Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Miya Diablo le samedi 17 décembre 2011, 21:38:43
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Une robe très longue, noire, fendue sur le coté. Quelques strass la parsemaient, et au moindre mouvement de la personne qui la portait, la robe suivait, brillait, renvoyait un éclat que la belle brune ne dégageait plus par elle même.
Miya finissait de se maquiller, très légèrement, histoire de cacher un peu ses joues creusées, ses cernes à peine visible. Ses lèvres entrouvertes laissaient déjà échapper quelques vocalises, parfois à peine murmurées. Le brouhaha du bar lui parvenait, dans cette chambre située à l'étage, côté rue qui plus est. Mais Miya se plaisait à cet endroit. Bien que c'était la première fois qu'elle y venait. Car la demi déesse avait enfin réussi à changer de lieu de vie, et de travail. Elle faisait la même chose, vendait sa voix, offrait du rêve, le temps de quelques longues minutes. Et durant ce laps de temps, tout le monde l'admirait. Elle leur coupait le souffle, à tous, et elle était le centre de leur attention. Dans leur regard brillant, Miya voyait tout ce qu'ils désiraient, tous. Et avec arrogance, elle le leur refusait.
Ce soir, elle travaillait pour un bar qu'elle n'avait jamais vu, depuis le temps qu'elle trainait dans le quartier. Le genre d'endroit plutôt grand, qui offre avant tout à sa clientèle un karaoké disponible et de qualité, avec des chansons variées. Certains soirs, ils arrivaient à se dégotter une étoile. Et Miya se persuadait qu'elle était la plus brillante de toutes. Et elle savait qu'elle serait la meilleure. On frappa à la porte de la chambre où elle s'était changée, et elle descendit. Sa robe froufrouta légèrement, brillait même dans l'obscurité. Dans la salle, les lumières baissèrent, et la demi déesse entra en scène. Quelques notes, et voilà que sa voix s'y mêle...
Stars shining bright above you
Night breezes seem to whisper "I love you"
Birds singing in the sycamore trees
Dream a little dream of me...
Ses mains entourent le micro, son corps ondule à peine. Elle n'est là que pour le chant, elle ne vit plus que pour cela. Sa propre chanson, et le son de sa propre voix, la transportaient ailleurs, loin de tous les soucis si humains qu'elle s'infligeait souvent seule... Dans la salle, le silence était presque total. Les clients étaient, se plaisait-elle à penser, subjugués et hypnotisés par son talent, c'était évident... Il se passa pourtant quelque chose de totalement inédit, ce soir là...
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Quetz, émeraude d'un joyau perdu, avait bien avancé depuis sa rencontre avec plusieurs divinités, en particulier depuis qu'elle avait rencontré Vlad. C'était un tout jeune dieu, et pourtant déjà si ambitieux, utopique également. Utopie que partageait l'ancienne déesse aztèque, idéaliste d'un monde ralliant tout le monde, immortels et mortels travaillant ensemble. Et c'était dans un bar, un peu comme celui-ci, que le statut divin de la rouquine avait été repéré si facilement...Qu'elle s'était mise à nue devant Vlad. Cette rencontre avait sonné la renaissance du Serpent à Plumes, sans savoir la réelle ampleur que cela prendrait.
Ce soir, elle s'était habillée le plus simplement du monde. Une robe ou une jupe aurait ameuté les hommes et elle ne le souhaitait guère. C'est pourquoi elle s'était vêtue d'un jean pattes d'éléphant et d'un top prune légèrement décolleté. elle portait des petites ballerines aux pieds, car mettre des talons aurait attiré l'attention sur elle avec sa grande taille. Quetzalcoatl, sous sa forme de rouquine bien sûr, s'était installée au comptoir d'un bar, aux allures plutôt sympathiques. Assise sur un haut tabouret, elle interpella le barman pour avoir quelque chose à boire.
- Garçon, une té...
Elle s'arrêta net. Déesse déprimée auparavant, son quotidien se résumait à se saouler à l'alcool fort, et notamment avec de la téquila. Elle ne se laissait pas " pompette " comme disent les jeunes. Non, à l'époque, cela ne lui suffisait pas. Pour oublier, tout oublier, elle buvait toujours comme un trou et finissait cette déchéance dans une chambre d'un bar-auberge, à décuver. Tout comme ce soir en fait. Attention ! Je ne parle là que de la location de la chambre bien évidemment. L'alcool et les gueules de bois, c'est fini tout ça ! Elle avait fait une promesse au dieu des jeux vidéos : ne plus toucher une goutte d'alcool, jamais. Même s'il faut avouer, c'était assez dur au départ de résister à la tentation, elle tenait. Et ce n'est pas ce soir qu'elle flancherait...
- Un cocktail sans alcool, s'il-vous-plait.
- Tout de suite, Mademoiselle...
Légèrement accoudée sur le comptoir en attendant sa commande, elle se retourna en entendant quelques applaudissements. Il y avait dans ce bar une petite scène. Une magnifique jeune femme, habillée d'une longue robe noire classique mais foutrement sexy, s'était installée devant le micro. La musique se lança et la demoiselle se mit à chanter. Un somptueux timbre de voix embauma tout le bâtiment. Elle avait une voix suave et Quetz' la regarda quelques secondes avant de se retourner vers le comptoir. Le barman lui apporta gentiment son verre, joliment coloré et décoré. La rouquine le remercia, un léger sourire aux lèvres et un billet pour le verre et le pourboire.
Attrapant son verre, elle en trempa ses lèvres délicatement. Elle commença à remuer du pied au rythme doux de la musique. Le Serpent à Plumes se mit également à chanter, mais doucement, dans son coin. Elle connaissait parfaitement cette chanson. Sa voix aussi se fit douce, mais restait tout de même faible. Tout en " caressant " le pied de son verre, son visage s'illuminait. Ce que Quetz' ne voyait pas (ou plutôt ne faisait pas attention), c'est que les rares personnes au comptoir du bar ne regardaient plus vers la vraie chanteuse mais admiraient la rouquine, devenue petit pinson...
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Il se passa donc quelque chose de totalement inédit pour Miya. Ce soir, elle reçut un écho à sa chanson. Fronçant les sourcils, elle chercha la fautive du regard, en essayant de ne pas paraître trop féroce. Qui donc osait, hein ? Qui pensait pouvoir lui faire de l'ombre, la supplanter ? Peu à peu, sa voix s'éteint, et on n'entend plus que cette inconnue rousse, que Miya foudroie du regard.
Déjà, ça part mal entre elles. Miya la déteste. Qu'est-ce que ça donnera quand elle saura qu'elle a à faire à une divinité ! En attendant, le pauvre musicien hésite un peu sur ses notes, cafouille. Puis s'arrête. Miya ne cesse de fixer vers cette satané rouquine qui lui vole la vedette. La plupart des spectateurs fait la même chose, d'ailleurs, et Miya lance, agressive :
- Vous voulez peut-être faire mon boulot et prendre le micro ?
Depuis la scène, elle semble le lui tendre, d'ailleurs. Cela ne lui ressemble pas de se montrer si froide, pas devant un si grand publique en tout cas. Sauf que là, la demi déesse est un poil énervée. La chanson, c'est son seul plaisir, le dernier, qui la maintiendrait presque en vie - ironique comme expression, surtout dans le cas d'une immortelle. Miya attend, que l'inconnue de fasse quelque chose. Qu'elle lui prenne ce micro (et qu'elle se mange une baffe monumentale) ou qu'elle s'en aille (sous le regard et le sourire triomphants de Miya). D'ailleurs, la demi déesse lève un sourcil, impatiente.
- Alors ? Je peux continuer où vous me remplacez ?
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Une superbe chanson accompagnée d’une sublime voix avait littéralement absorbé les personnes dans le bar vers cette sexy cantatrice. Quetz ne pensait qu’à la musique, qu’au son que produisaient cette voix et ce rythme. Et elle se mit à chantonner également, doucement…Mais apparemment assez fort pour que la chanteuse du bar s’en rende compte. Celle-ci s’arrêta de chanter mais le Serpent à Plumes n’était pas de ce monde. Elle rêvassait déjà. Par contre, la brunette sexy avait l’air de s’énerver sur scène.
- Vous voulez peut-être faire mon boulot et prendre mon micro ?
La rouquine n’avait rien entendu, vraiment. Elle était partie seule dans sa chanson, dans ses paroles qui flottaient entre ses lèvres. Mais quelqu’un vint l’interrompre, la rendant muette. Un voisin de comptoir lui tapotait l’épaule, assez pour qu’elle retombe de son petit nuage. Elle secoua la tête comme pour revenir à elle, et cet homme lui pointa quelque chose en direction de la scène. Il lui indiqua la chanteuse, tendant le micro vers la rouquine. Ouuuh…Le visage de la brunette était vraiment tiré de traits sévères, presque inquisiteurs envers la rouquine. Enfin, c’était bien Quetz que la demoiselle regardait ? À voir toutes les autres personnes autour de la scène et dans le bar, oui, c’était à elle que la jeune femme s’adressait. La chanteuse aurait eu des fusils au bout de ses yeux, le Serpent à Plumes serait déjà mort…Le visage de l’émeraude divine se fit surpris, les yeux ronds et la bouche quelque peu ouverte. Elle se pointait le doigt vers elle-même, le visage interrogateur, pour s’assurer que c’était bien elle qui était visée par les dires de la vraie chanteuse.
- Alors ? Je peux continuer ou vous me remplacez ?
Bon, là, y’avait pas à dire, Quetz avait vexé et énervé la demoiselle. Parce qu’elle aussi chantait ?
- Oh…Je suis désolée. Je pensais ne pas être entendue. Pardonnez-moi. Reprenez, je vous prie. Vous avez une voix sublime, alors continuez à en faire profiter tout le monde. Je me tais désormais…
Trop dit ou pas assez pour que la chanteuse reprenne réellement ? C’était sincère en tout cas. En aucun cas, elle ne voulait prendre la place de la cantatrice. Elle n’aimait pas attirer l’attention sur elle, mais pour le coup, c’était raté ! Elle se retourna de nouveau, dos à la chanteuse, face au comptoir, finissant de siroter son cocktail sans alcool, sans toutefois, faire trop de bruit avec sa paille. Oui, elle ne voulait pas avoir une nouvelle fois à faire au regard de tueuse de la jeune demoiselle sur scène. Il s’adressa tout bas au barman, presque mal à l’aise.
- Je crois que je vous l’ai énervée…Et pas qu’un peu…
Le barman se mit à sourire doucement, mal à l’aise également pour la jeune femme à la crinière de feu. Apparemment, la chanteuse n’était pas à prendre avec des pincettes ce soir…Flûte…
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Elle ne pensait pas être entendue... Miya serra les dents pour ne pas lui envoyer une remarque acerbe dans la figure. Pour la demi déesse, sa soirée était gâchée, et ça n'aurait tenu qu'à elle, la diva aurait fait un caprice et serait partie en grandes pompes. Au lieu de ça, le pianiste lança timidement quelques notes. Cela fut le signe pour que Miya cesse de fusiller la rouquine. D'un gracieux demi tour sur elle même, la demi déesse mit fin à l'affrontement silencieux - qu'elle était la seule à voir ainsi, au passage. Le micro se rapprocha à nouveau de ses lèvres, et sa voix, teintée de colère, vibra le temps de trois nouvelles chansons.
Le pire, c'est que la rouquine était encore là, quand Miya eut terminé son tour de chant. Se moquait-elle ouvertement de la demi déesse ? Le barman sentit le drame poindre quand sa chanteuse du soir se dirigea d'un pas calme vers le comptoir. Ses yeux lançaient des éclairs à la pauvre Quetzalcóatl, mais elle ne l'attaqua pas. Pas encore. Elle se contenta de s'asseoir à côté d'elle, et d'incliner la tête vers le barman qui lui servit aussitôt quelque chose à boire. Droite sur son tabouret de comptoir, la chanteuse regardait droit devant elle, snobant superbement la belle rousse. Maintenant qu'elle était proche d'elle, physiquement, Miya sentit que quelque chose était inhabituel chez cette fille. Ses yeux se plissèrent, alors qu'elle cherchait quoi... Mais elle ne chercha guère longtemps. Miya la détestait, tout simplement. Pourquoi chercher plus loin ?
Elle ignorait juste encore, pour le moment, combien elle la détestait. Ce simple coup de colère envers celle qui avait voulu lui voler la vedette était encore anodin. Le verre gagna les lèvres de Miya, et enfin à ce moment là, elle prit la parole.
- Vous êtes encore là ?
Ouverture des hostilités. La jeune femme but une gorgée de son verre, et tourna son regard bleu azur vers la déesse - dont elle ignorait encore le statut. Heureusement pour Quetzalcóatl, d'ailleurs. Miya l'aurait haïe davantage et se serait montrée moins... "Patiente" envers elle. Mais si, là, elle l'était. Le barman sauva pourtant la belle rousse - temporairement - alors qu'il tendait à Miya l'enveloppe cachetée qui contenait son salaire pour la soirée. Avec le sourire qui disait bien qu'elle pourrait revenir n'importe quand.
Il pouvait toujours rêver. Mais avec un sourire, Miya rangea en silence son cachet, et reporta - hélas ! - son attention sur sa voisine.
- Alors, à part pousser la chansonnette pour ne pas être entendue et tenter de piquer le boulot des autres, vous faites quoi ? Et vous êtes qui ou quoi ?
La demi déesse était en colère... Et elle devait se passer les nerfs sur quelqu'un...
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Malgré qu’elle était dos tourné à la scène, sirotant doucement son cocktail, le Serpent à Plumes pouvait sentir toute la tension et cette colère derrière elle. D’où ça pouvait provenir ? Mmh, il ne fallait pas chercher longtemps pour savoir que c’était encore la chanteuse qui avait son regard haineux posé sur la rouquine. Oh, et puis cela s’entendait aussi lors des chansons. Ca risque de chauffer pour la suite. Quetz risque d’en prendre pour son grade…
La demoiselle avait terminé de chanter et s’était installée au comptoir du bar. Juste à côté de l’émeraude divine en plus…Maman, j’veux pas voir ça…Quetz se sentait bien observée. Des fusils qu’elle avait encore à la place des yeux la brunette ! En tout cas, le Serpent à Plumes ne tenta pas de lui parler, ou bien même de la regarder. Sa présence était bien imposante et elle ne voulait pas mettre feu à la poudre. Le barman s’avança vers la chanteuse, lui offrant un verre et une enveloppe. Quetz ne se posa pas plus de questions, c’était sûrement son dût pour cette soirée. La divinité mésoaméricaine prit de nouveau son verre en main pour y tremper doucement ses lèvres. Mais elle fût abordée par la fameuse brunette.
- Vous êtes encore là ?
Quetz la regarda bizarrement. Et pourquoi elle serait partie ? Elle poussa un petit soupir étouffé avant de faire glisser ce liquide dans sa gorge. Oui, pour cette attaque, la déesse l’avait ignorée volontairement. Ce n’était pas la peine de faire un scandale en plein bar pour si peu. C’est pourquoi elle s’était tu. Mais même ainsi, la brunette ne la laissait pas tranquille.
- Alors, à part pousser la chansonnette pour ne pas être entendue et tenter de piquer le boulot des autres, vous faites quoi ? Et vous êtes qui ou quoi ?
- Vous n’allez tout de même pas remettre cela sur le tapis ? Je me suis déjà excusée. Ca ne vous est jamais arrivé d’entendre une chanson, la reconnaître, et chantonner dessus ? Ca serait un mensonge si vous me dîtes le contraire, vous qui êtes chanteuse.
Elle ne regarda pas la demoiselle. Elle ne voulait pas que ses paroles lui paraissent comme un affront ou autre chose. Et dire que la rouquine rêvait d’une soirée tranquille, c’est mal barré…Oh oui ! Se présenter allait peut-être détendre l’atmosphère.
- On m’appelle Quetz…Je suis venue ici pour passer du bon temps, et non pour prendre votre boulot, comme vous le dîtes. Je m’excuse encore si je vous ai offensé. Cela n’était pas mon intention, charmante demoiselle.
Sourire ou non ? Si elle sourit, l’autre va croire que le Serpent à Plumes se moque d’elle, ou la nargue. Et si elle ne sourit pas, elle va peut-être croire que ce n’est pas sincère ce que la déesse disait. Ralala…
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Exaspérée, la belle rousse ? Oh, et pourtant, Miya était encore restée soft. La demi déesse était rancunière, et ce genre de détail, elle pouvait le ressasser longtemps, le rappeler une éternité à celui ou celle qui avait commis une faute. Et si Quetzalcoatl n'avait pas tort - combien de fois Miya s'était-elle mise à chanter au milieu de la galerie commerciale, ou au travail, quand il était encore fixe, sans même s'en rendre compte ? - Miya n'allait surement pas le lui faire remarquer.
Et la déesse sud-américaine commençait déjà à comprendre la façon de penser de Miya. Quoiqu'elle fasse, elle serait sans doute dans son tort, de toute façon. Et cela commença d'ailleurs très vite. Quetz ?
- Quetz... ?
Ce n'est pas très japonais, comme prénom. Rien en elle n'est japonais, ça saute aux yeux. Quelque part, cela rendit Miya un peu moins seule, un peu moins étrangère dans la masse - même si elle restait unique et exceptionnelle, cela va de soi. Elle but lentement une gorgée de son verre, regardant droit devant elle, les yeux à moitié clos. Et puis, une fois n'est pas coutume, Miya interpréta mal les paroles de la déesses à ses côtés. Nul doute que pour ce soir, elle était de mauvaise humeur, et bien décidée à se défouler sur la pauvre rousse.
Bref, Miya fit l'amalgame "passer du bon temps" et "charmante demoiselle", et grimaça, avant de tourner vers sa voisine un regard à moitié dégoûté.
- Et je ne suis pas de ce bord là. Quelle... horreur...
C'était pathétiquement théâtral. La demi déesse eut un frisson, avant de finir son verre d'une traite. Elle ne tomba pas dans le cliché de lancer un "Je ne peux pas rester ici avec de telles personnes", non ! Pourtant, elle se leva un poil brusquement, sans pour autant renverser sa chaise au sol. Cela aurait fait désordre. Elle se contenta de sourire au barman, pour lui lancer d'une voix tranquille :
- Si vous avez à nouveau besoin de mes services, vous saurez où me contacter.
Miya aurait du partir, mais quelque chose la gênait encore chez la rouquine. Outre sa rancoeur pour avoir été humiliée (Miya n'y allait pas de main morte, avec ces choses là...) il y avait vraiment quelque chose qui faisait tiquer la demi déesse. Quelque chose qui la mettait mal à l'aise, dans l'aura de cette femme - l'aura, ou quoi que ce soit. Miya lança juste :
- Ce n'est pas très japonais comme nom, ça, "Quetz"... Vous venez d'où ?
Quand bien même la chanteuse était sur le départ, elle feignait de l'intérêt pour celle qui était devenue bien malgré elle sa rivale. Enfin non, ce n'était pas de l'intérêt. Sans doute juste de la curiosité malsaine pour lui renvoyer quelque chose dans les dents. Sauf que pour le moment, Miya ne savait pas quoi lui envoyer, justement. Il fallait meubler la conversation, donc.
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Quetz…C’est simplement ainsi que l’émeraude divine s’était présentée à la chanteuse. Et apparemment, cela sonnait bizarrement aux oreilles de la brunette. C’est vrai que ce n’est pas un prénom que l’on entend tous les jours dans les rues nippones. Bref. Le Serpent à Plumes continuait à siroter son cocktail sans alcool. C’est sûr, cela avait moins de goût qu’une bonne téquila que la déesse avait l’habitude de prendre dans le temps, mais cela restait doux au palet malgré tout. Et alors qu’elle s’était excusée une nouvelle fois, et avait fait un petit compliment à la brunette, celle-ci fit une mine de dégoûtée. Anti-lesbienne…Quetz leva les yeux au ciel, secouant un peu sa tête et avalant une gorgée de son breuvage.
- Si on ne peut plus faire de compliment, sans être pris pour un pervers ou je ne sais quoi d’autre…Où va le monde ?...
La brunette finissait, quant à elle, tranquillement son verre. Finalement, elle se leva, comme pour partir. Un peu brusquement d’ailleurs. La chanteuse s’adressa une ultime fois au barman, pour proposer ses services pour une prochaine fois, dans ce bar. Alors que Quetzalcóatl pensait pouvoir être tranquille avec la brunette qui prenait les voiles, plus de reproches et tout ce touin-touin, et bien non. La jeune femme semblait s’intéresser à la rouquine, tout en feignant l’indifférence tout de même.
- Ce n’est pas très japonais comme nom, ça, "Quetz"…Vous venez d’où ?
- Peut-être parce que ce n’est pas japonais ?...Je viens du Mexique.
Apparemment, quelque chose intriguait la chanteuse pour qu’elle pose cette question. Et Quetz s’interrogea également. Qu’est-ce qu’elle cherchait à la fin ? Finissant son verre d’une ultime gorgée, elle questionna cette chanteuse qui voulait en savoir plus sur la déesse.
- Pourquoi, Mademoiselle… ?
De cette manière, elle invitait la jeune femme à se présenter. Après tout, pour Quetz, elle restait une femme sans nom. C’est embêtant tout de même. Mais encore faut-il qu’elle veuille lui dire…Finalement, le Serpent à Plumes fit signe au barman et recommanda un verre pour elle-même, et proposa à la chanteuse si elle en voulait également.
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Quelle situation dérangeante pour Miya... Elle voulait détester la rouquine, pourtant, quelque chose l'attirait, et attisait sa curiosité. Combiner les deux était inconcevable. Elle n'allait pas se rabaisser à bavarder avec celle qui l'avait humiliée ! (Ah non, Miya ne faisait pas dans la demi mesure.) Surtout que la belle rousse voulait maintenant connaître son nom. La poisse ! Elles n'allaient pas engager la conversation, si ?
La barman trancha pour elle, en lui servant un thé, et l'invita à se rasseoir, avec le sourire. Le traitre... Comment osait-il décider pour elle, hein ? Pourtant, Miya se rassit.
- Diablo. Miya Diablo.
Voilà, les présentations étaient faites. Son nom ne sonnait pas plus japonais que "Quetz", et la "jeune" femme dissuada sa voisine de faire la moindre remarque là dessus, d'un regard sombre. Le pied de Miya battait la mesure de la musique d'ambiance du bar, une chanson qu'elle ne connaissait pas, mais qui lui plaisait. Encore quelque chose à apprendre pour élargir son propre répertoire. Mais ce n'était pas le sujet.
Quelque chose la préoccupait à propos de cette femme. Elle n'avait pas seulement une voix... Ou un physique atypique... Miya réfléchit, tout en buvant ce thé brulant si typique. Et enfin, elle la trouva, cette chose qui clochait. Son regard revint se poser sur la déesse d'émeraude.
- Quetz... N'est-ce pas l'abréviation du nom d'un dieu mésoaméricain ? Quetzalcóatl... Ou quelque soit le nom imprononçable que ces gens donnaient à ces... Dieux."
Miya haïssait les divinités. Ce dernier mot, elle l'avait presque vomi. Cela ne l'empêchait pas, paradoxalement, d'être intéressée par les nombreuses religions qu'offraient ce monde. A son époque, il était difficile de ne pas croire en ces divinités qui se battaient sur la terre, ce champ de bataille... Nouvelle gorgée, elle prit une voix entre ironie et condescendance :
- Qu'avez vous donc fait à vos parents pour qu'ils vous affublent du nom d'une de ces horreurs ?
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Quetzalcóatl avait fait signe au barman, recommandant un autre cocktail sans alcool. Il l’invita à offrir une boisson à la chanteuse, pour que la chanteuse se réinstalle au comptoir et que les deux femmes continuent leur discussion. Alors il lui servit un thé, tandis que la brunette le fusillait du regard. Enfin, la jeune femme se présenta. Quetz pouvait l’appeler autrement que par « la femme sans nom », enfin ça, elle le gardait pour elle. Miya, pas très japonais non plus.
- Et bien, enchantée Miya. Cela aussi ne sonne pas japonais. Européenne ?
Oups. Alors c’était cela le regard noir que lui lançait Miya ? Il ne fallait pas faire de remarque par rapport à son nom ? Et bien, c’est raté. Et une boulette de plus pour l’émeraude divine. Ca risquait d’être un peu tendu pour la suite de la discussion. Elle voyait la chanteuse battre du pied. Était-ce de l’agacement ? Apparemment non, la musique qui passait dans le bar lui chatouillait agréablement les oreilles. Mais qu’importe. L’immortelle aztèque écoutait la mélodie, tout en buvant quelques lapées de son cocktail. Et c’est à ce moment-là que la chanteuse vint interpeller Quetz à propos de son nom. Elle se demandait si la rousse était le dieu aztèque, enfin pas directement. Alors, une petite gorgée prise, la rouquine lui dit très franchement la chose.
- Oui. Il est plus simple de dire « Quetz » que Quetzalcóatl.
Et alors, quand elle avait fini de lui répondre et pensait être tranquille, Miya refit une remarque sur le nom imprononçable de la jeune femme. Quetz ne s’en soucia guère de suite, la regardant un peu de côté, tout en buvant son breuvage. Elle lécha doucement ses lèvres, sans pour autant être vulgaire, et répondit sur un ton amusé à la chanteuse.
- Oh, je ne leur ai rien fait. Et puis, je ne le trouve pas si mal. Le Serpent à Plumes…Après, c’est chacun ses goûts, Mademoiselle Diablo.
La rappeler Miya aurait sûrement déplu à la brunette. Alors Quetz avait choisi d’arrêter de faire des bourdes, sans risquer de provoquer les foudres de la demoiselle.
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Européenne... Non, franchement. On lui avait sorti toutes sortes de nationalités, mais jamais quelque chose d'aussi vaste... C'était une bonne idée, même si Miya ne l'avouerait jamais à la rouquine. En tout cas, elle le retenait, ce truc là.
La demi déesse but une gorgée de sa tasse de thé, alors qu'elle pensait à tout cela. Son regard en coin ne quittait pas la rouquine. Non, vraiment, elles n'allaient pas s'entendre. Pour Miya, porter le nom - ou même, le demi nom - d'une divinité quelconque, c'était une punition, et même plus que ça. Elle leva un sourcil, et son regard trahissait que la chanteuse prenait Quetzalcóatl pour une demeurée.
- 'Pas si mal'.. ? Serpent à plumes ou n'importe quoi d'autre, je ne vois pas en quoi c'est 'pas si mal' de porter le nom d'un dieu - surtout un dieu alors que vous êtes une femme.
Miya posa la tasse sur sa soucoupe, et pivota sur sa chaise, pour faire face à sa voisine. Elle croisa ses longues jambes, élégamment. Quelque chose avait changé dans son regard. Elle n'était plus hautaine ou méprisante, ou du moins, pas envers la personne à côté de qui elle était. Sans doute pour ce qu'elle allait dire. Miya sortit son paquet de cigarette, en porta une à ses lèvres. Elle tendit même le paquet ouvert à Quetz pour lui en proposer une, tout en allumant la sienne. La fumée expirée, Miya reprit la parole :
- Il n'y a pas à être honorée de porter le nom de ce genre d'abomination. Ils ont les chevilles assez gonflées comme ça sans qu'en plus, vous en rajoutiez en prétendant être heureuse de porter le nom de l'un d'eux. Je vais vous le dire : les dieux, les déesses, quelle que soit leur soi disant rôle... Ils n'en ont rien à faire de vous. Les humains ne sont, pour eux, que des microbes bons à leur lustrer les pompes. Ou à être sacrifiés. Parfois, les deux. Alors ne vous sentez pas franchement orgueilleuse de porter le nom de l'un d'eux. Franchement : quelles sont vos croyances, à vous ?
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Quetzalcóatl buvait tranquillement son cocktail sans alcool. Miya en faisait de même avec son thé, tout en regardant de travers la rouquine. Elle ne répondit pas à la question de Quetz, sur sa nationalité, son origine. Bon, encore une bourde pour Quetz apparemment ! Elle semblait étonnée de l’attitude du Serpent à Plumes, qu’elle puisse accepter de porter le nom d’un dieu. Masculin en plus. Bah peut-être parce qu’elle l’était, ce fameux dieu…
- Je n’ai aucune honte à porter ce nom. Même si cela vient d’un dieu, un homme. Si cela gêne quelqu’un, et bien, tant pis pour cette personne.
La jeune chanteuse finissait sa tasse de thé avant de la reposer sur le comptoir et de se tourner vers la rouquine. Elle ouvrit un paquet de cigarettes avant d’en prendre une et de la mettre entre ses lèvres. Elle avança le paquet vers Quetzalcóatl, pour lui en proposer une. Quetz refusa d’un signe de la tête. Elle avait beau être immortelle, elle faisait attention à ce qu’elle faisait de sa santé. Même s’il est vrai qu’elle avait eu une grosse période plongée dans l’alcool, téquila plutôt, elle ne touchait pas à la cigarette, ni la drogue et ne touchait désormais plus à l’alcool.
Tout en expirant la fumée, elle exprimait sa haine viscérale envers les divinités. Qu’importe leur rôle, leur provenance, les religions, pour Miya, elles étaient toutes pareilles. Des prétentieux, des arrogants, qui n’en avaient rien à faire de leurs fidèles, des humains. Mmh…Miya n’avait pas totalement tort. Certains dieux étaient comme cela. Même Quetz n’aimait pas certains Olympiens, leur trouvant qu’ils avaient de trop grosses chevilles biiiiiien gonflées. Mais cela attrista tout de même la rouquine. Délaissant son cocktail, elle se retourna vers la chanteuse, pour être face à elle.
- Alors c’est ainsi que vous voyez les dieux ? Tous dans le même panier…C’est bien triste.
Le Serpent à Plumes se retourna vers le comptoir, délaissant un peu la brunette à sa cigarette. De temps en temps, elle repoussait même cette fumée qui lui était désagréable. M’enfin, c’est autorisé de fumer dans les bars alors elle ne pouvait rien dire. Mademoiselle Diablo demandait alors à Quetz quelles étaient ses croyances. Un sourire apparut sur le visage de la rouquine. C’est avec un regard dans le vague qu’elle répondit à Miya.
- Vous savez, j’ai vu tellement de choses dans ma vie…Je sais que tout existe, même les choses les plus folles et inimaginables. Donc je crois en tout…Sauf en moi en fait.
Quetzalcóatl avait encore du mal à se faire à l’idée qu’elle pouvait trouver de nouveaux fidèles, surtout après la catastrophe qui a eu lieu il y a de cela des siècles. Qui voudrait, et qui pouvait croire en une divinité, en réalité femelle alors que dans les légendes c’est un homme, qui encore selon les légendes est un assoiffé de sang et de sacrifice, et qui aujourd’hui n’a plus aucun pouvoir ? Réponse : personne…Quetz reprit son verre en main, faisant tournoyer le reste du breuvage dedans, avant de finalement prendre une gorgée, le visage tristounet.
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C'est étrange comme Miya décida soudain de ne plus envoyer, volontairement, la fumée dans le visage de sa compagne de comptoir. Cela ne lui ressemblait pas, de se soucier du confort des autres, de cette manière. Pourtant, elle le fit, avant d'écraser sa cigarette dans le cendrier. Oui, elle voyait les divinités tous de la même façon. D'ailleurs, elle prit le temps de s'expliquer.
- Oui, tous dans le même panier. Ceux qui existent, ou qui ont existé, en tout cas. Je ne vous parle pas de bouffons dans le style de Jésus qui n'était que des bonimenteurs, des illusionnistes plutôt doués. Certains de ces dieux aztèques étaient réels, trouvant une magie quelconque pour se retrouver dans la situation qu'on leur connait. Transformer la foi, et les sacrifices, en force pour leur propre compte. Vous voyez ? De foutus égoïstes.
La demi déesse finit son thé, les joues légèrement rougies par la chaleur. Miya était, étrangement passionnée par ce sujet. Elle aimait parler mythologies autant qu'elle en haïssait les héros de ces histoires fantastiques. Car oui, elle considérait que les récits qu'elle pouvait lire étaient des fables, teintées d'une vérité qu'il fallait chercher. Bien entendu, compte tenu de l'amour que portait Miya aux divinités, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle dresse le portraits de bisounours.
Allez, maintenant, enfoncer le couteau dans la plaie.
- Vous ne croyez pas en vous ? Vous dites cela comme si vous étiez vraiment ce Quetzalcoatl. Ne serait-ce pas ridicule, un Dieu qui se déguise en serpent emplumé, incarné en vous ?
Tu es folle, ma chère, semblait-elle dire. D'ailleurs, Miya eut un léger rire. Finalement, il fallait croire qu'elle n'avait pas perdu de vue de faire craquer le belle rousse.
-
Quetzalcóatl repoussait parfois la fumée de la cigarette de Miya, bien gênée à en tousser un peu. Mais la chanteuse décida d’arrêter d’enfumer sa voisine de comptoir et écrasa même sa cigarette dans le cendrier présent. La jeune brune renvoya encore et encore les mêmes paroles, et Quetz voyait clairement qu’elle ne pouvait saquer aucun dieu, quel qu’il soit. Jésus, Allah, Bouddha, les Grecs, les Romains…Et aussi les Aztèques. Enfonçant le couteau dans la plaie encore ouverte, Miya fit référence à cette apogée de l’ère aztèque où le Serpent à Plumes était vénéré par nombre de personnes, à l’aide des sacrifices humains. Voilà une chose que la rouquine aurait voulu changer, mais qu’à l’époque, personne ne comprenait. Et cela faisait de la peine à la divinité.
- Je peux comprendre que l’on est certains préjugés sur les divinités. Moi-même, j’en ai sur les Olympiens. Mais de là à tous les considérer prétentieux et égoïstes, c’est un peu exagéré, je trouve…
Quetz avait rajouté qu’elle ne croyait pas en elle. C’est vrai d’un côté. La catastrophe de son époque l’avait grandement affectée et elle ne se sentait plus capable d’être une divinité. Et cela semblait faire sourire Miya. Celle-ci sous-entendait qu’il était ridicule que la rousse puisse vraiment être le Serpent à Plumes. Elle se mit un rire doucement d’ailleurs. Quetz, jouant avec les glaçons de son verre vide, se mit à sourire, puis à rire également. Mais un peu plus fort que la chanteuse. Pourquoi ? Et bien, vous allez le savoir. Se retournant vers la jeune femme en robe noire, elle lui répondit, le sourire aux lèvres.
- Oui, tout cela est ridicule, pour autant que je suis cet emplumé écailleux. Aussi ridicule que vous n’êtes pas une humaine quelconque. Je me trompe, mh ?
Elle avait fait en sorte que d’autres n’entendent pas vraiment, brouhaha mélangé avec la musique ambiante et les autres conversations. Quetzalcóatl avait enfin avoué qui elle était réellement, mais aussi qu’elle avait ressenti quelque chose chez cette chanteuse. Une chose qu’on appelle « aura » ou un truc dans le genre. C’est ce que Vlad lui avait appris, vaguement. Mais la rouquine ne savait pas clairement le distinguer. La seule chose qu’elle savait, c’est que Miya n’était pas comme les autres…
-
Le révélation fut surprenante, réellement, pour la demi déesse. Elle aurait, devant elle, un Dieu qui se plaisait à changer de sexe pour se fondre parmi la foule humaine ? Non, ce n'est pas ce qui figea le visage de Miya dans la surprise, mais bien le fait qu'elle soit en partie démasquée. Oui, juste en partie, car cette rouquine, là, ne semblait pas vraiment savoir de quoi elle parlait. Etait-elle folle, ce genre de personne échappée d'un asile qui se prenait pour une personne incroyable, juste pour le plaisir de se sentir vivant et se donner de l'importance ?
Non. Il n'y avait pas la moindre étincelle de démence dans ce regard. Cette Quetzalcóatl était parfaitement lucide de ce qu'elle était, et de ce qu'elle représentait. C'était incroyable : une divinité était là, au bar, près d'une personne qui la haïssait cordialement pour tout ce qu'elle était, tout ce qu'elle représentait. Cela fascina Miya, presque. Elle eut un rire léger, peut-être un peu moqueur.
- Un Dieu. En femme, dans un bar.
Elle trouvait la situation amusante, et presque cocasse. Miya finit d'un trait sa tasse de thé, et la reposa sans bruit. Accoudée au comptoir, elle dévisagea sa voisine, comme à la recherche d'une trace de sa nature divine. En vain, bien entendu. Ignorant intentionnellement sa question, Miya demanda :
- Prouvez moi que je mens, alors. En quoi vous souciez vous de vos fidèles ? En quoi n'êtes vous pas foncièrement égocentrique ? Veuillez excuser mon impolitesse, mais si je ne connais pas personnellement ces Olympiens dont vous parlez, les Divinités que j'ai été forcée de côtoyer n'étaient pas des enfants de choeur, loin de là. En quoi seriez vous différente ? Ou dois-je dire différent ? Vraiment, dites moi que ces histoires de massacres humains ne sont que des légendes qui entachent votre superbe légende qui doit, surement, être glorieuse, alors.
Elle la détestait, oui, mais ne le montrait qu'à travers ses mots. N'importe quel spectateur aurait pu croire qu'elles se parlaient comme des amies, bien que la distance trahissait qu'elles ne se connaissaient pas encore tout à fait. Ce qui était vraiment le cas ! Miya détestait cette femme, qui avait gâché son chant, et qui à présent de targuait d'être une divinité d'un autre temps. Et bien entendu, il n'étit pas question de faire le moindre parallèle entre elles deux, ça aurait été ridicule.
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La rousse et sa révélation. Une pauvre rouquine, assise dans un bar, à papoter avec la chanteuse du dit bar, et qui se prétendait être une divinité d’antan. Oui, il y a de quoi rire. C’est pourquoi au discours de Quetz, Miya se mit à rire doucement. Le Serpent à Plumes a toujours été décrit comme un grand homme. Surtout pas une femme. On aurait pu croire qu’il s’était travesti pour sortir dans ce bar. Situation un peu tirée par les cheveux tout de même. Elle aurait très bien pu expliquer pourquoi dans les légendes, elle est dite mâle, et non femelle. Mais pour l’instant, elle se taisait. Miya eut à peine fini sa tasse de thé, qu’elle revint poser des questions à la rouquine, dévisageant celle-ci. Elle exigeait une explication, en quoi Quetzalcóatl serait différent des autres divinités.
- Différente. Même si les légendes me disent homme, je suis une femme. Et à quoi bon vous expliquer tout cela ? Pour vous, tout le monde est dans le même sac.
Et cette histoire de sacrifices. Encore. Toujours. De nouveau un coup de poignard dans son âme meurtrie. Le visage de la jeune femme se fit plus sérieux, plus triste, plus dur aussi. Elle se retourna lentement sur son tabouret, pour faire face à sa voisine interrogatrice.
- Les sacrifices ? Durant l’apogée aztèque, la plupart était pour mon frère. Les quelques uns pratiqués pour mon culte n’ont été que bêtises. Je n’ai jamais voulu ça. Après l’arrivée des Espagnols, ils ont sacrifié les prisonniers en mon nom pour que je puisse les aider, que je revienne d’un exil forcé. Or, je n’ai rien pu faire contre cela.
Énervée ? Oui, elle commençait à l’être. Qu’on la traite de monstre, d’égocentrique, de prétentieuse ou d’égoïste, tout ça lui était impossible à entendre. À part cette tragédie où elle n’avait pu rien faire, Quetz avait toujours donné le meilleur d’elle-même pour aider les siens. Ayé. Elle s’énerve, tapant du point sur le comptoir, les verres vides résonnant légèrement.
- Prenez-moi pour qui vous voudrez. Mettez-moi dans le même panier que les autres, puisque je ne vaux pas mieux ! Du moins, vous n’y croyez pas. Mais je sais qui je suis et ce que j’ai fait pour mes anciens fidèles. Votre venin contre les dieux ne m’atteindra plus.
Quelque chose tiqua la déesse d’ailleurs. Dans les paroles de la chanteuse, elle disait avoir côtoyé des divinités. C’est donc de là que viendrait cette haine viscérale ?
- C’est bien ce que je disais : vous êtes différente. Sachez tout de même que je ne suis pas ces divinités que vous avez pu rencontrer. Aucunement.
-
Des excuses... Pour Miya, ce Quetzalcoatl ne faisait que ça, se chercher des excuses pour justifier l'injustifiable. Le coeur de Miya battait de cette rage sourde, cette haine qu'elle avait toujours voué aux divinités. En plus d'avoir vécu dans un monde où ces dieux géants se fichaient pas mal des fidèles qu'ils écrasaient parfois, la chanteuse était immortelle à cause de la stupidité de l'un d'eux - un dieu mineur, certes, mais qui avait voulu jouer à "qui a la plus grosse" avec les plus grands. La stupidité d'Harumiya ne cessait de lui faire bouillir le sang. En tout cas, Miya était presque fière d'avoir fait sortir la colère chez cette femme, cette déesse qui se mélangeait aux mortelles. Elle n'avait pas peur des Dieux, et Quetzalcoatl aurait pu abattre toute sa divine puissance qu'elle s'en serait bien moqué, et qu'elle en aurait peut-être même ri, juste pour le plaisir de lui lancer : "Tu vois, tu ne vaux pas mieux que les autres."
Mais non, le serpent à plumes ne lui fit pas ce plaisir, préférant rendre les armes. Décevant, vraiment. Cette espèce de victoire a un goût bien amer, mais elle reste une victoire quand même : Miya ne va pas cracher dessus ! Elle finit son thé, en demande un autre. Sa voisine ne se laisse pas abattre malgré tout, et remet sur le tapis qu'elle n'est pas forcément humaine, elle aussi. La demi déesse leva les yeux au plafond, et entoura sa nouvelle tasse brulante de ses doigts fins, pour s'y réchauffer.
- Je suis différente, oui, sans doute. Différente de vous, et de ces gens qui nous entourent. Je viens d'un endroit, où des divinités géantes ont fait de la terre un champ de bataille. D'un monde où les humains devaient se terrer sous des globes de verre pour que ces monstres les voient, et évite de les piétiner dans leur combat. Mais croyez bien que non : ces idiots de mortels priaient pour apporter force à l'un ou l'autre des clans, mais les dieux s'en fichaient pas mal. Ce n'est pas parce que vous êtes là, à un comptoir, parmi des humains, que cela va faire de vous quelqu'un de bien. Croyez bien que je n'ai jamais vu la moindre divinité qui puisse se montrer autre chose qu'égocentrique. Regardez vous, malgré tout ce que vous pouvez dire : vous êtes ici, et non avec quelque vestige de vos fidèles - si vous êtes vraiment celui que vous prétendez être. Plutôt que d'apparaître à une tribu qui doit être encore assez folle pour vous vénérer, vous perdez votre temps ici, à un bar, pour vous mettre en avant le temps d'une chanson.
C'est qu'elle avait la ridicule rancune tenace... Miya se permettait de juger, de déverser sa haine sur cette femme qui ne devait chercher qu'un peu de calme, et elle se faisait un plaisir de lui pourrir ce moment.
-
Et mince…Le Serpent à Plumes n’avait pas su garder son calme. Sa contenance éclata en mille morceaux dans ce poing qui avait frappé le comptoir du bar. Doublement mince…Quetzalcóatl avait légèrement baissé les armes, cédé aux pics de la chanteuse, et cela semblait l’amuser. Un fin sourire presque satisfait s’était affiché sur les lèvres de Miya, goûtant son thé. Elle en profita pour recommander un autre thé, et Quetz un autre cocktail sans alcool. Avalant quelques gorgées, la déesse écoutait avec attention ce que la chanteuse avait bien à lui dire. Son histoire était bercée de dieux égoïstes, se massacrant entre eux, se moquant de ce que devenaient leurs fidèles. Cette remarque fit tiquer la déesse. Les combats entre déités ne se faisaient plus de nos jours, enfin si, mais pas aux yeux de tous. Le dernier combat révélé au regard des mortels remontait à bien des siècles…Aussi bien sur Terre que sur Terra. Alors Miya était vraiment différente d’une simple humaine.
- Je ne vous apprends donc rien, puisque vous avez connu bien des choses dans votre vie…D’immortelle.
Un léger sourire parcourut les lèvres du Serpent à Plumes. Elle se remit à boire quelques gorgées de son breuvage avant de reprendre la parole.
- Vous n’êtes pas très ouverte d’esprit pour quelqu’un qui a vu l’Histoire se dérouler devant ses yeux. Arrêtez donc de mettre tous les immortels dans le même panier. Tous ne sont pas bons, je vous l’accorde. Mais tous ne sont pas mauvais comme vous le prétendez ! À part moi, quels autres dieux avez-vous rencontré ? Je suis bien curieuse.
Quant à sa présence ici, Quetz ne souhaitait pas trop en parler. Après tout, cela ne regardait en rien la chanteuse. Mais passons…
- Vous devez savoir comment fonctionne les divinités, non ? Plus elles ont de fidèles, plus elles sont puissantes. Alors comment dire ? Je suis faible, presque humaine si j’ose dire. Je ne peux plus faire les choses que je faisais d’antan. Il n’est donc pas simple pour moi de retourner dans mes terres natales. Et qui croirait en une vieille divinité, paraissant cruelle et avide de sang selon les légendes ? Mmh, laissez-moi répondre : Personne ! Et je perds peut-être mon temps ici comme vous le dîtes, mais c’est mon choix si je n’ai pas voulu remonter un panthéon aztèque et retrouver des fidèles. Vous avez beau être immortelle, vous ne savez pas ce qui en incube d’être un dieu et d’avoir ce genre de responsabilités…
Quetz était apparemment encore un peu remontée, mais elle n’avait pas tort. Pour quelqu’un qui semble avoir vécu bien des choses, des bonnes comme des mauvaises, tout comme Quetz en fait, Miya ne semblait pas comprendre la chose. Être un dieu n’est pas de tout repos. Et l’émeraude divine s’en voulait toujours de n’avoir rien pu faire avec l’arrivée des Espagnols en territoire aztèque. Ne plus avoir sa grandeur d’autrefois et se rappeler sa faute tous les jours, voilà quelle était sa punition…
-
Ah. Un point pour le Dieu qui aime apparaître sous les traits d'une femme. Si Miya n'était pas dérangée par le fait de clamer que sa voisine était une divinité immortelle, elle aimait beaucoup moins que Quetzalcóatl ne trahisse son secret à elle... Ses yeux s'étaient légèrement plissés, de mécontentement. Quand bien même elle avait évoqué son histoire, la demi déesse n'en restait pas moins frileuse quand il s'agissait de parler de sa propre immortalité. Les mots avaient un tel pouvoir, quand ils étaient dit tels quels...
Miya eut un reniflement dédaigneux, écoutant d'une oreille qui se voulait distraite ce que le Serpent à Plumes pouvait avoir à dire. En réalité, elle restait attentive, bien entendu. Il ne fallait pas qu'en plus, cette stupide divinité en dise trop au point de lui porter préjudice. Prenant son temps pour finir son thé, et laissant ainsi à la rouquine de dire ce qu'elle avait à dire, avant que la jeune femme ne commence à rétorquer, son regard sombre fixant un point du bar devant elle.
- Oh, contrairement à ce que vous insinuez, je n'ai pas vu l'histoire être écrite. Je ne suis... 'ici' que depuis... Un peu moins de deux années, voyez vous. Et avant cela, j'ai vécu une vingtaine d'années. Le reste du temps, j'ai survécu bien malgré moi. Ne me jugez donc pas à mon âge, et à ce que je pourrai avoir vu.
Et elle ajouta, entre ses dents, tournant simplement ses pupilles vers Quetzalcóatl :
- Et je vous serai grée de cesser de répéter ce que je suis... Non, j'ignore ce qu'il en est, des responsabilités des Dieux, voyez vous, car j'ai bien mon idée là dessus. Ne faites pas mine d'avoir eu des moments où vous étiez simplement débordés. Les Dieux se fichent pas mal des autres, quand bien même ils dépendent des humains, voyez vous. J'en ai rencontré, qui tuait les humains qui ne croyaient pas en eux, pour simplement affaiblir l'adversaire. Voyez vous, cette puissance que vous accordez aux mortels, n'est pour eux qu'un fardeau.
-
Ah…Alors Quetzalcóatl avait bien mis le doigt sur quelque chose. L’immortalité de Miya n’était plus à douter. Il suffisait de voir quel regard avait eu la demoiselle aux paroles de la divinité. Yeux inquisiteurs, plissés pour mieux montrer sa colère…Et apparemment, le Serpent à Plumes avait mis le doigt sur quelque chose que la chanteuse n’aimait pas à parler. Certes, l’immortalité est une chose assez difficile à porter, même pour une déesse comme Quetz, mais cela devait l’être encore plus pour quelqu’un qui n’était pas divinité. D’un air hautain, Miya fit comme si elle n’écoutait un traître mot de ce que disait l’émeraude divine. Soit, qu’elle le fasse, cela n’empêchera pas Quetzalcóatl te dire ce qu’elle a à dire.
- Soit. Vous ne souhaitez pas que je vous juge à votre âge ou autre. Faites de même avec moi, je vous prie. Il est trop facile de s’imaginer des choses avec des préjugés, ou avec certains souvenirs de ce qu’on a vécu. Je ne suis pas ces dieux que vous avez pu voir. Et je ne suis ni arrogante, ni prétentieuse comme la plupart des autres dieux.
Non, Quetz n’était pas comme ces Olympiens, impies de leur pouvoir et si prétentieux de leur grandeur encore présente sur Terra. Une gorgée, puis une autre de son cocktail, et celui-ci fut fini. Bon, pourquoi ne pas en recommander un autre ? D’un geste de la main, elle fit signe au barman de lui servir la même chose. En attendant son verre, elle rétorqua quelques phrases à sa voisine de comptoir, posant son regard sur elle.
- Et puisque vous avez vu ces choses se faire devant vos yeux, j’ai fait la même chose avec mes fidèles ? Me prenez-vous pour un monstre, Miss Diablo ? Regardez-moi sincèrement dans le fond des yeux, et dites-moi que j’en suis un. Ce pouvoir que les fidèles ont sur nous est là depuis le commencement. Je n’en suis en aucun cas responsable de ce genre de système. Et vous pensez que nous sommes là à nous tourner les pouces au lieu de nous occuper des fidèles ? Ne parlez pas de ce que vous ne savez pas.
Ce qu’elle avait pu voir dans sa vie d’immortelle ne reflétait en rien ce que la totalité des dieux faisaient. Avait-elle rencontré Vlad par exemple ? Lui n’était guère comme les dieux de Miya, arrogant ou manipulateur. Quetz n’était pas comme cela non plus, mais face à une tête de mule, on ne peut pas grand-chose…
-
Non, faire face à une tête de mule comme Miya n'était pas aisé. Évidemment, la demi déesse ne se rendait pas compte combien elle était aussi têtue que girouette. Elle changeait d'avis dès que ça l'arrangeait, mais sur les divinités, il était difficile de lui ôter l'idée fixe qu'elle s'était faite d'eux. Après tout, c'est à cause d'un crétin de dieu qu'elle était immortelle. Une chose qu'elle n'appréciait que moyennement, bien entendu. Tout ce qu'elle avait enduré jusqu'à présent, tout était imputable de près ou de loin à une divinité - Miya ne pensait qu'aux mauvaises choses, évidemment. Une divinité, quelle qu'elle soit, ne pouvait pas faire le bien, c'était impensable : si les dieux étaient altruistes, ça se saurait.
Un nouveau thé fut commandé par la demi déesse, et elle attendit que le barman ne s'éloigne à nouveau pour reprendre cette conversation ô combien inutile, mais forte intéressante. Une autre preuve que Miya était une fille pleine de contradiction ? Elle haïssait les dieux autant qu'elle adorait s'intéresser aux religions et mythologies de ce monde.
- Je ne prétends pas connaître quoi que ce soit à la condition divine, Quetzalcóatl. J'ai simplement lu des choses que vous prétendez fausses, alors je vous attends, et rétablissez la vérité, alors. Les Dieux que j'ai connus étaient avides de pouvoir. Pourquoi avez vous laissé faire certaines choses...
Elle quitta la tasse des yeux, pour plonger son regard dans les prunelles de la divinité rousse à ses côtés.
- ... des choses monstrueuses... Alors que vous auriez pu intervenir ? Regardez où vous en êtes aujourd’hui : vous avez laissé vos fidèles être massacrés, si je comprends bien. Et vous ne vivotez plus que par l'énergie que mettent certains archéologues ou fous furieux passionnés de mythologie à lire vos récits terrifiants.
Elle garda les lèvres entrouvertes, mais n'ajouta pas un "Pathétique, n'est-ce pas ?" des plus dédaigneux. Manquerait plus que Quetz ne voit, ou ne sente, que Miya faisait partie de ces férus de mythologie...
-
Mais pourquoi Quetzalcóatl s’obstinait tant à répondre à ce que lui balançait la chanteuse ? Ses paroles s’éclataient sur le mur qu’était Miya. Comment une femme comme elle, qui était immortelle, pouvait-elle être aussi bornée à ce point ? Vraiment, cela épuisait le Serpent à Plumes…N’écoutant presque plus la demoiselle, l’émeraude divine se demandait d’où venait cette haine viscérale pour les divinités. Est-ce que par hasard…Se retournant vers elle, après avoir bu une gorgée de son cocktail assez rapide, elle regarda la chanteuse d’un air surpris.
- Je crois que j’ai compris…Vous êtes si haineuse…Parce que votre immortalité vous vient d’une divinité…
Ceci expliquait cela…L’immortalité en soit n’était pas vraiment une chose aisée à vivre, surtout pour une personne qui a vécu sans au départ. On ne se voyait jamais vieillir et les personnes qu’on aimait partaient bien avant nous…Oh, Quetz avait déjà souffert de ce genre de situations, s’étant attachée quelques fois à des mortels, mais de par sa nature de déesse de la mort, elle savait que ces personnes étaient dans un endroit meilleur. Cela fait un peu gnan-gnan ? Mouais. Retournant à sa boisson, le liquide glissa dans sa gorge, avant de répondre à Miya.
- Vous semblez bien connaître l’histoire du peuple aztèque…Alors vous devez savoir qui est Tezcatlipoca ? Mon frère, mais aussi, mon opposé. Les sacrifices ont d’abord été pour lui. Mes fidèles, voyant Tez devenir plus puissant, ont commencé à faire la même chose pour moi. Chose qui me répugnait. J’en ai averti mes prêtres et prêtresses, mais personne ne les croyait, voyant toujours Tez prendre en force. Et un jour, mon frère me défia. Je fus vaincue et envoyée en exil sans espoir de retour, au bon vouloir de mon ainé. J’étais déjà affaiblie, et c’est à partir de là que les Conquistadors sont apparus en terres aztèques. J’ai vu les miens périr, les uns après les autres, sans que je ne puisse rien faire. Vous comprenez ?
Est-ce que d’un côté, il insinuait que tout cela était de la faute à Tez ? Peut-être, même si elle n’en voulait pas à son frère. Quetz savait parfaitement que son opposé divin ne souhaitait pas la fin de l’ère aztèque, puisque lui aussi subissait la même perte de pouvoirs que sa sœur. Le regard de la rouquine se perdit dans sa boisson qu’elle faisait tournoyer, un fin sourire triste aux lèvres.
- Vous savez ce qui me rend le plus triste dans cette histoire ? Bien sûr, le fait que je n’ai pas pu leur venir en aide quand ils avaient besoin de moi…Non, le pire, c’est que je n’ai pas pu les amener en ce paradis aztèque où reposent les âmes des ancêtres…C’était mon devoir et je n’ai rien pu faire…Mais Miss Diablo, à part cette histoire de sacrifices et d’Espagnols, que savez-vous du Serpent à Plumes ? Je suis curieuse…Oui, curieuse et surprise que vous prononciez magnifiquement bien mon nom.
Bien curieuse de ce que l’on pouvait encore dire sur son sujet. Quetzalcóatl, le craint, le puissant Serpent à Plumes…Et puis, avait-elle appris à parler l’aztèque pour l’appeler correctement par son véritable nom ?
-
Haineuse ? Elle ? Voilà que la divinité rousse se permettait de faire de la psychologie à son encontre. La blague ! Miya devrait en rire et partir. Cette conversation, pour elle, ne menait nul part - en réalité, elle n'aimait pas tellement la tournure qu'elle prenait... Et la demi déesse supposait qu'il était impossible, pour le dieu méso américain, de comprendre ce qu'elle avait pu vivre. Miya avait subi des divinités oppressantes ; Quetzalcóatl aussi...
... Voilà qu'elle allait prendre en pitié une de ces horreurs ? La chanteuse serra les dents, et fixa un point droit devant elle. Et puis quoi encore ?! Cette rouquine ne pouvait pas être autre chose que ce que Miya pensait qu'elle était.
- Vous n'avez rien pu faire ? Vous pouvez descendre sur Terre boire dans un bar, mais vous n'avez pas pu apparaître face à vos fidèles quand il l'aurait fallu ? Quelle logique...
Miya ferma les lèvres, pour empêcher la passion de prendre le dessus. Vraiment, elle essaya, un bref instant, de ne rien dire de plus. De trouver quelque chose pour dénigrer la déesse à ses côtés. Au lieu de cela, sa main frappa le comptoir à plat, et Miya pivota sur sa chaise pour faire face à Quetzalcóatl.
- Non mais c'est vrai, ça. Vous existez, vous vous amusez à pourrir la vie des mortels depuis votre piédestal divin, où qu'il se trouve. Vous pleurnichez sur votre sort, mais vous ne faites rien. Vous avez été bannie par Tezcatlipoca ? Et alors ? En quoi ça vous a empêché d'intervenir, contre lui, ou contre les espagnols ? Vous avez regardé tout cela. Vous prétendez avoir été impuissante, mais avec les pouvoirs dont vous disposiez à l'époque, pourquoi n'avoir rien fait pour sauver vos gens ? Rien qu'avec les pouvoirs qu'on vous prête sur la nature. Vous auriez pu faire des tas de choses. Moi je l'aurai fait, et pourtant, je suis une foutue égoïste. Alors pourquoi une divinité que l'on prétend généreuse reste tranquillement à observer tout cela ?
Oh oui, sa voix posée vibrait malgré tout de colère. Sur le coup, Miya ne s'était même pas rendue compte qu'elle avait avoué l'un de ses défauts.
-
À quoi bon s’expliquer avec la chanteuse ? Malgré toutes les explications que la déesse pouvait lui donner, rien ne lui suffisait. Cela épuisait de plus en plus l’émeraude divine, mentalement et presque physiquement aussi. Toute cette histoire lui faisait remonter tous des souvenirs, et pas forcément les bons en premier. Alors quand la demoiselle s’énerva, claquant sa main sur le comptoir, faisant ENFIN face à Quetzalcóatl, celle-ci l’écoutait, les yeux d’abord écarquillés de surprise, puis les sourcils se fronçant légèrement au fur et à mesure que la belle crachait son discours. Buvant une seule gorgée de son breuvage, la rousse lui fit face, tournant aussi sur son tabouret pour s’exprimer, yeux dans les yeux.
- Franchement, je me demande pourquoi je continue tant bien que mal à vous expliquer les choses, alors que vous continuez à faire l’entêtée. Le pouvoir d’un dieu repose sur les prières de ses fidèles. Déjà affaiblie par mon combat et exil, je ne pouvais retourner sur les terres aztèques. Et les prières qui étaient censées me donner pouvoir pour veiller sur les miens étaient détournées pour les Espagnols. Avec Cortès, ils ont cru à mon retour, en chair et en os…Les prières étaient pour les Conquistador, surtout Cortès, et non pour moi. Quand le drame arriva, je n’étais guère plus puissante qu’un humain. Je ne pouvais rien faire…
Mais une chose avait choqué la jeune femme. Les dieux ne sont ici que pour faire le mal aux humains ? C’est cela qui ressortait de la bouche de Miya, et rien d’autres. Les immortels étaient tous odieux, et ne valaient pas qu’on les prie avec autant de ferveur. Alors le « vous vous amusez à pourrir la vie des mortels » provoqua un léger rire à la déesse. Et il était clair désormais pour la rouquine que la discussion devait s’arrêter là. Elle ne menait à rien.
- Faites ce que vous voulez, croyez ce que vous voulez. J’en ai assez d’essayer de vous faire changer d’avis, alors que vous tournez les choses comme vous l’entendez à chacune de mes paroles.
Un instant, et par quelques gorgées, elle termina sa boisson, avançant son verre vers le barman, signifiant qu’elle avait fini. Quetz se retourna juste un peu vers Miya, son regard en coin.
- Juste, vous êtes égoïste et ne voyez QUE ce que les dieux ont pu vous faire. Ca oui, car si vraiment, on n’apporterait que des soucis aux humains, on ne nous prierait plus, et nous ne serions plus là, très chère.
-
- "Nous" ?", répéta-t-elle, un peu interloquée.
Il ne fallait pas s'y tromper : Miya croyait assez en elle même pour ne pas avoir besoin de prières. Mais plus sincèrement, elle n'était que demi déesse, de manière technique... Donc elle ne comprenait pas - du moins, elle ne voulait pas comprendre - la façon de penser de Quetzalcoatl. Et puis, son avis était trop arrêté pour qu'elle ne souhaite entendre et tenter de réfléchir à un autre point de vue sur la question.
Bref, c'est avec une certaine satisfaction intérieure que Miya vit que son interlocutruce perdait patience. Et qu'ainsi donc, elle allait gagner la bataille, et avoir le dernier mot. Toc. Son petit sourire en coin, satisfait, était tout à fait puéril.
Parce qu'au fond, la chanteuse regrettait - si si, un tout petit peu, là, tout au fond de son coeur, derrière les toiles d'araignées - d'avoir froissé une personne qui était assez calée en la matière pour parler d'un sujet qu'elle affectionnait pas mal. Ah, si seulement la rouquine ne l'avait pas interrompue dans sa chanson ! Si seulement Miya n'avait pas cette espèce de fierté ma placée qui l'empêchait de harceler Quetzalcóatl à grands coups de "pourquoi ?" et de "comment ?"
Au lieu de ça, Miya finit elle aussi sa tasse, et la poussa en avant. Et avec ce petit sourire suffisant, le menton appuyé sur le dos de la main, elle continua ce qu'elle avait commencé à dire.
- Il n'y a pas de "nous" pour nous lier, vous et moi. Vous avez besoin de prières. Je subis mon immortalité. Ne nous mettez pas de le même panier.
Cependant... Aaah, quel dommage de risquer que la déesse ne parte, n'est-ce pas ? Miya détourna la tête, fronça les sourcils et se mordit la lèvre inférieure. Elle n'allait pas la retenir, quand même... Si ? La demi déesse se retourna vers la rouquine. il fallait, bien entendu, qu'elle place une pique :
- La plupart des divinités ne se montrent pas ; en avez vous vu d'autres, de nos jours ? Les immortels sont rares, Quetzalcóatl, et vous êtes la première que je rencontre. Alors, où sont-ils, ceux qui ne vivent que par les prières, si ce n'est dans un petit coin douillet loin de tout ?
A noter que Miya n'avait pas dit "vous"... Comme si elle avait enfin sorti sa compagne de comptoir du lot.
-
Alors, c’est ça ? Cela amusait particulièrement Miya de mettre en rogne l’émeraude divine ? Oui, oui…Cela se voyait clairement sur son visage, la satisfaction et le sourire qu’elle en tenait. Vraiment, Quetz commençait à la prendre en pitié. Tout ce qu’elle avait pu vivre avait rendu cette jeune femme aussi désagréable qu’une vieille femme aigrie et meurtrie par la vie. Elle n’aime pas perdre la face devant un dieu, et ça, le Serpent à Plumes l’avait clairement compris.
- En effet, il n’y a pas de « nous ». Nous sommes deux personnes complètement différentes. Vous subissez votre immortalité et c’est cela qui vous rend si acariâtre et violente dans vos propos. Durant toute votre vie, votre haine pour celui qui vous a fait ça s’est accumulée, accumulée, sans vraiment sur qui la renvoyait. Enfin, si, pardon. Vous faites payer l’erreur d’un divin sur tous les autres. Quelle grande preuve de maturité vous faites là !
La chanteuse pouvait toujours regarder la déesse avec ses yeux froncés et cet air hautain, mais Quetz n’allait pas se couper la langue pour lui faire plaisir.
- Il n’y a pas de « nous » car, pour ma part, j’essaie d’avancer avec mon passé et de me relever, sans haine et sans rejeter la faute sur tout le monde. Et vous devriez faire de même. Vous n’en seriez que plus légère pour vivre.
Et quand l’ultime question s’échappa des lèvres de la brunette, Quetzalcoatl ne put s’empêcher de croire que cette immortelle semblait ne pas connaître cette autre terre, semblable à la notre…Alors, c’est le visage surpris, qu’elle s’avança vers la chanteuse, à quelques centimètres d’elle, rapprochant également son tabouret pour s’y installer, et scruta son regard. Non, elle ne connaît pas Terra.
- Les dieux sont rares sur Terre, car quasiment plus priés. Il existe une autre Terre, semblable à celle-ci, mais qui semble à des temps reculés à cette planète. Son nom est Terra. C’est d’ailleurs là-bas qu’on y trouve encore l’Olympe. Les dieux les plus puissants s’y abritent. Terra est rempli d’êtres humains ou créatures prêts à croire en eux. Certains sont assez malsains pour profiter de la crédulité de certains peuples, mais pas tous. Pas moi…
Est-ce qu’elle allait croire aux sornettes que la rouquine lui sortait ? Rien n’était moins sûr…
-
Et voilà que la rouquine s'amusait à balancer ce qu'elle croyait être de grandes vérités à propos de Miya. La blague ! La demi déesse n'avait clairement aucun point commune avec Quetzalcoatl, en effet. Mais pire, elle tentait de lui faire croire que Miya devait cesser de trainer son passé comme un boulet. La demi déesse roula des yeux et secoua la tête, entre l'exaspération et la résignation à faire entendre raison à la divinité devant elle.
C'était d'une hypocrisie vomitive. Miya jouait celle qui se fichait de son passé et qui voulait mordre l'avenir à pleine dents. Elle tentait de faire croire que le passé était révolu. Au lieu de cela, Miya continuait à vivre dans son monde... Dans ce passé qu'elle exécrait tant, et duquel elle voulait tant se défaire. Elle n'allait pourtant pas avouer une telle faiblesse de sa part, surtout pas à Quetzalcoatl. Elle n'avait pas de faiblesse de toute façon, au yeux du monde.
Donc elle jouait la même carte que d'habitude, et cherchait à montrer à l'autre combien il ou elle lui était inférieure. "Je suis bien au-dessus de tout ça", disait son regard levé au plafond, avec ce dédain qui la caractérisait tant. Il allait pourtant bien falloir à la demi déesse redescendre sur Terre. Les paroles suivantes de la déesse meso-américaine l’interpelèrent. Terra ?
Finie la comédie. Son regard se fait réellement curieux et inquisiteur. Terra ? L'Olympe ? Mais surtout... Une autre Terre ? Serait-il possible que Ryuga s'y trouve ? Un frisson lui remonte le long de l'échine, et la demi déesse reste tétanisée un court instant.
- Terra... ?
Merde, elle montrait qu'elle perdait un peu les pédales. Et elle manifestait un peu trop son intérêt.
...
Au diable son image arrogante ! Miya se lève, et a l'audace de saisir l'avant bras de Quetzalcoatl, sans animosité.
- Terra ?", répète-elle. "Où est-ce ?"
En cet instant, les divinités lui importent peu. La seule possibilité de retrouver Ryuga, soudain, lui semble importante. On parle toujours de cette personne qui méprise soi disant son passé et qui ne s'enfonce pas dedans au point de s'y noyer, tout à fait. L'intérêt qu'elle porte soudain à ce que lui dit la divinité risque de paraître étrange, évidemment. Mais là encore, tout ceci lui est totalement égal. Miya pourrait presque paraître vraie, en cet instant, alors que dans son regard clair, se mêlent de l'espoir et de la peur.
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Les paroles du Serpent à Plumes n’eurent aucune bonne oreille entendante. Miya se refermait de plus en plus aux dires de la déesse, esquivant même son regard, la dénigrant. Ca commençait à être agaçant, et réellement taper sur les nerfs de la rouquine. La chanteuse roulait des yeux, elle aussi agacée par Quetz.
Puis son regard retomba sur l’émeraude divine, quand celle-ci évoqua Terra. Elle semblait si curieuse, qu’elle retint l’attention de Quetzalcóatl, posant une main sur son bras. Elle souhaitait en savoir plus. Le Serpent à Plumes avait donc raison : elle n’était pas au courant de l’existence de Terra. Bien. Racontons-lui la vérité.
- Et bien, Terra est en fait semblable à notre monde, mais situé dans une dimension parallèle en quelque sorte. Il est possible d’y accéder grâce à des portails situés un peu partout sur notre planète.
Mmh, la brunette semblait assez troublée par cette révélation. Et il y avait de quoi. Cette histoire semblait être tirée par les cheveux, pourtant, tout n’était que vérité. Quetz se fit interrogatrice face aux multiples sentiments qu’exprimait le visage de Miya.
- Pourquoi Terra vous intéresse-t’elle ?
Cela chiffonne la divinité. Est-ce qu’elle cherchait à trouver ce dieu qui lui avait infligé son immortalité et lui avait pourri la vie ? Possible. Après tout, Quetz avait parlé de Terra en évoquant l’Olympe, résidence des dieux. Réclamait-elle vengeance ? Non. Non, c’est sûrement autre chose. La lueur d’espoir dans son regard indiquait qu’il y avait autre chose. Tout comme cette pointe de peur, de terreur de perdre quelque chose, qui l’avait envahie…
- Il est facile pour moi d’y aller, connaissant l’emplacement de certains portails. Mais Terra est très dangereuse pour celui qui ne la connaît pas, ou pas assez…
Quetzalcóatl poussa doucement Miya, la forçant à s’asseoir. Elle attendait des questions de sa part, et l’émeraude divine pensa qu’il était préférable pour la suite, que la brunette soit sur un tabouret, au risque de tomber dénue aux paroles de la rouquine. Quetz rapprocha son tabouret de Miya, lui faisant face, tout en prenant sa main dans les siennes, geste pour la…Réconforter ? Oui, elle semblait en avoir besoin, mais elle risquait de la froisser. Qu’importe. La demoiselle restait figée, et la rouquine attendait patiemment.
- Posez-moi des questions, si vous souhaitez en savoir plus…
-
Le pire, c'est que cette histoire invraisemblable était la chose à laquelle Miya voulait bien croire. Bien plus qu'en l'existence de divinités qui ne correspondaient pas à l'idée qu'elle s'en faisait, c'est pour dire.
L'existence d'un autre plan d'existence était la meilleure explication quant à la disparition de son amant. Parce qu'il était inconcevable qu'il soit mort, à ses yeux. Elle l'aurait su, si c'était le cas. Mais... Oserait-elle braver l'inconnu, pour ce qui n'était peut-être plus qu'une chimère ? L'attention qu'elle avait portée à Quetzalcóatl se détourna quelques instants, feintant un désintérêt soudain... Pourquoi raconterait-elle son histoire à la divine rousse ? Pourquoi s'ouvrirait-elle à la seule personne qui pouvait la rapprocher de celui qu'elle considérait encore comme l'homme de sa vie ? Miya chercha quelque chose pour s'occuper les mains, la tête, n'importe quoi. Mais évidemment, elle ne trouva rien, comme si le destin lui même la poussait à aller vers cette femme.
Les dents serrées, il était clair qu'elle ne mettait aucune bonne volonté dans ce qu'elle allait faire. Ses doigts tapotèrent nerveusement le comptoir un instant, avant qu'elle ne daigne enfin regarder à nouveau la déesse méso-américaine.
- Peut-on... être happé par ce monde ? Y aller sans même s'en rendre compte ?
Miya retira ses mains de l'étreinte confortable de celles de Quetzalcóatl, et croisa les doigts, les tordant nerveusement. Non, elle n'était clairement pas à l'aise avec le principe de se montrer familière et confidente avec une femme qu'elle avait insultée plus tôt. Oh, évidemment, la demi déesse aurait pu décidé de la caresser dans le sens des poils - des plumes, quand ce cas ? - mais ce serait jouer sur un plan dangereux. Il ne fallait pas prendre le risque que la rousse décide de la manipuler, ou de l'ignorer. Elle tapota le bout de ses ongles à un rythme effréné et loin d'être harmonique... Avant de se décider, le regard toujours hypnotisé par un noeud dans le bois du comptoir :
- Il y a... Un homme. Humain. Mortel... Il... Il a disparu, il y a plusieurs mois... Presque deux ans... Et je le cherche. Il n'est nul part.
Elle ne voulait pas que sa voix tremble. Elle ne voulait pas avoir les larmes aux yeux. Elle voulait juste lui présenter les choses de la manière la plus simple, et la plus neutre. Alors pourquoi son coeur lui faisait si mal ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à se contrôler, comme toujours ? Miya n'allait pas se montrer si faible devant la rouquine ?! Elle se leva brusquement.
- Laissez tomber.
Et Miya s'empressa de contourner Quetzalcóatl pour sortir. Et fuir, puisque c'était ce qu'elle savait sans doute faire de mieux.