et le moine avança à côté de lui.

« Je suis venu dans ces terres égarées sur demande de votre seigneur, et j’y ai constaté le même maléfice qui, depuis l’aube des temps, ravage notre existence, Le fléau des impies, le cauchemar de ceux qui ont décidé de vivre dans l’ombre, qui ont l’arrogance de se substituer aux autorités divines, aux prescriptions totales. Je suis venu guérir ce peuple, je suis venu vous montrer que, tant que la Foi existera, alors la Vie triomphera. Car il n’est pas de vilenies et de mensonges soutenables devant l’Autorité supérieur. Repentez-vous de vos vices dans cette vie, car, quand l’Heure du Jugement arrive, il sera trop tard. »

Du cristal du prêtre, des espèces de nimbes blanchâtres se mettaient à tournoyer autour, enveloppant le prêtre d’une aura blanchâtre, éblouissante, tandis que le moribond voyait ses blessures se cicatriser rapidement. Les yeux du prêtre se mirent à luire d’une intense lueur immaculée.

« Les frontières importent peu, car, là où il y a de la Vie, l’Ordre Immaculé se tient, et n’abandonne jamais les siens. Même l’impie est créature du Seigneur. Je vous le dis, vous devez vous repentir, car c’est de vos propres maux que sont nés les maléfices qui s’abattent sur ces terres. Ne cherchez point de martyrs à blâmer, vous êtes tous des coupables ! »

Muets, soldats et villageois écoutaient les propos du prêtre, dont le sort de magie blanche avait soigné le moribond. Rayne restait dans son coin, pestant contre cette espèce de fanatique.

« Il… Il l’a soigné !
 -  C’est… C’est un miracle !
 -  N’ayez pas peur des loups, des fantômes, des goules, et des autres monstres se terrant dans l’ombre, car ils ne font que fuir la puissance de la Lumière ! Repentez-vous, je vous le dis ! »

Le prêtre brandit son bâton, et, depuis le cristal, un colonne de lumière blanchâtre jaillit, intense et furieux. Il s’éleva comme une épée en l’air, et perça les nuages. Un rayon de soleil jaillit alors sur le prêtre, achevant de convaincre les sceptiques, qui mirent un genou à terre. Excédée, Rayne entreprit de rapidement s’éloigner. Sur Terre, il était classique de voir des prêtres faire leur petit numéro, mais, sur Terra, le numéro était, du fait de la magie ambiante, encore plus abouti. L’Ordre Immaculé était le plus puissant ordre religieux de Terra, présent partout, même sur Tekhos. Il avait sans doute les moyens de disposer de cristaux magiques aussi puissants que celui-ci. La Dhampir se retira, réalisant alors ce qu’elle devait faire.

« Je pense que je vais me renseigner sur la présence de l’Ordre ici… annonça-t-elle à Reikus. J’ai l’impression que tout ça dissimule quelque chose… »

Comme la présence de son père, mais elle n’avait pour l’heure que des soupçons. Néanmoins, à l’idée de revoir Kagan, Rayne sentait ses lames la démanger.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mardi 21 février 2012, 05:24:10
Les gens n’étaient visiblement pas contents du discours du Duc, ils lui criaient des injures et réclamaient de la nourriture et de la protection, bien sûr, le duc ne pouvait offrir ni l’un ni l’autre. Les paysans étaient agités, cela n’allait surement pas plaire aux gardes. Ces derniers tentaient par tous les moyens de rétablir l’ordre, en vain. Les paysans ne prêtaient aucune attention aux forces de l’ordre,  la situation pouvait se transformer en un bain de sang à n’importe quel instant. Reikus était nerveux, il n’aimait pas voir tant d’agitation, si les gardes décidaient de sévir, ils ne se soucieraient sûrement pas de qui ils frappaient, plusieurs innocents risquaient leurs vies.

Reikus posa machinalement sa main sur le manche de son épée, ce geste était devenu naturel pour lui. C’était comme si son instinct le guidait, parfois, il lui arrivait de dégainer, et puis de rengainer sans même avoir le souvenir d’avoir sortit sa lame. C’était le résultat de plusieurs années à se battre et à être en quelques sortes pourchassé par des criminels. À tout moment un homme pouvait sortir une arme et lui sauter à la figure, le visage de Reikus était reconnu, le bandit qui le tuerait aurait une réputation à tout épreuve. Avec le temps, Reikus était devenu un peu paranoïaque,  mais c’était ce qui lui permettait de survivre.

Comme il s’y attendait,  le peuple ne pût retenir sa colère, et se mit à lancer des cailloux et plusieurs autres projectiles qui étaient à porté de leurs mains sur les gardes. Les archers, ne savant plus quoi faires, se mirent à tirer des flèches à l’aveugle sur les gens. Le capitaine des gardes tentait toujours vainement de calmer la situation, c’est alors qu’un homme se lança sur lui arme à la main. Le soldat n’eut aucune difficulté à tuer le paysan, au lieu de faire peur au peuple, cet acte ne fit qu’enfler leur colère.  Ils criaient plus forts, et ne semblaient pas vouloirs s’arrêter.

Une voix grave jaillit derrière les soldats. Il s’agissait du prêtre qui était sur le balcon avec le Duc, il marchait à l’aide d’un grand bâton qui émettait une lumière blanche. Le prêtre ordonna aux gardes de baisser leurs épées, ils ne semblaient pas vouloir obtempérer, mais l’autorité de l’Ordre Immaculé était plus importante que celle d’un capitaine de garde, donc au final, les soldats obéirent. L’homme qui avait été tué par le Capitaine n’était pas encore tout à fait mort, le prêtre pria, des lueurs blanches émanaient du cristal sur son bâton, incroyablement, l’homme se réveilla, comme s’il n’avait jamais rien eu. 

Reikus n’aimait pas les prêtres de l’Ordre Immaculé, soit ils étaient des fanatiques un peu fou, soit ils étaient des vieilles pourritures corrompus. Bien qu’il-y ait plusieurs similarités entre sa religion et celle de l’Ordre, Reikus ne partageait pas leur foie. L’Ordre l’avait déclaré à plusieurs reprises un hérétique, et il avait vu les horreurs dont ils étaient capables. En voyant le prêtre soigner l’homme dans la rue, Reikus eut un sentiment de déjà-vu. Ce n’était pas la première fois qu’il croisait ce prêtre, il ne se souvenait pas de qui il était, mais il allait devoir se méfier de lui.

Une fois la foule calmée, Rayne s’adressa à Reikus.

-    Je pense que je vais me renseigner sur la présence de l’Ordre ici…J’ai l’impression que tout ça dissimule quelque chose…  

-   Vous avez raison, il-y a trop coïncidences…  je propose qu’on se sépare, je crois savoir où commencer à chercher. Je vous attendrais ici dans deux heures mademoiselle Rayne, si cela vous convient bien-sûr.

Quelque chose semblait déranger Rayne, Reikus n’était pas capable de dire quoi, mais la jeune femme ne semblait pas dans son assiette. Il-y avait à peine quelques instants, elle avait la tête haute et semblait prête à affronter n’importe quelle armée, mais quelque chose la tracassait. Reikus n’osa pas lui en parler, de peur d’être impoli.

Après s’être assuré qu’il n’était pas suivi, Reikus se dirigea vers une église de l’Ordre Immaculé, il ne croyait pas pouvoir y trouver le prêtre de tout à l’heure, mais en discutant avec les autres curés, il trouverait certainement d’intéressantes informations.  Reikus entra silencieusement dans l’église, mais un vieil homme vint quand-même à sa rencontre.

-   Je vous reconnais vous, on vous nomme le Dernier Inquisiteur. Vous êtes un hérétique!

Le vieillard ne semblait pas très alaise

-   On me connait sous se nom, oui. Mais puis-je quand même entrer? J’ai quelques questions à vous poser

-   Je ne pourrais pas vous en empêcher de toute façon, donc…

-   Vous pourriez, vous n’avez qu’un mot à dire et je partirais. Je vous donne ma parole
 
Reikus n’était pas un menteur, si le vieil homme ne voulait vraiment pas de lui, il partirait.

-   Et bien… D’accord, mais je ne répondrais qu’à quelques questions, c’est compris?

-   Je cherche des informations sur un prêtre, il conseil le Duc. Un homme sombre, il détient un bâton magique qui lui permet de guérir les autres.

-   Partez!  Je ne peux pas vous répondre

Étrangement, la question semblait avoir mis le vieillard en colère. Le vieil homme s’attendait à recevoir la colère du Dernier Inquisiteur, mais Reikus ne dit rien et tourna les talons. Il comptait tenir sa promesse. Avant qu’il ne franchisse la porte, le viellard s’adressa de nouveau à Reikus

-   Vous avez l’air d’un type bien Inquisiteur… Je vais vous aider, mais vous ne m’avez jamais parlé, d’accord? L’homme que vous cherchez est en fait un Cardinal, je ne connais pas son nom, personne ne le connait, c’est un homme cruel. Officiellement, il cherche à anéantir les hérétiques. Selon certains, il aurait trahi l’Ordre, il travaillerait pour quelqu’un d’autre, je ne sais pas qui tire les ficelles, je n’ai entendu que des rumeurs, mais la vérité est bien plus complexe que vous le croyez.

-   Merci beaucoup

Reikus retourna immédiatement devant le château. Il écouta en douce les paysans en attendant Rayne. Les rumeurs que lui avait fais part le vieil homme étaient vraiment intrigantes, peut-être que Rayne en saurait plus à son retour. Il se faisait tard, le soleil commençait déjà à se coucher. Reikus plongea la tête dans son livre de prière et lu à voix haute, c’était un petit livre en cuir bien simple contenant des prières et toute l’information qu’il avait pu trouver sur Ius, le dieu de la justice. Comme Reikus était le dernier fidèle d’Ius, ce livret était ce qui se rapprochait le plus des Saintes Écritures. Rayne allait arriver d’un moment à l’autre. Il lisait un extrait qu’il avait trouvé dans un vieux livre, le nom d’Ius n’était pas mentionné, mais il était certain que le texte faisait référence à son dieu.

-   … et je te remets le plus grand cadeau jamais fait à un mortel, le pouvoir de la justice. Ce pouvoir te réchaufferas quand tu auras froids, t’abreuveras quand tu auras soif et te porteras quand tu auras mal. Quand tu regarderas la mort en face, tu n’auras rien à craindre, car je serais avec toi…  
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mardi 21 février 2012, 13:54:19
Reikus suggéra de se séparer, ce qui, à vrai dire, n’était pas spécialement pour déplaire à Rayne. Séparée de ce mystérieux homme, elle choisit, non pas d’aller vers le monastère de l’Ordre, mais plutôt de retourner vers le village. En chemin, elle ne tarda pas à être abordée par plusieurs manants, de pauvres gitans anorexiques.

« De l’or, Madame, du pain pour nous nou…
 -  Dégagez ! » lâcha Rayne d’un ton mauvais.

Elle poussa l’un des manants, la renversant sur le sol, ce qui acheva de convaincre les autres. Pour que le vagabondage soit à ce point évident, c’était vraiment que la situation allait mal au Château-Lerouge. Rayne voulait voir à quel point, et ce n’est pas quelque chose qu’elle trouverait au monastère. De plus, les lieux religieux ne lui plaisaient qu’à moitié. Allez savoir pourquoi… La Dhampir retourna dans le village local, se mêlant à travers les bicoques enfumées, les masures sinistres. Certaines étaient décrépies. On ne trouvait pas encore les sinistres maisons de certains villages, parfois abandonnés, mais certaine savaient de jolies lézardes. Le Château-Lerouge sombrait dans la pauvreté, le trésor servant surtout à l’entretien de l’armée. Avec l’appauvrissement croissant des seigneuries ralliées au fort, l’impôt seigneurial ne rapportait plus beaucoup. Rayne ne tarda pas à trouver l’auberge du coin, et s’avança vers cette dernière.

La Dhampir entra dans une auberge assez bien remplie, vivante. La plupart des gens ayant assisté au discours du Duc se tenaient là, où les gardes n’osaient pas aller. La cervoise concurrençait la liqueur de cerise, les alcools nains, et autres breuvages joyeux. Rayne prit de la liqueur de prune, bien consciente que, si elle ne buvait pas, elle ne se contenterait pas d’attirer les regards, mais aussi la suspicion. Elle s’assit dans un coin, et, comme prévu, utilisa ses sens développés de Dhampir pour écouter les conversations.

« Le Duc se fout de nous !
 -  Pourquoi ne lance-t-il pas un assaut ? Avec tous ces soldats, il y aurait aisément de quoi chasser les brigands dehors !
 -  Il a perdu la raison ! Espérons que ce grand prêtre saura le guider !
 -  Je n’ai aucune confiance envers ce missionnaire, moi… S’il voulait vraiment aider le petit peuple, il ne poserait pas son sale cul dans les loges du duc !
 -  L’Ordre Immaculé s’est toujours opposé aux seigneurs ! Je suis sûr que cet homme saura nous protéger des démons qui assaillent le Château-Lerouge ! En attendant, nous ne devons pas perdre la foi ! »

Des conversations assez inintéressantes pour le moment, mais Rayne ne se décourageait pas. Elle était sûre que les agissements autoritaires du Duc déplaisaient à une partie de la population, et elle essaya de trouver s’il y avait des activistes. Les réponses, elle ne les trouverait pas dans le couvent ou dans le monastère, mais dans les entrailles du Château. Les activités d’espionnage de Rayne furent alors interrompues par la venue d’un homme, qui s’assit devant elle.

« Je ne peux décemment pas laisser une aussi belle femme boire seule dans un coin de l’auberge ! On dirait que vous vous cachez…
 -  C’est peut-être bien ça… » répondit-elle rapidement.

Il en fallut néanmoins plus pour décourager l’impudent, qui se mit à lui parler de choses et d’autres. Rayne se débrouilla pour le faire boire, réalisant rapidement qu’il en savait plus que ce qu’elle avait initialement pensé.

« Alors, co… Comme ça, vous… Vous… Vous v’nez de loin, yeps ?! bredouillait l’homme, son haleine agressant les narines de Rayne.
 -  De très loin, acquiesça la Dhampir.
 -  Ah ouais, hey ?! Et de très loin co… Comment ?
 -  D’un endroit si loin qu’on ne peut pas bénéficier d’hommes comme toi…
 -  Sa… Sans déc… Onner ?
 -  Sans déconner, confirma Rayne en souriant. Un endroit où les jeunes filles comme moi s’ennuient énormément…
 -  Je… Ah ?! »

Le plus étonnant était sans doute que l’homme croit fermement ce que Rayne lui disait. Cette dernière n’était guère séductrice, préférant plutôt obtenir des renseignements en les extorquant, mais quelque chose lui disait qu’il valait mieux être discret. Elle continua à parler avec l’homme, essayant de ne pas le faire trop boire, afin qu’il ne se mette pas à vomir, tandis que ce dernier continuait à parler. Il lui expliqua qu’il existait effectivement un mouvement de résistance secrète contre le duc, lui expliquant que ces derniers allaient probablement se réunir ce soir, mais sans en dire plus. Il ignorait visiblement le lieu de leur rencontre, tout en expliquant à Rayne être un petit écuyer, qui doutait un jour d’être adoubé. Sur le coup, Rayne ne pouvait que le confirmer, et finit par s’éclipser, prenant vaguement conscience que des individus l’observaient.

Rejoindre Reikus ne fut pas spécialement difficile. Rayne aurait plutôt été tentée par l’idée de se rendre dans les catacombes du donjon. Le Château-Lerouge avait une longue histoire, et le château actuel avait, disait-on, était bâti sur les ruines d’un autre château. Il y avait un système d’égouts, mais aussi d’anciennes cellules, des grottes permettant de rejoindre les falaises, et bien d’autres choses encore, notamment des rumeurs sur des cocatrix dans les égouts, des noyeurs, des goules, et autres monstres. Un donjon abandonné sans monstres, de toute manière, ce n’était pas vraiment un donjon. La Dhampir rejoignit un Reikus occupé à lire un curieux livre. Rayne ne dit rien, restant dans un coin, jusqu’à ce que le guerrier se relève.

« Je ne voulais pas vous déranger pendant votre lecture, expliqua Rayne. J’espère que vous n’avez pas peur des coins sombres, car… »

Rayne se tut soudain, entendant des bruits de pas. Plusieurs individus ne tardèrent pas à arriver. Il ne s’agissait pas de soldats, plutôt de malfrats.

« On aime pas les étrangers curieux, par ici...
 -  Voilà qui me fend le cœur… » répliqua Rayne.

Ils étaient une petite douzaine. Rayne hésita à faire sortir ses lames, et décida de les replier. Dans l’absolu, mieux valait éviter de faire couler le sang. Les individus s’approchèrent des deux, et elle reconnut plusieurs hommes de l’auberge. On l’avait tout simplement suivi. Ils devaient sûrement la prendre pour des espions, et Rayne n’avait pas spécialement envie d’éclaircir ce quiproquo. Eux non plus n’en avaient pas envie, et les gardes n’étaient pas là. La cour était pour l’heure déserte, et les malfrats se ruèrent sur eux. Rayne se rua vers un molosse, et se laissa tomber sur le sol. Elle posa ses mains par terre, s’en servant pour rebondir, et frappa l’homme en plein milieu du front dans une longue roulade avant de se rétablir. Son pied faucha un individu à sa gauche, son talon aiguille laissant une fissure rougeâtre dans sa joue, alors que l’homme allait, en gémissant, s’écrouler sur le sol.

La bataille se poursuivit ensuite.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 23 février 2012, 05:42:12
Rayne ne tarda pas à revenir, Reikus ne l’avait pas remarqué quand elle était arrivé, il était trop plongé dans sa lecture. Quand il la remarqua enfin, il se leva puis lui sourit. Elle n’avait pas voulu déranger sa lecture, Reikus trouvait cela gentil et appréciait le geste, même si en réalité, elle ne l’aurait pas dérangé du tout. Quand tout à coup, une douzaine d’hommes arrivèrent, visiblement, Rayne les connaissait, mais surtout, ils connaissaient Rayne. Les hommes avaient l’air un peu ivres, ils avaient surement suivis Rayne, cette dernière n’avait pas du être très discrète pendant son investigation, mais après tout, Reikus n’avait pas particulièrement couverts ses traces lui non plus, il se comptait chanceux de ne pas voir débarquer une douzaine de paladins surentrainés qui l’accusaient d’hérésie.

Les hommes n’étaient pas de vrais criminels, ils n’avaient pas l’air d’être le genre à commettre des crimes comme le meurtre. Reikus ne doutait pas que ces vauriens étaient de fripouilles, des voleurs et des escrocs, mais il n’avait aucune raison de les tuer, du moins, pour l’instant. 

Reikus avait une sainte horreurs des malfrats qui s’en prenaient à douze contre un, et ils les haïssaient encore plus quand ils s’en prenaient à une femme. Bien que Rayne ne fût pas en danger, et qu’il ne doutait pas qu’elle pourrait vaincre à elle seule les douze hommes, Reikus était quand même très en colère contre les malfrats. S’en prendre à une femme était l’une des pires choses qu’un homme pouvait faire, code d’honneur de Reikus l’empêchait de tuer ces hommes, mais ne l’empêchait pas de les faire souffrir, il comptait bien là-dessus. Quand les hommes furent assez proches, il tourna légèrement sa tête vers Rayne,

-   Des amis à vous je présume?...

Reikus souriait sans le vouloir, il appréciât sa petite remarque sarcastique, et l’idée d’un nouveau combat le réjouissait. Rayne, bien entendu, fût la première à attaquer. Elle frappa vite comme l’éclair, ses adversaires ne la virent surement pas arriver. Encore une fois, Reikus était impressionné par la grâce et la létalité de ses mouvements, mais là n’était pas le temps d’admirer les prouesses, de la guerrière, il avait son propre combat à mener,  et il n’allait pour rien au monde laisser Rayne récolter toute la gloire.

-   C’est parti!

Le Dernier Inquisiteur chargea sur un malfrat, un jeune homme. Il aurait surement la carrure d’un athlète si la famine n’avait pas frappé son village. Reikus lui décocha un puissant crochet de la droite à la figure. Le malfrat tituba un peu avant de revenir à l’assaut avec un coup de poing aveugle, le jeune homme résistait bien au coup qu’il recevait, mais ceux qu’il donnait manquait à la fois de puissance et de précision, le Dernier Inquisiteur n’eut donc aucun mal à le bloquer. Reikus lui lança un solide coup de pied au plexus pour le déstabiliser, il enchaina avec un direct à la figure et le mit hors de combat avec un coup de genou.

Les malfrats commençaient à réaliser qu’ils n’allaient probablement pas êtres capables de vaincre leurs adversaires en un contre un, deux hommes s’approchèrent alors de Reikus, essayant de le prendre en tenaille. Il agrippa un premier homme par la gorge puis de son autre main, lui donna une puissante tape sur la tempe gauche. Les tempes étant très sensibles, la violente tape de Reikus suffit à hébéter l’homme, le Dernier Inquisiteur repoussa le malfrat, qui s’en alla chancelant vers son compagnon, gênant momentanément ses mouvements. Reikus profita de ce moment pour foncer sur le deuxième homme. Le Dernier Inquisiteur lança un rapide coup de poing au visage de son adversaire, et puis enchaina avec un puissant uppercut. L’uppercut réussit à causer une commotion chez le malfrat, il était donc lui aussi hors d’état de nuire.

Le premier homme commençait à se remettre de son coup à la tempe, il cligna deux ou trois fois des yeux, se secoua un peu et bondit sur Reikus. Ce dernier le vit venir, et lui faucha habilement les jambes, l’homme tomba lourdement par terre. Reikus se pencha, l’agrippa par les cheveux et lui cogna violemment la tête contre le sol. Pendant qu’il assommait l’homme, un nouveau malfrat s’approcha derrière lui, Reikus le vit, mais il ne vit malheureusement pas ce qu’il tenait dans ses mains. Le malfrat brandissait un petit couteau rouillé, si Reikus l’avait vu, il n’aurait eu aucune difficulté à désarmer l’homme, mais se n’était pas le cas.

L’homme prit son élan et la lame vint se figer dans la hanche droite de Reikus, la lame faisait à peine dix centimètres et n’avait pénétré que de deux ou trois centimètres, tout au plus, son armure avait réussi à arrêter une grosse partie de la lame. Même si la blessure faisait très mal, Reikus avait déjà subit pire, et il ne se doutait pas qu’il allait un jour subir encore pire. Reikus retira la lame d’un coup sec, et puis la lança par terre, il regarda l’homme qui l’avait poignardé d’un regard intensément froid. Le malfrat était tellement surpris de voir Reikus se remettre aussi facilement de sa blessure qu’il ne prit même pas la peine de se défendre.

Le Dernier Inquisiteur posa une main sur sa blessure, puis de l’autre frappa l’homme à l’estomac.  Le malfrat se plia en deux, Reikus lui assena un puissant coup de genou au plexus, l’homme n’avait pratiquement plus de souffle. Reikus l’assomma avec un violent coup de poing à la tempe. Les hommes qui étaient encore debout craignaient vraiment leurs adversaires et avaient perdu toute la confiance qu’ils avaient quelques instants plus tôt.

Un autre malfrat croyait pouvoir vaincre Reikus car il s’était fait poignarder, mais ce n’était pas un simple petit couteau qui allait arrêter le Dernier Inquisiteur. L’homme s’approcha prudemment de Reikus, il avait baissé sa garde, c’était sa première erreur. Reikus tituba vers l’homme. En réalité, il n’était pas si mal en point, mais il voulait faire croire à son adversaire que c’était lui qui avait l’avantage. Reikus pensait à ce qu’il allait faire. S’il le frappait à la tempe, l’homme se remettrait en quelques secondes, mais il lui faudrait plusieurs minutes pour se remettre d’un coup aux parties. Il choisit donc la deuxième option, Reikus se redressa d’un coup et puis passa à l’action.

L’homme faillit s’écrouler après avoir reçu le coup de pied, mais il ne posa qu’un genou à terre. Reikus prit donc avantage de la position de son adversaire, il se planta derrière lui, fit passer son bras autour de son cou puis serra. Le malfrat prit une dizaine de secondes avant de s’évanouir, Reikus le laissa tomber sur le sol. Il regarda un instant sa blessure, elle saignait toujours mais ne causait aucun danger dans l’immédiat. Il porta son regard vers Rayne un instant, il ne croyait pas que la jeune femme ait besoin de son aide, mais il voulait quand même voir comment elle se débrouillait.   
 
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le jeudi 23 février 2012, 12:57:51
« Des amis à vous je présume?... »

Avait-elle rêvé, ou avait-elle entendu un croyant faire de l’humour ? Diable ! Voilà qu’on arrivait encore à la surprendre. Tandis qu’elle esquivait d’un bond en arrière un coup, elle se permit de lui répondre, en frappant avec son pied, s’appuyant sur son autre jambe pour envoyer son autre jambe vers un adversaire, se retournant pour amplifier le coup.

« Je crois qu’ils n’ont pas aimé que je refuse leurs avances. Que voulez-vous, je fais souvent perdre la tête aux hommes. »

Ces combattants étaient plus nuisibles que vraiment dangereux. Affamés, terrorisés, imbibés d’alcool, leurs attaques étaient maladroites, leurs coups mal assurés, et seul leur nombre et ceux qui sortaient des dagues ou de petits hachoirs représentaient une véritable menace. Rayne était embarquée dans une curieuse danse au milieu de cette mêlée, se recevant parfois des coups, mais sans nullement en souffrir. Sa constitution de Dhampir lui assurait par principe une résistance efficace, mais, en la combinant à l’entraînement forcené qu’elle pratiquait continuellement, de tels coups faisaient l’effet de caresses sur ses aisselles. Rayne s’amusait, tout simplement. Elle bondit vers un larron, s’appuyant sur sa tête avec ses mains pour bondir dans les airs, en profitant pour écarter les jambes, ses pieds heurtant deux mentons. S’appuyant toujours sur la tête de l’homme, elle ramena ses jambes, et bondit vers un mur en tendant son corps vers l’avant. Rayne put ainsi décrire une élégante roulade avant de s’appuyer contre le mur, s’en servant comme d’un tremplin pour bondir vers un homme, s’écrasant sur ce dernier. Couchée, elle déplaça ses jambes, fauchant un autre individu, et se redressa rapidement. Elle vit une lame jaillir vers elle, l’évita habilement, et mordit alors la main qui la tenait. L’homme en poussa un hurlement, tandis que deux gerbes de sang se mirent à jaillir. Tenant son bras, elle en tarda pas à le briser, soupirant de plaisir en entendant le craquement.

Mine de rien, Rayne était assez gentille avec ces pauvres hommes. Ses lames restaient repliées, et elle essayait d’éviter de les salir de leur sang, se contentant de ses poings et de ses pieds, sans faire de coups vraiment puissants. Ils n’avaient pas la moindre chance contre elle, et ils finirent heureusement par le réaliser, alors qu’elle avait soulevé en s’aidant de ses jambes, plus précisément de ses talons en aiguille, un homme parles épaules, l’envoyant bouler contre le mur. Les hommes encore inertes se mirent à fuir en poussant des hurlements.

« Démons ! Ce sont des démons !
 -  Nous reviendrons, sorcière !
 -  Je vous attends, bande d’enfoirés ! » les railla Rayne.

Elle leur fit deux doigts d’honneur, tandis que certains malfrats restaient sur le sol, tout simplement groggys. Sentant son instinct la titiller, Rayne tourna la tête vers le donjon, et crut brièvement apercevoir, depuis une fenêtre, les yeux immaculés du Cardinal, avant que ce dernier ne disparaisse. Fronçant les sourcils, elle se demanda si ces malfrats n’étaient vraiment que de simples individus imbibés d’alcool. Elle savait que certains prêtres disposaient de pouvoirs psychiques, et ce Cardinal devait vraisemblablement en faire partie.

Le regard de la Dhampir se porta alors sur Reikus, et elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine en voyant le sang qui s’en échappait. Le sang ! Immédiatement, elle sentit ses instincts vampiriques se réveiller, une soif inextinguible la saisir, mais ce fut éphémère. Fort heureusement, Rayne n’était qu’à demi-vampire, et son côté humain suffisait, non pas à faire disparaître, mais au moins à atténuer la soif de sang. Néanmoins, voir cette blessure rappela à Rayne qu’elle n’avait pas bu depuis plusieurs jours. Elle allait probablement devoir retrouver les lascars qui les avaient attaqués, mais ce serait pour plus tard. Elle remarqua que Reikus n’avait pas l’air de souffrir plus que ça, et, vu le peu de sang qui s’échappait, la blessure ressemblait plus à une espèce d’égratignure. Rayne en savait quelque chose, mais elle avait après tout une constitution forte. C’était probablement la seule chose qu’elle acceptait comme héritage génétique de la part de son père.

« J’ai appris qu’il y avait des mouvements de résistance dans ce château, expliqua-t-elle à Reikus. Ils se réunissent dans le vieux donjon du Château-Lerouge, qui se trouve dans les profondeurs de ce château. Ces types étaient des clients de l’auberge, mais je les soupçonne, non seulement d’avoir été influencés par l’alcool, mais aussi par ce mystérieux prêtre. Je ne peux que supposer, mais je pense qu’il a des pouvoirs psychiques. »

Quoi de mieux qu’un télépathe pour convaincre les troupes ? Rayne se demandait toujours ce qu’un être aussi puissant faisait ici. Ce Cardinal ne venait probablement pas que pour l’Antéchrist et des meurtres d’enfants. Il y avait sûrement autre chose derrière cette histoire… Comme un vampire massacrant des enfants pour se ressourcer ? A cette idée, Rayne en frémissait. Si seulement Kagan pouvait se trouver là… Elle rêvait de le faire danser avec ses lames, de les enfoncer dans ses muscles, et de les faire tourner, de lui retirer délicatement ses veines… Son imagination ne cessait de s’emballer à chaque fois qu’elle songeait à la manière dont elle tuerait son père.

« Et de votre côté ? Vous avez obtenu des informations ? »

Avant de décider de ce qu’il fallait faire, il fallait faire le point. Rayne était pour le moment tentée de contacter la résistance, mais le vieux donjon était probablement un endroit dangereux et grand. Les chances de trouver les dissidents étaient minces. Elle espérait que les informations de Reikus permettraient, si ce n’est d’avoir une autre piste, au moins d’en savoir plus sur le prêtre.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le samedi 25 février 2012, 06:55:29
Reikus reprenait peu à peu son souffle, les malfrats fuyaient en abandonnant ceux qui ne pouvaient plus marcher. C’était probablement la dernière fois que Reikus allait entendre parler de ces hommes, ils avaient eu la peur de leur vie. Rayne laçait des doigts d’honneurs aux fuyards, Reikus ne put réprimer un sourire en coin. Il commença à enlever son armure pour panser sa blessure, la lame n’avait pas touché un organe vital, donc Reikus ne s’attarda pas trop sur sa blessure.  Il remarqua cependant que Rayne le regardait d’un air étrange, en fait, elle ne le regardait pas lui, elle regardait sa blessure.

C’était très étrange car la coupure n’était pas profonde et Rayne avait l’air d’avoir déjà vu bien pire comme blessure, mais elle continuait quand même à le regarder. Elle le fixait, d’un regard intense. Il avait déjà vu ce genre de regard deux ou trois fois dans sa vie, il était incapable de se souvenir où, mais il l’avait déjà vu, et cela l’inquiétait un peu. Rayne se ressaisit après quelques instants, Reikus était rassuré pour le moment, il faisait confiance à la jeune femme, mais il devrait allait devoir faire attention dorénavant,  son regard était vraiment étrange.

Elle venait de lui apprendre d’intéressantes informations, premièrement, des paysans avaient commencés un mouvement de résistance, c’était une bonne idée, et leur cause était probablement juste, mais Reikus craignait qu’ils ne soient que d’autres criminels qui se révoltaient, ou pire encore, qu’ils étaient d’honnêtes paysans qui allaient probablement se faire massacrer par les gardes du Duc Beauregard. Reikus allait surement leur rendre visite, peut-être même leur offrir son aide, s’il jugeait qu’ils étaient justes et que leurs âmes étaient nobles. Deuxièmement, Rayne soupçonnait le Cardinal de posséder des pouvoirs psychiques… des pouvoirs psychiques, oui!  Pourquoi n’y avait il pas pensé plus tôt.


-   Des pouvoirs psychiques… oui sa serait logique. C’est même très probable. Justement, je me suis renseigné ce prêtre, c’est en fait un cardinal. Même les prêtres de l’Ordre ne connaissent pas son nom, il est très mystérieux. Selon certains, il ne serait pas ici uniquement pour combattre l’hérésie, il travaillerait pour quelqu’un dans l’ombre, quelqu’un en dehors de l’Ordre Immaculé. S’il possède vraiment des pouvoirs psychiques, il aurait pu influencer le Duc, s’assurant ainsi d’une place de choix auprès de ses conseillers. Je ne sais toujours pas qui tire les ficelles, mais peut-être que votre fameuse Résistance en saura davantage. Je suggère qu’on suive cette piste pour le moment. Il doit y avoir une entrée secrète dans le village, nous devrions y jeter un coup d’œil, vous n’avez qu’à me suivre, j’ai une idée.

La nuit allait bientôt tomber, les rues étaient désertes. Les auberges par contre, semblaient bondées de monde. Beaucoup de bruits venaient de l’intérieur, des hommes riaient, chantaient et certain même, se battaient. Chercher un passage secret dans une ville pendant la nuit était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, Reikus décida donc d’attendre devant une auberge, et de suivre ceux qui étaient susceptible de faire partie de la résistance. Lui et Rayne avaient attendus une demi-heure avant de voir des gens intéressants sortir de la taverne. Ils étaient cinq en tout, il n’y avait presque aucune différence entre eux et les autres personnes qui sortaient de l’auberge. Ils étaient pauvres, mal-habillés, mal-nourris, mais contrairement aux autres, ils n’étaient pas saouls.

Reikus avait l’habitude de prendre en filature ses cibles, les tueurs entrainés parvenaient parfois à le repérer, mais il n’avait pas affaire à une bande de meurtrier renommés, il s’agissait d’un petit groupe de bouseux affamés, ils ne poseraient donc aucun problème. Après quelques minutes, les hommes pénétrèrent dans une ruelle sombre, Reikus les observas de loin, l’un des hommes souleva une trappe caché sous un baril puis descendit, bientôt suivit par les quatre autres hommes. Reikus fit signe à Rayne d’attendre.

-   Si nous entrons tout de suite il nous repérerons, il vaudrait mieux attendre quelques minutes, leur laisser le temps de prendre un peu d’avance. Ce n’est qu’une précaution, car les derniers membres de la résistance que nous avons croisés n’étaient pas particulièrement chaleureux…

Après cinq minutes, Reikus bougea enfin. Il déplaça le baril puis souleva la trappe, une petite échelle en mauvaise état descendait une dizaine de pieds vers le sol. Il fit signe à Rayne de le suivre, le tunnel dans lequel ils étaient semblait creusé dans la roche, il se comparait aux étroits tunnels des mines. Quelques torches étaient allumés ici et là, mais l’endroit était généralement sombre. L’air était pesant et humide, une odeur de renfermé était présente dans l’air. Plus ils avançaient, plus le corridor semblait rétrécir. Parfois ils devaient tourner à gauche ou à droites, et après plusieurs longues minutes à avancer dans le corridor, ils débouchèrent sur une sorte de catacombes, mais à bien y penser, cet endroit ressemblait plus à un vieux donjon, précisément ce qu’ils cherchaient.

L’endroit était sinistre, et beaucoup plus sombres que le corridor précédant, mais au moins, le plafond était haut. Cet endroit semblait en ruine, des anciennes statues s’étaient brisés et avaient tombés sur le sol. De vielles tapisseries moisies et déchirés étaient restés accrochés aux murs. Devant eux se dressait un long corridor, et au fond, une intersection, Reikus ne savait plus vraiment où aller, c’était la première intersection qu’ils voyaient depuis leur entrée dans le donjon. Reikus se retourna vers Rayne

-   Je préférerais que se soit vous qui meniez la marche à partir d’ici mademoiselle Rayne, vous êtes plus petite et vous pourrez avancer plus vite à travers les débris, mais ne vous inquiétez pas pour moi, je vous suivrais. En plus, je dois avouer que je ne sais plus trop où aller, je fais confiance à votre instinct.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le jeudi 01 mars 2012, 19:31:25
[HRP - Désolée pour le temps de réaction, je n’avais pas vu ta réponse x)]

Reikus ne tarda pas à lui donner des informations sur ce Grand Prêtre. Il était apparemment un Cardinal. Rayne ignorait quel rang les cardinaux avaient au sein de l’Ordre Immaculé, n’ayant après tout qu’une connaissance très restreinte de cette organisation, mais elle ne doutait pas que c’était un rang assez influent. Le Cardinal, d’après les informations de Reikus, n’était pas accrédité par l’Ordre pour venir ici, mais était envoyé par quelqu’un d’autre, quelqu’un qui tirait les ficelles dans l’ombre. Kagan ? C’était bien son style, d’agir ainsi, par le biais de marionnettes, mais elle imaginait mal son père traiter avec des religieux, même aussi fanatiques que ce Cardinal.

*Il peut aussi s’agir de quelqu’un d’autre, ce qui est sans doute le plus logique... Bah, je serais fixée sous peu, de toute façon.*

Reikus suggéra, et Rayne était sur ce point d’accord avec lui, de retourner vers le village pour trouver comment entrer dans les profondeurs du château, et rejoindre la réunion de la Résistance. Ils retournèrent donc dans le village, et Rayne, à son habitude, se plaça sur un toit à proximité de l’auberge. L’ambiance était assez festive, et l’auberge était, avec quelques rares autres bâtiments,  les seules structures éclairées du château. Depuis ce toit, Rayne pouvait voir les versants des collines, les étoiles briller dans le ciel, et la nature, morte, silencieuse, noire, s’étendant à perte de vue. Un paysage assez beau. Elle sentait le vent remuer ses cheveux, et se concentra sur l’auberge. On entendait parfois des airs de musique. Il y avait une bonne ambiance, et un coin de pugilistes, pour ceux qui avaient envie de se battre. Rayne se contenta d’observer les clients qui sortaient, hagards, hurlant de plaisir, se rendant vers le bordel du coin, ou vomissant dans les caniveaux. Certains chantaient joyeusement, et les gardes n’allaient pas les déranger. Dans cette situation, les soldats semblaient plutôt tolérants, et préféraient surveiller le donjon. L’immense tour se dressait, avec des points lumineux ici et là.

Ils finirent par apercevoir un groupe d’hommes qui semblaient bien moins imbibés que les autres, et qui suivirent la route du bordel, avant de bifurquer dans des ruelles. Rayne et Reikus se mirent à les suivre, Rayne préférant rester sur les toits, où il était plus simple de se cacher. Les cinq hommes étaient pressés, avançant rapidement, regardant à gauche et à droite, afin de s’assurer que personne ne les poursuivait. Avec ses sens affinés de vampire, elle pouvait les entendre parler, évoquant la « réunion ». Les cinq hommes finirent par approcher de barils et autres caisses et tonneaux au fond d’une petite ruelle. Jetant un énième coup d’oeil en arrière, un homme s’avança, et ils poussèrent l’un des barils, montrant une trappe, qui conduisait probablement vers les galeries souterraines. Il n’y avait probablement pas d’égouts dans cette partie du château, mais c’était mieux. Les égouts anciens étaient généralement des refuges de monstres venant des grottes, notamment les noyeurs, des espèces de charognes qui se nourrissaient des déchets, et qui vivaient près des marécages.

« Si nous entrons tout de suite il nous repérerons, il vaudrait mieux attendre quelques minutes, leur laisser le temps de prendre un peu d’avance. Ce n’est qu’une précaution, car les derniers membres de la résistance que nous avons croisés n’étaient pas particulièrement chaleureux…
 -  A supposer qu’ils étaient effectivement des résistants... Mais ça reste une bonne idée. »

Après un petit moment, Reikus et Rayne décidèrent d’y aller. Ils descendirent par une échelle. C’était une espèce de galerie souterraine, qui faisait penser à une mine. Une grotte souterraine ? Rayne reconnut des structures humaines, des piliers en bois ici et là, ce qui, du coup, excluait l’hypothèse d’une création naturelle. Elle ne put s’empêcher de demander dans quelle circonstance on avait pu créer cette galerie, et imagina dans sa tête un système complexe de poternes en des temps ancestraux, permettant de quitter le château en cas d’attaque. Le duo avança à travers une obscurité de plous en plus forte, quelques faibles torches les éclairant. En tant que Dhampir, Rayne pouvait tranquillement voir dans cette obscurité. Il n’y avait que dans le noir absolu que Rayne ne pouvait rien voir, mais, là, ses yeux parvenaient à détecter des sources de lumière très faibles. Nyctalope, elle avançait donc sans crainte, jusqu’à ce qu’ils atteignent le vieux donjon.

Le corridor en galerie laissa en effet progressivement place à des couloirs anciens, qui évoquaient un vieux château en pierre. Rayne se demanda si ce n’était pas un séisme particulièrement violent qui avait englouti l’ancien château.

« Je préférerais que se soit vous qui meniez la marche à partir d’ici mademoiselle Rayne, vous êtes plus petite et vous pourrez avancer plus vite à travers les débris, mais ne vous inquiétez pas pour moi, je vous suivrais. En plus, je dois avouer que je ne sais plus trop où aller, je fais confiance à votre instinct.
 -  A votre aise » répliqua Rayne en souriant.

Elle avait surtout des sens plus aiguisés que Reikus, et pouvait notamment utiliser ses sens vampiriques pour remonter la trace des résistants. Elle avança silencieusement, ses sens aux aguets, à la recherche de vaisseaux sanguins à proximité, et avança à travers les couloirs. Ils descendirent un ancestral escalier en colimaçon, suivant un couloir poussiéreux, rempli de toiles d’araignées, avec un tapis rouge rempli de mites. L’endroit était particulièrement lugubre et sinistre. Rayne lui trouvait donc un charme certain. Ils avancèrent devant de grandes fenêtres poussiéreuses ou brisées ici et là, avant de finalement atteindre un ancien escalier menant à une sorte de hall de réception interne. Un immense lustre s’était brisé sur le sol.

« C’est par ici... »

Rayne commençait en effet à sentir de multiples présences, et avança le long d’un couloir, voyant ici et là des araignées s’enfuir. Tant qu’il n’y avait rien de plus dangereux... Son instinct lui disait toutefois qu’il y avait sûrement d’autres créatures que de simples araignées. Ils descendirent un minuscule escalier, presque une espèce de perron, approchant d’une porte entrouverte d’où des traits de lumière disparate s’affichaient. Silencieusement, Rayne s’avança, entendant des individus parler.

« La situation actuelle ne peut plus durer !
 -  La malédiction du Duc s’abat sur nous !
 -  Assez d’inepties, Molrick !
 -  Ce ne sont pas que des inepties, Lucas. Tu l’as entendu comme nous. La Prophétie de la Sorcière Elfe. Elle a annoncé ce qui arriverait. La famine, nos enfants baignant dans le sang... Et je ne crois pas que ce prêtre fanatique nous aidera. Je dirais même qu’il est la prochaine étape de cette Prophétie, l’Usurpateur...
 -  Il n’y a qu’un Usurpateur, c’est le Duc ! Il faut le renverser ! »

Fronçant les sourcils, Rayne essayait de comprendre ce qu’ils disaient. Ils parlaient d’une prophétie concernant visiblement une elfe. Ces gens étaient vraiment superstitieux... Mais ce n’était, dans le fond, guère étonnant. Rayne se recula un peu de la porte, se demandant ce qu’il convenait de faire, quand elle sentit des présences s’approcher. De nombreux vaisseaux sanguins qui venaient d’autres pièces, et convergeaient vers cet endroit. Les hommes du Duc ? Elle ne voyait de qui il pourrait s’agir. Rayne regarda Reikus.

« Les hommes du Duc approchent... Je vais aller obtenir des renseignements sur leur nombre. De votre côté, essayez d’obtenir le soutien des résistants... Ils ont apparemment des informations qui pourraient être utiles. »

Ne laissant guère le temps à Reikus de répondre, Rayne s’en alla rapidement. Elle avait malgré elle un mauvais pressentiment, se demandant si ce n’était pas le Cardinal qui, avec ses pouvoirs psychique,s avait réussi à trouver l’emplacement de ces réunions.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le vendredi 02 mars 2012, 06:08:18
(HRP : Ce n’est pas grave :))

Rayne avançait dans le noir et à travers les décombres comme si de rien n’était,  et elle avait l’air de savoir précisément où elle allait. Reikus quant à lui, ne voyait presque rien, était totalement perdu et trébuchait constamment sur les nombreux débris qui étaient jonchés sur le sol. À bien y repenser, Rayne se déplaçait trop bien, ses capacités à voir dans le noir et à traverser les décombres ne semblaient pas tout à fait naturelles. Reikus croyait qu’il était un peu trop paranoïaque, il avait vu des choses très impressionnantes dans sa vie, certaines personnes naissaient avec des talents particulier. La jeune rouquine était simplement douée, rien d’alarmant.

-   C’est par ici…

Mais comment avait-elle fait pour en être aussi certaine? Reikus trouvait cela étrange, mais il avait confiance en Rayne, elle était quelqu’un de bien. Certes elle était un peu froide, voir même cynique, mais Reikus était convaincu que derrière cette façade se cachait un cœur pur. Il n’était pas rare de voir les gens se créer certaines ''barrières'', comme le cynisme par exemple, pour se protéger de plusieurs choses, parfois des autres, mais généralement, ils tentaient de se fuir eux-mêmes.  Reikus ne lui reprochait rien, il cachait lui-même ses émotions derrière un masque composé de foi et de stoïcisme.

Le duo finit par arriver devant une porte entre-ouverte, des voix émanaient de la pièce, sûrement les membres de la résistance qu’ils suivaient depuis tout à l’heure. Reikus n’entendait que des bribes de la conversation, ils parlaient de sorcières, d’un usurpateur et de malédictions, il ne savait pas ce que les hommes voulaient dire, car ce furent les seuls mots qu’il parvint à entendre. Rayne, elle, écoutait le groupe parler et semblait avoir une meilleure ouïe que lui. Tout d’un coup elle se recula, puis elle leva la tête comme si elle sentait que quelque chose approchait.

Reikus tendit l’oreille, essayant d’entendre ce que Rayne entendait, mais à part la conversation des résistants, il n’entendit rien. Rayne fila rapidement dans un des corridors, avant de partir, elle lui expliqua que les hommes du Duc approchaient, et elle lui demanda d’essayer d’obtenir le soutient de ces résistants. Reikus ne put s’empêcher de sourire, Rayne était vraiment spéciale, il l’aimait bien. Sans elle, les soldats seraient probablement arrivés dans son dos, et à partir de là, il aurait surement été dans le pétrin.  Mais heureusement pour lui, Rayne était là.

Prendre contact avec la résistance… Le Dernier Inquisiteur était capable de faire cela. Il fît soudainement irruption dans la pièce, les cinq hommes présents autours d’une table le regardaient, d’un air surpris. Même s’il ne reconnaissait pas tout de suite le Dernier Inquisiteur, Reikus était quand même imposant, et peu de gens avaient envies de l’affronter. Il regarda les hommes droits dans les yeux, les uns après les autres. Il-y avait derrière eux une autre porte, menant probablement vers d’autres pièces, et d’autres membres de la résistance. Sur la table était posé une carte de la ville, plusieurs documents et des chopes remplies d’alcool.

Il fallut quelques secondes avant que les hommes réagissent, ces quelques secondes étaient précieuses dans un combat, car elles montraient la différence entres les rapides ou les chanceux, et ceux qu’on enterre.  Heureusement pour les hommes, Reikus venait en paix, car sinon ils seraient probablement tous faces contre terre, se noyant dans leur propre sang. Un premier homme jura puis dégaina son épée, bientôt imité par ses confrères.  Reikus resta stoïque, et sa lame demeura dans son fourreau. Les résistants n’étaient pas certains de ce qu’ils devaient faire. Devaient-ils charger, ou attendre que Reikus le fasse. C’est alors qu’un homme, le chef de la bande, prit la parole.

-   Mais putain t’est qui toi!

-   Ferme-la Lucas! Tu ne vois pas que c’est le Dernier Inquisiteur. Surement engagé par le Duc pour nous exterminer… Nous sommes foutus…

-   Je suis effectivement le Dernier Inquisiteur, mais je ne suis pas ici pour vous tuer, au contraire.  

-   Nous n’avons… rien à craindre?

-   À moins que vous ne désiriez répandre le mal sur le monde, non, vous n’avez rien à craindre.  

-   Ne vous inquiétez pas monsieur l’Inquisiteur, je hais le mal!

-   C’est bien, et pour l’amour de d’Ius, appelez-moi Reikus. Je suis venu ici pour vous aider en fait, plusieurs gardes foncent sur votre position, avec mon aide, et celle d’une charmante demoiselle qui est partie en avant, vous aurez peut-être une chance de les repousser. Mais en échange, nous aurons besoins d’information, tout ce que vous avez. Mais au moins, vous pourrez vivre un autre jour, c’est votre décision. Si vous refusez, je laisserais les gardes venir, et adieu la résistance.

-   Nous ne pouvons pas vous donnez tout, il fau…

-   Je crois qu’ils sont une bonne trentaine, je me demande comment une poignée de paysan réussiront à les repousser…

-   Vous devez me comprendre, je n’a…

-   Ils ne doivent plus être bien loin…

-   Je ne peu…

-   Lucas bordel! Sans lui on est mort. Inqui… Reikus, s’il ne vous donne pas ce que vous voulez, je vous le donnerais, mais je vous en prie, aidez nous…

-   D’accord, d’accord, nous vous donnerons ce que vous voulez.

-   C’est bien, maintenant suivez-moi, ramassez les armes et les hommes à votre disposition, nous en aurons besoins.  

La résistance n’était pas très bien équipé en matière d’armement, seuls quelques uns possédaient des épées, les autres devaient se contenter de fourches et d’autres outils agricoles.
Quatre autres hommes se joignirent à lui, la résistance comme tel ne comptait qu’une vingtaine de membres, et presque aucun d’entre eux ne pouvait se battre. Lucas n’était pas le chef de la résistance, mais il faisait parti des lieutenants. Le meneur s’appelait Gregory, un homme dans la cinquantaine, il était brave et voulait se battre, mais Reikus l’en dissuada. Le pauvre homme parvenait à peine à marcher tout seul, dans un combat, il serait un poids mort, sa volonté seule ne suffirait pas à battre les ennemis.

Reikus se rappela la direction qu’avait prise Rayne, et puis continua sur son chemin, la petite troupe marchait à tâtons. Ce n’était pas tout à fait une mauvaise chose, car si l’obscurité et les débris ralentissaient les résistants, ils allaient sûrement ralentir encore plus les gardes dans leurs armures lourdes. Au loin, Reikus entendait les pas des gardes, il décida de s’approcher lentement. Il était seul, Reikus ordonna aux résistants de ne s’approcher qu’à son signal. Il espérait vraiment que la mission de Rayne se soit bien déroulée, il allait avoir besoin de l’aide de la jeune femme…
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le vendredi 02 mars 2012, 21:51:26
Un mauvais pressentiment, c’est ce que Rayne ressentait alors qu’elle se déplaçait le long des couloirs déserts. Ils témoignaient d’une ancienne vie, une vie passée et éteinte depuis des siècles, mais la Dhampir savait que la vie ne disparaissait jamais vraiment d’un endroit où elle avait auparavant existé. Elle se contentait de muer, d’évoluer, de se modifier, et elle ne tarda pas à trouver, dans le grand hall de l’ancienne église, un détachement de soldats. Ils avaient des torches, des lances, des épées, des fléaux, des armures, et elle repéra notamment plusieurs arbalétriers. Se cachant dans les parties supérieures de la nef, évitant de trop s’appuyer sur des poutres ancestrales, elle ne tarda pas à reconnaître le meneur de cette opération. Un homme enfoncé dans une armure rouge, qui la recouvrait de la tête aux pieds, avec une longue cape glissant dans son dos. Elle l’identifia comme l’un des proches du Cardinal.

« Je déteste cet endroit... lâcha prudemment l’un des soldats à un autre, dans un coin de la nef.
 -  Tu as peur des fantômes ? le railla l’autre soldat.
 -  Cet endroit est hanté ! On n’a rien à faire là !
 -  Garde ta superstition pour toi-même. Ce n’est qu’un vieux donjon poussiéreux, et toutes ces rumeurs sur les gargouilles vivantes, les fantômes des anciens occupants, les noyeurs qui grouillent, ce ne sont que des racontars de bonnes femmes, voilà tout. On n’a rien à craindre !
 -  J’en suis pas si sûr... » bougonna le soldat.

Les deux soldats se turent, et Rayne avança à quatre pattes le long d’une poutre, sentant cette dernière trembler. L’homme du Cardinal discutait avec un autre solda,t probablement un capitaine, vu la plume qui ornait son heaume. Silencieusement, Rayne s’approcha suffisamment pour surprendre leur conversation, faisant tomber quelques volutes de poussière en avançant ainsi.

« Êtes-vous bien sûr que les résistants se cachent ici ? lâcha le Capitaine.
 -  Ne remettez pas en doute les visions du Cardinal, Capitaine Dalbert. La résistance se terre dans l’une des anciennes salles à manger, le Cardinal l’a vu dans ses visions. Vous êtes en nombre suffisants pour les prendre à revers et les tuer.
 -  Cette option me semble excessive, Commodore Rochefort. Ces gens ne sont que des paysans effrayés, affamés !
 -  Je ne fais que vous retransmettre les ordres de votre seigneur, comme il vous les a lui-même indiqué. Vous devez bien comprendre que l’Ordre Immaculé ne s’intéresse nullement à ces histoires politiques. Nous ne sommes pas venus ici pour affronter des loqueteux qui se sont détournés de la foi, mais pour lutter contre un maléfice plus dangereux. Nous ne vous avons aidé que par respect pour le pouvoir séculier, mais notre aide n’ira pas jusqu’à coordonner une attaque militaire.
 -  Vous ne voulez pas vous salir les mains, plutôt...
 -  Faites garde à vos paroles, Capitaine Dalbert.
 -  Et où comptez-vous aller pendant ce temps ?
 -  Accomplir la mission que le Cardinal m’a confié, une mission qui ne vous regarde nullement, et que je suis le seul à pouvoir accomplir. »

Ayant dit cela, le Commodore Rochefort s’écarta et s’approcha d’une porte en bois dans un coin, l’ouvrant dans un sinistre grincement. Il descendit alors des escaliers, et Rayne se mordilla les lèvres, réfléchissant à ce que ce Commodore comptait faire. Visiblement, il y avait quelque chose de plus important que des résistants ici... L’Antéchrist, peut-être ? Rayne ne voyait pas pourquoi un Cardinal de l’Ordre serait ici, si ce n’était pour lutter contre le mystérieux tueur. Dalbert s’épongea le front, et Rayne entreprit de s’éloigner, alors que le Capitaine se mettait à parler.

« Nous allons attaquer ! lança-t-il. Comme vous le savez, la justice de notre duc a reconnu coupable par contumace chaque résistant, leur octroyant la peine de mort. C’est une mesure que de simples militaires n’ont pas à discuter. Il nous faut accomplir notre devoir,soldats, et restaurer la paix dans le château. »

Quelques soldats n’étaient pas très heureux à l’idée de devoir se battre contre de simples paysans, mais d’autres y voyaient au contraire l’occasion de pouvoir enfin s’amuser. Un arbalétrier sentit alors de la poussière tomber sur son nez, et en éternua. Surpris, l’homme leva la tête, et distingua une forme se promener lentement au plafond. Ses yeux s’écarquillèrent, et il se redressa rapidement, tendant la main vers les hauteurs.

« Là ! Un monstre ! »

Comprenant qu’elle était repérée, Rayne bondit de la poutre, qui se brisa sous son poids, et tendit son grappin, l’accrochant à un antique lustre. Le lustre grinça à son tour, et ne tarda pas à se rompre également, mais tint suffisamment longtemps pour permettre à Rayne de se glisser sur une coursive, tandis que des flèches et des carreaux s’abattaient.

*Je t’en foutrais, du monstre, sale enfoiré !* grogna Rayne.

Le lustre s’écrasa violemment sur le sol, et la Dhampir courut vers la porte de sortie au fond de cette coursive.

« C’est un espion ! Tuez-le ! Ne le laissez pas prévenir les résistants ! »

La Dhampir bondit vers la porte, apercevant un escalier en colimaçon qui ne faisait que descendre, afin de la conduire dans la nef. Elle entendait les soldats grimper, et décida de rebrousser chemin, retournant sur la coursive. De l’autre côté, d’autres gardes avaient débarqué, dont des arbalétriers.

« Meurs, sorcière ! »

S’appuyant d’une main sur la rambarde surplombant la nef, Rayne s’en servit comme d’un trampoline pour bondir dans les airs, tandis que les carreaux filaient, passant entre ses jambes. Elle s’écrasa, pieds en premiers, sur un banc en contrebas, et courut vers une porte latérale, la première qu’elle voyait. Le Capitaine Dalbert sortit de son côté une petite arbalète à une main, ressemblant à un pistolet, et visa Rayne. Il tira, et le carreau atteignit Rayne à l’omoplate gauche. Cette dernière en hurla de douleur, et tomba sur le sol, à proximité de la porte. Ne s’avouant toutefois pas encore vaincue, la Dhampir fit abstraction de sa douleur, disposant après tout d’une constitution semi-vampirique, et fracassa la porte. Ancestrale, rongée par le smites, elle ne résista pas au poids de Rayne, qui se mit à courir.

« Dépêchons-nous ! » entendit-elle.

Rayne poursuivit sa route, ne sachant pas trop où elel allait, et attendit d’être sure que les gardes avaient cessé de la poursuivre pour arracher avec sa main le carreau d’arbalète. Elle en poussa un nouveau cri de souffrance. Une vague de douleur la saisit, et elle s’écrasa sur le sol, avant de se remettre.

*Je devrais poursuivre le Commodore, mais il vaut mieux que je commence par assurer la protection des résistants... Ils savent des choses intéressantes.*

Sa blessure continuait à lui faire mal, mais elle savait qu’elle cicatriserait assez rapidement. Elle partit donc à travers différents couloirs, espérant revenir vers Reikus.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le dimanche 04 mars 2012, 07:02:08
Le petit groupe de résistants que Reikus menait avançait à tâtons dans les longs corridors du dongeons. Parfois ils tournaient à gauche, puis à droit, sans vraiment savoir où ils allaient arriver. C’était l’instinct de Reikus qui les guidait, car même si les résistants s’étaient établis dans les dongeons, ils n’avaient pas pris la peine de l’explorer en profondeur. Reikus les comprenait un peu, les dongeons pouvaient s’avérer très dangereux pour les hommes inexpérimentés. Reikus lui, rompu aux techniques de combat, ne s’inquiétait pas vraiment de sur quoi ils pourraient tomber, la seule chose qu’il craignait était que les hommes du Duc les prennes par surprise.

Il entendit au loin des hommes crier, il avait le mauvais pressentiment que Rayne s’était fait repérer, mais il savait qu’elle n’aurait aucune difficulté à s’enfuir, mais cela l’inquiétait tout de même. Il fit signe aux hommes de s’arrêter, et puis tendit l’oreille. Il-y avait définitivement beaucoup d’agitation, mais Reikus était incapable de se diriger précisément vers la source des sons, mais il avait quand même une petite idée d’où il fallait aller. Sans carte, se diriger était vraiment difficile, n’importe qui de sensé se serait arrangé de positionner des repères dans les alentours, mais ce n’était pas le cas des résistants, Reikus décida de leur demander pourquoi.

-   Lucas, viens ici.  

-   Qu’est-ce qu’il-y-a Inquisiteur?

-   Pourquoi est-ce que vous n’avez pas pris la peine de faire une carte de cet endroit, ni même de placer des repères. Je veux dire, j’ai vu des symboles sur les murs avant d’arriver à votre base, et sur la table, c’était bien une carte des lieux non? Alors pourquoi est-ce que vous n’avez rien sur ici?

-   Nous n’avions pas jugé que ce fût important pour l’instant.

-   Lucas, si tu veux qu’on s’entraide, il va falloir que tu apprennes à me faire confiance, ce n’est pas en me cachant des informations que tu aideras ta cause…

-     Pardon Inquisiteur, vous avez raison… Nous préférons nous éloigner de cette partie du dongeons à cause des… monstres.

-   Quels monstres?

-   Ce ne sont pas des monstres ordinaires! Il-y a une semaine, nous avons envoyés deux hommes en éclaireurs, ils ne sont jamais revenus.

-   Ce n’est pas tout à fait vrai Lucas, explique lui.

-   Et bien…  Nous les avons retrouvés, du moins, ce qu’il en restait. Leurs corps étaient mutilés, leurs yeux arrachés, c’était… c’était vraiment horrible. L’un d’entre eux sortait tout juste des jupes de sa mère! Je ne crois pas que se soit vraiment une bête qui ait fait ca, à cause des coupures… ils formaient des dessins, des croix et d’autres symboles que je n’avais jamais vus auparavant. Quelqu’un les as torturés, il jouait avec eux. Je suis formel, ce qui a fait ca… était humain.

Reikus sentait la colère monter en lui, comment quelqu’un pouvait-t-il faire ca à d’autres êtres humains.  Ius demandait que ces crimes soient punis par le sang. Si Reikus tombait sur le meurtrier, il allait prendre son temps. C’était la seule façon selon lui pour que les âmes des victimes soient en paix.  Reikus se souvenu que Rayne lui avait parlé d’un tueur auparavant, il se pourrait bien qu’il fasse affaire au même tueur, quand il retrouverait Rayne, il lui ferait part de ses suspicions. Reikus vit alors, gravés sur un mur, une série de symboles. Il regarda Lucas, qui était à présent très blême. Reikus fronça les sourcils, ce geste voulait un peu dire, ‘Qu’est-ce qui se passe?’

- Ces symboles étaient gravés sur le corps des victimes…

Reikus fixa le mur avec dédain puis se remit à avancer, les symboles sur le mur avaient l’air en quelques sortes religieux. Il-y a longtemps, il avait mis la main sur un livre avec des symboles similaires, il l’avait perdu depuis le temps. D’une certaine manière, il trouvait que les dessins sur le mur ressemblaient également à ceux de l’Ordre Immaculé.

Tandis que le groupe avançait, une sorte de bourdonnement se faisait entendre.  Au début, ce n’était qu’un petit son, à peine audible, mais il devenait de plus en plus fort. Reikus se concentra sur le son, il s’agissait plus d’un chant. Comme ceux des moines, mais celui si paraissait plus… lugubre. Il croyait pouvoir déceler certains mots, mais ils n’étaient pas prononcés dans une langue que Reikus pouvait comprendre. Le chant se faisait entendre plus en plus fort, les résistants transpiraient et respiraient bruyamment. Derrière eux, une silhouette travers le corridor, faisant sursauter la plupart des hommes. Le chant continuait de s’amplifier, l’air était froid, et la mystérieuse silhouette continuait d’apparaitre devant et derrière le groupe. On se jouait d’eux, et Reikus n’aimait pas ca.

Le chant se faisait entendre de plus bel, avant de tourner un coin, Reikus crut entendre, à travers le chant qui résonnait dans sa tête, des bruits de pas. Il fit signe aux hommes de s’arrêter, puis dégaina sa lame. Ses mains étaient moites et il avait froids aux bras, le chant l’énervait fortement et son cœur battait fort. Il tourna le coin, prêt à bondir sur le meurtrier qui se cachait dans les dongeons, quand tout un coup, le chant s’arrêta net. Reikus brandissait son épée dans les airs, quand il vit en tournant le coin, Rayne. Il baissa tout de suite sa lame, puis regarda la jeune femme, il remarqua qu’elle saignait.

-   Mademoiselle Rayne! Pardonnez moi, je ne savais pas que c’était vous. Ne vous inquiétez pas, ces messieurs ont acceptés de nous aider. Mais, vous êtes blessée, est-ce que ca va? J’ai des bandages, laissez moi vous aider.  

C’est alors qu’il entendit des bruits de pas qui se dirigeaient vers eux, cette fois si, il ne s’agissait pas d’une mystérieuse silhouette, mais bien de gardes.

-   J’ai bien peur que votre blessure devras attendre un peu, elle doit vous faire souffrir, mais ne vous tueras pas, je m’en occuperais plus tard. Pour l’instant, il faudra s’occuper des gardes, je pense à une embuscade.  

Reikus regarda attentivement le corridor, il y avait de portes, les hommes pourraient surement se cacher à l’intérieur.

-   Tout le monde, vous voyez ces portes, cachez vous à l’intérieur, à mon signal, sortez et attaquer les gardes, le but n’est pas de les prendre à revers, seulement de les faire fuir, ils ne méritent pas la mort, mais je crains qu’ils ne sortiront pas tous d’ici en vie…

Les hommes étaient maintenant en position, les gardes qui étaient plus nombreux, s’entassaient dans le corridor, leurs armures les encombraient énormément. La petite troupe de Reikus quant à elle, était moins nombreuse, mais n’était pas gêné dans les espaces restreints, il allait devoir miser la dessus. Quand les gardes furent à proximité, il sortit de sa cachette puis cria,

-   MAINTENANT!  

Il donna un puissant coup de pied au premier garde du bord qui retomba quelques mètres plus loin. Les gardes, surpris par l’embuscade, étaient désorganisés et ne savaient plus trop quoi faire, leur commandant ne semblait pas être présent, car avec une tête dirigeante, ils se seraient réorganisés rapidement. Le combat ne s’annonçait pas trop difficile pour les résistants. Reikus chercha Rayne du regard, il aurait préféré que la jeune femme ne participe pas au combat à cause de sa blessure, mais il ne croyait pas qu’il aurait pu la convaincre, le mieux était de la laisser se débrouiller elle-même.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le dimanche 04 mars 2012, 15:31:02
La blessure ne tarda pas, non pas à cicatriser, mais à ne lui procurer aucune douleur. Rayne hésitait entre deux options : suivre Rochefort, ou aller aider Reikus et les rebelles. Elle ne leur devait rien, et la cause de la résistance ne la motivait que peu. Pour elle, les rebelles étaient juste des gens affamés, et ne demandaient que du pain dans leurs écuelles. Qu’on leur donne ça, et la résistance cesserait bien vite. Elle ne pensait pas qu’ils avaient d’intime conviction, alors que, parallèlement, elle était sûre que le Commodore s’activait contre l’Antéchrist, et qu’il allait probablement chercher quelque chose dans le donjon lié à ce dernier. Peut-être que l’Antéchrist se planquait là-dedans, après tout ? Rayne se décida donc à suivre ce dernier, à la condition qu’elle le retrouve, ce qui, avouons-le, n’était pas particulièrement simple. Elle ne pouvait plus compter sur son sens sanguin pour pister Rochefort. Il y avait trop de monde à proximité. Elle avança rapidement, traversant le couloir poussiéreux. Plusieurs chemins se présentaient, mais ils étaient généralement obstrués. Elle avança le long du seul couloir possible, mais ce dernier était recouvert d’éboulis. Fort heureusement, Rayne put passer par une porte latérale, l’amenant dans une ancienne grande salle. Il y avait un meuble détruit, et un trou dans le plancher. Rayne entendit des grognements en contrebas, et, prudente, s’allongea en regardant.

Elle ne tarda pas à apercevoir des formes massives et silencieuses, ainsi qu’une odeur de putréfaction prononcée, et frémit en voyant des goules (http://images1.wikia.nocookie.net/__cb20071115010661/witcher/images/thumb/7/7b/Ghoul3.jpg/199px-Ghoul3.jpg), ainsi qu’un graveir (http://images1.wikia.nocookie.net/__cb20071115155961/witcher/images/thumb/7/79/Graveir.jpg/250px-Graveir.jpg). Des créatures nécrophages, qui se nourrissaient de cadavres, et qu’on trouvait généralement dans les cimetières, ou près des charniers sur les champs de bataille. En trouver ici n’était donc pas spécialement surprenant. Le cimetière ne devait pas être loin, et les goules et les graveirs appréciaient les coins sombres. Se relevant lentement, Rayne essaya de ne pas faire de bruits. Le graveir était une variante améliorée de la goule. La théorie la plus en vogue était de considérer que le graveir était une goule génétiquement évoluée par des alchimistes ou des mages, ce qui expliquait pourquoi le graveir disposait d’une intelligence, certes primitive, mais supérieure aux goules, pouvant les contrôler. Il existait même des légendes prétendant qu’il existait des graveirs doués de parole, des graveirs éduqués par des individus, mais Rayne n’y croyait pas trop. Se relevant, elle s’éloigna de ce petit nid, espérant ne pas tomber sur eux.

Sa marche silencieuse se poursuivit à travers d’autres corridors assez aérés. Les plafonds étaient généralement hauts dans cette partie du donjon. Difficile de dire si une sortie se trouvait ou pas à proximité ; tout ce qu’elle pouvait dire, c’est que des goules se trouvaient à proximité. L’odorat des goules était très faible, et ils se reposaient exclusivement sur leur ouïe et leur vision. Ils ne l’avaient pas entendu, ce qui était plutôt une bonne chose. Malheureusement, Rayne avait perdu la trace du Commodore. Avec un peu de chance, peut-être qu’elle finirait par le retrouver… Elle ne désespérait pas d’y arriver, et finit par emprunter un petit escalier en colimaçon, très étroit. Les marches étaient petites, étroites, et elle atteignit el bas de l’escalier, une porte ne bois fermée. D’un coup, elle l’ouvrit… Pour tomber nez-à-nez avec Reikus. Ne le reconnaissant pas sur le coup, elle vit des formes, et crut aux soldats qui ‘lavaient attaqué. Ses lames jaillirent, avant que ses yeux ne reconnaissent le Dernier Inquisiteur.

« Reikus ! lâcha-t-elle.
 -  Mademoiselle Rayne ! lâcha ce dernier en retour.
 -  J’ai bien failli vous découper… répliqua Rayne en rengainant ses lames.
 -  Pardonnez moi, je ne savais pas que c’était vous. Ne vous inquiétez pas, ces messieurs ont acceptés de nous aider.
 -  J’en suis ravie, répliqua-t-elle, avant que Reikus ne remarque sa blessure.
 -  Mais, vous êtes blessée, est-ce que ca va?
 -  Ce n’est qu’une égratignure…
 -  J’ai des bandages, laissez-moi vous aider.
 -  Ce n’est pas… » commença Rayne, avant que quelque chose ne l’interrompe.

Un grondement, des bruits de pas. Les gardes ! Reikus se reprit aussitôt, et ordonna aux rebelles de se dissimuler derrière des portes à côté. La Dhampir se mordilla les lèvres. Les goules disposaient eux aussi d’une espèce de sixième sens, un sens nécrophage, qui les amenait toujours près des cadavres. Si on se mettait à tuer, ils sentiraient la putréfaction, et viendraient… Néanmoins, ce n’est pas comme si Rayne avait le choix. Rochefort était introuvable, et sa seule piste restait donc les rebelles. Il fallait donc les aider contre les soldats. Le plan de Reikus ne paraissait pas mauvais, mais il fallait aussi tenir compte du fait que les rebelles n’étaient pas des soldats entraînés, contrairement à ceux qui venaient. Le Capitaine Dalbert lui avait l’effet d’un militaire de carrière, un peu prétentieux, mais sa dextérité avec son arbalète prouvait qu’il savait se battre.

*Il suffit de les voir pour constater qu’ils sont paniqués… Combien fuiront ou se rendront quand les hostilités commenceront ?*

Rayne, de son côté, choisit de se dissimuler en hauteur, utilisant son grappin pour s’accrocher à une poutre qui avait l’air solide, avant d’atterrir sur un lustre, atterrissant délicatement. Le lustre était grand et grinçait dangereusement, menaçant de se rompre, mais c’était justement ce que la Dhampir recherchait. On ne tarda pas à voir les torches du groupe de soldats. Un petit contingent avec, en tête, des lanciers et des spadassins. Les arbalétriers fermaient la marche. Les soldats avaient également l’air assez nerveux, et le Capitaine Dalbert menait la marche. Rayne se sentit prête à bondir. Le couloir était assez étroit.

« MAINTENANT ! rugit Reikus en jaillissant de sa cachette.
 -  Embuscade ! » hurla le Capitaine.

Dans un rugissement, les rebelles jaillirent, portent des dagues et des haches. Rayne bondit alors en l’air, et, sous ce poids subit, le lustre se renversa. Il tomba et s’écrasa sur plusieurs soldats. Les carreaux fusèrent, fauchant un soldat, mais aussi deux rebelles. Rayne bondit dans la mêlée, et ses lames tranchèrent, envoyant voler une tête et un bout de bras. Les armures en métal étaient résistantes, mais les lames de Rayne avaient été travaillées dans l’obsidienne. Elle vit une épée jaillir vers elle, et la para avec ses deux lames, utilisant l’une de ses jambes pour bondir en l’air, faisant en somme une espèce de salto. Ses talons aiguilles en métal frappèrent l’homme à la tête, sans vraiment le blesser, mais le déstabilisant. Rayne se remit ainsi rapidement sur ses pieds, et enfonça sa lame dans le ventre de l’ennemi. Sans attendre plus longtemps, elle tourna sur elle-même, récupérant sa lame, et trancha les deux mains d’un soldat qui avait levé son épée, ne le laissant pas le temps d’hurler, ses lames revenant pour lui arracher sa tête. Elle lâcha alors son grappin qui fila entre deux hommes en armure, attrapant un arbalétrier par le cou, et elle tira d’un coup sec sur son filin. L’arbalétrier poussa un cri en s’envolant, et renversa les deux soldats. Deux arbalétriers pointèrent alors le bout de leurs armes sur Rayne, qui, mûe par un réflexe soudain, sauta en l’air en écartant les jambes, évitant les carreaux.

Si la bataille se passait plutôt bien de son côté, c’était un peu plus discutable pour le reste. Dalbert avait rapidement réagi, et ses carreaux avaient atteint deux autres rebelles, tandis que ses talents à l’épée lui avaient permis de repousser ses adversaires.

« Tenez bon, Messieurs, tuez ces couards ! »

Pendant ce temps, dans d’autres recoins du château, les goules se mirent à grogner, commençant à sentir une odeur bien connue. Ils se déplacèrent alors rapidement, sentant l’excitation d’une bataille, l’odeur de la mort et de la souffrance, ainsi qu’un bon repas en perspective.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mercredi 07 mars 2012, 00:44:29
La bataille faisait rage, Reikus se tenait debout, au milieu du carnage, et évaluait la situation, tout en fauchant avec son épée longue, les malheureux soldats qui daignaient s’approcher un peu trop du Dernier Inquisiteur. Les gardes avaient réagis plus vite que prévus, mais les résistants ne tombaient pas aussi vite qu’il l’aurait cru. Ils n’étaient toute fois pas tirés d’affaires, ils n’étaient pas très entrainés et devaient compter sur Rayne et sur Reikus pour faire des dégâts aux adversaires. Les résistants se contentaient d’achever les soldats blessés et de rester en vie, Reikus trouvait qu’ils ressemblaient un peu plus à des charognards qu’à des vrais guerriers, mais à quoi devait-il s’attendre de la part de paysans effrayés et morts de faim?

Rayne de son côté, se débrouillait très bien, fabuleusement bien, même.  Sa blessure ne la gênait pas du tout, quand Reikus recevait des blessures semblables, il devait s’arrêter pour en prendre soin, hors de question de se battre, Rayne était vraiment une jeune femme remarquable. Reikus fût tiré hors de ses rêveries par un carreau d’arbalète qui vint siffler à son oreille, le carreau termina sa course dans le bras d’un résistant, qui cria de douleur. Le projectile avait été tiré de l’arbalète de poing d’un homme qui se tenait derrière, surement le Capitaine des gardes. Ce dernier tirait à l’aveugle en aboyant des ordres à ses hommes.

Le Dernier Inquisiteur regarda le Capitaine et sût que c’était lui le problème, il était habile à l’arbalète et avait l’air d’être un bon tacticien. Reikus faucha les jambes d’un garde avec sa lame et avant que ce dernier atteigne le sol, il lui asséna un puissant coup de poing au sternum. Le corps du pauvre soldat émit un craquement sinistre, faisant frissonner tout ceux qui purent l’entendre, tous sauf Reikus.  Le coup était tellement puissant qu’il n’était pas impossible que le soldat soit mort sur le coup. Reikus releva la tête et vit un soldat qui fixait la corps étendue de son frère d’arme,  la lame de Reikus fendit l’air et atteignit le soldat à l’épaule. L’armure amortit l’impact mais la clavicule du garde était probablement en miettes.

Ce dernier posa un genou par terre tout en grognant. Il dégaina une dague, prêt à bondir sur Reikus. Le Dernier Inquisiteur n’avait pas envie de tuer les gardes, mais il savait que s’il ne les tuait pas, se serait eux qui le tuerait. Il plongea sa lame dans la gorge du soldat, qui tomba par terre puis se vida de son sang. Reikus n’était plus qu’à quelques mètres du Capitaine, mais deux gardes lui barraient la route. L’un d’entre eux fonça sur lui, Reikus l’évita et lui faucha les jambes. Le garde était maintenant par terre, Reikus se pencha pour essayer de l’étrangler, mais le deuxième garde l’en empêcha, et frappa Reikus avec sa hache. Au dernier moment, Reikus put se déplacer, et éviter le coup. La hache frappa le sol et l’onde de choc résonna dans le manche de la hache, l’homme dut donc lâcher son arme. Le Dernier Inquisiteur profita de la situation pour décapiter l’homme d’un coup de lame.

Pendant ce temps le premier garde c’était relevé, prêt à se battre. Reikus le regarda un instant avant de feinter de le frapper à l’épaule pour le frapper à la hanche. Le garde était déstabilisé, Reikus lui donna un puissant coup de pied au ventre pour le faire reculer. L’homme trébucha et se retrouva de nouveau par terre, Reikus l’acheva d’un coup de lame. Seulement quelques pas le séparaient du Capitaine. Reikus était près à lui foncer dessus quand il entendit des grognements sinistres et des bruits de pas se rapprocher. Il était impossible que se soit la chose qu’il avait vu se déplacer dans les corridors un peu plus tôt, car elle était plus silencieuse.

Les grognements se rapprochaient de plus en plus, pendant l’espace d’un instant, les hommes arrêtèrent de se battre, quand tout à coup, une trentaine de goules tournèrent les coins et prirent les résistants comme les gardes en tenailles. Personne ne savait plus quoi faire, les goules étaient lentes, mais en grands nombres pouvaient s’avérer dangereuses. Reikus ne voulait pas avoir la mort de ses hommes sur la conscience, il devrait agir rapidement. C’est alors qu’il eut une idée, il fonça vers une des pièces dans lesquels ils s’étaient cachés un peu plus tôt. Reikus regarda à l’intérieur pour s’assurer qu’elle était vite et ordonna à ses hommes d’entrer, tout en bloquant le passage aux gardes

-   Allez! Allez! Tous à l’intérieur, maintenant!

Les hommes ne comprenaient pas pourquoi mais obéirent quand même, une fois à l’intérieur, Reikus compta ses hommes et remarqua qu’il en manquait quatre, probablement tombés sous les coups des gardes ou mangés par des goules. Les résistants étaient fatigués et blessés, Reikus se tourna vers eux et prit la parole.

-   Messieurs, nous allons rester ici quelques instants, les goules se battront contre les gardes, dans quelques minutes nous sortirons pour achever les vainqueurs. Ces derniers seront surement moins nombreux et moins efficaces que maintenant.

Des coups résonnaient sur la porte, un résistant particulièrement costaud la tenait fermé. Reikus ne pouvait pas dire si les coups provenaient de goules affamés ou des gardes effrayés.

-   Considérez ceci comme un pause, reprenez votre souffle et surtout pansez vos blessures, dit il en cherchant Rayne du regard.

Reikus colla son oreille contre la porte, le combat faisait toujours rage. Les gardes semblaient capables de se défendre mais ils allaient devoirs battre en retraite bientôt. Le Dernier Inquisiteur s’approcha de Lucas, qui était en pleurs.

-   Inquisiteur… J’ai… J’ai tué un homme! Mais pas n’importe lequel, je connaissais ce garde, c’était un ami, du moins une connaissance… On avait l’habitude de jouer aux cartes ensembles, c’était avant que tout ça débute… Il m’a regardé avec ses yeux, puis… puis…

Reikus préféra laisser l’homme seul et retourna à la porte. Il savait ce que c’était de perdre quelqu’un qu’on aime, il eut une petite pensée pour son mentor, Cade. Il n’osait même pas s’imaginer ce que Luca devait ressentir en se moment, sachant qu’il ne venait non seulement de le perdre, mais qu’il l’avait tué également.

Reikus entendit les choses se calmer à l’extérieur et crut entendre le Capitaine ordonner à ses hommes de battre en retraite. Reikus fit signes aux résistants d’attendre à l’intérieur puis sortit de la pièce. Il ne restait plus qu’une dizaine de goules et un graveir. Il n’avait pas remarqué où était Rayne pendant se temps car il s’était attardé sur les résistants, mais il apprécierait surement son aide. Une dizaine de goules n’était rien pour le Dernier Inquisiteur, mais à deux, ils les extermineraient plus vite. Reikus avança et puis planta sa lame dans le corps d’une première goule, elle tomba par terre. Il regarda les autres sachant qu’elles connaitraient bientôt des sorts similaires.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mercredi 07 mars 2012, 02:20:06
Le combat était assez équilibré, et Rayne jouait avec les ennemis. Elle évitait avec grâce les carreaux, ses lames faisant des ravages, forçant les gardes à prudemment s’éloigner d’elle, mais la partie se calma assez rapidement, lorsque des grondements se firent entendre. Frissonnant, Rayne comprit que les goules étaient finalement arrivées. Elle s’était tellement amusée qu’elle avait complètement oublié ces dernières ! Les goules avaient l’air, comme n’importe quelle goule, affamées, et se ruèrent sur eux. Le gravie était une véritable masse se découpant entre plusieurs goules. Le Dernier Inquisiteur opta pour un repli stratégique, tout en barrant la route aux soldats.

« Tenez la ligne, soldats ! hurla le Capitaine. Nous ne fuirons pas devant ces monstres !
 -  Jamais ! lâcha un soldat. Ce sont des goules, elles vont nous tuer ! »

Me soldat se mit à courir vers une porte, mais Dalbert fut plus rapide à réagir. Il lâcha un carreau, qui se planta dans les omoplates du soldat, le tuant sur le coup.

« Les déserteurs ne méritent que la mort ! Êtes-vous des couards, des rats, ou des guerriers, soldats ? Les goules ne nous effraieront pas ! »

Rayne devait reconnaître qu’il avait du cran, mais le combat semblait désespéré… Pour autant, Rayne choisit de ne pas fuir. A quoi ressemblerait-elle, si elle fuyait, alors que de simples hommes allaient se battre ? Elle brandit ses lames, et vit l’un des arbalétriers tirer un carreau sur une goule, ce qui n’arrêta nullement cette dernière. La goule leva son énorme main, et frappa l’arbalétrier à la tête. Le coup fut si violent que le sang éclata, tandis que le corps du soldat s’écrasa violemment contre le mur. La goule entreprit alors de dévorer le cadavre, et Rayne bondit brusquement. Elle enfonça ses talons aiguilles dans ses pectoraux, faisant rugir la goule, et, sans attendre plus longtemps, enfonça ses lames dans sa tête, les faisant ressortir de l’autre côté, tuant la goule. Une autre s’approcha d’elle, et Rayne fit jaillir sa lame, l’enfonçant dans son cou, le décapitant en formant un geyser ensanglanté. Elle vit ensuite l’ombre immense d’une goule fondre sur elle, et utilisa une lame pour trancher l’un des avant-bras du monstre. Néanmoins, elle vit l’autre bras la soulever par la gorge. Les goules disposaient d’une force solide. Rayne se débattit, et souleva ses jambes, les enroulant autour de ce long bras, enfonçant ses aiguilles dans son bras, faisant hurler la goule. Agissant rapidement, Rayne enfonça l’une de ses lames dans la gueule de la goule, coupant sa tête en deux. Le goule la relâcha, mais elle en vit une quatrième fondre sur elle. Un carreau jaillit alors, et creva l’un des yeux de la goule, laissant à Rayne le temps de rouler sur le sol.

« J’apprécie votre aide, Madame.
 -  Je ne fais pas ça pour vous… Vous vous dites soldat, mais un soldat n’attaque pas de simples villageois effrayés… »

Dalbert ne répondit pas sur le coup, lâchant un carreau vers un autre monstre. Les soldats se repliaient, les goules les massacrant. Là, un soldat frappa avec son fléau la joue d’un goule, le faisant saigner, mais il répliqua en le frappant au ventre, pulvérisant l’armure de l’homme, avant de l’attraper par l’arrière du crâne, l’envoyant s’écraser contre le mur, avant d’aller lui arracher une partie du cou, et de manger. Rayne fondit vers une autre goule, tournant sur elle-même, arrachant les pieds du goule, avant de remonter ses lames, arrachant et démembrant ses deux bras. La goule s’écrasa.

« Je ne fais qu’obéir aux ordres, voilà tout… Être un soldat, c’est savoir ce qu’est le devoir…
 -  Pourquoi ai-je l’impression que vos paroles manquent de conviction ? Que cherche Rochefort ici ?
 -  Croyez-vous vraiment que le moment soit opportun ? »

Dalbert avait sorti son arme, et tira un carreau, qui traversa la gorge d’une goule. Une goule venait toutefois de soulever deux soldats, et les envoya se fracasser l’un contre l’autre. Le groupe diminuait, et l’odeur de putréfaction des cadavres se répandit partout. Rayne évita d’un roulade le poing d’une goule, qui défonça le sol, et essaya de les planter dans le dos de la goule, mais une autre la frappa, la griffant dans le dos. Rayne poussa un hurlement, tombant sur le sol, et bondit en avant, se retourna, et enfonça sa lame dans la tête d’une goule, coupant le bas de son visage. Le regard de Dalbert se plongea sur cette blessure, et il vit les entailles se refermer assez rapidement. Ses sourcils s’écarquillèrent, mais il ne dit rien, trop occupé par le combat.

« je crois que oui… Que cherche l’Ordre ici ? En quoi est-ce lié à l’Antéchrist ?
 -  Vous savez bien des choses, Madame… Peut-être même plus que moi… Mais il faut nous débarrasser des goules…
 -  Il faut atteindre le graveir… C’est la seule manière de les perturber…
 -  Si ce n’est que ça… »

Levant son arme, Dalbert lâcha un carreau vers l’un des yeux du graveir, mais l’une des mains du monstre jaillit pour attraper le carreau, et le brisa sec.

« Un graveir a de meilleurs réflexes qu’une simple goule…
 -  Autrement, ça aurait été trop simple… Néanmoins, Rayne, vous avez raison. Je ne suis pas très fier de moi, mais il faut exécuter les ordres…
 -  Alors, être un soldat revient à abandonner son libre-arbitre ? Si on vous demandait de tuer des gosses, vous le feriez ? »

Dalbert ne répondit pas, mais une lueur vacilla dans ses yeux. Il se reçut un coup de pied d’une goule, et crut voir sa dernière heure arriver avant que Rayne n’agisse, enfonçant l’une de ses lames dans le ventre du monstre, plantant l’autre dans son entre-jambes, remontant sa seconde lame, et faisant descendre l’autre, pour les retirer.

« Je… J’ignore ce que l’Ordre manigance, mais je crois que l’Antéchrist se terre dans le Château-Lerouge… Si j’étais vous, j’irais voir Raymond quand vous en aurez l’occasion. C’est un détective privé qui enquête sur l’Antéchrist depuis sa première exécution. Je ne devrais pas dire ça, mais… Ah, saloperie ! Prends ça, sale horreur ! L’enquête officielle n’avance pas beaucoup… »

Rayne bondit en arrière, s’appuyant sur la tête d’un soldat pour enfoncer l’un de ses talons dans la tête d’un goule. Dalbert poussa ensuite un hurlement.

« Chargez le graveir, soldats ! CHARGEZ ! »

Le Capitaine courut vers lui, tandis que plusieurs carreaux atteignirent la tête d’une goule s’apprêtant à le frapper. Il atterrit devant l’immense bête, et essaya de l’attaquer avec sa lame, mais la lourde main du graveir attrapa cette dernière, et la tordit. Dalbert sentit une terreur profonde naître en lui, alors que le graveir jeta l’épée au loin. Il vit le poing massif du monstre se former, lorsqu’un grappin s’enfonça dans son dos, et le tira en arrière. Le poing du graveir fendit l’air dans le vide, et son regard mauvais se jeta sur celle qui l’avait privé de son repas : la Dhampir. Utilisant son grappin, elle avait tracté l’homme. Rayne dut toutefois se protéger d’une goule, tandis que le graveir fondit sur elle. Elle parvint à se débarrasser de la goule avec l’aide d’un soldat, quand le graveir fondit sur elle. De sa main gauche, il poussa le soldat, et frappa avec la droite. Rayne évita le coup, mais le pied du graveir fracassa le sol, provoquant une vibration qui la fit chavirer. Elle manqua tombe par terre, et vit le pied du graveir fondre vers son corps. Le coup fut terrifiant, soulevant Rayne, l’envoyant s’envoler. Elle s’écrasa lourdement sur le sol, atterrissant devant une goule, voyant sa mâchoire édentée. Rayne tourna sur elle-même, évitant le coup, et fit une nouvelle roulade, utilisant sa lame pour l’enfoncer dans la boîte crânienne de la goule, la tuant sur le coup.

La porte s’ouvrit ensuite sur le Dernier Inquisiteur, qui ne tarda pas à tuer une goule.

« Vous en avez mis, du temps, pour protéger des civils… Il faut se concentrer sur le graveir, mais il est plutôt costaud ! »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le vendredi 09 mars 2012, 06:17:47
Reikus remarqua alors que Rayne était en fait resté dehors avec le Capitaine. Elle et les gardes avaient tués la majorité des goules, mais le graveir leurs donnait du fil à retordre. La jeune femme semblait avoir sympathisée avec le Capitaine, Reikus espérait qu’elle ne s’était pas alliée avec lui. Il n’aimait pas du tout ce Capitaine et les gardes de cette ville n’étaient, pour la majorité, que des brutes corrompues. C’est alors que Reikus se questionna sur la résistance, certes, le Duc était un homme méchant, mais les résistants n’étaient qu’une bande de bouseux affamés, mais au moins, ils étaient bons. Et comme Reikus avait juré d’anéantir le mal, il allait devoir s’opposer au Duc de par tous les moyens.

Rayne lui demanda alors d’attaquer le graveir, Reikus avait déjà entendu parler de ces créatures mais c’était la première fois qu’il en voyait un pour de vrai. L’immonde créature ne ressemblait que vaguement à un humain, le graveir puait la charogne et était répugnant. Reikus n’avait pas peur mais il n’espérait pas à avoir à en croiser un autre bientôt. En fait, le graveir ressemblait un peu aux autres goules, sauf qu’il paraissait plus intimidant et dangereux, les soldats n’osaient pas trop s’approcher de lui, et le Capitaine se remettait du mauvais traitement que la bête lui avait infligé. Reikus ne se laissa pas impressionné, il fonça tête baissé sur le graveir.

Le graveir était trop concentré sur Rayne pour voir venir le Dernier Inquisiteur, ce dernier assena un puissant coup d’épaule au monstre qui recula de quelques pas sans tomber. Reikus, surpris que sa charge n’ait pas fonctionné comme elle avait l’habitude de le faire, se ressaisit rapidement et donna un coup de pied au ventre du graveir qui ne bougea même pas. Reikus enchaina avec une série de coup de poings et seuls ceux qui atteignaient le visage semblaient avoir un effet quelconque sur le monstre. Les coups répétés de Reikus auraient pu assommer un combattant professionnel, mais le graveir ne réagissait presque pas.

Reikus allait devoir changer de tactique, mais avant qu’il ne puisse réagir, le graveir lui assena un coup de poing au visage, Reikus recula de quelques pas, puis plaça ses mains à la hauteur de son visage pour le protéger d’éventuels autres coups. Un soldat, prenant son courage à deux mains, s’élança puis frappa le graveir dans le dos avec sa lame. Il laissa une coupure dans le dos du graveir, qui à présent, ne se concentrait que sur Reikus.  Mais le Dernier Inquisiteur profita de cet instant pour lui aussi attaquer le graveir avec sa lame.

Il donna un puissant coup à la hauteur du torse de la bête, Reikus continua son mouvement pour avancer et se retrouver derrière le monstre. Le graveir n’avait pas apprécié le coup d’épée mais ne s’arrêtait pas pour autant. En se retournant, il essaya de frapper Reikus avec le revers de son immense poing, mais le Dernier Inquisiteur vit le coup venir et l’évita. Le torse du monstre était maintenant à découvert, Reikus  voulut lui planter son épée dans le torse mais le graveir se déplaça au dernier moment, et la lame atterrit dans l’épaule de la bête. Reikus eut beau tirer, sa lame restait coincée.

Le Dernier Inquisiteur sortit de son étui SombreLame, sa dague.  Cela faisait un moment qu’il voulait s’en servir, il gardait toujours plusieurs couteaux sur lui, mais SombreLame était… spécial, pour lui. D’autres soldats décidèrent de se jeter sur le graveir, mais se firent repousser rapidement. La Lame de Reikus siffla dans les airs, les mouvements qu’il faisait quand il utilisait sa dague étaient à peine perceptibles. Il taillada la peau déjà amoché du graveir avant de lui assener un violent coup de poing au nez, Reikus s’apprêtait à planter SombreLame profondément dans le crâne du graveir, mais une goule qu’il n’avait pas remarquée lui sauta dans le dos avant qu’il ne puisse lui assener le coup fatal.   

Reikus, tout en essayant d’éviter de se faire mordre, agrippa la goule par l’épaule et la projeta violemment contre un mur. N’importe quel être humain ne se serait pas relevé d’une telle collision, mais les goules étaient animées par une force mystique quelconque, et celle que Reikus avait projetée se relevait déjà. Le Dernier Inquisiteur lui asséna un puissant coup de pied aux côtes pour qu’elle reste par terre, et puis l’acheva en lui écrasant la tête de son poids. Le graveir pendant ce temps, s’était approché du Dernier Inquisiteur. Un peu trop même,  Reikus évita de justesse une morsure, le monstre essaya alors de l’étreindre, pour pouvoir le mordre plus facilement.

Reikus le repoussa avec sa jambe droite, le graveir tituba quelques pas avant de s’empaler sur la lame d’un jeune soldat qui le regardait d’un air perplexe. Avant de respirer son dernier souffle, le monstre essaya d’agripper le soldat, en vain. Les autres goules gisaient maintenant mortes sur le sol, les soldats se sentaient un peu plus en sécurité. Le jeune homme qui avait "terrassé" le graveir n’avait pas trop compris ce qui se passait, il regarda Reikus, puis Rayne, puis le Capitaine, puis à nouveau Reikus. Le Dernier Inquisiteur lui sourit,

-       Félicitations petit, te voilà un héros!

Les gardes s’empressèrent de féliciter le "héros" qui était visiblement dépassé par les événements.  Les gardes avaient tués les goules, mais ne s’étaient pas occupés des résistants, qui étaient toujours cachés à l’intérieur de la petite pièce. Aucun des deux groupes ne voulait continuer le combat, Reikus s’avança alors vers le Capitaine

-   Capitaine

-     Dalbert! Vous êtes le Dernier Inquisiteur, c’est bien ça?

-    Appelez-moi Reikus. Laissez-moi résumer un peu les événements... Pour que vous puissiez mieux les résumer à vos supérieurs, d’accord?,   dit Reikus en souriant, Vous et vos hommes êtes descendus ici à la recherche des résistants, vous n’avez croisés que des goules, certains de vos hommes n’ont pas survécus au combat, ni moi, ni mademoiselle Rayne, ni aucun membre de la résistance n’étaient présents. Compris?  

-   Se sont nos frères après tout… C’est d’accord, je… je dirais ceci à mes supérieurs. Mais laissez nous un instant pour reprendre notre souffle.

-   Vous êtes un homme bien Dalbert, je m’en souviendrais

Reikus rejoignit fit sortir le résistants de leur cachette, puis rejoignit Rayne

-   Vous vous êtes faites des amis un peu partout mademoiselle Rayne,  dit-il en regardant Dalbert au loin, Alors? Avez vous une idée de ce qu'on doit faire à présent?
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le vendredi 09 mars 2012, 22:32:38
Le combat se poursuivit avec l’arrivée du Dernier Inquisiteur, qui se rua vers le graveir. Rayne, de son côté, préféra s’occuper des goules. Non pas que le graveir l’effrayait, mais elle tenait à laisser à Reikus l’occasion de pouvoir s’amuser un peu. Le brave se contentait d’observer depuis plusieurs minutes, et elle voulait aussi le voir à l’action. Elle constata rapidement que Reikus avait un style moins acrobatique que le sien, plutôt axé sur la force physique. Il parvenait à repousser des goules avec ses bras, ce qui était en soi un petit exploit. Reikus peinait toutefois contre le graveir, ce qui pouvait se comprendre. Un graveir était une bête de combat redoutable, particulièrement forte et dangereuse.  Rayne fut bien tentée de l’aider, mais les soldats agirent à sa place, et ce fut un simple fantassin qui, par miracle, parvint à planter sa lame dans le corps du graveir, dans une zone où sa peau était moins résistante. Le graveir en fut tué sur le coup, et sa mort mit plus ou moins fin à la bataille, les goules survivants préférant fuir.

Heureux, les soldats n’avaient guère plus envie de se battre contre les résistants, et Dalbert accepta sans ombrage la proposition de Reikus consistant à considérer que la résistance n’était pas là. Rayne, de son côté, ne partageait pas cette joie enfantine. Des goules, elle en avait tué beaucoup, ainsi que des monstres encore pire, et, dans sa tête, elle ne pouvait s’ôter de l’esprit la présence du Commodore Rochefort.

« Vous vous êtes faites des amis un peu partout mademoiselle Rayne, lâcha al voix de Reikus, la faisant sortir de ses pensées.
 -  On peut dire ça, oui…
 -  Alors? Avez vous une idée de ce qu'on doit faire à présent ?
 -  Il n’y avait pas que les gardes, ici… L’un des proches du Cardinal était là… Le Commodore Rochefort… précisa-t-elle en regardant Reikus. Je vais aller en demander plus à Dalfort… »

Rayne avança vers le Capitaine, qui ne tarda pas à lui donner quelques explications.

« J’ignore totalement ce que le Commodore Rochefort est venu faire dans ces cryptes… Pour être entièrement honnête avec vous, c’est le Cardinal qui nous a indiqué l’emplacement de la résistance. J’ignore comment il s’y est pris… Rochefort devait nous accompagner, mais je crois qu’il est venu ici pour faire d’autres choses. Il s’est enfoncé dans les profondeurs de ce château, mais ça, Rayne, vous le savez sûrement déjà.
 -  Et vous n’avez aucune idée de ce qu’il cherche à faire ?
 -  Pas la moindre, reconnut Dalfort. Comme je vous l’ai dit, je suppose que cela concerne l’Antéchrist, mais Raymond vous en dire plus à ce sujet.
 -  Où se trouve Raymond ? Qui est-il ?
 -  Raymond Marlowe est un détective légèrement excentrique., qui vit dans le centre-ville, près des égouts. Il vivait autrefois à Nexus, mais a eu des problèmes avec des criminels influents de la ville. J’ignore ce qui a pu l’amener ici, mais son bureau est ouvert depuis des années.
 -  Je vois… Il est temps de remonter, alors… »

Dalfort n’ajouta rien, indiquant juste à Rayne comment sortir rapidement. Avec Reikus, elle remonta hors du donjon. Inutile de se lancer à la recherche de Rochefort, le donjon était bien trop grand, et il n’y avait sûrement pas que des goules et des graveirs là-dedans. Rayne parvint à retrouver la sorite, différente de celle qu’ils avaient pris. Elle menait dans une espèce de cave abandonnée d’une maison, désolée et vide, avec des tonneaux poussiéreux, et des rats. Des toiles d’araignée dans les coins. Rayne monta dans la cave, accessible depuis un escalier grinçant. Un autre escalier permettait de sortir, conduisant dans une maison abandonnée. Rayne entendait des bruits et des exclamations, et ouvrit la porte de sortie de la maison, menant dans des ruelles silencieuses et puantes, les bas-fonds de la ville.

« Qu’est-ce que… ? »

Rayne se mit à courir, voyant des flammes danser, et s’arrêta sur une espèce de place publique. Les villageois observaient un énorme bâtiment qui avait pris feu, ses flammes scintillant dans la nuit. De hautes flammes dansaient furieusement dans le ciel, ravageant l’immeuble. Quelques femmes pleuraient, prostrées par terre, et un homme se tenait devant l’incendie, observant la foule, qui formait une espèce de demi-cercle autour de lui.

« Cette ville ne sera pas une nouvelle Sodome ! claironna le Cardinal. Les épreuves que vous traversez sont le fruit de vos péchés, le résultat de vos vices ! »

Rayne comprit alors que les soldats de Beauregard venaient de mettre le feu au bordel du coin, jetant les prostituées. L’une d’elle, qui avait visiblement été frappée, se leva,

« Salopard ! Vous n’aviez pas le droit de… !
 -  Silence, démon ! Succube maléfique, catin ! Silence, je te l’ordonne ! »

La main du Cardinal se leva, et la prostituée s’arrêta brusquement, sentant des espèces de lianes s’enrouler autour de son corps, l’immobilisant.

« Ce sont vos péchés, votre manque de foi, votre passion ardente et mauvaise pour la luxure, qui ont conduit votre population dans cet état ! L’Antéchrist est le fruit de vos péchés ! Il est un symptôme, et, pour l’éradiquer, il nous faut en supprimer les causes. Repentez-vous de vos péchés, traînées, vous qui avez fait du cadeau de Dieu un commerce ! Vous ne méritez pas la pitié dans ce monde !
 -  Arrêtez ! s’exclama un serf. Vous n’avez pas le droit de…
 -  Je suis l’envoyé de l’Ordre ! Nous répandons la volonté du Seigneur ! Je dispose du droit le plus absolu qui soit ! cracha le Cardinal. L’oublier, c’est oublier votre foi ! »

Le Cardinal parlait d’une voix forte.

« Soldats ! Enfermez ces femmes ! Quant à vous, braves gens, repentez-vous ! Oui, repentez-vous de vos crimes envers Dieu et envers l’Ordre ! »

On mit des fers autour des bras des prostituées, tandis que ces dernières étaient portées par les soldats, emmenées vers le château royal. Le peuple grommelait, prêt à bondir, mais la présence du Cardinal les en dissuadait. Rayne, de son côté, choisit de rester discrète. Les agissements de ce cinglé importaient dans le fond peu. La seule chose qui comptait était d’aller voir Raymond, en espérant que ce dernier aurait des informations intéressantes à communiquer.

*Encore faut-il commencer par le trouver…*
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le lundi 12 mars 2012, 05:20:56
Reikus et Rayne parvinrent à sortir du donjon sans trop de problèmes. En sortant, ils remarquèrent que le chaos régnait sur la place publique, le mystérieux Cardinal avait fait bruler le bordel du coin et fait emprisonner les prostituées, bien entendu ce geste fût très impopulaire auprès du peuple. Les paysans lançaient des insultes au Cardinal pendant qu’il leur ordonnait de se repentir, selon lui, l’Antéchrist était le fruit des péchés du peuple. Cette théorie ne faisait aucun sens mais Reikus avait appris depuis bien longtemps qu’il ne fallait exclure aucune possibilité, surtout quand il avait affaire à un tueur en série.

Ce que le Cardinal faisait était injuste, Reikus était tout à fait contre la prostitution et les bordels mais il ne croyait pas que les femmes de joie devaient êtres punies aussi sévèrement. Reikus n’était pas contre la fermeture du bordel, mais il trouvait qu’incendier un bâtiment était une manière un peu trop radicale de régler les choses, même pour Reikus. Il aurait préféré réutiliser le bâtiment pour autre chose, quelque chose dont le peuple avait vraiment besoin, une école ou une bibliothèque par exemple. Après avoir imaginé tout ca, Reikus se trouvait un peu trop idéaliste à son goût. 

Mais le Cardinale ne faisait pas tout cela pour rien, c’était un homme très intelligent, s’il brulait le bordel et enfermait les prostituées, c’était uniquement pour instaurer la peur dans le cœur du peuple. Une fois que les paysans seront assez apeurés, le dernier endroit où ils pourront se tourner sera la religion. Les gens boiront les paroles du Cardinal, ce qu’il dira fera office de loi. Il aura le contrôle total et absolu de Château-Lerouge, à moins que quelqu’un l’en empêche. Reikus ne comptait pas laisser le Cardinal endoctriner les gens de la sorte, mais le religieux n’était pas sa priorité numéro un pour l’instants, en ce moment, il devait trouver Raymond Marlowe.

Reikus avait envi de se jeter sur le cardinal et de libérer les femmes de joie, mais il se ravisa. Il avait déjà attiré trop d’attention sur lui et sur Rayne, s’il espérait trouver le détective, il allait devoir se la jouer discret. Le nom de Raymond Marlowe lui disait quelque chose, il l’avait déjà entendu quelque part. L’histoire que le Capitaine Dalbert lui avait racontée lui semblait familière. Si la mémoire de Reikus était bonne, Raymond avait assisté à un meurtre commis par Cyrus Black, un chef de cartel. Black était une pourriture de la pire espèce, il touchait à tout sans vraiment se salir les mains. Esclavage, trafique d’arme, d’information et d’autres marchandises illégales, le criminel faisait tout ca s’il croyait pouvoir en retirer un peu de profit.

Tout était fait par ses hommes, il recevait sa part chaque semaine mais les gardes ne pouvaient pas le coincer car il n’était presque jamais impliqué directement dans ses transactions. Dans le monde criminel de Nexus, Cyrus Black était un nom important, il n’avait aucun scrupule et éliminait toute compétition à coup d’assassinat. Reikus avait essayé de l’éliminer il-y a deux ans, mais il n’y était pas parvenu, Black était s’entourait d’une petite armée. Ce que Raymond avait vu était l’une des rares fois où Black se salissait les mains, Reikus ne connaissait pas les circonstances exactes du meurtre, mais il savait que la victime était le chef d’un autre cartel influent, Raymond avait espionné la scène.

Black en avait entendu parler, il à fait bruler la maison de Marlowe, pendant que sa femme était à l’intérieur. À cette époque Raymond n’était qu’un jeune détective peu expérimenté, les hommes de Black à ses trousses, il fût contraint de disparaitre et de refaire sa vie à Château-Lerouge, car même si Black était influent, il avait très peu de contacts hors de Nexus, et il était convaincu qu’il ne reverrait plus jamais Marlowe. L’histoire de Raymond était triste, mais il n’était pas le seul à avoir connu un sort similaire, le cartel Black avait fait de nombreuses victimes, et rares étaient celles qui étaient toujours en vie.

Comme Marlowe avait passé les dernières années de sa vie pourchassé, il était devenu un peu paranoïaque, ses bureaux n’étaient pas faciles à trouver, rien n’indiquait qu’un détective se trouvait dans cette ville. Reikus posa quelques questions aux gens de la ville mais très peu avaient entendus parler d’un Marlowe, et personne ne savait où il habitait.  Le sixième sens de Reikus lui disait qu’ils étaient suivis, par qui, il l’ignorait, mais il savait qu’il était suivi. Après quelques minutes, il remarqua un paysan pas comme les autres derrière lui, il portait une sorte de manteau rapiécé en cuir brun et des lunettes aux vers de couleur différentes, mauve et verte.  Il avait un air négligé, ses cheveux noirs étaient longs, et arborait une petite barbiche qui n’était pas taillé.

Étais-ce  Marlowe? Se serait trop beau. Reikus décida de s’approcher de l’homme, en voyant Reikus s’approcher de lui, il tourna sa tête à gauche puis à droite, comme s’il cherchait à s’enfuir mais ne fit rien. Il enleva ses lunettes, révélant deux petits yeux verts. L’homme ne parla pas, comme s’il attendait quelque chose.

-   Marlowe?

-   Chuuuut! Pas si fort, ils pourraient vous entendre…

-   Qui, ils?

-   Tout le monde! Maintenant fermez-la et suivez moi, nous pourrons parler.

Reikus décida de suivre l’homme qu’il présumait être Marlowe, même s’il ne lui faisait pas confiance.  Il emmena Reikus et Rayne dans une petite ruelle étroite, Reikus n’était pas très alaise, si des ennemis les prenaient par surprise, ses mouvements seraient restreints. Rayne pouvait probablement mieux se déplacer mais Reikus était encombré à cause de ses larges épaules. Au fond d’une allée, ils arrivèrent devant une porte avec une vielle enseigne qui pendouillait lentement. On pouvait y lire, Raymond Marlowe, détective privé

L’intérieur était poussiéreux et en désordre, des tonnes de livres étaient posés sur une table et devant l’escalier qui menait au deuxième étage. Au fond de la pièce se trouvait une carte de la ville où des douzaines de croquis et de bouts de textes étaient reliés par des fils de couleurs différentes. Marlowe semblait croire en une conspiration, mais vu le nombre de fils, ce serait plutôt plusieurs conspirations. Marlowe s’assit sur une chaise puis posa ses pieds sur la table faisant tomber quelques livres au passage.

-   Reikus Mordo, dit le Dernier Inquisiteur, et Rayne… juste Rayne, disons que vous n’êtes pas passés inaperçus. Ici nous pouvons parler en toute sécurité, que cherchez-vous?  
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le lundi 12 mars 2012, 14:16:18
Après la petite scène du Cardinal, la foule était assez agitée. Rayne se demanda si une révolte ne risquait pas d’éclater sous ce qui se passait. C’était même probable, mais elle doutait que le Cardinal cherche à créer une rébellion… Elle ne croyait pas du tout à cet argument selon laquelle l’Antéchrist était le fruit des péchés collectifs du Château-Lerouge. Si tel était le cas, des Antéchrists, il y en aurait partout. Le Caridnal était un passionné, un fou, mais il n’était pas stupide, Rayne pouvait le sentir. Ceci l’amena encore une fois à se demander ce que ce dernier pouvait bien chercher ici. Ceci la ramena à ce mystérieux détective, Marlowe, dont elle n’avait jamais entendu parler. Les informations de Dalbert sur la position de ce dernier étaient relativement lapidaires, et Rayne ne connaissait pas la ville. Or, si le Château-Lerouge n’était pas bien grand, il l’était toutefois suffisamment pour pouvoir se dissimuler dans les multiples maisons. Rayne et Reikus interrogèrent plusieurs badauds, mais personne ne semblait avoir envie de parler de Raymond, se contentant de réponses approximatives, quand ils ne les envoyaient pas paître. Les gens n’avaient pas vraiment la tête aux excentricités du « fou local », comme on l’appelait.

Finalement, ce fut Raymond qui vint vers eux. Rayne n’était pas spécialement douée pour les filatures ou les enquêtes de ce genre, ayant plutôt le profil d‘une femme qu’on remarquait rapidement, pas de celle qui se confondait dans le paysage. Et Reikus, avec sa musculature imposante, n’était pas spécialement discret non plus. Ce fut donc Raymond qui vint à eux. Raymond (http://www.gamebanshee.com/thewitcher/npcs/images/raymondmaarloeve.png) avait la tête et l’accoutrement d’un excentrique, portant notamment un monocle devant l’un de ses yeux. Son ridicule chapeau le faisait penser à un individu grotesque, et Rayne comprit pourquoi on l’affublait du sobriquet peu reluisant de « fou local ».

Marlowe conduisit l’homme et la femme dans sa maison, une grange sinistre et isolée au fond d’une impasse puante, avec un puits condamné. Dans les angles, Rayne aperçut des mendiants, des portes condamnées par des planches de bois. L’enseigne de Raymond flottait lentement devant la porte, qu’il ouvrit d’un coup d’épaule. La pièce principale était un bric-à-brac de livres poussiéreux, jaunis, ainsi que de curieuses machines. Des espèces de microscopes artisanaux, et d’objets semblant tout droit sortis des réserves d’un arnaqueur professionnel. Un chat fila rapidement entre les jambes de Rayne, passant par la porte en poussant des miaulements.

« Je croyais que l’asile était à côté… marmonna Rayne, sans que Raymond ne puisse l’entendre.
 -  Reikus Mordo, dit le Dernier Inquisiteur, et Rayne… Juste Rayne, disons que vous n’êtes pas passés inaperçus. Ici nous pouvons parler en toute sécurité, que cherchez-vous ? »

Rayne le regarda. Au moins, Marlowe était du genre à rentrer directement dans le vif du sujet. Elle regarda brièvement la pièce, avant de parler.

« On nous a dit que vous avez fait des recherches sur ce tueur qu’on appelle…
 -  L’Antéchrist ? lâcha Raymond avec un léger sourire. Bien sûr, pourquoi seriez-vous là, sinon, après tout ?! Refermez la porte, je vous prie, et… L’amulette, là... Oui, celle-là... Mettez-là sur la serrure. »

Rayne obtempéra, sortant une espèce de talisman violet avec un rubis. Une amulette « magique » qui était factice, de son point de vue. Elle n’ajouta rien, tandis que Raymond agit rapidement, s’approchant d’un bureau, allumant une bougie, avant de réveiller un feu de cheminée. Son bureau était rempli de parchemins, de manuscrits, de feuilles volantes, de cadavres de sandwichs et de miettes de pains. Dans les angles des plafonds, la Dhampir vit des toiles d’araignée.

« Les… Les meurtres ont commencé… Ils n’ont pas commencé ici !
 -  Comment ça ?
 -  L’Antéchrist est apparu pour la première fois il y a six ans, à Nexus. »

Fronçant les sourcils, Rayne s’approcha du bureau, tandis que Raymond sortait d’un de ses tiroirs un papier. La reproduction du journal local de Nexus. Rayne lut le gros titre :

« FAIT DIVERS HORRIBLE
UN ENFANT RETROUVÉ MORT EXSANGUE DANS UNE CABANE !
»

Silencieusement, Rayne survola l’article, et secoua la tête.

« Sans vouloir faire ma rabat-joie, M. Marlowe, il n’y a pas eu un rituel sacrificiel… Comme on retrouve actuellement dans…
 -  Balivernes !Balivernes ! BA-LI-VER-NES !répliqua Raymond en secouant la tête. L’enquête d’un adjoint du bailli a abouti à une mort par succion. L’enfant a été tué par absence de sang, ce qu’ils ont attribué à des sangsues… Ridicule ! Ridicule ! Il y a eu d‘autres morts à Nexus, puis dans d’autres villes, avec, à chaque fois, la même caractéristique : un enfant vidé de son sang.  Le rituel est apparu progressivement, probablement pour dissimuler la réalité des choses, pour qu’on ne s’intéresse pas à ce qui revient de manière récurrente.
 -  Je ne crois pas que…
 -  Ce n’est pas une question de croyance, Mlle Rayne, mais une question de certitude ! Les faits sont là. Les meurtres, portant toujours sur des enfants, avec des enquêtes judicaires bâclées. »

Raymond secoua la tête, poussant plusieurs feuilles, afin de sortir un parchemin. La Dhampir nota que les mains de Raymond tremblaient nerveusement, et il secoua la tête.

« L’un des rapports d’un adjoint du bailli… »

Posséder une telle pièce sans autorisation était probablement illégal, mais Rayne ne le signala pas. Prenant le parchemin, elle l’étala sur la table, l’étalant pour lire.

« C’est une parodie d’enquête ! Aucune audition de témoins. Le rapport se fonde uniquement sur les avis d’un entomologiste affirmant qu’il existe dans les caves de Nexus des sangsues spéciales, qui peuvent provoquer la mort d’enfants accidentellement.
 -  Et donc ?
 -  Ma théorie est que l’Antéchrist, puisqu’on l’appelle ainsi, est un homme suffisamment influent dans Nexus pour court-circuiter le fonctionnement normal de l’appareil judiciaire, et qu’il dissimule ses forfaits en changeant à chaque fois les modes opératoires qu’il utilise pour tuer ses victimes… Il n’y a que trois éléments récurrents qui viennent : des cibles jeunes, une perte forte d’hémoglobine… Et deux trous dans le cou.
 -  Deux trous ?
 -  Au milieu des autres blessures et contusions, tous les médecins légistes ont systématiquement noté la présence dans le cou, comme des morsures de chauve-souris. »

Le lien était aussi gros qu’une maison ! Rayne sentit une bouffée d’excitation la traverser.

« Vous pensez à un… Un vampire ?
 -  Un vampire qui a les bonnes grâces de Nexus. Un marchand influent, un noble, quelque chose comme ça…
 -  Et qui se serait déplacé au Château-Lerouge ?
 -  Je ne suis pas le seul à m’intéresser de très près à cette histoire. Et il existe des policiers compétents, qui ont mené des enquêtes parallèles.
 -  Ça explique la fuite ici, mais… Pourquoi ici, justement ? Il y a bien d’autres endroits…
 -  Si je connaissais toutes les réponses, Mlle Rayne, j’aurais déjà mis fin à ces activités ! »

Ça expliquait les livres occultes sur les vampires dans les coins.

« Et vous, alors ? lâcha soudain Raymond, suspicieux. Qu’est-ce qui vous motive ? Ne me dites pas que vous agissez par altruisme, je n’en crois pas un mot ! Vous travaillez avec Beauregard ? Vous êtes des espions ?! RÉPONDEZ ! »

Raymond s’énervait facilement, confirmant ce que la Dhampir pensait. Il était paranoïaque, mais il avait aussi probablement quelque chose sur Beauregard, quelque chose qui devait justifier ses craintes, à moins que ce ne soit du délire…

« J’ai mes raisons personnelles… Je traque un vampire depuis des années, et j’ai le sentiment que cet Antéchrist pourrait m’en dire plus sur lui… La période où l’activité de l’Antéchrist commence correspond à peu près à celle où mon pè… Où ce vampire m’a échappé pour se réfugier à Nexus. »

Elle avait failli se trahir ! Avouer que Kagan était son père ne pourrait que compliquer une situation déjà relativement compliquée. Raymond fronça les sourcils.

« Qu’est-ce que vous avez contre Beauregard ? A plusieurs reprises, j’ai eu le sentiment que cet homme ne disait pas tout, mais…
 -  Pas tout ? la railla Raymond. Ça, vous pouvez le dire ! Il y a bien des choses que le Duc cache ! Je ne suis pas venu dans ce trou pour rien non plus !
 -  Comment ça ? »

Le détective sembla hésiter, se mordillant les lèvres, essayant probablement de vouloir s’il pouvait faire confiance à ces deux étrangers, avant de se mettre à parler.

« Je ne me contente pas de traquer l’Antéchrist, lâcha-t-il. Une autre de mes cibles est un puissant criminel de Nexus, Cyrus Black. »

Il avait lâché ce nom sur un ton sentencieux, avant de s’asseoir sur un tabouret.

« Black est un criminel… A l’époque, j’étais jeune, ambitieux, et… Bah, peu importe… Tout ce que vous avez à savoir, c’est que le Duc Beauregard a des problèmes avec lui.
 -  Des problèmes de quel nature ?
 -  Disons que les agriculteurs ne se contentent pas de faire pousser de la nourriture dans la région, mais aussi des plantes qui, traitées dans des laboratoires dissimulées dans le fort, permettent d’obtenir des narcotiques très appréciés de la population de Nexus. Pourquoi croyez-vous que le Duc refuse l’accès de son donjon aux réfugiés ? Il ne faudrait pas qu’un gamin un peu trop débrouillard découvre les laboratoires des chimistes…
 -  La récente vague de froid a tué les plantations… comprit Rayne.
 -  Et Black n’a pas été livré. Oh, bien sûr, il pourrait tout dénoncer aux autorités, mais, le connaissant comme je le connais, il risque plutôt de régler ça manu militari. »

Raymond ne disait pas tout, Rayne pouvait le sentir.

« Le Duc utilise le vieux donjon et les égouts pour convoyer la drogue. Les rivières souterraines de la région permettent de conduire jusqu’à l’affluent d’un fleuve, et, plus précisément, à un comptoir commercial, où des navires récupèrent les cargaisons, les amenant ensuite à Nexus.
 -  Vous avez des preuves ? »

Raymond se contenta d’un léger sourire amusé.

« Écoutez, ils e fait tard… J’aurais aimé poursuivre cette conversation, mais à moins que vous n’ayez des questions un peu plus précises à me poser, et une aide sérieuse à m’apporter, je vous prierais de me laisser, et de dormir. Ah, et, d’ailleurs… Tâchez d’être un peu plus discrets. Il n’y avait pas que moi qui vous suivait dehors… »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 15 mars 2012, 03:58:17
 Black trafiquait des narcotiques? Cela n’avait rien de surprenant, ce qui surprenait vraiment Reikus était que les informations sur l’Antéchrist que Raymond leur avait fourni. Si ce qu’il disait était vrai, le tueur était un vampire, un vampire très influent. Il réussissait à éloigner les soupçons de sa personne et était très prudent. Il n’était pas le seul vampire à tuer ses victimes, c'est-à-dire, ceux qu’il utilise pour se nourrir, mais peu de vampires parvenaient à le faire avec autant d’efficacité, et surtout, sans attirer les soupçons, ni de la population, ni des gardes. Seuls certains enquêteurs privés assez brillants comme Marlowe arrivaient à voir clair dans le jeu de ces prédateurs

La réaction de Rayne quand elle apprit que l’Antéchrist était un vampire était étrange, en fait, elle semblait déjà en savoir autant que Marlowe sur le tueur, ce qu’il lui disait ne faisait que confirmer ce qu’elle pensait déjà. Raymond aussi trouva la réaction de la rouquine un peu étrange, quand il la questionna sur ses vraies intentions, elle expliqua qu’elle traquait vampire depuis quelques années, c’était étrange puisque Rayne semblait un peu jeune pour ‘’traquer quelqu’un depuis des années’’ mais Reikus n’en fit pas de cas, il n’était lui-même pas très vieux et il avait pourchassé d’innombrables criminels, et lui aussi était au trousses de certains malfrats plus influents, Cyrus Black était un bon exemple.

Rayne cachait quelque chose, ce n’était pas la première fois qu’elle avait l’air de garder certaines informations pour elle, Reikus ne pouvait rien faire d’autre qu’espérer qu’elle lui fasse plus confiance à l’avenir. Pendant que Rayne interrogeait Marlowe, Reikus faisait le tour de la pièce, écoutant la conversation, mais ce concentrant également sur les étranges bidules qu’il pouvait trouver chez Marlowe. Ce dernier se retournait constamment pour s’assurer que Reikus ne brise rien, mais n’intervint pas. Reikus assuma que cela voulait dire qu’il pouvait fouiller un peu.

Il-y avait des vieux livres, dans un coin il-y avait une sorte de boule de cristal poussiéreuse qui émettait une petite lueur bleu, quand Reikus s’en approcha la lueur s’intensifia et devint verte, il recula lentement et la boule revint à la normale. Reikus jugea sage de ne plus s’approcher de ce coin à l’avenir. Sur une pile de livre Reikus trouva une enveloppe, elle contrastait avec le reste de la pièce car son papier n’était pas jauni par le temps. Reikus la prit dans ses mains et l’inspecta,  elle était ouverte, un sceau étrange que Reikus ne put reconnaitre était sensé retenir l’enveloppe fermé.

Reikus regarda à l’intérieur en s’assurant que l’attention de Marlowe était porté sur Rayne, Reikus n’avait pas habitude de fouiller dans les choses des gens, il n’aimait pas le faire non plus mais il jugea qu’en considérant les circonstances, son acte pouvait être justifié. La lettre était très bien écrite, le message ne pouvait pas avoir été écrit par l’un des rares paysans qui savait écrire, l’auteur était quelqu’un de très cultivé. La lettre allait comme suis,

Marlowe,

Je dois t’informer que deux personnes des plus intéressantes sont entrées dans la ville plus tôt aujourd’hui, le premier est un homme, grand et costaud, selon mes sources il s’agirait de Reikus Mordo, dit le Dernier Inquisiteur. L’autre est une jeune femme aux cheveux de flamme, elle est très jolie, mais très dangereuse, elle s’appelle Rayne… juste Rayne

Les dernières phrases attirèrent l’attention de Reikus, Marlowe les avaient utilisés plus tôt, Reikus continua à lire.

Ils te rendront probablement visite, réponds à leurs questions honnêtement, mais ne leurs parle pas de moi, ni de celui que je sers. Prends gare à eux, ils sont dangereux, je ne suis pas encore certain de la raison de la visite de l’Inquisiteur, c’est un fanatique mais ses idées sont contraires à celles de l’Ordre, il pourchasse probablement un criminel. Je crois savoir pourquoi la femme est ici, mais je ne peux rien te dire pour l’instant, je te recontacterais en temps et lieux.

La lettre n'était pas signée, étrange...

-   … Il n’y avait pas que moi qui vous suivais dehors…

Le regard de Marlowe se posa sur Reikus, avant qu’il ne puisse dire quelque chose, Reikus intervint,

-   Justement, j’ai une question. Pourriez-vous m’expliquer ceci?

Reikus posa la lettre sur la table, les yeux de Raymond s’écarquillèrent,

-   Vous auriez dû la cacher, quelqu’un d’aussi… prudent que vous…

-   Vous avez fouillez mes affaires! Non, non, non…

-   Qui vous à prévenu de notre arrivé?

Raymond ne répondit pas vraiment, il marmonna des paroles incompréhensibles

-   Elle s’appelait Marianne? C’est bien ça?

-   Ne prononcez pas son nom!

-   Ce que Black vous à fait est inacceptable! Je l’ai déjà traqué, en vain. Aidé l’auteur de la lettre ne ramèneras pas votre femme, mais si vous m’aidez, je pourrais continuer à chasser Black, et la mort de votre femme seras venger. C’est votre choix.  

Marlowe réfléchis pendant quelques instants, un instant il était bouleversé, puis son attitude changea du tout au tout en l’espace d’un instant

-   Je… je vous connais, vous ne mentez pas. Je pense que la mort de Black pourrait m’apporter la paix que je recherche depuis tant d’années. Merci. L’homme qui m’a envoyé cette lettre travaille pour un certain Cardinal qui est arrivé récemment en ville, celui qui a brulé le bordel. J’ai passé un marché avec lui, on s’échange l’information. Le Cardinal vous connait tout les deux, mais je ne sais presque rien sur lui. Quoiqu’une chose soit certaine, il ne travaille pas uniquement pour l’Ordre. Je ne m’attends pas à ce que vous vous occupiez de Black d’ici bientôt, mais quand vous l’aurez fait… avertissez-moi. Merci encore une fois mais je vais essayer de dormir un peu, je vous conseille de faire de même.

Reikus sortit de la bâtisse accompagné de Rayne,  il marcha quelques pas et remarqua que Raymond les observaient depuis l’intérieur de sa demeure. Reikus se retourna vers Rayne,

-   Voilà qui est… intéressant. Selon vous, est-ce qu’on devrait se concentrer sur le Cardinal, l’Antéchrist ou le trafique de narcotiques? Se ne sont pas les options qui manquent.  Bref, nous ferions mieux d’y penser à tête reposée. Marlowe a raison, nous devrions dormir, il se fait tard et la journée à été assez mouvementée.  

Reikus bailla puis se dirigea vers le camp, ils n’étaient  qu’à une dizaine de minutes à pied de leurs tentes. La nuit était froide et Reikus eut un frisson parcourut le corps de Reikus quand il pensa à sa couchette.

( H.S: J'aime ton image de Raymond  :P)
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le jeudi 15 mars 2012, 14:20:41
[HRP – Merci ^^ Raymond est inspiré de Raymond Maarloeve, de « The Witcher », qui est un détective privé assez loufoque]

La conversation se poursuivit. Reikus avait trouvé une mystérieuse lettre au milieu de tout le bric-à-brac du détective. La nouvelle sembla paniquer Raymond, et Rayne se mit à craindre que ce dernier ne les attaque. Au lieu de ça, il sembla plutôt s’effondrer à la mention du nom de « Marianne ». Un tel nom n’évoquait absolument rien pour Rayne, et elle supposa qu’il devait s’agir d’une femme que Raymond avait aimé, et que Black avait probablement tué dans le passé. Raymond leur expliqua que le Cardinal semblait les surveiller. Rien de bien étonnant, à vrai dire. Le Cardinal sentait probablement que Rayne n’était pas vraiment humaine, et on pouvait donc comprendre qu’il l’espionne, mais, pour ce qui est de Reikus… L’homme semblait avoir un certain passé à son actif. Ils finirent par sortir, sous l’œil scrutateur de Raymond, tandis que Reikus se mit à parler.

« Voilà qui est… intéressant. Selon vous, est-ce qu’on devrait se concentrer sur le Cardinal, l’Antéchrist ou le trafique de narcotiques ? Se ne sont pas les options qui manquent. »

Pour le coup, il avait plutôt raison, mais le choix était assez simple pour Rayne. N’en déplaise à la souffrance de Raymond, l’Antéchrist était sa priorité. Et elle était convaincue que le Cardinal savait des choses sur ce dernier. Il lui fallait donc retrouver le Commodore Rochefort, et enquêter sur ce que ce dernier était allé faire dans le château. Les magouilles de Beauregard ne l’intéressaient pas du tout. Elle était ici pour tuer un vampire qui appartenait probablement à la famille reconstituée de Kagan. Elle avait traqué et éliminé chacun de ses fils et filles sur Terre. Soit il restait sur Terra des survivants de l’ancienne famille, soit Kagan était en train de faire une famille recomposée. Plus elle avançait, plus elle était persuadée que cet Antéchrist ne pourrait descendre que de Kagan. Ce n’était pas Kagan en lui-même ; l’Antéchrist manquait de discrétion, manquait de ce professionnalisme propre à son père. Interprétant son silence songeur, Reikus poursuivit.

« Bref, nous ferions mieux d’y penser à tête reposée. Marlowe a raison, nous devrions dormir, il se fait tard et la journée à été assez mouvementée.
 -  Oui… »

Rayne avait beau être par excellence une créature nocturne, ça ne l’empêchait pas d’apprécier le sommeil. Le duo atteignit une espèce de petite clairière, un parc municipal, où on avait dressé des tentes. Il était aussi possible de dormir dans les écuries, mais ce n’était pas très recommandé. Le crottin de cheval, ce n’était pas une très bonne odeur. Les auberges étaient pleines, et n’ouvriraient pas de toute façon pour des vagabonds en cette période. Rayne et Reikus allèrent donc vers le camp, qui était administré par les soldats. Ces derniers lui expliquèrent qu’il fallait payer pour avoir une couchette, mais qu’ils n’auraient droit, faute de place, qu’à une seule couchette pour deux.

« Et il faut payer pour ça ? s’agaça Rayne. J’appelle ça du vol, moi !
 -  Ma p’tite dame, si vous êtes pas contents, je peux toujours vous arranger une nuit au cachot pour trouble à l’ordre public… »

Rayne résista à l’envie d’égorger sur place ce fonctionnaire. Il était en position de force, et elle ne pouvait rien faire. Dormir dans un cachot, c’était, à bien y réfléchir, encore pire que dormir dans une tente. Elle se résigna, et rejoignit une assez grande tente. Sombre, chaude, des hommes toussotaient, des bébés pleuraient parfois, et des couples faisaient discrètement l’amour sous d’énormes couvertures de toile. Il n’y avait même pas de matelas, mais une simple espèce de paillasson. La misère, ça avait au moins le mérite de rapprocher les gens.

*Et bien… Me voilà revenue à l’âge médiéval… Je sens que je vais regretter mon lit, moi…*

C’était un ensemble relativement spartiate, avec des courants d’air, ce qui expliquait sans doute les éternuements, et les bébés qui, de temps en temps, venaient égailler la nuit en pleurant. Rayne finit par trouver sa couchette, suffisamment grande pour contenir deux personnes, à condition qu’ils se collent l’un à l’autre. D’autres couchettes étaient un peu plus grandes, mais abritaient, outre les parents, la progéniture. Certains enfants dormaient même sur de simples tapis. Le Duc, lui, dormait sûrement dans un immense lit à baldaquin, mais il était, dans le fond, difficile de lui en vouloir. L’inégalité sociale, c’était quelque chose qui avait toujours existé.

« J’espère que la promiscuité ne vous dérangera pas, Reikus… »

Rayne, lui tournant le dos, commença à se déshabiller, ôtant son corset et ses gants, révélant un dos qui avait ici et là quelques traces de cicatrices, des blessures si profondes que même sa constitution de Dhampir ne pouvait soigner.

« En revanche, je me dois de vous dire que j’ai pour habitude de dormir nue. »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le samedi 17 mars 2012, 04:35:56
Reikus et Rayne arrivèrent devant leur couchette, cette dernière ne semblait pas très confortable, quoique cela ne dérange pas vraiment Reikus. Il était habitué de dormir dans des campements de fortune et la dernière fois qu’il avait dormit dans un vrai lit remontait à plus d’une semaine.  Rayne et Reikus allaient devoirs partager l’étroite couchette, le Dernier Inquisiteur était quelque peu gêné. Il n’avait jamais vraiment eu la chance de côtoyer beaucoup de femmes dans sa vie, c’était la première fois qu’il allait devoir partager un lit avec l’une d’elle. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il s’inquiétait, ils n’allaient que dormir après tout.

Reikus entreprit d’enlever son armure, en dessous, il portait un chandail blanc qui lui serrait au niveau du torse et des bras, et un pantalon bleu foncé, qu’il ne prit pas la peine d’enlever. Il avait l’habitude de porter son armure toute la journée, et à chaque fois qu’il l’enlevait, il se sentait léger comme l’air. Son armure n’était pas très lourde, mais après une journée à se battre, il était très heureux de pouvoir enfin la retirer. Reikus s’assit puis massa ses pieds, meurtris par cette rude journée, pendant quelques instants. Il était très fatigué, et Reikus retrouva un confort qu’il attendait depuis de longues heures.


-   J’espère que la promiscuité ne vous dérangera pas, Reikus…

-   Euh…non. Mais, si cela vous incommode,  n’hésitez pas à me le dire.

Reikus ne se sentait pas très à l’aise, il prit place dans la couchette, prenant bien soin de laisser de la place à Rayne. Reikus essayait de prendre le moins de place possible, mais c’était difficile pour quelqu’un d’aussi imposant que lui. C’était la première fois qu’il dormait en compagnie d’une femme, il était à la fois un peu intrigué, et effrayé. Quand il tourna la tête, Reikus remarqua que Rayne était en train de se déshabiller… complètement.

-   En revanche, je me dois de vous dire que j’ai pour habitude de dormir nue.

-   Nue?!  

Reikus ne comprenait pas vraiment, pourquoi est-ce que Rayne devait-elle être si… provocante?  Reikus ne parvenait pas à cacher sa surprise et son gêne, mais il parvint quand même à balbutier quelques paroles

-   Ne… ne trouvez vous pas cela un peu… impudique? dit il, sur un ton incertain

Reikus ne prit pas la peine d’insister, il était quelque peu hypnotisé par Rayne qui lui dévoilait son corps. Même de dos, la jeune femme était superbe,  quelques cicatrices étaient répartis ici et là, mais elles ne faisaient qu’ajouter un certain mystère, un mystère très… séduisant. Il remarqua même que la blessure qu’elle avait reçu un peu plus tôt était presque guérie, étrange.  Reikus avait déjà vu à quelques reprises des femmes nues, mais pas d’aussi près. Le simple fait d’imaginer Rayne complètement nue suffisait à faire battre cœur du Dernier Inquisiteur à cent miles à l’heure, la rouquine était tout à fait sublime.  Il ressentait une sensation étrange, une sensation qu’il n’avait jamais ressentis auparavant, c’était un mélange de peur, de gêne et d’excitation.

En voyant la jeune femme toute nue, Reikus repensa à sa vie. Il avait toujours été seul, il n’avait même pas embrassé de femme. Parfois cette solitude le rendait triste, mais généralement il l’acceptait en se disant qu’elle le rendait plus fort. Il savait qu’il se mentait à lui-même, secrètement, le Dernier Inquisiteur espérait un jour trouver une femme qu’il aimerait, ensembles ils fonderaient une famille et vivraient sur une ferme, mais il savait que c’était impossible. Aucun repos n’était possible pour Reikus.

Peu importe où il irait, un ancien ennemi ou un jeune criminel cherchant à se faire un peu de renommée le trouverait, s’il vivait la vie qu’il espérait il devrait vivre dans la peur constante qu’un jour, il se peut que les gens qu’il aime meurent. Tués froidement par les racailles qu’il avait voué sa vie à pourchasser. Il n’y avait pas de place pour l’amour dans la vie du Dernier Inquisiteur, et peu import ce qu’il pouvait dire, il était triste. C’était en quelques sortes l’histoire de sa vie, faire des sacrifices, se refusant presque tout les plaisirs de la vie, pour que d’autres puissent s’y adonner.

Reikus remarqua que pendant qu’il rêvassait, il n’avait cessé de regarder Rayne se déshabiller, ses gestes étaient si gracieux et envoutants.  Reikus se ressaisit puis croisa ses mains sur son torse, puis il ferma les yeux quelques instants, il était incapable de trouver le sommeil. Il regarda encore Rayne quelques instants puis détourna le regard, de peur qu’elle l’ait remarqué, Reikus balbutia quelques excuses.

-   Désolé, je ne voulais pas vous… peu importe, bonne nuit Mlle Rayne.

L’esprit de Reikus vagabondait encore un peu. Toujours les mains croisés sur son torse, Reikus n’avait pas fermé les yeux. Il ne croyait pas pouvoir s'endormir à cause de la présence de Rayne à ses côtés, mais au moins, il apprécierait cette pause bien méritée.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 17 mars 2012, 13:31:21
« -   Ne… ne trouvez vous pas cela un peu… impudique ? »

La Dhampir se contenta d’un sourire léger, alors qu’elle retirait son corset, ainsi que le reste de ses vêtements. Elle ne portait pas de soutien-gorge. Son corset suffisait à maintenir ses seins en place ; un soutien-gorge aurait été un luxe plutôt inutile. Elle ôta ses gants, retira ses lames, les posant à côté de la couchette. Reikus avait été le premier à s’allonger. Elle en le voyait pas, mais elle pouvait sentir son taux sanguin s’accroître. Il l’observait, et cette situation l’amusait. Reikus semblait bien moins sûr, maintenant qu’il avait retiré son armure.

*Ah, ces hommes…* songea Rayne.

Elle se débarrassa ensuite de ses talons aiguilles, ainsi que de son pantalon, n’ayant plus qu’une simple culotte blanche. Généralement, elle la retirait aussi, mais, si elle faisait ça, elle sentait bien que Reikus allait s’écrouler pour de bon. Rayne se retourna, et conserva son léger sourire en voyant Reikus. Elle le vit fermer les yeux, essayant, assez inutilement, de se calmer, ou de montrer qu’il n’était pas nerveux. Peine perdue ; ses instincts vampiriques étaient clairs, disant à Rayne que le Dernier Inquisiteur était dans un état qu’elle connaissait plutôt bien.

« Désolé, je ne voulais pas vous… peu importe, bonne nuit Mlle Rayne. »

Ne répondant pas tout de suite, la Dhampir s’approcha de la part de sa couchette, et se glissa dans cette couette. C’était au moins chaud, même si ce n’était pas aussi confortable que ses couvertures propres et bien tirées. Plusieurs autres hommes et femmes qui n’étaient pas occupés à dormir ou à faire l’amour l’avaient également observé. Rayne savait qu’elle avait un corps des plus attirants. C’était sans doute l’une des seules choses dont elle pouvait remercier Kagan, qui, s’il était un monstre sanguinaire, restait un bel homme. Reikus lui faisait l’effet de ces hommes qui s’étaient voués corps et âme à une cause, au point d’en oublier les autres, notamment les femmes. Son comportement amusait Rayne, mais elle n’avait pas spécialement le temps de jouer avec lui.

« Vous ne vouliez pas faire quoi, Reikus ? Me reluquer ? lança-t-elle, sur un ton, non pas offensé, mais plutôt amusé. Je suis une grande fille, Reikus. Vous n’êtes pas le premier homme à me regarder, et je ne pense pas que vous serez le dernier. »

La conception de Rayne des relations amoureuses était bien plus simple. Elle n’avait, ni le temps, ni l’envie, d’avoir une relation suivie. Sa vie se résumait à tuer des gens, pas à en aimer d’autres. Elle était même plutôt hostile à ce sentiment. Si on en croyait les poètes, l’amour faisait perdre la raison, ce qui, pour eux, était une bénédiction, une espèce de fenêtre permettant de s’échapper du monde réel. Pour Rayne, c’était l’amour qui avait conduit sa mère à aimer Kagan, au point d’accepter d’être engrossé par ce dernier. Elle n’était alors qu’une simple fermière recluse en Irlande, et Kagan un général anglais. Elle avait toujours dit à Rayne qu’il ne l’avait pas violé au début, et qu’elle avait commis l’erreur de l’aimer. Signe de son affection, quand Kagan avait ordonné de raser tout le village, elle avait été épargnée. Quand il avait appris qu’elle avait depuis plusieurs années un enfant lui appartenant, il était revenu.

« Et, pour être honnête, je me serais posée des questions si vos yeux n’avaient pas été ravis… »

Une phrase relativement énigmatique. Elle laisserait le soin à Reikus de l’interpréter comme il le désirait. Même malgré sa volonté de lui laisser de la place, la couchette était trop petite, et leurs corps se frôlaient et se touchaient.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mardi 20 mars 2012, 03:57:51
Reikus avait mené de nombreuses batailles, jusqu’ici, seul ses talents lui avaient permis de survivre. L’un d’entre eux lui avait sauvé la mise plus souvent que les autres, c’était sa capacité à s’adapter. Il analysait la situation et changeait ses plans rapidement et efficacement sur un champ de bataille, mais dans cette couchette, avec Rayne nue à ses côtés, il avait plus de difficultés à faire usage de son talent naturel. Reikus se faisait peu à peu à l’idée qu’il allait passer la nuit aux côtés de Rayne et son rythme cardiaque revenait à la normale. Quand la jeune femme vint se glisser dans la couchette et se coller contre lui, Reikus frissonna.

Rayne semblait plus expérimentée que Reikus dans le domaine de l’amour, beaucoup plus expérimentée. Elle avait probablement une conception bien différente de l’amour que celle de Reikus, elle n’était surement pas du genre à rechercher une relation à long terme, sachant que c’était impossible avec son mode de vie dangereux. Comme plusieurs que Reikus avait croisés en cours de route, elle prenait du plaisir partout où elle pouvait en trouver, sans attachement émotionnel, sans même y repenser.  Ce n’était pas une mauvaise façon de voir les choses après tout.

Surtout pour quelqu’un comme Reikus qui frôlait la mort à tout les jours, s’il pensait plus de cette façon, il y aurait moins de chance qu’il finisse par devenir fou, et ce n’était pas une mauvaise chose en soi. Un poil de débauche ne ferait certainement aucun mal au Dernier Inquisiteur. Mais il ne voyait pas vraiment comment changer, bien qu’il soit plus calme qu’auparavant, Reikus était toujours intimidé par Rayne. Il n’avait pas d’armure,  pas d’armes, il était à la merci de Rayne, façon de parler. Rayne commenta le fait que Reikus l’avait reluqué, en temps normal, Reikus était capable de se sortir de n’importe quelle situation, mais celle-ci était très délicate.

-   Et, pour être honnête, je me serais posée des questions si vos yeux n’avaient pas été ravis…

Reikus ne savait pas trop quoi répondre, il n’avait jamais vraiment été doué pour parler aux femmes, il jugea que la meilleur chose à faire était d’être polis, et de la complimenter, un peu comme pour s’excuser de l’avoir regardé.

-   C’est vrai que vous êtes plutôt jolie…  très jolie en fait, mais je n’aurais quand même pas du vous reluquer, c’était impolis de ma part.

Reikus se trouvait un peu idiot d’avoir dit ça, même si ce commentaire flatteur n’avait rien de particulier, Reikus était tout de même gêné et trouvait ses propos trop différents de ce qu’il dirait en des circonstances normales.  Il ne pouvait pas le nier, Rayne lui faisait un certain effet, il n’était pas amoureux d’elle, mais elle était d’une grande beauté et parvenait tout de même à être l’une des plus dangereuses combattantes que Reikus avait eu la chance de voir. Rayne était littéralement une femme fatale.

Reikus se retourna dos à Rayne, il avait l’impression que son dos le protégeait un peu, même s’il savait que c’était un peu idiot. Il sentait le corps chaud de Rayne contre lui, la sensation était plutôt agréable, embarrassante, mais agréable.  Quelques instants plus tard, trouvant sa position inconfortable,  Reikus se retourna sur son dos. En se replaçant, sa main droite atterrit sur Rayne, il constata qu’elle était sur sa poitrine, Reikus la retira instantanément en s’excusant. Le contact accidentel n’avait pas duré plus que deux ou trois secondes, mais le rythme cardiaque de Reikus s’accéléra quand même un peu pendant quelques instants.

Il avait trouvé ce contact très spécial,  la peau de Rayne était douce et agréable au touché. Il referma les yeux, en espérant que Rayne n’en ferait pas de cas. Reikus ressentait deux émotions puissantes et contradictoires. Une part de lui avait un peu honte de l’effet que lui faisait Rayne, mais il était aussi intrigué par le corps de la jeune femme, et il ne pouvait pas en détacher son regard. Reikus essaya de trouver le sommeil pour fuir cette situation délicate, en vain. 
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mercredi 21 mars 2012, 21:51:34
« C’est vrai que vous êtes plutôt jolie…  très jolie en fait, mais je n’aurais quand même pas du vous reluquer, c’était impolis de ma part. »

Rayne se contenta d’un léger sourire absent, sans ajouter quoi que ce soit. C’était inutile, de son point de vue, et elle préféra, couchée sur le dos, fixer silencieusement le plafond. La Dhampir n’était pas fatiguée, et était, à vrai dire, plutôt intriguée. Dire qu’il y a environ une heure, cet homme avait affronté un graveir… Il perdait maintenant tous ses moyens ! Voilà qui était plutôt curieux… Amusant, même. Elle n’avait pas grand-chose à faire dans ce lit, et, après tout, plusieurs couples faisaient déjà silencieusement l’amour. Elle se plongea à nouveau dans ses pensées, mains derrière la tête, réfléchissant à ce qu’il fallait faire. Encore une fois, l’idée que l’Antéchrist puisse être l’un des rejetons de Kagan était particulièrement attirant… Venir à bout de sa nouvelle famille, c’était tout ce qu’elle souhaitait, en espérant pouvoir un jour remonter vers la source du problème : son père. Les mauvaises herbes ont la vie dure, après tout.

Plongée dans ses réflexions, elle sortit de ses pensées en sentant une main se poser sur l’un de ses seins. Un contact bref et furtif, et elle tourna subitement la tête, comprenant assez facilement que Reikus avait agi de manière assez maladroite. Ce fut néanmoins suffisant pour la faire sortir de ses pensées. Il s’excusa vaguement, mais elle entendit autre chose. L’appel du sang, le battement précipité de son cœur. La Dhampir se contenta d’un léger sourire amusé en sentant cet accroissement. Restait à l’interpréter… Nerveux ? Excité ? Difficile de le dire, mais elle soupçonnait un mélange des deux. Hésitant un peu, Rayne finit toutefois par agir. Le sommeil ne viendrait de toute façon que difficilement. Elle était une créature nocturne, ce qui faisait qu’elle se couchait généralement à l’aurore, préférant vivre la nuit. Néanmoins, ici, face au Cardinal, si elle sortait la nuit, le Cardinal aurait tôt fait de découvrir qu’elle n’était pas humaine, ce qui, en somme, reviendrait à faire d’elle le parfait bouc-émissaire. Pr conséquent, elle devait rester cantonnée ici, mais, avec les gémissements, les soupirs, les chuchotements, les gloussements des autres, sons discrets mais amplifiés par les sens évolués de la Dhampir, ce serait pratiquement mission impossible… Et ce serait d’autant plus dur que, lorsqu’ils se coucheraient, tout ce beau monde finirait par ronfler, renâcler, tousser, se gratter, gémir… Rayne en savait quelque chose. A l’époque de la Seconde Guerre Mondiale, quand elle accomplissait des missions pour le compte de la Brimstone visant à tuer des officiers du Troisième Reich faisant partie du cercle étroit de la Société de Thulé, et cherchant à réinstaurer un ancien démon pour les aider dans leur lutte contre les Alliés, elle avait du se dissimuler dans des casernes militaires, où elle avait pu constater que dormir était un véritable luxe au sein d’un groupe.

De plus, et elle devait bien l’avouer, ce n’était pas non plus comme si Rayne ne trouvait pas Reikus attirant. L’homme était plutôt bien bâti, ce qui était pour lui convenir. Et la Dhampir n’avait pas vraiment eu l’occasion de faire l’amour avec quelqu’un depuis plusieurs semaines, maintenant.  Toutes les conditions étaient réunies : un homme qui ne semblait qu’attendre le bon moment pour se laisser aller, la proximité… Ce fut largement suffisant pour que Rayne agisse, commençant par glisser ses mains sous la couette, cherchant sa culotte pour la faire glisser le long de ses jambes, avant de la déposer à côté. Elle se mit ensuite de profil, s’appuyant sur le bras gauche, et utilisa la main droite pour la poser sur l’une des joues de Reikus, se collant contre lui, ses seins s’enfonçant contre sa peau. Massif et bien bâti, un homme viril comme elle pouvait les aimer. Sa main se mit à caresser du bout des doigts les lèvres de l’homme.

« Je n’ai pas grandi dans un couvent, ni dans ces endroits fortunés où la séduction est quelque chose de policée. J’ai grandi dans les forêts, dans les rues et les bas-fonds. Le genre d’endroits où on peut se faire violer et égorger à chaque occasion… Alors, ne venez pas me dire que vous avez été impolie. Devant une noble, ça marcherait peut-être, mais pas devant moi… »

Rayne lui énonçait effectivement quelque chose de simple. Elle n’allait pas rentrer dans les détails, mais elle était née en Irlande, peu après la Première Guerre Mondiale, dans les remous de la guerre d’indépendance. Chassée par les siens, traquée par les séides de Kagan, elle s’était réfugiée dans les forêts, chassant des loups, jusqu’à rencontrer un vieil homme qui lui avait remis des lames dhampirs, lames qui, depuis le temps, avaient été sensiblement améliorés.  Elle se blottit encore un peu contre lui, jusqu’à finir par plus ou moins se glisser sur cet homme. Les deux jambes de Rayne se glissèrent de part et d’autre de l’une des jambes de Reikus, et elle frotta ses seins contre son corps, approchant ses lèvres de son oreille, soufflant dedans.

« J’ai cru comprendre que vos mains avaient apprécié la rondeur de ma poitrine… Mais il n’y a pas que ça qui soit rond et ferme sur mon corps… Promenez vos mains, Reikus… Je sens que ça vous attire, que ça vous fascine… Vous avez terrassé des goules, affronté un graveir… Une femme, à côté, ça devrait être biens moins terrifiant, non ? »

Rayne agissait assez rapidement. L’un des autres effets d’avoir du sang vampirique dans les veines était que ce genre de choses étaient bien plus fortes. L’excitation sexuelle agissait sur le rythme sanguin, ce qui était encore plus important chez un vampire.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le vendredi 23 mars 2012, 22:50:48
-   J’ai cru comprendre que vos mains avaient apprécié la rondeur de ma poitrine… Mais il n’y a pas que ça qui soit rond et ferme sur mon corps… Promenez vos mains, Reikus… Je sens que ça vous attire, que ça vous fascine… Vous avez terrassé des goules, affronté un graveir… Une femme, à côté, ça devrait être biens moins terrifiant, non ?

Moins terrifiant qu’un graveir? Reikus n’en était pas convaincu, il se sentait bien moins en confiance dans ce lit, que sur un champ de bataille. La proposition de Rayne surprit Reikus, la jeune femme s’était montré enjôleuse et un provocante auparavant, mais là, elle exprimait carrément le désir de faire l’amour à Reikus. Ce dernier ne savait pas trop quoi répondre, il se disait qu’il ferait mieux de refuser poliment, mais d’un autre côté, il ressentait une forte attirance pour Rayne.  Il regarda la rouquine s’approcher de lui, il appréciait le contact des seins sur son torse, et des jambes de la jeune femme collées contre les siennes.

Reikus s’appétait à repousser Rayne quand il repensa pendant quelques instants à sa vie. Il s’était toujours battu pour la justice et pour son dieu, Ius. Aucune de ses deux causes ne lui interdisait de gouter aux plaisirs de la chaire. Ce n’était pas injuste de faire l’amour à une femme, en fait, ce qui était injuste c’était que les crapules de ce monde s’adonnait aux plaisirs charnels tandis que Reikus les pourchassait, quand le Dernier Inquisiteur tuait l’une de ses victimes, c’était lui qui mourrait à petit feu. Il devait apprendre à se laisser aller, et se soir, il comptait bien le faire. 

-   Je… d’accord...

C’est tout ce qu’il parvint à dire, il sentait l’excitation monter en lui. Il approcha sa main droite du visage de Rayne et lui caressa tendrement la joue avec son puce, tout en la fixant de ses yeux profonds. Son autre main caressait timidement le dos de la jeune femme. Il descendait petit à petit sa main, plus elle descendait, plus il était excité.  Quand il atteignit le bas du dos, les yeux de Reikus s’écarquillèrent et son rythme cardiaque s’accéléra. La jeune femme avait enlevée sa culotte, elle était complètement nue. Sous la couette, elle était totalement à découvert, pensant qu’il serait plus à l’aise, Reikus retira son chandail.

Il était un peu gêné même s’il avait toutes les raisons du monde d’être fier de son torse musculeux.  À présent, il sentait la poitrine de Rayne contre lui, leurs peaux nues se frottaient l’une contre l’autre. Pendant qu’il continuait à caresser le dos de Rayne, la verge de Reikus avait considérablement augmenté de taille, elle n’était pas complètement en érection, mais presque.  Le membre de Reikus, quand il était complètement dressé, devait mesurer près de sept pouces de long, son sexe était bien au dessus de la moyenne, bien que peu de gens aient eu la chance de le voir, il faisait surement des jaloux.

-   Mlle Rayne… Je… je dois vous avouer que je ne sais pas trop quoi faire, mais guidez-moi. Ne vous inquiétez pas, je vous suivrai.

Bien que Reikus éprouvait fortement le désir de faire l’amour à Rayne, il ne savait pas quoi faire, il s’en remettait donc à l’expérience de Rayne. Peu importe ce qu’elle ferait, ou qu’elle lui dirait de faire, Reikus était prêt.  Il n’avait toujours pas arrêté de caresser le dos de la jeune femme, au début, il était plus timide, mais en seulement quelques instants il avait gagné de l’assurance. Encore une fois, son habilité à s’adapter était à l’œuvre.  Reikus passait sa main droite dans les cheveux de la jeune femme, c’était vrai qu’elle avait une belle chevelure. En fait, rien ne déplaisait à Reikus chez Rayne. Il n’aurait pas pu penser à personne d’autre avec qui partager ce moment spécial qui resterait probablement gravé dans sa mémoire.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 24 mars 2012, 15:26:44
Oui ? Non ? Peut-être ? Rayne pouvait lire l’indécision dans les yeux de Reikus. On disait parfois que les yeux étaient la fenêtre de l’âme, mais, pour Rayne, il existait un indicateur encore plus faible que le regard : le sang. Ce dernier bouillonnait. Reikus devait avoir la gorge sèche, et une furieuse envie de faire l’amour à Rayne. Les pulsions primaires de son corps se réveillaient, heurtant les barrières de ses inhibitions, de son éducation. Avait-il été éduqué dans un couvent ? Rayne avait toujours eu du mal à comprendre ces hésitations autour du sexe. Plutôt franche et directe, elle avait grandi dans la rue, dans un monde violent. Cette éducation faisait d’elle une piètre négociatrice en affaires, mais une guerrière assez tenace, et une femme au tempérament fort. Reikus hésitait, mais son assurance ressemblait à un bateau jeté au loin, qui dérivait au milieu d’une tempête, n’attendant qu’une vague pour être engloutie.

« Je… d’accord... »

Voilà qui faisait plaisir à entendre. Rayne se contenta d’un sourire légèrement vorace, avant de remarquer plusieurs choses. Reikus retira son chandail, et elle put enfoncer ses seins contre sa peau mise à nue, tandis que ses mains caressaient son dos et ses cheveux, les explorant. Il sembla surpris de noter qu’elle avait retiré sa culotte, et elle se contenta d’un léger sourire, sentant une bosse confortable à hauteur de ses jambes. La virilité de Reikus se réveillait, et elle avait l’air plutôt endurante. De quoi satisfaire bien des dames !

*Monté comme un cheval, et timide comme une biche… Curieux…* songea Rayne, amusée.

Reikus semblait toujours aussi nerveux. Ses caresses n’étaient pas assurées. Ses mains tremblaient légèrement, et elle se demanda s’il n’était pas tout simplement vierge. C’était concevable, vu les hésitations qu’il avait.

*Il était temps que j’intervienne, alors… Un morceau comme ça doit servir, avant de commencer à rouiller…*

Elle sentait le souffle de ses lèvres sur les siennes, tant leurs visages étaient proches. Reikus avait la carrure d’un bûcheron, un corps massif, et elle ne pouvait que frémir en se sentant prisonnière de ses puissants bras. Un véritable ours. Il n’était pas bien difficile de comprendre pourquoi de simples goules ne parvenaient pas à l’effrayer, quand on voyait le bestiau. Rayne sourit à nouveau, amusée, promenant ses mains sur son torse, le caressant, le pinçant, éprouvant la fermeté de son corps, se déplaçant progressivement pour finalement s’allonger sur lui, ses jambes se glissant entre les siennes, malmenant son membre.

« Mlle Rayne… Je… je dois vous avouer que je ne sais pas trop quoi faire, mais guidez-moi. Ne vous inquiétez pas, je vous suivrai. »

Un nouveau sourire éclaira les lèvres de Rayne, qui tendit une main pour caresser avec un doigt la bouche de Reikus.

« Je crois que me vouvoyer est, compte tenu de ce que nous comptons faire, inutile. Quant à ce que je te demande de faire, Reikus, il suffit de suivre ton instinct. »

Elle l’embrassa alors, scellant ses lèvres par un baiser, posant une main sur son épaule. Ce fut un simple et innocent baiser, du moins au début, un simple frottement des lèvres, avant que Rayne ne finisse par approcher sa langue. Elle respirait lourdement, sentant l’excitation naître, l’embrassant pendant plusieurs secondes. Sa langue se contenta de caresser sa bouche, de la frôler, de la titiller, sans aller plus loin, sans s’immiscer à l’intérieur. Pendant ce temps, son nez caressait celui de Reikus, et elle approchait ses mains de son pantalon.

Rompant le baiser, Rayne se déplaça pour embrasser l’homme dans le cou, glissant sa main gauche le long de son corps. Sous l’excitation, ses attributs vampiriques commençaient à poindre. Ses canines commençaient à se former, et ses ongles s’allongèrent légèrement, grattant le corps de Reikus, s’approchant de son pantalon. Elle caressa sa virilité.

« Toutes les femmes ne recherchent pas forcément le même type d’hommes. C’est un homme fort que je veux, un homme fort et bien bâti, qui me fera l’amour avec sauvagerie, en y mettant toute sa force. Et je sais que tu en es capable, car j’ai vu de quoi tu étais capable contre les goules… Il te suffit… Il te suffit de laisser exprimer ta passion. Ne va pas me dire que tu préfères éviscérer des goules que parcourir le corps d’une belle femme… Je suis sûre que celui-là, fit-elle en frottant le pantalon de Reikus, à l’emplacement de son sexe, n’était pas aussi fièrement dressé quand tu décapitais les goules… Laisse-toi aller, réponds à mes baisers, explore mon corps, ne te contente pas de mon dos. C’est tout mon corps qui es à toi. »

Elle poursuivit assez rapidement, s’approchant de son oreille :

« Je suis une femme d’action, Reikus, pas une boulangère éreintée qui veut que son amant soit calme avec elle. Je ne tiens pas à ce qu’on me fasse l’amour, je veux qu’on me baise. Tout ce que tu as à faire, c’est laisser parler tes instincts… N’aie pas peur… »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mardi 27 mars 2012, 00:51:33
Se laisser aller… Oui, Reikus en était capable. La jeune femme était maintenant complètement étendue sur son corps, ses mains se promenaient sur son torse, elle le caressait, et le pinça à quelques reprises. Reikus adorait cette sensation, il était plutôt musclé et Rayne semblait l’apprécier, il se sentait fier d’une certaine façon. Rayne était placé de façon à compresser sa verge, qui était à présent complètement dressée.  La jeune femme semblait avoir beaucoup d’expérience au lit, et cela n’avait rien de surprenant, Rayne était l’une des plus belles femmes que Reikus avait pu rencontrer, elle avait très certainement eu des dizaines et des dizaines relations auparavant.

Ce n’était pas très étonnant, elle était forte de caractère, mais elle paraissait aussi incroyablement douce. Plusieurs hommes et peut être même plusieurs femmes, cette dernière idée fit frissonner Reikus d’excitation,  avaient certainement déjà essayé de passer une nuit avec Rayne. Ce soir, c’était Reikus qui avait cette chance, il se sentait un privilégié et encore deux fois plus excité. Quand il avait demandé à Rayne de le guider, il avait un peu peur de sa réponse. Il craignait qu’avouer son manque d’expérience ferait perdre à Rayne tout l’intérêt qu’elle lui portait. Au contraire, elle sembla même trouver l’idée intéressante.

Rayne commença par demander à Reikus d’arrêter de la vouvoyer, compte tenu des circonstances, Reikus trouvait cela logique. Il n’avait pas vraiment l’habitude de tutoyer les gens, les vouvoyer lui permettait de rester polis et distant, il aimait le respect que cela lui apportait.  Plus Rayne s’approchait, plus Reikus remarquait des détails étranges, Rayne avait l’air féroce, il se doutait que l’excitation sexuelle avait cet effet sur les gens, mais la jeune femme avait l’air différente. Ses ongles paraissaient plus longs, et même ses dents avaient un quelques choses de différent, Reikus ne pouvait pas dire quoi, il n’avait pas vraiment les idées clairs.

-   Rayne, tes dents…

Avant qu’il ne puisse continuer, Rayne vint plaquer ses lèvres contres les siennes. Le baiser, aussi simple soit il, fit battre le cœur de Reikus. Il se demandait comment il avait fait pour se passer de tels plaisirs pendant si longtemps. La langue de Rayne vint frôler ses lèvres, sans entrer dans sa bouche. Reikus se demanda s’il devait sortir sa langue lui aussi, mais s’abstenu de le faire. Avant qu’il ne puisse faire quelque chose, Rayne commença à l’embrasser au niveau du cou.

Pendant ce temps, Reikus avait sentis les mains de Rayne descendre vers sa virilité, quand la main de la jeune femme atteignit son membre, il frémit. Il sentait la main se frotter de haut en bas contre son sexe, la sensation était incroyable. Selon Rayne, Reikus devait agir selon son instinct. Elle ne voulait pas qu’il soit doux, elle voulait qu’il soit fort. Reikus n’était pas sauvage, mais il se croyait tout de même capable de lui donner ce qu’elle voulait.

-   …C’est tout mon corps qui es à toi.

À bien y repenser, Reikus aimait bien cette idée, ils n’allaient pas faire l’amour comme disait Rayne, ils allaient baiser.  Reikus prit les seins de Rayne et les massa lentement avec ses mains puissantes. Ils étaient si ronds et si parfaits, Reikus n’avait jamais eu la chance de toucher à la poitrine d’une femme, mais il savait quand même que celle de Rayne était très belle. Reikus alla poser sa main gauche sur la nuque de Rayne, tout en gardant une main sur sa poitrine, puis approcha la tête de Rayne. Quand leurs lèvres furent suffisamment proches, il suivit son instinct. Il embrassa Rayne de nouveau mais cette fois avec plus de passion, sa langue entra en contact avec celle de Rayne, ils frottèrent leurs langues ensembles pendant quelques instants. Reikus commençait à se sentir inconfortable dans son pantalon, son membre était fortement compressé, car Rayne était assise dessus. Il ne voulait pas la déranger par contre, le baiser était si agréable. Quand Reikus rompit le baiser, il continua de masser la poitrine de la jeune femme, la nuit s’annonçait longue, mais très agréable.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mardi 27 mars 2012, 13:49:28
Parfois, il suffisait de petites choses. Tutoyer au lieu de vouvoyer. Parler de manière vulgaire au lieu de parler proprement. Le désir se résumait parfois à ces petites choses, et ce semblait être le cas avec Reikus. Son désir ressemblait à une espèce de chercheur perdu dans l’obscurité, cherchant à trouver une porte, et qui n’avait besoin que d’une ampoule pour l’éclairer. Elle caressait lentement son membre, ce sexe bien tendu, sentant qu’il était plutôt bien excité. Le Dernier Inquisiteur alla ensuite s’attaquer aux seins de Rayne, ce faisant bien plus entrepreneur. Rayne poussa un léger cri de plaisir à ce contact, aussi délicieux qu’inattendu, de la part d’un homme qui avait semblé assez hésitant. Un sourire ravi se dessina sur les lèvres de la Dhampir, qui ferma légèrement ses yeux. Ce que c’était bon ! Sa poitrine était délicieusement malmenée, répandant en elle de longs frissons de plaisir.

Reikus alla ensuite l’embrasser. Un baiser un peu plus passionné, auquel Rayne répondit de bon cœur, glissant ses mains dans le dos de l’homme pour frotter sa nuque, se pressant contre lui. Elle avait du mal à se contrôler, sentant le désir naître, mais savait qu’elle devait tout de même se débrouiller pour que ses griffes ne fassent pas souffrir Reikus. Elle joua avec la langue de Reikus, sentant des frissons électriques la parcourir à ce contact. Le baiser s’interrompit, et elle le sentit à nouveau jouer avec ses seins. Souriant légèrement, Rayne se mit à califourchon sur Reikus, l’observant rêveusement.

« Voilà qui est bien mieux… »

La nuit promettait en effet d’être assez agréable, et Rayne ferait tout pour. Elle était une femme de la nuit, après tout. Son regard se perdit pendant quelques secondes sur l’assistance. Certains dormaient, d’autres se faisaient silencieusement l’amour, mais elle vit tout de même quelques curieux l’observer. Faire l’amour en public n’était pas spécialement pour la déranger, et elle replongea rapidement son attention sur Reikus. Elle sentait son membre prisonnier de ce pantalon, frottant contre ses fesses, et eut une petite idée. Une position sexuelle bien connue.

Rayne se retourna, montrant à Reikus son dos, et commença à se laisser tomber. Elle s’abaissa sur le corps de Reikus, reculant son bassin, le mettant à hauteur des lèvres de Reikus, tandis que sa propre bouche approchait de celui de l’homme. Elle promena ses mains sur son pantalon, défaisant les boutons, ôtant ses vêtements, jusqu’à ce que son membre se dresse à l’air libre, ou presque. Après tout, ils y avaient toujours sur eux la couverture, et Rayne ne comptait pas spécialement la retirer. C’était la seule forme d’intimité qu’ils pouvaient espérer avoir en l’occurrence. Écartant les lèvres, Rayne commença à lécher cette virilité bien tendue, sans chercher à la prendre en bouche, se contentant de la titiller, approchant l’une de ses mains pour caresser les testicules de l’homme. Elle souleva l’une des deux, glissant ses doigts, les soupesant lentement.

Pendant ce temps, ses jambes sortirent du lit, mais ce qui importait surtout, c’était le milieu de son corps. Son bassin s’approcha des lèvres de l’homme. Elle lui offrait sa fleur, tandis qu’elle-même s’occupait de sa verge. Rayne ignorait si le Kâma-Sûtra existait à Terra. Si tel n’était pas le cas, alors la position du 69 serait une première pour Reikus. Elle replia ses jambes, s’en servant pour que son bassin se dresse au-dessus de la tête de Reikus. Il ne tenait qu’à lui de tendre ses mains pour abaisser le bassin. Rayne, de son côté, continuait à embrasser sa virilité et à la lécher, comme une espèce de grosse sucrerie.

*Bien… Passons au plat de résistance !*

Avec une main, elle appuya sur le sexe de Reikus, le faisant venir en arrière, et le prit lentement en bouche, commençant par en suçoter l’extrémité, avant de raffermir sa prise dessus, entamant sa fellation. Son intimité commençait légèrement à s’humidifier, se teintant de ce nectar que ses partenaires avaient toujours trouvé comme étant délicieux.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le vendredi 30 mars 2012, 06:04:17
Quelques curieux observaient les ébats de Rayne et de Reikus, quand ce dernier remarqua qu’on les observait du coin de l’œil, il regarda les voyeurs du  regard le plus froid et le plus intimidant possible, ce qui suffit à faire détourner le regard à certains d’entres eux. Il savait que la plupart regarderaient la scène tout de même, et comme l’intimité n’était pas une option dans cette tente, il devrait faire avec. Il aurait préféré être seul avec la jeune femme, mais il ne voulait pas chercher un endroit plus tranquille, cette petite couchette était tout-à fait parfaite, chaude et confortable.

Les ongles de Rayne dérangeaient un peu Reikus, mais pas tellement. Il trouvait cela un peu étrange, il n’avait pas remarqués qu’ils étaient si longs. Il finissait par apprécier le contact des ongles, ils ne lui faisaient pas vraiment mal, et en plus, Rayne était si douce avec lui. Elle se tourna dos à lui, Reikus ne pouvait pas imaginer ce qu’elle avait en tête, mais une chose était certaine, il allait adorer. Elle se glissa vers son entrejambe et tâta sa virilité, elle retira son pantalon et sortit la verge sous la couverture. Pendant qu’elle léchait son membre bien tendue, Rayne jouait aussi avec les testicules de l’homme, une sensation un peu étrange, mais tout de même agréable.

Reikus se sentait vraiment bien, personne ne s’était jamais occupé de lui comme Rayne le faisait. Lui aussi avait grandis dans un monde violent, il n’avait aucun souvenir de sa vie avant son adolescence et avait rejoint un groupe de mercenaires avant d’avoir atteint l’âge adulte. Pourtant, il était toujours resté le même, il craignait que la nuit qu’il allait passer avec Rayne, et que les choses qu’ils allaient faire pourraient la changer. Reikus chassa tout de suite cette idée, il avait tué des dizaines de criminels, pourtant, il était toujours resté le même homme. Partager un moment spécial avec une femme n’était pas mauvais.

Tandis que Rayne s’occupait de son membre, Reikus ne savait pas trop quoi faire, il avait tendance à ne pas écouter les gens quand ils parlaient de sexe, et maintenant, il était pris au dépourvue. Il avait déjà vu des livres sur la sexualité, et il avait pensé en acheter un, mais au final, il était trop gêné. Après ce soir, il allait définitivement se renseigner, le Dernier Inquisiteur avait l’habitude d’être le maitre de la situation, mais en ce moment, il ne l’était pas, et il adorait ça.

Reikus avait du mal à contenir ses légers soupirs de plaisirs pendant que Rayne prenait en bouche sa virilité. Reikus ne voulait pas être le seul à avoir du plaisir, bien que Rayne semblait particulièrement apprécier sucer son membre, il voulait qu’elle se sente bien elle aussi. Il avait son entrejambe près de la figure, c’est alors qu’il eut une idée, il allait pouvoir lui rendre la pareil. Reikus prit le bassin de la jeune femme et l’abaissa au niveau de son visage. Il commença alors à lécher les grandes lèvres de Rayne, il s’arrêta un instant pour regarder si elle aimait ça. Comme elle n’avait pas l’air de trouver cela déplaisant, Reikus continua.

Il lécha l’inimité de la jeune femme de haut en bas, et remarqua avec surprise qu’elle s’était humidifiée. Reikus n’avait presque aucune connaissance sur l’anatomie des femmes, il continua quand même à s’occuper de la jeune femme tandis que ce doux nectar coulait dans sa bouche.
Il avait posé ses mains sur les fesses de Rayne, un autre aspect du corps de la jeune femme qui l’intéressait, un peu comme avec la poitrine, il se mit à les masser. Après avoir lécher l’entrejambe de Rayne pendant quelques instants, il pénétra avec sa langue dans l’intimité de la jeune femme,  tandis que plus de liquide coulait vers lui. En ce moment, Reikus faisait quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginé faire, et il espérait vraiment que Rayne passait un bon moment elle aussi.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le vendredi 30 mars 2012, 22:01:29
[HRP – Pour que tu aies matière à répondre, j’ai pris la liberté d’anticiper un peu sur les réactions de ton personnage. J’espère que ça ne te dérangera pas !]

Non… Visiblement, non, Reikus ignorait cette position, car il traîna un peu avant de prendre son sexe, avant de s’occuper de son intimité. Ce faisant, la Dhampir continua sa fellation, se disant qu’en l’excitant encore plus, il finirait bien par comprendre. Et il comprit, fort heureusement. Elle en frissonna en le sentant lécher son sexe, caressant ses lèvres vaginales. Un peu de sa mouille s’échappa à nouveau, preuve de la forte excitation qu’elle ressentait. Le plaisir sexuel ne tarda pas à monter, et elle se moquait bien qu’on les observe. Elle trouvait même cela, dans un sens, délicieusement excitant. Rayne n’avait après tout jamais été du genre pudique, mais son esprit restait exclusivement focalisé sur ce sexe qu’elle avait dans sa bouche, cette queue qui ne demandait qu’à être soulagée.

Si, comme elle n’en doutait pas, vu les hésitations du Dernier Inquisiteur, c’était là sa première fellation, alors elle ne devrait pas tarder à le sentir jouir. Mais elle ne comptait pas s’arrêter sur une simple jouissance. Elle suçota son membre avec plaisir, commençant par se contenter de l’extrémité, avant de lentement s’enfoncer, découvrant des mouvements de vas-et-viens importants. Sa langue s’enroulait autour de ce sexe, le titillant et le frottant, tandis qu’elle sentit les mains de Reikus malaxer ses fesses. Elle en gémit de plaisir, un gémissement assez étouffé, mais néanmoins audible, mouillant un peu plus. En sentant ses solides mains pétrir son cul, elle accéléra et amplifia sa fellation, optant pour des gorges profondes. Étant demi-vampire, elle pouvait plus facilement les faire, et ne se priva pas, enfonçant ce membre dans sa gorge aussi loin que possible, avant de remonter, laissant sa salive orner ce gros sexe. Oui, il avait vraiment une belle queue. Exactement comme elle les aimait ! Il était tout simplement délicieux !

La Dhampir raffermit sa prise sur son membre, sans jamais interrompre sa fellation, respirant par le nez. Sa bouche fut ainsi continuellement prise, tandis que l’une de ses mains continuait à jouer avec ses testicules, les grattant. Elle adorait ça. Sentir les poils pubiens sur ses doigts, alors qu’elle les promenait sur cette petite surface, chaude et attirante. Elle gémit à nouveau, sentant Reikus glisser sa langue. Elle avait néanmoins plus de résistance de lui, et ne doutait pas qu’il jouirait le premier. Elle ne tarda effectivement pas à être satisfaite, en sentant son sexe tressauter. C’était une zone extrêmement sensible, après tout, et elle pouvait le sentir se durcir, pointer, impatient, et finir par s’abandonner dans sa bouche. Elle but ce sperme sans hésitation. Nettement moins bon que le sang, mais non moins excitant. Heureusement qu’elle n’était que semi-vampire, car la soif de sang en fut assez faible. Elle but ce sperme sans hésitation, léchant le sexe de l’homme, nettoyant sa belle queue, et finit par retirer sa bouche, laissant un filet de salive en couler, avant de se retourner.

Rayne retourna s’allonger sur le corps de l’homme, et l’embrassa fougueusement, se collant contre son corps, attrapant l’une de ses mains pour aller la plaquer sur ses fesses. Oh, elle voulait qu’il la maltraite, qu’il remue son cul, qu’il la frappe, même ! Elle l’embrassa rageusement, se tortillant sur son corps, le plaisir montant violemment. Elle finit par relever la tête, et le regarda en souriant malicieusement :

« J’ai le gout de ton sperme dans la bouche, lâcha-t-elle dans son oreille. Délicieux. Il est temps que tu me baises, maintenant. Que tu me baises comme une traînée ! »

Et, disant ça, Rayne roula sur la gauche, s’allongeant sur le dos, offrant à Reikus son corps.

« Viens… Monte sur moi, et prends-moi ! »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le lundi 02 avril 2012, 05:35:17
(Ce n’est pas grave, ça ne me dérange pas ;))

Rayne continuait son vas-et-viens,  Reikus ne croyait pas qu’il allait pouvoir tenir bien longtemps. L’intimité de la femme était chaude et délicieuse, Reikus adorait la lécher et récolter la mouille qui s’y écoulait, Reikus trouvait ce nectar tout simplement délicieux, il n’avait jamais rien gouté d’aussi bon. Pas même le vin vieux de trente ans qu’il avait trouvé sur le corps d’un esclavagiste à Ashnard. Reikus ne buvait de l’alcool que très rarement,  seulement lors des occasions spéciales ou lorsqu’il trouve une bonne bouteille, comme ce fameux vin, qui était un pur délice, comme l’intimité de Rayne après tout.

Reikus ne pouvait plus se retenir, le plaisir montait rapidement en lui. Le corps de Rayne, sa langue qui s’enroulait autour de son membre, et le nectar qui s’écoulait de son intimité. Tout d’un coup, Reikus ressentit une explosion de plaisir, jamais il n’avait ressentit quelque chose de semblable. Il laissa échapper une grosse quantité de sperme dans la bouche de la rouquine. Rayne but goulument la semence de l’homme, jusqu’à la dernière goute. Elle léchait sa queue, la nettoyant, quand elle retira sa bouche, un long filet de salive coula sur le membre toujours en érection du Dernier Inquisiteur.

Par la suite, elle vint se coller sur son corps, et embrassa passionnément Reikus, elle se tortilla sur lui, Reikus sentait sa poitrine frotter contre son torse. Il ne voulait pas s’arrêter là, il voulait continuer, heureusement pour lui, Rayne semblait être du même avis. Après tout, même si elle avait l’air d’avoir aimé sucer sa queue, elle n’avait toujours pas eu son plaisir. Reikus contait bien lui donner. S’était très important pour lui, Rayne lui avait fait du bien, beaucoup de bien, il voulait lui rendre la pareil, il voulait qu’elle aussi s’amuse, qu’elle crie de plaisir et qu’elle en redemande encore! Reikus était certainement capable de faire ça. La jeune femme s’approcha alors de lui et lui susurra à l’oreille


-             Il est temps que tu me baises, maintenant. Que tu me baises comme une traînée !  

La jeune femme voulait donc que Reikus soit brutal avec elle, qu’il utilise toute sa force pour lui faire plaisir, Reikus n’avait pas envi de faire du mal à Rayne, mais si elle voulait qu’il soit sauvage, et bien, il en était capable! Rayne se retourna sur son dos, elle regarda Reikus droit dans les yeux.

-   Viens… Monte sur moi, et prends-moi !

Elle lui offrait son corps, un corps si magnifique. Reikus appréciait chaque seconde qu’il passait à le découvrir. Il monta sur la rouquine qui était étendue sur le sol, Reikus s’assura de4 s’appuyer sur ses jambes pour ne pas mettre tout son poids sur la jeune femme, il ne voulait pas l’écraser. Il commença par frotter sa verge contre l’intimité humide de Rayne. Il y allait lentement, comme pour la préparer à l’entrer de son membre et pour l’exciter en même temps.  Après quelques instants, il regarda Rayne droit dans les yeux et lui chuchota

-   Tu es prête?

Il ne lui laissa pas le temps de répondre et enfonça son membre dans le vagin de Rayne. Ce que Reikus ressentait en ce moment était encore mieux que quand Rayne avait son sexe dans la bouche. Il n’avait pas vraiment d’expérience en matière de sexe, mais au moins Reikus connaissait les principes de la chose.  Il agrippa fermement les hanches de la jeune femme et recula sa verge sans la retirer complètement, puis il la renfonça encore, et encore. Il n’avait cessé de regarder Rayne avec ses yeux profonds, la jeune femme avait l’air d’apprécier son traitement, et dieu sait que Reikus aussi.

Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le lundi 02 avril 2012, 12:38:21
Allongée sur le dos, Rayne n’attendait plus que Reikus lui monte dessus. Elle en sentait des frissons remonter le long de tout son corps, alors que le Dernier Inquisiteur se dressa face à elle. Massif et imposant, elle tendit ses mains pour caresser son torse, sa peau solide, ses muscles, remontant vers son cou et sa nuque.

« Tu es prête ? » finit-il par demander.

Elle se contenta d’un léger sourire. Prête ? Elle se sentait prête pour aller dans une arène, pour affronter n’importe qui, alors, oui, elle se sentait largement prête pour ça. Elle sentit un léger frisson d’impatience la parcourir, en sentant le membre tendu de l’homme, qui frôlait contre ses jambes, avant que le Dernier Inquisiteur ne commence enfin à la pénétrer. Elle poussa un glapissement en sentant ce membre s’enfoncer en elle, glapissement qui se transforma en un long cri étouffé de plaisir. Elle s’en mordilla les lèvres, se tortillant sur le sol, sentant ce membre se plonger dans les profondeurs de son corps.

« Haaaa ! Oh !!! » s’exclama la Dhampir

Ce qu’elle ressentait était particulièrement puissant et ô combien agréable Reikus s’enfonça en elle, et elle le laissa venir, enroulant ses jambes autour de son bassin, l’embrassant avec ferveur, insistant pour qu’il aille plus vite, et, surtout, plus loin Elle poussa des hurlements étouffés dans la bouche de l’homme Rayne savait qu’ils n’étaient pas seuls, mais elle se moquait éperdument de déranger les autres. Sous l’effet de l’excitation, son baiser devint assez mordant. Elle mordilla en effet les lèvres de Reikus, tout en griffant faiblement son dos, sentant le plaisir monter et croître en elle.

« Encore ! Encore, Reikus ! Plus… Plus profond ! HA ! Oui ! »

Elle bascula sa tête en arrière, l’écrasant sur le tapis de paille, utilisant ses jambes pour l’aider à s’enfoncer en elle. Elle mouillait encore plus. Proche de l’orgasme ? Pas bien loin, en tout cas, et chaque minute qui passait la reprochait de ce point névralgique. Reikus était bâti comme une véritable masse de muscles, et le sentir s’écraser sur elle, le sentir pulvériser sa fleur avec son sexe puissant, c’était un plaisir intense, ô combien éprouvé, mais toujours aussi jouissif. Rayne se laissa plonger en lui, laissa Reikus se perdre en elle, s’enfoncer aussi loin qu’il le pouvait. Tout son corps lui était délicieusement offert, sans la moindre trace de résistance.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 05 avril 2012, 03:23:02
Reikus n’était plus doux, il n’était plus tendre, loin de là. Il était maintenant sauvage, il faisait l’amour à Rayne comme s’il était une vraie bête. La rouquine semblait apprécier, elle aimait quand il était brutal, même si Reikus ne voulait pas faire mal à la jeune femme, il était capable de s’occuper d’elle comme elle le voulait. Il prenait vraiment plaisir à enfoncer son membre profondément dans l’intimité humide de la jeune femme, il ne lui laissait aucun moment de répit! Il n’allait pas laisser tomber, pas tant que Rayne n’aurait pas jouie elle aussi! Il en allait de son honneur!

-   Encore ! Encore, Reikus ! Plus… Plus profond ! HA ! Oui !

-   Tu aimes ça? Le meilleur reste à venir…

Cette phrase était un peu idiote, mais c’était tout ce que Reikus avait pu trouver à dire, après tout, il était très occupé à marteler la fleur de Rayne avec sa verge. En plus, il n’avait aucune expérience en matière de sexe, il s’imaginait que les amants se disaient ce genre de choses au lit. Reikus n’avait pas mentit, le meilleur restait effectivement à venir, après avoir dit cela, son vas-et-viens s’intensifia, il enfonçait sauvagement son sexe dans le corps de Rayne.

Il alla agripper un des seins de la jeune femme avec sa main droite, il le malaxait sans relâche. Sa main libre était restée agrippé à la hanche de Rayne. Il l’utilisait comme appui, il arrivait à accélérer de beaucoup ses allées-et-venues dans le corps de la jeune femme. Reikus n’aurait pas tenu aussi longtemps s’il n’avait pas jouit un peu plus tôt, même là, il se sentait faiblir peu à peu. Il était très près de son second orgasme, mais pas autant que Rayne.  Il ne comptait pas se laisser aller avant que Rayne ait eue son plaisir elle aussi.

Les ongles de la jeune femme vinrent érafler un peu son dos, mais en fait, il apprécia même cette légère douleur. Elle plaqua encore ses lèvres contre les siennes pour un autre baiser toujours aussi agréable. Il n’avait pas arrêté de marteler l’intimité de la jeune femme, ce qui rendait leur baiser encore plus intense. Au début, les curieux qui regardaient la scène dérangeaient un peu Reikus, mais il s’y était habitué. Rayne et lui n’étaient pas les seuls à baiser dans cette tente, mais ils étaient les seuls à le faire avec autant d’intensité!
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le jeudi 05 avril 2012, 19:29:34
Elle n’avait beau être que Dhampir, Rayne tenait quand même beaucoup des vampires, et, s’il y avait bien une chose à noter sur les vampires, c’est que ces derniers étaient des individus passionnés. Le sang bouillonnait en eux. Or, qu’était le sang, si ce n’est le liquide de la vie ? L’attirance naturelle et immense que les vampires avaient pour le sang étaient loin d‘en faire, contrairement à la croyance populaire, des cadavres sur pattes, mais plutôt des créatures bien vivantes. Par conséquent, quand on faisait l’amour avec une vampire, il fallait s’attendre à ce que ce soit ardent et torride. Reikus le comprenait. Hésitant au début, il était maintenant bien plus apte à la pénétrer, y allant de tout son poids. Rayne le régalait de ses cris et de ses gémissements. Le couple était bien moins discret que les autres couples qui faisaient l’amour sous cape, et, pourtant, Rayne se retenait. Si elle devait vraiment succomber à son plaisir, elle lui aurait montré ses crocs, et l’aurait solidement griffé.

Un hurlement de plaisir jaillit à nouveau de la gorge de la Dhampir, qui répondit avec ferveur, se cramponnant à lui. Il s’enfonçait profondément en elle, malmenant son corps, les pétrissant, les serrant, les empoignant, tout en ravageant son corps. Les deux individus se donnaient littéralement en spectacle. Les autres les observaient avec admiration. La couverture était à peine relevée sur leurs jambes, mais le corps massif de Reikus permettait de presque tout dissimuler. On pouvait voir la sueur couler de son corps, glissant également sur le corps de Rayne. Sa peau était chaude et bouillante, bien loin de cette peau froide, cadavérique, qui était supposée être celle des vampires. Celle de Rayne était ici chaude et bouillonnante.

Elle sentait que Reikus se forçait. Il tenait admirablement bien, surtout compte tenu du fait qu’il était vierge. Au moins, elle pouvait se féliciter. Vu l’ardeur qu’il manifestait à la malmener, elle ne doutait pas avoir réussi à faire naître en lui de nouvelles vocations. Elle continua à le laisser danser, mouillant de plus en plus. Sa cyprine glissait sur ses jambes, tachetant le sol. Elle lui mordillait les lèvres, et finit par avoir son orgasme, poussant un long gémissement, relâchant pour le coup le dos de Reikus pour planter ses griffes dans la couverture, remontant ses mains, la déchiquetant. Si ce tel geste devait, dans le feu de l’action, échapper au Dernier Inquisiteur, il n’échappa pas à quelques badauds, mais, au moins pour le moment, Rayne s’en moquait bien.

Elle rétracta ses griffes, et laissa Reikus s’effondrer sur elle, ce dernier l’ayant rempli. Elle caressa ses longs cheveux, promenant sa main sur sa nuque, rassasiée, et le regarda avec un sourire rêveur, au milieu de leurs soupirs.

« Ce n’était pas si difficile que ça, finalement, non ? Laissez-là encore un peu en moi, j’aime cette sensation… »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le samedi 07 avril 2012, 23:41:43
Reikus ressentait des choses qu’il n’avait jamais ressenties auparavant, il ressentait un plaisir incroyable. Son membre malmenait la fleur de Rayne et il adorait ça. Bien qu’au début il avait hésité à se lancer, maintenant qu’il avait commencé, il ne voulait plus arrêter. Faire l’amour, ou baiser comme Rayne le disait, n’était pas en soi mal. C’était un moment unique où il partageait quelque chose de très spécial avec quelqu’un d’autre, même si ce n’était l’espace de quelques instants. Reikus n’était pas fait pour vivre avec quelqu’un d’autre, même s’il aurait apprécié. Il savait pertinemment que ce qu’il vivait avec Rayne ce soir ne durerait pas éternellement.

C’était mieux comme ça, mais à bien y repenser, Reikus n’était pas obligé de vivre de tels moments uniquement avec Rayne, il avait fermement l’intention de refaire l’amour encore et encore dans un futur proche. Le sexe ne serait plus un tabou pour lui, il allait mordre dans la vie et goûter à tout les plaisirs qu’elle avait à offrir, à condition bien entendu que cela ne compromette pas sa mission de Dernier Inquisiteur. Reikus avait du mal à concevoir qu’une autre femme pouvait faire l’amour aussi bien que Rayne, mais cela ne l’empêcherais d’essayer d’en trouver une. Reikus venait de se découvrir une nouvelle passion, une passion qu’il aurait aimé découvrir bien avant, mais mieux vaut tard que jamais après tout…

Reikus sentait que Rayne était proche de l’orgasme, il n’allait plus tenir longtemps lui-même. Les ongles de la jeune femme continuaient à érafler son dos, et elle mordillait ses lèvres, une autre sensation très excitante. Reikus continuait à pénétrer sauvagement l’intimité de la jeune femme, Rayne criait de plus en plus fort, attirant encore plus d’attention sur le couple. Rayne poussa un cri encore plus puissant que les autres,  elle venait de jouir. Seulement quelque secondes plus tard, Reikus relâcha une décharge de sperme à l’intérieur de la rouquine.  Épuisé, il se laissa tomber sur Rayne. 

-   Ce n’était pas si difficile que ça, finalement, non ? Laissez-là encore un peu en moi, j’aime cette sensation…

Reikus sourit en entendant cette remarque, il ne bougea pas d’un poil, lui aussi aimait cette sensation. Il était blottit contre Rayne, Reikus répartissait son poids pour ne pas faire mal à la jeune femme. Il embrassa Rayne langoureusement, après un long moment, Reikus roula sur le côté pour laisser à Rayne un peu d’espace, retirant en même temps son membre de l’intimité de la rouquine. Le Dernier Inquisiteur reprenait peu à peu son souffle, il avait beaucoup donné pour que Rayne se sente bien elle aussi, il affichait sur son visage un sourire satisfait car il croyait bien avoir réussit. Reikus posa sa main sur son torse plein de sueur et regarda Rayne dans les yeux

-   C’était… wow. Je ne sais pas trop quoi dire… c’était magique…

Le Dernier Inquisiteur avait un peu de difficulté à reprendre ses esprits après l’effort qu’il venait de donner, pour l’instant, il continuait de fixer Rayne en souriant. Ce soir, il n’aurait pas souhaité être nulle part ailleurs qu’ici…
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le lundi 09 avril 2012, 23:36:14
Reikus était satisfait. Suivant la demande de Rayne, il resta allongé sur elle, et elle devait admettre que c’était particulièrement agréable. La Dhampir répondait avec envie à son baiser, caressant le dos et les hanches du Dernier Inquisiteur, jusqu’à ce qu’il finisse par se retirer, s’allongeant à côté d’elle. Avoir fait l’amour avait violemment excité Rayne, qui était couverte de sueur. Elle avait chaud, et restait donc sans la couverture, qui restait à hauteur de ses jambes. Elle offrait le spectacle de son corps nu à n’importe quel homme voyeuriste, et certains ne s’en privaient pas pour se rincer l’œil. D’aucuns ressentaient du dépit en voyant que leurs femmes n’avaient pas un corps aussi ravissant, et, quant aux femmes elles-mêmes, leur jalousie s’exprimait, soit par des messes basses, soit par des baisers fougueux envers leurs amants, ou des regards de reproches. Rayne pouvait entendre les murmures, les gloussements. Personne n’était offusqué. Du moins, c’est ce qu’elle croyait. Et, quand bien même, elle se souciait pas mal que certains individus prudes soient choqués parce qu’ils aient vu.

Sa poitrine se soulevait et s’abaissait lentement. La Dhampir n’était toujours pas fatiguée, mais elle avait au moins pu passer du bon temps. Tout ce qu’elle désirait, maintenant, c’était sortir de cette tente, et aller chasser dehors, mais c’était un luxe qu’elle ne pouvait pas se permettre. Avec le Cardinal qui régnait en despote sur la ville, et qui incendiait les bordels, si jamais il apprenait qu’une femme en talons aiguilles se promenait la nuit, ses soupçons continueraient à évoluer, et Rayne ne tenait pas à se retrouver dans les cachots… Surtout après ça.

« C’était… wow, finit par lâcher Reikus. Je ne sais pas trop quoi dire… c’était magique… »

Un demi-sourire éclaira le visage de Rayne. Après tout, c’était la première fois qu’il avait eu l’occasion de faire l’amour avec une femme. Elle se tourna vers lui, et l’embrassa sur la joue.

« Oui… Ça l’est toujours… C’est bien pour ça qu’on s’y abonne vite… Et tu te débrouilles bien… »

Reikus avait après tout un corps conçu pour. Quand il ferait l’amour avec une humaine, il risquerait d’être surpris, si cette dernière n’avait pas, comme Rayne, les hanches solides. La Dhampir cala sa tête contre le torse de Reikus, reniflant sa chaleur et sa peau ferme. C’est ici qu’elle voulait dormir, en posant son corps sur cette peau chaude, et non contre le sol poussiéreux et sale. Elle se cala contre lui, glissant ses jambes de part et d’autre de l’une des siennes, et essaya de s’endormir.

Trouver le sommeil ne fut pas simple, mais sentir le corps de Reikus contre elle l’y aida beaucoup. Elle finit par s’endormir, se réveillant fréquemment. Rayne n’était pas insomniaque, mais elle était une Dhampir. Le sommeil la fuyait naturellement, comme si les vampires étaient une espèce maudite par Morphée. C’est vers la fin de la nuit, après une nuit mêlée de sommes passagers et de réveils impromptus qu’elle finit par s’endormir. Pour autant, la nuit dans cette tente était loin d’être silencieuse. On ronflait, on grognait, on lui marchait sur les pieds quand certains allaient dehors pour se soulager, et on entendait parfois les pas des gardes se promenant dans le camp de réfugiés. Il ne manquait que les caisses d’armes dans un coin et les bombardements pour lui rappeler les champs européens, lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Rayne fit même un rêve. Curieux, sanglant. Elle ne se rappela plus beaucoup de ce dernier, si ce n’est qu’il avait eu lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale… Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Elle s’était réveillée dans sous une Allemagne nazie assiégée par les Alliés, avançant entre des ruines. Du sang et des larmes. Elle s’était ensuite trouvée dans un bâtiment, sous une nuit noire et orageuse, traquant une proie, évitant des goules et des graveirs, jusqu’à tomber sur Kagan. Ce dernier était dans sa chambre, en train de violer sa mère. Il avait plongé sur elle, et enfoncé une lame dans son ventre.

C’est en sentant cette douleur que Rayne s’était réveillée d’un coup. Son cœur battait follement dans sa poitrine. Elle tourna la tête à gauche et à droite. Quelques rayons de soleil éclairaient fugacement la grande tente, et on pouvait entendre des oiseaux gazouiller. Rayne entreprit de se lever, s’habillant rapidement, et sortit de la tente. C’était l’aube, et elle remarqua qu’elle n’était pas la seule à être debout. Certaines femmes étaient en train de faire de la lessive, utilisant des grands bacs d’eau près des tentes pour y plonger les vêtements, avant de les suspendre à des cordes tendues dans certains coins. Cachant avec sa main un bâillement, la Dhampir s’avança. Son corps était un peu crasseux, et elle s’enquit auprès d’une femme pour savoir comment on pouvait se laver. Cette dernière lui répondit que les thermes étaient interdits aux réfugiés, faute de place, et, qu’à défaut, on utilisait les grosses bassines d’eau. Se satisfaisant de cette réponse, Rayne se déshabilla à nouveau. L’intimité n’était pas le point fort de ce camp, et elle s’engouffra dans un bassin, se rafraîchissant le corps, avant de s’emmitoufler dans une serviette.

C’était un endroit vétuste, bâti dans un parc, mais elle devait reconnaître qu’il y avait une belle vue. Le parc était surélevé, et on pouvait voir, à proximité, les hautes tours du donjon du Château-Lerouge, ainsi qu’un panorama sur toute la région. Le soleil était éblouissant, s’étirant entre quelques nuages, diffusant une petite lueur orangée.

*Et on dit que les vampires ne supportent pas la lumière du soleil…* songea Rayne.

La Dhampir s’accordait un petit moment, tout en sachant qu’elle ne devrait pas tarder à retrouver l’Antéchrist. La traque reprendrait rapidement, et elle espérait que les pistes de Raymond l’aideraient à en savoir plus, même si, pour ce qu’elle en avait compris, Raymond était une fausse piste. Le détective semblait surtout se concentrer sur les petits trafics illégaux de Beauregard.

*De toute manière, je finirais bien par le retrouver… Et j’espère qu’il saura me conduire vers Kagan…*
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mercredi 11 avril 2012, 23:22:42
Jamais Reikus ne s’était senti aussi bien de toute sa vie, son côté pragmatique lui disait qu’il ne pourrait pas profiter de se moment éternellement et qu’il redeviendrait bientôt le Dernier Inquisiteur, ce même chasseur de criminels qu’il avait toujours été. Reikus ne voulait pas arrêter de servir son dieu, mais dorénavant, s’il croisait un peu de compagnie lors de ses voyages, peut-être qu’il s’arrêterait une nuit ou deux. Ce qui rendait Reikus encore plus joyeux était le fait que Rayne avait apprécié, il avait eu peur de la décevoir, après tout c’était la première fois que Reikus passait la nuit avec une femme, Rayne quant à elle, semblait avoir connue beaucoup d’amants.

La jeune femme vint se blottir contre son torse, la couette était restée au niveau de son bassin, car il avait très chaud  après le moment rempli de passion qu’il venait de vivre. Reikus aimait sentir le souffle chaud de Rayne contre son corps, il posa une main sur l’épaule de Rayne et la caressa tendrement, il se servit de son autre main comme d’un oreiller. Aujourd’hui, Reikus avait vaincu des gardes, des goules, des bandits et des truands. Bien que cette journée fût assez mouvementée, il n’avait jamais été aussi fatigué auparavant. Il savait que le sommeil ne tarderait pas à venir.

Reikus ferma les yeux et s’endormit, un sommeil sans rêve, mais réparateur. À son réveil, Reikus était seul dans la couchette, pendant un instant, il croyait toujours être sur la route, quelque part entre Nexus et Ashnard. Il retrouva la mémoire d’un coup, l’Antéchrist, le Cardinal, les goules et la nuit qu’il avait passé avec Rayne. Rayne! Où était-elle? Est-ce que les choses qu’ils avaient faites n’étaient que le fruit de son imagination? C’était impossible, ses souvenirs étaient trop réels, la douceur de sa peau, ainsi que la sensation de sa langue dans sa bouche. 

Rayne devait était probablement partie faire autre chose. Il décida d’attendre avant d’aller la chercher et de paresser un peu, chose qu’il ne faisait jamais. Reikus vit tout de suite qu’on l’épiait et qu’on murmurait à son sujet, quand il se releva, il était nu. Autre chose qui prouvait l’authenticité de ses souvenirs. On le regardait, après tout, ce n’était pas tout les jours qu’on voyait un géant comme lui se promener tout nu, la plupart des gens se rappelaient sa performance de la veille. Certains osèrent même siffler. Reikus ne fit rien, il se rhabilla à la hâte et sortit de la tente transportant son armure et ses armes dans ses bras.

Il était à la fois gêné et fier, car si les gens s’étaient souvenus de lui, cela devais être parce qu’il avait été impressionnant au lit. Il était beaucoup plus probable que les gens se soient souvenus de Rayne, car c’est elle qui avait prit l’initiative de faire l’amour avec Reikus, le Dernier Inquisiteur était bien trop gêné pour tenter quoi que se soit. Il se demandait comment se sentait Rayne, après tout, Reikus n’avait pas été doux avec elle, il avait malmené son intimité pendant un bon bout de temps, mais Rayne était forte, elle semblait même avoir apprécié le traitement qu’elle avait reçue.

Reikus demanda à quelques personnes s’ils avaient vu une belle Rouquine se promener dans le camp, comme Rayne ne passait jamais vraiment inaperçue, on ne tarda pas à lui indiquer qu’elle s’était dirigée vers les bains, comme ces derniers étaient mixtes, Reikus pouvait y accéder sans problèmes. Reikus ne tarda pas à la voir se prélasser dans un grand bassin d’eau, il hésita avant d’aller à sa rencontre mais se souvint qu’après ce qu’ils avaient faits la veille, il n’avait plus aucune raison d’être gêné.  Prendre un bain n’était pas une mauvaise idée, on dirait que Reikus s’était imprégné de l’odeur de la tente, et ce n’était pas une bonne chose.

Reikus se dirigea alors vers Rayne et chassa quelques voyeurs qui essayaient de se rincer l’œil, il ne pouvait pas leur reprocher après tout, Rayne était vraiment magnifique. Reikus sourit à Rayne et alla s’installer dans un bain près du sien pour qu’ils puissent discuter. Seul un petit muret séparait les bains, rien de très intime puisqu’on pouvait voire la personne qui se lavait sous de nombreux angles. À peine assez pour cacher le corps de Rayne, et beaucoup trop petit pour cacher Reikus. Il se déshabilla, déposa son armure et entra dans un autre bassin, l’eau était tiède, ce n’étai rien comparé à un vrai bain chaud mais c’était quand même agréable.

-   Alors Rayne, bien dormie?

Reikus voulait faire un peu la conversation avant de passer aux choses sérieuses, après tout, il n’était pas entièrement réveillé. Reikus croyait que la priorité était l’Antéchrist, il avait fait une promesse à Marlowe et il contait bien la tenir, mais cela pouvait attendre, il valait mieux consulter Rayne avant de faire quoique se soit

-   Que penses tu faire aujourd’hui, je sais qu’il est encore tôt, mais il faudra partir à la recherche de cet Antéchrist, tu ne crois pas?
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le jeudi 12 avril 2012, 12:53:08
« Alors Rayne, bien dormie ? »

Tournant la tête, la Dhampir remarqua que le Dernier Inquisiteur l’avait rejoint. Ce dernier se mit dans un bassin juste à côté, séparé par un minuscule muret, dont le seul intérêt consistait sûrement à mettre des serviettes. Rayne ne dit rien sur le coup. Le sommeil... Pour les humains, c’était un cycle. Ils avaient besoin de dormir périodiquement, alternant ainsi les phases d’éveil et celles de sommeil. Pour une vampire, le sommeil était bien moins important. Rayne était après tout une créature nocturne par nature, qui n’avait pas un grand besoin de dormir.

« Ça a été  » répondit-elle évasivement.

Elle frotta l’eau contre son corps, regardant autour d’elle. Les bassines étaient à ciel ouvert, dans une cour assez isolée. C’était sans doute la plus grande intimité qu’on pouvait avoir dans ce camp. L’organisation archaïque et très collective du camp lui rappelait, dans un sens, un bidonville où elle avait jadis été pour chasser quelqu’un. Elle ferma les yeux, et Reikus reprit. Avoir fait l’amour avec elle avait semblé le décrisper un peu, dans la mesure où il se permit de la tutoyer :

« Que penses tu faire aujourd’hui, je sais qu’il est encore tôt, mais il faudra partir à la recherche de cet Antéchrist, tu ne crois pas? »

Elle tourna la tête pour le regarder, et un léger sourire éclaira ses lèvres.

« Mais c’était bien mon intention, Reikus... Je compte bien retrouver ce tueur, et m’occuper de ce dernier. Ton aide sera la bienvenue, naturellement... Je pense qu’il faut retrouver Raymond, et obtenir plus d’informations. »

Raymond restait toujours sa seule piste, et elle était sûre que ce dernier n’avait pas tout dit. Elle connaissait suffisamment les gens comme ça pour le savoir. Raymond était, dans un sens, fou. Un passionné, un acharné du travail qui avait noyé son chagrin dans un travail obsessionnel. Il en était devenu paranoïaque, et la Dhampir était sûre qu’il avait de plus amples informations sur l’Antéchrist. Néanmoins, Rayne et Reikus se trompaient sur un point. Ce n’était pas eux qui allaient aller vers l’Antéchrist, mais lui qui viendrait à eux. En effet, tandis que les deux individus discutaient, près d’une tente isolée, un nouveau drame allait être révélé.

Il fut en l’espèce révélé par une simple réfugiée, qui portait avec elle un panier rempli de linges sales. Elle longea une petite tente lorsqu’elle remarqua, sur le sol, une flaque écarlate. Surprise, elle fronça les sourcils, s’agenouilla pour contempler cette flaque, et comprit qu’elle venait de l’intérieur de la tente. Un filament rouge sombre. Elle entreprit alors d’ouvrir la tente. Elle s’attendait à voir un individu blessé à la tête, ou à la jambe. Ce qu’elle vit fut comme un défi à son imagination, si impensable qu’elle en perdit le souffle. Pendant plusieurs secondes, elle resta là, inerte, fixant cet amas de chairs, de tendons, d’os éparpillés dans tous les coins, remarquant une espèce de masse rouge éclatée au centre. Quand elle comprit q’il s’agissait d’un enfant, et quand elle vit, flottant sur une chope remplie de sang, deux petites boules évoquant vaguement des tétons, la femme poussa un long hurlement guttural. Un cri suraigu qui résonna dans tout le camp.

Entendant le cri, Rayne releva la tête, et sortit du bain. Ce n’était pas un cri normal, ça... C’était un cri de panique, de terreur absolue.

« L’Antéchrist ! L’Antéchrist ! entendit-elle quelqu’un piailler.
 -  Il est revenu ! Il a fait une nouvelle victime ! »

Fronçant les sourcils, Rayne se rhabilla rapidement, et tourna la tête vers Reikus.

« Allons voir ce qui se passe... »

Quand ils arrivèrent, il y avait un attroupement autour de la tête. Les badauds discutaient entre eux, et Rayne s’avança lentement, ses lames dhampirs repliées derrière ses bras :

« Il a encore frappé...
 -  Une fillette...
 -  Aucun homme ne pourrait faire ça. Le Cardinal a raison ; c’est l’oeuvre du Diable qui s’abat sur nous. »

Il y avait plusieurs gardes, qui étaient rentrés à l’intérieur, et d’autres qui tentaient de contenir la foule.

« Écartez-vous ! Il n’y a rien à voir ici ! » lâcha l’un des soldats.

Rayne serra les poings.

« Nous voulons des explications ! Vous branlez quoi ?! s’exclama un homme en se rapprochant du garde. Nous pensions être à l’abri ici ! »

Il s’approcha du garde, et le saisit par les épaules. L’homme se reçut alors un coup de la manche en bois d’une hallebarde dans le ventre, suivi d’un coup de poing avec l’un des gants en acier des gardes. Le réfugié paniqué s’écroula sur le sol, sonné, du sang coulant de son nez.

« Ne venez pas me faire chier ! Nous avons d’autres soucis sur les bras !
 -  Comme couvrir les magouilles du duc ? cracha quelqu’un, sarcastique. Le duc doit défendre ses gens ! C’est pour ça que nous payons vos impôts !
 -  Et c’est bien pour ça que ses murs vous protègent !
 -  Nous serions bien mieux à l’abri dans le donjon ! »

Le garde rigola à cette idée.

« Silence, pouilleux ! Les décisions du duc ne sont pas sujettes à négociation !
 -  Notre bon seigneur est un tyran ! Nous ne laissons pas nos enfants crever sans réagir !
 -  Dispersez-vous ! Laissez l’autorité mener ses investigations en paix !
 -  Sinon quoi ? Nous voulons savoir ce qui s’est passé ! »

Énervé, le garde brandit son épée.

« La rébellion est punie de la peine capitale... menaça-t-il. Maintenant, dispersez-vous ! »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le samedi 14 avril 2012, 05:39:36
La visite de Reikus à Château-Lerouge n’était pas sensé être aussi plaisante, il se détendait pour la première fois depuis un bon bout de temps. Non seulement il se détendait, il profitait également de la vie, comme il le faisait lorsqu’il faisait partie de la Mort Dormante. Reikus était quelqu’un de très propre et de remarquablement soigné pour quelqu’un qui arpentait les terres à la recherche de criminel, et cela faisait au moins deux jours qu’il ne s’était pas lavé, il se sentait vraiment sale et ce bon bain lui fît un grand bien.  D’une certaine façon, il se sentait renaitre.

Il se recula et accota sa tête contre le bord du bassin d’eau et regarda le ciel, il faisait beau ce matin. Il n’y avait presque pas de nuages et même s’il faisait toujours un peu froid, la température était tout de même agréable. On entendait les oiseaux chanter et même les bruits provenant de la ville ne semblaient pas aussi agressants qu’ils l’étaient la veille. Ce matin, seul les tentes de réfugiés et le piètre état des gens du peuple laissaient paraitre qu’une rébellion était sur le point d’éclater et qu’un tueur en série fou se promenait librement dans la ville.   

Rein ne semblait pouvoir venir troubler Reikus, il ferma les yeux et sourit, un grand sourire  innocent, son premier vrai sourire depuis des mois. Tout d’un coup, un cri strident vint troubler le repos de Reikus, le camp qui était si paisible avait changé du tout au tout en l’espace de quelques instants. On entendait les gens paniqués qui criaient. Il-y avait beaucoup de mouvement, on entendait le bruit des gardes qui approchaient en courant, quelques choses de grave s’était passé, sans l’ombre d’un doute. Il s’agissait surement d’un meurtre, sinon il n’y aurait pas eu autant de cohue.

-   Allons voir ce qui se passe...

Le commentaire était inutile car le Dernier Inquisiteur s’était déjà rhabiller et se dirigeait vers les cris. Il se déplaçait étonnamment rapidement pour quelqu’un d’aussi costaud que lui, car dans des situations comme celle-ci, rien ne pouvait l’arrêter. Il arriva à la scène à peu près en même temps que Rayne. Une foule s’était amassée devant une grande tente, des gardes tentaient de contenir la foule et d’empêcher les curieux d’entrer, la plupart des villageois avaient déjà vus l’intérieur de la tente. Aucun d’entres eux n’était préparé à voir ce qu’ils avaient vus, cela ce voyait dans leurs visages.

Deux gardes qui essayaient de bloquer le passage aux gens s’écartèrent en voyant le Dernier Inquisiteur leur lancer un de ses regards les plus intimidants. Peut-être qu’ils avaient reconnus le Dernier Inquisiteur, mais généralement, les gens laissaient Reikus faire ce qu’il voulait. Personne ne voulait se mettre ce géant à dos. Il-y avait aussi quelque chose dans son regard, un certain je ne sais quoi qui adoucissait les gens en sa présence, les gardes par exemple, savaient en le voyant ce qu’il cherchait. Aucun criminel ne survivait longtemps avec Reikus à ses trousses, en plus, le Dernier Inquisiteur était aidé par Rayne, une jeune femme qui ne cessait de l’impressionner.

Ce que Reikus vit à l’intérieur de la tente aurait retourné l’estomac de la majorité des gens, et en aurait traumatisé certains. Le Dernier Inquisiteur ne cilla même pas, il était troublé par ce qu’il voyait, et il sentait la colère monter en lui, mais il paraissait toujours calme, comme d’habitude. Tout était clair pour Reikus, il s’était reposé, il avait baissé sa garde, et ça avait coûté la vie à une fillette qui était morte dans d’atroces circonstances. Est-ce qu’Ius lui envoyait un message? Comme pour lui dire qu’il était temps de repartir à la chasse? Peut-être, mais Reikus n’avait pas le temps d’interpréter les messages que son dieu aurait pu lui envoyer, en ce moment, il se concentrait sur le monstre qu’il devait tuer. Il se sentait responsable pour la mort de la fillette, ce qui ne faisait qu’augmenter sa colère.

Dehors, la foule s’était agitée, Reikus sortit de la tente pour voir les gens qui bombardaient les gardes d’injures et de questions. Les pauvres soldats essayaient en vain de garder l’ordre. Les gens du peuple étaient idiot, Reikus comprenait leur colère, mais leur combat n’était pas contre les gardes, il était contre l’Antéchrist et contre le Duc. Il-y avait comme un feu noir qui brulait dans les yeux du Dernier Inquisiteur, il regarda la foule et son regard menaçant suffit à en faire taire certains, mais pas tous. Reikus se laissait guider par son instinct, il devait aider les gardes, mais pas au détriment du peuple

-   Écoutez-moi! Tous! Vous avez tous vus la même chose que moi, c’est un monstre qui as commis ce crime, il n’est plus humain! Laissez les gardes faire, mais surtout, laissez nous faire, dit il en regardant Rayne, les jours ce fou que l’on appelle l’Antéchrist sont comptés, car Ius, juge, jury et bourreau, l’incarnation même de la justice,  est à ses trousses! Bientôt, il aura ce qu’il mérite, et il brûlera en enfer!

Le petit discours de Reikus suffit à calmer la plupart des gens, le calme revint peu à peu. Les soldats étaient à présent capables de maitriser la situation, l’un d’eux s’approcha de Reikus pour le remercier, mais se ravisa en voyant le feu qui brulait dans les yeux du Dernier Inquisiteur.  Reikus prit quelques secondes pour se calmer puis se tourna vers Rayne.

-   Marlowe doit en savoir plus…

Reikus ne prit pas la peine d’en dire plus, il alla finir d’enfiler son armure puis se dirigea directement vers les bureaux du détective. Marlowe lui cachait quelque chose, Reikus n’aimait pas ça. Après quelques minutes de marche, le duo arriva enfin au petit bâtiment dans lequel vivait Raymond. Reikus cogna trois fois de toute ses forces sur la porte, le visage de Marlowe apparut dans l’une des fenêtres du deuxième, le Dernier Inquisiteur le regarda droit dans les yeux. En le voyant, Marlowe se recula. On entendit plusieurs bruits d’objets qui tombent et quelques vers fracassés avant de voir apparaitre le détective, toujours ensommeillé dans le cadre de la porte.

-   Pas la peine de défoncer la porte Mordo, lâcha sèchement  Raymond

-   Laisse-moi entrer Marlowe, il faut qu’on parle, toi, moi et Rayne…

Reikus avait un peu pitié du détective, d’une certaine façon, il l’aimait bien, mais personne ne l’empêcherait de trouver les informations qu’il recherchait, pas même Marlowe
 
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 14 avril 2012, 15:02:09
Ce que Rayne vit en entrant dans la tente la choqua bien moins que Reikus. Il était après tout un humain, et elle une Dhampir, plus habituée au sang. Elle comprit rapidement que tout cela était assez conforme à ce que Raymond suggérait : une macabre mise en scène. Tout avait été fait pour laisser penser à un déséquilibré, mais la Dhampir n’était pas dupe. Le corps au centre, celui de la fillette, était exsangue, ce qu’elle constata bien vite. L’Antéchrist s’était acharné sur son cadavre. Elle attendit que Reikus s’écarte pour imbiber ses doigts du sang qui traînait par terre, et le lécha.

*Beurk !* s’exclama-t-elle.

Le sang avait un goût différent selon les espèces, l’âge, et d’autres critères. C’est ce qui amenait le sang des anges purs à être considéré comme le nectar suprême, une espèce de Saint-Graal impossible à atteindre, et le sang des animaux, des malades, ou des drogués, comme un sang de piètre de qualité. Inversement, le sang des fillettes, des bébés, des enfants, était lui aussi de très bonne facture, mais ce sang qui traînait par terre... Il était infect. Tout simplement. Un humain n’aurait jamais pu faire la différence, mais une vampire, si. Le doute n’était désormais plus permis : l’Antéchrist était un vampire se nourrissant du sang des enfants, et qui maquillait ces succions en crimes affreux, aiguillant ainsi les enquêtes sur d’autres pistes que la poursuite d’un vampire.

*C’est plutôt ingénieux... devait-elle bien admettre. Mais où trouve-t-il tout ce sang de rechange ? Comment fait-il pour le transporter ?*

Bien des questions s’agitaient dans la tête de Rayne, qui sortit rapidement de la tente, afin de ne pas éveiller les soupçons. Reikus invoquait Ius pour calmer les gens. Rayne n’avait jamais entendu parler d’un tel dieu, mais elle reconnut ce mot. Un terme latin, signifiant « droit ». Probablement un Dieu justicier... C’était presque un oxymore d’y penser ainsi, mais les Dieux bienveillants, véritablement bienveillants, existaient bien, après tout. Rayne le laissa parler, tout en continuant à réfléchir. Ce sang était de piètre qualité, mais ce n’était pas celui d’une bête. C’était le sang de quelqu’un qui souffrait physiquement, qui souffrait de carence alimentaire. Des clochards, sûrement...

Rayne hésitait à en parler à Reikus, et décida de se taire. Difficile de dire si elle pouvait lui faire confiance sur ce point ou pas, mais elle savait que sa nature vampirique suscitait bien des méfiances. Reikus était un bon allié, et elle ne voulait pas qu’il devienne son ennemi. Après tout, ce ne serait pas la première fois qu’un paladin se serait retourné contre elle en apprenant sa vraie nature. Prudence est mère de sûreté, et, sur ce point, Rayne frôlait la paranoïa. Elle suivit Reikus chez Marlowe, et ce dernier, secoué, tambourina à la porte, ce qui eut pour effet de réveiller un peu Rayne, de la sortir de ses pensées.

« Pas la peine de défoncer la porte Mordo lâcha Raymond par l’entrebâillement de la porte.
 -  Laisse-moi entrer Marlowe, il faut qu’on parle, toi, moi et Rayne… »

Ce dernier regarda avec méfiance les deux individus, hésitant, puis finit par refermer la porte, ôtant les différentes serrures.

« Je ne sais pas pourquoi je fais ça se lamentait-il, mais je vous conseille de ne pas traîner ici trop longtemps. J’ai à faire, et...
 -  L’Antéchrist a commis un nouveau crime cette nuit » l’interrompit Rayne.

Raymond se tut instantanément, et baissa les yeux, se mordant les lèvres. Il était visiblement perturbé, et se massa la nuque, avant de soupirer longuement, et de s’approcher de sa cuisine. Cette dernière était à gauche en entrant, et était bien moins bordélique que la pièce principale de la maison. Raymond était en train de se faire couler du café. Sur sa table en bois, Rayne vit plusieurs papiers, dont un gros carnet rempli de notes. Elle fut tentée de l’ouvrir pour lire, mais la main de Raymond s’abattit sur le document, le ramenant vers lui.

« Bien que ce soit regrettable, c’était prévisible, finit par lâcher Raymond. Il... Il suit un cycle, vous comprenez ? Il a besoin de se nourrir... A vrai dire, il est possible que cet homme ne soit pas à haïr, mais plutôt à plaindre... »

Une théorie intéressante, mais fausse. Bien des romantiques et des auteurs s’étaient amusés à dépeindre les vampires comme des êtres fatalistes, des créatures maléfiques par nécessité, qui étaient obligés de boire le sang de leurs victimes pour survivre. Une version trash et touchante des prédateurs, mais complètement fausse. Un vampire n’était pas une victime, mis un chasseur. Raymond tentait de noyer le poisson, tout simplement. Il ne leur faisait pas confiance.  Rayne tapa du poing sur la table, et se rua sur Raymond, le soulevant par le col, afin de le plaquer contre un meuble.

« Arrêtez vos conneries, et dites-nous ce que vous savez !
 -  Lâ... Lâchez-moi ! Mais lâchez-moi ! »

Rayne obtempéra, et le laissa choir sur le sol, avant de se diriger vers son carnet.

« Je vous interdis ! vociféra Raymond.
 -  Fermez-là ! Nous sommes dans le même camp, après tout... »

Rayne vit que ce carnet était en fait une série de correspondances, mais eut à peine le temps de s’y intéresser qu’elle entendit un bruit au-dessus. Levant la tête, elle relâcha le carnet.

« Non ! Vous n’avez pas le droit ! »

Sans l’écouter, Rayne grimpa rapidement à l’escalier, et débarqua dans la chambre de Raymond.

« Montrez-vous immédiatement ! »

La pièce était plongée dans la pénombre. Les volets étaient tirés, et on avait précipitamment éteint une bougie. A travers les interstices des volets, des rayons de lumière filtraient, montrant la poussière ambiante. Quelqu’un avait renversé un vase sur le sol, et l’odorat de Rayne fut alors agressé par une espèce de puissant parfum. Elle ne tarda pas à l’identifier aux parfums sensoriels que les dames de charme utilisaient pour appâter les clients, et commença à comprendre de quoi il retournait.

« Vous êtes une pute que Raymond a payé ? Je ne vais pas vous dénoncer au Cardinal... »

Entendant du mouvement sur la gauche, elle vit une femme nue, blonde, sortir d’un coin. Elle était plutôt bien foutue, avec sa longue chevelure, ses grands yeux, sa belle gorge, et ses formes alléchantes.

« Ce n’est pas ce que vous pensez... se contenta de dire la femme.
 -  Et bien, expliquez-moi...
 -  Je n’ai pas à me justifier devant des voyeurs ! » riposta la prostituée.

Ce fut Raymond qui leur expliqua. Son secret découvert, il leur montra le carnet, qui était une série de lettres entre lui et cette femme, qui s’appelait Suzy, dit « Gros-Tétons ». Il fallait bien admettre qu’elle avait une bonne paire. Raymond se justifia difficilement, ayant visiblement honte. Rayne soupçonnait qu’il avait surtout honte à l’égard de sa femme décédée, Marianne, plutôt qu’à l’égard d’elle et du Dernier Inquisiteur. Il leur expliqua que Suzy était une prostituée de Nexus, où elle avait jadis été la fille d’un commerçant qui avait rencontré des difficultés financières, au point qu’il ne pouvait plus payer les impôts locaux, ceux exigés par Cyrus Black. Comme il ne pouvait plus payer, il a vendu l’une de ses filles, la plus belle, pour faire le trottoir. Elle avait été humiliée et rabaissée.

« Et vous l’avez emmené avec vous quand vous avez quitté Nexus ?
 -  Non... C’est elle qui a été amenée ici. »

Pendant qu’ils parlaient, Suzy s’habillait et se baignait. Raymond donna de plus amples explications. Suzy avait été utilisée comme escort girl lors d’une soirée arrosée dans l’une des villas de Nexus. Le propriétaire de la villa avait invité bien des sommités, y compris Black et le duc de Beauregard. C’est à cette occasion que le duc avait engrossé Suzy. Devant le risque que cette dernière n’ébruite cette fresque, le duc l’avait racheté à Black, et conduit au Château-Lerouge. Suzy était devenue une servante au sein du château, et, quand elle avait mis au monde son bâtard, elle avait été balancée à la rue pour des motifs fallacieux. Elle ignorait jusqu’au nom de son enfant, et avait rejoint le bordel du coin.

Raymond ne s’attarda pas trop sur la manière dont il avait été en contact avec Suzy, mais Rayne ne doutait pas que cet homme devait, dans ses moments de désespoir, se perdre dans les cuisses réconfortantes des putes du coin. Il avait fini par retrouver Suzy, et, tandis qu’il parlait, Rayne continuait à réfléchir.

*Black et Beauregard trafiquent ensemble, mais peut-être qu’ils ne se contentent pas que d’échanger de la drogue... Nexus grouille de clochards et d’individus désoeuvrés, d’alcooliques inconnus... Peut-être que Black se charge de les transmettre ici... Ceci voudrait dire que le duc en sait bien plus sur l’Antéchrist qu’il ne souhaite le dire...*

Raymond continuait :

« J’ai redonné espoir à Suzy... Et elle m’aide à obtenir des informations...
 -  ... Si vous saviez comme les hommes peuvent être bavards dans le pieu... lâcha soudain Suzy, derrière eux. Il suffit de flatter leur orgueil, et ils se mettent à parler comme des perroquets.
 -  C’est comme ça que vous avez découvert les petits trafics du duc ?
 -  Le trafic de fisstech auquel se livre le Duc est de notoriété publique ici... Comme le taux de corruption ambiant chez les dirigeants de Nexus. Nous savons où sont les champs de fisstech, par exemple.
 -  Et vous nous voulez quoi ? lâcha Suzy, suspicieuse.
 -  Arrêter l’Antéchrist... Et je pense que les trafics du duc et les meurtres sont liés...
 -  Comment ça ?
 -  Simple déduction... Selon vos théories, l’Antéchrist est un vampire... Il me semble illogique que ce dernier attaque les proies pour prendre leur sang, et en laisse une telle quantité... Personne n’a jamais pensé à faire des comparaisons sanguines ?
 -  Que... Que voulez-vous dire ? »

Rayne secoua la tête. Sur Terre, les méthodes d’investigation auraient du amener la police à comprendre que le sang présent sur les scènes des crimes n’était pas celui de la victime, mais, ici, à Nexus, les méthodes étaient moins approfondies, le niveau technologique n’étant pas le même. Rayne jouait sur un terrain glissant. Elle devait se débrouiller pour leur expliquer que Beauregard se livrait à un trafic d’esclavage sans qu’ils ne découvrent qu’elle était une vampire.

« Ce que je veux dire, c’est que je pense qu’en échange du fisstech qui est produit, Black ne fait pas que donner au duc de l’or, mais aussi des esclaves, et que l’Antéchrist utilise ces derniers pour maquiller ses crimes.
 -  Théorie intéressante, mais il est impossible que le duc soit l’Antéchrist...
 -  Il est en revanche peut-être possible qu’il le connaisse... »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mardi 17 avril 2012, 00:38:50
Raymond avait l’air étrange, quelque chose le préoccupait et son attitude nonchalante était vraiment étrange. Le détective était visiblement paranoïaque, mais il-y avait autre chose, on dirait qu’il ne voulait pas que Reikus et Rayne découvrent quelque chose. Reikus détestait qu’on lui cache quelque chose, Rayne ne semblait pas apprécier elle non plus. Elle informa Raymond que l’Antéchrist avait frappé de nouveau, Marlowe semblait désemparé. Il ne s’attendait pas à ce que leur visite soit si importante, il décida donc à contrecœur de les laisser entrer. Raymond amena le duo vers sa cuisine, elle était bien mieux rangée que la pièce dans laquelle ils avaient discutés hier, mais plusieurs papiers étaient éparpillés à gauche et à droite.

Rayne tenta de s’emparer du carnet de note de Marlowe mais le détective l’avait vu et reprit le carnet. Rayne prit la parole, s’était bien puisque Reikus n’était pas d’humeur à parler, il avait besoin d’encore quelques instants pour se calmer, selon lui, il avait failli à sa tâche et une fillette était morte. Il ne regrettait pas la nuit qu’il avait passée avec Rayne, mais il avait tout de même une mort sur la conscience. Reikus resta planté debout en retrait et observait la scène sans bouger. Il croisa les bras et réfléchissait aux meurtres de l’Antéchrist. Reikus avait l’air plutôt intimidant, sa tête frôlait presque le plafond de la petite pièce.

Marlowe ne voulait pas coopérer, il expliquait que les vampires avaient besoins de se nourrir et que d’une certaine façon il avait pitié de l’Antéchrist. Le Dernier Inquisiteur faillit exploser. Pitié? Comment pouvait-on éprouver de la pitié pour une telle bête. Il tuait et torturait ses victimes sans remords. L’Antéchrist traquait par plaisir, rien ne l’obligeait à causer autant de souffrance, s’il était obligé de se nourrir, il démontrerait une certaine forme de compassion pour ceux qu’il tuait, il ne laisserait pas derrière lui des boucheries atroces comme Reikus avait vu dans la tente.  Le Dernier Inquisiteur n’haïssait pas tous les vampires, certains se contentaient de boire le sang des animaux et laissaient les humains tranquilles, mais ce n’était qu’une fraction.

La plupart n’étaient que des bêtes assoiffés de sang, ils se faisaient passer pour des gens normaux et prenaient plaisirs à se nourrir, au lieu de le voir comme une nécessité. Reikus n’avait pas traqué beaucoup de vampires, pas plus que cinq, à chaque fois, ils terrorisaient des villes et des villages. Contrairement à ce que Marlowe essayait de leur faire croire, ces créatures n’étaient pas à plaindre, encore moins l’Antéchrist.  Raymond cachait quelque chose, un détective comme lui n’irait pas dire en temps normal qu’un tueur tuait par nécessité, on dirait qu’il essayait de se débarrasser du duo et de porter leur attention vers d’autres choses.

Rayne aussi avait sentie qu’il mentait,  elle se jeta sur Marlowe et le souleva de terre, elle était étonnamment forte pour une femme. Même en l’air, Raymond ne se montrait pas plus coopératif, Rayne le lâcha par terre, elle regarda quelques instants le carnet de notes puis leva la tête comme si elle avait entendue quelque chose. Elle monta à l’étage sans rien ajouter. Reikus regarda Marlowe d’un air perplexe, il n’avait rien entendu, et pourtant ses sens étaient aiguisés. Marlowe quant à lui, semblait désemparé, il cachait quelque chose en haut et Rayne s’apprêtait à découvrir quoi.

Marlowe monta en haut et Reikus le suivit, une prostituée que Marlowe avait engagée se cachait dans sa chambre. Raymond s’empressa de leur raconter l’histoire de la blonde qui s’appelait Suzy. Raymond et Rayne discutèrent encore un peu, Reikus les écouta sans parler. La jeune rouquine souleva des points important, elle émit l’hypothèse que le Duc, Black et l’Antéchrist travaillent tous ensembles. À bien y penser, cette théorie était la plus sensé qu’il avait entendu depuis son arrivé à Château-Lerouge. 

-   Voilà qui est… intéressant. Votre théorie est tout à fait sensée, pourquoi est-ce que je n’y avais pas pensé plus tôt? Cela réduit les champs de possibilités, mais nous ne savons toujours pas qui est l’Antéchrist.

-   Pour moi la réponse est simple, nous savons qu’il est puissant et qu’il peut facilement influencer le Duc…

-   Vous ne croyez pas que c’est…

-   Le Cardinal

Reikus n’ajouta rien, il regarda les autres pendant quelques instants avant que Marlowe ne prenne parole.

-   C’est tout à fait probable, sauf que je ne sais rien de ce Cardinal

-   Ce que nous savons, c’est qu’il est puissant, très puissant. En plus, il est arrivé à peu près en même temps que les meurtres ont commencés, non?

-   C’est exact!

-   Il colle parfaitement avec le profil de l’Antéchrist!

Reikus était satisfait de sa déduction, après tout il était le Dernier Inquisiteur, il avait l’habitude de traquer des criminels. Cette affaire était effectivement très complexe, mais rien d’insurmontable. Avant d’agir, il allait devoir enquêter encore un peu, Raymond saurait surement par où commencer.

-   Il nous faudra tout de même un peu plus de preuves, que savez-vous sur les échanges entre Black, le Duc et le Cardinal?

-   Pas grands chose, mais par contre, je crois savoir quelque chose qui pourra vous intéresser, comme Black n’a pas reçu son fisstech, il a envoyé un de ses lieutenants pour parler au Duc. Il est escorté par une dizaine d’hommes,  le groupe ne devrait pas tarder à quitter la ville, si vous vous dépêchez, vous pourrez les intercepter. Avec un peu de… persuasion, je suis certain qu’ils parleront.  

-   Ça reste notre meilleure piste, merci Marlowe, je crois que nous nous reverrons très bientôt.

Reikus sortit de la maison de Raymond, le détective semblait très content de pouvoir enfin se retrouver seul avec Suzy. Il se dirigea vers l’entrée de la ville, une fois là-bas, il se tourna vers Rayne. Les hommes qu’ils allaient rencontrer n’étaient pas des rigolos, Reikus croyait savoir de quel lieutenant il s’agissait. Un homme nommé Kriv, personne ne maniait l’arc à flèche comme lui. Il reconnaitrait surement le Dernier Inquisiteur, donc pas moyen de discuter avec lui.

-   Je propose qu’on attende les hommes de Black un peu plus loin sur le chemin, nous pourrons les prendre par surprise. Mais attention, ce sont des professionnels. Si ma mémoire est bonne, le lieutenant en question s’appel, Kriv, un archer exceptionnel. Reste sur tes gardes

Reikus sourit à Rayne, il savait qu’il n’avait pas besoin de lui spécifier, mais il préférait l’avertir avant, on ne sait jamais
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mardi 17 avril 2012, 03:01:47
[HRP – J’espère que ma carte sera suffisamment explicite x)]

Après cette longue conversation, Reikus émit sa théorie. Rayne l’écouta silencieusement. Le Cardinal ? Pourquoi pas... Mais quelque chose lui disait que ce serait un peu plus compliqué. Ou peut-être qu’elle ne voulait pas que ce soit le Cardinal, peut-être qu’elle voulait toujours croire que l’Antéchrist était l’un des vampires de Kagan. Or, elle connaissait suffisamment son père pour savoir qu’il n’irait jamais mordre un religieux. Superstition terrienne... Kagan avait connu l’Inquisition, et avait perdu bien de ses fils et de ses filles sous les agissements de l’Église. Il n’irait jamais offrir le Don, comme il l’appelait, à un religieux, qu’il soit Chrétien, ou membre de l’Ordre Immaculé. Il les haïssait bien trop pour cela.

*Si l’Antéchrist est le Cardinal, alors cela veut dire qu’il ne descend pas de Kagan... J’aurais donc fait tout ça pour rien* résuma Rayne dans sa tête.

C’était particulièrement frustrant. Elle devait néanmoins bien admettre que la théorie de l’Antéchrist collait plutôt bien, et c’était plutôt ça qui l’embêtait. Qui irait soupçonner un homme de foi ? Mais ce dernier avait plutôt l’air de ressembler à un fanatique... Rayne ne savait qu’en penser, et choisit de suivre la piste de Raymond. Trouver le lieutenant de Black, et savoir ce que ce dernier saurait. Rayne et Reikus laissèrent Raymond, qui fut assez soulagé de les voir partir. Le duo rejoignit le corps de garde à l’entrée du fort. Ce dernier était ouvert. Malgré la situation de crise, un fort ne fermait ses portes qu’en cas de crises rares : épidémies, ou guerres. Des gens en sortaient et en rentraient, généralement des fermiers, ou des soldats, parfois des coursiers.

« Je propose qu’on attende les hommes de Black un peu plus loin sur le chemin, nous pourrons les prendre par surprise. Mais attention, ce sont des professionnels. Si ma mémoire est bonne, le lieutenant en question s’appel, Kriv, un archer exceptionnel. Reste sur tes gardes »

Sortant de ses pensées, Rayne hocha la tête.

« Oui... Je suppose que ce Kriv a du être envoyé pour vérifier l’état des champs de fisstech... C’est donc là-bas que nous aurons nos chances de le trouver. »

Elle essaya de retrouver sa conviction initiale. Certes, l’Antéchrist était un monstre, mais Rayne n’était pas une justicière. Elle chassait une engeance particulière, celle de son père, afin de remonter jusqu’à lui. Si elle avait traqué l’Antéchrist avec un tel acharnement, c’est parce qu’elle était persuadée que ce dernier était l’un des fils de Kagan. Mais, après tout, cette croyance ne reposait sur aucun fondement sérieux que son propre désir. Est-ce qu’elle s’était trompée sur toute la ligne ? Un tel scénario serait cauchemardesque.

« Dépêchons-nous... »

Rayne et Reikus quittèrent le château, avançant sur un long chemin qui était longé par un grand précipice vertigineux. Ils ne tardèrent pas à rejoindre la forêt, Rayne espérant ne pas tomber sur d’autres brigands. De ce qu’elle savait, les forêts étaient remplis d’hors-la-loi, généralement d’anciens paysans affamés qui avaient décidé de prendre les armes pour trouver de quoi subvenir à leurs besoins. Ils avaient sûrement des camps sommaires dans la forêt, mais cette dernière était immense, s’étalant sur de nombreux hectares.

Trouver le hameau de fisstech ne fut pas difficile. Ce dernier n’était pas vraiment dissimulé, et se composait de grands terrains avec des plantes. Le duc n’avait pas menti. Toutes les plantes avaient gelé, et étaient inutilisables. Une récolte complètement massacrée. Ils arrivèrent par les champs, loin de la ferme, qu’on pouvait apercevoir. Un grand bâtiment avec une cour qui l’encerclait, et d’autres bâtiments, des dépendances. Il y avait un entrepôt avec du foin et le matériel des fermiers, ainsi qu’une grande écurie, un puits, et des petites masures pour les employés. En apparence, une ferme sans histoires. Mais Rayne connaissait suffisamment les narcotrafiquants pour savoir que le fermier du coin devait agir en despote sur ses fermiers.

Prudemment, Rayne s’avança le long des énormes plantes, remontant le long du champ pour rejoindre la ferme. Pour entrer, ils avaient longé une muraille en bois, jusqu’à passer par un endroit où le bois avait légèrement pourri. Il y avait plusieurs gardes qui se promenaient le long des palissades, des archers. Des arbalétriers étaient également postés dans la maison du fermier. Rayne et Reikus s’approchèrent suffisamment de la cour pour voir qu’il y avait un homme qui y était attaché. Il se tenait, torse nu et en sang, sur une estrade, avec une barbe vieille de plusieurs jours. Ses yeux clos, sa tête baissée, les mouches qui tournaient autour. S’il n’était pas mort, ça ne saurait tarder.

« Ils vivent comme des esclaves... » réalisa Rayne.

Elle était sûre que le duc savait tout ça. Tournant la tête, Rayne entendit des hommes sortir d’un entrepôt. Elle vit des individus plutôt bien habillés, entourant un homm massif et assez âgé, avec une barbe blanche, et d’impressionnants muscles. Son regard trempé, ses mains couvertes de rides, indiquaient l’homme qui travaillait la terre, soit le propriétaire des lieux. Pour les sceptiques, sa tenue de fermier, constituée d’une salopette bleue sur des vêtements blancs, n’émettait aucun doute possible.

« Vous voyez bien ! Toutes les récoltes sont foutues à cause de ce temps de merde ! »

Le fermier se retourna, parlant visiblement à quelqu’un qui était encore dans l’entrepôt.

« Êtes-vous un fermier ? riposta une voix sourde à l’intérieur. Je croyais que les fermiers savaient prévoir les caprices du temps, pour se faire des réserves. Or, vos réserves se limitent à trois plantes de fisstech... C’est peu, M. Wintston. Très peu.
 -  Le froid s’est abattu bien trop rapidement ! se défendit Wintston. Et puis merde ! Vous n’avez qu’à aller faire chier les bons dieux, je n’y suis pour rien ! C’est tout ce que j’ai réussi à sauver !
 -  Et c’est trop peu pour honorer vos dettes, M. Wintston.
 -  Ne venez pas me menacer sous mon propre toit ! Si vous voulez un responsable, allez voir le duc ! Moi, j’y suis pour rien ! S’il m’avait écouté, je n’aurais pas sous les ordres ces incapables illettrés... Comme ce type, là... Tout ça parce que le duc a des scrupules à utiliser ses propres serfs...
 -  Vos ouvriers sont nos prisonniers, M. Wintston. Des prisonniers de guerre qui croupissent dans les prisons de Nexus en attendant d’être revendus, et que nous vous refourguons. Ces individus que vous malmenez représentent pour nous un manque à gagner substantiel. Ce sont les lois des affaires, M. Wintston : ce que la main gauche perd, la main droite la récupère, avec les intérêts. Et c’est bien là le problème, car la droite ne récupère pas autant que ce que la gauche perd.
 -  Vos calculs comptables, je m’en balance le cul ! Je me contente de faire pousser vos plantes !
 -  Avec un succès notable...
 -  Ne venez pas remettre en doute mes talents avec votre humour de merde, enfoiré d’enculé de pédé de citadin ! riposta le fermier. Il y aura du retard dans la livraison, mais vous aurez votre came !
 -  C’est dans votre intérêt, M. Wintston... »

L’interlocuteur finit par sortir. Il portait un long manteau noir avec une capuche, probablement pour se protéger du froid, ainsi que des gants en cuir. Le long arc elfique qu’il avait dans son dos ne laissait pas de doute sur son identité : c’était Kriv. Ce dernier se mit à marcher, entouré par des hommes d’armes en armures. Leurs armures n’avaient rien à envier aux armures des soldats du château. C’était même plutôt le contraire. Kriv se dirigea vers la maison du fermier. Inspectant mieux la ferme, Rayne finit par la visualiser :

(http://img83.xooimage.com/files/3/6/0/wintston-339ecf8.png)

Elle se tourna ensuite vers Reikus :

« Ça a l’air plutôt bien gardé... Une idée sur la manière dont on pourrait rejoindre Kriv ? »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le vendredi 20 avril 2012, 00:20:01
[HRP : J’adore ta carte, c’est une excellente idée que tu as eue :)]

Tout le long du trajet, Rayne avait semblé un peu troublé. En colère aurait été plus juste, c’était comme si quelque choses la dérangeait. Reikus se souvint qu’elle avait l’air un peu plus de bonne humeur avant leur visite chez Marlowe, étrange. Avait-elle entendu quelque chose qui lui avait déplu? La seule chose que Reikus voyait était sa théorie sur le Cardinal, on dirait que Rayne espérait que l’Antéchrist soit quelqu’un d’autre.  Le Dernier Inquisiteur se souvint que la rouquine avait mentionnée traquer un vampire, elle n’avait pas tout dit mais elle semblait vouloir que l’Antéchrist et lui ne soient qu’une seule et même personne.

Reikus allait devoir lui en parler, sa théorie du Cardinal n’était pas idiote, elle était même bien pensée, mais peut-être que Rayne avait raison. Après avoir intercepté Kriv, il allait devoir lui en parler, Reikus n’aimait pas qu’on lui cache des informations. En parler à Rayne avant de s’attaquer à la ferme de fisstech n’aurait pas été très sage, s’il ne faisait pas confiance à sa partenaire ou si sa partenaire ne lui faisait pas confiance, la mission allait échouer à coup sûr. Mais après, il aurait besoin de réponses, depuis la veille, Rayne avait passée son temps à éviter les questions à son égard, Reikus voulait que ça change.

Arrivés à la ferme, le duo trouva une faille dans la muraille de bois qui entourait la ferme, ils marchèrent dans un champ avant de pouvoir s’approcher de la ferme, les employés vivaient comme des esclaves, le Dernier Inquisiteur était dégouté, s’il ne se retenait pas, il aurait chargé sur la ferme et détruit tout ce qui entravait son chemin. Il faillit exploser en voyant un homme mourant attaché sur une estrade, mais il s’avisa, la mission qu’ils effectuaient était plus importante que tout et ne devait pas être compromise.

Au loin, il crut voir Kriv engueuler un fermier, il n’entendait que des bribes de la conversation, Rayne au contraire, semblait pouvoir entendre très bien ce que les deux hommes disaient. Pendant se temps, Reikus se concentra sur la ferme, il essayait de se faire une carte mentale de l’endroit. Après une longue discussion avec le fermier, Kriv entra dans le bâtiment principal de la ferme accompagné par ses hommes. Reikus avait déjà fait face à Kriv il-y a quelques années. Depuis leur affrontement, Kriv boitait et Reikus s’en était sortit avec quelques nouvelles cicatrices. 

Cela s’était produit à Ashnard, le lieutenant de Black devait rencontrer un esclavagiste pour parler affaires, Reikus avait tué l’esclavagiste et blessé Kriv à la jambe, malgré sa blessure, Kriv restait quand même l’un des meilleurs archers de Terra. Sauf que dans leur prochaine bataille, le lieutenant serait incapable de fuir, et cela arrangeait Reikus. Rayne vint le sortir de ses rêveries, il était en train de se remémorer leur affrontement, après tout, il ne voulait pas commettre les même erreurs deux fois, cela n’aurait pas été très sage…

-   Ça a l’air plutôt bien gardé... Une idée sur la manière dont on pourrait rejoindre Kriv ?

-   Effectivement, ce ne seras pas facile, j’ai l’habitude de laisser l’infiltration au assassins et au voleurs, mais considérant les circonstances…

Reikus réfléchit quelques instants avant de se tourner vers Rayne

-                 Les conditions ne sont pas très favorables, il fait jour et en plus le ciel est dégagé, il ne faudra pas compter sur l’obscurité, mais je crois que j’ai une idée. Les plantations de fisstech nous permettront de rester cacher jusqu’à l’écurie là-bas, si on relâchait les chevaux des hommes de Kriv, cela créerait une diversion. Quand les gardes seront en train d’essayer de rattraper les chevaux, nous pourrons plus facilement nous faufiler vers la maison.  Puis à l’intérieur, nous pourrons nous occuper de Kriv.  

Reikus fit signe à Rayne de le suivre, les plantes leurs permettait de passer relativement inaperçus, Reikus avançait puis s’arrêtait régulièrement. S’il avançait trop rapidement, il ferait du bruit et il attirerait l’attention des gardes. Après une bonne quinzaine de minutes, le duo atteignit le bâtiment qui servait d’écurie. Un seul homme s’occupait des six chevaux qui résidaient dans ce bâtiment. Reikus se rua sur l’homme et lui cogna la tête contre mur, il tomba sur le sol, sans connaissance. Avant de libérer les chevaux, il devrait trouver une façon de sortir rapidement. Il ne voulait pas que les gardes le trouve en plein milieu du chaos qu’il allait créer.

Il trouva une fenêtre assez grande pour lui qui lui permettrait de retomber dans le champ, hors de la vue de tous. Maintenant qu’il était prêt, Reikus ouvrit la porte des boxes pour les chevaux mais aucun de ses vieux canassons ne bougea. Il allait manquer de temps, bientôt quelqu’un allait rentrer, s’était certain. Quand Reikus vit une chandelle qui était resté allumé, un sourire malicieux lui illumina le visage. Il rassembla un peu de pailles dans un coin, il voulait créer un petit feu qui ferait fuir les chevaux sans faire bruler la ferme au complet, il voulait que les gardes soient capables de maitriser le feu,  une tâche plutôt compliqué, mais tout de même réalisable.

Lorsqu’il fût certains que son feu ne causerait pas trop de dégâts, Reikus fit sortir Rayne et jeta le garçon d’écuries par la fenêtre avant de laisser tomber la chandelle dans le tas de pailles, il sortit en vitesse de l’écurie et alla rejoindre Rayne dans les herbes. Reikus ne pouvait s’empêcher de sourire en regardant les chevaux effrayés sortir de l’écurie et piétiner les hommes de Black, s’il aurait pu, il aurait fait bruler toute la ferme, mais la mission passait avant tout.  Les hommes de Black n’étaient que des meurtriers et des drogués à ses yeux, ils méritaient le châtiment que Reikus leur infligeait. 

Comme la maison était proche de l’écurie, Reikus craignait que les deux bâtiments prennent en feu si personne ne faisait rien, mais heureusement, une poignée d’hommes arrivèrent en courant, sauts d’eau en main. Les gardes s’affolaient ce qui permit à Reikus de s’approcher suffisamment de la maison pour trouver une fenêtre qui lui permettrait d’entrer. Il se hissa à l’intérieur et arriva dans une sorte de chambre à coucher, de là, il pouvait entendre la voix de Kriv et de ses hommes.

-   Qu’est-ce qui se passe dehors? rugit Kriv

-   J’en sais rien chef, il-y a un feu dans les écuries  et les chevaux sont devenus fous!

-   Quoi? Comment ça un feu?

Les choses semblaient bien se passer pour l’instant, à l’intérieur, Kriv ne pourrait pas utiliser son arc aussi efficacement que dans un espace ouvert. Le Dernier Inquisiteur sortit de la chambre et marcha jusqu’à un grand salon dans lequel était assit Kriv et ses hommes. Un feu brulait dans le foyer, ce qui rendait la chaleur de la pièce agréable. Quand Kriv vit Reikus, il se leva d’un bond et sortit son arc, le Dernier Inquisiteur le fixa droit dans les yeux. Le regard que Reikus lui lançait voulait dire, je suis de retour cette fois, je ne te manquerais pas…

Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le vendredi 20 avril 2012, 01:07:05
[HRP – Ça m’arrive, de temps en temps 8)]

Reikus avait un plan. Il avait le mérite d’être simple et efficace. Ils se dirigèrent rapidement vers l’écurie la plus proche, où un individu, avec un seau et un balai, faisait le ménage. Reikus bondit rapidement sur lui, et le garçon n’eut que le temps de tourner la tête avant que celle-ci ne s’écrase contre un poteau, l’envoyant dans les nuages. Le garçon s’écroula sur le sol, inerte, et Reikus entreprit ensuite de mettre le feu à l’écurie, avant de ressortir. Rayne le laissait faire, tâchant de ne plus penser à ses problèmes vis-à-vis des problèmes avec l’identité de l’Antéchrist.

La diversion sembla plutôt bien marcher, vu qu’une partie des gardes s’échappa pour contrôler les chevaux et éteindre l’incendie. Reikus et Rayne choisirent alors de passer par une fenêtre, escaladant la maison grâce à un lierre. Ils arrivèrent ainsi dans une chambre à l’étage, et sortirent dans le couloir. Ses lames brandies, Rayne s’apprêtait à se battre. Ils arrivèrent en hauteur, dans une espèce de grand salon avec une énorme cheminée en pierre et la tête empaillée d’une espèce de troll au-dessus. Kriv était là, et son regard croisa celui du Dernier Inquisiteur, avant qu’il ne sorte son long arc. Souriant, Rayne bondit alors dans les airs, et s’écrasa avec ses lames et ses talons sur un garde. Ses deux lames découpèrent chacun des bras de l’homme, et ses talons s’enfoncèrent dans sa poitrine.

« Navrée d’interrompre vos retrouvailles, mes chers, mais nous avons besoin d’informations... »

Rayne plongea vers un autre gredin, armé d’un fléau. Le fléau bondit vers elle, et elle l’évita en bondissant sur le côté, avant de pivoter sur un pied, pour trancher l’homme au niveau du ventre. Ses lames répandirent du sang un peu partout, et elle se retourna pour faire face à un troisième homme, qui avait une armure en cuir, et une épée. Les trois lames s’entrechoquèrent, mais ce dernier avait oublié de prendre un heaume. Rayne avança sa tête, et le frappa au niveau du nez, le déstabilisant suffisamment pour lui permettre de le décapiter. Sa tête heurta le mur, laissant une projection ensanglantée vers le sol.

Un sourire aux lèvres, Rayne se retourna vers d’autres gus... Mais se reçut alors un carreau dans le ventre. Une décharge électrique traversa alors tout son corps, la faisant hurler de douleur. Une douleur intense explosa en elle, et elle s’écroula sur le sol. Kriv avait sorti une petite arbalète à un poing, et contempla le corps fumant de la femme.

« J’espère que tu n’étais pas attaché à elle, Reikus... Car elle est morte... »

Une humaine normale ne pouvait pas survivre à une telle décharge, mais Rayne n’était pas une humaine normale. Elle était sonnée, certes, mais pas morte, et dans un état assez léthargique. Kriv regarda ensuite le Dernier Inquisiteur.

« Je n’ai jamais eu l’occasion de te remercier, Inquisiteur... Quand tu m’as retiré ma jambe, j’ai compris que je n’étais pas aussi fort que je le croyais... Pour que Black continue à me faire encore confiance, j’ai du aller faire un petit tour à Tekhos... J’attendais avec impatience le moment de te revoir, Inquisiteur... Pour finir notre histoire... »

Kriv montra alors sa jambe. C’était une jambe faite d’implants tekhans, une jambe en acier électronique, mais il n’y avait pas que ça que Kriv avait changé. Les implants remontaient pour recouvrir une partie de son corps.

« Il n’y a que comme ça qu’on a pu me sauver... En faisant de moi un homme-cyborg... »

Kriv leva alors le pied, et fracassa le sol, pulvérisant le bois, et tendit sa main vers Reikus. Le gant noirâtre qui la recouvrait s’envola soudain, révélant une main en acier. Des éclairs en jaillirent alors, frappant autour de Reikus.

« Mon corps est suffisamment résistant pour que l’acier ne le tranche pas... J’ignore pourquoi tu es venu, Reikus, mais je sais ce que tu y trouveras : ta mort. Messieurs lança-t-il alors à l’intention de ses hommes, veuillez nous laisser, je vous prie. C’est une affaire personnelle. Brûlez-moi ce corps, ou violez-là, peu me chaud... »

Les hommes obéirent, et soulevèrent une Rayne sonnée, l’éloignant. Kriv, de son côté, fit alors pointer depuis son poignet une longue lame.

« Me rafistoler et m’améliorer m’a coûté une fortune, Reikus, mais je suis sûr que tu vas apprécier... »

Kriv tenait toujours dans sa main son arbalète à une main. Toute une partie de son corps avait été améliorée par des implants, mais tout le reste était encore humain.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le dimanche 22 avril 2012, 00:15:17
Comme à son habitude, Rayne s’élança dans les airs et se jeta sur les hommes de Black, ses derniers ne virent rien venir, Rayne frappa vite comme l’éclair. D’habitude dans un affrontement, le premier adversaire qu’on tuait était gratuit, après, les autres réalisaient ce qui se passait, et pour eux, il fallait payer le plein prix. S’était exactement ce qui se passait en ce moment, les autres gardes avaient commencés à réagir, mais ils n’étaient pas de taille à affronter Rayne. En l’espace de quelques instants, Rayne avait tué deux hommes, le sang se répandait partout dans la pièce, Reikus en reçut même un peu sur le torse.

Reikus allait s’élancer vers un garde quand il vit Kriv dans son coin sortir une petite arbalète de poing, Rayne n’aurait aucune chance d’éviter le projectile. Reikus courut vers elle, il regarda, impuissant, la jeune femme recevoir le carreau d’arbalète dans le ventre, elle s’écroula sur le sol comme puis ne bougea plus. Était-elle morte? Non, c’était impossible! Reikus n’était pas quelqu’un qui s’attachait beaucoup aux gens, mais Rayne était l’une des rares personnes avec laquelle il s’était senti proche. Il n’était pas amoureux d’elle, mais il ne pouvait pas supporter l’idée qu’elle meurt.

-   J’espère que tu n’étais pas attaché à elle, Reikus... Car elle est morte...

Peu importe ce que Reikus pouvait bien vouloir, la jeune femme ne reviendrait pas à la vie, personne ne pouvait survivre à ça, Kriv avait raison. Le lieutenant de Black ordonna à ses hommes d’emporter Rayne et leur suggéra de la violer. S’était dégoutant, prendre avantage d’une morte, ou du moins, d’une mourante. Kriv lui expliqua qu’il avait reçu quelques améliorations depuis leur dernière rencontre. Reikus baissa les yeux, il les ferma quelques secondes. Quand il les rouvrit, il-y avait le même feu noir qui y brûlait, un feu plein de haine et de soif de vengeance.

-   Je suis content de voir que tu as reçu quelques améliorations Kriv… car tu en auras besoin…   

Reikus allait devoir se méfier des éclairs que Kriv lançait et de la force surhumaine que ses implants lui conféraient. Le Dernier Inquisiteur n’avait jamais affronté de cyborg, en temps normal, il aurait donc été prudent, mais sa seule envie était de se jeter sur Kriv et de le faire souffrir. D’habitude, Reikus ne faisait pas souffrir ses victimes, c’était la seul sorte de respect qu’ils  méritaient, mais si le Dernier Inquisiteur parvenait à tuer Kriv, sa mort n’aurait rien d’enviable. Reikus ne devrait pas le tuer, mais il avait déjà pris sa décision, en plus, il pourrait toujours interroger le fermier pour avoir l’information dont il avait besoin.

Mais ça devrait attendre, après s’être occupé de Kriv, il irait trouver Rayne. Il ne pouvait peut-être pas la sauver, mais il pouvait au moins la venger, il lui devait bien ça. Reikus avança lentement vers Kriv, le cyborg ricana un peu avant de lancer une autre décharge d’éclairs en direction du Dernier Inquisiteur, Reikus s’écarta au dernier moment et les éclairs frappèrent le mur de pierre derrière lui. L’Inquisiteur se mit alors à courir, quand il arriva à la hauteur du cyborg, il lui donna un puissant coup d’épée sur le torse. La lame de Reikus rebondit, Kriv avait raison, l’acier ne pouvait pas le blesser.

-   Essaye encore Inquisiteur, nous avons toute la soirée…

Reikus lui assena un puissant crochet de la droite au visage, il visait les articulations de la mâchoire pour la fracasser. Son coup aurait eu l’effet escompté sur n’importe qui et aurait même pu tuer certains, mais Kriv recula d’à peine quelques pas. Il serra son poing et frappa Reikus au niveau de l’abdomen, l’Inquisiteur fût projeté de l’autre côté de la pièce, il atterrit sur une petite table basse qui se fracassa sous son poids. Reikus était un peu sonné, il n’eut pas le temps de voir venir le projectile qui arrivait vers lui. Le carreau atteignit son épaulette et atteignit sa chaire, il sentit une la décharge du carreau se répandre dans tout son corps, il le retira rapidement et se releva péniblement.

Les carreaux électriques de Kriv étaient vraiment meurtriers, Reikus était très chanceux de ne pas s’être fait plus mal que ça. L’inquisiteur ne savait pas trop quoi faire, alors il revint à la charge, Reikus fût stoppé net par le pied du cyborg dans sa figure,  Kriv se mit alors à genoux sur l’Inquisiteur et le frappa à plusieurs reprises au visage, il n’utilisait pas toute la force de ses bras mécaniques, sinon Reikus serait déjà mort ou sans connaissance. Le cyborg jouait avec lui, il voulait le faire souffrir. Il se releva en riant, voyant l’homme qu’il avait juré de tuer en agonie à ses pieds.   

-   Imagine Reikus, ce que je pourrais faire une fois que j’aurais débarrassé le monde du Dernier Inquisiteur, je serais célèbre. Je pourrais peut-être même prendre la place de Black

Kriv se voyait déjà riche et respecté, mais il n’était qu’une racaille avec des implants.

-   Tu es pathétique, tu n’as même pas réussi à sauver la belle rouquine qui était avec toi, tu n’es rien qu’un fou qui sert un dieu qui n’existe même pas… vraiment pathétique

C’était trop, Reikus n’aimait pas qu’on crache sur Ius, mais ce n’était pas très grave. L’erreur que Kriv avait commise était de mentionner Rayne. Le Dernier Inquisiteur en Reikus se réveilla, il sentait toute son énergie revenir à lui, comme un second souffle. Reikus remarqua alors la tête de troll empaillée, elle n’était retenue que par une corde. Reikus prit le petit couteau de lancer qu’il cachait dans sa botte puis regarda Kriv.

-   Je vois que tu n’es pas encore mort… C’est bien…

Reikus lança le couteau qui passa un bon pied à coté de Kriv, il parvint tout de même à entailler la corde qui retenait la tête de troll au dessus de lui. Kriv se mit à rire de plus belle

-   Tu n’arrives même pas à m’atteindre, tu n’es rien!

Kriv ne remarqua que trop tard la tête qui tombait sur lui, elle ne parvint pas à tuer le cyborg mais le fit au moins tomber au sol. Reikus se leva d’un bond avant que le lieutenant de Black ne puisse réagir. L’inquisiteur lui agrippa le bras avec lequel il lançait des éclairs et tira dessus de toute ses forces, il arracha le membre et frappa le cyborg à quelques reprises avec. Il attrapa Kriv avant qu’il ne se dégage de la tête et le traina jusqu’au foyer.

Kriv savait ce que voulait faire l’inquisiteur, et on pouvait lire la terreur dans ses yeux, il essaya de frapper Reikus, mais il le retenait trop bien. L’inquisiteur plongea la tête de l’homme dans le foyer, Kriv criait de douleur et se débattait mais en vain. Reikus regarda l’homme brûler quand il arrêta de bouger, il dit

-   On dirait que tes circuits sont grillés, Kriv…

Mais quelle réplique de mauvais goût! C'étais mieux que rien après tou. Reikus sortit de la pièce en courant, il suivit les traces de sang qu’avaient laissé Rayne. L’inquisiteur arriva devant une porte, il la défonça d’un puissant coup de pied. Il arriva dans petite une chambre où Rayne était étendue sur un lit. Trois hommes étaient présents, l’un d’eux avait déjà détaché son pantalon. Ils regardèrent Reikus d’un air terrifié. Reikus se jeta sur le premier, celui qui avait enlevé son pantalon, puis lui frappa la tête contre le mur.

Cette fois, il ne cherchait pas à assommer l’homme, il voulait le tuer. Sa tête explosa littéralement contre le mur. Reikus se retourna vers les deux autres, il était vraiment effrayant, son visage était plein de sang, un peu du siens mais surtout de celui du garde qu’il venait de tuer. Il frappa un premier homme sur le visage, il s’écroula sur le champ. L’Inquisiteur se tourna vers le second et se jeta dessus. Il lui tordit le cou d’un geste rapide, Reikus souleva alors le deuxième homme puis lui frappa la tête contre la fenêtre. Des morceaux de vitres lui avaient tailladés la figure, Reikus l’acheva d’un coup de pied qui lui fracassa la tête.

Reikus faillit s’écrouler sur le sol, jamais il ne s’était senti en colère comme il venait de se sentir. Il alla au chevet de Rayne puis la serra dans ses bras, les yeux de l’inquisiteur s’écarquillèrent, il sentait un pouls, faible et irrégulier, mais présent. L’un des hommes avait posé un bandage sur la blessure de Rayne pour arrêter le saignement, Reikus avait un baume curatif dans son sac qu’il appliqua sur la blessure et refit un nouveau bandage, mais s’était tout ce qu’il pouvait faire, il n’était pas médecin!

-   Rayne… ne meurt pas! Tu ne peux pas mourir, tu n’en à pas le droit…

Reikus ne pleurait pas, il ne pleurait jamais, mais il était définitivement très triste. Toute sa vie, tous ceux qu’il aimait mourraient, à chaque fois que la vie lui donnait quelque chose, elle la lui enlevait presque immédiatement. Il ne supportait pas l’idée que Rayne puisse mourir, pas maintenant…

Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le dimanche 22 avril 2012, 03:40:08
A mille lieues du combat entre Reikus et Kriv, l’esprit de Rayne végétait dans une dimension alternative. Oui, la Dhampir était sonnée. Très sonnée, même. Son esprit était fracturé, fragmenté, pulvérisé. Elle peinait à reprendre pied avec la réalité, et était traînée, inconsciente, par les trois malfrats. Ces derniers l’amenèrent dans une pièce à part, prêts à passer du bon temps ensemble. La Dhampir était dans l’impossibilité de les en empêcher, et elle se sentit vaguement heurter un lit. Ils riaient, et elle croyait, de loin, les entendre parler.

*Merde... Réveille-toi, Rayne ! Réagis, bordel ! Tu n’es pas morte ! Quoi ? Un petit carreau dans le bide, et tu t’écroules comme une loque ?! Tu vaux mieux que ça !*

Elle avait beau se sermonner, c’était comme si toutes ses forces l’avaient abandonné. On tâta ses lèvres, on toucha sa poitrine, on palpa son corps, pour en arriver à la conclusion que, même bonne, cette salope était encore bien baisable. Elle était même encore plus baisable que la moitié des putes de Nexus. Quant à l’Inquisiteur... Bah, il n’avait aucune chance contre Kriv, après tout. Il n’y avait donc aucune raison de s’en faire. Ils ricanèrent en voyant le corps nu de la femme, la plaçant sur le lit, et se disputèrent un peu pour savoir qui commencerait à lui la foutre. Rayne continuait à errer... Elle espérait surtout se réveiller avant qu’ils ne décident de l’égorger.

L’un d’eux fit glisser son pantalon, et le Dernier Inquisiteur, furieux, débarqua ensuite. Il les tua rapidement, et Rayne, commençant à émerger, sentit quelque chose l’écraser. Elle tenta de gémir, mais rien ne s’échappa de ses lèvres. Son corps vampirique reprenait peu à peu ses forces. Pendant ce temps, le propriétaire de la ferme, Wintston, venait de débarquer dans le salon pour y voir le carnage, notamment le corps enflammé de Kriv. Grognant, il appela ses gardes, et ne tarda pas à retrouver Reikus.

« Tu as buté Kriv ! Tu as conscience de ce que ça signifie pour moi ? Black me tuera ! »

Des gardes jaillirent alors, attaquant Reikus, négligeant Rayne, qui se mit à tomber sur le sol, commençant à rouvrir les yeux. Elle entendit le bruit de la bataille, une vitre qui explose. Un homme s’écrasa devant elle. C’était du combat rapproché, compte tenu du faible espace disponible, et Rayne, en s’appuyant sur ses avant-bras, fit Reikus manquer tomber par terre lorsqu’une chaise se fracassa sur sa tête. Un fouet claqua ensuite, mais les malfrats continuaient à s’exclamer et à hurler.

« Ah ! Non, pas ça, aaah !
 -  Empêchez-le de... ! »

Wintston vit peu à peu ses hommes mourir, et pointa vers Reikus l’arbalète à un poing de Kriv, qui avait survécu au désastre. Reikus était trop loin pour atteindre le fermier avant qu’il ne tire.

« J’ignore quel genre d’enfoiré tu es, toi, mais je ne vais pas laisser un vagabond me... »

Wintston poussa soudain un léger cri. Ses yeux s’écarquillèrent brutalement, et il se mit à cracher du sang, tandis que l’arbalète s’échappa de ses doigts. Baissant les yeux, vomissant du sang, Wintston vit une tâche écarlate au milieu de son ventre, avec une dague enfoncée dedans. Son regard dériva de la lame, du sang, pour atteindre celle qui avait envoyé la lame. Il vit le corps couché de Rayne, remontant de ses jambes jusqu’à son visage. Il vit un sourire ravi, et une main tendue vers lui. Rayne s’était emparée de la dague accrochée à la jambe d’un cadavre pour le balancer sur lui. Son visage ruisselait de gouttes de sueur, et Rayne entreprit lentement de se redresser.

« Co... Comment... ?! tenta de dire Wintston.
 -  Contente-toi de crever, enfoiré » répliqua Rayne en brandissant son majeur vers lui.

Le fermier s’affala ensuite lourdement sur le sol, et Rayne regarda Reikus. Ses jambes tremblaient, et elle s’assit sur le lit, reprenant son souffle. Tout son corps tremblait, et elle passa son front entre ses mains.

« Raah putain... soupira-t-elle. Désolée de vous avoir inquiété, Reikus... Ce coup m’a eu... Par surprise... J’imagine que Kriv est mort, maintenant.... »

Ceci réduisait à zéro leur piste sur Black. Impossible d’en savoir plus sur ce dernier. Rayne soupira longuement, et entreprit de se relever. Elle manqua tomber, mais réussit à se maintenir.

« Il... Il n’y a plus qu’à retourner au château, je crois... »

Ils n’avaient plus rien à faire ici, et Rayne redoutait ce qui allait suivre. Reikus n’était pas idiot ; un simple humain n’aurait pas survécu à une telle décharge.

« Je... Je vous dirais tout au Château, Reikus, mais... Pas ici... Je ne me sens pas en état... »

C’était on ne peut plus vrai.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mardi 24 avril 2012, 01:25:04
Rayne ne semblait pas vouloir se réveiller, si elle mourrait, Reikus aurait une autre mort sur la conscience. Il n’aimait pas s’apitoyer sur son sort, heureusement pour lui il n’en eut pas vraiment le temps car le fermier Winston et des gardes firent irruption dans la chambre. Un combat s’ensuivit, Reikus massacrait les quelques hommes qui se jetaient vers lui, mais il venait quand même d’être malmené par Kriv, alors il ne pourrait pas tenir bien plus longtemps, Winston se contentait d’observer la scène de loin. Il n’avait pas l’air d’être méchant, mais malheureusement, il s’était réduit à travailler avec des criminels et pour cela, il méritait que la justice divine d’Ius s’abatte sur lui. Le fermier n’était pas vraiment une menace pour l’instant, donc Reikus le négligea.

Une grave erreur, possiblement la dernière que le Dernier Inquisiteur aurait la chance de commettre, Winston pointa alors l’arbalète de poing qu’il avait prit sur le corps de Kriv et la pointa vers Reikus. L’Inquisiteur n’avait pas le temps d’éviter le projectile, si le fermier visait juste, le coup pourrait très bien être fatal. Reikus ne voulait pas mourir, il-y avait encore tant de choses à faire, mais il savait qu’un jour son heure viendrait, quand la mort viendrait à lui, il se résignerait à l’accepter car tel était son destin. Son attitude fataliste l’aidait beaucoup, car ceux fuient la mort sont certains de la trouver avant les autres. 

Reikus devait admettre, que s’était une étrange fin pour le Dernière Inquisiteur, trop étrange pour être vraiment sa fin. Il allait mourir abattu froidement par un vieux fermier en colère parce qu’il avait tué un cyborg, pendant que l’Inquisiteur tentait de sauver une jeune femme qu’il avait rencontrée la veille. Cette fin était trop invraisemblable, quelque chose allait surement se produire, il le fallait.

Reikus ne fut pas déçu, Rayne, utilisant le peu qui lui restait de forces pour lancer une dague dans le ventre du fermier, Winston échappa son arbalète et mourut quelques instants plus tard. Rayne était vraiment en vie, et en plus elle venait de sauver la vie à Reikus. Quelqu’un de normal ne pouvait pas accomplir un tel exploit, pas après avoir reçu un tir mortel au ventre. Rayne cachait quelque chose, et Reikus en avait assez de jouer à ses petits jeux, il voulait des réponses et il les voulait maintenant. Il se dirigea alors vers Rayne pendant qu’elle se relevait puis s’apprêta à lui parler.

Son regard n’était plus doux, pas comme quand il était convaincu qu’elle allait mourir, non, Reikus avait le regard du Dernier Inquisiteur. Un regard dur, que Reikus prenait involontairement lorsqu’il cherchait à savoir quelque chose, ou lorsqu’il sentait que les choses n’allaient pas comme il le voulait. Il regarda Rayne se relever péniblement et s’excuser de l’avoir inquiété, quand elle demanda si Kriv était mort Reikus ne lui répondit que par un signe de tête, il n’était pas trop d’humeur à parler, pas maintenant. Il avait reçu plusieurs bons coups et il était aussi un peu en colère.  La rouquine sembla deviner tout de suite que Reikus avait plusieurs questions à lui poser, mais ce n’était pas le bon moment pour parler.

Reikus aida Rayne à se relever et l’appuya sur lui pour qu’elle puisse mieux marcher, ils sortirent péniblement de la maison, dehors, une demi-douzaine de gardes les attendaient, quand ils virent Rayne et Reikus immaculés de sang, ils devinèrent que Kriv était mort, ainsi que tout ceux qui étaient à l’intérieur de la maison. Ils ne bougèrent pas, Reikus fronça ses sourcils et regarda chaque hommes un par un. Aucun garde n’avait le goût de se battre contre eux, même s’ils étaient amochés, ils laissèrent donc passer le duo sans problème. L’inquisiteur aida Rayne à marcher pendant tout le trajet du retour, arrivé à la ville, il était extenué. Il se dirigea alors chez Marlowe, s’était la chose la plus sage à faire. Arrivé chez le détective, il cogna lourdement à la porte, Raymond était probablement en train de passer du bon temps avec Suzy.

-   Rhabille-toi en vitesse Marlowe, j’ai besoin de toi!

Marlowe alla ouvrir la porte rapidement, il avait les cheveux dépeignés, donc la théorie de l’Inquisiteur était probablement exacte. Marlowe s’apprêtait à rabrouer le Reikus quand il vit le piètre état du duo, il les fit alors entrer sans poser de question. L’Inquisiteur alla étendre Rayne sur un divan, son état semblait s’être amélioré depuis la ferme, mais elle souffrait toujours. Reikus quant à lui, il était pas mal amoché. Kriv lui avait probablement cassé quelques os et les garde l’avaient coupé à quelques reprises. Reikus n’était pas venu à Château-Lerouge sans préparations, il savait comment joindre un docteur du coin, car l’Inquisiteur ne s’attendait pas à se reposer pendant son voyage. Il écrit alors l’adresse du médecin sur un papier et le tendit à Marlowe

-   Va à cette adresse, dit à l’homme qui te répondras que le Dernier Inquisiteur à besoin de lui.  

Une quinzaine de minutes plus tard, le docteur en question arriva, Reikus lui faisait confiance. Il avait déjà eut recours à ses services quelques fois auparavant. Ce vieux bonhomme n’était surement pas le plus qualifié des médecins, pas le plus sobre non plus, mais il était de la vieille école, il ne posait pas de questions et ne se ferait pas acheter par un quelconque pot-de-vin. Reikus lui demanda tout de suite de s’occuper de Rayne, après une bonne heure passée sur son cas, il examina Reikus.

-   Je ne sais pas ce que vous avez faits et je ne veux pas le savoir, dit l’homme entre deux gorgées dans une bouteille de whisky, mais vous vous êtes fait salement amocher, toi et ton amie. Tu as une côte de brisé, au moins trois de fêlés, une légère commotion et ta mâchoire s’est disloqué, je peux facilement t’arranger ça, mais en ce qui concerne la rouquine, je ne sais pas ce qui la maintien en vie, mais ce n’est pas normal. Mais j’aime mieux ne pas poser de questions.  

Le docteur sortit alors de sa trousse quelques instruments

-   Bon, on ferait mieux de commencer... Anesthésiant? dit-il en lui tendant la bouteille de whisky

-   Non

-   Tu vas passer un mauvais quart d’heure, fiston…

Le docteur opéra pendant une bonne vingtaine de minutes, vingt douloureuses minutes. Reikus aurait pu subir pire, mais replacer des os ne faisait jamais du bien, surtout quand les mains du médecin tremblaient. L’état de Rayne s’était stabilisé, elle au moins, n’avait pas l’air d’avoir sentis grand choses. Reikus savait qu’il ne devrait pas se plaindre, après tout, ce n’était pas lui qui était passé à deux doigts de la mort. Reikus alla chercher une bourse dans son sac puis la tendit au médecin

-   Merci Doc, on s’était entendus pour 500 non? En voici mille, pour que tu ne parles pas…

-   Non fiston, pour que j’achète du whisky…  

Le docteur partit, Reikus alla s’assoir sur une chaise près de Rayne, il attendit là plusieurs instants sans dire un mot. Il regardait la femme sans bouger. Pendant ce temps, Marlowe et Suzy étaient restés en retrait et avaient observés le docteur, Reikus leur fit signe de s’éloigner, il avait besoin d’une discussion en privé avec Rayne

-   Tu me dois quelques explications… dit-il finalement
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mardi 24 avril 2012, 02:33:00
Le trajet de retour vers le Château-Lerouge fut assez long. Reikus aida Rayne à marcher. Il fallait que son corps se rétablisse, que son système nerveux se remette à fonctionner. Ses sens fonctionnaient difficilement ; la lumière l’agressait, et elle titubait, manquant parfois chavirer, ses yeux tremblant. Ils retournèrent chez Marlowe. Le détective les laissa entrer, assez surpris. Dans le coin de l’escalier, Suzy était là, glissée dans un drap dissimulant ses formes alléchantes. Une espèce d’hirsute docteur inspecta le corps de Reikus, tandis que la Dhampir reprenait pied à la réalité. Lorsque le médecin se retira, Rayne était alors pleinement réveillée, et dut affronter Reikus :

« Tu me dois quelques explications… »

Elle ne répondit pas sur le coup, s’humectant les lèvres, avant de regarder par la fenêtre grillagée de la fenêtre de la cuisine la rue. Avec le soleil, on pouvait mieux la voir. La rue était assez silencieuse et sinistre. Il n’allait probablement pas tarder à pleuvoir, car de gros nuages gris commençaient à recouvrir le ciel. Rayne se mit à parler, commençant par le commencement :

« Je suis née il y a de nombreuses années... Dans un endroit que tu ne connais certainement pas... »

Elle évita de lui dire qu’elle venait d’une autre planète. Ce qu’elle avait à dire était déjà suffisamment compliqué comme ça.

« Je suis née dans un paisible petit village, si reculé et arriéré que tout était concentré dans l’église du coin : l’école, la crèche, l’infirmerie... Il y avait bien une mairie, mais, à chaque fois que les villageois avaient un problème, ils allaient voir le prêtre... J’ignorais qui était mon père. Quand j’en parlais à ma mère, elle se contentait de me dire que son identité importait peu. Mon village sortait d’une guerre sinistre pour l’indépendance de ce peuple dans lequel je suis née. Je croyais que mon père était un courageux soldat qui s’était battu et était mort pour la cause de mon pays... »

Elle secoua la tête, comme pour chasser cette idée, et se retourna pour le regarder.

« Je me croyais normale, jusqu’à ce que Rusty me tombe dessus... J’avais alors six ans, et Rusty en avait quatorze. C’était une petite brute, la petite frappe de l’école, qui brutalisait les autres en utilisant ses poings pour obtenir des bonbons, ou qu’on lui fasse des copies. Il aimait battre les gens, et moi, j’étais ami avec un garçon qui avait dix ans, Drey... Un jour, Rusty nous est tombé dessus... »

Rayne s’en souvenait. Elle avait eu la peur de sa vie. Rusty était un individu massif, un petit gros avec de gros poings, qui avait expliqué à Drey qu’il voulait son sandwich, et de l’argent. Ce dernier avait hésité, tremblant de peur, et Rusty l’avait poussé dans la boue en riant.

« Il molestait Drey, et je suis intervenue... J’ignore ce qui m’a pris, mais j’ai failli le tuer... J’ai fait couler son sang, et, quand j’ai vu le sang... Drey est parti en hurlant de peur devant ma rage, et j’ai alors compris que je n’étais pas normale... Ma mère... Ma mère m’a dit qu’il y avait en moi une... Une « bête ». Comme tous ces contes modernes. Une bête cruelle et avide de sang, une bête se complaisant dans le chaos et la destruction. Après l’épisode avec Rusty, le village s’est méfié de moi, et de ma mère... Et, un jour, mon père est revenu... »

Elle ferma les yeux, respirant lourdement, avant de poursuivre.

« J’ai alors compris que mon père était bien un soldat, mais qu’il faisait partie de l’autre camp, et que, dans cette région, c‘était ce camp qui avait gagné. Il est revenu, car, lors de son précédent passage, il avait violé, torturé, et tué plusieurs femmes. Or, il avait appris qu’il avait une fille... Moi... Il voulait me prendre, me former, mais ma mère s’y refusait. Elle m’a enfermé dans une cache dans la cheminée en me mettant un bâillon autour des lèvres. Ensuite, il est venu, et... Et... Et... »

Elle se mordilla les lèvres, sentant un frisson la parcourir. Rayne reprit son souffle après plusieurs secondes. La Dhampir inspira longuement, expira, puis annonça tout de go :

« Elle a affirmé que le village m’avait chassé. Il ne la croyait pas. Alors, il l’a frappé. Et, comme elle maintenait cette version, il l’a violé, et il l’a tué. Ensuite, il est parti, et il a brûlé tout le village... Il a enfermé les gens dans l’église, et il a mis le feu à cette dernière, avant que tout le village ne brûle également. Les gens... Je les entends encore hurler... Et... Et je sais qu’il savait que j’étais là. Il l’avait senti, et il avait regardé cette cheminée, où il y avait une petite grille. J’ai vu ma mère se faire violer devant moi, se faire torturer et tuer Il a bu son sang, et... Et... Il... »

Elle ne parvint pas à le dire, mais mima le geste. Ses mains s’écartèrent, indiquant qu’il avait ouvert son corps, l’avait découpé en deux.

« Un vampire sent le sang... Il a senti mon sang palpiter, mais il ne m’a pas pris. J’ai erré dans la nature. Il pensait que je reviendrais à lui tôt ou tard... Il pensait que ma haine ferait de moi la plus puissante de ses filles, et, sur ce point, il ne s’est pas trompé. Mais, malheureusement pour lui, ma haine ne s’est pas tournée envers l’humanité. Au début, je haïssais tout le monde, mais des gens m’ont aidé à voir la réalité, à orienter ma haine envers le seul qui en était responsable : Kagan. Mon père. Je le traque. Lui. J’ai failli le tuer une fois, mais... J’ai échoué... Et, pour l’atteindre, je traque ses créations. Sa Famille... J’ai détruit toute sa Famille, mais il en reconstruit une autre, et j’ai craint que l’Antéchrist ne... »

Rayne s’interrompit soudain. Un violent coup de pied pulvérisa la porte d’entrée. Elle vit alors les gardes rouges du Cardinal entrer. Raymond ne tarda pas à venir, dévalant l’escalier.

« Mais qu’est-ce que... ?! »

Il se reçut un coup de poing en pleine figure, et s’écrasa contre le mur, groggy.

« Raymond Marlowe, pour avoir forniqué avec une prostituée, avec une femme qui vend son corps, qui dénigre la pureté de l’âme et du corps, vous êtes condamné au délit de fornication. »

Les Commodores s’avancèrent alors vers Rayne et Reikus.

« Vous... Vous n’avez aucun droit ! réussit à dire Raymond.
 -  Si vous n’aviez pas votre queue plongée entre les cuisses de cette catin, vous sauriez que les crieurs publics viennent d’annoncer que, par ordonnance spécial, Sa Majesté le duc de Beauregard a transmis à Sa Sainteté le Cardinal les pleins pouvoirs d’administration seigneuriale pour résoudre cette crise. Saisissez-vous aussi de la catin. Elle est récidiviste. Elle apporte sur nous les démons.
 -  Si vous ne dégagez pas, prévint Rayne, c’est moi qui... »

Une forme apparut soudain dans l’embrasure de la porte. Un homme dans une longue robe de prêtre avec un bâton. Le Cardinal !

« Diablesse ! C’est toi qui sortira d’ici, monstre ! »

Rayne sentit une espèce de force la soulever. S’envolant, elle passa à travers la fenêtre, et heurta le sol. Le regard illuminé du Cardinal se planta sur celui du Dernier Inquisiteur.

« Quant à vous... Dernier Inquisiteur, vous avez forniqué avec une vampire... »

Une force écrasa Reikus, et l’envoya également passer à travers la fenêtre. Des fenêtres s’ouvraient, des gens regardaient, et les Commodores marchèrent rapidement vers les deux individus. Le Cardinal sortit.

« C’est vous qui...
 -  Silence, monstre ! Oui ! Oui, braves gens, observez ! Voyez ! Celui qui tue vos enfants, celui qui vous harcèle, qui vous menace, qui maudit votre existence... C’est cette créature, cette... Cette non-humaine qui porte sur elle le sceau du Diable ! Elle est la récompense de vos péchés, de votre luxure ! »

Rayne se releva soudain, et brandit ses lames, bondissant vers le Cardinal. Ce dernier se contenta d’écarquiller les yeux. Le cristal dans son bâton vrombit à nouveau, et un éclair blanchâtre frappa de plein fouet Rayne, qui s’écrasa sur une flaque de boue. Elle tenta à nouveau de se relever, mais un Commodore la frappa au visage, et un autre l’attrapa par les épaules, lui faisant tomber ses lames. Le Cardinal s’avança vers elle, et leva les doigts. Rayne releva alors la tête, et tenta de se libérer. On lui fit alors porter sur les lèvres un liquide rouge, et elle frémit. Le sang d’un nouveau-né ! Ce sang pur et innocent. Ses yeux se révulsèrent et elle poussa un cri, sentant une soif la saisir. Ses canines pointèrent, et chacun put la voir.

« Une vampire !
 -  Elle est l’Antéchrist !
 -  Le Cardinal a raison ! »

Le Cardinal hocha la tête, et se retourna.

« Envoyez-là dans les cellules... Elle sera exécutée demain... Ou aujourd’hui... Quant à vous, Dernier Inquisiteur, vos faits de service parlent pour vous, mais plusieurs témoins ont juré vous avoir vu forniquer avec cette femme. Votre âme est souillée de son empreinte. Pour nous assurer qu’Ius, le Dieu de la Justice, guide toujours votre âme, vous serez soumis aux épreuves de l’ordalie.
 -  L’ordalie ! renchérit quelqu’un. L’ordalie ! L’ordalie ! L’ordalie !
 -  L’ORDALIE ! L’ORDALIE ! L’ORDALIE ! L’ORDALIE ! » reprit-on en boucle.

Avant que Reikus ne puisse dire quoi que ce soit, l’un des Commodores le frappa à la tempe, l’envoyant s’écraser sur la boue.

[HRP – Pour préciser (si jamais x)), l’ordalie est une épreuve médiévale judiciaire qui était utilisée à titre probatoire. Afin de déterminer si les prétentions d’une personne étaient bien fondée, on la soumettait à une épreuve dont elle ne pouvait sortir gagnante qu’avec l’aide de Dieu. Je te laisse libre d’organiser les premières épreuves de l’ordalie. Si tu veux des exemples, on peut en trouver sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ordalie#Typologie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Ordalie#Typologie). Voilà x)]
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 26 avril 2012, 05:56:47
Reikus écouta attentivement le récit de la jeune femme, il ne savait pas trop quoi en penser. Reikus ne savait pas s’il devait être en colère contre Rayne puisqu’elle lui avait mentie, où s’il devait plutôt éprouver de la compassion pour son histoire triste.  Mais bien sûr, il ne pouvait pas être certain que son histoire était vraie, la jeune femme lui avait déjà mentie une fois, rien ne l’empêchait de le refaire à nouveau. Pourtant, le Dernier Inquisiteur avait tendance à deviner quand on lui mentait, ou lorsqu’on lui cachait quelque chose, et il ne sentait pas que Rayne lui mentait, pas cette fois-ci.

Reikus prenait peu à peu conscience des détails de son histoire et ce que cela impliquait, si son père, Kagan, était un vampire, cela voulait dire, que Rayne l’était aussi, mais comme sa mère ne l’était pas elle non plus, elle ne pouvait pas vraiment être vampire à part entière. Elle n’en dit pas plus à ce sujet, Reikus supposa donc qu’elle était une sorte de demi-vampire, ce qui était étrange pour lui. Il n’était pas possible qu’elle ne soit pas vampire, elle avait survécu à une décharge d’arbalète qui l’aurait peut-être même tué lui, le Dernier Inquisiteur. Reikus n’était plus certain de rien.

Il se mit à tâter son propre cou, pour s’assurer qu’il n’y avait aucune trace de morsures, il avait passé la nuit avec elle, ils avaient même faits l’amour ensembles, la jeune femme avait eue plein d’occasions pour le mordre. Reikus ne sentait rien, mais peut-être qu’il n’était pas sensé sentir ce genre de choses. L’inquisiteur ne savait pas trop quoi faire avec Rayne, il n’eut pas beaucoup de temps pour se pencher sur la question car les gardes du Cardinal surgirent dans la pièce en défonçant la porte,  bientôt suivis du Cardinal lui-même. Il accusa Rayne d’être l’Antéchrist, Reikus ne savait plus qui croire, son instinct lui disait que ce n’était pas elle, mais il ne pouvait pas en être certain.

-   …Votre âme est souillée de son empreinte. Pour nous assurer qu’Ius, le Dieu de la Justice, guide toujours votre âme, vous serez soumis aux épreuves de l’ordalie

L’ordalie, Reikus au fond de lui, savait qu’il y aurait été soumis un jour ou l’autre. La seule raison pourquoi on ne l’avait pas déclaré hérétique était parce qu’il servait la justice, et que les gardes l’appréciaient puisqu’il s’occupait des criminels dans les villes. L’Ordre quant à lui, n’appréciait pas du tout son travail, c’est pourquoi Reikus n’était pas surpris de sa sentence. Quoiqu’il ne se soit jamais imaginé que se serait pour avoir forniqué avec une vampire. Il avait l’impression d’avoir déçu le peuple, mais par-dessus tout, il croyait avoir déçu Ius. L’Inquisiteur sentit à peine le coup du commodore venir, il était trop préoccupé pour sentir la douleur. Reikus tomba face dans la boue, et se laissa glisser lentement vers les sombres abimes de l’inconscience.

Le Dernier Inquisiteur fît un rêve, il ne faisait jamais de rêve. Reikus était dans une forêt, une forêt qu’il avait déjà vue auparavant, c’était la forêt dans laquelle il s’était réveillé quelques années plus tôt, c’était là qu’il avait rencontré Ius pour la première fois. Il faisait nuit, Reikus ne voyait presque rien, il marcha sans vraiment savoir où il allait pendant un bon moment. Il arriva alors à une clairière, en son centre se trouvait la souche d’un arbre coupé. La lune éclairait vivement cet endroit, Reikus avança vers la clairière. Quand il atteignit la souche, un grand coup de tonnerre rugit et il se mit à pleuvoir. Reikus regarda au ciel, il vit une forme qu’il ne pouvait pas très bien distinguer, mais il savait de quoi il s’agissait : Ius venait à lui en rêve.

-   Je vois que tu passes du bon temps à Château-Lerouge…

-   Pardonne-moi Ius! J’ai failli à ma tâche, j’ai laissé mes envies prendre le dessus sur mon devoir.

-   Si je viens à toi Reikus, ce n’est pas pour te punir, mais pour te protéger… Tu n’a rien fait de mal… la justice demande certains sacrifices, mais même toi, Inquisiteur, doit prendre du bon temps. Mais ne laisse pas ta passion guider tes pas, sinon, tu ne seras point différent des bêtes que tu traques. La Justice, illumineras toujours ton chemin Reikus.

-   Mais, je ne sais plus quoi faire! Rayne, elle est… elle est une…

-   Vampire…  

Il y eut une longue pause

-   Tu dois bien te douter des crimes que ce Cardinal à commis et tu à vus la corruption à Château-Lerouge, pourtant, la Vampire était à tes côtés, elle t’a aidé dans ta quête de justice. Elle risque à chaque jour de perdre le contrôle et de devenir une bête, mais les hommes que tu pourchasses le sont déjà… Ce sont eux qui doivent tomber… Maintenant, tu dois faire face aux épreuves de l’ordalie, garde en tête ce que je t’ai dit, et sache que je serais toujours là…

Reikus se réveilla tout d’un coup, il était porté par deux gardes devant une centaine de personnes dans une sorte de petite arène. On avait menotté l’Inquisiteur aux mains et aux pieds et on lui avait retiré tout ses vêtements sauf ses pantalons.  Reikus repéra le Cardinal au beau milieu de la foule, une section complète était réservée à lui et ses hommes. Le Cardinal se leva puis les gardes le lâchèrent. Reikus se releva péniblement, toutes les parties de son corps lui faisaient mal. Combien de temps avait-t-il dormis? Au moins quelques heures.

-   Inquisiteur, vous êtes accusé d'avoir forniqué avec une vampire, pour nous prouver que vous êtes toujours pur, vous serez soumis aux épreuves de l’ordalie.  L’épr…

-   Où est Rayne?

-   La diablesse? Vous n’avez qu’à vous retourner Inquisiteur, si vous survivez à l’ordalie, vous aurez la chance de le voir brûler...

Reikus tourna sa tête, derrière lui, à une centaine de mètre se trouvait Rayne. Elle était attachée à un bûcher, trois gardes la surveillaient. L’inquisiteur ne pouvait pas dire si elle était consciente, la vampire était trop loin de lui.

-   Donc la première épreuve… l’ordalie par le feu!  

Deux bûchers entrecroisé furent allumés, on ordonna à Reikus de les traverser. Le Cardinal cherchait à se débarrasser du Dernier Inquisiteur, donc l’épreuve avait été un peu truquée.
Reikus était forcé à marcher sur de la braise, étrangement, le Cardinal s’était assuré qu’on lui retire ses chaussures. Personne ne lui avait retiré ses chaines non plus, lorsqu’il marcherait au cœur du feu, ces dernières lui feraient souffrir le martyr. Un des gardes poussa Reikus, l’Inquisiteur avança en titubant jusqu’à ce qu’il atteigne les bûcher. Il avança tout droit, il n’avait qu’une cinquantaine de mètres à parcourir, mais à cause des chaines à ses pieds, il ne pourrait pas se déplacer aussi rapidement que d’habitude.

Le Dernier Inquisiteur ne craignait rien, il venait de rencontrer son dieu. Reikus était prêt à réussir n’importe quelle étape qu’on lui demandait de faire. Ce feu ne l’impressionnait pas le moins du monde. Sans plus hésiter, il se jeta dans le brasier. L’Inquisiteur avançait, lentement mais sûrement. Après une dizaine de pas, il ralentit, ses pieds souffraient comme jamais ils n’avaient soufferts, les braises lui brûlaient le dessous des pieds. Le métal des chaines avait commencé à chauffer, Reikus sentait sa peau brûler, mais il ne s’arrêta pas.

Il avait un but, et quand Reikus avait une idée en tête, personne ne pouvait l’arrêter. Il continua d’avancer, malgré la chaleur, malgré la douleur. Après plusieurs longs moments, on le vit surgir de l’autre côté des brasiers.  Le Cardinal se leva d’un bond, personne ne pouvait traverser un pareil feu et en sortir quasiment indemne. Reikus regarda le religieux d’un air victorieux puis dit,

-   C’est tout ce que tu as? Ius guidait mes pas à travers les flammes, riens ne peut arrêter le Dieu de la justice!

Reikus venait carrément d’insulter le Cardinal, ce dernier n’apprécierait probablement pas qu’on le rabaisse publiquement. Pour l’instant, Reikus voulait sauver Rayne, elle lui avait mentie et il était très en colère contre elle, mais leur dernière conversation s’était terminé un peu abruptement, elle méritait au moins que Reikus lui donne une chance de s’expliquer. L’inquisiteur allait aussi devoir sauver Marlowe, il lui devait bien ça.

(HRP: Je savais à peu près ce qu'était l'ordalie, mais j'ai apprecié que tu me donne des exemples ;) )
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le jeudi 26 avril 2012, 16:14:35
« Très bien... Mais elle doit encore être identifiable... »

La restriction du Commodore n’avait nullement dérangé les brutes. Rayne avait beau être une Dhampir, elle n’était pas pour autant insensible à la douleur. Et elle n’allait pas tarder à le comprendre. Les Commodores avaient balancé Rayne, désarmée, dans une cellule. Le dernier Commodore avait néanmoins vu les regards haineux des gardes vers la Dhampir, et il avait fini par ordonner qu’ils puissent la molester, à condition qu’elle soit encore « identifiable ». Les gardes, des bourreaux, s’étaient défoulés sur elle. Ils puaient l’alcool et un machisme basique, mais ils frappaient fort.

« Salope !
 -  Dévoreuse d’enfants ! »

Rayne perdit peu à peu le fil des insultes et des coups qu’elle recevait. Les sorts magiques du Cardinal l’avaient bien trop affaibli pour qu’elle puisse répondre à leurs coups de poings, aux coups de fouet, aux coups de genoux. De même, elle ne put pas dire pendant combien de temps les hommes s’acharnèrent sur elle. Ils finirent néanmoins par partir, laissant le corps de Rayne ruisseler de sang. Sa combinaison était déchirée par endroits, et elle saignait abondamment. Attachée par de solides chaînes contre le mur, au fond d’un sinistre cachot, comateuse, elle essayait de reprendre ses esprits, de trouver un moyen de s’en sortir.

*J’ai sous-estimé l’acharnement de ce Cardinal... Mais ce n’est pas la première fois que je suis dans une telle situation, après tout... Il faut... Que j’arrive à en sortir...*

Se refusant à sombrer dans le coma, Rayne reprenait ses forces, lorsque la grille des cachots s’ouvrit. Elle vit deux gardes dont les armures témoignaient qu’ils n’étaient pas des bourreaux, et qui entouraient une femme avec une longue robe.

« Réveillez-là » ordonna, d’une voix impérieuse, la femme.

Rayne était bien tentée de leur dire qu’elle ne dormait pas, mais c’est l’impression qu’elle devait donner. On lui fit passer devant le nez une petite bouteille comprenant une odeur infernale, et Rayne grinça en relevant la tête. Elle vit une femme assez âgée, au regard sévère et autoritaire, et qui portait un collier avec, à son extrémité, une croix de l’Ordre. Rayne comprit qu’elle avait sûrement affaire à la femme du duc. Elle tenta de parler, mais sa gorge était sèche.

« Pourquoi massacrer tous ces enfants ? demanda-t-elle soudainement.
 -  Je... Ce n’est pas moi qui... commença Rayne.
 -  Le Cardinal est guidé par la Foi rétorqua la femme. Il ne saurait se tromper... Niez-vous être une vampire ?
 -  Je... Je suis... Dhampir... »

Rayne peinait à parler. On avait bien du lui casser plusieurs dents.

« Dhampir ? sembla s’étonner la dame.
 -  C’est...
 -  Je sais ce qu’est une Dhampir, jeune insolente. Contrairement à mon mari, je suis une femme lettrée, qui provient de la haute société de Nexus. J’ai commis l’erreur, pendant mon adolescence, de m’éloigner du chemin de la Foi, et, pour me punir, mon père m’a marié à cet ivrogne impuissant... »

Rayne ne dit rien. Si elle avait été en meilleure forme, elle lui aurait rétorqué que, vu son gabarit, il était normal d’être impuissant avec elle. Elle triturait nerveusement sa croix, portant des gants blancs.

« Le... Le Cardinal... Il est... C’est lui...
 -  Lui quoi ?
 -  L’An... L’Antéchrist... »

A cette idée, Rayne pensa que la duchesse alla se mettre à rire, mais, à sa surprise, celle-ci se contenta de ne rien dire. Un silence assez gênant sembla s’installer, jusqu’à ce que la duchesse sorte un petit flacon.

« Madame... ! protesta l’un des gardes. Vous ne pouvez...
 -  Bien sûr que je le peux ! »

La duchesse s’agenouilla, et força Rayne à boire le contenu du flacon. Cette dernière comprit qu’il s’agissait d’un Élixir. L’effet s’en fit ressentir immédiatement. Ses blessures cicatrisèrent rapidement, et elle retrouva ses forces. Un Élixir de cette qualité était une chose rare... On disait qu’un Élixir pouvait soigner n’importe quelle blessure physique. Cette réputation se confirmait. Rayne releva la tête, n’y comprenant rien, et la duchesse congédia alors ses deux gardes.

« Je m’oppose à ce que vous voyez seule avec...
 -  Enchaînée comme elle l’est, je ne vois pas en quoi elle peut me menacer. Sortez ! Immédiatement ! »

Réticents, les gardes obtempérèrent toutefois, laissant la duchesse seule avec la Dhampir. La porte se referma, et les gardes s’écartèrent.

« A quoi est-ce que tout cela rime ?
 -  Je sais que vous n’êtes pas l’Antéchrist, lâcha tout simplement la duchesse.
 -  Naturellement ; il s’agit du...
 -  Le Cardinal n’est pas l’Antéchrist répliqua vertement la duchesse. Il ne saurait l’être, car quelqu’un qui dévore l’âme des enfants n’est plus capable d’utiliser la magie sacrée.
 -  La magie sacrée ?
 -  La magie sacrée est une variante améliorée de la magie blanche, qui est l’apanage des prêtres et des hommes de foi. Le Cardinal a en lui la Foi, et, partant de là, il peut utiliser cette magie sacrée qui lui a permis de soigner ce malheureux hier, et de vous neutraliser. Sa magie, comme vous avez du le comprendre, se canalise dans le cristal qui orne son bâton. Ce cristal contient une goutte du sang du Cardinal, et lui permet d’amplifier l’efficacité de ses sorts. La magie sacrée reste, comme toutes les puissantes magies, liée à l’âme de son utilisateur. Si l’âme du Cardinal était corrompue, alors il ne pourrait pas l’utiliser. Ceci exclue qu’il soit l’Antéchrist.
 -  L’Antéchrist n’est pas un homme bon...
 -  Et pourquoi ça ? Parce qu’il ferme des lupanars lubriques qui sont des lieux de débauche, de corruption ? Des lieux où mon mari refourgue son fisstech, fait pression sur des notables du village pour qu’ils ne dénoncent pas ses agissements ? Vous êtes d’une telle arrogance, Dhampir, alors que vous ne savez rien sur ce château.
 -  Alors, pourquoi me condamner, si vous savez que je ne suis pas celui que vous recherchez ?!
 -  Parce que vous êtes une vampire, tout simplement. Vous n’avez peut-être pas tué ces enfants, mais rien ne dit que vous n’en ayez pas tué d’autres...
 -  Quelle étroitesse d’esprit... railla Rayne. C’est ainsi que vous administrez la justice au Château-Lerouge ? C’est à en rire... »

La duchesse ne releva pas cette assertion, et Rayne lui posa une autre question :

« Alors, qui est l’Antéchrist, puisque vous connaissez son identité ?
 -  Connaissez-vous l’histoire de ce château, Dhampir ? »

Surprise par une telle question, Rayne se mordilla les lèvres, avant de répondre, assemblant ce qu’elle savait.

« Les Lerouge dirigeaient autrefois ce château, avant d’y être chassés par les Beauregard. Je sais aussi que ce château était autrefois l’un des puissants bastions repoussant les hordes de l’Empire, mais qu’il est maintenant à l’abandon... Quel rapport avec l’Antéchrist ?
 -  Tout est lié... Les Lerouge étaient ceux qui avaient bâti ce fort, c’est un fait. Et ce fort servait effectivement à repousser les armées ashnardiennes, mais ce n’est plus le cas, depuis que le canyon s’est effondré. Les éboulements empêchent une armée régulière de passer, et, à part des bandes de pillards et des créatures sauvages, nous n’avons plus grand-chose à défendre. L’Antéchrist est le châtiment qui s’abat sur la famille des Beauregard pour les crimes qui ont été commis pour permettre à cette famille de prendre le pouvoir au Château-Lerouge.
 -  Quels crimes ?
 -  On les appelle les « Noces Funèbres ». A cette époque, la famille de Beauregard était une puissante famille de marchands, mais qui était sur le déclin. Bien sûr, personne ne le savait, mais, tôt ou tard, le fait que la famille soit en ruines serait connue de tous... »

La duchesse se mit à parler, et Rayne comprit qu’elle avait du faire de nombreuses recherches sur ce château. Les Beauregard avaient réussi à obtenir un mariage entre l’actuel duc Lerouge, veuf suite à une maladie ayant emporté sa femme, et l’une de leurs filles, la plus belle, et la plus vertueuse. A cette époque, les Beauregard étaient une famille de marchands très en vue sur Nexus, et les Lerouge étaient auréolés de gloire après avoir réussi à repousser une armée ashnardienne, ayant fait de nombreux prisonniers. Les noces furent donc immenses, et furent organisées au manoir familial des Beauregard.

« Il y avait tout ce dont on pouvait rêver... Des troubadours, des musiciens, des chanteurs, des conteurs... Les Lerouge avaient amené toute leur famille, et les mets étaient sans fin. Le mariage était pour autant restreint, et on ne trouvait que des Lerouge ou des Beauregard... »

Les noces s’étaient plutôt bien déroulés, jusqu’à l’heure du premier repas. Les Lerouge et les Beauregard suivaient une tradition de mariage ancestrale, qui étalait la cérémonie sur plusieurs jours. On avait servi du vin empoisonné aux Lerouge, et les musiciens étaient en réalité des assassins.

« Une fois le mariage prononcé, et reconnu, les Beauregard ont alors supprimé les Lerouge... Ce fut un massacre. Un crime odieux, envers toutes les lois. Tous les principes fondamentaux avaient été remis en cause : l’hospitalité, mais aussi le caractère sacré des noces... Les Beauregard avaient agi par nécessité, et ne reculaient devant rien. Avec la mort des Lerouge, leur fille devint duchesse unique du Château-Lerouge. Ce dernier subissait à ce moment une épidémie de peste qui permit de faciliter la prise de pouvoir des Beauregard. Même si rien ne l’atteste, je reste convaincue que ce sont les Beauregard qui ont déclenché cette épidémie, et qui ont supprimé la première femme du duc Lerouge. Les Beauregard ont profité de la peste pour purger le château, supprimant les nobles et les vassaux qui étaient en guerre contre eux, et ont soigné la population.
 -  Et les autorités de Nexus... N’ont rien fait ?!
 -  La corruption est une tradition de Nexus. N’en doutez pas, il y a eu une enquête, mais elle a conclu sur un non-lieu pour des vices de forme. Les Beauregard avaient graissé la patte de personnes bien placées, tout simplement. Voici l’histoire sanglante des « Noces Funèbres », telles que les historiens la racontent.
 -  C’est affreux, certes, mais... En quoi est-ce que... ?
 -  Il y a un élément que la plupart des historiens ne racontent pas. Un évènement que je n’ai pu que difficilement retrouver, en accédant aux procès-verbaux qui ont été réalisés par les officiers de l’époque. Avant de mourir, en voyant toute sa famille être consumée, la Matriarche des Lerouge a maudit les Beauregard. Elle en a appelé les Dieux pour que cette infamie, si la justice terrienne ne la punissait pas, soit punie par les Dieux. Elle a appelé à maudire quiconque posséderait le Château-Lerouge, et, depuis cette époque, force est d’admettre que jamais le château n’a prospéré.
 -  Une superstition, rien de plus... répliqua Rayne.
 -  Exode des paysans, révoltes, épidémies, famines, sècheresses... Le Château-Lerouge présente tous les signes extérieurs d’une malédiction, car il est maudit. Un Commodore s’en est assuré hier, en se rendant dans les profondeurs du château, dans l’ancien donjon, celui qui appartenait aux Lerouge, et sur lequel les Beauregard ont construit une autre ville. Il a confirmé qu’une empreinte divine était en place dans le Château. Le Château-Lerouge en est si bas que son duc est maintenant l’esclave d’un contrebandier de Nexus... Comment tomber plus bas ? »

La duchesse secoua la tête.

« Quant à moi... Je suis atteint d’une maladie incurable..
 -  Votre théorie est intéressante, mais le parcours de l’Antéchrist...
 -  Oh, laissez-moi deviner... Vous nous ressortez la théorie de Raymond, c’est ça ? Celle selon laquelle l’Antéchrist est un vampire de grand chemin ? Raymond est le fou du village, ma chère Dhampir... Il n’est plus détective, et il est un dépressif doublé d’une forte paranoïa... Vous avez cru au délire d’un fou. Les pièces qu’il a du vous présenter ont été écrites par lui dans des moments de démence... »

Sur le coup, Rayne ne savait plus quoi penser. Réalisant quelque chose, elle s’adressa à la duchesse :

« Pourquoi me dire tout ça ? Je vais mourir dans moins d’une heure, vous savez... »

La duchesse eut un léger sourire, et continua à parler.

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L’arène servait normalement à l’entraînement des soldats. Normalement... Car elle allait ici servir pour établir l’ordalie. La foule était nombreuse, s’agglutinant dans les gradins. On avait traîné Rayne, inanimée, l’accrochant sur un bûcher en forme de croix. Deux bourreaux se tenaient à droite et à gauche du bûcher, et le Cardinal était dans une loge spécial, le duc de Beauregard à côté de lui. Mais pas sa femme. Il était de notoriété publique que les deux se détestaient, et dormaient à part, dans des chambres séparées.

L’ordalie commença donc, avec l’approbation de la foule, et Reikus eut droit à sa première épreuve. Il marcha sur un tapis de braises, et parvint à s’en sortir. Rayne, elle, peinait à émerger du sommeil dans laquelle les gardes l’avaient plongé après la visite de la duchesse.

« C’est tout ce que tu as? Ius guidait mes pas à travers les flammes, riens ne peut arrêter le Dieu de la justice! »

Un léger sourire éclaira les lèvres du Cardinal, qui leva son bâton. Le cristal se mit à luire, et un éclair frappa Reikus sur le ventre, l’envoyant s’écraser sur le sol.

« Il est interdit de prononcer le nom d’Ius tant qu’on n’a pas prouvé sa Foi, Inquisiteur ! Tu dis qu’Ius guide ses pas, mais qui nous dit que ce n’est pas ta force de vampire qui te guide ? Ou les Dieux païens que les vampires servent ? »

La foule continua sa clameur. Si elle avait semblé surprise au début que Reikus ait réussi à traverser les braises, les paroles fortes du Cardinal l’avaient rassuré.

« Que l’épreuve continue ! »

Après les deux bûchers et le tapis de braises, l’autre épreuve semblait tout autant dangereuse. Il y avait devant Reikus un gouffre avec des piques acérées. D’énormes lames pointues qui l’embrocheraient s’il tombait. Il devait traverser un pont qui était un rondin de bois, et qui tournait sur lui-même à une vitesse assez lente. Pour compliquer les choses, d’énormes haches étaient suspendues au-dessus du trou, se déplaçant de droite à gauche.

« Une telle épreuve ne devrait nullement inquiéter celui qui marche dans les pas des Dieux justes. »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le samedi 28 avril 2012, 19:49:11
Après la remarque de l’Inquisiteur, le Cardinal fit jaillir un éclair du cristal de son bâton qui alla frapper Reikus de plein fouet.   Il s’écroula sur le sol, tout en gardant ses mains contre son ventre, Reikus souffrait déjà beaucoup à cause de la première épreuve de l’ordalie, ses pieds étaient brulés à cause des braises, et en plus, quelques flammes l’avaient touchés un peu partout sur le corps, créant des brulures, légères mais douloureuses. Reikus se releva péniblement puis sourit au Cardinal, le Dernier Inquisiteur n’avait pas dit son dernier mot, et il était prêt à affronter n’importe quoi.

-   Que l’épreuve continue!

Reikus faisait face à un gouffre, au fond, il y avait des pics qui embrocheraient quiconque aurait le malheur de perdre pied et de tomber dedans. Pour franchir le gouffre, il devait marcher sur un gros rondin de bois en rotation. Comme cela n’était pas encore assez compliqué pour le Cardinal, d’énormes haches se déplaçaient de gauche à droite, découpant en rondelle quiconque se mettrait dans leur trajectoire. Reikus regarda l’épreuve et se dit qu’il avait peut-être parlé un peu trop tôt. L’Inquisiteur ne craignait pas les épreuves de force, il était plus que capable de faire face à une épreuve d’endurance, mais l’agilité, ce n’était pas son truc.

Trois gardes se tenaient derrière lui pour l’empêcher de reculer, mais Reikus ne reculerait devant rien pour accomplir sa mission et prouver au peuple qu’il était toujours juste et bon. Il s’engagea sur le rondin, il avançait lentement, les bras sur le côté pour rester en équilibre, une hache passa à quelques pouces de lui. Il n’avait même pas franchi le premier mètre et il avait déjà failli tomber. Reikus voyait le rondin continuer sur une centaine de mètre, il se dit qu’il aurait peut-être besoin d’un peu plus que de la chance pour cette épreuve. 

Reikus peinait à garder son équilibre, il accéléra le pas de façon à ce qu’il évite l’énorme hache qui fonçait vers lui. L’Inquisiteur regarda le reste du chemin à parcourir, il-y avait à peu près une dizaine de haches à chacune environ dix mètres de distance. Reikus essayait de rester en place puisque le rondin tournait et avança, il évita une hache, puis une autre, et encore une autre.  Arrivé à peu près au milieu du gouffre, alors qu’il s’apprêtait à esquiver une autre hache, Reikus avait mal calculé le temps qu’il prendrait pour traverser. L’arme lui entailla le bras gauche, faisant tomber Reikus du même coup.

Le Dernier Inquisiteur se rattrapa au dernier moment sur le rondin. Comme ce dernier tournait sur lui-même, Reikus ne pouvait pas vraiment se tenir longtemps, en plus, le poids de l’Inquisiteur faisait que le rondin tournait plus rapidement. Son bras gauche faisait souffrir énormément Reikus, il parvint quand même à se hisser sur le rondin avec la force de son bras droit. Il s’assit à cheval sur le morceau de bois puis sentis la hache passer à quelques centimètres de sa tête.  Reikus se coucha sur le ventre, et rampa sur quelques mètres, quand il fût certain qu’aucune hache ne viendrait le frapper, il se releva.

Le Dernier Inquisiteur continua son chemin, s’assurant de ne plus commettre la même erreur, à présent, il n’avançait pas tant qu’il n’aurait pas la certitude de passer en sécurité. La rotation du rondin ne lui permettait pas de rester au même endroit pendant longtemps, mais Reikus prenait tout le temps qu’il pouvait. Après un bon bout de temps, Reikus parvint à traverser le gouffre, certains dans la foule semblaient soulagés de voir que Reikus avait franchis cet épreuve, d’autres en colère que le Dernier Inquisiteur soit toujours en vie, c’était le cas du cardinal. Ce dernier fronça les sourcils, mais il avait encore d’autres tours dans son sac.

-   Cela ne prouve rien! rugit le Cardinal, L’Inquisiteur aurait très bien pu traverser cette épreuve grâce à l’agilité que confère le vampirisme! 

-   Vous êtes fou! Je ne crains pas le soleil, et le sang ne m’attire pas! Je ne suis pas un vampire!  

-   Silence!

Une autre décharge vint frapper Reikus de plein fouet, ce dernier se jura de ne plus être aussi arrogant en tombant sur le sol.

-   Voyons voir si Ius, seras toujours capable de vous aider face à la Bête!

-   Cardinal, êtes vous certains que…  

-   Ne questionnez pas mes ordres commodore, maintenant, que l’épreuve commence.

La Bête, Reikus allait donc devoir se battre. Les gardes quittaient l’arène, ils avaient laissés Rayne derrière.  L’inquisiteur attrapa un garde un peu en retard sur les autres puis lui arracha sa lance des mains, le soldat n’essaya même pas de lui reprendre et courut vers la sortie. Une grande porte s’ouvrit sur un chariot trainant une grande cage, Reikus ne pouvait pas bien voir la fameuse Bête mais comme il entendait de puissant rugissements, il en déduisait qu’il s’agissait de quelque chose de gros. Un dompteur alla ouvrir la cage puis se dépêcha de retourner en sécurité.

Un énorme lion surgit de la cage et fit face à Reikus. L’Inquisiteur n’avait jamais vu de bête aussi grosse que celle-ci. Le lion était presque aussi grand qu’un homme, et au moins aussi large, plusieurs cicatrices lui marquaient la peau. La Bête avait surement envoyé à leur tombe un bon nombre de gladiateurs bien équipés venant de partout dans le monde, Reikus lui, n’avait qu’une lance rouillé pour se défendre. L’Inquisiteur pointa la lame de son arme vers le lion, ce dernier regardait Reikus dans les yeux. Il n’avait pas été nourrit depuis des jours, et il s’apprêtait à bondir sur sa proie. Quand la Bête s’élança vers lui, Reikus n’avait que quelques secondes pour réagir.

Il ne réussit pas à embrocher le lion, mais il réussit quand même à lui donner un bon coup avec le manche de sa lance. Ceci n’eut pour effet que de faire enrager la Bête. Elle revint à la charge, le sang qui s’écoulait de la plaie de Reikus excitait l’animal, il fonça de nouveau vers Reikus, cette fois-ci, il réussit à lui piquer une patte. L’animal recula un peu en boitant, l’Inquisiteur s’avança pour attaquer de nouveau mais la Bête le vit venir et lui donna un puissant coup de patte. Reikus eut le temps de se reculer, mais les griffes de l’animal lui entaillèrent quand même la peau sur le torse, laissant trois grandes marques.   

L’animal ne pouvait plus se retenir, le sang l’excitait trop, la Bête voulait dévorer sa proie, elle se jeta sur Reikus. Tout ceux qui assistaient à la scène croyaient que s’en était finis pour Reikus, mais ils se trompaient, l’Inquisiteur plaça sa lance droit devant lui, le lion s’embrocha lui même sur l’arme, puis tomba inerte sur Reikus. Aucun bruit ne se faisait entendre parmi les gens de l’assistance, tous regardaient la scène, personne n’était certain de ce qui venait de se passer. Quand Reikus souleva la bête et se releva tenant dans ses mains une lance ensanglantée, la foule se mit à acclamer l’homme qui venait de terrasser la Bête. Le Cardinal ne semblait pas satisfait, mais il ne pouvait rien faire puisque Reikus avait prouvé sa pureté au peuple et survécu à l’ordalie.

-   Inquisiteur, je ne vous vais toujours pas confiance, mais seul un homme juste aurait pu survivre à l’ordalie, donc je vous déclare… libre… Maintenant, qu’on brûle la vampire!

-   Vous ne pouvez pas! Elle n’a commis aucun crime, Rayne ne mérite pas la mort!

-   C’est une vampire! Une menace pour la société, elle est l’Antéchrist, la récompense pour les pêchés du peuple. Si vous la protégé, c’est que vous êtes toujours sous son influence!  

-   Je ne vous laisserais pas la tuer sans preuves

-   Gardes! Vous savez ce qu’il vous reste à faire

Reikus s’approcha du bûcher où se tenait Rayne, il pointait son arme vers les gardes qui s’approchaient d’eux. Si l’Inquisiteur apprenait que Rayne était vraiment l’Antéchrist, il la tuerait lui-même, mais elle ne méritait pas d’être brûlée par ce fanatique de Cardinal.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 28 avril 2012, 22:43:14
Dans les vapes, Rayne émergeait lentement du sommeil, de ce coma dans laquelle on l’avait plongé. Elle entendait au loin une espèce d’horrible bête rugir, et se mit à craindre qu’on l’ait jeté dans une espèce de fosse aux lions. C’est ce qui la força à ouvrir les yeux. Elle vit une énorme arène, un bûcher sur lequel elle se trouvait, attachée à une croix en bois, et, devant elle, sur le sable, le Dernier Inquisiteur, armé d’une lance, face à une bête colossale qui se ruait sur lui. La foule scandait, hurlait, et, en secouant la tête, Rayne vit le Cardinal, debout, le duc, mais pas sa femme. La mémoire lui revint alors, et Rayne essaya de se concentrer, observant Reikus. L’immense lion bondit sur lui, et la foule retint son souffle. Le sang gicla lorsque le lion avait bondi sur Reikus.

*La bête est trop massive… songea Rayne. La lance va se briser sous son poids, et ne l’effleurera qu’à peine…*

La Dhampir était alors convaincue que Reikus était mort, mais ce dernier parvint cependant à se relever, poussant la carcasse de la bête. Muette de stupeur, la foule se mit à l’applaudir. Il était partiellement recouvert du sang de l’immense lion, et Rayne, incrédule, fixait cette scène.

*Soit la lance était plus solide que ce que je croyais, soit… Non… Non, c’est ridicule, ça ne pouvait être que ça. Les Dieux se moquent des humains ! Ça ne peut être que ça !*

Le Cardinal s’avoua vaincu, confirmant encore une fois la théorie de la duchesse. Rayne ignorait toujours si cette dernière disait la vérité, mais, plus elle y pensait, et plus elle ne savait quoi croire. Tout était possible… Mais les sorts magiques du Cardinal étaient indiscutablement non-élémentaires. Ce n’était pas des éclairs normaux, et ce n’était pas non plus de la magie noire. Et il avait bel et bien soigné quelqu’un hier… Seul quelqu’un ayant une âme pure pouvait le faire. Mais alors… Qui ? Qui pouvait être l’Antéchrist ?

Elle n’eut pas le temps de se poser la question, car le Cardinal ordonna immédiatement qu’on la brûle. A cette idée, Reikus s’y opposa, brandissant sa lance, et Rayne continua à reprendre ses esprits. Outre des fantassins, il y avait aussi des archers, des arbalétriers, sans parler des Commodores du Cardinal, et de son pouvoir magique. Rayne se racla la gorge, et parla d’une voix forte :

« Il suffit, Reikus ! N’allez pas sacrifier votre vie pour moi ! Je n’en ai pas besoin !
 -  Brûlez-là ! Que la justice divine s’accomplisse !
 -  La justice divine s’accomplira, Cardinal, mais je ne suis pas celle que vous recherchez ! Des gens, j’en ai déjà tué, mais tous l’avaient mérité !
 -  La langue du Serpent résonne sous de mélodieux accords dans les oreilles de l’Incroyant et du Maladroit, mais le Juste sait y discerner les accents de la peur et du mensonge. Tu ne duperas personne ! »

Les flammes s’allumèrent alors. Tout autour de la croix, il y avait d’énormes rondins de bois, des brindilles qui s’enflammèrent, et les flammes ne tardèrent pas à monter rapidement, piégeant Rayne dans un cercle de feu. Cette dernière sentit naturellement la panique monter, mais essaya de se contrôler, de se dire que tout avait été calculé.

« J’en implore aux Dieux justes ! A Ius ! A Forseti ! Aux Dieux qui veillent tant bien que mal à l’administration de la justice ! Ils me protègeront des flammes, Cardinal !
 -  Nous verrons bien, païenne ! »

Rayne eut un léger sourire, et vit les flammes se rapprocher. Elles se mirent bientôt à la lécher, et le « miracle » se produisit alors. Au début, on croyait qu’elle allait brûler, et les commentaires allaient bon train, fusant dans tous les sens :

« Sorcière ! Démone ! Brûle en Enfer !
 -  Loué soit l’Ordre Immaculé ! »

Et puis, quand ils virent ce qui se passait, les cris et les indignations changèrent. Il y eut des soupirs, et Rayne eut alors une image qui, en d’autres circonstances, l’aurait probablement fait jouir, et qui, dans tous les cas, marquerait durablement son esprit. Elle vit un homme de foi se décomposer. Elle vit l’inébranlable, l’invincible foi du croyant, se fissurer. Elle vit la montagne chavirer, elle vit le ciel s’écrouler, elle vit, elle lut l’incertitude. Elle lut le doute, la remise en cause,  elle lut la chute du Titan. Le Cardinal vacilla, remua faiblement les lèvres, comme s’il essayait de parler, de dire quelque chose.

Les flammes léchaient Rayne, mais aucune ne l’attaquait, comme si une espèce de force invisible les repoussait.

« Un… Un miracle, c’est un miracle ! Regardez, regardez ! Le feu ne la touche pas !
 -  C’est une Sainte ! »

Rayne soupira intérieurement.

*Pauvres cons de culs-terreux…*

La réponse était bien plus simple, pourtant.

*
*  *

« Vous irez sur le bûcher, mais vous ne brûlerez pas.
 -  Ah oui ? La magie ne me protègera pas, pourtant… Je suis sûre que le Cardinal utilisera des sorts pour empêcher la magie blanche de remplir son office. »

Elle s’était contentée de sourire.

« Il existe des méthodes bien plus subtiles… Des méthodes que certaines sorcières ont développé quand elles étaient sur un bûcher… »

La duchesse s’empara d’une petite fiole orangée, et la montra devant Rayne.

« Connaissez-vous le brome ? C’est un halogène qui a la particularité d’être un produit ignifugeant. Il est notamment utilisé dans les usines tekhanes pour protéger certains matériaux du feu. Cela fait bien longtemps que certains alchimistes ont, à partir du brome, développé une solution protégeant pendant un court moment le corps humain contre la combustion. »


*
*  *

Rayne avait été enduite de ce produit, et les flammes la léchaient, s’éteignant instantanément au contact du produit ignifugeant. Mais le produit ne serait pas efficace très longtemps, et le bois, lui, brûlait, la faisant souffrir. Elle força donc un peu sur les cordes retenant ses mains. La duchesse avait veillé à ce qu’on l’attache avec de simples cordes, qui brûlèrent rapidement, plutôt qu’avec des chaînes. Rayne sortit ensuite du brasier, et toussa légèrement, le teint légèrement noirci, ses vêtements en loques. Déconfit, le Cardinal ne savait plus quoi dire, se raccrochant faiblement à son bâton. Rayne brandit un doigt vers lui.

« Cardinal ! »

Ce dernier sursauta, et un silence de plomb s’abattit dans l’arène.

« Je ne suis pas une vampire ! Je suis une Dhampir !
 -  Ce… Cela ne se peut… bredouilla ce dernier.
 -  Votre arrogance, vos préjugés, vous ont empêché d’écouter la voix d’Ius, la voix de vos Dieux ! Vous avez trahi tous vos préceptes, Cardinal ! »

Déconfit, le Cardinal essaya de retrouver sa prestance.

« Tu mens ! Traîtresse ! C’est sûrement l’une de tes propriétés de vampire ! Vous êtes les créatures du Malin, les rejetons de l’Enfer ! Si le feu ne peut pas te tuer, alors, que les sorts sacrés le fassent ! »

Et, levant à nouveau son sceptre, le Cardinal abattit sur Rayne sa foudre sacrée. Rayne poussa un hurlement de douleur et s’é&croula sur le sol, traversée par des éclairs lumineux. C’était tout simplement horrible ! La douleur était inimaginable !

« Voyez ! Voyez ! Elle aura utilisé un sort, rien de plus ! La magie sacrée pourfend le crime, et voit au-delà du mensonge ! Ius m’a mis à l’épreuve, mais je sais discerner le Vrai du Faux ! Meurs, traînée ! »

Le sort sembla redoubler d’intensité, et Rayne poussa un nouvel hurlement, se tortillant sur le sol. Tout son talent était impuissant.  La magie sacrée était en place… Elle crut sa fin venir…

*Pas… Pas maintenant, non… J’ai… J’ai encore tant à faire…*

La foule s’agitait, ne comprenant pas ce qui se passait, et on entendit soudain une voix rugir.

« Assez ! Vous n’avez pas le droit ! »

Un simple paysan… Rayne ne pouvait pas le voir, mais il s’agissait du fermier qui l’avait conduit au Château-Lerouge. Le Cardinal le regarda. Ses yeux brûlaient d’une intense lueur immaculée.

« C’est toi qui as amené cette femme ici ! Qui aide le Démon pactise avec le Démon ! »

Le Cardinal envoya alors sa magie sacrée sur le simple paysan. Dès que son éclair atteignit la poitrine du paysan, et que ce dernier sentit une terrifiante douleur s’emparer de lui, le cristal magique du Cardinal explosa. Une violente explosion. Les morceaux de cristaux s’envolèrent, et un éclair frappa les yeux du Cardinal, lui faisant pousser un hurlement de douleur.

« Aaaaaaaaaaaaaaaah !!! » s’époumona ce dernier.

Sentant la douleur s’en alla, Rayne resta prostrée sur le sol, prenant difficilement pied avec la réalité. Le bâton du Cardinal tomba sur le sol, glissa, et atterrit dans le sable, tandis que le Cardinal, yeux clos, tomba à terre. Il se rattrapa maladroitement sur le sol avec une main tremblante. Le sang s’échappait de ses yeux, et les Commodores se penchèrent vers lui. Le Cardinal était devenu aveugle. Il y avait sans doute à tout cela une portée symbolique puissante. Le Cardinal perdant ses yeux, le cristal ne se brisant pas en frappant Rayne ou le Dernier Inquisiteur, mais explosant instantanément au contact du torse d’un simple quidam… Mais c’était peut-être aussi le hasard… Le Cardinal avait intensivement utilisé son cristal contre Rayne, et, de toute façon, la Dhampir n’était pas en état de réfléchir. Se relevant, elle soupira longuement, et adressa un délicat sourire vers Reikus.

« Ça va, vous ? » lâcha-t-elle alors avec un léger sourire.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le lundi 30 avril 2012, 23:50:27
Des gardes écartèrent Reikus, l’Inquisiteur était épuisé, donc il se laissa faire. Après tout, il venait de marcher sur des braises, de traverser un gouffre rempli de piques acérés et de combattre un lion géant. Il fallut quand même deux gardes plutôt costauds pour réussir à bouger Reikus. Il regarda impuissant les bourreaux allumer le bûcher de Rayne. Étrangement, la jeune femme avait l’air de croire qu’elle pourrait se protéger des flammes. Peu probable puisqu’elle était une vampire et que même si elle n’était pas méchante au fond d’elle, rien ne lui garantissait sa sécurité. Ius avait beau lui être reconnaissant, il ne protégerait probablement pas la jeune femme, il n’en avait pas le pouvoir.

Les flammes approchaient de Rayne, mais elles ne la touchaient pas. Le feu était bel et bien vrai, Reikus pouvait sentir la chaleur de brasier, mais pourtant, Rayne avait raison. C’était comme si elle était protégée par une quelconque force. Ce ne pouvait pas être la magie car le cardinal était présent et il aurait probablement senti l’aura magique. C’était donc autre chose, et Reikus ne pouvait pas deviner quoi. Le Cardinal semblait s’effondrer, rien n’allait plus pour lui. Il était pâle comme de la neige, il ne pouvait pas croire en ce qui se produisait.

Rayne interpella l’homme de foi, elle lui dit qu’elle n’était pas vampire, mais plutôt Dhampir. L’Inquisiteur avait déjà entendu ce nom quelque part, mais il ne savait pas trop ce qu’il voulait dire. Une variante du vampirisme peut-être? Reikus ne se questionna pas trop longtemps sur le sujet, ça n’avait pas trop d’importance pour le moment. Le Cardinal était en furie, il lança des éclairs sacrés sur Rayne. La dhampir n’était plus capable de se tenir debout, le Cardinal continuait de lui lancer ses décharges quand tout à coup, un simple paysan s’interposa. Reikus le reconnut, il avait escorté cet homme avec Rayne jusqu’à la ville. Le duo avait sauvé la vie à lui et sa famille, s’était sa façon de leur rendre la pareille.

Le Cardinal ne permettait pas qu’on questionne ses actions, alors c’est vers le paysan que se dirigèrent ses éclairs. Le cristal sur le sceptre éclata aussi tôt, rien ne s’était produit quand le Cardinal avait attaqué Rayne ou Reikus, mais cette arme était pur, elle ne pouvait pas faire de mal aux innocents. Rayne était une dhampir et elle avait passée sa vie à tuer, même si Reikus servait Ius, les criminels qu’il massacrait et les atrocités qu’il avait vues l’empêchaient d’être considéré comme innocent.  Le Cardinal reçut les éclats de son cristal dans les yeux et puis s’écroula sur le sol en criant de douleur et de haine.

-   Ça va, vous ?

-   Ça peut aller, je me suis déjà senti mieux mais dans l’ensemble ça va. Je constate que les flammes ne t’ont pas trop fait de mal, il faudra que tu m’explique tout ça plus tard. Je suppose qu’on est libres maintenant, mais il nous reste quand même du travail à faire.

Reikus sortit et fit signe à Rayne de le suivre. Il alla rechercher ses objets personnels et ceux de Rayne, un infirmier lui banda ses blessures. Le Dernier Inquisiteur s’éloigna de l’arène lentement et retourna au centre-ville. Il s’assit sur le bord d’une fontaine et commença à manger un bout de pain, il en offrit la moitié à Rayne. Reikus se méfiait d’elle, elle était quand même très utile et il appréciait son aide mais elle lui avait mentie sur son origine. Reikus pouvait comprendre qu’elle essaye de cacher cette information puisque les vampires ne sont pas très appréciés, mais avec l’Antéchrist et tout, Reikus aurait apprécié qu’elle lui en glisse un mot. Il y avait aussi l’affaire du feu, Reikus ne savait pas comment Rayne s’en était sortie indemne, mais cela ne lui inspirait pas confiance.

-   Nous revoilà repartis à zéro, je doute que l’Antéchrist soit le Cardinal, et nous ne pouvons plus compter sur l’aide de Marlowe. À moins que…

Reikus réfléchit quelques instants, il avait besoin de faire le point.

-   Nous savons, ou du moins, nous croyons, que le Duc produit du fisstech qu’il échange à Black contre de l’or et des esclaves. Le Duc garde l’or, et donne les esclaves à l’Antéchrist en échange de je ne sais trop quoi. Le Duc ne doit pas donner que les esclaves qu’il reçoit à l’Antéchrist, il a arrêté beaucoup d’indésirables ses derniers temps, des gens qui ne manqueront à personne, ou presque…

Le Dernier Inquisiteur balaya les alentours du regard, deux hommes ressortaient du lot des paysans normaux, il s’agissait de religieux. Après l’incident avec le Cardinal à l’ordalie, Reikus n’était pas surpris de voir que l’ordre avait envoyé des hommes pour surveiller le duo, mais ils étaient trop loin pour entendre la conversation. Reikus allait devoir se méfier d’eux dans le futur

-   Marlowe est un bon exemple, il est considéré comme le fou du village, s’il disparait soudainement, personne ne posera de questions. Je crois que Raymond sera servi en pâture à l’Antéchrist, ou du moins, il sera utilisé pour couvrir les traces du vampire.  Si on retrouve Marlowe à temps, peut-être qu’il pourra nous guider vers les esclaves et potentiellement l’Antéchrist. Il doit être gardé dans une cellule spéciale au cachot avec d’autres, je crois que c’est une bonne piste.  

Reikus sentait qu’il avait en quelque sorte une dette envers Marlowe, il devait la lui repayer.

-   Je comprendrais qu’après l’ordalie tu aie besoin d’un peu de repos. À moins bien sur que toi aussi tu crois tenir une piste.  
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mardi 01 mai 2012, 01:42:49
Le Cardinal était maintenant un problème en moins, mais, sans l’Ordre pour contrôler la situation, le Duc allait bientôt affronter une rébellion. Était-ce vraiment une malédiction divine ? Rayne ne savait toujours pas quoi en penser, peinant à croire qu’elle avait vraiment survécu à ce brasier. Elle suivit passablement Reikus, qui maintenait une certaine distance entre eux. Rayne ne lui en tint pas rigueur, mais elle allait devoir lui parler sous peu, ne serait-ce que pour mettre les choses au point par rapport à ce qu’elle avait appris de la part de la Duchesse.

C’est près d’une fontaine qu’ils parlèrent. Reikus ne savait plus trop comment faire, et proposait de s’intéresser au trafic de fisstech de Beauregard. Tout ce que Rayne avait envie de faire, c’était de partir. Plus on avançait dans cette histoire, plus elle était éloignée de Kagan. Elle ignorait qui était l’Antéchrist, et s’en moquait.

*Ces gens ne m’aiment pas… L’Ordre est là… Je n’ai rien à faire ici… Il est temps pour moi de partir.*

Rayne écoutait donc silencieusement Reikus, qui lui proposait d’aller retrouver Marlowe dans les cachots.

« Je comprendrais qu’après l’ordalie tu aie besoin d’un peu de repos. À moins bien sur que toi aussi tu crois tenir une piste. »

Un léger sourire éclaira les lèvres de Rayne, qui croisa les bras, et lui répondit rapidement.

« Du repos ? Je crois que tu ne comprends pas, Reikus… »

Rayne se mordilla les lèvres, avant de lâcher :

« Ces gens ont voulu me brûler vive parce que j’étais différente. Je ne suis pas l’Antéchrist, mais ils n’en avaient rien à faire. Je n’ai dû ma survie qu’à la duchesse, et, si elle m’a sauvé en me recouvrant d’un produit ignifuge, c’était probablement pour éviter que le mauvais œil ne continue à s’abattre sur ce château. Nous ne pouvons rien pour ces gens, Reikus. Ils sont maudits. Si l’Ordre a été jusqu’à dépêcher ce fanatique cinglé, ce n’est pas parce qu’il y a un simple tueur en série. »

Rayne lui parla alors des « Noces Funèbres », de la malédiction proférée par la dernière des Lerouge à l’encontre des Beauregard. Elle lui parla de la folie de Raymond, du fait qu’il était un dépressif obsédé par Black. Elle lui parla même du Commodore qui avait exploré les profondeurs de ce fort, se rendant dans l’ancien donjon, où il avait apparemment trouvé les traces d’une manifestation divine, probablement en se rendant dans une mausolée, ou dans un autre endroit.

« Dans un sens, le Cardinal avait raison. L’Antéchrist est le résultat des péchés de ces gens. J’ignore qui est cet homme, mais, ce dont je suis sûr, c’est que les Dieux ont du l’amener ici, et se sont débrouillés pour que sa folie se réveille. Quant à moi, je n’ai rien à faire ici. Je suis une Dhampir. Un être qui est à la fois mi-vampire mi-humaine, mais, tout ce que les gens retiennent, c’est le caractère vampirique. Si j’ai traqué l’Antéchrist, c’est parce que je voulais m’assurer qu’il descendait de Kagan. Mais ce n’est pas le cas. Je ne tiens pas à rester plus longtemps dans ce château sinistre, et à voir d’autres fanatiques tenter de me brûler sur place. La duchesse m’a sauvé une fois, mais elle ne le refera pas une nouvelle fois. »

Rayne avait tout lâché. Elle avait tout dit, et fixa Reikus en croisant les bras. Elle lui sourit alors, montrant ses canines pointues.

« Vous servez Ius, n’est-ce pas ? Le Dieu de la Justice ? Navrée de devoir vous le dire, Reikus, mais la justice n’existe pas dans ce Château. J’ignore quelle est la force qui vous a permis de réussir les épreuves du Cardinal, mais, s’il a jamais existé un Dieu bienveillant ici, il a depuis longtemps disparu. L’endroit est maudit. »

La Dhampir se retourna alors, et commença à s’éloigner, avant de tourner la tête pour regarder Reikus, et lâcha, sur un ton qui avait tout d’une sentence.

« Il n’y a rien à sauver ici. »

Rayne se rapprocha alors des deux gardes inquisitoriaux, et ne leur accorda même pas un regard, marchant vers le corps de garde. Elle avait perdu bien trop de temps ici, et finir sur le bûcher, ça avait le don de remettre les choses en perspective.

[HRP – Je précise que je ne considère pas le RP comme terminé. Tu es libre de poursuivre Rayne pour la convaincre de poursuivre l’enquête, ou de la poursuivre dans ton coin. Dans tous les cas de figures, Rayne n’en a pas encore terminé avec le Château-Lerouge ^^]
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 03 mai 2012, 23:44:42
-   Il n’y a rien à sauver ici.

Cette phrase résonna dans la tête de Reikus pendant qu’il regardait la jeune femme s’éloigner au loin. Il l’observa jusqu’à ce qu’il ne puisse plus la voir. Rayne quittait vraiment Château-Lerouge, en fait, ce n’était pas uniquement Château-Lerouge qu’elle quittait, elle quittait aussi tout ce que cela impliquait. C'est-à-dire l’Antéchrist, le Cardinal, le Duc, Marlowe et même le Dernier Inquisiteur. Cette pensée mit Reikus en colère, il s’était fait abandonner de nombreuses fois par plusieurs personnes dans sa vie, ce qui le dérangeait vraiment dans le départ de Rayne était le fait qu’elle laissait le peuple à la merci des forces maléfiques qui œuvraient dans la région.

Personne qui avait vraiment une conscience ne laisserait tout tomber, même si ce qu’elle recherchait n’était pas ici, Rayne n’aurait pas du partir. Reikus s’était trompé sur son cas. Les héros n’abandonnaient jamais, le Dernier Inquisiteur ne se considérait pas comme un héros, mais ce n’était pas une raison pour tout laisser tomber. À moins que… Peut-être que Rayne lui avait menti, elle ne quittait peut-être pas parce qu’elle craignait l’Ordre ou parce que ce Kagan ne se trouvait pas ici. Peut-être qu’elle avait tout inventé, même l’histoire des Noces Funèbre parce qu’elle voulait induire Reikus en erreur. Elle voulait que l’Inquisiteur cherche ailleurs, pour ne pas qu’il découvre qu’elle était en fait l’Antéchrist.

Rien n’était certain pour l’instant mais il ne pouvait plus faire confiance à cette femme. Reikus ne prit même pas la peine de la suivre, il allait continuer son enquête, mais il croyait déjà savoir où allait le mener son investigation. Reikus se leva, il ne savait pas trop où aller, l’histoire de Rayne faisait un certain sens, mais il ne pouvait pas lui faire confiance. Marlowe était effectivement obsédé par Black, en plus Reikus ne savait pas où il se trouvait. Les deux gardes inquisitoriaux s’approchèrent alors du Dernier Inquisiteur, l’un d’eux posa alors sa main sur son épée.

Quand les deux hommes furent assez près de Reikus, ils dégainèrent leurs lames. Reikus frappa le premier homme à la mâchoire le faisant tituber un peu, le Dernier Inquisiteur se précipita sur le deuxième homme puis le désarma en lui tordant le poignet, l’épée tomba sur le sol. Des paysans regardaient la scène d’un air perplexe, ils ne comprenaient pas trop ce qui se passait. Le deuxième garde se ressaisit et arriva derrière Reikus une arme à la main, le Dernier Inquisiteur lui asséna un puissant coup de pied arrière qui le fit reculer. Le premier homme se dégagea de Reikus, ce dernier sortit sa dague pour mieux se défendre.

Le deuxième garde revint à la charge, Reikus lui planta sa dague dans la cuisse droite, il avait probablement atteint une des artères principales du corps, mais pour être certain que l’homme ne se relèverait  pas, Reikus l’attrapa par les cheveux puis lui cogna la tête contre la fontaine. Le garde inquisitorial tomba sur le sol. L’autre homme avait regardé la scène avec horreur, seul, il ne serait pas capable de battre Reikus. Le Dernier Inquisiteur se battait poussé par une rage indescriptible, les hommes en face de lui n’étaient que des voyous qui disaient servir l’Ordre, mais en réalité, les gardes inquisitoriaux commettaient bien plus d’atrocités que n’importe qui.

Reikus se jeta sur le garde ne lui laissant pas le temps de réagir, en un mouvement rapide, il lui brisa le cou. L’Inquisiteur laissa tomber l’homme sur le sol, il n’avait presque pas remarqué la douzaine de gardes armés d’hallebardes qui l’avait encerclé.  Reikus leva les mains dans les airs, il aurait peut-être pu s’en sortir, mais ça ne n’en valait pas la peine. Les simples gardes ne faisaient que leurs boulots après tout. L’un d’entre eux s’approcha de Reikus puis le frappa à la tête avec le revers de son épée, le coup ne fut pas assez puissant pour assommer le géant, mais il tomba quand même par terre. Un coup de pied vint finir le travail.

Comme à son habitude, Reikus ne rêva pas, il se réveilla dans une cellule humide et qui puait énormément. Il faisait noir, quelques minutes passèrent avant que les yeux de l’Inquisiteur s’habituent à l’obscurité ambiante. Il remarqua tout d’un coup qu’il n’était pas seul dans sa cellule. Un petit homme, car pour Reikus, presque tout les hommes étaient petits, gémissait dans un coin. L’Inquisiteur s’approcha de lui pour mieux distinguer ses traits, il reconnut tout de suite l’homme malgré ses blessures et la crasse qu’il avait sur ses vêtements. Marlowe. Le détective n’était pas en prison depuis bien longtemps, mais les gardes l’avaient quand même battu, bande de barbares.

-   Toi…

Marlowe pointait Reikus d’un doigt accusateur

-   Tout est à cause de toi! Et de cette Rayne! Tout allait bien avant que vous ne débarquiez.  

-   Je suis désolé Marlowe…

Reikus était désolé, il n’avait rien d’autre à dire…

-   Désolé?! Tu es désolé?! J’ai subi les pires souffrances de ma vie dans ce trou à rats et toi tu ne trouve rien d’autre à dire!   

-   Non… à part que je suis désolé…

-   Tu n’es qu’un fou furieux qui sert un dieu qui n’existe même pas!

Reikus se leva et examina la cellule, il n’y avait pas de fenêtres, les barreaux, bien qu’un peu rouillés, étaient solides et ancrés dans le sol. Aucun garde ne semblait les observer, un faisait probablement une ronde chaque cinq minutes.

-               Qu’est-ce que tu fais?

-    J’essaie de sortir d’ici, ça ne se voit pas?

-   Tu ne pourras pas...

Comme Reikus l’avait deviné, un garde faisait une ronde. En entendant les prisonniers parler, il s’approcha de leur cellule.

-   Silence là-dedans, votre bavardage me donne mal à la tête!

Reikus vit une belle opportunité pour bluffer

-   Moi aussi c’est comme ça que ça a commencé…

Le garde s’approcha encore plus de la cellule d’un air intrigué

-   Que quoi à commencé? Le mal de tête ou bien…

Reikus ne le laissa pas finir, le garde était assez près, il lui attrapa la tête et lui cogna de toutes ses forces contre les barreaux. Les autres prisonniers s’excitèrent en voyant tomber le garde mais Reikus leur fit signe de se taire. Il fouilla le garde et prit ses clés, il ouvrit la porte puis regarda Marlowe

-   Non Reikus, non… Je ne te suivrais pas. C’est fini, je ne veux plus de tout ça.

-   D’accord. Au fait, ils sont ici pourquoi les autres prisonniers?

-   Les autres?... Délits mineurs je crois, le Cardinal et ses hommes se sont occupés de leurs arrestations, donc c’est un peu douteux. Je crois avoir vu Suzy avec d’autres  pu… courtisanes.

Reikus tendit les clés au détective

-   Bien, libère les autres et partez. Je vais rester, fouiller un peu le coin. Voir si je ne trouve pas quelque chose d’intéressant. Tu crois pouvoir sortir d’ici sans trop de problèmes?

Marlowe hésita avant de répondre

-   Je vais essayer. Bonne chance…Inquisiteur.  

Reikus attendit que Marlowe parte avec les autres puis partit dans la direction opposé, il ne savait pas trop où il allait, mais plus il s’approchait du cœur du château, plus il aurait une chance de trouver quelque chose d’intéressant. Peut-être que Marlowe avait raison, ou peut-être que Rayne avait raison, de toute façon, il en aurait bientôt le cœur net.
 

[HRP: D'accord, j'irais de mon côté, toi du tiens ;) Je te laisse libre de décider quand nos deux personnages seront réunis :) ]
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le vendredi 04 mai 2012, 12:03:32
Il neigeait. Rayne le remarqua en avançant le long des sentiers l’éloignant du Château-Lerouge. Elle ne fut attaquée par aucun bandit, aucun brigand, aucun monstre, et rejoignit à la nuit tombante un petit village où des charretiers pouvaient vous véhiculer pour un autre village. Rayne n’avait pas de cheval. Celui qu’elle avait acheté avait été volée lors d’une nuit, et, depuis, elle était bien forcée d’utiliser ce qui faisait office de transports en communs, à savoir les charretiers transportant du bois, de la viande, des denrées... Pour arrondir leurs salaires, ils n’hésitaient pas à prendre quelques passagers, et Rayne ne tarda pas à trouver satisfaction auprès du second d’un bûcheron, qui devait, dès demain matin aux premières lueurs de l’aube, aller vers un marché qui rapprocherait Rayne d’un fleuve, lui permettant de s’en aller.

Elle passa donc la soirée sur la place du village, auprès d’un feu de camp. Le village était triste et sinistre, et la tempête de neige n’arrangeait rien. Les hommes et les femmes mangeaient sur place leur maigre pitance, préférant se serrer les coudes que rester enfermés chez eux. Un chien aboyait, des enfants pleuraient, des couples chuchotaient entre eux. Des aventuriers racontaient des histoires, et, parfois, un troubadour chantait. Rayne se réchauffait près du feu de camp, quand un homme vint la voir.

« C’est vous... La Diablesse rouge... »

Rayne tourna la tête vers l’homme encapuchonné, qui lui adressa un délicat sourire.

*
*  *

« Il me semble désormais évident que nous avons été joués. Ce Cardinal n’est pas un homme de Dieu.
 -  Un homme de Dieu n’aurait pas attaqué dans la rage un simple homme. La passion a détruit la Foi du Cardinal. Nous pensions à tort qu’il était venu pour enrayer la malédiction, mais il n’en est qu’une autre forme d’expression. Ne pensez-vous pas, Monseigneur ?
 -  Je crois qu’il est temps pour nous de prendre nos propres décisions, en notre âme et conscience. Indéniablement, les Dieux mettent notre communauté à l’épreuve. »

A la lueur dansante des bougies, dans la crypte de l’église, ils parlaient entre eux. A voix basse, prenant des décisions.

« Les Dieux ont puni les Beauregard, et c’est nous qui souffrons de cette punition. Il est plus que temps d’agir. La justice permettrait-elle d’enrayer la malédiction, Monseigneur ?
 -  La justice est l’équilibre naturelle de la vie. Le passé doit être sanctifié.
 -  Sommes-nous d’accord ? »

Il y eut un petit moment de silence.

« Oui.
 -  Oui !
 -  Oui !
 -  Qu’il en soit ainsi. Amen.
 -  Amen ! » répondirent-ils.

Et il en fut ainsi.

*
*  *

« Vous faisiez partie des truands de cet homme-cyborg, c’est ça ?
 -  Kriv, acquiesça l’homme en regardant les flammes. Maintenant qu’il est mort, je suis techniquement parlant au chômage. Rassurez-vous, je ne compte pas le venger. L’honneur importe peu chez les malfrats.
 -  Vous voulez me remercier ?
 -  Non, je voulais juste voir celle qui a tué l’homme avec qui je travaille depuis plus de quinze ans... Kriv n’était pas un saint homme, loin de là. Sa mort est en soi une bonne chose, même si, dans le fond, il n’était qu’un pantin.
 -  Vous devriez adresser vos paroles au Dernier Inquisiteur...
 -  J’aurais trop peur qu’il me coupe en deux » plaisanta l’homme.

Rayne rit poliment. L’homme l’observa, finit par hocher la tête, et se releva. Il allait partir quand Rayne eut une idée.

« Dites-moi... J’aurais une question...
 -  Hum ? »

La Dhampir hésita, se mordilla les lèvres, et la lança. L’homme répondit.

Ensuite, tout devint évident.

*
*  *

« Merci d’avoir répondu à ma convocation, Capitaine.
 -  La dame appelle, le servant répond, Votre Majesté » répondit fort poliment le Capitaine Dalbert.

Lady Beauregard eut un sourire amusé. Dalbert la regardait, et ressentit encore une fois le désir naturel que cette femme lui procurait. Elle avait beau commencé à se faire vieille, quand on lui faisait l’amour depuis dix ans, on s’habituait aux rides. Tout avait commencé de manière anodine, mais leurs rendez-vous étaient maintenant quotidiens. Lady Beauregard tenait dans le creux d’une main un verre de vin, et s’approcha du balcon, savourant la senteur de la nuit, sa fraîcheur, les caresses du vent. Sa robe légère s’envolait, révélant parfois des parties très intéressantes de son corps.

« La révolte est imminente... commenta-t-elle en buvant son vin.
 -  Le Cardinal a révélé sa folie. Il était le seul à contenter la grogne du peuple, à l’orienter. Mais, en définitive, ses actions ont eu l’effet inverse. Les nombreuses arrestations auxquelles nous avons du procédé ont exacerbé la rage du peuple. La révolte est imminente, Votre Majesté. Si vous désirez que je vous mette à l’abri... »

Lady Beauregard se contenta de rire, et tourna la tête vers l’homme.

« La protection d’un mortel ne vaut rien par rapport à celle des Dieux. Cette révolte sera pour moi l’occasion de m’éloigner de la colère des Dieux.
 -  Que... Que voulez-vous dire par là, ma Dame ? »

Lady Beauregard s’approcha de lui, et caressa son épaule, se glissant dans son dos pour caresser son armure. Elle aimait bien l’avoir avec son armure.

« L’institution du mariage est solidement encadrée, et il est possible d’en invoquer la nullité pour certaines causes. Lorsque mon mari aura perdu son château, je demanderai à annuler ce mariage en proclamant qu’il n’a jamais été consommé, à cause de l’impuissance de mon mari. »

Elle lui parlait en délivrant des baisers sur ses épaules, remontant sur sa nuque, allant lui lécher l’oreille. Sa main, elle, se promenait vers l’entre-jambes de l’homme, défaisant les lacets et les cordes retenant son pantalon.

« Je... Mon devoir est...
 -  Votre devoir n’est que poussière par rapport à la marche destructrice des Dieux, Capitaine Dalbert. »

Le pantalon se défit, et Dalbert s’abandonna. Plus tard, quand les premiers hurlements de la ville devaient retentir, la duchesse devait, à son tour, hurler, mais non pas de souffrance.

*
*  *

C’est à l’auberge que la révolte commença. Une soirée morne. Les gardes s’y étaient rendus, comme d’habitude. Une quinzaine de soldats. Ils furent les premiers à tuer lorsque les serveurs et les simples villageois les égorgèrent. Certains soldats parvinrent à s’enfuir, et appelèrent à la garde, avant de se recevoir des flèches dans le corps, ou de simples cailloux.

Ensuite, la révolte explosa. Quand Rayne rapprocha du Château-Lerouge en courant, ce fut pour y voir de hautes flammes qui brûlaient fièrement dans le ciel, des incendies si haut qu’ils se dressaient au-dessus des murailles. Le pont-levis avait été fermé, isolant le Château, l’enfermant dans sa propre démence.

*Il ne me reste plus qu’à passer par l’ancien donjon... Il doit sûrement y avoir des failles dans le précipice, le long de la paroi. Dépêche-toi, Rayne !*
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le dimanche 06 mai 2012, 23:12:24
Reikus avança le long d’un corridor, bien évidemment, on lui avait retiré son armure et ses armes, il espérait les trouver non loin des cellules. Il y avait un petit bureau où les gardes gardaient des documents et d’autres objets, mais pas les armes du Dernier Inquisiteur. Elles avaient probablement été  confisqués par un officier ou une autre figure d’autorité, les armes étaient en très bonne condition, elles avaient probablement faites le bonheur de celui qui avait bien pu les trouver. Reikus comptait les lui reprendre, mais pour l’instant, son seul souci était de trouver des réponses.  Reikus continuait de marcher dans les corridors du château, il fouillait toutes les pièces qu’il voyait à la recherche de quelque chose, n’importe quoi qui lui serait utile.

Étrangement, il ne semblait pas y avoir de gardes, seul un soldat surveillait les cellules tout à l’heure. Cela voulait dire qu’ils avaient étés appelés à la ville, quelque chose d’étrange se tramait, Reikus le sentait. L’Inquisiteur ouvrit une porte qui mentait vers une sorte d’armurerie, pour confirmer sa théorie, presque toutes les armes avaient étés emportées. Reikus trouva une hache de guerre qui avait été laissée derrière. Il ne trouva par contre aucune armure, dommage, son chandail ne le protégerait pas beaucoup en cas de problème. En sortant de la pièce, Reikus tendit l’oreille, il entendait se qu’il croyait être des cris, et peut-être même du combat. Une révolte venait belle et bien d’éclater.

                             
*****************
                                                                                               

-   Eh merde! On est où là!  

Marlowe guidait une douzaine de prisonniers à travers un château dont il ne connaissait pas les plans, la pression était énorme car ils risquaient à chaque virage de croiser des gardes et de se faire exécuter sur place.

-   Heu… Je ne sais pas trop, mais je crois quand même qu’on devrait aller par là,   intervint un prisonnier

-   Non mais t’est débile ou quoi? Là-bas c’est là où les gardes sont, si on y va, on meurt. Il faudrait plutôt aller de ce côté, suggéra un second

-   Vous avez torts tout les deux, on devrait revenir en arrière et prendre un autre chemin, ici c’est un cul-de-sac!

D’autres prisonniers s’empressèrent de donner leur opinion sur le sujet, plus personne ne s’entendaient. Chacun était a convaincu que son chemin était meilleur que celui des autres. Marlowe lui, restait en silence, il regarda les prisonniers débattre pendant quelques instants, il sentait la colère monter en lui, tout d’un coup il s’emporta

-   Silence !!!!  

Tous se tournèrent vers Marlowe, ils étaient surpris de voir à quel point il pouvait être imposant. Il n’était pas particulièrement costaud comme Reikus, et il ne possédait pas cette assurance glaciale dont faisait preuve Rayne. Il était le fou du village, rien de plus, personne ne l’écoutait jamais, mais pourtant, quelque chose avait poussé les prisonniers à ce taire et à l’écouter.  Il était devenu en quelques sortes leur leader.

-   Écoutez-moi, ce n’est pas en nous chamaillant qu’on va sortir d’ici, pour l’.instant, notre meilleure chance est de rester grouper et d’avancer un peu au hasard. Je sais que sa parait fou, mais nous n’en avons pas le choix. Alors suivez-moi, si vous voulez survivre.

Personne ne contesta Marlowe, les hommes avaient besoin de quelqu’un pour les mener, et ils l’avaient trouvé.  Le groupe avança ainsi encore pendant quelques minutes, ils arrivèrent dans une partie moins sombre du château, ils virent même une fenêtre. Quand l’un des prisonniers regarda à l’extérieur, il vit le chaos qui régnait dans la ville, les autres s’approchèrent, même Marlowe.  Les prisonniers souriaient, la révolution venait de commencer, et ils voulaient en faire partie. 

Les détenus se mirent à courir, Marlowe ne pouvait pas les en empêcher, la haine guidait leurs pas.  Le détective les suivait, ils croisèrent leur première patrouille de gardes, cinq hommes au total. Les prisonniers se jetèrent sur eux, les pauvres soldats n’avaient aucune chance. Ils réussirent quand même à tuer deux prisonniers et à en blesser au moins un, mais à la fin, ils étaient morts. Les prisonniers prirent leurs armes et partirent en courant, semant le chaos et la destruction sur leur chemin.

Marlowe était resté derrière pour contempler les gardes morts, il n’avait pas envi de suivre cette bande de fou furieux. Comment est-ce que tout cela était possible. Dire qu’il n’y a pas si longtemps, il était au lit, avec Suzy. Il menait une vie tranquille avant que toute cette affaire commence. C’était la faute du Dernier Inquisiteur et de la Dhampir, mais aussi du Cardinal, du Duc et du peuple aussi. Le monde qui avait passé son temps à le traiter de fou devenait fou à son tour, triste ironie, en effet…

                                       
****************


Reikus ne savait plus trop où il se trouvait, il croyait qu’il était peut-être revenu dans l’ancien donjon, mais il ne pouvait pas en être certain sans carte ou plan. L’Inquisiteur regarda au sol, ses blessures n’avaient pas toutes cicatrisés, elles laissaient des petites gouttes de sang partout où il allait, donc si Reikus était perdu, il n’avait qu’à suivre la trace de sang. Son cœur bondit lorsqu’il vit une goule dévorant un rat, il ne s’attendait pas à en croiser d’autre. Reikus s’avança lentement derrière elle puis arrivé à sa hauteur, il lui planta sa hache derrière le crane l’achevant d’un coup.

Cette goule-là était trop occupée à dévorer son festin pour remarquer Reikus, mais les autres sentiront surement son odeur de sang. Il était aussi chanceux qu’elle ait été seule, l’Inquisiteur allait devoir être prudent à l’avenir. Reikus arriva dans une grande pièce ronde, il ne savait pas trop à quoi elle servait avant. Il-y avait des symboles qu’il ne connaissait pas sur les murs, ils ressemblaient à des œuvres d’art, mais avec un côté religieux. Une lumière étrange illuminait la pièce, c’était très beau à voir. Reikus remarqua des grandes statues, à leurs pieds se trouvaient des cercueils.

L’Inquisiteur se souvint alors que Rayne lui avait parlé d’une manifestation divine dans un mausolée, était-il dans la pièce en question?  Reikus s’arrêta quelques instants pour inspecter l’endroit, la grande pièce était calme, mais le Dernier Inquisiteur sentait quelque chose d’autre, quelque chose d’étrange.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le lundi 07 mai 2012, 20:16:44
Dans la ville, le chaos régnait, mais Rayne, elle, n’y était pas. Pas encore, du moins. Pour entrer dans le Château, elle descendait le long du ravin entourant la forteresse, cherchant, dans la roche, une fissure, une entrée. Le vent soufflait fort, et elle entendit les crachotements des flammes. Le chaos s’était abattu de la manière la plus complète possible sur la ville, répandant de hautes flammes sinistres. Tout ce feu n’intéressait que peu Rayne. L’Antéchrist. Voilà qui était sa cible. Et elle savait qu’il fallait se dépêcher. Elle connaissait la prochaine cible de l’homme. Ou ses prochaines cibles. Si seulement elle arrivait à trouver une entrée, une brèche, une grotte quelconque, alors elle parviendrait peut-être à l’arrêter à temps. Car cette nuit serait la dernière de l’Antéchrist. Après cela, le vampire disparaîtrait pour de bon.

*Sauf si je l’en empêche...*

Descendant le long d’une paroi très verticale, s’agrippant à des rochers ancestraux, Rayne sentait ces derniers trembler sous son poids, et manqua à plusieurs reprises faire le grand plongeon. Elle finit par atteindre ce qu’elle espérait tant trouver : une dépression dans la paroi. Une légère fissure. Elle se glissa à l’intérieur, et atterrit dans une sinistre cavité, particulièrement sombre. Ses yeux de dhampir l’aidèrent toutefois à voir très facilement dans la nuit, et elle sortit ses lames. Ces sinistres grottes n’étaient pas inoccupées, loin de là, et les toiles d’araignée que Rayne croisèrent bientôt purent en témoigner.

Elle avança le long de galeries sinistres et sombres, une énorme araignée marchant au-dessus d’elle, dans des galeries supérieures. L’araignée avançait lentement, dans un méandre de toiles qui rendaient ses pas furtifs. Elle sentait sa proie, elle sentait le repas qui l’attendait. L’araignée géante s’en régalait à l’avance, et se dirigea vers un trou menant à la galerie inférieure, d’où elle pourrait bondir sur la Dhampir dès qu’elle passerait. Patiemment, sans un seul mouvement, l’araignée attendit. En utilisant que les cinq sens, Rayne n’aurait jamais pu percevoir sa présence. La vue ne l’aurait pas aidé, car on ne pouvait pas voir la bestiole. L’odorat ne l’aurait pas non plus aidé, car l’araignée ne dégageait aucune odeur particulière. L’ouïe aurait été tout autant inutile, les toiles absorbant à merveille les sons de la bestiole. Le goût et le toucher étaient également inutiles. En somme, l’araignée pouvait vraisemblablement espérer escompter de l’effet de surprise, dans la mesure où les cinq modes de perception d’un être humain lambda étaient court-circuités.

Vraisemblablement... Car Rayne avait en elle ce sixième sens vampirique qui l’avait amené à ressentir très facilement la présence de l’araignée. Ainsi, lorsqu’elle arriva sous le trou, et que l’araignée glissa le long de sa toile pour approcher son dard et l’enfoncer dans le corps de la Dhampir, afin de répandre un venin qui l’anesthésierait, et lui permettrait ensuite de la dévorer dans son cocon, les lames de Rayne jaillirent. Elles heurtèrent le dard, empêchant ce dernier de se planter dans le corps de la Dhampir, et elle leva ses armes, déchirant le ventre de la bestiole, répandant un sang verdâtre. Rayne ne laissa pas le temps à l’araignée de souffler, et la tua sans aucune difficulté. La Dhampir avait les crocs.

*
*  *

Dans le village, le chaos le plus complet régnait. Personne ne pouvait vraiment dire d’où l’incendie avait démarré, mais il se répandait comme une traînée de poudre par les toits. Une espèce de feu expiatoire semblait ravager la ville. Les gardes du château tentaient tant bien que mal de repousser les mutins, et, s’ils avaient essuyé quelques revers initiaux, la garde s’organisait plutôt bien. Depuis les murs et les créneaux, archers et arbalétriers fauchaient sans difficulté les rebelles, tandis que les gardes en armure n’avaient aucun mal à tuer quelques civils. La révolte ne tournait donc pas en faveur des mutins, qui ne parvenaient que difficilement à tuer les soldats. Le village était néanmoins ravagé, et le Château-Lerouge n’y survivrait très certainement pas.

Le camp de réfugiés n’était plus qu’un enfer de cris, de hurlements, de tentes ravagés, et de femmes violées. Dans le chaos ambiant, bien des villageois en profitaient pour s’occuper de leurs plus vils instincts, dépouillant les hommes et les femmes avant de les violer, quand ce n’était pas les gardes eux-mêmes qui s’en chargeaient. Des rivières pourpres venaient orner les rues de la ville, et la rébellion s’écrasait rapidement. Elle n’était que l’expression de la colère, le fruit de la révolte. Aucun entraînement, aucune réelle stratégie... Ou presque.

« Vous ne pouvez pas faire ça ! s’égosillait le prêtre. Ces portes ont été scellées pour une bonne raison !
 -  Et elles seront ouvertes pour de bonnes raisons aussi, mon Père ! Les forces de Beauregard nous massacrent. On ne peut pas continuer ainsi !
 -  Des innocents mourront si vous faites ça !
 -  Des innocents meurent déjà, mon Père ! »

Le prêtre tenta physiquement de s’interposer, mais l’émeutier le repoussa, avant de s’attaquer aux grilles de la crypte. Une porte qui se trouvait dans les profondeurs de la crypte, une porte verrouillée et condamnée, mais les rebelles avaient réussi à obtenir les deux clefs permettant de l’ouvrir. Le prêtre avait l’une des clefs, et l’autre était détenue par le duc de Beauregard. Une prostituée avait néanmoins réussi à la subtiliser lors d’ébats avec le seigneur du château, mais le prêtre était viscéralement opposé à cette idée.

Faire tourner les clefs, c’était, dans le fond, libérer les monstres qui sommeillaient dans l’ancien donjon, afin de les envoyer déferler. L’ancien donjon n’avait pas été abandonné pour rien. Sa proximité avec les profondeurs, avec d’anciennes mines naines, avec des grottes et d’anciens charniers, amenaient constamment des goules, et d’autres monstres. Et tout ce sang, tous ces morts... Les goules allaient ressentir l’odeur de la putréfaction dès que cette porte serait ouverte. Le prêtre ne pouvait laisser faire ça, et entreprit de se relever, dépoussiérant ses vêtements.

« Je vous en conjure, mes fils, vous ne pouvez pas... »

Il se reçut alors un coup de poignard dans le ventre, et en cracha du sang.

« Ceux qui sont contre nous sont avec le duc, mon Père. Il y a bien trop longtemps que le duc nous fait souffrir. Il a amené chez nous un fou. Il est temps qu’il paye. Quant à vous, vous attirerez à merveille ces monstres... Vous n’avez qu’à vous dire que Dieu reconnaîtra les siens.
 -  Mon... Vous... Fou, vous... Êtes... Fou !
 -  Mon fils est mort, mon Père ! Ma femme s’est sacrifiée pour lui ! Il était supposé être béni des Dieux ! Et il a été... Massacré ! Massacré ! Si le duc avait bien accompli son devoir, mon fils serait toujours en vie ! C’est une question de justice élémentaire, mon Père ! Rien de plus ! »

L’homme repoussa alors le prêtre, et un coup de hache abattit pour de bon la trappe, l’ouvrant d’un coup sec. Les hommes se dépêchèrent alors de fuir, tandis que le prêtre se mit à ramper, tentant de s’éloigner de la trappe, laissant derrière lui une traînée de sang écarlate. Main posée sur sa blessure, il atterrit contre le mur, et respira longuement, entendant des rugissements, des cris et des sifflements sinistres jaillir de la trappe, remontant vers ses oreilles, tel un présage sinistre. Le prêtre ferma alors les yeux, et parla.

« In Nomine Patris... »

*
*  *

Rayne avait fini par rejoindre l’ancien donjon. Elle ouvrit une porte d’un coup de pied, la défonçant, et des volutes de poussière l’accueillirent, ainsi qu’un sol miteux. Elle avança dans un couloir, pénétrant dans le vieux donjon. Difficile de se repérer, car l’endroit était assez labyrinthique. Ses narines la guidèrent alors mieux que ses yeux, car elle sentit des traces de sang quelque part. Bizarrement, aucune trace de monstres. Au contraire, ces derniers semblaient s’éloigner, remontant vers la surface, ce qui inaugurait le pire pour le futur du Château. Rayne choisit toutefois de se diriger vers les traces de sang, et ne fut pas surprise.

C’était une espèce de sinistre cache. Deux Commodores gisaient là, baignant dans leur sang. Ils avaient été mis en pièces. La tanière de l’Antéchrist. Elle vit sur les murs d’énigmatiques signes et lettres tracées avec le sang des victimes. Des cadavres de goules gisaient dans les coins, généralement exsangues, indiquant que ce dernier se nourrissait probablement de leur sang. Rayne vit également une espèce de carnet dans un coin, sur un ancien meuble, et l’ouvrit, commençant à lire ce qui était compréhensible, l’ensemble étant écrit de manière rapide et hachée :

« Soif... Si soif, si faim... Le sang des goules ne me suffit plus. Et ces rêves... Les cauchemars d’une ancienne vie, d’une vie qui n’est plus la mienne... Suis-je maudit, ou suis-je béni ?

[...]

Ma première victime... Repas... Un vieil homme. Âgé... J’avais été horrifié à l’époque. Je croyais que c’était ma conscience.

En réalité, c’était juste mon estomac qui me faisait souffrir. Le sang d’un clochard n’est pas très bon.


[...]

Un nectar divin... J’ai pu y goûter par erreur. L’enfant s’était ouvert la jambe en se blessant sur le sol, et j’ai vu ce sang... Quelques gouttes, oui, mais ces gouttes... !! Divines ! Dès que j’y ai posé mes lèvres, tout est devenu clair.

Suis-je un monstre ? Mais pourquoi devrais-je me sentir coupable ? Est-ce qu’un homme se sent coupable quand il mange une côte de bœuf ?


[...]

Monstre. Monstre. Monstre. Monstre. Moooonstre. MONSTRE !!!

[...]

Pourquoi m’avoir fait ça ? Pourquoi ? Pourquoi ? POURQ-

[...]

...’Paieront... Une chance... Justice... Je dois concilier ma soif et mon devoir... »

Un incompréhensible charabia, illisible. Rayne peinait à reconnaître l’écriture, mais c’était bel et bien le repaire de l’Antéchrist... Du moins, avant qu’il ne vienne s’installer en hauteur. Les deux Commodores... Ils avaient sûrement été tués par les goules en se promenant dans le coin. C’était le plus logique. L’Antéchrist avait abandonné cet endroit, et s’était dissimulé, sa folie schizophrène l’emportant peu à peu dans les sentiers de la perdition et de la noirceur de l’âme.

Rayne se décida à se dépêcher, et sortit de cette planque. Elle ne tarda pas à trouver un escalier, antique, défoncé, et dut l’abandonner quand le reste avait été effondré. Elle avança dans un long couloir avec d’autres trous, lorsqu’elle entendit des grognements. Des créatures se mirent à léviter autour d’elles, sifflant dans la nuit. Rayne les reconnut. Ce n’était pas des goules, mais des alpyres (http://images3.wikia.nocookie.net/__cb20081003213353/witcher/images/thumb/9/99/Bestiary_Alp_censored.png/124px-Bestiary_Alp_censored.png). Des vampires qui avaient perdu la raison, et qui n’étaient rien de plus que des monstres.

« Venez, mes chéries, je vais m’occuper de vos sales gueules... »

Les alpyres émirent des sifflements, faisant claquer leurs langues, et fondirent alors vers Rayne. Rayne l’ignorait alors, mais elle n’était pas très éloignée du donjon des Beauregard.

[HRP – Au cas où, plus d’infos’ sur l’alpyre ici --> http://sorceleur.wikia.com/wiki/Alpyre (http://sorceleur.wikia.com/wiki/Alpyre).]
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 10 mai 2012, 23:50:27
Un étrange frisson parcourut Reikus lorsqu’il était dans le mausolée, il y avait vraiment quelque chose d’étrange à propos de cet endroit. Pourtant la pièce semblait si paisible, c’est peut-être le silence qui faisait plus peur à Reikus qu’autre chose après tout. L’Inquisiteur prit même quelques instants pour s’assoir, ses pieds le faisaient souffrir, les brulures causées par les braises étaient encore à vif. L’inquisiteur avait essayé plusieurs façons de marcher pour ne pas ce faire mal mais aucune d’elle ne semblait fonctionner. Pendant plus ou moins deux minutes, Reikus resta assis là, appréciant le calme et le repos. Il se leva d’un bond et ramassa sa hache, cette petite pause l’avait revigoré, il était prêt à continuer.

En sortant du mausolée, il entendit des bruits non loin de là où il était, de l’agitation. S’agissait-t-il de goules? Non, ce n’était pas le même son qu’il avait entendu la veille. Ces créatures étaient différentes, Reikus n’en avait jamais croisés auparavant. À vrai dire, il ne se promenait pas souvent dans les donjons, il passait son temps à tuer des bandits à l’extérieur, c’est pourquoi il n’était pas habitué avec les goules et les draugr. Il faut dire qu’il n’aimait pas trop les donjons non plus, ils étaient humides et sentaient le renfermé.

Reikus s’approcha peu à peu des sons, en se rapprochant, il savait de quoi il s’agissait, quelqu’un se battait. Il pouvait très bien s’agir de gardes ou même de commodores, dans les deux cas, ils ne seraient pas très heureux de voir Reikus. Mais cela ne dérangeait pas le Dernier Inquisiteur, il cherchait des réponses, et quiconque se trouvait là en aurait sûrement. 

L’Inquisiteur n’en croyait pas ses yeux lorsqu’il tourna un coin et vit une jeune femme aux cheveux de feu qui se battait contre une sorte de monstre qu’il n’avait jamais vu auparavant.
Qu’est-ce que Rayne faisait là? N’était-elle pas sensé avoir quitté le château? Elle lui avait donc mentie. Reikus n’était pas certain que c’était bien elle au début, mais quand il vit ces deux lames, il savait qu’il ne se trompait pas. Voir la dhampir ici n’était pas une bonne nouvelle, elle pouvait descendre ici pour plusieurs raisons, mais il ne fallait pas écarter le fait qu’elle était peut-être elle-même l’Antéchrist. Si elle avait décidé de s’éloigner de Reikus, et de l’inciter à quitter la ville, c’était peut-être aussi pour l’éloigner car elle avait peur qu’il découvre la vérité.

À part ça l’Inquisiteur n’avait pas plus de preuves, il allait aider Rayne pour l’instant, mais il ne pourrait surement pas lui faire confiance avant d’être certain qu’elle ne soit pas la tueuse.
Il-y avait plusieurs de ces femmes monstrueuses, Reikus n’en avait jamais affronté, il allait devoir être prudent. L’Inquisiteur s’approcha lentement d’une première créature, elle l’entendit avant qu’il ne soit assez près pour porter le coup fatal et se rua sur lui, laissant pour les autres la dhampir. Reikus empoigna à deux mains sa hache et prit son élan. La créature courrait rapidement vers lui, quand elle n’était plus qu’à un mètre de distance, Reikus frappa.  La hache fendit presque la tête de l’abomination en deux, stoppant d’un coup net sa course.

Certaines autres virent que Reikus venait de tuer l’une de leurs sœurs et décidèrent de se venger. Rayne ne pouvait pas avoir manqué l’Inquisiteur, il la regarda avec ses yeux noirs sans émotion, un peu comme il l’avait fait à leur première rencontre. Reikus faucha avec sa hache une première créature l’envoyant au sol, son genou éclata avec la force de l’impact. L’Inquisiteur l’acheva en lui planta sa hache dans la région du sternum, la créature soupira et leva une main en direction de Reikus avant de mourir.

Pendant qu’il achevait l’une des abominations, une autre lui sauta dans le dos. Reikus eut le bon réflexe de lui attraper la gorge. Il ne le savait pas mais cette chose essayait de le mordre, il le remarqua bien assez tôt. Reikus comprit alors que ces créatures contre lesquelles il se battait étaient en fait des sortes de vampires. Les griffes de celle qui était accrochés sur le dos de Reikus commençaient à transpercer la chaire de l’Inquisiteur, il avait de plus en plus de mal à la retenir. Reikus réussit finalement à l’attraper par la hanche, il leva la vampire au-dessus de sa tête comme si elle ne pesait presque rien puis la jeta au sol.

L’impact aurait pu briser le dos de presque n’importe qui, Reikus ne savait pas si ces créatures étaient plus résistantes qu’un humain normal, mais une chose était certaine, elle n’avait pas apprécié sa chute. L’Inquisiteur brandit sa hache avant de la lui planter dans le crane, la vampire ne lui causerait plus d’ennuis à présent.  Une autre s’apprêtait à lui sauter dessus, mais Reikus la vit avant qu’elle ne le fasse, il lui donna un coup au genou droit pour qu’elle le pose parterre, ensuite, il enchaina avec un coup à la gorge qui envoya rouler la tête de la créature sur le sol.

Reikus se frayait un chemin à travers les vampires, il s’approchait de plus en plus de Rayne. Elle avait décidé de fuir un peu plus tôt, et en plus elle lui avait mentie. Une phrase que son mentor lui avait souvent répétée revint en tête à Reikus,

« Si un ami te trahis une fois, c’est de sa faute. Deux fois, et c’est de la tienne»

L’Inquisiteur comprit tout d’un coup la vérité et la sagesse qui se cachaient dans cette phrase, il aurait seulement espéré que ça ait été dans de meilleures conditions. 
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le vendredi 11 mai 2012, 19:03:22
Les alpyres étaient affamées et sauvages. Elles avaient les réflexes rapides des vampires, et attaquaient en sifflant. Elles s’agrippaient parfois sur les murs comme des araignées sinistres, avant de plonger sur Rayne. Le sang chaud d’une Dhampir était, de leur point de vue, bien plus attirant que celui des goules, et Rayne faisait parler ses deux lames dhampir. Elle atteignit la gorge d’une alpyre un peu trop sûre d’elle, et une projection de sang vint décorer le sol, amenant les autres créatures à faire preuve d’un peu plus de réflexion. Les alpyres entourèrent Rayne, qui resta en posture défensive. Elle ne se faisait aucune illusion ; ses chances de survie étaient bien minces face à une série de vampires. Même cadavériques, les alpyres restaient mortelles. Que ce soit leurs longues griffes ou leurs crocs acérés, elles pouvaient facilement découper Rayne en rondelle, perspective qui n’attirait qu’à moitié la jeune femme.

Les alpyres finirent par attaquer à nouveau, quatre plongeant en même temps. Elles lévitaient à moitié, et Rayne tenta d’en atteindre une à l’estomac. Sa lame éventra la créature, mais ceci ne l’empêcha pas de poursuivre, de tenter de la mordre. Les crocs de l’alpyre claquèrent dans le vide, car Rayne bondit en arrière. Elle lança son grappin en acier, l’envoyant se planter dans la bouche d’une alpyre. L’extrémité du grappin se planta dans la langue de la créature, et Rayne s’en servit comme d’un point d’appui pour la tirer, l’envoyant s’écraser sur d’autres monstres. L’alpyre poussa un couinement de rage et de souffrance, et passa à travers une porte en bois, la pulvérisant. Rayne bondit par là, évitant les griffes et les claquements de dents. D’une roulade en avant, elle entra dans une ancienne salle abandonnée dont il ne restait plus que quelques placards poussiéreux. Se rétablissant, Rayne se retourna, et leva ses lames, les entrecroisant pour se protéger. Les griffes d’une alpyre heurtèrent le solide de tranchant de ses lames, et Rayne réagit au quart de tour. Elle bascula son corps en arrière, se reçut sur ses mains, et s’en servit comme d’un appui pour lever ses jambes. Les talons aiguilles frappèrent le ventre de l’alpyre, remontant en dessinant deux traînées écarlates sur son corps. L’alpyre poussa un cri de souffrance, et, énervée, bondit sur Rayne, qui fit parler ses lames.

D’un coup sec, la Dhampir envoya voler la tête du monstre. Elle en profita alors pour inspecter les environs. A gauche, un mur. Derrière, un autre mur. Devant, les alpyres. A droite... A droite, il y avait un mur effondré, ou, plutôt une partie de la pièce qui s’était effondrée, permettant de fuir en passant par des poutres apparentes qui apparaissaient à l’étage supérieur.

*Toute la difficulté sera d’atteindre ces fameuses poutres... En espérant qu’elles supporteront mon poids...*

Les alpyres bondirent en sifflant de rage, n’ayant toujours pas abandonné. Rayne évita des griffes de justesse au niveau du ventre. Les griffes s’enfoncèrent un peu dans sa tunique, et elle tenta de frapper avec ses lames. D’un bond, la créature adverse évita l’attaque, et contra. Elle atteignit Rayne à la joue, et cette dernière poussa à son tour un bref cri en sentant les griffes pointues entailler sa peau, laissant quelques traînées pourpres. Rayne tenta de contrer en tuant l’alpyre, en lui ouvrant le ventre, mais la vampire, habile et rapide, évita. Saisie par un soudain réflexe, Rayne bondit en arrière, et les crocs d’une alpyre claquèrent dans le vide, lui arrachant quelques mèches de cheveux. Rayne la frappa avec un coup de pied retourné, utilisant l’amplitude du mouvement pour envoyer l’alpyre au sol. Elle courut ensuite vers le fond de la pièce, et sauta en l’air, avant de lâcher son grappin.

Dans un sifflement, ce dernier alla se planter sur une poutre en bois, et Rayne atterrit contre le mur. Sentant les alpyres la poursuivre, elle se mit à rapidement grimper, et parvint à l’étage. Les alpyres sifflèrent de frustration, et disparurent rapidement, empruntant probablement un autre chemin pour traquer leur proie. Rayne atterrit, de son côté, dans une espèce de grande pièce ancienne, avec d’énormes piliers en pierre. Une espèce d’immense salle, dont elle n’arrivait pas à voir les extrémités. Le tapis rouge défoncé sur le sol, l’espèce d’estrade au fond... Les cadavres de bancs...

*On dirait un ancien chœur... Ou une salle de réunion... En tout cas, un endroit suffisamment grand pour contenir toute une foule... Je n’ose imaginer ce qui risquerait de se passer si jamais ces piliers venaient à s’écrouler...*

Énormes, les piliers semblaient en effet soutenir le plafond, et, si Rayne n’était pas architecte, elle se doutait quand même qu’il devait s’agir d’une partie importante dans la construction du château. Alors que Rayne avançait, ce fut à cet instant qu’elle sentit une présence inhospitalière. Son sixième sens sanguin ne lui faisait encore pas défaut, et elle tourna la tête dans un coin, apercevant alors une sinistre silhouette encapuchonnée. Rien à voir avec une alpyre, ni même avec une goule. La créature prononçait une sinistre mélopée, et ses doigts se mirent à luire d’une lueur violette et magique.

« Toi... réalisa alors Rayne. Je sais qui tu es ! »

Rayne envoya sur la silhouette son grappin, mais le grappin claqua dans le vide. La silhouette venait de se téléporter, et son manteau se mit à redescendre. Rayne s’y dirigea rapidement, le prit entre les doigts, et le renifla. C’était un manteau de femme, et cette odeur... Elle reconnaissait cette odeur ! Ce doux parfum sensoriel... Elle n’eut pas le temps de pousser plus loin sa réflexion que les alpyres sifflèrent et crachèrent. Rayne perçut également un autre groupe sanguin, qu’elle reconnut bien.

*Reikus ? Pourquoi ne suis-je qu’à moitié surprise ?!*

Elle tenta de rejoindre Reikus, de l’alerter, quand les alpyres jaillirent en force. Elles bondirent des piliers, et plongèrent sur Rayne, qui roula en arrière pour les éviter, tout en cherchant Reikus. L’homme ne tarda pas également à se retrouver confronté avec les alpyres, se battant avec une hache. Rapides et véloces, les alpyres s’étaient réparties en deux groupes, et Rayne arracha le poignet d’une alpyre, avant de bondir sur elle, et planter ses crocs dans son cou. Elle atteignit la veine, la transperça en quelques secondes, et planta ensuite ses mains dans les épaules de l’alpyre qui se mit à couiner, le sang jaillissant de partout. Rayne plia ses jambes, et le poids de la gravité la fit basculer vers le sol, où elle se détendit alors, catapultant l’alpyre qui alla en heurter une autre. Se relevant très rapidement, Rayne lança une nouvelle fois son grappin, et l’arme se planta dans la cheville de l’alpyre qui s’était reçue le cadavre, afin de larguer une secousse. Dans un hurlement, l’alpyre alla s’écraser contre un pilier, mais réagit rapidement. Sa main attrapa le grappin, et elle tira dessus, manquant renverser Rayne, qui sentit une autre alpyre plonger dans son dos.

« Une à la fois, bordel ! »

Un bras prisonnier de l’alpyre qui avait attrapé le grappin, Rayne utilisa l’autre. L’alpyre adverse avait atterri dans le dos de Rayne, et approchait sa gueule du cou de la Dhampir, qui en profita pour glisser ses doigts entre ses jambes. L’alpyre poussa un beuglement quand les doigts très pointus de Rayne s’enfoncèrent dans son intimité, en faisant cracher des giclées de sang. Un coup bas, mais qui faisait partie de la panoplie des attaques défensives de la Dhampir. L’alpyre se retira en gémissant, et Rayne en profita pour la frapper avec un coup de pied retourné en pleine tête.

« Va sucer le sang de tes potes, salope ! commenta Rayne. Quant à toi, fit-elle en s’adressant à la créature qui tirait sur son grappin, c’est à moi, traînée, pas à toi ! »

Elle tira un coup sec, récupéra son grappin, et le renvoyant. Le grappin alla cette fois se planter dans l’un des yeux de l’alpyre, faisant tomber cette dernière. Rayne récupéra son grappin, le débarrassant des morceaux de l’œil crevé de l’alpyre. Un rugissement furieux se fit soudain entendre, et les alpyres se mirent à paniquer. Le sol se mit alors à trembler, des volutes de poussière tombant du plafond, alors que quelque chose approchait.

Les alpyres rompirent la formation, et Rayne en profita pour rejoindre Reikus.

« Je ne pensais pas avoir à vous le dire, mais je suis heureuse de vous revoir. Il faut sortir d’ici, Reikus, je pense savoir qui est... »

Rayne se tut soudain en voyant deux portes être arrachées de leurs gonds, révélant passage à une espèce de monstre terrifiant. La Dhampir comprit alors que la femme qu’elle avait vu tantôt, la silhouette encapuchonnée, avait invoqué une abominable créature. Un monstre invincible qui avança lentement vers les deux individus.

« Enfer et damnation ; un golem ! »

(http://nsa25.casimages.com/img/2012/05/11/mini_120511022009477594.jpg) (http://nsa25.casimages.com/img/2012/05/11//120511022009477594.jpg)


Le golem marcha vers eux, et frappa alors l’un des piliers. Ce dernier se fissura sous l’impact, et le plafond se fissura également, laissant tomber de gros morceaux de rochers tout droit sur Reikus et sur Rayne. La Dhampir évita les rochers en bondissant sur la droite, alors que le sol continuait à se fracturer. Le golem était une créature abominable. Une création magique consistant à faire vivre un bloc de granit. La magie ne l’affectait que peu, et les attaques physiques étaient sans effet. Frapper avec sa lame contre un golem, c’était comme essayer de fendre une falaise en deux. Le seul « point faible » du golem était sa tête. En tapant dessus, soit en arrivant à surmonter l’espèce d’excroissance rocheuse qui formait une espèce de mur protecteur, on pouvait brièvement brouiller le sceau magique qui donnait vie au golem. En d’autres termes, ce dernier se mettait à tituber, mais il n’était pour autant pas question de le décapiter. Sa tête était aussi solide que le reste du corps.

De violentes lézardes s’abattirent également sur le sol, et Rayne ne put lâcher à Reikus que quelques mots :

« Reikus ! Le donjon ! L’Antéchrist va attaquer le duc ! »

[HRP – Pour préciser, tu as deux options :

 - Reikus tombe dans une crevasse, et retrouve les alpyres, tandis que Rayne se chargera du golem :
 - Rayne tombe dans une crevasse, et tombe sur les alpyres, tandis que ce sera à Reikus de se farcir le golem.

Il n’est pas non plus forcément nécessaire que tu parviennes à venir à bout du golem. L’affaiblir, le faire tomber dans un trou, etc... Quoiqu’il en soit, comme tu m’as laissé le feu vert par MP pour l’identité de l’Antéchrist, j’aimerais que cette dernière ne soit révélée qu’à la fin, soit au donjon, si ça ne te dérange pas ! Et, pour cela, il faut que nos personnages soient encore un peu séparés.]
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mardi 15 mai 2012, 00:23:21
Reikus se frayait un chemin à travers les vampires, une à une, elles tombaient sous les coups répétés de Rayne et du Dernier Inquisiteur. Reikus avait beau ne plus vraiment faire confiance à la vampire, mais il devait admettre qu’ensemble ils formaient une bonne équipe. Reikus aimait bien Rayne, pas d’amour, mais il appréciait sa compagnie. L’Inquisiteur se dit qu’au fond, elle était peut-être innocente, l’Antéchrist était probablement quelqu’un d’autre. Non, Reikus ne se laisserait pas attendrir encore une fois. Si Rayne était innocent comme il aimerait bien le croire, Reikus serait soulagé et heureux de voir que ses soupçons n’étaient pas fondés, par contre s’il découvrait qu’elle était l’Antéchrist, il devrait s’occuper d’elle comme tout il s’occupait des autres criminels. Ce n’est ni facile ni agréable, mais tel est le fardeau du Dernier Inquisiteur.

Reikus s’approcha de l’une des créatures et lui flanqua un puissant coup de poing au visage, il avait probablement brisé le nez de la chose. L’Inquisiteur enchaina en lui assénant un violent coup de pied circulaire au niveau du genou,  obligeant la vampire à mettre un genou par terre. Reikus aimait bien les coups aux genoux,  personne ne pouvait marcher avec une rotule de brisée, pas même le plus costaud des costaud. Ce genre de coups bas rendaient les adversaires vulnérables et donc plus faciles à achever. La hache de Reikus fendit l’air et vint se planter profondément dans la boite crânienne de la créature.

-    Je ne pensais pas avoir à vous le dire, mais je suis heureuse de vous revoir. Il faut sortir d’ici, Reikus, je pense savoir qui est...

Reikus ne prit pas la peine de répondre, il fronça les sourcils à la place. Rayne n’eut pas le temps de finir sa phrase mais il savait de quoi elle parlait. L’Antéchrist. Rayne disait connaitre l’identité du vampire qui terrorisait depuis trop longtemps le peuple, Reikus quant à lui n’avait aucune idée de qui il pouvait bien s’agir. Il ne fallait pas écarter la possibilité que Rayne lui mente, selon Reikus, elle n’avait rien à faire dans le vieux donjon car il n’avait pas vu l’ampleur de la révolte dans la ville. L’Inquisiteur vit au dernier moment deux portes exploser et regarda sa ciller la créature monstrueuse qui venait de tout défoncer. Reikus remarqua tout de suite qu’il s’agissait d’un golem.

-   Reikus ! Le donjon ! L’Antéchrist va attaquer le duc !

-   Pas si je peux l’en empêcher!  

Le Dernier Inquisiteur ne voulait pas montrer à Rayne qu’il doutait d’elle, ça ne ferait que la mettre en rogne  si elle n’était pas l’Antéchrist, et si elle l’était, elle serait quand même en colère, sauf qu’elle essayerai d’éliminer Reikus.  Si l’Inquisiteur avait la confirmation que Rayne était vraiment la tueuse, il ne voudrait pas avoir à se battre contre elle tant qu’il ne serait pas certain d’avoir toutes les chances de son côté. L’honneur était très important pour Reikus, sauf qu’il savait qu’en combat, cet idéal n’avait pas toujours sa place, c’est ce qui le différenciait des autres guerriers chevaleresques, mais surtout, c’est ce qui le différenciait des hommes morts, il allait avoir besoin de tout les coups bas qu’il pourrait s’il voulait avoir une chance de battre le golem.

Reikus s’apprêtait à s’attaquer au golem quand le monstre fracassa un pilier. Le sol sous ses pieds se mit à trembler, des morceaux de pierres tombaient et des fissures commencèrent à apparaitre un peu partout. L’Inquisiteur essayait de garder son équilibre, mais c’était presque impossible. Quand il vit qu’un gros rocher allait tomber sur lui, il eut juste le temps de l’éviter, le rocher défonça le plancher, emportant le Dernier Inquisiteur avec lui. Reikus chuta sur quelques mètres avant d’atterrir sur quelque chose d’un peu mou. Sans cette chose étrange, il se serait blessé gravement.

D’autres roches vinrent boucher le trou qui l’avait fait tomber, il faisait complètement noir et Reikus ne pouvait plus entendre aucun son.  Il tâta un peu le sol avant de trouver sa hache, il la ramassa et regarda devant lui. À quelques mètres de lui sur le sol, il y avait une torche qui illuminait un peu. Reikus avança péniblement jusqu’à  elle, puis la ramassa, il la souleva et regarda devant lui. Son cœur faillit arrêter de battre quand il vit ce qui l’entourait. Les mêmes créatures qu’en haut, il y en avait tellement que Reikus ne les compta même pas. C’était une d’entres elles qui avait amorti sa chute, l’Inquisiteur l’avait tué sur le coup. 

L’une d’entre elle s’approcha dangereusement de Reikus, il lui donna un coup de torche, les cheveux de la créature prirent en feu. La vampire courut un peu partout en émettant un cri strident avant de trébucher et de mourir. Une fois que la créature se tût, les autres regardèrent Reikus, elles voulaient se venger, l’Inquisiteur n’allait pas aimer. Il était capable de les tenir à distance avec sa torche, mais tôt ou tard elles réussiraient à l’avoir, il y en avait simplement trop. Reikus devait fuir, et il devait le faire maintenant, il jetait des  coups d’œil derrière lui pour s’assurer que la voie était libre, elle l’était.  L’Inquisiteur recula lentement, les vampires le suivaient. Il arriva à une intersection, il espérait que rien ne se cachait dans l’ombre.

L’une des créatures était là, et elle attendait patiemment que Reikus soit assez près pour lui sauter dessus. Elle s’élança en criant et se jeta sur l’Inquisiteur, il eut à peine le temps de l’éviter, il lui planta sa hache dans les côtes puis une autre fois dans la gorge, la vampire s’écroula raide morte. Les autres profitèrent de cet instant pour courir vers Reikus, les créatures étaient nombreuses, leur nombre les empêchaient de se déplacer facilement dans le corridor, mais elles étaient quand même rapides.  L’Inquisiteur courrait aussi vite qu’il en était capable, mais ce n’était pas suffisant car les vampires gagnaient du terrain.  Reikus prit un virage à gauche, puis à droite, puis encore à gauche. Il regarda derrière lui, il semblait avoir semé les créatures, mais il allait devoir être prudent.

L’inquisiteur s’arrêta quelques instants pour reprendre son souffle, il avait vraiment courut longtemps, et Ius sait que Reikus n’est pas un grand coureur. Cette partie du donjon était plus claire que l’autre,  l’Inquisiteur décida de garder sa torche s’il avait besoin de brûler d’autres vampires, mais elle ne lui serait plus d’une grande utilité. Il se demanda comment se débrouillait Rayne avec le golem, si quelqu’un était capable de vaincre ce monstre, c’était bien la dhampir. Elle avait mentionné le donjon, Reikus supposa qu’il devrait se diriger vers là. Il ne savait pas trop où il se trouvait, mais il chercherait quand même.

( HRP : Je te laisse l’honneur d’affronter le golem :p Et puis d’accord, on resteras séparés encore un peu :) )
 

Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mardi 15 mai 2012, 13:53:53
« Judica me, Deus, et discerne causam meam de gente non sancta ab homine iniquo et doloso erue me.  Quia tu es, Deus, fortitudo mea : quare me repulisti ? Et quare tristis incedo, dum affligit me inimicus ? »

D’une voix affaiblie, le Cardinal priait. Agenouillé dans sa chambre, torse nu, yeux clos, mains jointes et tendues devant un autel, il priait depuis maintenant deux heures, répétant sans arrêt les mêmes psaumes. Le sang s’égouttait de ses plaies moribondes, des coups qu’il s’était lui-même infligé. Et il continuait, imperturbable, à prier, entendant depuis son balcon les cris de douleur, une mélopée funeste qui remontait dans ses oreilles.

« Emitte lucem tuam et veritatem tuam
 -  AAAAAAAH ! Nooooooonnn… !!
 -  Ipsa me deduxerunt, et adduxerunt
 -  Haaaaaaaaaaa !!!
 -  Et introibo ad altare Dei, ad Deum qui lætificat juventutem meam. »

Les cris redoublèrent d’intensité, mais émanaient désormais du couloir. Mais rien n’arrêterait le Cardinal de prier. Rien ne saurait l’en empêcher. Malheureusement, la fin du psaume, et il ne se sentait plus la force de continuer à trouver un autre psaume.

« Spera in Deo, quoniam adhuc confitebor illi, salutare vultus mei, et Deus meus.
 -  Hey! Non, ne… Aaaah !
 -  Arr...
 -  Spera in DEO, quoniam adhuc confitebor illi, salutare vultus mei, et DEUS MEUS !!!
 -  Sto… AAAAHHH !
 -  Il faut l’empêcher de… AAAAAAAHHHH !
 -  Spera in DEO !!! Quoniam adhuc CONFITEBOR illi !!! Salutare vultus mei, et DEUS MEUS !!! DEUS MEUS !!!
 -  Dieu ne vous entend pas, mon Père. Dieu n’entend personne ici. »

Sarcastique, la voix venait de parler dans son dos. Le Cardinal s’interrompit, mais ne tourna pas la tête. Le gêneur semblait mâchouiller quelque chose. On entendait ses dents rentrer en contact avec... Avec quelque chose, mais l’homme n’aurait su dire quoi. Et ça ne l’empêcha pas de continuer à prier, répétant, comme un leitmotiv, le dernier psaume.

« Spera in Deo, spera in Deo, Spera in Deo, SPERA IN DEO !!!
 -  Êtes-vous devenu également sourd, mon Père ? Cela fait des années que Dieu ne vous entend plus... »

La forme était alors dans le dos du Cardinal, et le souleva, l’attrapant par la gorge. Une force implacable souleva l’homme, qui avait perdu la vue. Il essaya de se libérer de cette prise, et l’individu balança alors comme une plume le corps du vieillard, l’envoyant s’écraser sur le sol, où son dos craqua. La forme s’abaissa alors vers un petit carnet qui avait été ouvert devant le prêtre, et la saisit.

« Votre vieux carnet... Il vous accompagne depuis le monastère, n’est-ce pas ? Pourquoi le conserver, alors que votre foi vous a aveuglé ?
 -  La Foi ne m’a jamais aveuglé, démon ! C’est mon arrogance qui m’a aveuglé !
 -  C’est une manière de voir les choses... Ne soyez pas triste, Cardinal ; vous avez eu une belle vie. Toutes ces vies que vous avez sauvé, ces femmes que vous avez secouru, ces serfs que vous avez protégé... Un parcours exemplaire. Vous êtes probablement l’un des rares cardinaux qui croient vraiment en ce qu’il prêche. Sans doute parce que vous n’êtes parti de rien. Vous avez su résister à toutes les tentations. Votre position de cardinal vous permettait pourtant de bénéficier d’un palais, de robes luxueuses, mais vous les avez constamment refusé.
 -  La Foi n’a nul besoin de parures…
 -  C’est pourtant elle qui vous a perdu. Votre manque d’humilité, votre conviction profonde... La fierté est l’apanage des puissants, Cardinal, et vous êtes puissant. Les possessions matérielles ne vous intéressent pas, mais votre croyance profonde, vos convictions religieuses intenses, ont fait de vous un fanatique.
 -  Non. Non, non, non, non ! Tu parles avec la bouche du Serpent !
 -  Vous vous êtes cru insensible à toute forme de corruption ! Et vous avez corrompu votre âme ! Mais, dans le fond, vous n’avez rien à vous reprocher. Ce n’était pas entièrement de votre faute. Manipuler les émotions humaines est quelque chose de tellement enfantin...
 -  Qu’insinues-tu, démon ?
 -  Votre Dieu est faible, Cardinal. Les miens sont plus forts. Il m’a été facile de vous leurrer, de vous aveugler en utilisant votre foi. La magie sacrée est l’apanage des êtres purs, et rares, de nos jours, sont ceux qui peuvent se targuer de vraiment la maîtriser. Et c’est tant mieux. Néanmoins, il suffit d’un seul utilisateur des arcanes sacrés pour pouvoir contrer les plans de ma Famille. Une chose que je ne saurais tolérer.
 -  Qui… Mais qui êtes-vous ?!
 -  Peu importe qui je suis, car toi, tu n’es plus rien. »

Et ce fut tout. La conversation s’arrêta là, et la créature plongea sur le Cardinal, plantant ses crocs.

*
*  *

Face au golem, Rayne n’en menait pas large. Les coups du golem avaient fait disparaître Reikus, l’amenant dans des étages inférieurs, et le golem s’était alors rué sur Rayne, manquant de peu de l’écraser. D’une roulade, Rayne avait évité la ruade du golem, et lança à tout hasard son grappin sur son dos. L’arme métallique ne se planta même pas contre la cuirasse du golem, rebondissant dessus. Le golem termina sa course en pulvérisant l’une des colonnes, faisant trembler le plafond. Il se retourna en grognant, et courut à nouveau, faisant trembler le sol. Ne pouvant rien faire, Rayne esquiva à nouveau, mais le golem infléchit désormais sa course, la poursuivant, et abattit son poing sur elle. Rayne évita de justesse le coup en faisant basculer tout son poids sur son dos, relevant les jambes, bondissant en l’air pile au moment où le poing s’abattit.

S’envolant dans les airs, Rayne posa un pied sur l’un des piliers, qui fut parcouru de lézardes alors que le sol défoncé explosait, et s’en servit comme appui pour bondir vers la tête du golem, à découvert. Elle utilisa alors son autre pied, le bandant en arrière, et le lâcha, l’envoyant frapper de plein fouet la tête du golem, pile entre les deux yeux. Sous la puissance de l’impact, le golem sembla tanguer sur place, et Rayne en profita pour courir. Le golem se remit malheureusement bien vite, et frappa avec le pied le sol, provoquant une longue fissure qui fit tanguer la Dhampir. Elle bondit en l’air, sentant les colonnes exploser derrière elle.

*Le seul moyen de vaincre ce géant est de faire tomber sur lui le plafond...* réalisa Rayne.

A force de dégommer les colonnes, le monstre gigantesque fragilisait en effet énormément la structure du donjon. Il fallait jouer là-dessus pour espérer en finir avec lui, et c’était ce à quoi Rayne tenta de s’appliquer. La Dhampir vit le golem la poursuivre, et s’élança à nouveau, rejoignant des colonnes. Plus le golem en détruisait, plus le plafond se fragilisait, et elle se débrouillait pour rester à proximité d’une porte de sortie, utilisant son agilité légendaire pour éviter les coups. Un seul coup au but, et c’en était en effet fini de la Dhampir. Partant de là, il valait mieux faire preuve de prudence ! Les poings du golem, ses coups, étaient proprement terrifiants. Il était très rapide, réactif, et Rayne essayait de l’énerver en frappant sa tête avec son grappin, faisant des sauts de côté.

En réponse, le golem frappa avec ses deux poings sur le sol, continuant à fragiliser les piliers qui l’entouraient. Il manqua in extremis de saisir Rayne à plusieurs reprises, et parvint au bout d’un moment à attraper son grappin. Il la tira alors vers lui, et elle vit son autre main filer vers elle. Pour survivre, Rayne tendit ses deux lames, les croisant pour faire office de bouclier. Elles absorbèrent en partie la puissance du coup de poing, mais Rayne se reçut malgré tout le coup dans le ventre, et vola sur place, s’écrasant contre le mur, crachant du sang, sentant tout son corps hurler de souffrance. Ce golem était terrifiant. Comme n’importe quel golem, d’ailleurs. Pour réussir à en créer un qui soit aussi parfait, il fallait avoir affaire à un alchimiste extrêmement talentueux.

Le costume de Rayne était déchiré par endroits, et le golem s’avança vers elle. Elle nota alors que les piliers étaient extrêmement fragilisés. Tout comme le plancher ! C’était sa chance ! Le golem leva le poing vers elle, et Rayne lui sourit lentement.

« Viens, gros enfoiré... »

Le poing du golem s’abattit, et Rayne roula sur la gauche. Le poing pulvérisa le mur, et l’impact fit s’envoler la Dhampir. Ce fut néanmoins plus que suffisant. Cette ultime onde de choc eut raison de la résistance du pilier à proximité, qui s’effrita et s’effondra. Par un effet de réaction, les autres piliers s’écroulèrent, et Rayne eut tout juste le temps de bondir en avant pour éviter de tomber avec le golem et un morceau de la pièce. Le golem fut englouti dans les débris, et des volutes de poussière jaillirent sur des dizaines de mètres. Rayne crut devenir aphone. Tout le vieux donjon sembla vaciller sur lui-même. Couverte de poussières, en sang, Rayne se retourna, souriant, et tendit alors deux doigts d’honneur vers la pièce qu’elle venait de quitter.

« Va te faire enculer, salopard !!!! clama-t-elle, avant de soupirer. Ah putain... »

Rayne s’accorda une brève pause de quelques secondes, soupirant longuement, avant de se relever, s’agrippant à la rambarde. Il était temps d’en finir avec cette histoire.

Dans les profondeurs du vieux donjon, sous des tonnes et des tonnes de gravats, de blocs de béton, et de rochers, le golem était enseveli. Ou presque, car ses doigts remuaient lentement et faiblement.

*
*  *

Rayne atterrit dans les cachots du Château-Lerouge, et sentit l’odeur de soufre. La révolte avait dégénéré en anarchie totale, et elle ne tarda pas à comprendre pourquoi. Des goules traînaient dans les cachots. Ils avaient dévoré les prisonniers et les gardes. Rayne s’avança à travers les cellules, légèrement sonnée, ayant toujours un peu de sang qui s’écoulait de ses plaies, et atterrit dans une espèce de grande pièce centrale. La salle de torture, où plusieurs goules dévoraient plusieurs cadavres. Rayne ne pouvait pas le savoir, mais il s’agissait des prisonniers que Reikus avait libéré. En s’approchant, elle attira l’attention des goules, qui relevèrent la tête en la voyant, avant de se rapprocher.

« Ça ne s’arrêtera donc jamais... » soupira Rayne.

Poussant des grognements de plaisir, les goules se rapprochèrent de la Dhampir, qui releva ses lames. Elle avait un peu récupéré du combat contre le golem, et fondit sur les cibles. Les golems n’avaient pas la moindre chance. La Dhampir était énervée, et fondit donc dans la mêlée. Elle trancha des bras, découpa des ventres, planta son grappin dans la gorge d’un golem, s’en servit pour envoyer ce dernier s’écraser sur d’autres, et, en quelques minutes, dans une orgie de giclements de sangs et de morceaux de corps, Rayne se trouva au cœur d’un impressionnant carnage.

Elle sortit alors des cachots, pour voir que les gardes avaient barricadé les portes d’entrée. Les soldats n’étaient toutefois pas là, et on voyait à la place une longue traînée de sang. En la suivant, Rayne arriva dans la salle à manger, et eut un rictus de dégoût. Il y avait ici un autre charnier. Toute une bonne partie de la garde royale avait été massacrée, et pas par les goules. Ceci confirma ce qu’elle pensait : l’Antéchrist. L’Antéchrist était là, et s’était fait plaisir ! Grommelant, Rayne sortit de la salle de réfectoire, et monta l’escalier.

La Dhampir débarqua ainsi dans les derniers étages, et aperçut, par des chambres, toute l’ampleur du désastre. Le Château-Lerouge brûlait intégralement. Des cadavres gisaient par terre, dans les rues, éventrés, dévorés par les monstres. Il n’y avait pas que des goules, mais également des espèces de petites harpies volantes ressemblant à des démons, et qui fondaient sur les villageois, tels des oiseaux démoniaques de mauvais augure.

« Quelle horreur... »

Rayne entendit alors du bruit au-dessus, et grimpa rapidement. Elle atteignit ainsi les quartiers du Cardinal, et vit une autre vision de cauchemar. Dans le couloir, il y avait du sang et des corps partout. Tous les Commodores. Ils avaient beau être forts, l’Antéchrist les avait massacré. Le sang des enfants devait lui donner une force incroyable... Elle entra dans la chambre du Cardinal, et haussa les sourcils. En voilà au moins un qu’elle ne regretterait pas ! Le Cardinal était mort, et même bien mort. On avait ouvert son ventre, afin de le pendre par ses intestins. Entendant un gémissement, elle tourna la tête, et aperçut un Commodore, qui gisait à côté. Rayne se rapprocha de lui, et entreprit de retirer son heaume. Il crachait du sang, et elle vit une grosse tâche à hauteur de son ventre.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui vous a fait ça ?!
 -  Le... Le... Le Diable... réussit à haleter ce dernier. Si... Si rapide... Rien... Rien ‘pu... »

Un râle de douleur traversa alors le corps du mourant, qui cracha du sang de sa bouche, vomissant le liquide écarlate. Son corps se mit alors à tressauter, et Rayne s’écarta. Il était trop tard pour lui. Rayne sortit rapidement de la pièce, et monta à nouveau des marches. Elle le sentait. L’Antéchrist était encore là ! A proximité ! Elle en était sûre ! La Dhampir courut donc, rejoignit le prochain escalier, aperçut un cadavre qui gisait en plein milieu, et atteignit la chambre de la Reine...

... Et se reçut un coup de poing en pleine figure. Elle eut à peine le temps de comprendre que des mains la saisirent, et l’envoyèrent heurter le mur, tandis qu’une lame se glissa sous sa gorge.

« Où est le Duc ?! »

Reprenant ses esprits, Rayne reconnut la voix du Capitaine Dalbert, et aperçut alors, sur le lit, le cadavre de la duchesse. Elle gisait, nue, en plein milieu, un énorme couteau planté dans le dos, le sang filant tout le long du lit, formant une grosse flaque autour. Dalbert semblait fou de rage, et Rayne sentit l’haleine du vin.

« Je... Je ne sais pas, Dalbert... Je le recherche également... »

Dalbert ne dit rien, mais desserra sa prise, se refusant à regarder le cadavre. Rayne se massa la gorge en se rapprochant. Elle était morte. Indéniablement. Ce qu’elle avait pris pour un couteau était en réalité une épée. Celle du duc. Elle s’était enfoncée dans le corps de la duchesse, transperçant le lit. Un coup un peu trop violent pour un simple homme...

« Elle... Elle voulait le quitter... Elle voulait quitter cet enfer, et moi aussi... Quand l’émeute a éclaté, j’ai quitté le donjon avec un petit détachement de soldats, malgré sa demande, et, quand je suis revenu... Mon Dieu... Tous ces morts...
 -  Et le duc ?
 -  Ce monstre a filé ! J’ai refusé de le croire, je me suis rattaché à mon devoir... Je... C’est de ma faute, tout ça... En partie...
 -  L’Antéchrist est à la poursuite du duc ! Où se trouve le duc ?!
 -  Sûrement en route pour Nexus... Avant même que l’émeute n’éclate, il était parti. A l’heure qu’il est, il doit être hors du comté. »

Était-ce pour ça que l’Antéchrist avait massacré tout le monde ? Pour exprimer sa rage ? Et si c’était le duc qui avait tué la femme ? Rayne contempla le corps plus attentivement, et crut voir des traces de doigts sur son cou, comme si on avait essayé de l’étrangler. L’Antéchrist était ensuite passé par là, et avait du chercher à maquiller la scène...

« Inspectons la chambre du duc... Il a peut-être laissé des indices...
 -  Elle est fermée. Condamnée, plutôt. Je n’ai pas réussi à l’enfoncer.
 -  La chambre a bien un balcon, non ?
 -  Oui, mais...
 -  Alors, je n’ai plus qu’à l’escalader.
 -  Ce serait du suicide ! »

Rayne ne répondit pas, allant sur le balcon. Le balcon supérieur était assez haut, et elle lança son grappin. Ce dernier se planta contre ce dernier. Elle tira un peu dessus, constata qu’il était solide, et commença alors à escalader. S’agrippant au grappin, elle se hissa, utilisant ses pieds pour avancer. Il y avait de fortes bourrasques de vents, et elle pouvait voir, sur le sommet du donjon, de nombreuses harpies démoniaques flotter dans les airs, semblables à des vautours. La Dhampir continua à grimper, lentement et prudemment, le vent plaquant ses cheveux. Elle finit ainsi, au bout de plusieurs minutes, par atteindre le balcon, et s’agrippa à l’une des colonnes soutenant la rambarde, quand elle entendit à l’intérieur de la pièce une voix.

Impossible que ce soit le duc, puisque ce dernier était parti. Elle se hissa alors prudemment, et se cacha dans un coin. Une forme était à l’intérieur, près du bureau, et semblait assez agitée, éparpillant des papiers. La Dhampir s’agenouilla, tourna la tête, et aperçut la porte barrée... Dalbert n’avait probablement pas du insister, par dépit, car le meuble qui la bloquait pouvait facilement être poussé, pour peu qu’on ait une force physique suffisante. Rayne cessa toutefois de s’intéresser à la porte, mais plutôt à l’homme, assez nerveux, qui consultait des papiers.

« Parti ! Parti ! Parti ! Parti ! Je ne peux pas y croire ! Il est parti ! Il a osé fuir ! Non... Non, pas après toutes ces années ! Je ne saurais le tolérer ! Je le retrouverais, oui... Oui, il ne doit pas être loin, et il retrouve sûrement Black à Nexus... Je pourrais l’avoir ici, oh oui, oh oui, oh oui, et alors... »

Rayne sortit alors de sa cachette, et avança vers l’homme, qui sursauta en la voyant. Il remit ses lunettes en place, ne semblant pas en croire ses yeux.

« Vous ?! Mais...
 -  Oui… Moi.
 -  Ce… Mais comment ?
 -  La porte était fermée… Je suis passée par un autre chemin…
 -  Oui... Oui, certes, oui, j’avais... J’avais besoin de réfléchir sur tout ça... Le duc est parti ! Parti, alors que son peuple est en train de mourir !
 -  Comment ai-je pu être aussi aveugle ?
 -  Hein ? Que... Que voulez-vous dire par là...
 -  Quand je suis partie, quand j’ai quitté le fort, j’ai rencontré l’un des hommes de Black... Je lui ai alors demandé s’il se souvenait d’un certain Raymond Marlowe... Un détective fouineur... »

*
*  *

Il avait hoché la tête, semblant réfléchir, mais il avait déjà la réponse à la question.

« Marlowe... Ah, c’était un sacré emmerdeur, ce mec ! Du genre tenace, à fouiner dans la merde et tout ça. J’peux vous le dire, il a fait flipper Black comme une grand-mère estropiée. Héhé, Raymond était une souris qui défiait un tigre. J’crois qu’il y a une connerie biblique dans ce genre-là, non ? Enfin, Black était pas du genre à s’emmerder, et il avait laissé le soin à Kriv de sortir les poubelles. C’est toujours comme ça qu’y dit. ‘‘Hey, Kriv, y a un p’tit con qui me les casse ; j’crois que l’temps est venu de sortir les poubelles.’’ Bien sûr, on sortait pas vraiment les poubelles, hein ! Bref, toujours est-il que Marlowe, aussi intègre qu’il soit, n’était qu’un simple homme. On savait tout sur lui, putain de merde : là où qu’y créchait, là où qu’était sa piaule, en somme, avec sa foutue bonne femme, et son gosse... On savait là où qu’y bossait, le temps qu’y mettait, et on aurait pu le zigouiller à n’importe quel foutu moment. Mais Kriv voulait que ça soit un putain d’exemple, parce que mon Dieu, sortir les putains de poubelles tous les trente-six du mois, c’est d’un chiant ! »


*
*  *

« Elle s’appelait Charlène... Elle n’avait que deux mois...
 -  Ne prononcez pas son nom...
 -  Marianne... Nous avons cru que vous n’aviez qu’une femme, mais, en réalité, vous aviez aussi une fille... Et, quand vous êtes rentré chez vous...
 -  LA FERME ! »

Devenu furieux, Raymond se rua vers Rayne, qui s’attendait toutefois à ça. Elle le frappa au ventre avec le pied, le frappa à la tête, et l’envoya atterrir sur le bureau, mais Raymond se défendit avec talent, et poussa Rayne, avant de lui sauter dessus. Rayne se laissa tomber sur le sol, levant son pied, et se servit du sol comme d’un appui supplémentaire pour faire basculer par-dessus elle le corps de Raymond, l’envoyant heurter le lit. La Dhampir se releva alors, et fit jaillir ses lames, prête à égorger Raymond...

... Quand la porte s’ouvrit brutalement.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le vendredi 18 mai 2012, 17:58:46
Les monstres dans le niveau inférieur du donjon étaient des centaines, Reikus avait une hache. Cette phrase résumait bien la situation dans laquelle se trouvait le Dernier Inquisiteur.  Il n’avait pas peur pour lui, il était capable de vaincre à peu près n’importe quel monstre qui aurait le malheur de venir l’attaquer, en fait, il s’inquiétait surtout pour l’Antéchrist. Il avait peur qu’il atteigne le donjon et le Duc avant lui. Le Duc était tyran, mais s’il devait être éliminé, ça serait par la main d’un justicier comme Reikus, pas par un homme au cœur si noir que même les monstres n’osent pas s’en approcher.

Reikus tourna un coin et vit que le corridor dans lequel il venait de s’engager était bloqué. Pas par des débris ou de vieux meubles, non. Il était bloqué par une vraie marée de goules. Rayne aurait probablement trouvée une façon de sauter par-dessus et de s’agripper au plafond, ou quelque chose dans le genre. Reikus quant à lui, devrait tailler en pièce tout ces monstres avant de pouvoir espérer passer. L’Inquisiteur savait qu’il ne pouvait pas se jeter comme ça dans la mêlée, en temps normal, avec son armure et ses armes, cette idée ne lui aurait pas déplu, mais il fallait être réaliste. Il n’avait qu’une hache et ses vêtements.

L’Inquisiteur recula donc lentement, très lentement, tout en se dirigeant vers un autre corridor. Il ne quittait pas les goules des yeux, si elles le remarquaient, sa journée allait devenir encore plus difficile.  Quelques goules lui lancèrent des regards mauvais, mais heureusement pour Reikus, aucune d’entre elles ne décida de le suivre. L’Inquisiteur se heurta à quelque chose, en fait, ce quelque chose était quelque chose de vivant, et il n’était pas seul. D’autres goules! Reikus avait tellement porté son attention sur le premier groupe de monstre qu’il n’avait pas remarqué le second, une erreur de débutant qui pouvait lui être très couteuse.

Reikus se retourna rapidement et planta sa hache dans l’épaule du monstre. Ici comme dans l’autre corridor, il y avait un nombre impressionnant de goules.  Reikus n’avait pas le temps de s’en aller, il allait devoir se battre. Le corridor était plus étroit que l’autre, le grand nombre des goules jouerait donc en faveur du Dernier Inquisiteur. Les monstres s’entassaient en essayant vainement de toucher Reikus, ce dernier tranchait des membres comme jamais. Sa hache resta prise dans le crane d’une goule quelques instants, les autres en profitèrent pour se jeter sur l’Inquisiteur.

Reikus les repoussas, sa grande force lui permettait de pousser un grand nombre d’individus en même temps. Même si une goule était toujours accrochée à lui, il parvint quand même à faire reculer les autres de plusieurs pas sans se faire mordre. Reikus se comptait chanceux. L’Inquisiteur attrapa la goule sur son dos, la leva dans les airs, puis la fit atterrir sur son genou. L’impact brisa le dos faible du monstre, les goules n’étaient pas très lourdes, Reikus était capable de faire à peu près ce qu’il voulait avec elles. Il reprit sa hache et regarda d’un air mauvais les autres monstres dans le corridor.

*****************************

Un peu plus tôt, les prisonniers que Reikus avait libérés courraient comme des fous partout dans le château, leur nombre avait diminué puisqu’une rencontre avec quelques gardes avait mal tournée, mais cela ne leur dérangeait pas, la haine envers le Duc guidait leur pas. Ils ignoraient la peur et la douleur si ça signifiait qu’ils pourraient se venger.  Il semblait que des goules avaient réussie à se faufiler à la surface, mais ça aussi leurs était égal. Ils étaient capables de les éviter sans trop d’ennuis, donc elles n’étaient pas un problème.

Le petit groupe avançait lentement mais surement, ils tournèrent un coin et virent du coin de l’œil des gardes qui avaient barricadés une porte. Les prisonniers se sentaient invincibles, deux d’entre eux décidèrent de foncer sur la barricade, espérant que l’effet de surprise leur permettrait de vaincre les gardes. Malheureusement pour eux, ce ne fût pas assez,  les soldats pointèrent leurs arbalètes sur les fugitifs et en abattirent un. L’autre avait eu beaucoup de chance, il s’arrêta net en voyant les soldats recharger. Il prit son ami par les poignets puis le traina jusqu’à ce qu’ils soient en sécurité, évitant de justesse une nouvelle volée de carreaux d’arbalètes.

-   Fuyez bandes de traitres!!! lança un des gardes

Les prisonniers n’étaient plus qu’une demi-douzaine, le fugitif qui s’était fait toucher n’était pas encore mort, mais sans soins, il ne pourrait pas vivre bien longtemps. Les prisonniers s’éloignèrent du corridor où se trouvaient les gardes, ils devaient faire quelque chose et ils devaient le faire rapidement. Au loin, ils entendirent des cris, il s’agissait peut-être des gardes mais ils préféraient ne pas aller vérifier.

-   On devrait revenir sur nos pas, le détective va pouvoir nous aider.

-   Ça reste notre meilleure chance, mais je doute qu’il puisse faire grand-chose…

Les prisonniers firent demi-tour, ils espéraient retrouver Marlowe, mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’il était parti depuis bien longtemps. Les fugitifs arrivèrent devant une grande porte imposante, certains fugitifs la reconnurent, Un frisson parcourut leur corps car ils se rappelaient leur séjour dans la salle de torture. Ils ouvrirent quand même la porte, ils ne savaient pas trop où aller, donc c’était aussi bien que n’importe quel autre chemin. Les fugitifs reconnurent leur erreur au moment où ils ouvrirent la porte.

Des dizaines de goules se jetèrent sur les fugitifs, ils ne pouvaient rien faire, certains se défendirent mais il y avait simplement trop de goules. Un prisonnier, un peu plus brave que les autres, monta sur une table armé d’une lance et se mit à empaler tout ce qui s’approchait trop de lui. Ces amis se faisaient dévorer un à un, mais il continuait à se battre. Les goules gagnaient du terrain, l’une d’entre elles lui attrapa le pied, le prisonnier planta sa lance dans le crane du monstre qui le tenait, mais ce geste le fit tomber. Les goules grimpèrent sur la table, s’en était fini pour les fugitifs.

*****************************

Reikus était presque venu à bout des monstres qui bloquaient son passage, d’un coup de hache il décapita une goule pour ensuite couper le bras d’une autre.  Son séjour à Château-Lerouge s’était montré bien plus éprouvant qu’il ne l’avait prévu, mais en même temps, il ne s’était pas senti aussi vivant depuis des mois. Étrange, pensa Reikus, que c’est seulement en frôlant la mort qu’il parvenait à se sentir vivant. L’Inquisiteur sourit en pensant à ce drôle de paradoxe, mais il reporta tout de suite son attention sur les goules. 

La dernière de ses créatures démoniaques finit par tomber, le haut de son corps se séparant de ses jambes. Après cet affrontement, Reikus aurait bien aimé prendre quelques instants pour reprendre son souffle mais il ne pouvait plus ce permettre de pauses, le temps était compté, il devait arriver au donjon le plus rapidement possible. Cette tâche s’avérait difficile puisqu’il ne savait pas trop où il se trouvait en ce moment. L’Inquisiteur arriva face à un escalier, il vit enfin une porte de sortie. Reikus monta l’escalier et arriva dans une partie du donjon qui lui semblait plus familière. Il était maintenant dans la partie supérieure du donjon, très près de son objectif.

Reikus trouva une fenêtre et regarda à l’extérieur, il vit tout le chaos qui régnait dans la ville, il trouvait tout cela un peu triste. La plupart des gens qui habitaient à Château-Lerouge n’étaient ni des rebelles, ni des tyrans, mais malheureusement, les guerres n’épargnaient jamais personne.  L’Inquisiteur remarqua aussi d’étranges créatures volantes qui attaquaient les villageois à vu. Il devait arrêter ce massacre, tel était son devoir, mais comment? Il devait trouver et vite. Reikus avançait au hasard jusqu’à ce qu’il entende des voix. Un homme et une femme, s’agissait-il de Rayne? Le Dernier Inquisiteur suivit les voix, mais après quelques instants, il n’y avait plus rien. Reikus savait qu’il s’approchait de la chambre du Duc. Tout d’un coup, il entendit une voix derrière lui l’interpeller.

-   Qui va là?  

Il reconnut le Capitaine Dalbert

-   Reikus Mordo, Dernier Inquisiteur

-   Qu’est-ce que vous faite là?

-   J’essaye de sauver la ville…

-   Bonne chance! Si c’est ce que vous essayez de faire, vous en aurez besoin.

-   Je vais aussi avoir besoin d’aide, où est le Duc?

-   Ça je n’en ai aucune idée, je le cherche aussi, votre amie également.

-   Rayne?! Où est-elle?  

-   Suivez-moi…

Dalbert l’amena devant la chambre du Duc, la porte était fermée, Reikus essaya de l’ouvrir mais elle était bloquée.

-   Elle est scellée. Rayne est passée par  le balcon… dehors. Vous pouvez toujours essayer

Ça c’était hors de question, Reikus était assez fort pour s’agripper à certaine structures et se hisser en haut, mais là, c’était carrément du suicide si on n’avait pas l’agilité hors du commun de Rayne.  Reikus ne voyait qu’une autre option, il n’avait pas l’agilité, mais il avait la force. Il recula et prit son élan.

-   Ce n’est pas la peine elle est…

Reikus ne l’écouta même pas, il fonça sur la porte, l’épaule droite devant lui. Il mit tout son poids dans l’impact, la porte n’avait d’autre choix que de s’ouvrir. L’Inquisiteur l’avait ouverte sans trop de difficultés, Dalbert et Rayne n’avaient probablement pas trop essayé. Reikus ne croyait pas à ce qu’il vit à l’intérieur de la pièce. Rayne qui essayait de tuer Marlowe, il savait que Rayne était là, mais Marlowe?  L’Inquisiteur ne comprenait plus trop ce qui se passait, il avait besoin de réponses.

-   Arrêtez tout les deux! Mais qu’est-ce qui se passe ici? Vous me devez des explications et je vous conseillerais de vous dépêcher puisque le temps est compté.  

Dalbert était resté derrière, il était toujours un peu surpris de voir que Reikus avait réussi à enfoncer la porte. L’Inquisiteur quant à lui, s’était approché de la dhampir et du détective. Rayne semblait en colère et Marlowe avait l’air hystérique. Quelque chose de grave s’était produit entre les deux, et Reikus n’avait aucune idée de quoi il pouvait bien s’agir.

(HRP: Désolé si c’est un peu court comparé à ton dernier poste, mais j’ai préféré ne pas trop bouger les choses, je t’ai laissé le feu vert pour l’identité de l’Antéchrist et je ne voulais pas ruiner tes plans ;) )
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 19 mai 2012, 00:16:09
[HRP - J'apprécie cette délicate attention ^^]

« -   Arrêtez tout les deux! Mais qu’est-ce qui se passe ici? Vous me devez des explications et je vous conseillerais de vous dépêcher puisque le temps est compté. »

Tournant la tête, Rayne ne fut qu’à moitié surprise de retrouver Reikus, mais cet interlude fut suffisant pour permettre à Raymond de s’écarter de la Dhampir, et de lâcher, sur un ton accusateur :

« Vous ne comprenez donc pas, Inquisiteur ? C’est une vampire ! Elle boit du sang ! Nous avons tous vu sa réaction quand le Cardinal lui a présenté du sang ! C’est elle l’Antéchrist !
 -  Vous ne savez pas mentir, Raymond. »

Ne semblant pas l’écouter, le détective regarda Reikus, continuant à parler. Il était visiblement très nerveux et agité.

« Elle est une vampire ! Elle vous a utilisé comme alibi ! Elle vous a séduit pour mieux vous tromper ! Elle est la seule vampire du Château-Lerouge ! Elle ne dort pas la nuit ! Elle pouvait très bien sortir en plein milieu de la nuit ! »

Rayne secoua la tête.

« Vos conneries ne m’amusent pas, Raymond ! C’est vous qui avez tué ces pauvres gosses. Votre obstination envers Black est si forte que vous n’avez pas hésité à les massacrer !
 -  C’est faux ! Comment aurais-je pu... ?! Je ne suis PAS fou !
 -  Vous êtes un vampire, Marlowe. »

Un rire nerveux traversa les lèvres de Raymond, comme si cette idée était tout simplement ridicule, et Rayne se tourna vers Reikus. Elle pouvait sauter sur Raymond, en finir avec lui, mais, dans ce cas, elle risquerait de devoir également affronter Reikus... Or, elle allait avoir besoin de lui, car, avec tout le sang que Raymond avait vu, il était extrêmement puissant.

« Raymond n’avait pas qu’une petite amie, Reikus. Il avait aussi un enfant... Un bébé qui n’avait que quelques mois...
 -  Je vous ai interdit de parler d’elle !
 -  Je connais tout, Raymond ! Je sais ce qui s’est passé ! »

Alors, Rayne expliqua la triste histoire. Elle commença par expliquer à Reikus que, quand elle était partie, elle était tombée sur l’un des hommes de Kriv, qui avait entendu parler de Raymond. Un détective privé, qui avait des liens avec la milice, et qui embêtait sérieusement Black et son petit trafic. Raymond était ressorti de son bureau, et était rentré chez lui.

*
*  *

« Chérie, c’est moi, je suis rentré. Chérie ? »

L’instinct. Le flair du détective. Il avait tout de suite senti quelque chose d’anormal. Et ce avant même de se dire qu’il était anormal que sa femme ne lui réponde pas. Où était l’odeur des fourneaux ? Ces délicieuses effluves qui émanaient de la marmite dans la cuisine, où Marianne préparait toujours à manger ? Il regarda dans la cuisine, et ne vit rien. Même pas la marmite. Même pas les madeleines qu’elle lui laissait après avoir fait son tour chez le boulanger. Il prenait de plus en plus l’habitude de rentrer tard. Les affaires... Coincer Black nécessitait des heures supplémentaires, d’autant plus qu’il devait négocier avec un informateur qui avait l’air d’en savoir beaucoup. Raymond avait abandonné l’idée de coincer Black à travers les fraudes fiscales. Le dossier était trop bancal, et il tenait une sérieuse piste, maintenant, avec le trafic de fisstech.

Ce fut à ce moment que le bébé se mit à hurler. Il ne pleura pas comme à chaque fois qu’il avait faim, ou qu’il voulait qu’on change sa couche. Non. Il hurlait littéralement. Alors, Raymond sentit la panique monter.

« Chérie ? Chérie ?! »

Ces interminables marches, il ne les oublierait jamais. Il avait trébuché en heurtant une planche en bois, et il avait ensuite entendu sa femme hurler. Hurler son prénom. La détonation avait ensuite retenti, alors qu’il était entré dans la chambre.


*
*  *

« Ils ne s’étaient pas contentés de la tuer, Raymond. Ils l’avaient torturé. Violé. Battu. Et le bébé avait hurlé. Ils l’ont abattu sous vos yeux, et ensuite... »

*
*  *

Le sang partout... C’est ça qui l’avait marqué. Avait-on repeint la chambre du bébé en rouge ? Il s’était ensuite reçu un coup sur le crâne, et avait vu le cadavre de sa femme. Attachée. Violacée. Une partie de la tête en moins, son cerveau dégoulinant de sa tête. Les taches de sang qui avaient maculé le corps du bébé. Les trois tueurs. Des individus sinistres qui souriaient. Des yeux implacables, sans pitié.

« M. Black vous envoie ses salutations. »


*
*  *

« Ils ont abattu votre famille, et ils vous ont tué. »

Mortifié, Raymond ne disait rien, et finit progressivement par secouer la tête, comme s’il refusait cette version des faits.

« Ils... Ils ne m’ont pas tué, non... Ils avaient... Ils avaient... Ils avaient besoin de moi... Monstre... Vous osez remuer le passé, et...
 -  Pourquoi vous auraient-ils épargné ?
 -  Ils avaient besoin de mes informations ! Ils avaient besoin du nom de l’informateur, ils...
 -  Ils vous ont tué, vous ont enterré dans le cimetière, et, là, un vampire vous a mordu. Les vampires fréquentent généralement les cimetières la nuit. Vous avez été tabassé à mort, avant d’être enterré vivant. Il me l’a dit ! Ils n’avaient pas besoin de vos informations, car ils connaissaient déjà l’informateur. C’est lui qui vous a balancé à Black... Et c’est là que la boucle se termine. Cet informateur, c’est le duc... »

Raymond ne dit rien. Il pleurait silencieusement, ce qui était sans doute la meilleure confirmation possible.

« Je... Je ne suis pas un vampire... réussit-il à articuler. Vous n’arriverez pas à me déstabiliser. Ils... Ils ne m’ont pas tué ! Voilà ce qui s’est passé ! »

*
*  *

Il faisait nuit noire. Les trois hommes avançaient, portant un quatrième homme, qui était inconscient... Ou comateaux. Ils avançaient vers l’une des portes du grand cimetière de Nexus. Ce n’était pas le seul, mais l’un des plus grands, où on enterrait le commun des mortels : toxicos, putes, anonymes... Il n’y avait que des tombes anonymes dans le cimetière. Ce serait donc un parfait lieu pour y enterrer Raymond. Ils ne croisaient que quelques rares individus, soit complètement saouls, soit ayant eux-mêmes des choses à cacher.

A l’intérieur du cimetière, ils s’étaient silencieusement avancés, cherchant un endroit désert, et avaient commencé à creuser. Trouver une tombe n’était pas difficile ; ils avaient les clefs du fossoyeur, un vieux type à qui on graissait facilement la patte.

« Dépêchons-nous, il fait froid, et je n’aime pas traîner ici... C’est rempli de goules...
 -  Brrr...
 -  Vos gueules, sale fillette ! On l’enterre dans les règles… Mais inutile de creuser trop profond. Vu son état, de toute façon, il ne pourra pas aller bien loin, hein ! »

Ils avaient donc fait un petit trou, ayant juste la place d’y caser le cercueil, avant de balancer à l’intérieur Raymond.
»

*
*  *

« Dans la précipitation, ils n’avaient pas fait un trou profond, ni songé à sceller le cercueil. Ce dernier était de plus en piètre qualité. Du bois ravagé, vieux, facile à craquer...
 -  Vous voudriez me faire croire qu’après avoir été passé à tabac, vous avez eu la force d’ouvrir le cercueil, et de ramper dehors ?
 -  Les faits divers regorgent de ce genre d’histoires ! Des enfants qui, poussés par l’adrénaline, parviennent à tirer leurs mères. Des soldats qui, en ayant de graves blessures, continuent à se battre... Dès que j’ai réussi à faire un trou dans le cercueil, la terre est tombée, et j’ai pu creuser. La suite... La suite a été une longue descente aux enfers. »

On avait incendié sa maison, et la justice n’avait pas vraiment aidé Raymond. On l’avait accusé d’être à l’origine de l’incendie. De pseudos-docteurs avaient délivré de fausses ordonnances attestant qu’il était mentalement atteint, et, partant de là, le bureau l’avait renvoyé.

« La police m’a inculpé... Il fallait s’y attendre. Black est un seigneur du crime qui soutient le pouvoir, en dénonçant les traîtres et les révolutionnaires, ce qui lui vaut la protection des juges et de plusieurs puissants bourgeois de la ville. Je ne pouvais rien faire, alors je me suis enfui... Et j’ai décidé de poursuivre le combat ici, loin de la justice corrompue de Nexus, en poursuivant mon enquête contre le fisstech.
 -  Vous allez me faire pleurer...
 -  Et puis merde ! Quand bien même je serais votre vampire, pourquoi irais-je tuer des enfants, hein ?! »

Raymond s’énervait, comme s’il en avait assez de ces accusations grotesques. Pointant son doigt sur Rayne, il enchaîna :

« Si j’avais tous ces pouvoirs, j’irais directement attaquer le duc !
 -  Mais parce que le duc n’est pas votre cible ! Votre cible, c’est Black ! Et vous savez que le trafic de fisstech de Black représente une part non négligeable de ses revenus. En créant la panique, vous saviez que les gens penseraient que c’était là un signe supplémentaire de la malédiction divine, et que le duc risquait de voir Black revenir. Vous ne pouvez pas attaquer Black dans son siège, à Nexus, mais, ici, au Château-Lerouge, il est vulnérable...
 -  Ridicule...
 -  Outre ça, il y a aussi le fait que vous vous sentez coupable de la mort de votre fiancée et de votre fille. Le sang est plus efficace et plus tentant que n’importe quel alcool. Peut-être que vous vous sentez plus fort en buvant le sang des enfants, plus psychologiquement apte à...
 -  Vous délirez ! C’est de vous qu’il s’agit ! C’est vous qui tuez ces enfants ! Réfléchissez, Reikus, tout est clair ! Elle vous a fait croire qu’elle partait pour mieux vous tromper ! Elle savait que j’allais la coincer, que j’avais réuni suffisamment d’informations pour l’avoir. Elle m’a suivi, et elle a voulu me tuer ! J’enquêtais sur le duc, Reikus ! Je suis venu dans cette pièce pour savoir où il aurait pu fuir ! Vous devez me croire, Reikus ! C’est elle, l’Antéchrist ! Vous comme moi, nous le savons ! Elle... Elle n’en a sans doute pas conscience... C’est une Dhampir ! Mi-vampire, et ce côté-ci de sa personnalité, quand il refait surface... Il est incontrôlable, je l’ai lu ! On me l’a dit ! Vous devez me protéger, elle nous tuera, autrement ! »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mercredi 23 mai 2012, 00:33:59
Qui devait-il croire? Les deux versions de l’histoire de Marlowe étaient plausibles, mais nécessairement, l’une d’entre elle était fausse. Cela voulait dire que l’Antéchrist se trouvait probablement en face de lui. Ce tueur assoiffé de sang, Reikus n’éprouvait que du dégout pour lui. L’Inquisiteur comprenait que les vampires avaient besoins de sang, et s’ils s’abreuvaient du sang des bêtes ou de criminels, car après tout, ils étaient aussi des bêtes, il n’y avait aucun problème. Seulement, l’Antéchrist s’attaquait aux enfants, aucun homme digne de ce nom ne pouvait s’attaquer aux enfants. S’il leur faisait du mal, c’était parce qu’il n’était pas assez fort pour s’attaquer aux hommes.

Cette pensée fit monter la colère en Reikus, cette colère divine et effrayante qu’il ressentait à
chaque fois qu’il pensait aux injustices de ce monde. Chaque bandit qu’il tuait et chaque cartel qu’il démantelait apaisaient un peu sa colère, mais c’était de courte durée. Il y avait toujours quelqu’un pour remplacer le dernier criminel qu’il éliminait. Il arrivait à Reikus de se comparer avec une roche que l’on jette dans une marre d’eau tranquille. Il créait quelques vaguelettes pendant quelques instants, il changeait les choses, mais les vaguelettes disparaissaient après peu de temps, et tout redevenait à la normale. Les crimes recommençaient quand le Dernier Inquisiteur avait le dos tourné.

Cette façon de voir les choses était un peu triste, mais l’Inquisiteur la trouvait plutôt réaliste. Cela ne l’empêcherait pas de traquer et de tuer tout les brigands de cette terre, au contraire, cette pensée fataliste lui donnait une encore plus grande haine des criminels, il parvenait ainsi à se battre sans éprouver aucune forme de pitié pour les gens qu’il tuait.  Les criminels étaient des lâches et des incapables, ils usaient de la force pour prendre avantage de ceux qui étaient incapables de se défendre, et l’Antéchrist était le pire de tous. Le Dernier Inquisiteur ne lui permettrait pas de continuer ainsi.

Sauf qu’une chose empêchait Reikus d’accomplir son devoir envers Ius, il n’était toujours pas certain de l’identité de l’Antéchrist.  S’agissait-il de Rayne, la femme fatale demi-vampire, ou de Marlowe, l’homme brisé qui était passé du jeune détective privé au fou du village? L’Inquisiteur avait déjà eu affaire à des cas compliqués, mais cette affaire était beaucoup plus complexe que n’importe quel autre cas que Reikus avait eu à s’occuper. L’Inquisiteur n’avait pas beaucoup de temps devant lui, il ne pouvait pas s’éterniser sur le problème pendant une heure.

Il allait donc y aller par déduction, Rayne était une dhampir, ça Reikus le savait déjà. Elle avait besoin de se nourrir de sang, elle et lui avaient partagés un lit la veille, elle avait eu l’occasion de le mordre, mais pourtant, elle ne l’avait pas fait. Reikus se tâta le cou par précaution, heureusement, il ne sentit rien. La dhampir lui avait mentie à plusieurs reprises, elle lui avait d’abord caché son origine, puis elle s’était retrouvé dans le vieux donjon alors qu’elle était sensée être partie, Marlowe avait raison sur ce point.

Marlowe avait raison? Mais comment avait-il fait pour savoir que Rayne lui avait dit qu’elle partait? La seule façon pour Raymond d’avoir eu vent de ces informations serait d’avoir espionné le duo, et peut-être qu’il le faisait parce qu’il avait peur qu’ils découvrent sa véritable identité. Black avait détruit sa vie, il avait tué sa femme et sa fille. Reikus savait ce que c’était de perdre tout ceux qu’on aimait, lui aussi avait voulu se venger sur le monde le jour où il avait vu Cade, son mentor, tué par des assassin. Le détective avait le mobile pour se venger, mais pourtant, Reikus n’était toujours certain de rien. C’est alors que l’Inquisiteur se souvint des propos qu’avait tenus Marlowe un peu plus tôt.

**************************************

Après avoir retrouvés la jeune fille morte dans le camp, Rayne et Reikus s’étaient précipités chez Marlowe. Le duo était entré dans la cuisine, Raymond était un peu sur les nerfs puisqu’il cachait Suzy à l’étage. Reikus était resté en retrait pendant que Rayne questionnait Marlowe, il avait écouté attentivement l’échange, comme s’il savait que ça lui serait utile plus tard. Si la mémoire de l’Inquisiteur était bonne,  la conversation s’était déroulée à peu près comme ceci,

-   … Je vous conseille de ne pas trainer ici trop longtemps. J’ai à faire et…

-   L’Antéchrist à commis un nouveau crime cette nuit.

Marlowe se tut, cette annonce sembla le troubler, un peu trop même. Reikus n’avait pas prêté attention à ce détail, préférant se concentrer sur ce qu’il savait de l’Antéchrist, mais maintenant, tout devenait clair pour lui.

-   Bien que ce soit regrettable, c’était prévisible. Il... Il suit un cycle, vous comprenez ? Il a besoin de se nourrir... A vrai dire, il est possible que cet homme ne soit pas à haïr, mais plutôt à plaindre...

**************************************

À plaindre… pourquoi est-ce que Marlowe éprouvait autant de sympathie pour le tueur, peut-être qu’il essayait de se convaincre lui-même que ses crimes n’étaient pas graves, que tout cela était nécessaire. Les pièces du puzzle s’assemblaient une à une, d’abord les informations de Marlowe, ensuite ça.  Il ne restait qu’une chose à faire, un bluff. Il était quasi-certain que Raymond était l’Antéchrist,  mais sa conscience ne serait pas tranquille tant qu’il ne serait pas certain à cent pourcent de l’identité réelle de Marlowe, pour cela, il allait devoir prendre un risque. Mais à vivre sans risques on meurt sans gloire.

-   Raymond Marlowe, Antéchrist… Ius demande justice! Ainsi que tous ceux que tu as tués, tous ceux qui ont péris ou soufferts pour assouvir ta soif de sang. Tu mourras par ma main de la même  façon qu’eux sont morts par la tienne. Tremble devant la justice divine d’Ius et implore sa miséricorde!

Reikus regarda Marlowe droit dans les yeux. Reikus avait ce regard profond, ce regard noir qui demandait justice, le regard du Dernier Inquisiteur. Ce regard était la dernière chose que bon nombre de criminels avaient vue. La hache de Reikus fendit l’air en direction de Marlowe, s’il était vraiment un vampire, il contre-attaquerait, ou au moins, il éviterait le coup. Si le détective ne faisait rien, Reikus arrêterait le coup, il espérait en être capable, il ne voulait pas la mort d’un innocent sur la conscience.  Marlowe ne prendrait pas le risque de ne rien faire pour faire croire à l’Inquisiteur qu’il était innocent, alors dans quelques instants, Reikus serait fixé.   
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mercredi 23 mai 2012, 03:10:00
Reikus hésitait, mettant en opposition les deux versions proposées. Rayne n’en pouvait plus. Ses lames la démangeaient, et elle n’avait qu’une envie : trancher dans le vif ! En finir avec Raymond, avec l’Antéchrist ! Pourquoi diable l’Inquisiteur hésitait tant ? La réponse n’était-elle pas évidente ? Rayne bouillonnait sur place, et Reikus finit par parler, accusant Raymond d’être l’Antéchrist. Le détective se liquéfia sur place, et la hache de Reikus s’abattit droit sur lui...

... Et ce fut à ce moment que Rayne comprit qu’elle avait commis une erreur cruciale. Fermant les yeux, Raymond poussa un hurlement de terreur, et Rayne vit alors une forme jaillir dans la pièce, tendre la main vers Reikus, et envoyer une décharge de magie qui souleva ce dernier. Soulevé comme une feuille, le Dernier Inquisiteur alla s’écraser contre un meuble. Dans sa précipitation, Rayne n’avait pas senti ce qui s’était passé derrière Reikus. Elle n’avait pas senti la vampire approcher, égorger dans l’ombre Dalbert, et le décapiter.

La femme blonde avait du sang qui coulait de ses lèvres, et un sourire de dément, tenant dans sa main droite la tête ensanglantée de Dalbert, ses doigts enfoncés dans ses orbites creuses. Elle avait arraché la tête et la colonne vertébrale.

L’Antéchrist.

« Tu as bien agi, mon apprenti.
 -  Nous l’avons manqué... Le Duc s’est enfui...
 -  C’est... Regrettable... »

Rayne comprit. Tout cela avait été si évident. La femme à la longue chevelure blonde lâcha ce qui restait du cadavre du Capitaine Dalbert, et, dans un sourire empreint d’hypocrisie, Suzy la prostituée regarda la Dhampir.

« Toi... Oui, toi, je te reconnais... Tu portes son sang... Celui du vampire qui est venu à moi... Et toi... Toi, tu sers Ius, ou tu penses le servir... Car, en réalité, tu as oublié le visage de ton père, et ce n’est point la justice que tu sers, mais la vengeance... »

Suzy révéla alors ses longues canines pointues. Mortifiée, Rayne comprit qu’elle parlait de Kagan. De son père. Elle savait où il était. Sur le coup, Rayne était totalement incrédule qu’elle ne savait pas quoi dire.

« J’ai sauvé Raymond de la mort... J’ai toujours aimé les cimetières de Nexus... On peut dire que notre rencontre a été marqué sous le fruit du hasard... Je l’ai sauvé, soigné, formé, mais, malgré ça, il n’a jamais compris ce que signifiait être un vampire... Un peu comme toi, Dhampir. Ton sang est médiocre. Les vampires se voient accorder une seconde chance, la possibilité d’oublier les affres du passé pour songer au futur. Tous les trois, vous êtes des créatures qui préférez les fantômes du passé aux espoirs du futur. »

Rayne entreprit de l’attaquer. Elle brandit ses lames, mais la femme n’eut qu’à tendre un bras, et une puissante onde de choc frappa Rayne, l’envoyant s’écraser contre le mur. « Suzy » souleva alors Raymond d’une seule main.

« Mais... Maî...
 -  Tu m’as fidèlement servi. Et je t’ai aidé. Ton intelligence... J’avais cru que tu pourrais surmonter les traumatismes de ton passé, mais tu en as été incapable. Tu n’es qu’un minable. Disparais. »

Suzy balança alors Raymond contre le mur, et vint, de la même façon, soulever Rayne.

« Toi... Tu es obsédée par ta vengeance envers ton père, alors que tu l’as déjà vaincu. Kagan n’est plus qu’un minable, et n’est même plus l’ombre de ce qu’il fut jadis. Il est venu nous voir, espérant rejoindre nos rangs, mais il n’y arrivera pas. Tu n’es qu’une minable. Disparais. »

Suzy balança alors Rayne par le balcon. Elle avait une force terrible, et Rayne bascula dans le vide. Alors, elle se tourna vers Reikus, et Suzy prit enfin sa vraie forme. Ses vêtements de prostituée laissèrent place à une élégante armure noirâtre, révélant une démone vampirique :

(http://nsa30.casimages.com/img/2012/05/23/mini_120523031138789012.jpg) (http://nsa30.casimages.com/img/2012/05/23//120523031138789012.jpg)

Elle s’avança vers Reikus.

« Toi... Tu prétends servir la justice, mais tu ignores ce qu’est cette dernière. Face à un criminel, tu ne songes qu’à le châtier, sans même essayer de comprendre. La justice n’est pas vengeance. La vengeance ne sert qu’à punir le passé en négligeant le futur, alors que la justice a pour but d’améliorer le futur en évitant de commettre les erreurs du passé. Ta quête est vaine et vide de sens, car tu ignores ce que tu es. Tu n’es qu’un minable. Disparais. »

La surpuissante vampire balança alors Reikus dans le couloir, faisant preuve d’une force terrifiante. Des ailes noires se dressèrent alors, et elle s’avança sur le balcon, contemplant la ville en feu.

« Vous... Vous m’aviez promis... Promis !
 -  Je t’ai promis de t’aider à accomplir ta vengeance, Raymond, et c’est ce que j’ai fait. Mais tes hésitations, tes larmoiements... Tu t’es toujours aveuglé... Ces enfants, j’ai bu leur sang, jusqu’à la dernière goutte. Je ne me suis jamais sentie aussi puissante ! Mais tu n’as été qu’une distraction, Raymond ! Ton rôle a été rempli. Cette ville brûle, et c’est un véritable régal.
 -  Vous m’avez menti ! Menti !
 -  Suzy existait vraiment… Prendre sa place a été tellement facile… Depuis le bordel, j’ai pu à loisir observer ce village, et corrompre le coeur des hommes. L’âme des hommes est si aisément corruptible. Je n’ai eu qu’à les inciter à la révolte... Tout s’est enchaîné comme je le désirais. Le Cardinal est mort, et, avec lui, c’est l’un des rares détenteurs de la magie sacrée qui s’en est allé. Il ne me reste plus qu’à observer ce carnage, et ensuite... Ensuite, je recommencerais. »

La femme s’envola alors, et atterrit sur le toit du donjon, entourée de ses créatures ailées. Raymond se mit à courir sur la terrasse, hurlant en l’air.

« VOUS M’AVEZ MENTI ! »

En contrebas, Rayne était maintenue par la corde, sonnée.

*Cette salope va me le payer !*
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le dimanche 27 mai 2012, 07:42:20
De la même façon qu’un bourreau, Reikus s’apprêtait à décapiter sa victime, rien ne semblait pouvoir l’arrêter. La hache allait trancher le détective en deux, mais pourtant, elle n’atteignit pas sa cible. Le Dernier Inquisiteur fût happé de plein fouet par une sorte de décharge magique, il fût soulevé comme s’il ne pesait rien. La commode contre laquelle il alla s’écraser se brisa sous le poids du géant. Il ne savait pas encore ce qui l’avait frappé, mais il le comprit assez tôt quand il vit Suzy entrer dans la pièce avec ce qu’il croyait être le crane du Capitaine Dalbert. Dommage, pensa Reikus, c’était un bon soldat.

L’Inquisiteur écouta la vampire parler, elle parla à Rayne d’un vampire qui était venu la voire, son père. Reikus avait oublié son nom, Takan? Gakan? Non, c’était Kagan, selon Suzy, ou peu importe qui elle était, il était venu la voire. La Vampire se pencha aussi sur le cas de Reikus, elle l’accusa de servir la vengeance et non la justice. Reikus n’était pas quelqu’un qui doutait facilement de sa cause, mais il s’était déjà posé cette question.  Qui servait-il vraiment? Sa lame était-elle portée par la force divine d’Ius, ou par la haine des criminels de Reikus?

Au final, ce n’était pas bien différent. Les bandits continuaient de mourir pour laisser la place à d’autres être plus infâmes qu’eux, et Reikus continuait de se battre. C’est alors que Reikus réalisa qu’il marchait sur une ligne. Une très fine ligne, d’un côté, la justice, de l’autre, la vengeance. Il se demandait si parfois il ne débordait pas trop sur le dernier côté. Reikus se ressaisit, il n’était pas Reikus, il était le Dernier Inquisiteur. Il ne pouvait pas se permettre de douter de lui. Sa mission divine était plus importante que tout, mais par-dessus tout, elle était juste, peu importe ce que disait cette créature de l’enfer.

En parlant de l’enfer, l’Inquisiteur était prêt à y renvoyer Suzy,  il se releva et brandit sa hache. La vampire jeta Rayne par-dessus le balcon comme si de rien n’était. Elle se changea aussi, ses vêtements firent place à une armure noire, elle était plus une démone qu’une vampire, en fait, elle était les deux à la fois, une démone vampirique. Même Reikus n’avait jamais affronté de démon, peut-être un une fois, mais il s’agissait d’un démon mineur. Suzy était autre chose,  beaucoup plus puissante, mais ça n’empêcherait pas Reikus de faire son devoir, il ne fuyait devant rien.

Le Dernier Inquisiteur avança prudemment vers la vampire, il ne put pas se rendre bien, cette dernière le repoussa encore une fois. Elle faisait ce qu’elle voulait avec Reikus, l’Inquisiteur ne pouvait pas se défendre. Pas encore, il trouverait bien une façon de lui faire mal. Marlowe quant à lui, était brisé. Il s’était fait trahir et manipulé, Reikus comprenait sa frustration,  mais il avait succombé à la tentation, et pour cela, Reikus allait devoir l’éliminer. L’Inquisiteur se releva péniblement, il regarda impuissant les longues ailes noires pousser sur le dos de Suzy. Cette dernière s’envola et atterrit sur le toit du donjon sans que Reikus ne puisse rien faire.

L’Inquisiteur réalisa presque d’un seul coup ce venait de se passer, Rayne était tombée dans le vide. Reikus se précipita vers le balcon sans se soucier du reste. À son grand soulagement, il remarqua qu’une corde était toujours tendue, Rayne avait réussi à se rattraper. L’Inquisiteur avait l’impression qu’il avait une certaine dette envers Rayne. Il avait douté d’elle, pendant plusieurs instants, il avait été convaincu qu’elle était l’Antéchrist, et pour cela, il était désolé. Reikus regarda Rayne pendue dans le vide, alors qu’il s’apprêtait à la remonter, il sentit quelque chose dans son dos. Il n’avait aucun des talents vampiriques de Rayne, mais lui aussi avait une sorte de sixième sens.

-   C’EST DE VOTRE FAUTE!!!!

C’était Marlowe, il était en colère, et il ne résonnait plus. Reikus anticipa son mouvement et le frappa avec sa hache en se retournant. La lame de la hache n’atteignit aucune partie vitale mais réussit quand même à faire une douloureuse entaille dans le ventre du détective. Reikus enchaina avec un puissant coup qui atteignit la clavicule de Raymond. La hache s’enfonça dans Marlowe comme un couteau dans du beurre et le détective tomba en hurlant de douleur. Il n’était pas mort mais quand même mortellement blessé.

Reikus ne croyait pas qu’il aurait le temps de se régénérer, vampire ou non, mais on ne sait jamais. L’Inquisiteur ne prit tout de même pas le temps de l’achever, Rayne pendouillait dans le vide et il devait la sauver.  Reikus tira sur la corde de toutes ses forces, la dhampir était plutôt légère donc il n’eut aucun problème à la monter. Elle avait l’air un peu sonnée mais elle d’ici quelques secondes tout redeviendrait à la normale. Reikus réussit à l’attraper et à l’assoir par terre. Il la regarda dans les yeux puis dit,

-   Rayne, désolé d’avoir douté de vou… de toi  

Reikus préférait la tutoyer, il avait l’habitude de vouvoyer les gens, et il aimait bien le changement. Reikus regarda Marlowe qui se vidait de son sang sur le plancher avant de penser à une façon d’atteindre Suzy. Foncer tête baissée pouvait être une stratégie efficace dans certaines situations,  mais en ce moment, Reikus ne savait pas trop contre quoi il allait devoir se battre, il n’était pas un expert en vampires. Il se tourna vers Rayne, qui de mieux pour le conseiller qu’une autre vampire.

-   Rayne, j’ai besoin de toi, il faut l’arrêter. Qu’est-ce qui peut faire mal à une vampire, surtout une comme Suzy? Le combat risque d’être difficile, alors il nous faudra une stratégie. Je vais me contenter de la retenir, de recevoir les coups à ta place, je vais essayer de lui frapper dessus, mais je doute que ma hache soit suffisante. Toi, il faudrait que tu trouves son point faible. La lumière du soleil, l’ail, l’eau bénite, je ne sais pas trop. Tout ce que je connais des vampires provient des livres que j’ai lus, et ils sont souvent contradictoires.  

Suzy était incroyablement puissante, un rude combat s’annonçait. Reikus n’avait jamais fait face à une si grande menace, et il était heureux de pouvoir compter sur Rayne pour faire face à ce défi avec lui.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le dimanche 27 mai 2012, 16:13:09
Pendouillant dans le vide, Rayne essayait de s’accrocher à la paroi, de reprendre son ascension, mais les attaques de « Suzy » avaient sonné la vampire. Rayne était ballottée par le vent, et sentit soudain quelque chose tirer sur son providentiel grappin. Reikus ! Il la rattrapa, mais ses jambes se dérobèrent sous son poids, et Rayne manqua s’écraser par terre. Elle réussit à s’accrocher au parapet, et resta là. Raymond s’était reçu un mortel coup de hache, et gisait par terre, rampant misérablement, laissant derrière lui une traînée de sang écarlate. En toute logique, il irait se nourrir sur le sang d’un cadavre afin de se régénérer, mais Rayne n’en avait cure. Raymond ne signifiait rien. Il n’était rien de plus qu’une victime, un minable. Il fallait lutter contre cette démone. Levant la tête, Rayne vit des émanations violettes, une vive lueur qui émanait du toit.

*Elle ne nous a pas tout dit... Qu’est-ce qu’elle fabrique ici ?!*

Se rappelant la présence de Reikus, Rayne consentit à lui donner quelques explications, tout en se relevant, reprenant son souffle :

« Il y a de nombreux racontars sur les vampires, de fausses légendes, que nous entretenons volontairement. La lumière du soleil n’est fatale que pour quelques rares vampires. L’ail est une simple odeur pestilentielle, et l’eau bénite est malheureusement trop rare pour nous aider. Néanmoins, l’eau bénite est fatale contre toutes les créatures maléfiques, ce qui ne se limite pas qu’aux vampires, et ne comprend pas non plus tous les vampires. »

Toutes les eaux prétendument bénites ne l’étaient toutefois pas, et, pour qu’une eau soit bénite, il ne suffisait pas qu’un prêtre le dise. Il fallait un homme qui ait vraiment la foi, mais aussi des connaissances magiques, afin de bénir une eau. Reikus avait néanmoins raison. La démone était plus forte qu’eux. L’admettre était difficile pour l’ego de Rayne, mais penser le contraire aurait tout simplement été confondre fierté et arrogance. Le donjon se mit alors à trembler, et Rayne vit des fissures jaillir depuis le toit, descendant vers le sol, lesdites fissures émettant des lueurs violettes.

« J’ignore ce qu’elle fabrique, mais elle n’est pas venue ici pour affronter le Cardinal uniquement... Il nous faut agir. »

Réfléchissant, Rayne se releva, et sortit d’une discrète poche arrière de son pantalon un mystérieux flacon pourpre.

« La force des vampires est notre principale faiblesse, Reikus. N’oubliez jamais ça. Et il existe, en ce bas monde, des sang qui nous sont mortels... Le sang de basilic en fait partie. Son sang est chargé du venin légendaire de ce monstre, et ce flacon est un mélange chimique ayant pour base le sang de basilic. Je n’ai qu’à le boire, et la laisser boire mon sang... Mais j’en mourrais sûrement... »

Ce flacon était réservé à une autre personne. A son père. L’idée était bonne, mais Rayne ne pouvait se permettre de mourir. Elle devait avant tout tuer son père, et, pour ça, il fallait commencer par interroger cette femme. Elle remit le flacon dans sa poche, et eut alors une idée, ce qui l’amena à se prononcer :

« Ton plan est mauvais, Reikus. Tu n’es qu’un simple humain. Face à elle, tes muscles ne survivront pas longtemps. Je vais passer par le mur, la rejoindre. Pendant ce temps, tu iras près de la dépouille du Cardinal. Il était fou, mais il avait la foi, et connaissait les arcanes de la magie sacrée. Il doit sûrement avoir de l’eau bénite. Pour le savoir, il suffira d’en verser quelques gouttes sur le tranchant de ta lame. Cette dernière se mettra à luire. »

Contrairement à ce que les films véhiculaient, l’intérêt de l’eau bénite ne se résumait pas qu’à lancer des gouttes sur un vampire. Elle était aussi l’enchantement le plus parfait qui existe, car l’eau bénite fonctionnait sur n’importe quelle lame... Ou presque. Ceci conduisit Rayne à préciser :

« Il faudra aussi que tu boives l’eau bénite pour en ressentir les effets. Si tes intentions sont nobles, alors l’eau bénite te donnera la force d’affronter sa magie noire. N’écoute pas les mensonges de cette femme. Agir au nom de la justice... Ça a toujours été ton crédo, non ? Si tel n’était pas le cas, alors l’eau bénite ne sera qu’une simple eau. L’eau n’enchantera rien, et sa protection te sera refusée. Tu le sentiras normalement tout de suite. »

Le donjon se mit à nouveau à trembler, et Rayne retourna sur le balcon, et lança son grappin. Elle n’avait pas le temps de discuter. Il fallait empêcher cette femme de faire ce qu’elle avait l’intention de faire. Le grappin se planta près du sommet, et Rayne regarda une dernière fois Reikus.

« On se retrouve là-haut... »

Rayne commença alors à grimper. Tout tremblait autour d’elle, mais cette ascension se retrouva rapidement compliquée. Entre les morceaux de rochers qui tombaient et les éclairs violets, les espèces d’harpies qui volaient dans les airs fondirent sur Rayne. N’ayant plus le choix, cette dernière tira sur son grappin, lui faisant lâcher prise, et s’engagea dans un combat aérien, un affrontement à haute voltige. Récupérant son grappin, elle l’envoya vers une harpie. L’arme se planta dans le corps verdâtre du monstre, qui se mit à piailler, tandis que Rayne utilisa ce corps comme une espèce de gouvernail, se redressant dans sa chute. Elle aperçut les rues enflammées de la ville, et vit, le long des rues, les mêmes fissures violettes qui en sortaient, l’ensemble semblant former un sceau magique immense et puissant.

*Ça ne me dit vraiment rien qui vaille... Mais ce n’est pas le moment de flancher !*

Reprenant du poil de la bête, Rayne relâcha le corps de la harpie, tandis qu’une autre lui fonçait dessus. Elle planta ses talons aiguilles sur son ventre, et s’en servit pour bondir dans les airs, lançant son grappin. Elle utilisa l’une de ses deux lames dhampir pour égorger un ennemi. Une autre harpie verte l’attaqua derrière elle, plantant ses dents dans sa jambe gauche. Rayne poussa un hurlement, mais le grappin qu’elle avait lancé se planta dans une autre harpie, et elle put utiliser son autre pied pour enfoncer son talon aiguille dans l’œil du monstre qui lui mordait la jambe. Rayne s’appuya en effet sur le filin métallique, s’en servant comme d’une espèce de balançoire, et s’envola dans les airs.

Elle parvint ainsi à atterrir sur le toit du donjon, faisant une roulade pour se rattraper. Tout le toit brillait d’une lueur violette, et la démone était au centre. Elle se retourna en voyant Rayne.

« Où est mon père ?! hurla Rayne.
 -  Aussi têtue que lui... soupira la démone. Mais je n’ai plus le temps pour ces enfantillages. Disparais de ma vue. »

La démone envoya une décharge magique. La voyant venir, Rayne bondit sur la gauche, étant désormais plus adroite, et en profita pour envoyer son grappin vers la tête de Suzy. La démone ailée se téléporta, et Rayne utilisa ses instincts vampiriques pour la sentir dans son dos. La femme essaya de lui déchiqueter les dos avec ses griffes. Elle était très rapide, mais Rayne l’était tout autant, et la Dhampir s’aida de ses jambes pour sauter dans les airs, roulant au-dessus de Suzy, ses griffes fendant l’air, n’ayant qu’effleuré le dos de Rayne. Cette dernière se retrouva sur le sol, derrière Suzy, et la frappa à l’aide d’un coup de pied retourné en pleine mâchoire. Ce fut comme si la scène avançait au ralenti. Sonnée, Suzy cracha du sang sur le sol, et Rayne tenta de la pourfendre avec sa lame... Jusqu’à ce que la lame dhampir rencontre une épée à la lame noirâtre, qui étincelait. D’un coup d’ailes, Suzy s’écarta, haineuse, du sang s’échappant de sa bouche. Rayne vit alors un curieux spectacle se former sur sa tête. Sur son front, une lettre rouge étincela brièvement.

K.

Suzy était furieuse, et la lettre disparut rapidement.

« Mais qui es-tu ? »

Un rire nerveux traversa alors les lèvres de Suzy, qui continua à léviter, tandis que la magie émanait tout autour d’eux.

« Je fais partie d’une très ancienne famille, Dhampir. Une famille qui vient de loin, de très loin. D’une autre dimension. Nous sommes vingt-six, mais les plus puissants d’entre nous sont endormis, prisonniers, scellés. Peut-être commences-tu à comprendre, maintenant. L’un de mes frères sommeille ici, dans les profondeurs et les entrailles du Château-Lerouge. La magie sacrée, la magie des prêtres, l’a scellé, et je viens le libérer. Mais on ne brise pas un sceau de cette importance si facilement. Il faut un sacrifice. Un sacrifice de sang. »

Lentement, mais sûrement, les pièces s’imbriquaient. D’une autre dimension ? Elle avait du mal à le croire. Kagan avait probablement voulu rejoindre ce groupe, ces vingt-six, mais avait échoué.

« Désolée, ma grande, mais ta famille va s’amputer d’un de ses membres ce soir. »

Un sourire éclaira les lèvres de la démone, et elle se rua ensuite vers Rayne, frappant avec sa lame.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mercredi 30 mai 2012, 06:21:57
De l’eau bénite? Reikus allait probablement être capable d’en trouver. Il le devait, il sourit à Rayne et la regarda dans les yeux, son regard voulait dire à la fois bonne chance et je serais de retour bientôt. L’Inquisiteur préféra garder le silence, il trouvait que ça avait quelque chose de théâtral, quelque chose qu’il aimait bien. Reikus tourna les talons et s’engagea dans le corridor, la chambre du Cardinal ne devait pas être bien loin. Il passa à coté de ce qui restait du cadavre de Dalbert et regarda Marlowe qui se vidait peu à peu de son sang, pauvre racaille…

Reikus passa devant plusieurs chambres jetant un regard rapide à l’intérieur de chacune d’elles,  il ne mit tout de même pas beaucoup de temps avant de trouver la chambre du Cardinal. Ce dernier était pendu par ces intestins, Reikus ne cilla même pas alors que bon nombre de gens se seraient évanouis. D’un coup de hache, il fit descendre le Cardinal, il avait fait subir à Reikus l’Ordalie et d’autres choses encore pires aux gens du village mais il ne méritait pas d’être dans cet état. D’une certaine façon, Reikus respectait l’homme en face de lui, c’est probablement parce qu’il trouvait qu’ils se ressemblaient.

Ils étaient tout les deux des hommes de foi et ils avaient commis des atrocités au nom de leur dieu. Reikus massacrant des criminels et le Cardinal pourchassant les hérétiques. Cet homme qui avait passé sa vie au service de son dieu était à présent là, mort dans d’horrible souffrances, il ne ressemblait en rien à l’homme qu’il était, à part peut-être son air pieux qu’il avait réussi à conserver malgré les souffrances qu’il avait traversés. Est-ce que Reikus allait finir comme ça lui aussi?  Tué quand il serait vieux et faible par un criminel recherchant un peu de renommé ou un fils qui cherche à venger son père. Une chose est certaine, le sang versé ne sèche jamais.

Reikus s’agenouilla et pria, il pria à Ius, et même au Dieu du Cardinal. Il voulait qu’ils se montrent cléments et qu’ils allaient accueillir comme il se doit l’homme de foi qui allait bientôt les rejoindre. Même s’il ne partageait pas les croyances de Reikus, l’Inquisiteur reconnaissait qu’il était rare de croiser quelqu’un d’aussi pieux que le Cardinal, et pour ça, il le respectait. Quelque chose attira le regard de Reikus, c’était légèrement à la gauche de l’Inquisiteur, près du bureau du cardinal.

Reikus s’approcha lentement, il y avait un majestueux bénitier en marbre blanc, il était décoré de feuilles décoré de feuilles en or, l’eau qu’il contentait était la plus claire que Reikus n’avait jamais vu de sa vie, elle semblait si pur, il y avait même un riche gobelet en argent posé dessus. À côté, sur la table, il y avait des lames. Des lames que Reikus aurait reconnues parmi tant d’autres, il s’agissait de ses lames. Clairelame, Ventelame et Sombrelame, elles étaient toutes là. L’Inquisiteur avait pris le temps de leur donner un nom,  il avait pris cette idée du temps où il travaillait encore avec le mercenaire de la Mort Dormante.

Le Cardinal avait probablement confisqué ses armes, mais pourquoi les gardaient elles avec lui dans sa chambre, il semblait pourtant être un pacifiste, et pourquoi également, est-ce qu’il y avait un bénitier rempli juste à côté. Une pensée traversa la tête de Reikus. Et si le Cardinal avait tout planifié, et qu’il savait que Le Dernier Inquisiteur aurait besoin de toutes ces choses réunies. Non, c’était impossible, cette théorie ne faisait aucun sens, ou peut-être que le Cardinal savait ce qui s’en venait, qu’il savait qu’il ne serait pas capable de se sauver, mais il voulait au moins aider ceux qui seraient capables de sauver la ville. Même après sa propre mort.

-   Reposez en paix gentilhomme, vous le méritez bien…  

Reikus se retourna pour faire face au bénitier. L’Inquisiteur prit ses lames, il les regarda et remarqua quelque chose d’étrange, elles brillaient d’un éclat hors du commun, le Cardinal les avaient déjà purifiés. Les prières d’un homme saint valaient probablement beaucoup plus que toute la purification que Reikus aurait pu faire. Même si ses armes étaient purifiées, le corps du Dernier Inquisiteur ne l’était pas pour autant. Rayne disait que si sa cause était juste, il n’aurait aucun problème, il savait que sa cause était juste, mais au fond, il hésitait. Croyait-il vraiment aux paroles de Suzy?

En fait, ce que l’Inquisiteur redoutait le plus était que l’eau n’ait aucun effet, que sa cause ne soit pas réellement juste.  Il n’y avait qu’une seule façon d’en être certain. Reikus songea même pendant un instant à ne pas boire l’eau et à essayer de vaincre la vampire avec seule sa force.  Il savait qu’il avait besoin de l’eau, et au fond, il voulait connaitre la vérité. L’Inquisiteur prit le gobelet et le remplit à moitié, il fit tournoyer un peu l’eau avant de porter le verre à ses lèvres.

-   Protège-moi Ius dans ces temps difficiles. Éclaire-moi de ta lumière et montre-moi le chemin. Je répandrais en ton nom la justice divine sur tout ceux qui ont un cœur noir et qui ont étés corrompus par les forces du mal. Je ne suis que ton humble serviteur, Éternel, je suis ton bourreau, ton messager… Je suis… ton Dernier Inquisiteur.

Sur ce, Reikus prit une grande gorgée d’eau, il sentit l’eau fraiche descendre dans sa gorge, et il attendait que quelque chose se produise. Il ne savait pas trop à quoi s’attendre, surement à un signe. L’eau était effectivement très fraiche et elle goutait bon,  mais rien ne se produisit. Du moins, pendant quelques secondes, d’un seul coup, Reikus se sentit revigoré. C’était comme si un éclair l’avait frappé, un étrange frisson parcourut sa colonne vertébrale. Il se sentait bien, très bien même. Un peu comme s’il était invincible, car après tout, n’était-il pas guidé par le Dieu de la Justice?

Avant de partir, l’Inquisiteur récolta un peu d’eau dans une fiole. Reikus courut vers la chambre du Duc, sa lame brillait d’un éclat clair qu’il n’avait jamais vu auparavant.  L’Inquisiteur était sur de lui, même grimper par le balcon ne lui faisait pas peur. Il se hissa rapidement en-haut, aucune des harpies ne vint déranger sa montée. C’est peut-être parce que l’Inquisiteur dégageait une aura spéciale comme cela pouvait être tout bonnement un coup de chance. Le toit brillait lui aussi d’une étrange lueur,  mais cette lumière ne ressemblait en rien à celle de sa lame.  Cette aura était maléfique.

Il arriva en plein milieu du combat entre Suzy et Rayne. Même si Suzy était une sorte de démone vampire, Rayne réussissait tout de même à lui tenir tête. Impressionnant, pensa Reikus.  L’Inquisiteur arriva juste au moment où Suzy fonçait sur Rayne, s’apprêtant à la frapper. Reikus fonça sur la vampire, d’un puissant coup d’épaule, il stoppa net sa course. L’Impact aurait fait tomber n’importe quel humain, mais Suzy ne recula que de quelques pas. Suzy sembla remarquer la nouvelle aura du Dernier Inquisiteur, elle grimaça avant de lancer un cri strident. Reikus se tourna vers Rayne,

-   Ça va? Je n'ai rien manqué?

La situation était plutôt dramatique, mais Reikus se sentait tout de même heureux. Il avait un bon combat en perspective et en plus, il était béni par Ius.  Suzy, furieuse, lança une décharge d’énergie noir en direction de l’Inquisiteur, ce dernier n’eut aucun problème à l’éviter. Reikus fonça sur la vampire,  Suzy brandit sa lame pour bloquer le coup. Le tonnerre ne faisait que donner un air encore plus sombre à la situation, Reikus s’élança dans les airs, il tenait sa lame à deux mains. Suzy essaya de dévier le coup, les deux lames entrèrent en collision, celle de Reikus brilla encore plus intensément qu’auparavant. L’épée du Dernier Inquisiteur fracassa la lame de la vampire comme s’il ne s’agissait de rien.

Suzy était déstabilisée, elle ne s’attendait pas à ça, mais elle était convaincu qu’elle pourrait trouver une façon d’adapter sa stratégie. Reikus n’en était pas aussi certain, pour le moment, il avait un léger avantage. Il profita de cet instant pour attaque la vampire, Suzy eut à peine le temps de voir venir le coup, elle réussie in-extremis à reculer un peu. Au lieu d’une grosse blessure, Suzy n’avait qu’une égratignure au ventre. L’Inquisiteur enchaina avec un coup de pied circulaire aux côtes qui lui fit perdre son souffle. Reikus n’avait pas dit son dernier mot, il essaya d’en finir avec elle avec un puissant coup à l’épaule droite. L’armure de la vampire suffit à peine à ralentir le coup de Reikus, l’épée vint se planter dans son épaule.

D’un geste de la main, Suzy repoussa l’Inquisiteur,  ce dernier parvint à tirer son épée avec lui, ce qui fit crier de douleur la vampire.  Les coups de Reikus, menés par une puissance divine, avaient réussis à faire souffrir terriblement la vampire, mais elle s’en remettrait. Suzy était toujours de la partie, elle n’avait pas dit son dernier mot. Reikus se releva à côté de Rayne, il la regarda un instant avant de retourner son attention vers la vampire. L’Inquisiteur sourit, le deuxième round avait sonné…
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le jeudi 31 mai 2012, 15:21:34
Le combat était à sens unique. Si Rayne avait pu surprendre Suzy, cette dernière avait repris l’avantage avec brio, frappant fort et vite. Malgré son agilité et ses deux lames, Rayne ne pouvait que défendre en parant et en esquivant.

« Tu es comme ton père, faible ! »

Suzy se téléporta alors, arrivant dans le dos de Rayne, et frappa avec sa lame. Rayne évita en bondissant en l’air, et tenta d’atteindre la vampire avec ses lames dhampir, mais cette dernière se téléporta à nouveau, et frappa Rayne à l’aide d’un coup de pied retourné. Encore en l’air, le coup heurta la Dhampir à la joue, l’envoyant rouler sur le sol. Allongée, elle entendit la vampire fondre sur elle, et se mit sur le dos, parant sa lame en tendant les siennes. Le coup ébranla ses os, et elle frappa avec son pied, la heurtant au ventre. Suzy se téléporta à nouveau, arriva à côté de Rayne, et tenta à nouveau de la planter. Roulant sur le sol, la Dhampir esquiva, s’appuya sur une main, et tenta d’utiliser son pied pour renverser la femme. La vampire évita l’attaque en sautant en l’air, et Rayne se releva.

Rayne choisit de ne pas répondre à sa provocation, et décida d’attaquer. Elle frappa avec sa lame gauche, et utilisa la lame droite en la levant pour tenter de l’abattre sur la vampire. L’épée de Suzy étant occupée, Rayne tenta donc de percer sa garde, mais la main libre de la vampire s’agrippa sur le poignet de Rayne, ses griffes pointues s’enfonçant dans sa chair. Rayne gémit, sentant une vague de douleur la traverser, et son adversaire en profita pour la frapper au nez avec sa tête. Un puissant coup qui renversa Rayne, laissant sur la tête de Suzy un peu de son sang. La démone était décidément d’une puissance terrifiante. Rayne, sonnée, entreprit de se relever, et Suzy utilisa alors sa magie. Un fouet noirâtre prolongea sa main, et la frappa au ventre, la soulevant du sol pour l’envoyer rouler cinq mètres plus loin. Le fouet se leva à nouveau, et s’abattit. Rayne réussit à l’éviter, ou presque. L’une des lanières du fouet maléfique s’enroula en effet autour de sa cheville, et la souleva comme un fétu de paille, la faisant s’élever dans les airs, avant de l’envoyer s’écraser avec violence sur le sol. Le fouet la relâcha alors, et la frappa sur le dos, la faisant hurler. Elle en cracha du sang, sa tunique se déchirant dans le dos pour révéler des zébrures rouges.

*Incroyable... A côté d’elle, Kagan ressemble à un simplet... Je n’ai jamais rencontré un adversaire comme ça ! Mais il en faut plus pour me décourager...*

Lentement, Rayne s’appuya sur ses avant-bras, tentant de se relever, et le fouet manqua à nouveau s’abattre... Avant que Reikus n’intervienne, repoussant Suzy, avant de se battre avec elle. Rayne entendit des hurlements, des soupirs, et des cris, tandis que les lames s’entrechoquaient. Sonnée, la Dhampir se relevait lentement, tandis que Suzy, surprise par Reikus, se reçut plusieurs coups qui la firent chanceler. Reikus réussit même à la blesser à l’épaule, et Rayne comprit que l’eau bénite avait du le renforcer. Une espèce d’halo argenté, blanchâtre, l’entourait. Il ressemblait à un chevalier étincelant sortant d’un conte de fées. Le visage déformé par la fureur, Suzy mit sa main sur sa plaie, tandis que l’Inquisiteur alla voir Rayne.

Rayne se releva, et passa sa main sur ses lèvres couvertes de sang, avant de brandir ses lames. La blessure de Suzy cicatrisa rapidement, et elle les regarda, avant de sourire.

« Il est trop tard. Vous mourrez tous les deux. L’eau bénite ne vous sauvera pas. Dites-vous bien que tout ce qui va suivre ne sera qu’une simple leçon. Même la magie ne peut lutter contre l’évolution naturelle des choses. Vous n’êtes pas plus dangereux que des insectes face à moi. »

La démone s’envola alors dans les airs, et ses pupilles se voilèrent, devenant d’un noir d’encre sinistre. Tendant la main, la démoniaque créature envoya une série de puissants éclairs de ses ongles griffus. Rayne tendit ses lames pour se protéger, et la démone se téléporta alors, atterrissant entre Rayne et Reikus. Elle frappa Rayne avec la main gauche, alors que les éclairs continuaient à siffler, et frappa ensuite Reikus au torse avec le plat de sa main, envoyant valdinguer les deux. La démone ne jouait plus, et utilisait maintenant toute sa force. Le coup envoya Rayne s’envoler au bout du toit du donjon, manquant la faire tomber.

Elle eut à peine le temps de se relever que Suzy se retrouva devant elle. Le pied de la démone la frappa au visage, lui faisant cracher du sang, et elle bascula dans le vide. La démone se téléporta rapidement, arrivant dans le dos de Rayne, et la frappa dans le dos avec son fouet. Le coup fut si puissant que Rayne s’envola dans l’autre sens, mais la démone ne la lâcha pas pour autant, se téléportant à nouveau pour la frapper dans l’estomac d’un coup de coude, avant de se téléporter une énième fois, arrivant au-dessus de Rayne, pour la frapper avec le pied dans le dos, là où le fouet s’était abattu.

Rayne s’écrasa sur le toit du donjon, inerte. La leçon était dure, et n’avait pas duré plus de dix secondes. Tout son corps la faisait souffrir, et elle avait probablement quelques os cassés.

« Vous n’empêcherez pas son réveil. Le rituel s’accomplira. »

Quelques éclairs illuminaient avec rage le ciel, et Suzy s’avança vers Reikus. Rayne tenta de se relever, mais elle se sentait complètement épuisée, à bout. Sa vision était trouble. Suzy se téléporta, atterrissant dans les airs, et fit claquer ses fouets noirâtres sur Reikus. Les coups faisaient trembler le sol, provoquant des fissures, mais la femme était intouchable, volant dans les airs. Néanmoins, elle n’arrivait pas à atteindre Reikus, et pesta, avant de ranger ses fouets, et de se mettre à voler, utilisant ses ailes.

La démone décrivit des cercles dans les airs, tendant la main pour envoyer de temps en temps des boules de feu noirâtres, avant de fondre sur son ennemi, pour le faucher en plein vol, plongeant sur l’Inquisiteur.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le dimanche 03 juin 2012, 16:41:07
Ce fut au tour de Suzy d’attaquer, elle se téléporta entre lui et Rayne. La vampire frappa l’Inquisiteur de toutes ses forces, ce dernier alla s’écraser quelques mètres plus loin.  C’est Rayne qui reçut le pire de cet assaut. Suzy l’envoya voler dans les airs et se téléportait pour enchainer une série de coups plus puissant les uns que les autres. Reikus était au bord du toit, si Suzy l’avait poussé un peu plus loin il serait surement tombé vers sa mort. Rayne quant à elle, atterrit douloureusement sur le toit du donjon, même sa constitution de dhampir n’aurait pas pu lui éviter quelques blessures.

Rayne ne se relevait pas. Reikus pouvait la comprendre, c’était donc à lui que revenait la tache d’affronter Suzy une fois de plus, l’Inquisiteur n’y voyait aucun inconvénient.  Sauf qu’il ne pouvait pas se battre contre une cible qu’il ne pouvait pas atteindre, Suzy s’était envolée dans les airs. Elle avait l’air de revenir vers Reikus, la démone voulait l’emporter avec elle dans les airs. Reikus bougeait en essayant de l’éviter, mais la vampire était simplement trop rapide, elle l’agrippa comme s’il s’agissait d’une poupée de chiffon. Suzy voulait probablement jeter l’Inquisiteur dans le vide, Reikus n’allait pas se laisser faire.

Pendant leur ascension, Reikus s’agrippa à la nuque de la vampire, Suzy, qui le tenait toujours d’une seule main, essaya de se dégager mais en vain. L’Inquisiteur réussit de peine et de misère à se placer sur le côté de la démone. Reikus sortit sa dague, bénite par le Cardinal un peu plus tôt, et la planta dans le dos de la vampire.  Suzy laissa échapper un cri strident alors que Reikus se hissait sur son dos, se dégageant de l’emprise de la femme. Les ailes noires de Suzy fouettaient un peu l’Inquisiteur, mais il parvenait à rester en place.

La dague de Reikus n’avait atteinte aucun organe vital. L’Inquisiteur fut stupéfait de voir à quel point la vampire se régénérait rapidement, étrangement, la blessure causé par la dague avait déjà cicatrisée, mais alentour de la lame.  En temps normal, la régénération était un don, mais en ce moment, Suzy souhaitait ne jamais avoir reçut se talent. La lame la faisait terriblement souffrir, et maintenant elle était coincée en elle. La vampire ne volait plus droit, elle zigzaguait dans les airs. Reikus vit pivoter la lame dans le dos de Suzy, la créant une nouvelle plaie. Suzy criait de plus belle. 

Le Dernier Inquisiteur se servait de sa lame un peu comme d’un gouvernail, il voulait redescendre vers le toit du donjon, mais il ne parvenait pas vraiment à contrôler le vol de la vampire. Suzy eut l’idée de voler à l’envers pour faire tomber Reikus, l’Inquisiteur manqua de tomber à plusieurs reprises mais ses jambes qui serraient les côtes de Suzy le maintenaient en place. La démone se redressa et continua à voler normalement après quelques instants. Reikus en déduit que si sa dague ne lui faisait pas assez mal, peut-être que son épée ferait le travail.

À deux mains, Reikus prit son épée et la planta dans le dos de Suzy, il n’eut aucun problème à transpercer l’armure noirâtre de la vampire.  La démone décida d’abandonner son plan initial et se dirigea vers le toit du donjon. Elle ne se contrôlait plus bien,  sa vitesse était trop grandes pour qu’ils puissent atterrir sans danger. Reikus s’agrippa à sa lame et pria. Les deux s’écrasèrent brutalement contre le toit du donjon, c’est Suzy qui soufra le plus de cette chute car Reikus était en sécurité sur son dos. 

Ils glissèrent sur quelques mètres avant de se stabiliser. L’Inquisiteur débarqua et s’approcha de la tête de la vampire. Elle ne bougeait pas, sa respiration était faible et irrégulière, Reikus s’apprêtait à l’achever quand elle se mit à rire, elle riait d’un rire sombre et maléfique même si elle toussotait à cause de la douleur causée par la chute.  Reikus ne voyait pas ce qu’il y avait de drôle, la démone était sur le bord de la mort et pourtant tout ce qu’elle trouvait à faire était de rire.  L’Inquisiteur savait qu’elle cachait quelque chose, mais il décida de ne plus attendre et de l’achever,  quand il allait planter sa lame dans son cœur, Suzy attrapa la lame.

-   Il… Il…

Reikus n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait dire

-   Quoi, il?

-   Il…  

Suzy s’étouffa et cracha un peu de sang

-   Il arrive…  

-   Qui est, Il?

Suzy se mit à rire de plus belle, ce rire était inquiétant. Bien sûr, Reikus ne connaissait pas toute l’histoire. Il ne connaissait pas la famille de vampires dont Suzy avait parlé à Rayne, et il ne savait pas non plus ce que le rituel impliquait. Mais Marlowe, si. Pendant que Rayne et Reikus était occupés à se battre contre Suzy, lui avait rampé, il s’était approché du cadavre de Dalbert et avait bu son sang pour se régénérer.  Il s’était ensuite enfui, il connaissait un chemin secret et rapide vers les catacombes, là-bas, il avait accompli le rituel. Toute cette histoire de trahison n’était qu’une mise en scène, le plan s’était bine déroulé même si Suzy et Marlowe avaient presque perdus la vie.

Le tonnerre retentit dans le ciel, Reikus se tourna et eut le temps de voir atterrir un homme dans un nuage de poussière. Il était portait une armure noir comme la nuit, il était grand et costaud, même Reikus avait l’air petit à côté de lui. Il fit apparaitre une longue lame noire dans ses mains et se tourna vers Reikus et Rayne
 

 Vampire (http://www.casimages.com/img.php?i=120603043858143070.jpg)


-                Je suis de retour…!

-   Viens mon frère, terrassons cette vermine. Ensuite, nous répandront notre colère partout sur le monde! Mais dit-moi, Marlowe n’est pas avec toi?

-   Le minable qui m’a réveillé? J’avais soif après tant d’années de sommeille, je suppose que tu comprends ce que je veux dire.  

Le vampire sourit

-   Tu à l’air mal en point, ce sont eux qui t’ont fais ça? Misérables humains…

-   Qui est tu, suppôt de l’Enfer?

-   Je suis Dreikor, mais avant tout, je suis ton destructeur, minable!  

-   Ça, je ne crois pas. Pas tant qu’Ius seras là pour t’en empêcher!

-   Religieux? Je crois que nous allons nous amuser…

Le vampire fonça sur Reikus, il était incroyablement rapide.  L’Inquisiteur plaça sa lame devant lui pour arrêter le démon. Les lames s’entrechoquèrent et si se n’était pas de la lame bénite de Reikus, l’Inquisiteur serait probablement déjà mort. Reikus tenait sa lame à deux mains, mais il prit le risque d’aller rapidement chercher sa dague, il s’écarta et l’épée de Dreikor alla frapper le sol, créant quand même une marque sur le sol de pierre. Reikus en profit pour planter sa dague dans le bras gauche du vampire,  il souffrait, mains contrairement à Suzy, ne criait pas.

Suzy elle, était restée dans son coin, elle n’avait presque plus d’énergie et était à la merci de n’importe qui, Reikus l’aurait bien achevé mais il était trop occupé avec un autre vampire. Dreikor griffa le torse de l’Inquisiteur, laissant quatre grandes marques rouges. Ces plaies brulaient terriblement, c’était pire que si on lui avait jeté de l’alcool dessus.  Reikus posa sa main sur sa poitrine et mit un genou à terre. Il ne se laissa pas abattre pour autant, il se releva, prêt à faire face au vampire. C’est alors que l’Inquisiteur eut une idée, malgré la douleur, il parvint tout de même à sourire un petit peu

Reikus tâta sa poche, comme il le croyait, la fiole d’eau bénite était toujours là, et incroyablement, elle ne s’était pas cassée lors du combat. Elle n’était pas très grande mais elle contenait tout de même une quantité considérable d’eau. L’Inquisiteur s’approcha du démon, puis le regarda droit dans les yeux. Sans rien ajouter, Reikus lança la fiole dans la figure de Dreikor, le contenant se brisa laissant couler l’eau sur le visage du vampire, ce dernier cria pour la première fois depuis leur rencontre et se protégea le visage avec ses mains, une sorte de fumée noirâtre s’échappait entre ses doigts.

Quand Dreikor se retourna pour faire face à Reikus, il avait la moitié gauche du visage complètement brulé,  il regardait le Dernier Inquisiteur d’un air mauvais, il criait vengeance. Mais Reikus lui, criait justice, et ça, il le savait, c’était bien mieux que la simple vengeance aveugle. Dreikor se battait avec rage, il ne se contrôlait pas, Reikus lui, restait calme. Un calme déconcertant pour une situation aussi dramatique. C’était là sa seule chance de remporter la victoire, Dreikor, bien que très puissant, allait commettre une erreur tôt ou tard, il ne serait pas complètement alerte, et c’est ça qui le tuerait, Reikus en était convaincu.

Mais les choses n’allaient tout de même pas très bien pour Reikus, il était blessé et sa partenaire gisait sur le sol, un coup de poing imparable de la part du démon vit cracher du sang à Reikus, le coup était si puissant qu’il échappa sa lame, Dreikor enchaina avec un coup aux côtes, puis à la mâchoire, Reikus n’eut d’autre choix que de s’écrouler sur le sol. Le vampire leva son épée dans les airs et regarda Reikus d’un air supérieur.

-   Où est ton dieu maintenant? Ius? Où es-tu Ius? Je ne te vois pas!

Dreikor se mit à rire

-   Ton dieu n’est rien, il n’existe pas, tu es faible de penser que la religion pourras de sauver. Il n’y a pas de dieux, que des démons! Bientôt, tu le constateras par toi-même lorsque tu seras sujet aux sombres tortures des abysses en compagnie de tout ceux que tu à aimé, ils périront tous un jour ou l’autre, et se seras par ma main.

Reikus n’aimait pas qu’on crache sur son dieu, mais il ne pouvait rien faire. Lui, ne pouvait rien faire, il y avait encore un peu d’espoir, Clairelame gisait près de Rayne. La vie de Reikus dépendait d’elle, si seulement elle pouvait se lever, prendre cette lame et la planter dans le cœur du démon. Reikus avait eut raison plus tôt, Dreikor avait fini par commettre une erreur, une grave erreur, sauf qu’il s’était trompé sur ce point, ce n’était pas lui qui allait porter le coup fatal.

- Tu m'avais demandé qui j'étais? Et bien... Je suis ta fin!
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le dimanche 03 juin 2012, 21:00:31
Du combat aérien entre Reikus et Suzy, Rayne ne vit rien. Étourdie sur le sol, elle souffrait, tentant de reprendre ses esprits. Suzy l’avait malmené. La vampire était terrible, et elle put voir la fin du combat. Reikus s’était agrippé à elle, la plantant avec son épée dans le dos. Son épée ressortait de l’autre côté du corps de Suzy, qui s’écrasa sur le toit du donjon. En sang, elle expliqua toutefois à Reikus que la partie était finie. Ce fut à cet instant qu’un Portail s’ouvrit, une espèce de vortex par lequel un autre individu débarqua. Il se présenta comme s’appelant Dreikor, et il émanait de lui une puissance terrifiante. Même Kagan avait l’air d’un enfant face à un tel être. L’élégant vampire démoniaque avait une longue chevelure noire, et des peintures rouges sur le visage, signe qu’il était un militaire. Sûrement une espèce de général démoniaque, qui ne tarda pas à affronter Reikus, tandis que Suzy restait dans un coin, ayant toujours une lame enfoncée dans le dos, du sang s’échappant de ses plaies.

*Ressaisis-toi, Rayne, bordel ! Tu peux le faire !*

Dreikor le vampire démon affronta Reikus, et reçut quelques surprises, notamment de l’eau bénite qui lui incendia une partie du visage. Il en fallait néanmoins plus pour le vaincre, et l’Inquisiteur le comprit. Le combat était sans espoir. Il vainquit Reikus, l’envoyant par terre, s’avançant vers lui. S’appuyant sur ses avant-bras, la Dhampir nota alors la présence de la lame de Reikus. Une lame enduite d’eau bénite. Dreikor ne semblait pas faire attention à elle. Le coup serait indéniablement mortel. Elle devait faire abstraction de la douleur, s’emparer de la lame, et la lui planter, de préférence avant qu’il ne tue Reikus.

Prenant son temps, l’infernal vampire caquetait, insultant Ius et la faiblesse de Reikus, avant de le frapper à nouveau. Le démon était sûr de sa victoire, et se permettait donc de flâner. Étrangement, le sortilège magique continuait à être là. Les espèces de tours violettes continuaient à émettre de la magie, comme si le sort n’était pas encore rompu. Rayne ne comprenait pas ce que cela voulait dire, ou, plutôt, avait peur de le réaliser.

*Il n’est pas encore totalement matérialisé... Toute sa puissance... Il n’a fait venir que son enveloppe physique, mais sa magie, elle... J’ai une chance ! Ce n’est pas le moment de dormir, Rayne ! Bordel ! Secoue-toi !*

La Dhampir tenta de se relever. Pendant ce temps, Dreikor avait attrapé Reikus par la gorge, et le balança sur le sol, s’avançant lentement vers lui.

« Les Dieux sont des farces ! Ils disparaîtront tous ! Ils ne sont que des chimères, des faibles ! Je reconnais un guerrier valeureux quand j’en vois un, Inquisiteur. Tu es fort... Mais pas assez. »

Dreikor tendit sa main vers Reikus, et envoya une décharge d’énergie, une onde de choc qui frappa de plein fouet Reikus, le faisant décoller en l’air. Il rebondit sur le sol, et le démon marchait lentement vers lui. Le général démon était absolument sûr et certain de sa victoire, et il tracta Reikus vers lui. L’Inquisiteur était trop affaibli pour le repousser, et arriva, prostré, face à Dreikor.

« Les humains sont toujours aussi arrogants, commenta le monstre. Aussi faibles qu’arrogants... Tu t’opposes à l’inéluctable. Je suis le Messager du Chaos, l’Annonciateur. La Prophétie s’accomplira ! »

Dans l’ombre de Dreikor, une forme grossissait, courant à toute allure vers lui. La main gauche du démon se leva, toutes griffes dehors, s’apprêtant à s’abattre sur Reikus, tandis que Rayne courait vers lui, tenant dans la main Clairelame. Elle allait la planter dans son cœur, voyant l’ouverture... Quand Dreikor tourna la tête vers elle, et envoya une onde de choc depuis sa main. Le coup heurta Rayne de plein fouet, la faisant rebondir sur le sol, tandis que Clairelame atterrit à quelques mètres de Dreikor.

« Aaaah ! soupirait Rayne.
 -  Personne ne peut piéger un vampire. Même une Dhampir devrait le savoir. »

Il avait prononcé le mot avec un mépris évident. Couchée sur le dos, Rayne entreprit de se retourner, respirant lourdement. Dreikor avait senti le sang approcher, et l’avait frappé de plein fouet. Il s’empara de Clairelame, la tenant par la manche, et leva l’arme, la regardant silencieusement :

« Une bien belle épée... Très bien forgée, aiguisée et tranchante à souhait... Mais bon, une épée reste une épée. »

Dreikor posa son autre main sur le bout de la lame. Au contact de l’eau bénite, ses doigts se calcinèrent lentement, mais un sourire amusé éclairait son visage. Il força un peu, usant de sa force surnaturelle, et fendit l’épée en deux, la brisant. Dreikor balança alors la lame, qui se mit à rouler sur le sol, des morceaux d’acier s’éparpillant sur le sol. Sa blessure à la main cicatrisa rapidement. On pouvait également noter que sa joue calcinée cicatrisait elle aussi bien rapidement.

Se redressant, Rayne vit alors une lettre rougeoyer sur son front, comme pour Suzy. Ce ne fut néanmoins pas un « K » qui se forma, mais un « D ». D pour Dreikor, assurément. Rayne cracha du sang, tandis que Dreikor s’avançait vers elle. Il la souleva par la gorge, et la regardant.

« Toi... Tu aurais pu faire une parfaite prostituée... »

La Dhampir grogna, et lui cracha dessus. Dreikor eut un léger sourire, et balança Rayne comme un fétu de paille. Rayne arriva près du bord, et Dreikor soupira longuement.

« Cet exercice était fort amusant, mais je crois qu’il est temps d’en finir... J’ai un planning très chargé, et je ne peux pas me permettre de perdre trop de temps avec... »

Le toit se mit alors à vibrer dangereusement, déstabilisant légèrement Dreikor. Surpris, ce dernier regarda autour de lui, ne comprenant pas l’origine de cette espèce de séisme, qui se reproduisit à plusieurs reprises. Les séismes ne pouvaient pas venir du Portail, et Dreikor, méfiant, regardait autour de lui... Lorsqu’il comprit. Quelqu’un était en train de grimper le long de la façade, et ce quelqu’un était massif, imposant, et immense. Incapable de se relever pour le moment, Rayne vit alors une créature qu’elle n’aurait jamais cru revoir se dresser, massive et terrifiante.

Le golem. L’imposant monstre de pierre, qui n’avait pas de sang en lui, était indétectable pour un vampire, et était attiré par les vibrations magiques. Le regard de Dreikor exprima son incertitude devant une telle monstruosité, mais elle ne fut que passagère. Les pas du golem faisaient trembler le sol, et il s’avançait vers Dreikor, furieux et empli de puissance.

« Je n’ai pas traversé les dimensions pour être bloqué par un bout de pierre ! Disparais ! »

Dreikor tendit sa main, et des éclairs violets frappèrent le golem, qui se protégea avec sa main. Les éclairs rebondirent sur son bras. Malheureusement pour Dreikor, la puissance de Suzy se retournait contre lui. Le golem avait été conçu avec les talents magiques élevés de la vampire, et Dreikor pesta. Les éclairs ne suffisaient pas à arrêter le golem, qui s’avançait vers Dreikor. Si ce dernier avait eu toutes ses capacités magiques, il n’aurait eu aucune difficulté à se débarrasser du golem.

« Maudite créature !!! »

Le golem courut alors vers Dreikor, qui arrêta ses éclairs, et roula de côté, évitant la charge du golem, qui fit néanmoins preuve d’une agilité que sa corpulence ne soupçonnait pas. Le golem pivota sur lui-même, et frappa Dreikor avec la main, envoyant valdinguer ce dernier comme une poupée. Un tel coup aurait brisé les os de n’importe qui, mais Dreikor semblait à peine sonné. Il s’envola dans les airs, avant de se rétablir sur ses jambes, essuyant un peu de sang. Le golem ne s’intéressait toutefois pas à lui, et préféra se diriger vers l’un des pylônes magiques, les serrant avec ses bras, avant de pousser des rugissements. Du pylône, des éclairs se mirent à siffler partout, avant de s’abattre avec rage et fracas sur le toit du donjon, provoquant d’énormes fissures.

« Non ! Cette magie est à moi !! »

Dreikor fit alors apparaître une paire d’ailes, et tenta de s’élancer vers le golem. Malheureusement pour lui, il avait atterri à côté de Rayne, qui utilisa ses ultimes forces pour bondir sur lui. Crocs dehors, elle planta ses dents dans la main de Dreikor, qui poussa un hurlement. Le sang infernal se mit à palpiter dans les veines de Rayne, alors que Dreikor la repoussa d’une gifle de son autre main.

« Tu me paieras ça, salope ! »

Requinquée, Rayne se releva, et profita de son surplus d’énergie pour surprendre Dreikor. Elle le frappa d’un coup de pied retourné à sa joue calcinée, qui cicatrisait lentement. Des bouts d’os s’envolèrent, et Rayne utilisa ses lames pour frapper. Deux entailles profondes. Ses lames en verredragon fendirent le plastron du démon, déchiquetant sa peau, lui faisant pousser un nouvel hurlement.

« Crève ! »

A genoux, Dreikor tendit sa lame pour se protéger. Les lames en verredragon rebondirent dessus, et Dreikor, s’appuyant sur ses jambes pliées, bondit sur la vampire. Son crâne la heurta au menton, la faisant basculer, et il lui balança une nouvelle décharge d’éclairs qui la frappèrent de plein fouet. La Dhampir roula le long du sol. Dreikor se retourna alors vers le golem. Attiré par la magie, ce dernier se nourrissait, mais cette énergie magique était bien trop forte pour lui, et il ne la contrôlait plus.

D’énormes éclairs violets s’abattaient dans toute la région, pulvérisant les maisons, enflammant les arbres. Furieux, Dreikor envoya des éclairs noirs sur le golem. Ces derniers firent mouche. Il utilisait désormais sa redoutable magie noire, et le golem poussa un grognement, tandis que des nuages violets se dessinaient dans le ciel. La réaction magique devenait incontrôlable, et le toit du donjon se lézardait en de nombreux endroits. Tout le château semblait trembler, et les nuages violets crachaient des éclairs dans tous les sens. Le golem, quant à lui, se mit à grossir, à grossir de plus en plus, et se retourna, dévisageant Dreikor, avant de frapper du pied. Il avait alors la taille d’une maison, et commençait à se fracturer.

« Infâme saloperie ! Qu’as-tu osé faire ?! »

Rayne se releva à nouveau, sécha le sang qui coulait sur l’un de ses yeux, et profita de l’inattention de Dreikor. Elle courut vers lui, et Dreikor tourna la tête, mais ne put empêcher un nouveau coup. Les deux lames de Rayne s’enfoncèrent dans son torse, ressortant dans son dos, et Dreikor hoqueta, les yeux écarquillés, tandis que Rayne murmura dans son oreille :

« Va chier en Enfer, salopard ! »

Crachant du sang, Dreikor tenta de dire quelque chose, quand tout le château s’écroula. Le golem tombait en morceaux, ne pouvant pas supporter une telle décharge magique, et un éclair le frappa, suivant d’un autre, qui ouvrit le toit du donjon, pulvérisant tous les étages pour atteindre le rez-de-chaussée, formant un trou vertigineux qui engloutit tout le donjon. Rayne bascula dans le vide, et ses lames se détachèrent, alors qu’elle s’écroula avec le donjon. Un nuage de poussières alla recouvrir toute la région, et, après l’orage, la pluie se mit à tomber.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le vendredi 08 juin 2012, 06:01:41
La pluie tombait sur le corps fatigué de Reikus. Fatigué des injustices, fatigué du mal, mais surtout, fatigué de se battre.  Le Dernier Inquisiteur était fatigué de tout cela, il avait perdu depuis bien longtemps l’espoir de se réveiller un jour dans un monde juste et pur.  Mais pourtant, il continuait à se battre, sans relâche, il ne baisserait jamais les bras. Il ne savait pas ce qui le poussait à ce battre, c’était peut-être qu’au fond de lui, il restait quand même quelques étincelles d’espoir. Reikus se rappela s’être posé la même question à son arrivé à Château-Lerouge, et de nombreuses fois auparavant, malheureusement pour lui, l’Inquisiteur n’avait jamais trouvé la réponse à cette énigme.

Reikus toussota, s’était la première fois qu’il bougeait depuis qu’il s’était réveillé. Il rassembla toutes ses forces pour ouvrir ses yeux, il ne vit que destruction et désolation. Presque tout ce qui était près du château était détruit, le château lui-même avait subi d’importants dégâts. Le donjon s’était écroulé ainsi que quelques autres tours, plusieurs briques étaient tombées de la muraille et des débris avaient été projetés un peu partout dans la ville. Cette ruine ne ressemblait en rien au majestueux château construit par les Lerouges. Reikus soupira et entreprit de se relever.

Tous ces muscles le faisaient souffrir. L’Inquisiteur se releva péniblement, dégageant le gravier qui s’était accumulé sur son corps. Reikus avait observé la scène en haut du donjon, le golem, le donjon qui explosait, Dreikor. Dreikor?! Où était-il?! Il était peu probable qu’il ait survécu à la chute, mais Reikus devait s’en assurer. L’Inquisiteur ne se rappelait pas de sa propre chute, ses souvenirs s’arrêtaient à peu près à mi-chemin entre le toit du donjon et le sol. À bien y repenser, c’était peut-être mieux comme ça, l’atterrissage avait dû être particulièrement brutale, c’était un miracle que Reikus y ait survécu. Rayne… Il ne l’avait pas vu, ça constitution de Dhampir l’avait probablement protégée, mais tout comme lui et Dreikor, elle avait été sérieusement malmené, ce qui rendait sa survie… beaucoup moins probable.

Reikus ne voulait pas qu’elle meure, s’était étrange, l’Inquisiteur n’avait jamais ressentit cela envers quelqu’un d’autre depuis… depuis son mentor, Cade.  On n’a pas vraiment la chance de s’attacher aux gens quand on voyage constamment, à la recherche d’autres criminels à tuer. Reikus sourit, cela lui faisait du bien d’avoir confiance en quelqu’un à nouveau.  L’Inquisiteur regarda les débris mais il ne vit rien, ni d’allié, ni d’ennemi.

Reikus n’avait pas d’arme, Dreikor avait détruit Clairelame, alors c’était peut-être mieux qu’il retrouve Rayne en premier.  Le Dernier Inquisiteur avançait lentement, très lentement. Il avait plusieurs os cassés et il avait perdu beaucoup de sang. Très peu de gens auraient été capables de se tenir debout après tout ce que Reikus avait enduré. L’Inquisiteur leva ses yeux vers le ciel, la pluie qui tombait lavait la saleté et le sang séché sur son visage. Ses vêtements étaient déchirés à de nombreux endroits et il avait le goût déplaisant du sang dans la bouche.

Combiens de temps s’était écoulé depuis sa chute et le moment présent, quelques minutes? Des Heures? Reikus n’en avait aucune idée.  Le ciel semblait s’être éclairci, mais personne ne s’était encore approché de la scène. Les combats dans la ville s’étaient arrêtés suite à l’explosion, plus aucun démon ne volait dans les airs. Si ce n’était des débris, du sang et des armes, on pourrait presque dire que la ville était revenue à son état normal. Le Dernier Inquisiteur savait que le calme ne pouvait pas durer, dans quelques jours ou quelques semaines, les crimes allaient forcément recommencer, ainsi que toutes les injustices. Reikus fronça les sourcils, c’était toujours comme ça.

L’Inquisiteur perçut un mouvement à sa gauche, quelque chose au sol. Reikus pivota sur lui-même. Dreikor essayait d’atteindre quelque chose qui scintillait, une amulette. Le vampire était mal en point, il avait perdu l’une de ses jambes et rampait péniblement vers l’amulette. Dreikor l’avait probablement remplie d’énergie qu’il pourrait utiliser en cas d’urgence, mais il l’avait échappé lors de sa chute. Reikus devait atteindre le joyau avant lui, c’était une question de vie ou de mort.  L’Inquisiteur boitait, mais il avançait à un rythme plus rapide que celui du vampire.

Dreikor l’avait remarqué, il doubla sa vitesse pour se rendre à l’amulette avant l’Inquisiteur.  La course se déroulait très lentement, mais les deux adversaires donnaient le peu d’énergie qui leur restait pour devancer l’autre.  L’un des deux allait y rester, c’était inévitable. L’amulette n’était plus qu’à un mètre. Ce mètre semblait incroyablement long compte tenu des circonstances. La sueur perlait sur le front de Reikus, elle se mélangeait avec la pluie et le sang. L’Inquisiteur voyait qu’il avait une chance d’arriver avant Dreikor, il rassembla toute l’énergie qu’il pouvait pour avancer plus vite. Il dépassa le vampire et arriva à l’amulette. L’Inquisiteur leva le pied et l’abattit brutalement sur le bijou. Une sorte de fumée verdâtre s’échappa de l’amulette.

-   Non… espèce de fou.
Reikus s’approcha de Dreikor, ce dernier roula sur lui-même pour faire face au ciel. Il éprouvait beaucoup de difficultés à articuler.

-   Avec… cette énergie… j’aurais pu… j’aurais pu amener la paix… Moi et ma famille, nous aurions pu régner en maitre sur ce monde pourri… Nous aurions pu amener la paix sur ces terres, quelque chose que tu n’as jamais connu Inquisiteur, et que tu ne connaitras jamais tant que tu serviras ce faux dieu…   

-   Quelle paix? Regardes toute cette destruction, tout ces morts! C'est la seule chose que tu aurais amené à notre monde. Mais tu as raison sur un point, je ne connaitrais jamais la paix. Pas tant que je servirais Ius. La plupart des hommes sont mauvais, c’est dans leur nature de commettre des injustices, mais je suis là pour équilibrer les choses.

-   Tu ne seras pas toujours là… et il y aura quelqu’un pour prendre ma place…

-   Encore une fois, je te donne ceci, quelqu’un prendra ta place, et je vais mourir un jour. J’accueillerais la mort  avec la tête haute, sauf que moi aussi, quelqu’un prendra ma place. Il y a des âmes justes dans ce monde. Elles sont peu nombreuses, mais tant qu’elles suivront le chemin de la justice, elles vaincront toujours le mal.  

-   Arrête tes idioties… tu fais pitié… tu n’es qu’un minable…toi et ton faux dieu.

La respiration de Dreikor devenait de plus en plus irrégulière


-   C’est là que tu trompe vampire. Ius est bien réel, c’est lui, la justice. Vu ton état, tu devrais aller à sa rencontre sous peu. Toi non plus tu ne connaitras pas la paix, tu connaitras la colère divine d’Ius. Son domaine s’ouvre à toi, tu es à sa merci! Maintenant tremble créature de l’enfer, et implore, sa miséricorde!  

Dreikor se mit à convulser et à cracher du sang, il n’était plus capable de rien dire. Il mourut comme ça, sous les yeux du Dernier. Il s’apprêtait à rejoindre Ius, la justice et le bien avait une fois de plus vaincu le mal, Reikus était satisfait. Il toussa et cracha lui aussi un peu de sang, la tête lui tournait, il essaya de s’appuyer sur quelque chose mais il tomba dans le vide. Sa vision se noircissait, étais-ce ça fin à lui aussi? Mourir après avoir triomphé dans un grandiose combat contre un ennemi qui aurait sans doute pris le contrôle du monde? Il y avait pire comme fin. Reikus se laissa alors aller, il se sentait paisible.

Étrange… L’Inquisiteur ne croyait pas se réveiller, il était toujours sur le sol près du château, la pluie avait cessé. Il se sentait un peu mieux, mais il était incroyablement faible. Il n’arrivait pas à voir claire, mais il croyait voir une silhouette familière penchée au dessus de lui. Peut-être qu’il ne s’agissait pas la fin du Dernier Inquisiteur après tout… 
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 09 juin 2012, 16:29:42
Rayne sombra avec les pierres du Château-Lerouge, et disparut sous un amoncellement de gravats et de rochers. Elle se réveilla brisée, massacrée, dans le noir absolu. De la poussière partout, l’air qui manquait, ses cotes qui l’élançaient douloureusement. Pour le coup, elle avait probablement perdu quelques os, ainsi que ses lames. Ses vêtements étaient déchirés, son corps entier n’était plus qu’un atome de douleur... Mais, si elle avait mal, c’était bien la preuve qu’elle tenait encore plus du monde des vivants que celui des morts. Rayne se sentait néanmoins trop fatiguée, et peinait à respirer. Elle sentait un liquide chaud et poisseux couler sur son visage, et l’interpréta comme du sang. Du sang qui s’échappait de son cuir chevelu.

*Ce n’est pas le moment de dormir, Rayne... Ressaisis-toi !*

Elle ne pouvait néanmoins pas remuer la quasi-totalité de son corps, seulement sa main droite. Ses doigts remuèrent lentement. Elle avait des ongles brisés, et comprit alors qu’elle vomissait aussi du sang, et qu’elle était probablement couchée dans sa propre hémoglobine. Qu’elle soit encore en vie relevait d’un miracle vampirique. Rayne tendit sa main à droite et à gauche, arrachant des gravats minuscules jonchant le sol sur lequel elle était couchée. Elle était visiblement toujours dans le donjon effondré, mais impossible de déterminer depuis combien de temps elle était restée inanimée. Elle se rappelait de la chute, du golem qui avait absorbé tellement de magie qu’il en avait explosé. Sous l’onde de choc, l’une de ses lames s’était envolée, et elle était tombée dans le vide. Son dos avait heurté quelque chose, et quelque chose, un gros morceau de béton, s’était écrasé sur son ventre. Un véritable coup de massue qui l’avait complètement démoli.

Meurtrie et brisée, Rayne attrapa alors une espèce de truc noirâtre... Ou, plutôt, elle le caressa du bout des doigts. Une espèce de tuyau. Sa seule prise. Soupirant, Rayne avait extrêmement chaud, et l’air continuait à se raréfier. Si elle ne se remuait pas, elle allait tout simplement mourir ensevelie sous les gravats. Une humaine normale aurait déjà péri de ses blessures. La Dhampir fit pointer les griffes qu’il lui restait, soit deux griffes sur cinq, et s’en servit pour gagner quelques centimètres, et les planter dans le noirâtre tuyau. S’agrippant à ce morceau, elle essaya alors de le faire bouger, et sentit des craquements résonner tout autour d’elle. Visiblement, ce morceau de la paroi servait de soutien. Si elle parvenait à le dégager, peut-être qu’elle pourrait utiliser d’autres parties de son corps.

Rayne essaya de forcer, de donner tout ce qu’elle avait, mais elle ne réussit même pas à faire bouger le tuyau d’un millimètre. Trop affaiblie, Rayne pesta, et essaya de se donner du courage, mais elle se sentait de plus en plus affaiblie. La Dhampir réalisa alors qu’elle avait quelque chose d’enfoncée dans le corps, et que la douleur s’estompait, ainsi qu’une irrésistible envie de dormir. Ses paupières s’alourdissaient. Dormir... Juste un peu, afin de se ressourcer...

*Non ! Ne te laisse pas aller, merde ! Tu n’as pas fait tout ça pour crever comme une conne sous un gros caillou !*

Se sermonner ne permettrait toutefois pas de déplacer les rochers. Ils étaient bien trop lourds, et l’écrasaient. Avec l’énergie du désespoir, la Dhampir essaya à nouveau de s’attaquer au tuyau, forçant... Et réussit à se péter l’une de ses deux griffes restantes, la faisant pester. Une douleur vive qui jaillit de son doigt, faisant l’effet d’un coup de fouet qui réveilla son corps. C’était le moment où elle sentirait en elle une puissance insoupçonnée, où un coup de vent viendrait l’aider à pousser ce tuyau. Elle ne pouvait pas mourir ici, faite comme un rat. C’était une fin minable, indigne de n’importe quel film.

*Je m’y refuse... Merde !*

Rayne leva lentement sa main droite, mais cette dernière s’abattit. Elle n’avait même plus la force de la soulever, et ses yeux devinrent bien trop lourds pour qu’elle puisse les ouvrir. Son esprit se fractura, et elle se sentit s’éloigner. Sa tête acheva sa course en s’écrasant dans le gravier, et elle se mit à délirer. Elle vit le sol s’ouvrir, elle vit des rivières de sang, de feu, elle entendit les rires, elle vit le regard moqueur et furieux de son père dans un enfer de flammes rougeâtres. Elle crut alors entendre des voix, qui semblaient venir d’une autre dimension. Des espèces de génies qui parlaient entre eux, alors que l’océan de flammes laissait place à un abîme noirâtre dans lequel elle s’évapora, voyant une lumière blanche, une lumière vers laquelle elle se sentait inexorablement approchée. Un long tunnel qui devenait de plus en plus blanc, et où elle discernait, dans cette blancheur immaculée, une solitaire et reconnaissable forme. Une forme qu’elle reconnut immédiatement, et face à laquelle elle ne pouvait refuser l’étreinte.

« Tu as bien guerroyé, et il est temps pour toi...
 -  Il y a quelqu’un là-dessous ! Dépêchez-vous !
 -  Ce n’était qu’un rat...
 -  ...De goûter au repos, à la paix des guerriers. Viens, ma fille, viens.
 -  Dépêchez-vous ! »

*
*  *

Était-ce ça, la mort ? Rayne s’était toujours demandée ce qui l’attendrait dans l’au-delà. Il y avait tant d’interprétations différentes. Serait-elle devant les trois Juges de l’Enfer ? Rhadamanthe et Éaque se disputaient-ils sur son cas ? Éaque avait affronté la peste, elle avait dévasté son royaume. Il pouvait faire preuve de compassion envers Rayne, tenter de deviner la justesse de sa cause, mais Rhadamanthe... Il était l’inflexible, le sévère. Est-ce que Minos, l’ultime juge, armé de son sceptre symbolique, devrait agir pour trancher ? Ou alors, est-ce que, comme le suggérait le « Livre des morts » de l’Égypte antique, subirait-elle le principe de la pesée ?

Rien de ce qu’elle voyait ne ressemblait, ni à l’Enfer, ni au Paradis, ni aux Champs Élysées, et encore moins au Walhalla. Ce qu’elle voyait était un toit. Un toit orange, avec des lézardes, et des toiles d’araignées. Si le Purgatoire ressemblait à cela, alors les Dieux étaient fauchés. Clignant des yeux, Rayne remarqua alors qu’elle avait mal. Un mort avait-il mal ? Non, et ce fut cette constatation qui l’amena à réaliser qu’elle était encore vivante.

*Mais où suis-je ?*

Avec une lenteur infinie, la Dhampir entreprit de se relever. La lumière l’agressait, la forçant à papillonner des yeux. C’était la lumière du jour, les rayons du soleil, qui venaient depuis de grandes fenêtres pour éclairer une pièce où il y avait de nombreux lits. Elle avait des pansements en de nombreuses parties du corps, et vit, sur sa gauche, sur une commode, l’une de ses deux lames dhampir, brisée et tordue. Impossible de la repérer.

Severin ne serait pas content... Rayne avait fort heureusement du matériel de rechange.

« Vous êtes déjà débout ? »

Tournant la tête, Rayne reconnut le docteur. L’apothicaire et guérisseur qui était le proche de Reikus, et qui l’avait aidé. Il avait donc échappé au massacre ? Le guérisseur était entouré de plusieurs assistants et assistantes, et la Dhampir remarqua que ces derniers entouraient un corps endormi à l’autre bout de ce qui apparaissait maintenant comme une nef. Elle était dans l’église, reconvertie pour l’occasion en hôpital de fortune. Il y avait de nombreux blessés qui geignaient.

« L’église a souffert, comme le reste de la ville, nota le guérisseur. Nous en sommes encore à compter les morts. Ce qui s’est passé a été une tragédie... Je suis le dernier guérisseur en vie de la ville, ainsi que le dernier membre du conseil municipal qui n’ait pas eu le ventre ouvert en deux, ou qui ne se soit pas enfui. »

La plupart des vitraux avaient été brisés.

« KÔM’n ‘emp ? »

Rauque, la voix de Rayne se cassait, et elle se racla la gorge. L’apothicaire comprit toutefois sa question, et donna quelques précisions :

« Sept heures... Remarquable. Les capacités de régénération des espèces vampiriques sont tout simplement incroyables. Le Dernier Inquisiteur est allongé à proximité. J’ignore comment vous avez fait pour survivre. Paradoxalement, il a eu plus de chance que vous, mais est plus blessé. Son corps cicatrise beaucoup moins bien que le vôtre. »

Rayne regarda silencieusement Reikus. Une sage-femme lui bouchait la vue, et elle ne pouvait pas voir dans quel état il se trouvait. L’apothicaire poursuivit ses explications :

« Quand le donjon s’est écroulé, tout s’est terminé. Une pluie terrifiante s’est abattue, et a éteint les incendies. Les monstres sont mystérieusement partis, et les survivants se sont retranchés à l’église. Cette dernière avait visiblement été le point de départ de bon nombre de créatures, mais elles se sont toutes enfuies dans la crypte. Nous l’avons à nouveau condamné, mais j’ignore combien de temps elle tiendra... Par la suite, des groupes de survivant sont exploré les ruines du donjon, à la recherche d’éventuels survivants. Ils ont vu de nombreux corps explosés, massacrés, et les vôtres. Je crois que vous êtes les deux seuls survivants.
 -  Vous avez retrouvé les corps des démons ?
 -  Devant le corps de l’Inquisiteur, il y avait un corps mystérieux. Une créature qui n’était pas humaine. »

Dreikor, assurément. Ainsi donc, il était mort. Le fiasco n’était donc pas total, et Rayne en eut un léger sourire, qui s’effaça toutefois bien vite quand l’homme fit une petite précision :

« Néanmoins, quand nous nous sommes approchés de son cadavre,  ce dernier s’est mis à flamber, et a... Complètement disparu. Certains hommes jurent avoir vu une espèce d’ombre violette s’échapper du corps calciné qui était transformé en cendres balayées par le vent, et s’envoler... »

Rayne resta silencieuse. Quelque chose lui disait qu’ils n’en avaient pas encore fini avec Dreikor, mais que ce dernier mettrait sûrement un bon moment avant de retrouver toute sa puissance.

« Et... Vous n’avez pas retrouvé le cadavre d’une démone ?
 -  Nous cherchons encore dans les ruines, mais... Jusqu’à présent, non. »

Avec un peu de chance, Suzy serait encore en vie. Si c’était le cas, Rayne avait une piste solide pour retrouver son père. Dans son for intérieur, quelque chose lui disait que ce nouvel ennemi mystérieux, la Famille des Vingt-Six, risquait encore de faire parler de lui dans les mois à venir. Qui étaient ces individus ? Quelles étaient leurs motivations ? Rayne n’avait aucune réponse à ces questions... Pour le moment, du moins.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le mercredi 13 juin 2012, 05:18:35
-   Attention, je crois qu’il se réveille…

-   Après tout ce qu’il à enduré… Docteur, venez jeter un coup d’œil.

-   Calmement, calmement…

Reikus retrouvait peu à peu ses sens. Pour l’instant, il voyait encore embrouillé, donc c’était impossible pour lui de voir clairement les trois silhouettes penchées sur lui. Il distingua quand même les voix, la première était celle d’une femme, mais il ne la connaissait pas. Le deuxième appartenait à un jeune homme, lui non plus Reikus ne le connaissait pas. Il reconnut pourtant la troisième, une voix à la fois suave et rauque en même temps, il aurait reconnu ce ton de voix entre mille autres.

-   Doc?

-   En personne! Ne bouges plus Inquisiteur, tu risquerais de te faire mal.

-   Rayne?

-   La fille? Elle s’est réveillée un peu avant toi, elle ne doit pas être allée bien loin par contre, elle aussi était amochée.  

-             La ville?

-    En piètre état, mais elle renaîtra de ces cendres. Dis donc Reikus, tu n’as pas fini de me poser des questions d’un mot, j’aimerais avoir une vraie discussion avec toi…

Reikus  sourit à la plaisanterie, il était tellement blessé que même contracter les muscles de sa bouche lui fit incroyablement mal.

-   Tu as raison. Toi ça va? Ta famille, elle va bien?

-    Tout le monde s’en est sortit, mais il s’en est fallu de peu. Si mon fils n’aurait pas été là, je crois que ma femme serait morte, et moi aussi d’ailleurs. Justement, c’est lui qui t’a fait tes bandages.  

-   Tu lui diras merci de ma part…

Reikus essaya de se lever, mais c’était impossible, il était vraiment trop mal en point pour faire d’aussi grands mouvements. Il ne parvint même pas à s’assoir, il avait beau forcer, c’était impossible. Il était si faible… L’Inquisiteur ne se plaignait pas, après tout, n’importe qui de normal serait mort à sa place, c’était un miracle qu’il puisse encore respirer. Le Docteur se précipita sur Reikus l’aidant à se recoucher, il avait beau avoir un fort penchant pour l’alcool, ce vieux bonhomme était quand même un type bien, il s’inquiétait pour la santé de Reikus. 

-   Ne bouges plus, tu devrais te reposer. Endort toi, le danger est passé…

L’Inquisiteur ne résista pas, il laissa le sommeil l’envahir, un peu de repos lui ferait du bien. Sa visite à Château-Lerouge avait été des plus mouvementée. Il avait déjà reçu plusieurs blessures avant son combat contre Dreikor et Suzy, et ça ne c’était pas amélioré après. Il ne savait pas combiens de temps il lui faudrait pour récupérer de ses blessures, en fait, il ne savait même pas si ses jambes tiendraient le coup s’il venait à marcher. Pour l’instant, sa seule préoccupation était de dormir, se reposer, le plus possible…

Le sommeil, c’était tout simplement délicieux. Reikus n’avait pas eu l’occasion de se coucher l’esprit tranquille depuis un bon bout de temps, depuis trop longtemps en fait. Reikus fit un rêve, rien de significatif, ni d’important, mais il apprécia de sentir son esprit se faire bercer doucement.  Dans son rêve, l’Inquisiteur volait au dessus du monde, il était haut dans les airs, de là où il était, tout avait l’air paisible, il continua à planer ainsi pendant de longtemps. Il se réveilla lentement, son somme lui avait fait du bien, il se sentait déjà un peu mieux.

-   Combiens de temps?

-   Tu as dormis un peu plus qu’une heure.

-   Non… pas ça…

-   Avant que tu puisses recommencer à bouger et à faire le ménages des terres?

-   Oui.

Le Docteur rit

-   Je ne sais pas Reikus, mais il te faudra du repos, beaucoup de repos.

-       C’est bon, je crois que je vais me lever maintenant.

-   Prends ça doucement, tes blessures n’ont pas finie de cicatriser.  

Le Docteur l’aida à se relever, Reikus faillit s’écrouler par terre. Ces jambes n’étaient pas prêtes à supporter son poids de géant, l’Inquisiteur réussit quand même à rester debout, un exploit incroyable.  Il s’étira, ça lui fit un bien énorme. Reikus souffrait de partout, mais il se sentait un peu revigoré.  Il fit quelques pas mais manqua de tomber, le vieil homme lui tendit une canne en souriant, Reikus hésita quelques instants avant de la prendre.

-   Je vais prendre une marche, essayer de trouver Rayne.

-   Elle ne doit pas être bien loin.

-   D’accord

Reikus fit quelques pas avant de se retourner

-   Merci pour tout, Murdock  

-   C’est la moindre des choses que je puisse faire… Tu sais, mon frère te considérait comme son fils.

-   Je le considérais aussi comme mon père… Il me manque…

-   À moi aussi…

Reikus retrouva Rayne en face de l’église, elle était assise sur une sorte de pilier, l’Inquisiteur s’approcha d’elle. Il avait vraiment du mal à avancer. On lui avait enlevé ses vêtements tachés de sang et on les avait remplacés par des bandages. Il avait aussi un nouveau pantalon et une nouvelle paire de souliers plutôt confortables, il se demandait où ils avaient bien pu trouver tout ça. L’Inquisiteur parcourut la distance qui le séparait de Rayne et alla s’assoir à côté d’elle.  Il ne dit rien, pas parce qu’il ne voulait pas, mais parce qu’il ne savait pas quoi dire. Devant eux, des gens avaient déjà commencés à ramasser les débris, c’était triste à voir. Reikus finit par prendre la parole.

-   Tout un voyage…

C’était simple, mais ça résumait bien le fond de sa pensée. Tant de choses s’étaient produites dans les derniers jours, il n’y avait rien à dire. À part peut-être, tout un voyage…

[HRP: J'ai pris la liberté de placer Rayne devant l'église, j'éspère que ça ne te dérangeras pas :)]
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le mercredi 13 juin 2012, 20:26:00
La ville était dans un triste état. Le donjon s’était presque totalement écroulé, ne laissant plus que ses fondations, et quelques morceaux de murs. Les murs principaux, ceux entourant à la fois le château et la ville, étaient toujours intacts, donnant à un voyageur l’impression que la ville se portait bien... A l’exception du donjon, qui avait disparu. Rayne s’était brièvement promenée dans les environs du donjon, au milieu des ruines et des gravats. Les badauds extrayant les cadavres des rochers ne lui avaient accordé qu’un bref regard, tandis que Rayne avait cherché dans les décombres des traces. Elle avait repéré du sang, et, en le goûtant, elle s’était convaincue que c’était bien le sang de Dreikor. Le cadavre n’était pas là, de même que celui de Suzy. L’effondrement du donjon avait percé les niveaux inférieurs, provoquant un trou énorme dans ce qui avait, jadis, été, la salle à manger. Une dépression qui allait jusque dans le vieux donjon. Elle n’avait pas retrouvé sa lame perdue, et elle allait donc devoir retourner à Tekhos, retrouver Severin, et récupérer les remplaçantes. Severin ne serait sûrement pas content, mais elle ne pouvait tout de même pas traquer son père sans ses armes.

Rayne était ensuite retournée près de l’église. Il avait cessé de pleuvoir, et de la fumée s’échappait encore de certains foyers qui continuaient à émettre des cendres. Un léger soleil éclairait paresseusement la région. Une peinture assez triste, sinistre, se dégageait de ce funeste spectacle. Le Château-Lerouge avait chèrement payé son histoire, et la présence d’une redoutable démone sur place. « Suzy » était partie, et Rayne était sûre qu’elles se retrouveraient. Ce jour-là, la démone ne la dominerait plus aussi facilement.

On traînait les cadavres, les réunissant dans l’ancien camp de réfugiés. La surpopulation du Château avait beaucoup diminué, et beaucoup de villageois survivants essayaient de repartir. Pour les en empêcher, les actuels dirigeants, à savoir les rescapés du conseil municipal, ou de simples marchands, avaient bloqué les portes, arguant qu’il fallait faire le ménage ici, avant de retourner dans les terres. Abattus, les villageois avaient obéi. Femmes, enfants, vieux hommes, on brûlait sur place les carcasses des monstres, et on regroupait les autres dans un immense charnier. Les enterrer tous prendrait trop de temps, et on discutait pour savoir qui prononcerait une épithète funèbre. Le prêtre étant mort, le choix s’était porté sur ses assistants, dont certains avaient survécu.

Rayne ne s’en faisait pas : le Château-Lerouge survivrait à ce massacre. Ce serait difficile, mais ce feu avait balayé le Château. Symboliquement, c’était presque une renaissance. Peut-être songerait-on à modifier le nom du Château ? Les Lerouge rappelaient à tous la malédiction qui s’était abattue sur ce château depuis que les Beauregard s’en étaient emparés. Vu son passé, une promesse d’avenir pouvait être de l’appeler « Château du Phénix ». La Dhampir y songeait silencieusement, tout en se disant que son temps au Château-Lerouge était fait. L’Antéchrist, sa raison de venir ici, était mort. Raymond était-il mort ? Tout le laissait croire, mais c’était invérifiable. Son corps, s’il avait été tué par Dreikor, devait probablement être dans les ventres de goules et de dévoreurs.

*Il aurait sans doute été le seul capable de m’aider à retrouver « Suzy »... Même s’il a fait des choses horribles, dans le fond, il n’était rien de plus qu’une autre victime.*

Rayne n’avait pas pu aider les villageois. On la regardait avec suspicion. Là-dessus, rien n’avait changé. Elle avait contribué à les sauver, à vaincre « Suzy » et Dreikor, mais eux continuaient à ne voir qu’en elle une Dhampir, une vampire, une créature funeste, qui, parce qu’elle ne pouvait enfanter, était forcément à l’ombre des desseins divins. Rayne n’en avait guère été choquée. Elle avait grandi avec cette hostilité croissante. Elle s’était assise sur un pilier démoli, à proximité de l’église, regardant cette dernière.

L’église était peut-être le bâtiment dans le meilleur état. Les vitraux avaient tous été pulvérisés, mais le fait que l’église soit en pierre lui avait permis de mieux résister à l’incendie. On avait déjà refait la porte d’entrée, et il y avait quelques trous dans le toit, là où des tuiles étaient tombées. Il est probable que les survivants, quand ils auraient fait brûler les corps, organiseraient une immense messe commémorative. C’était même plus qu’une éventualité, c’était une certitude. Dans le désespoir, les hommes avaient naturellement tendance à se tourner vers la foi. C’était préférable à la haine ou au désespoir.

Elle y songeait lorsque Reikus sortit de l’église. Elle le sentit approcher, mais elle ne se retourna pas vers lui. Son regard était plongé dans le vague, dans le lointain, observant la ville ravagée, et la campagne environnante. L’hiver était-il enfin terminé ? La végétation allait-elle refleurir pour offrir aux habitants du Château une saison florissante ? Dans un conte de fées, c’est probablement ce qui se passerait, mais il y avait encore fort à parier que l’hiver durerait. Les villageois enverraient des messagers à Nexus pour obtenir l’aide de la capitale. Les Nexusiens feraient une enquête, et des nobles viendront probablement diriger le Château. Même si ce dernier était à l’abandon, et avait une sinistre réputation, il était aussi source de bien des espoirs, notamment pour des maisons déchues.

L’Histoire du Château-Lerouge, indéniablement, ne se terminerait pas ici. Cet évènement serait commenté par les historiens. Que diraient-ils ? Comment interpréteraient-ils ce qui s’était passé ici ? Qu’est-ce que l’Histoire retiendrait ? Ils diraient que tout ça était le fruit de l’incompétence prononcée des Lerouge. Les plus rationnels rejetteront l’idée d’une malédiction, les plus ésotériques nuanceront ces propos, mais tous s’accorderont pour dire que la grogne sociale avait donné lieu à une révolte paysanne, pile au même moment où une tempête violente s’était abattue sur la région. Des éclairs foudroyants avaient provoqué bon nombre d’incendies dans la région, et des bourrasques de vents avaient arraché des toitures. Une tempête infernale. Les maçons et les architectes qui viendraient rebâtir le donjon diront que ce dernier était vieux, et qu’il n’avait probablement pas pu supporter à la fois l’incendie, qui avait attaqué les piliers de soutènement des murs, en bois, et la tempête. Évoquerait-on le sanctuaire démoniaque ? Cet endroit où « Suzy » avait commencé à réveiller Dreikor ? On parlerait du Cardinal, et chacun aurait sa propre version. Les économistes expliqueront que l’origine de la révolte était avant tout économique, résultant, en effet, des mauvaises conditions climatiques persistant depuis des semaines, de la corruption au sein du Château, de la surpopulation créant un climat d’insécurité. Les religieux préféreront y voir là des causes spirituelles, parlant de l’affaiblissement moral de la population, de la déchéance spirituelle que le comportement du Duc avait entraîné sur ses sujets. Parlerait-on de Rayne ? Certains mentionneront sûrement ce bûcher où un soi-disant miracle avait eu lieu, mais il est probable que cet évènement relèverait d’ici quelques siècles de la rumeur, tout comme Dreikor. Oui, le rouleau de l’Histoire gommerait Dreikor, il gommerait Rayne, Reikus, il retiendrait le duc, mais oublierait les autres, les relayant au rang de rumeurs persistantes, de légendes imaginaires qui embelliraient les contes. L’Histoire était une marche sélective. Les scientifiques parlaient de la sélection naturelle comme de quelque chose d’immuable, mais la sélection existait aussi ailleurs ; elle était aussi historique.

« Tout un voyage… » résuma simplement Reikus.

Sans rien dire, Rayne tourna lentement la tête vers lui. Un voyage...

« Un voyage qui ne fait que commencer, glissa-t-elle. Nous n’aurons jamais la reconnaissance que nous méritons. Nous avons sauvé ces gens de la folie et des griffes de la mort. »

Elle parlait plus pour elle-même que pour entamer un dialogue avec Reikus. Après tout, Rayne ne le regardait pas. La Dhampir finit par se redresser, et s’extirpa du pilier. Revenant à la réalité, elle tourna la tête vers l’Inquisiteur, et le regarda brièvement. Elle semblait en bien meilleur état que lui, et avait enlevé ses bandages, exhibant ses plaies. Son corps cicatrisait bien plus vite que le sien.

« Tu es en piètre état... nota-t-elle. Mais tu n’as pas usurpé ta réputation. Nous pouvons être fières de nous. Nous avons empêché un grand mal de se répandre sur Terra. J’aimerais me dire que ce mal a été vaincu, mais je pense que ce serait trop simple... Dreikor, ou quel que soit la force que ce démon représentait, existe toujours, quelque part... J’ai l’intime conviction que je les reverrais. »

Rayne tourna à nouveau la tête, l’orientant vers le donjon en ruines, et se mit à parler.

« Je te félicite. Pour un humain, tu es puissant. J’ignore ce qui te donne cette force, mais ton pouvoir est grand. »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le dimanche 17 juin 2012, 05:10:02
-   Un voyage qui ne fait que commencer. Nous n’aurons jamais la reconnaissance que nous méritons. Nous avons sauvé ces gens de la folie et des griffes de la mort

Rayne ne regardait pas Reikus pendant qu’elle parlait, sone regard semblait perdu au loin. L’Inquisiteur pouvait la comprendre, lui aussi était perdu dans ses pensées. Après tout ce qui venait de se passer, c’était un miracle qu’ils soient encore vivants, ils reprenaient donc peu à peu leurs esprits. Rayne, fidèle à son héritage vampirique, avait récupérée incroyablement rapidement. Il faudrait beaucoup de temps à Reikus avant qu’il aille aussi bien que Rayne allait maintenant, mais ça n’allait pas l’arrêter.  D’ici quelques semaines, peut-être même quelques mois, l’Inquisiteur ferait trembler à nouveau les criminels de ce monde. En cas de besoin, il serait probablement capable de se défendre, mais c’était mieux pour lui de limiter les combats.

Encore une fois, Rayne avait raison, ni lui, ni elle ne recevrait la reconnaissance qu’ils méritent. La vie était faite ainsi, ils avaient pourtant sauvés la vile et d’innombrables vies,  mais les livres d’histoires oublieraient leurs noms.  La Dhampir qui s’était extirpée des flammes d’un bucher et le Dernier Inquisiteur allaient vivres à travers quelques légendes pendant un certain temps, mais les historiens ne raconteraient pas leurs histoires. De toute façon, le Dernier Inquisiteur ne se battait pas pour la gloire, si c’était ce que Reikus recherchait, il serait devenu gladiateur ou quelque chose dans le genre.

Rayne se releva et le félicita de s’avoir battu jusqu’au bout, Reikus sourit, il appréciait ce compliment. Ensuite, elle lui fit part de ces craintes, des craintes que Reikus partageait également, mais il ne s’était pas vraiment arrêté pour y réfléchir.  Ce n’était probablement pas la dernière fois qu’il entendrait parler de Suzy et de la Famille des Vingt Six. Ou plutôt, la Famille des Vingt Cinq à présent. Rayne semblait croire que Dreikor avait survécu, mais Reikus l’avait vu mourir sous ses yeux, démon ou non, Dreikor était mort. À moins qu’il ait usé d’une puissante magie que l’Inquisiteur ne connaissait pas, à bien y repenser, c’était étrangement probable. Si Dreikor revenait des enfers d’ici bientôt, Reikus se ferait un réel plaisir de lui y renvoyer, mais pour l’instant, selon l’Inquisiteur, le démon était mort.

-   Je te félicite. Pour un humain, tu es puissant. J’ignore ce qui te donne cette force, mais ton pouvoir est grand.

-   Merci, parfois moi aussi je me demande ce qui me pousse à continuer. Est-ce Ius, ou simplement ma haine envers les forces du mal? Aujourd’hui, je crois avoir trouvé ma réponse.   

Reikus fit une pause, il regarda les gens ramasser les débris. Bien qu’il n’y avait pas vraiment de grands nobles, la petite bourgeoisie se mêlait à la plèbe pour nettoyer les dégâts du combat de la veille. D’une certaine façon, c’était beau de voir les gens s’entraider. Dans quelque jours, tout redeviendrait normal, les gens continueront à s’engueuler, à se voler et à s’haïr, mais pas pour l’instant. En les voyants, comme ça, dans la misère, Reikus avait trouvé une partie de la réponse à la question qu’il se posait depuis des années : Pourquoi se battait-il?

-   C’est pour eux que je me bats, c’est pour les gens, paysans comme nobles. Il y a beaucoup de gens décents à travers ces terres, si je sue sang et eau, c’est pour qu’ils n’aient pas à connaitre les horreurs que j’ai connues, tu sais de quoi je parle, tu n’as pas eue la vie facile toi non plus.  Peu importe les dieux qui me guideront, peut importe la haine qui m’habite, rien ne pourras changer ça.

Reikus regarda Rayne en souriant avant de reprendre

-   Mais toi aussi tu es spéciale, et pas à cause de ton héritage à la fois humain et vampirique.  Tu es forte, bien plus que tu ne le crois. Tu aurais pu facilement tout abandonner quand tu à commencée à te douter que l’Antéchrist n’était pas directement relié à ton père. Tu es partie, mais pourtant tu es revenue, c’est ce qui fait de toi quelqu’un de bien. Les gens de ta stature se font rares de nos jours, et il suffit que je croise quelqu’un comme toi pour que je regagne tout le peu de foi qui me restait en l’humanité.  

Reikus se releva et marcha jusqu’à Rayne


-   Tu sais qu’il est peu probable que les humains t’acceptent comme tu es, mais quand ils ont eu besoin de toi, tu as été là pour les défendre, je suis très heureux que le destin nous ait amené à nous rencontrer.

Reikus se tut, il contempla  pendant un moment en silence la ville. Un jeune garçon qui transportait des débris attira l’attention de Reikus. C’était triste qu’à son âge, il ait eu à faire face à une telle tragédie. Le Dernier Inquisiteur en était maintenant persuadé, c’était pour eux qu’il se battait. Après tout ce qui venait de se passer, Reikus ne savait pas trop quoi faire, il venait de se battre contre deux puissants démons, où devait-il aller maintenant? Le destin allait probablement le mener vers d’autres aventures comme celle-ci, c’était toujours comme ça pour le Dernier Inquisiteur. Il se tourna vers Rayne,

-   Toi, que comptes-tu faire maintenant?  

                 
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le dimanche 17 juin 2012, 16:16:38
Ce fut au tour de Reikus de parler, de se confier. Et ce fut au tour de Rayne d’écouter. Silencieusement, elle l’écouta s’expliquer. L’homme lui expliqua qu’il se battait pour protéger les gens. Dit comme ça, c’était très antithétique. Reikus agissait a posteriori, ce qui amenait Rayne à se demander si ce combat pour la justice était le plus censé. Les gènes... On se plaisait à donner au crime des raisons sociales, à le justifier par des circonstances économiques, par une éducation, mais Rayne avait des doutes. Le crime était pour elle quelque chose d’inné. C’était dans la nature de l’homme. L’homme pouvait aimer. Partant de là, il pouvait aussi haïr. Et, partant de là, la société aurait toujours besoin de gens comme Rayne, ou comme Reikus. Des gens dont le mode de vie marginal impliquaient forcément qu’ils seraient mis au ban de la société, voire même haïs par ces derniers. Des héros, au sens hégélien du terme, des individus qui luttaient contre leurs proches, parce qu’ils savaient que les proches en question n’étaient pas acceptables, parce qu’ils avaient en eux cette ligne fine, étroite, et délicate qu’on appelait « conscience ».

*Un héros, ce n’est pas quelqu’un qu’on admire, c’est quelqu’un qu’on déteste, mais qu’on ne peut s’empêcher d’appeler à l’aide quand les choses déconnent...*

Rayne doutait toutefois d’avoir vraiment agi par âme charitable. Reikus semblait le penser, car elle avait rebroussé chemin... Mais elle-même avait du mal à comprendre ses propres raisons. Elle n’était ne rien redevable aux gens de ce village, et ne les aimait pas. Rayne n’aimait pas grand-monde. Voire même personne. Sans doute parce qu’elle était incapable de réussir à s’aimer elle-même, mais c’était là une autre question. Toujours est-il qu’elle était revenue sur ses pas.

*Ce n’était pas uniquement à cause de Kagan. L’Antéchrist ne valait pas mieux que lui. Peuh... Serais-je plus sensible que ce que je croyais, finalement ?*

Cette perspective semblait amuser Rayne. Connais toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les dieux. La célèbre maxime grecque s’appliquait parfaitement à cette situation. La Dhampir soupira lentement.

« Tu sais qu’il est peu probable que les humains t’acceptent comme tu es, mais quand ils ont eu besoin de toi, tu as été là pour les défendre, je suis très heureux que le destin nous ait amené à nous rencontrer. »

Peu probable... Non, c’était tout simplement impossible. Rayne ne se berçait pas d’illusions. Le seul groupe à l’avoir un jour accepté avait été la Brimstone, mais cette dernière avait considéré Rayne comme adversaire quand elle avait échoué à empêcher Kagan de déclencher le Linceul. Kagan avait ravagé toute une ville avant que les effets du Linceul ne se dissipent, et ne mettent fin à son éphémère règne. Depuis lors, la Brimstone avait décidé de renforcer sa position à l’égard des vampires et autres rejetons infernaux. Bien sûr, la Brimstone ne poursuivait pas Rayne, eu égard aux services rendus, mais elle était désormais, avec Severin, persona non grata. Les humains ne pourraient jamais l’accepter, et Rayne s’était faite à cette idée depuis de nombreuses années.

« Toi, que comptes-tu faire maintenant ? »

Suite à cette question, la Dhampir tourna la tête vers lui, et se releva lentement.

« Dans l’immédiat ? Récupérer de nouvelles armes. »

Elle allait pour cela devoir retourner à Tekhos, retrouver Severin, et utiliser ses lames de réserve. Le voyage serait assez long, mais elle n’était pas pressée. Elle haussa les épaules.

« Ensuite... Je continuerai à faire ce qui doit être fait. Cette vampire qui se faisait appeler Suzy est toujours en vie, je le sais. Je vais explorer toutes les pistes me permettent de retrouver mon père, ou ses rejetons. Reprendre la route, en somme. Chasser les fantômes du passé. »

Sa traque ne s’arrêtait pas au Château-Lerouge, loin de là. Elle se tourna vers Reikus, et sourit légèrement :

« J’imagine qu’il en sera de même pour toi. »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 21 juin 2012, 19:32:16
Reikus n’en revenait pas, c’était terminé. Cela faisait déjà un bon moment, mais il trouvait encore ça étrange. Tout c’était déroulé si rapidement, mais en même temps, on dirait que cela faisait une éternité qu’il pourchassait l’Antéchrist avec Rayne. Il y a à peine quelques jours il protégeait une petite famille dans une caravane contre une attaque de brigands, hier encore il faisait face aux épreuves de l’ordalie. Maintenant, il était là, face à une ville en ruine, sans lui et Rayne cette ville aurait été détruite, l’Inquisiteur commençait à en prendre conscience, et il se sentait un peu étrange. Comme il s’y attendait un peu, Rayne lui dit qu’elle allait reprendre la route.

-   J’imagine qu’il en sera de même pour toi.

Reikus allait devoir se rééquiper, il avait perdu tout son équipement. De toute façon, il commençait à être un peu vieux, il pourrait facilement trouver une armure plus résistante et plus légère,  des armes plus malléables et plus dangereuses. L’Inquisiteur avait bien aimé se battre à la hache, peut-être qu’il s’en trouverait une, une fois arrivé à la ville. Reikus ne faisait pas confiance à n’importe qui pour fabriquer ses armes, il ne prenait que ce qu’il y avait de mieux.  Les armes qu’il emmenait au combat faisaient généralement envier même les nobles.

-   Oui, reprendre la route. Moi aussi il me faudra un nouvel équipement, c’est sans doute ce que je ferais en premier. Et puis après…

Où allait-il aller? Reikus n’en avait aucune idée, mais ce n’était pas un problème. Il n’avait que très rarement une destination précise en tête. Reikus sourit à Rayne avant de continuer,

-   Et bien, j’irais là où Ius me guideras

Reikus sourit à nouveau et laissa échapper quelques rires. Il savait pertinemment que ça sonnait ridicule, mais pourtant, il avait foi, foi en lui et foi en Ius.

-   Non Reikus, tu iras où ton médecin te le dicteras, en l’occurrence, il s’agit de moi, et je ne veux pas te voir courir après un autre baron du crime d’ici bientôt. Mais ne t’inquiète pas,  je ne te garderais pas trop longtemps.  

C’était Murdock, il venait de sortir de l’église pour prendre l’air, il avait passé de longues heures à tenter de sauver les blessés, et jusqu’à date, il s’en sortait remarquablement bien. Il méritait bien une petite pause.

-   Je crois devoir retarder mon départ de quelques jours, effectivement…

-   Quelques jours? La date de ton départ ce compte plus en semaines qu’en jours Reikus.  

L’Inquisiteur ne voulait pas rester cloué au même endroit trop longtemps, chaque instant qu’il passait ici à attendre, c’était des instants où les criminels gagnaient en force et en nombres. Quelque chose dérangeait le Dernier Inquisiteur, il voulait partir, retourner à ses activités de vengeur divin, mais il ne le pouvait pas. Il pouvait à peine marcher quelques mètres sans être à bout de souffle. Du temps et du repos, c’est tout ce dont Reikus avait besoin.  Le jour ou l’Inquisiteur serait de nouveau sur pieds était plutôt près, mais pour Reikus, il paraissait si loin.

Donc il allait devoir se séparer de Rayne,  Reikus avait grandement apprécié sa compagnie mais il savait pertinemment depuis le début qu’ils allaient devoir se séparer à un moment où à un autre. Sans elle, Reikus n’aurait pas pu faire face à toutes ces épreuves, et pour ça, il lui était reconnaissant. Reikus avait pu tirer d’importantes leçons en se promenant avec Rayne, et il était convaincu qu’elle aussi avait appris pendant son séjour à Château-Lerouge, cette association avait été bénéfique pour les deux il semble. Sous peu, elle allait devoir partir, et Reikus partirait de son côté, pourtant, Reikus avait le sentiment que ce n’était pas la dernière fois qu’il entendrait parler d’elle, il sentait leurs routes allaient se recroiser.

-   Si la demoiselle ici présente désire partir, je n’ai rien à redire. Vous avez récupérée remarquablement rapidement, même en considérant votre héritage, disons le, plutôt spécial.  C’est un vrai don que vous avez.  

Tout un don effectivement…
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le vendredi 22 juin 2012, 12:58:51
« Et bien, j’irais là où Ius me guideras »

Là où Ius le guidera... Voilà qui avait le mérite d’être particulièrement sibyllin. Rayne ne fit aucun commentaire. Reikus avait l’air aussi perdu qu’elle. Un guerrier sans foyer, qui se contentait d’errer dans les villes et les campagnes pour y affronter la criminalité. Une espèce de sorceleur ne se limitant pas qu’à affronter les monstres.

*Un jour, il entrera peut-être dans l’un de ces ordres religieux qui soutiennent l’ordre et l’autorité dans la ville... L’Ordre de la Rose-Ardente, la Compagnie du Bouclier Doré... Des nomades mais qui deviennent de plus en plus extrémistes.*

Par son côté extrémiste, elle ne pouvait s’empêcher de se poser des questions. Qu’adviendrait-il, si jamais il se retrouvait dans ces situations complexes où l’Antéchrist n’existait pas, mais où deux communautés se détestaient entre elles ? Comment servir la justice, quand on affrontait deux clans qui étaient tous néfastes ? Rayne n’était pas une créature du Bien, après tout. Elle était une Dhampir, et elle avait tué bien des gens qui ne méritaient sans doute pas la mort.

*De deux maux, il faut savoir choisir le moindre...*

Ce fut à cet instant que Murdock arriva. Le guérisseur expliqua à Reikus qu’il allait rester au moins une bonne semaine, le temps de cicatriser. Rester dans ce village en ruines... Le château-fort était pulvérisé, la garde massacrée, et la Dhampir poussa un léger soupir. Elle n’avait effectivement plus rien à faire en restant ici. Son corps était cicatrisé, mais elle ignorait si ce qu’elle avait pouvait être qualifié de « don ». Les vampires étaient généralement rejetés, seuls... Mais, inversement, la Dhampir avait une constitution physique exemplaire, une résistance et une récupération exceptionnelles, et bien d’autres qualités.

« Je ne vais pas m’attarder, en effet, répliqua-t-elle légèrement. J’étais venue ici pour venir à bout de l’Antéchrist, et c’est fait.
 -  Hum... Si vous me permettez... »

Tournant la tête, Rayne aperçut un homme qui s’avançait vers eux, sortant de l’église. Il avait un bandeau autour de la tête, et se racla la gorge.

« Je suis Alexis de Loburier, se présenta-t-il. L’un des rares survivants du Conseil municipal. Je suis avocat de mon état, et nous ne pourrons jamais assez vous remercier pour ce que vous avez fait ici. »

Rayne ne dit rien. Alexis de Loburier avait été retrouvé dans sa maison en ruines, saignant abondamment de la tête. Il avait par miracle survécu, sans aucun os brisé, mais s’était reçu un coup sur la tête. Son cuir chevelu s’était fendu, et avait beaucoup saigné. De Loburier sourit légèrement, et se rapprocha.

« Vous avez perdu vos lames, et le dernier convoi est parti ce matin vers Nexus. Vous pouvez emprunter la route, mais, avec ce temps, il y a de nombreux brigands, et des meutes d’animaux sauvages. Des loups, des arachas, des kikimorrhes, des gobelins... Sans vos lames, un tel voyage est risqué.
 -  Où voulez-vous en venir ? lâcha Rayne, fatiguée.
 -  Nous avons perdu la majeure partie de nos soldats, et ceux qui restent sont partis à Fort-Lancaster, afin d’alerter les autorités, et procéder à la succession. Cependant, nous avons toujours de nombreux monstres qui rôdent dans les campagnes, et dans les profondeurs du château.
 -  Ah...
 -  Il nous reste encore des épées, des haches, des boucliers... Rien qui n’approche vos particulières lames, mais ce sera sans doute mieux que rien. Nous... Je... Je suis prêt à vous fournir de l’or, et un cheval, ainsi que notre équipement, si vous nous aidez. »

Rayne persifla, sifflant entre ses lèvres.

« J’admire l’étendue de votre reconnaissance, ironisa-t-elle. Vos gens ont tenté de me brûler, et, maintenant, vous implorez mon aide ?
 -  Ce n’était pas le fait du pouvoir séculier. Les gens... Ils avaient peur, tout simplement. Ils ont fait confiance au Cardinal pour essayer de passer cette heure sombre, mais... Peu importe... Je ne veux pas vous forcer. Vous en avez déjà fait assez pour nous. »

Baissant la tête, De Loburier l’inclina poliment, et s’éloigna rapidement. Rayne le regarda silencieusement descendre le chemin menant vers le village, et grommela :

« Vous avez intérêt de me préparer la plus tranchante de vos putains de lames. »
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Reikus Mordo le jeudi 12 juillet 2012, 19:36:24
-   Vous avez intérêt de me préparer la plus tranchante de vos putains de lames.

Reikus sourit à ce commentaire, il avait envi d’aider Rayne, de partir en campagne et de terrasser les monstres et les bandits qui y rôdaient. Il ne voulait pas retourner dans les profondeurs du donjon par contre,  il en avait assez de ces lieux humides et puants pour l’instant. De plus, Reikus était un peu claustrophobe,  il aimait se battre au grand air, là où un homme de sa stature ne se sentirait pas coincé par les corridors étroits et les plafonds trop bas. De l’air frais, voilà ce dont Reikus avait envi. Combattre des bandits au grand air, peu importe ce que Murdock lui disait, Reikus était convaincu que c’était le meilleur remède pour lui. 

Il ne désobéirait pas aux conseilles de son médecin, mais c’était tentant, très tentant. Sa main droite le démangeait, Reikus éprouvait le besoin de tenir une arme. Il savait que c’était impossible puisque pour le moment il éprouvait toutes les difficultés du monde à simplement tenir debout. Mais bientôt, bientôt il pourrait reprendre les armes. Les criminels de ce monde connaitront à nouveau le courroux du Dernier Inquisiteur. Cette pensée fit du bien à Reikus, il allait devoir se raccrocher à cette pensée car la semaine qui suivait s’annonçait longue. Peut-être qu’après il se chargerait lui aussi d’aider la ville à exterminer la vermine qui rôdait dans les alentours.

En tant que vagabond tueur de criminels, le Dernier Inquisiteur n’a jamais eu de salaire stable. Pour parvenir à manger et à acheter l’équipement nécessaire pour sa profession, il avait souvent travaillé avec les villes et les villages. Un peu comme Rayne, il exterminait les monstres et les brigands dans la région. C’était à ces débuts bien entendu, à présent, ce n’était plus nécessaire. Reikus s’était attaqué à des cibles puissantes et très riches, il essayait autant que possible de rendre l’or qu’ils avaient mal acquis à la société mais les choses étaient rarement aussi simples. Il le gardait donc pour lui, avec le temps, il avait réussi à amasser une petite fortune. Plus qu’assez pour le financer un bon bout de temps.

-   Reikus, je sais à quoi tu penses. La réponse est non, je ne te laisserais pas partir pour combattre les monstres, les brigands ou je ne sais quoi.  

-   Je comprends, je resterais… pour une semaine.

-   Une semaine, c’est tout ce que je te demande. En plus, mon fils veut te rencontrer, je lui aie parlé de toi. Je n’aurais peut-être pas dû, depuis, il veut partir à l’aventure, comme toi.

-   Je ne lui souhaite pas une vie comme la mienne. J’espère sincèrement qu’il deviendra un aussi bon médecin que son père.  

-   Me flatter ne changeras rien Reikus, une semaine…

Reikus gloussa  il reporta à nouveau son attention sur Rayne.

-   Tu as du pain sur la planche mais je t’envi. Sans aucun doute tous les groupes de bandits de la région se dirigent vers Château-LeRouge  en ce moment,  ces charognards profitent du chaos pour s’en prendre aux plus faibles. J’aimerais pouvoir me battre à tes côtés mais comme tu le vois c’est impossible.  

Après sa ``convalescence``  Reikus irait sans doute aider ce monsieur De Loburier, histoire de se remettre en forme. Même si ce qu’avait dit Reikus était vrai, Rayne ne trouverait probablement pas d’adversaires à sa taille. Les bandits allaient devoir miser sur le poids du nombre pour avoir au moins une petite chance de s’en sortir vivants. Les brigands n’étaient généralement pas de bons stratèges et ils avaient rarement un entrainement martial avancé, Rayne allait passer de longs moments à exterminer ces ordures mais ne rencontrerait pas de réel opposition, du moins, c’étaient les prédictions de Reikus. 

Il se pouvait très bien qu’un puissant clan de bandits se déplace ou qu’un groupe particulièrement entrainé décide de venir faire son tour mais c’était peu probable, quoique pas tout à fait impossible. Une autre possibilité était que Black envoi des hommes pour essayer de reprendre tout ce qu’ils pouvaient de leur opération à Château-LeRouge, Dans ce cas, il y aurait du grabuge c’était certain. Beaucoup de soldats étaient morts la nuit dernière, la ville allait avoir besoin de toute l’aide qu’elle pourrait avoir. Les forces de l’ordre étaient trop éparpillées, les paysans allaient devoir reformer une milice rapidement.

Reikus analysait la situation et il imaginait tout ce qui pouvait aller mal, il essayait de trouver des solutions ou d’autres possibilités, c’était devenu une seconde nature chez le Dernier Inquisiteur. Il n’y pouvait rien, parfois cette paranoïa le dérangeait mais le plus souvent elle le rassurait. Au fond de lui, il savait que cette petite paranoïa finirait par le sauver d’une façon ou d’une autre.

-  Pour ce que ça vaut, je souhaite bonne chance Rayne.
Titre: Re : Foi et malédiction [Reikus Mordo]
Posté par: Rayne le samedi 14 juillet 2012, 21:16:04
Reikus et le guérisseur semblaient à nouveau se disputer. Rayne les observait silencieusement. Le second essayait de convaincre le premier de rester allongé, et de reprendre des forces, tandis que le premier semblait assez frustré, et impatient de retourner en découvre. Il n’y aurait pourtant pas grand-chose à se mettre sous la dent. Des charognards allaient sûrement venir, mais il faudrait uniquement compter sur des pillards désorganisés. Dès que Rayne en aurait tué quelques-uns, les autres s’empresseront de rejoindre le Château. Beaucoup de villageois avaient été tués, et la plupart des bandits étaient des villageois affamés. Ils n’hésiteront pas beaucoup à troquer leurs grottes et leurs arbres contre des repas chauds et des maisons à reconstruire. Le problème viendrait probablement des monstres qui erraient dans les ruines du vieux donjon, et qui viendraient sûrement la nuit. Il faudrait rapidement, dans la journée, regrouper les cadavres, et les brûler dans un immense charnier, de manière à être tranquille. Sans les cadavres, les goules seraient bien moins agressives, mais elles viendraient quand même. Et il fallait également compter sur les meutes de loups dans la forêt, d’éventuels gobelins, et d’autres créatures... Rien de bien dangereux, mais trop pour que Rayne parvienne, toute seule, à les affronter.

*Il me faudra regrouper une milice, et rapidement les former. Espérons qu’il y aura assez d’armes...*

Les charognards viendraient pour essayer de se nourrir sur les restes de la carcasse du Château-Lerouge. Il suffirait de leur montrer que le lion pouvait encore mordre, et les bestioles s’enfuiraient rapidement. Reikus en était arrivé à la même conclusion, comme il le lui fit comprendre. La Dhampir haussa simplement les épaules. Elle resterait ici un certain temps, jusqu’à pouvoir partir, mais, pour elle, l’aventure du Château-Lerouge était terminée. Sa reconstruction ne l’intéressait nullement. Elle regarda encore une fois la ville, et Reikus lâcha :

« Pour ce que ça vaut, je souhaite bonne chance Rayne. »

Un léger sourire éclaira les lèvres de Rayne, qui tourna sa tête vers lui.

« De même. »

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CONCLUSION

Les évènements du Château-Lerouge durent marquer pendant de longs mois les discussions de Nexus. Il ne fallut que deux jours à un messager pour rallier la cité royale, et trois pour réussir à atteindre le Conseil, et à s’entretenir directement avec la Reine Ivory... Accompagnée de ses conseillers, naturellement. La mutinerie qui avait détruit le Château, et provoqué la mort d’un Cardinal, donna lieux à deux enquêtes parallèles. L’une d’elle fut lancée par le pouvoir séculier, et l’autre par l’Ordre. L’Inquisition partit ainsi dans les méandres du Château.

On attribua cette révolte à la mauvaise gestion du duc Beauregard, ainsi qu’à la superstition villageoise, notamment autour d’un soi-disant tueur d’enfants, l’Antéchrist. On attribua les massacres et la mort du Chancelier à la félonie du duc, en considérant que ce dernier avait volontairement ouvert les portes permettant aux monstres se terrant dans l’ancien donjon de se rendre dans la ville. Un décret d’amnistie fut ordonné, et il n’y eut que quelques exécutions pour la forme. On ne pouvait tout de même pas tolérer qu’une révolte populaire reste impunie.

Une expédition militaire fut organisée dans les profondeurs du vieux donjon. L’Ordre y participa, et transmit un rapport aux autorités supérieures religieuses. Sur la base de ces éléments, les cardinaux affirmèrent solennellement que la malédiction du Château-Lerouge était levée. L’Ordre affirma que le duc de Beauregard était un traître, un renégat, et un hérétique. On en eut pour preuve les témoignages affirmant que des bûchers avaient eu lieu pour condamner les sorcières et mettre fin à la luxure et à al débauche ambiante qui rongeait le Château-Lerouge. On rejeta ainsi toutes les élucubrations faisant part d’une femme et d’un homme qui auraient survécu à l’ordalie, les attribuant à l’imagerie populaire. De même, on rejeta l’idée de flammes violettes ayant brûlé la nuit, et qui auraient provoqué la destruction du donjon. Ceci était jugé particulièrement grotesque. L’imagination des paysans illettrés les amenait à déformer ce qu’ils avaient vu.

La Cour royale se réunit en session extraordinaire pour décider de l’attribution de la régence du Château-Lerouge. Devant l’état de délabrement avancé du Château, Nexus était prête à verser quelques financements, et un nouveau seigneur fut nommé. En attendant, le village était dirigé par un conseil restreint comprenant les derniers notables de la ville, qui formèrent une milice pour repousser les bandits et les monstres.

On ne retrouva nulle trace de cadavres dans le vieux donjon.