Il faisait plutôt frais, ce matin. Frissonnant légèrement, Nathéo cheminait sur le trottoir, levant les yeux vers le ciel d'un blanc laiteux. De la fumée s'échappait de sa bouche à chaque expiration, mais il gardait sa démarche sobre et distinguée, les mains dans les poches pour se les réchauffer. Des regards se posaient sur lui, admiratifs, un jeune homme fort séduisant et fort bien vêtu qui ne cherchait pas à attirer l'attention. Quand ses yeux bruns croisaient ceux des passants, il affichait un sourire courtois.
Une jeune femme en jupe longue et rouge déverrouillait la grille qui protégeait la vitrine de sa boutique. Elle portait une chemise surmontée d'un tablier de botaniste. Le détective l'interpella:
"La matinée est plutôt fraîche aujourd'hui, vous ne trouvez pas?"
Elle se retourna, le regarda et sourit gaiement. Il lui rendit son sourire alors qu'elle prit la parole:
"Ah Nathéo-kun! Ça faisait longtemps!"
Elle l'invita à entrer, et comme à son habitude il s'accouda au comptoir. Ils discutèrent un petit moment de tout et de rien, prenant quelques nouvelles sans faire d’indiscrétions. Il la regardait faire pendant qu'elle composait les bouquets, et l'aidait à entretenir les plantes en humant le parfum dans l'air ambiant. Oh, bien sûr, il avait évalué le prix de la femme en tant que marchandise. Elle était mignonne, cheveux mi-longs bruns, avec une voix agréable. Son tour de poitrine n'était pas des plus vendeurs, mais elle aurait sa place en tant que servante ou dame de compagnie. Il ne la solderait pas à n'importe qui, il l'aimait bien.
Il finit par jeter un regard sur la petite horloge à côté de la porte d'entrée. Il allait bientôt être en retard, il ne voyait pas passer le temps. Il s'excusa et s'empressa de partir, mais elle l'appela alors qu'il était sur le seuil:
"Nathéo-kun, tu ne m'achètes pas de fleurs cette fois? J'ai reçu des roses bleues hier soir!"[/b]
Il se stoppa net. Partir, rester, partir, rester? Il tourna la tête et sourit:
"Je repasserai en prendre une en fin d'après-midi. Vous pouvez me composer un bouquet avec des roses et du lila?"
A peine avait-il entendu un bien sûr qu'il quitta la boutique en lui adressant un signe de main, se dirigeant d'un pas empressé vers le lycée de Seikusu. Il n'allait tout de même pas courir, mais il aimait être ponctuel. Arriver en retard à un rendez-vous, même si vous travaillez pour une lycéenne, c'est un cruel manque de sérieux. Et détective était un job très sérieux.
Il était arrivé le premier. Une chance, les gamines n'étaient pas toujours ponctuelles. Il s'adossait au mur et patienta. Nathéo n'avait jamais l'esprit tourmenté et avait l'avantage de ne jamais s'ennuyer. Si un corps restait là à rien faire, cela ne voulait pas dire que les autres ne faisaient rien. Alors que le détective attendait là, le regard vide, il était en train de gérer le budget de Lord Slaver, capturer des nouveaux esclaves, en éduquer d'autres, en vendre d'autres, il prenait son bain, lisait le journal, montait la garde, discutait avec la haute société de Nexus et passait le temps dans un bordel d'Ashnard, tout ça en même temps. Entre autres.
Une jeune fille arriva enfin. Visage et corpulence fine, yeux bleus, poitrine visiblement ferme, une lycéenne standard. Elle n'avait pas l'air surprise de le trouver là, c'était sûrement elle. Il s'approcha en souriant gentiment et lui serra la main, en se présentant:
"Vous devez être mademoiselle Kuzaka, je présume. Je suis Nathéo Penbar, on s'est parlé au téléphone."
Il s'humecta les lèvres et réajusta sa cravate, puis ajouta:
"Avant toute chose, sachez que j'adapte mes tarifs selon le travail, les informations que je déniche et les moyens que j'emploie. Je ne porte aucun jugement, positif ou négatif, et je ne suis pas responsable de ce que mon enquête pourrait engendrer ultérieurement. Discrétion, efficacité et confidentialité sont de mise, et je conserve une trace écrite de chaque affaire."
C'était un speech dont il avait l'habitude, mais il arrivait toujours à énoncer cela de façon totalement naturelle. Nathéo était un homme sérieux et professionnel, point.
"Si mes clauses vous conviennent, alors parlez, je suis tout ouïe."
(H.S: Navré, un peu court peut-être^^)