Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Complexe d'études secondaires et supérieures => Discussion démarrée par: Saïl Ursoë le jeudi 26 août 2010, 15:19:33

Titre: Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le jeudi 26 août 2010, 15:19:33
Nous sommes à Seikusu, vers la fin du mois de mai, et les dernières heures de l’après-midi approchent avant que le soir ne s’annonce, l’astre solaire commençant tout juste à entamer sa lente descente vers l’horizon pour laisser la place à sa sœur lunaire. Plus précisément, il est dix-sept heures, heure bénie pour la population du lycée local, laquelle peut entendre retentir une sonnerie libératrice, annonciatrice de la fin d’une pénible journée de labeur. Tous et toutes peuvent enfin se libérer des salles de classe trop souvent surchauffées en ce printemps qui est déjà presque un été ; et s’égaillant comme les habitants d’une fourmilière pleins d’alacrité, chacun se voit accordé un salutaire répit pour aller vaquer à ses occupations  en attendant un trop studieux lendemain.

Les cours prenant fin à seize heures trente ont libéré toute une marée d’enfants d’âges divers, et en un éclair, avec cette célérité propre aux prisonniers délaissés par leurs geôliers qui peuvent enfin crier à la liberté, les élèves se sont rués vers la sortie, laissant le silence retomber dans les couloirs après le tumulte d’une foule bruyante et exubérante. Les corridors auparavant noirs de monde ne sont désormais plus arpentés que par quelques personnes s’affairant à remplir leurs derniers devoirs avant de s’en aller goûter à un repos bien mérité, et Saïl est de ceux-là.
Explication de sa présence : il se trouve que le professeur de biologie ordinaire ayant été victime de vilains troubles de santé suite à une allergie impromptue, la place a été momentanément laissée vacante. Ainsi donc, notre bon Ursoë n’étant pas homme à laisser passer une occasion de faire profiter les autres de sa science ni de mettre du beurre dans les épinards, il ne manqua pas de présenter sa candidature, qui fut acceptée.
Ainsi donc, le voilà enseignant, et de temps à autre durant la journée, on peut ainsi le voir présent à un endroit où à un autre de l’établissement scolaire, toujours aussi aisément reconnaissable à sa forte stature qui est a contrariori de son allure un peu gauche et de son aspect réservé, le tout enveloppé dans des vêtements qui ne respirent ni luxe, ni élégance particuliers. Chemise de lin blanc, pantalon de coton beige et chaussures marron, sans compter à la main un sac qui tient étrangement plus de la sacoche de médecin que du cartable d’instituteur ; rien en soi que de plutôt banal pour ce grand homme doux aux cheveux bruns désordonnés et aux yeux noisette.

En ce moment même, la démarche relaxée et l’air assez détendu, on peut le voir remonter un couloir peuplé d’à peine quelques élèves fuyards retardataires, prenant la direction de la salle des professeurs. Juste quelques copies à faire pour le prochain cours, et à son tour, il pourra rejoindre son chez-lui pour le reste de la soirée.
En entrant, son regard embrassant distraitement l’espace relativement réduit du local n’aperçut personne, aussi se dirigea-t-il directement vers la photocopieuse, passant d’un pas rapide entre la grande table centrale et la rangée d’armoires laissées à la discrétion du personnel enseignant pour entreposer ses affaires…

« Oh ! »

Coup d’œil salutaire qui, au dernier moment, le fit apercevoir une petite silhouette en position accroupie, occupée à chercher quelque chose dans son casier, et que l’œil distrait de Saïl ne lui avait pas permis d’apercevoir au premier abord. Manquant de la télescoper comme un malpropre, il ne dut son salut qu’à un écart rapide qui tint plus du dérapage incontrôlé que de l’esquive, manquant de s’étaler à terre avant de reprendre précairement son équilibre, une main agrippée à une chaise, une autre brandissant son bagage en une espèce de parodie croquignole de funambule, une jambe brandie maladroitement et l’autre ancrée presque désespérément à terre.

« Excusez moi. Je suis désolé. » Parvint-il à articuler en ne se sentant pas l’audace de regarder le visage de la demoiselle aux cheveux bleus qu’il avait manqué de culbuter.

Ne sachant où se mettre, il se remit en toute hâte dans une posture plus sérieuse, puis exécuta une sorte de salut fantoche d’une inclinaison du buste faite avec une précipitation gênée avant de battre ensuite timidement en retraite en direction de la photocopieuse. Là, il s’empressa de faire ce qu’il était venu faire histoire de se donner une contenance, n’osant pas se retourner de peur d’affronter le regard de la jeune femme et de se rendre encore plus ridicule et inconvenant qu’il ne l’avait déjà été.
La lumière extérieure commençait à se teinter de reflets mordorés, semblant baigner la petite pièce d’intangibles vaguelettes colorées, alors que le silence ambiant ne se trouvait peuplé que par le ronronnement bruyant de la machinerie sur laquelle Saïl s’activait.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le jeudi 26 août 2010, 16:27:54
La journée touchait progressivement à sa fin, ou du moins, la journée de travail. Et encore une ! Sa première semaine dans le lycée de Seikusu s'était déroulée comme du papier à lettre. Quant à la seconde, et bien, disons qu'elle avait eu quelques petits problèmes incongrus mais bon, rien d'insurmontable après tout. Tant que ça s'ébruitait pas, c'était le principal, non ? Elle ne voulait pas non plus perdre son premier poste après seulement deux petites semaines, surtout à cause d'actes qui n'étaient pas vraiment de son fait. M'enfin, n'en parlons plus. Shylee voulait oublier ce qui s'était passé seulement, difficile de perdre la mémoire ou bien d'effacer des souvenirs en un claquement de doigt. Mais le travail aidait à cela.

La dernière sonnerie de la journée venait de retentir. En effet, Shylee, depuis la salle des professeurs, écoutait le bruyant brouhaha des élèves qui se levaient, faisant ainsi grincer leurs chaises sur le sol, qui bavardaient tandis qu'ils rangeaient leurs affaires. Les portes des différentes salles de cours s'ouvrirent, lâchant ainsi les fauves dans la nature, jusqu'au jour suivant. Certains allaient rejoindre leurs pénates, afin de passer un moment en famille avant de faire les devoirs qu'on leur avait donnés. D'autres se rendraient au gymnase, histoire de faire un peu de sport et de bien se fatiguer avant qu'ils n'aillent se coucher. D'autres ne feraient rien de tout cela et préféreraient très certainement des activités ... comment dire ... plus secrètes, dans des recoins bien sombres, ou des endroits très loin de la vue des autres. Enfin, chacun faisait bien ce qu'il voulait non ?

Revenons à nos moutons. Pourquoi Shylee était dans la salle des professeurs ? Déjà, parce qu'elle y était bien mieux que dans sa salle de classe, à son bureau. De deux, parce que les élèves n'avaient pas le droit d'y venir sans une raison bien particulière et que de ce fait, Shylee était bien tranquille pour corriger la fin des copies qu'elle avait. Et de trois ? Bin, la décoration était un peu meilleure que dans sa salle de cours. Ce qui pouvait y avoir en plus ? Elle avait appris que chaque professeur pouvait, s'il le désirait, décorer un pan de mur selon ses envies. Il y avait donc un peu de tout : des affiches de cinéma, des célébrités, des tableaux, des photographies, des dessins d'enfant, des feuilles avec quelques mots inscrits dessus, comme les "perles" des élèves, ces phrases complètement fausses et sorties de leur contexte qui faisaient si bien marrer les profs quand ils corrigeaient la copie. Enfin, y'avait un peu de tout quoi. Les murs n'étaient pas totalement remplis. Il en restait encore trois à quatre de vide. Ils étaient encore nus, mais pour combien de temps ?

Shylee se leva et s'approcha des casiers réservés aux professeurs. Elle dût s'agenouiller du fait que son casier était plus bas que terre. Oui, pas facile de récupérer ses affaires ou bien pour en ranger. Bien évidemment, il avait fallu qu'on lui donne un casier trop bas pour elle mais que pouvait-elle y faire ? Faire des histoires pour un simple casier n'était pas vraiment de son genre. Et puis, aller voir l'administration juste pour cela ... Si jamais elle avait un autre problème, là, à ce moment, elle irait les voir et parlerait de cela mais sinon, elle ferait bien avec. Et puis, après tout, n'était-elle pas jeune et en bonne santé ? Ne pouvait-elle pas se baisser tous les jours, épargnant ainsi cet exercice à des professeurs plus âgés qui pourraient se faire mal ? Hein ? Fallait pas penser qu'à soi non plus !

Enfin, tandis qu'elle était à quatre pattes près de son casier, fouillant même dans ce dernier pour chercher un truc qu'elle pensait avoir mis là, Shylee entendit la porte s'ouvrir, ainsi que des bruits de pas. Elle n'y prêta pas plus attention, du moins, pour le moment. Elle avait perdu ce fichu dossier et ça l'embêtait, à moins qu'elle ne l'avait laissé chez elle. Elle ne savait plus. Ca, c'était les tracas de la vie qui vous faisaient perdre un peu la mémoire. Rien de grave mais bon ... Elle poussa un léger soupir, se disant qu'elle verrait bien quand elle rentrerait chez elle.

Et puis, d'un seul coup, elle entendit un boucan pas possible provenant dans son dos. Quand elle se retourna, elle vit un homme qui avait presque failli se retrouver à terre. Il semblait plutôt grand mais elle ne pouvait pas en être sûre, à cause de sa position. Ses cheveux bruns semblaient être en bataille : était-ce du à la pseudo chute qu'il avait pu éviter de justesse ? Ou bien un style de coiffure propre à lui ? Allez savoir. Aussitôt, il s'excusa. De quoi ? D'avoir failli se retrouver au sol ? C'était pas de sa faute ... Sûrement qu'elle avait dû laisser traîner un de ses pieds, ou un truc dans le genre. Peut-être était-ce elle la cause de ce boucan. Rapidement, il se remit dans une position correcte, enfin, debout, et s'éloigna de Shylee, après l'avoir rapidement salué.

Tandis qu'il était près de la photocopieuse, Shylee referma son casier et se releva, l'air un peu déçue. Elle n'avait pas trouvé ce qu'elle cherchait, tant pis. Peut-être qu'elle l'avait laissée chez elle. Elle jeta un coup d'oeil vers le prof. Il lui semblait nouveau. Deux semaines qu'elle était là et elle ne l'avait encore jamais vu ... Peut-être était-il là depuis longtemps mais qu'ils n'avaient pas encore eu l'occasion de se croiser. Lentement, elle se rapprocha de lui.

"Euh ... J'espère que vous ne vous êtes pas fait mal ... Vous êtes nouveau, non ?" demanda-t-elle en passant du coq à l'âne.


Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le jeudi 26 août 2010, 17:47:38
Plus les secondes s’écoulaient, et plus il semblait au jeune homme qu’il faisait chaud, la faute en revenant non pas à la température ambiante plutôt douce, pas plus qu’à la photocopieuse bruyante et crachotante, mais bien à l’embarras de Saïl qui sentait distinctement le rouge proverbial lui monter aux joues. Un moment, il s’avisa que présenter ses excuses plus distinctement et plus poliment aurait été de meilleur aloi que la piètre prestation qu’il avait offerte, mais il se fit ensuite la réflexion que le faire à retardement n’aurait probablement fait que le rendre plus inconvenant encore, aussi ne broncha-t-il finalement pas, absorbant sa gêne dans la contemplation du mécanisme machinal qu’il avait en face de lui.
Ainsi, ce fut à cause du bruit considérable de cet engin scolaire, mais aussi –il faut bien l’avouer- à cause de sa distraction naturelle, qu’il ne se rendit pas compte que la jeune femme s’était approchée de lui, ne la remarquant qu’au moment où elle prit la parole, manquant de le faire sursauter.

Précipitamment, il se retourna, devant baisser un peu la tête pour se retrouver face à un minois que l’on pouvait facilement qualifier d’angélique avec sa légère rondeur juvénile qui se combinait à une blancheur digne d’une poupée de porcelaine. Autour de cela, à la manière une grande traîne aux allures d’ailes de coloris océans, une masse considérable de cheveux d’un doux bleu s’épanouissait en cascade, faisant ton sur ton avec des yeux d’une teinte turquoise semblant émettre d’eux-mêmes une douce luminescence. En accord avec un si délicat faciès, on pouvait découvrir un gabarit fort menu fait de membres fins et de courbes souples qui ne faisait que renforcer le sentiment d’amabilité que dégageait la demoiselle. De plus, cela était sans compter l’écrin dont cette perle marine azurée s’était enveloppée, fait de vêtements qui alliaient sobriété et élégance en une combinaison du meilleur goût, surtout en comparaison de Saïl dont le sens de la mode avait toujours été à peu près au niveau de celui d’un néanderthalien.

Il est gênant de s’avérer fautif en face de quelqu’un ; il l’est davantage de l’être devant une femme ; et il l’est encore plus de l’être en présence d’une jolie femme. Le sieur Ursoë étant quelqu’un de fondamentalement peu à l’aise en matière de relations sociales, on concevra donc l’embarras qu’il ressentit lorsqu’en faisant volte-face, son visage se retrouva si proche de cette belle donzelle. La faute lui en revenait, car s’il avait pris la peine de l’observer plus attentivement au premier coup d’œil, il aurait pu d’office la trouver ravissante, et ainsi s’éviter le trouble de ne s’en rendre compte qu’au moment même où elle lui adressait la parole. En vérité, elle paraissait aussi redoutable qu’un bouquet de plumes, mais cela n’empêcha pas le biologiste de se sentir des plus humble à la pensée qu’il avait manqué de piétiner une personne d’apparence aussi adorable.
Le temps pour son esprit enchevêtré de reprendre un peu d’air, et il put répondre quelque chose en bafouillant quelque peu d’une manière malheureusement assez disgracieuse :

« Heu, non, non, je vais bien… ne vous inquiétez pas pour moi… »

Arrivé à ce stade, lui-même finit par se rendre compte qu’il frisait le ridicule, et donc, s’efforçant de faire meilleure figure, il s’éclaircit la voix d’un toussotement, se passa machinalement les doigts dans ses cheveux en bataille, et, affichant un sourire un peu crispé, toujours maladroit mais sincère, répondit :

« En quelque sorte : je remplace M. Shizutsu. » Puis, faisant l’effort de poursuivre sur sa lancée, il enchaîna en tendant une de ses grandes mains « Je m’appelle Saïl. A… à qui ai-je l’honneur ? »

A ce moment, avec pour finir un long chuintement prolongé, la photocopieuse régurgita le dernier polycopié que Saïl avait programmé, son vacarme mécanique s’achevant enfin pour laisser un silence nettement plus reposant prendre place dans la salle.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le vendredi 27 août 2010, 10:15:54
Il sembla à Shylee qu'elle avait surpris son interlocuteur. En effet, il semblait décontenancé par son approche ... Peut-être s'était-il attendu à ce qu'elle marmonne quelques mots dans son coin parce qu'elle n'aurait pas trouvé ce qu'elle cherchait ... Peut-être pensait-il qu'elle aurait pris la poudre d'escampette après cet incident, sans demander son reste. Mais Shylee n'était pas du genre à s'enfuir pour un simple incident. Elle le faisait seulement si elle se sentait en danger ou qu'elle avait une trouille pas possible. Or, ce n'était pas le cas. Non, elle se sentait en sécurité, capitonné dans cette salle de prof où peu de personne avait le droit d'en franchir le pas.

Enfin ... Shylee se doutait bien qu'elle avait en face d'elle un professeur. D'une, parce qu'il n'aurait pas pénétré comme ça dans la salle des profs. De deux, parce qu'il était en train de faire des copies d'une autre feuille. Et ce n'était très certainement pas un élève qui viendrait faire ses copies ici, l'accès lui étant interdit. Un membre de l'administration ? Impossible, ils avaient leur propre photocopieuse, alors, pourquoi venir ici. Non, il n'y avait pas de doute. Il était forcément un nouveau prof, d'où le fait qu'elle ne l'avait jamais vu. Etait-ce son premier jour ? Etait-il la veille mais elle n'avait pas eu l'occasion de le croiser ? Plusieurs questions trottaient dans la tête de Shy, mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait les lui poser. Non, elle préférait laisser faire et qui sait, sans le vouloir, il répondrait peut-être à des questions qu'elle se posait.

Finalement, lorsqu'elle prit la parole, son interlocuteur se retourna, baissant la tête par la même occasion. Car oui, il faisait bien au moins une tête de plus qu'elle, si ce n'était plus. Shylee sentait que ses petits yeux noisettes l'observaient mais bon, quoi de plus normal. Après tout, elle faisait de même. Elle voulait essayer de se faire une idée sur sa personne, sur le comment du pourquoi de sa présence ici, quelle matière il pouvait enseigner. Des questions qui, tôt ou tard, trouveraient une réponse. Finalement, il prit la parole, lui répondant qu'il allait bien et qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour lui. Bin si, elle s'était quand même inquiétée. Imaginez-vous s'il était réellement tombé ! Il aurait pu se faire mal, se cogner contre le pied d'une chaise, avoir une vertèbre déplacée ... Que des trucs pas cools quoi. Mais elle était contente d'apprendre que tout allait bien pour lui.

Après s'être passé les doigts dans les cheveux, il lui annonça qu'il remplaçait M. Shizutsu ... Oh ... Fort bien mais il était prof de quoi ? Cela ne faisait que deux semaines qu'elle était là et elle ne connaissait pas encore tous ses collègues. Il lui tendit alors la main, afin de la saluer, et lui annonça qu'il s'appelait Saïl.

"Shylee Tsumo, professeur de mathématiques." répondit-elle en lui serrant la main avec un sourire.

Elle avait eu l'occasion de croiser d'autres professeurs mais jusqu'à présent, elle n'avait pas vraiment pris le temps de sympathiser avec eux. Un manque flagrant de temps, pour les uns comme pour les autres mais qu'y pouvait-elle ? Les emplois du temps n'étaient pas fabriqués sur mesure pour chaque d'entre eux. Certains en avaient des biens, et d'autres pas. La photocopieuse cessa son boucan d'enfer. Les copies étaient terminées, du moins, pour l'instant. Possible que Saïl ait d'autres copies à faire.

"Je ne connaissais pas M. Shizutsu. Cela fait à peine deux semaines que je suis ici. Quelle matière enseignez-vous ?"

Non pas qu'elle était curieuse mais elle avait envie d'en savoir un peu plus sur lui.

Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le vendredi 27 août 2010, 12:31:06
Il est bien connu que la bonne humeur est souvent communicative, aussi fut-ce bien logiquement que face au sourire de la dénommée Shylee, celui de Saïl se retrouva tout de suite plus détendu tandis qu’ils se serraient la main, celle de la jolie demoiselle disparaissant presque entièrement au creux de celle de son interlocuteur. Non pas que ce dernier fût particulièrement colossal, mais le fait était qu’il avait de grandes pognes, et la demoiselle étant facilement plus menue que lui, il n’était pas étonnant que la différence fût aussi marquée. Fraîche, soignée et douce, la menotte de la jeune femme aux cheveux bleus contribua encore à le mettre à l’aise, et l’on pourrait presque dire que ce fut à regret que le grand garçon la laissa partir, s’occupant ensuite de ranger les copies qu’il venait de faire sans pour autant détourner son attention de sa collègue qui n’avait manifestement pas l’intention de laisser là la conversation.

Habituée à ces gestes, ce fut presque d’elle-même qu’une de ses paluches se saisit de la liasse de feuilles, angoisse à venir de bien des élèves, tandis que l’autre sortait de sa sacoche une chemise dans laquelle les contrôles disparurent vite fait bien fait. Pendant ce temps, la donzelle avouait n’être elle-même pas beaucoup plus expérimentée en matière de professorat à Seikusu puisqu’elle ne faisait partie du personnel que depuis une quinzaine de jours.
Non pas qu’il se fût figuré qu’il avait en face de lui une véritable professionnelle de longue date qui n’aurait pas manqué de repérer chez lui jusqu’à la moindre incartade, mais il s’avéra tout de même que savoir qu’ils étaient à peu près au même niveau contribua encore à retirer un peu du malaise qu’il avait ressenti jusqu’ici.

« La biologie. » Répondit-il avec quelque chose dans la voix et le regard qui semblait indiquer qu’il ne s’agissait pas là d’une simple occupation professionnelle, mais bien d’une vocation. « J’avoue qu’au départ, je savais pas trop comment je m’en sortirais, mais en fin de compte, je suis pas déçu. Bien sûr, ils sont pas toujours très concentrés, mais la plupart du temps, ça les intéresse vraiment. Ça fait plaisir à voir. »

De fait, certains élèves avaient été quelque peu surpris de voir arriver Saïl en lieu et place de M. Shiztsu, un quinquagénaire grisonnant bien peu entraînant dont la fonction consistait principalement à ânonner son cours sans réel dynamisme, de quoi résultait des séjours en classe peu motivants dont même les plus assidus n’étaient pas fâchés de sortir. Par contraste, M. Ursoë était animé d’une passion sincère et profonde, et n’épargnait ni son expérience, ni son énergie pour la partager, si motivé qu’il en oubliait même d’être timide, ce à quoi bien des étudiants étaient réceptifs, donnant ainsi une atmosphère à la fois studieuse et animée.
Bien sûr, il aurait été exagéré de dire que tout se déroulait comme un charme, la bonne ambiance n’excluant évidemment pas les incidents de cours, les bavardages de classe et les sourdes oreilles ; mais dans l’ensemble, pour quelqu’un qui débutait encore tout juste en matière d’enseignement, le docteur s’en sortait avec les honneurs.

Mais pour en revenir à la situation présente, il ne se rendit compte qu’après coup qu’il s’était quelque peu laissé entraîner, et avait donné un avis qui ne lui avait même pas été demandé. De là, notre bonhomme rougit un peu, mais heureusement, ne fut pas pris d’une telle confusion qu’il en aurait perdu l’usage de la parole, ce qui avait hélas tendance à lui arriver un peu trop souvent. Au lieu de cela, une expression de léger embarras peinte sur les traits, il se reprit humblement :

« Hum, excusez moi, je me suis un peu laissé entraîner. » Fit-il avec un mince sourire gêné. « Et vous, comment ça se passe de votre côté ? »
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le vendredi 27 août 2010, 15:01:38
Le calme plat ...

Shylee s'amusait à tendre l'oreille, histoire de voir s'il y avait encore âme qui vive dans les parages. Bien évidemment, elle n'avait pas une ouïe surdéveloppée mais les murs n'étaient pas non plus très épais. Du moins, pendant certains de ses cours, elle entendait souvent le prof d'à côté. Ce dernier avait un voix plus que rauque et il était assez bruyant. Un prof d'histoire, à ce qu'elle avait cru entendre ... Du moins, elle essayait de se concentrer plus sur le cours qu'elle donnait elle que celui de son collègue ... Mais la concentration était parfois difficile à cause de cette voix rauque. Une ou deux fois, elle s'était même arrêtée en pleine discussion, provoquant quelques murmures de la part de ses élèves qui se demandaient le pourquoi du comment de cette interruption. Et difficile de reprendre là où on s'en était arrêté ensuite !

Enfin bref. Tout ça pour dire quoi ? La miss écoutait les bruits environnants mais rien. La photocopieuse s'était tue, il n'y avait donc plus aucun bruit. Même pas un bruit de pas dans les couloirs. Les élèves avaient, très certainement, tous quitté les lieux sans en demander plus, sans chercher à voir un prof si jamais ils n'avaient pas compris tel ou tel exercice. Tant qu'ils étaient loin du bahut, ils étaient contents. Quant aux profs ... Et bin, soit ils avaient tous pris avant leurs affaires des leurs casiers avant de partir, soit ils n'en avaient pas besoin. Ou bien même encore, ils passeraient un peu plus tard. Enfin bref.

Après leur serrage de mains, Saïl rangea ses copies dans une chemise qui finit bien vite dans sa saccoche. A sa question, il répondit qu'il enseignait la biologie. Son mouton noir lorsqu'elle était à l'école. Y'avait certaines parties de la matière qu'elle aimait beaucoup, comme la diversité, l'évolution et d'autres sujets de ce genre. Mais l'anatomie n'avait jamais été son fort, du fait qu'il fallait souvent disséquer de pauvres petites bêtes ... Du moins, Shylee avait eu un prof plus que rétro et il aimait beaucoup la dissection. Et ses pauvres élèves étaient donc obligés d'en passer par là .. Et puis ... ses cours étaient, comment dire ... horribles ... Enfin, tout ça, c'était du passé.

"J'dois vous avouer quelque chose. La biologie et moi, on n'était pas très copines. Il fallait dire que je n'avais pas vraiment le prof pour ..."

Sans détour, Saïl lui annonça qu'il avait eu peur au départ, du moins, qu'il ne savait pas si tout fonctionnerait comme il le souhaitait. Mais rapidement, il ajouta qu'il n'était pas déçu, bien au contraire. Il n'hésita pas à dire que ses élèves n'étaient pas toujours concentrés mais bon ... Comme pour toutes les matières quoi. Certains écoutaient sagement, et d'autres pas. Saïl s'excusa, lui disant qu'il s'était un peu laissé emporter par la passion de son métier et lui demanda, un un léger sourire, si tout ce passait bien pour elle.

"Et bien ... Malgré quelques bavardages de temps à autre, ils sont agréables je dois dire. Un point plus attentif, ce ne serait pas du luxe mais bon."

Difficile de trouver des points attrayants dans l'enseignement des maths. Certes, c'était une matière importante du fait qu'on se servait des mathématiques dans la vie de tous les jours mais bon ... Certains ne pensaient pas à cela.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le vendredi 27 août 2010, 16:14:40
Si la biologie n’était pas la tasse de thé de Shylee, Saïl en revanche, avait toujours nourri un intérêt primordial pour cette science qu’il tenait comme étant parmi les plus importantes et les plus enrichissantes. Comprendre le fonctionnement de tout être vivant, et cela potentiellement jusque dans ses moindres détails, voilà qui relevait du rêve, un rêve pourtant de plus en plus accessible au fur et à mesure que les progrès techniques venaient soutenir l’inventivité humaine ! Être même capable se soutenir, altérer, améliorer la vie par de subtiles et habiles manipulations, c’était pour tout savant une véritable activité de démiurge, dont l’exercice n’aurait su être à quelconque autre domaine pareil !

Mais soit, puisque son interlocutrice était nettement moins enthousiaste sur le sujet, il s’efforcerait de garder les pieds sur terre et de ne pas se laisser emporter par sa passion comme cela lui arrivait parfois. En parlant de cela, la demoiselle enseignante ne semblait de son côté pas plus motivée que cela par son travail si l’on en jugeait par l’appréciation soutenue, presque tiède, qu’elle fit de l’ambiance à laquelle elle avait droit durant ses cours. Il aurait pu lui en faire la remarque, mais qu’il ne fût pas très à l’aise en société ne voulait pas dire qu’il fût un gougnafier, aussi répondit-il philosophiquement avec un haussement d’épaules bonhomme :

«  Hé bien on ne peut pas tout avoir ! Après tout, on fait « le plus beau métier du monde », alors on peut dire que c’est déjà pas mal ! »

Hormis le bruit de leur conversation, les locaux scolaires étaient désormais complètement silencieux, l’imposant lycée se voyant ainsi accordé le droit de prendre quelques heures de repos nocturne salutaire avant que des hordes de personnes ne vinssent à nouveau troubler sa tranquillité aux premières heures du jour. Au diapason de cette quiétude sonore, la luminosité ambiante se faisait de plus en plus douce, le soleil se laissant tranquillement choir à l’horizon de Seikusu pour parer de pourpre et de rose les cieux en un salut final avant de tirer momentanément sa révérence à la ville.
N’étant pas homme a déprécier les beautés que pouvaient recéler les phénomènes naturels, Saïl observa un instant de mutisme en embrassant du regard les derniers flamboiements de l’astre apollonien dont les éclats colorés paraissaient irradier les quelques nuages d’une invraisemblable luminescence, les faisant ressembler à l’œuvre grandiose de quelque colossal artiste. Passant par les vitres des fenêtres du local professoral, l’éclairage astral insufflait ses rayons à la pièce désormais plongée dans la pénombre, venant parer l’entièreté de la petite salle d’un aspect nouveau. Shylee elle-même, avec sa peau de nacre, ses cheveux aquariens et ses yeux opalins, s’assimilait sous ce jour à une fantastique créature corallienne, ourlée ça et là de profonds reflets fugaces tels des voiles d’une inédite matière transparente.

Pris au dépourvu par le spectacle soudain, le jeune homme se laissa aller à admirer la véritable pièce artistique en laquelle la demoiselle s’était involontairement métamorphosée, ne réalisant qu’au bout d’un moment qu’il était en train de la fixer d’une manière probablement désagréablement insistante. Se redressant alors subitement, il rompit quelque peu gauchement le silence en faisant remarquer :

« Il se fait tard… » Puis, ne voulant pas passer pour un chameau, il ajouta : « … si vous n’avez rien d’autre à faire, ça vous irait qu’on fasse un bout de chemin ensemble ? »
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le vendredi 27 août 2010, 17:28:22
La luminosité tendait à baisser, petit à petit. Pourtant, il n'était pas très tard. Cela faisait peut-être une dizaine de minutes que les deux professeurs discutaient. Il n'était donc pas encore 17 heures. Peut-être qu'un nuage passait devant l'astre solaire, d'où une faible luminosité durant quelques instants. Car seulement quelques secondes après, le soleil semblait briller de ses mille feux, malgré le fait qu'il allait bientôt amorcer sa descente du ciel. Il irait, ainsi, se cacher derrière les plus hautes montagnes et disparaîtrait finalement, laissant la place à l'astre lunaire, ainsi qu'à la nuit étoilée ... Enfin, pour cela, il ne fallait pas que des nuages pointent le bout de son nez. Parce que dans ces cas-là, il serait bien plus difficile de regarder les étoiles.

Shylee aimait beaucoup les étoiles. A dire vrai, souvent, quand elle était petite, elle se couchait sur l'herbe légèrement humide du fait de la rosée du soir, et elle attendait que les premières étoiles apparaissent. Son père lui avait souvent dressé la carte des astres et quand il n'était pas là, elle honorait leur petit passe-temps. Parfois, certains soirs où elle savait qu'il allait rentrer, mais tard, Shylee l'attendait dans l'herbe, regardant les étoiles, et elle s'endormait du fait qu'il était vraiment tard. Enfin, tout cela était vraiment loin derrière elle puisque cela faisait un moment qu'elle n'avait pas pris réellement de regarder les étoiles. Peut-être qu'elle le ferait ce soir ... Si jamais elle n'avait rien à faire. Enfin ...

Le plus beau métier du monde ... Il était vrai qu'être professeur n'était pas si mal en soit. C'était même génial, enfin, ne nous emportons pas non plus ! Pourquoi penser cela ? Shylee se disait que, de cette manière, elle apportait une pierre à l'édifice de la société. Comment cela ? Il était fort plaisant d'enseigner à des jeunes la matière qu'on aimait. Bien évidemment, certains n'écoutaient pas, d'autres s'en fichaient totalement. Mais il restait toujours une partie des élèves qui étaient contents d'apprendre. C'était même, d'une certaine manière, une richesse intérieure. Ou du moins, c'était ce qu'elle pensait. C'était son avis et elle s'y tiendrait. Il était vrai que si on parlait purement avantage, les vacances étaient nombreuses aussi. Mais Shylee était décidée à occuper ses vacances d'une manière ... comment dire ... peu habituelle. En effet, et quand elle aurait le temps d'en parler au directeur, elle avait envie d'instaurer des sortes de rattrapage, histoire d'aider ceux qui étaient en difficulté. De cette manière, en les prenant par petits groupes hors période scolaire, elle pourrait se concentrer sur les points que les élèves avaient le plus de mal à maîtriser. Parce qu'il était vrai que pendant les cours, avec des classes de plus de trente élèves parfois, il était difficile de savoir qui avait des problèmes pour comprendre, et qui n'en avait pas. On divague je crois là, non ?

"Oui, pourquoi pas ? Mieux vaut être accompagnée que seule !"

On ne sait jamais sur qui on peut tomber ! On peut malheureusement faire de mauvaises rencontres !

"Juste le temps de récupérer mes affaires."

Shylee retourna près de la table où elle avait laissé son sac avant de fouiner dans son casier. Et puis, elle s'approcha de la porte. Elle en saisit alors la poignée et la tourna mais bizarrement, rien ne se passa.

"Tiens ... C'est étrange ..."

Il lui sembla que la porte était coincée ... Bizarre, puisque Saïl n'avait pas eu le moindre souci pour rentrer dans la salle des professeurs. Elle tenta une nouvelle fois d'ouvrir la porte, mais toujours rien. Alors, elle y mit les deux mains mais elle ne voulait pas non plus tout casser ... Quoi que, elle aurait eu du mal.

"Mais qu'est-ce qu'elle a cette fichue porte !"

Manquait plus que la poignée lui reste dans les mains !
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le vendredi 27 août 2010, 19:00:51
Bien qu’ingénu et étourdi sous plus d’un aspect, Saïl n’en était pas pour autant absolument innocent, aussi était-il conscient que sa proposition de raccompagner sa consoeur aurait facilement pu passer pour une tentative de séduction, quand bien même tel n’était nullement le cas. Heureusement, la délicate personne ne le prit pas de cette manière puisqu’elle accepta avec enthousiasme, s’affairant ensuite à rassembler ses effets tandis que lui-même refaisait les attaches de son bagage, emboîtant ensuite le pas à Shylee qui se disposait à ouvrir la porte… projet malheureusement contrarié puisque, de l’aveu de la demoiselle, rien n’y faisait malgré ses efforts répétés.

« Laissez-moi voir… » Fit-il avec perplexité en se saisissant de la poignée.

Non pas qu’il se prît pour un homme d’action, mais le fait était que dans des situations de ce genre, vouloir tenter sa chance même lorsque les probabilités de réussites sont nulles est un phénomène commun. Ainsi, empoignant le mécanisme à une main, puis posant sa sacoche pour y mettre la deuxième, il appuya, tira, agita avec insistance dans l’espoir que ce satané panneau de bois s’ouvrît.

Connaissez-vous le principe de la loi de Murphy ? Cette maxime étonnamment clairvoyante s’énonce de la façon suivante : « S'il y a plus d'une façon de faire quelque chose, et que l'une d'elles conduit à un désastre, il y aura alors quelqu'un pour s'y prendre de cette façon. ». Cette loi s’illustre dans la vie courante par des phrases telles que « Ne regarde pas en bas ! » ou « Ne parle pas de malheur ! », lesquelles reflètent bien la crainte que la simple énonciation d’un dénouement défavorable attire d’infortunés évènements.
En l’occurrence, le jeune homme, qui ne connaissait pas sa force, s’acharna si bien à essayer de débloquer l’outillage serrurier grinçant et couinant qu’au bout du compte, sous l’effet d’une secousse finale, la clanche fut tout bonnement arrachée de sa position d’origine, finissant dans la prise d’un Saïl déconfit. Celui-ci, le visage décomposé, observa un instant le fruit de ses efforts avant que deux mots ne lui échappassent :

« Oh, misère. »

A la suite de quoi, son regard allant de la porte narquoise à la poignée désormais résolument hors d’usage, il poussa un profond soupir de désarroi et laissa choir sur la table le bout de métal qui heurta le bois avec un «*Thuk* mat. Se sentant bien sot, il prit quelques secondes pour réfléchir à d’autres possibilités pour les faire tous les deux sortir, avant de s’avouer vaincu : au deuxième étage du lycée, sans téléphone et avec aucune autre issue hormis les fenêtres à une bonne demi-douzaine de mètres du sol, il ne faisait guère de doute qu’il ne restait à prendre qu’un seul parti auquel il s’employa :

« Il y a quelqu’un ?! Nous sommes coincés ! » S’écria-t-il à travers la surface rectangulaire qui leur bloquait la sortie, tambourinant en sus trois ou quatre fois pour faire bonne mesure.

Hélas, dans l’immédiat, nul ne répondit, et étant donné l’heure et ce qu’ils avaient pu constater jusqu’ici, il était fort probable qu’il n’y eût personne pour les sortir de leur fort problématique situation avant le jour prochain. Conscient du caractère plutôt pénible de leur situation, ainsi que de ce que lui-même avait de fautif dans l’affaire, il se tourna vers Shylee et, se mordant la lèvre de gêne, les yeux baissés en signe de repentir, il s’exprima d’un ton empli de contrition :

« Je suis désolé. »

Certes, leur problème n’était en soi pas si considérable que ça puisque de toute évidence, dès le lendemain, aux premières heures du jour, ils seraient sortis d’affaire, mais cela n’empêchait que Saïl, facilement enclin à se montrer penaud et confit d’embarras à la moindre bourde, se sentait coupablement stupide, quand bien même il n’était a priori en rien responsable du disfonctionnement de la porte. Il était ainsi : aimable, doux, prévenant, et parfois à un tel point qu’il se prenait à endosser la responsabilité de soucis qui n’étaient même pas de son fait, comme dans le cas présent où son attitude laissait entendre qu’il se serait facilement attendu à être sévèrement tancé par la jeune femme.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le samedi 28 août 2010, 12:09:42
Rien à n'y faire. Ni elle, ni Saïl n'avaient réussi à ouvrir la porte. Même pire encore, ce que redoutait Shylee se produisit. Quoi donc ? A force de tirer dessus, et bien, la poignée lui resta entre les mains. Hé bien, les voilà bien avancés et dans de beaux draps ! Aucun moyen de sortir. Ce n'était pas la peine de penser "s'évader" par la fenêtre, c'était bien trop haut et ils risquaient de se faire mal si jamais ils tombaient ou s'ils ne se réceptionnaient pas correctement. Et pas la peine non plus d'essayer d'enfoncer la porte, ils se feraient plus mal qu'autre chose. Dommage que ni l'un, ni l'autre ne connassait les petits trucs de serrurier qui leur aurait bien servi. Et dire qu'il fallait que cela se produise alors que le bahut était sur le point de fermer ses portes pour la soirée ... C'était bien dommage, mais fort heureusement, on n'était pas un vendredi sinon, ils auraient eu à passer tous le week-end enfermés dans cette pièce !

"Vous n'avez pas à vous excuser. Ca devait être de la camelotte, tout simplement."

Il était vrai qu'il lui avait semblé que la poignée avait un peu de mou ... Mais de là à ce qu'elle leur claque dans les doigts ... Enfin, le mal était fait, si on peut parler de mal. Il fallait voir le bon côté des choses, si jamais il y en avait un. Ils auraient le temps de corriger des copies, s'ils en avaient, et ils pourraient aussi discuter et faire plus ample connaissance. Shylee poussa un léger soupir. Elle était contente de ne pas être restée coincée dans un ascenseur. Cela lui était arrivée une fois et depuis, elle avait une peur bleue des boîtes de conserve. Comme quoi, la technologie, c'est bien, mais du moment où elle vous lâche, vous voyez le monde sous un nouvel angle.

"Avec un peu de chance, le gardien n'a pas encore fini sa ronde ... Peut-être qu'il passera dans le coin et qu'il pourra nous aider."

Ah, ce bon gardien. Il a toujours le bon rôle lui ! Le problème était de savoir comment il faisait sa ronde, ou du moins, dans quel sens. Commençait-il par le bas pour aller vers le haut ? Ou était-ce le contraire ? Il ne fallait pas non plus oublier les heures de colle. Peut-être qu'un ou des malheureux élèves avaient été collés suite à mauvaise conduite. De ce fait, peut-être y avait-il encore âme qui vive dans le lycée. Peut-être n'étaient-ils pas si seuls que cela. M'enfin, cela restait encore à déprouver.

Shylee prit une chaise et alla s'asseoir, poussant un nouveau soupir. Cela faisait déjà un moment qu'elle était dans la salle des professeurs et de ce fait, elle n'avait pas grand chose à faire. Ses copies étaient corrigées, et elle ne comptait pas mettre une interro tout de suite. Ce serait un peu vache ... Donc, dans l'immédiat, elle n'avait vraiment rien à faire.

"Si je puis me permettre, que faisiez-vous avant de venir ici ?"

Peut-être était-ce indiscret et elle comprenait alors qu'il ne veuille répondre. Mais s'ils ne discutaient pas, l'attente risquait d'être ennuyeuse.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le dimanche 29 août 2010, 03:12:35
Au grand soulagement de Saïl, au lieu du couperet de la fustigation, ce fut le plumeau de la grâce qui le toucha par le biais des paroles de la jeune enseignante, celle-ci lui laissant le bénéfice du doute quant à sa culpabilité en arguant la mauvaise qualité de la porte. Possible, mais cela n’empêchait qu’il se sentait bien sot, n’eusse été que pour la brusquerie et le manque de finesse dont il avait fait preuve en se jetant si étourdiment sur cette poignée plutôt que de s’arrêter en voyant que cela ne menait à rien.
Mais bref, le sort en était jeté désormais, alors autant faire en sorte de prendre le meilleur parti possible d’une situation pareille, ce que Shylee semblait bien disposée à faire en attendant d’éventuels secours dans le calme, prenant place à une des chaises de la salle en mentionnant la possibilité que le concierge pût passer et leur sauver la mise.

« Espérons-le… » Concéda-t-il sans mauvaise foi bien que d’un ton ourlé de quelque chose d’encore un tantinet morose.

Cela dit, le contexte n’avait rien de bien éprouvant, au contraire : le confort ne laissait pas tant que ça à désirer, les distributeurs leur fourniraient largement de quoi combler un éventuel creux, et en matière de compagnie, le scientifique aurait nettement plus mal tomber qu’avec la douce et aimable collègue qu’il avait avec lui. Faisant donc contre mauvaise fortune bon cœur, il prit lui-même place autour de la table, se positionnant en face de la demoiselle aux cheveux bleus qui paraissait aussi désoeuvrée qu’il l’était.
Et sans doute eût-il mieux valu qu’elle le fût moins, car cela lui donna l’inspiration de relancer la conversation en posant une question certes tout à fait innocente, mais qui touchait du doigt un aspect bien problématique de l’existence de Saïl. Celui-ci était peut-être d’une honnêteté des plus honorable, mais cela ne l’empêchait pas de se rendre bien compte que servir à sa consoeur l’exacte histoire des faits de son passé l’aurait à coup sûr fait passer au mieux pour un plaisantin affabulateur, au pire pour un détraqué.

Ainsi le piètre menteur qu’était le bonhomme Ursoë arbora-t-il un instant l’expression de quelqu’un qui vient d’avaler de travers devant cette question inopinée, avant de se reprendre et de faire de son mieux pour se donner l’allure de quelqu’un relatant ses expériences avec tout le détachement inhérent à une discussion de tous les jours. Ses méninges turbinant à toute allure malgré le début de panique qui le saisissait, il finit par répondre de manière pas trop tendue bien qu’avec un temps de réponse quelque peu suspect pour quelqu’un qui n’avait supposément rien à cacher :

« Je… j’étais biologiste. Je faisais des travaux sur le terrain, pas très loin d’ici. » Après tout, techniquement parlant, ce n’était pas aussi loin de la réalité qu’une autre version des faits aurait pu l’être, aussi enchaîna-t-il selon le même parti « De retour à Seikusu, j’ai eu des… désaccords avec mes collègues. J’ai pas trop su quoi faire sur le coup, puis j’ai entendu dire qu’on cherchait un professeur remplaçant en biologie au lycée. Je me suis présenté, et voilà. »

Toujours sous le coup de la tension que l’arrivée impromptue de ce sujet délicat avait suscitée chez lui, la nervosité de Saïl reprit un coup lorsque son récit fit place un silence plutôt pesant mais bien logique. Se rendant compte qu’il faudrait donner le change pour ne pas sembler plus louche encore qu’il ne devait en avoir l’air, il relança la conversation en tâchant de se montrer aussi naturel que possible :

« Et vous, d’où est-ce que vous venez ? » Puis, ne voulant pas simplement lui renvoyer bêtement sa question, il crut bon d’ajouter « J’avoue que lorsque je vous ai vue, je me serais pas douté que vous étiez enseignante. » Un très court instant passa, puis le teint du jeune homme se colora à nouveau de l’incarnat de l’embarras alors qu’il se reprenait en bafouillant « Enfin, heu, je voulais pas dire que vous aviez l’air incompétente. C’est juste que quelqu’un de jeune et belle comme vous… »

Ce fut à cet instant qu’il se rendit compte que le ridicule de ses propos devait avoir atteint son summum, et, comme surpris de l’ampleur de sa propre maladresse verbale, il resta interdit un moment, la bouche pincée sous la confusion. Puis avec un petit rire gêné sortant d’un sourire grimaçant, il se passa une main sur le visage, beau perdant devant ce que ses aptitudes sociales pouvaient avoir de consternant.

« Excusez moi, je deviens facilement nerveux… » Ayant fini par avoir l’habitude de ce genre de bourdes de sa part, il poursuivit dans la même veine d’autodérision « A ce rythme là, il vaudrait sans doute mieux que je saute tout de suite par la fenêtre. »
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le dimanche 29 août 2010, 15:05:43
Saïl ne mit que très peu de temps à rejoindre Shylee. Il s'était assis à en face d'elle. La jeune professeur attendait une réponse de son interlocuteur, du moins, s'il en avait envie. Après tout, c'était peut-être trop personnel. Voire même, comme il était biologiste, peut-être l'avait-on appelé sur des recherches d'une haute importance, et de ce fait, classées secret défense. Shylee tenta d'imaginer ce que cela pouvait faire de travailler pour le gouvernement. Elle pensa tout de suite que cela devait être, comment dire ... difficile. Pour sûr, il fallait savoir jongler le travail et la vie sentimentale, voire familiale. Mentir, toujours et encore, sur le travail qu'on pouvait faire ... Une vie pas si simple que tout cela. Mais la jeune femme extrapolait. Après tout, Saïl ne lui avait pas encore dire ce qu'il faisait par le passé, et encore moins qu'il était un biologiste travaillant pour le gouvernement. Alors, hein, pas de quoi s'affoler.

Son histoire semblait banale. Son interlocuteur semblait toujours avoir travaillé dans la région de Seikusu, allant ici et là pour faire quelques travaux. Il ne précisa d'ailleurs pas la nature de ses derniers mais sans aucun doute que cela avait un rapport avec le biologie. Quant à sa venue ici, c'était un peu comme Shylee, mais elle lui préciserait dès qu'il le demanderait.

"Je suis née à Toba, près de la côte. Et j'suis restée jusqu'à la fin de mes études. On m'a proposé un poste ici et j'ai accepté."

Ses joues avaient légèrement rosie, en réaction des paroles de Saïl. Il était vrai qu'elle n'avait pas vraiment le physique d'une enseignante. Elle n'était pas bien grande, mais bon, la taille n'importait pas vraiment dans son métier. Ses joues pouvaient rosir facilement, surtout quand elle était embarrassée, voire gênée. Elle avait aussi le visage d'une poupée en porcelaine japonaise. Tout cela combiné avec ses cheveux longs d'une couleur inhabituelle, il était vrai qu'elle pouvait passer facilement pour une élève. Mais bon, cela ne la gênait pas outre mesure.

Petit fait anodin : cela lui était arrivée le jour de son arrivée. Un vieux professeur était dans la salle des professeurs, préparant des copies, une tasse de café bien fumante sur une des tables. Lorsqu'il avait vu Shylee entrer dans la pièce, il avait été plus que surpris, lui disant qu'une élève n'avait rien à faire ici. Shylee aurait pu être vexée mais non. D'un air calme et détendu, elle lui expliqua la situation. La gêne fut alors inversée et ce fut le vieux professeur qui ne savait plus où se mettre. Pour sûr, il était terriblement embarrassé de l'avoir prise pour quelqu'un d'autre mais bon. C'était comme ça. Shylee se doutait que cela lui arriverait encore quelques fois. Enfin, passons.

Saïl tenta de se justifier et ses arguments firent que Shylee se mit à rougir de plus en plus. Encore quelques compliments de ce genre et elle aurait les joues complètement en feu ! Mais bon, il disait la vérité, tout simplement. Il était vrai qu'elle était plutôt jeune et cela pouvait paraître handicapant, surtout face à des élèves qui pouvaient faire bien plus vieux qu'elle. Et puis, on lui avait souvent dit qu'elle n'était pas désagréable à regarder. Donc voilà quoi ...

"Ah non, ne sautez pas ! Vous pourriez vous faire mal ... Et puis, pensez aux grises mines que feraient vos élèves."

Elle marqua une petite pause. Shylee se doutait qu'il avait dit cela sans arrière pensée, juste pour plaisanter, mais bon.

"Et puis, qui me tiendrait compagnie si vous partez ?" demanda-t-elle en penchant très légèrement la tête.

Shylee devait avoir un visage encore plus enfantin mais bon ... C'était fait pour !

"Ne pensez pas que c'est de la curiosité mal placée mais ..."

Shylee fut stoppée dans sa phrase. Il lui avait cru entendre quelque chose à l'extérieur, ou du moins, dans le couloir.

"Vous avez entendu ?" demanda-t-elle en changement complètement de sujet.

Peut-être qu'on venait les délivrer ... Ou peut-être avait-elle simplement rêvé.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le dimanche 29 août 2010, 17:59:11
Dans l’embarras de Saïl qui ne savait plus vraiment où se mettre, il y avait au moins comme consolation que Shylee semblait le partager ; ou tout du moins, c’était ce que le jeune homme se disait, loin de se douter que ses compliments plus ou moins volontaires pussent avoir de l’effet sur la charmante personne qu’il avait en face de lui. Cependant, la situation était clairement moins tendue qu’elle aurait pu l’être, car si lui était bien conscient de sa maladresse et désireux d’en faire amende honorable, elle ne paraissait pas moins intimidée, leur visage à tous les deux ayant par conséquent revêtu le fard d’une honnête timidité.
Voilà qui aurait pu donner un autre moment de silence possiblement bien pénible, mais heureusement, calquant son ton sur celui plaisantin de son voisin de table, la demoiselle ne manqua pas de lui donner la réplique selon le même registre, ce au quoi il fut sensible, troquant sa grimace contre un demi-sourire obligé. Effectivement, si elle le disait, il pouvait bien survivre aux infâmants coups de la honte et avoir le courage de vivre au moins un jour de plus pour le bien de ses étudiants !
Qui plus était, en ce qui avait concerné son passé, sa prestation de comédien, bien que médiocre, avait apparemment été suffisamment crédible puisque son interlocutrice ne lui demanda pas de précisions supplémentaires pas plus qu’elle n’eut l’air de se douter de quoi que ce fût. Voilà qui avait de quoi soulager le bon docteur qui, si elle avait insisté, n’aurait certainement pas été capable de faire illusion bien plus longtemps.

Mais ce que dit ensuite la mignonne institutrice le prit au dépourvu, captant son intérêt de par la teneur complice et affectueuse de ses paroles ponctuées d’une mimique qui mit encore plus en relief les courbes gracieuses et douces de son visage. Le modeste médecin n’avait jamais vraiment été du genre à faire passer l’importance de ses relations sociales au premier plan, mais cela ne l’empêchait pas d’être sensible à l’avis que les autres avaient de lui, particulièrement en ce qui concernait les femmes qui avaient toujours eu d’une certaine manière un ascendant sur lui.
En l’occurrence, il aurait été exagéré de dire que les propos de Shylee lui avaient coupé le sifflet, mais le fait était qu’ils avaient éveillé son attention d’une manière qui le fit tendre l’oreille avec expectative, les yeux fixés sur la jolie donzelle dans l’attente de ce qu’elle allait bien pouvoir avoir à dire ensuite puisqu’elle n’en avait manifestement pas fini. De cette façon, quand elle reprit la parole, il était tout yeux tout oreilles, le visage un chouïa incliné vers l’avant comme pour être sûr de ne pas rater une miette de ce qu’elle mentionnerait, selon une attitude involontairement similaire à celle de la belle japonaise.

Et contre toute attente, elle s’interrompit au beau milieu de sa phrase, prenant au dépourvu Saïl qui mit sur le coup une bonne seconde avant de se rendre compte du sens de sa phrase, du même que de sa propre attitude qui ne devait probablement pas être très distinguée. Quelque peu perturbé, il se ressaisit, s’efforçant de se rappeler s’il avait pu entendre quelque chose au dehors hormis les lointaines rumeurs citadines qui résonnaient dans tout Seikusu à cette heure encore fortement animée. C’était possible, mais cela ne voulait en soi pas dire grand-chose puisqu’un bâtiment qui n’était pas de première jeunesse, aussi vaste et usité que le lycée, laissait forcément résonner des craquements divers à tous moments de la journée, un bruit isolé de temps à autre étant donc tout ce qu’il y avait de plus commun. Ainsi, ce fut en toute bonne foi bien que quelque peu hâtivement que le jeune homme répondit :

« Heu, non, rien… enfin, rien de spécial en tout cas. »

Ceci dit, il reprit une allure supposément plus composée, mais en quelques instants à peine, sa curiosité n’eut pas de mal à reprendre le dessus sur son sang-froid, si bien que peu après, il s’enquit :

« Vous alliez me demander autre chose ? » en faisant en sorte de prendre une mine aussi engageante que possible.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le mercredi 01 septembre 2010, 16:23:06
Son imagination lui avait joué un sale tour. Les bruits qu'elle avait cru entendre n'étaient que le fruit de son imagination. Dommage, Shylee aurait bien aimé que cela soit réel. De cette manière, ils auraient pu sortir. Non pas qu'elle était en mauvaise compagnie, ou qu'elle s'ennuyait, bien au contraire. Car elle voyait en là l'occasion de faire connaissance avec l'un de ses collègues. Depuis deux semaines qu'elle était dans la place, elle n'avait pas encore eu l'occasion, le temps de discuter avec les autres professeurs. Et comment pouvait-elle s'intégrer à l'équipe pédagogique si elle ne prenait pas le temps de participer aux conversations autour de quelques corrections ou bien de la machine à café ?

Enfin. Shylee voulait rentrer parce qu'elle pensait avoir perdu un dossier. Ce qu'il contenait ? Des exercices en tout genre, et leçons à venir. Elle ne l'avait pas trouvé dans son casier et elle pensait donc l'avoir laissé chez elle. Du moins, elle l'espérait. Quand elle cherchait quelque chose, Shylee pouvait passer des heures sur sa recherche. Mais au final, elle mettait toujours la main dessus. Bien évidemment, elle n'avait pas besoin de ce dossier dans l'immédiat, ou pour le jour suivant. Cela pourrait attendre mais bon. Une partie de son esprit serait tourné vers son fichu dossier, ce qui pouvait la distraire. Enfin, pour se faire, encore aurait-il fallu qu'elle fasse quelque chose qui nécessitait qu'elle se concentre.

J'en étais où encore moi ? Perdue dans mes divagations ? Reprenons. Saïl rebondit sur la pseudo question que Shylee allait lui poser, avant qu'elle ne s'interrompe. Ah oui, que voulait-elle lui demander déjà ? Elle ne savait plus trop. Sûrement une bêtise, sinon, elle s'en rappelerait. Elle se gratta légèrement le front, tout en étant un peu gênée d'avoir oublié sa question. Mais ce n'était pas grave. Elle avait tout un tas de questions en réserve.

"Comme vous venez d'arriver, avez-vous eu le temps de trouver un logement ?"

Elle fit une nouvelle pause et repensa à l'idée qu'elle avait eu, à propos des cours de rattrapage en dehors de la période scolaire. Elle n'en avait encore parlé à personne et elle pensait qu'elle pourrait avoir l'avis de Saïl sur ce sujet. Au moins, elle saurait si son projet était valable ou non.

"Et à votre avis, pensez-vous que des cours de rattrape en dehors de la période scolaire pourraient être utiles pour les élèves en difficultés ?"
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le mercredi 01 septembre 2010, 17:34:11
Apparemment, Shylee pouvait s’avérer avoir les pensées aussi volatiles que Saïl les avait parfois, celle-ci semblant avoir besoin d’un moment de réflexion pour se souvenir de quelque chose auquel elle avait songé il y avait à peine une minute. Et soit que le jeune homme se fût fait des idées, soit que sa voisine de table ne se souvînt pas de ce qu’elle avait eu l’intention de lui dire et se fût décidée pour autre chose, mais la question n’était nullement aussi personnelle qu’elle l’avait laissé présager. Lui qui s’était attendu à ce qu’elle s’enquît de sa vie privée, voire intime, voilà qu’il se retrouvait devant un sujet d’une banalité imprévue !
Le savant en fut un moment déconcerté, mais pas déçu pour autant, cette interrogation simple ne rendant pas après tout la compagnie de la demoiselle moins agréable pour passer le temps en attendant de possibles secours. Il ne fit donc pas de manières pour répondre après un court instant de surprise :

« Oui, j’ai un appartement dans le quartier résidentiel. C’est un coin tranquille. »

D’autant plus tranquille qu’il y vivait seul, et pouvait donc habiter en toute commodité dans l’immeuble où il logeait, ses quartiers n’ayant d’ailleurs rien de bien animé puisque le scientifique, n’ayant jamais vraiment eu de sens de la décoration, avait meublé son chez-lui de façon pratique et simple, presque sommaire.
Mais il n’eut pas le loisir de laisser son esprit s’appesantir sur ces préoccupations domestiques que déjà, l’institutrice aux cheveux bleus embrayait sur autre chose, ayant à ce qu’il semblait son propre agencement d’idées dont la logique échappait à Saïl pour qu’elle fût d’une telle versatilité dans ses propos ! Toujours aussi courtois cependant, il s’abstînt de le mentionner, le concept qu’elle exposait relevant d’ailleurs d’une noblesse et d’une charité qui faisait honneur à cette jeune femme dont le caractère était manifestement aussi doux que ses traits, de même que ses idéaux étaient aussi louables que ses manières. Encore une fois, il fut pris au dépourvu par la soudaineté avec laquelle elle avait enchaîné, mais un sourire appréciateur se dessina sur ses lèvres quand il donna son avis sur la question :

« Des cours exra-scolaires ? Je dirais qu’il faudra tout d’abord convaincre les élèves de venir ! » Il eut un petit rire bref à cette boutade, puis reprit de façon plus réaliste « Sérieusement, ce serait une très bonne idée, oui. C’est très généreux et courageux de votre part de proposer ça. »

Pour sa part, lui ne se serait pas senti de mener à bien un telle tâche, non seulement parce qu’il n’était pas sûr d’avoir le sens de l’organisation nécessaire pour chapeauter le tout, mais surtout parce qu’il consacrait déjà la grande majorité de son temps libre au grand projet scientifique qui était littéralement devenu le centre de sa vie depuis un bon moment déjà. Cela dit, s’il n’avait pas l’étoffe de la tête d’une telle entreprise, il pouvait bien se donner la peine d’y participer pour le bien commun, aussi proposa-t-il :

« Si vous voulez, je pourrai vous aider. J’avoue que je m’y connais pas beaucoup en la matière, mais si je peux faire quelque chose pour vous, n’hésitez pas à me demander. »
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le mercredi 01 septembre 2010, 19:58:58
Le comment du pourquoi de ses pensées volatiles ? Shylee ne savait pas trop. Ses parents lui avaient toujours dit qu'elle avait un léger trouble de la concentration, d'où le fait que parfois elle pouvait complètement oublier ce qu'elle voulait dire ... Ou faire ... Parfois, elle retrouvait le bon chemin, mais c'était plutôt rare. Elle ne se souvenait toujours pas de sa précédente question pour Saïl mais tant pis. Peut-être que ça lui reviendrait comme ça, d'ici quelques minutes, voire une heure, voire plus. Enfin bref.

Saïl donna son avis sur les cours en dehors de la période scolaire et apparemment, il était assez enchanté. Voilà une bonne idée qu'elle avait eu. Shylee savait que cela pouvait plaire mais bon, il fallait toujours qu'elle se décide à en parler au directeur. Parce que, après tout, c'était lui qui avait le dernier mot, et pas elle. Pourquoi ? Il pouvait très bien refuser, à elle ou aux élèves, l'accès au lycée pendant les vacances. Normalement, pendant ces périodes là, le bâtiment était fermé, ou du moins, c'était ce qu'elle pensait. Et de ce fait, l'ouvrir pourrait éventuellement engendrer des coûts supplémentaires. Shylee préfèrerait, bien évidemment, que les professeurs soient volontaires et qu'ils prennent du temps sur leurs vacances, sans pour autant être payés. Car la jeune femme n'envisageait pas une rémunération pour ce travail. Pourquoi ? Si les professeurs étaient rémunérés, cela signifiait trouver de l'argent supplémentaire. Et à qui irait-on le demander ? Aux parents des élèves qui bénéficieraient de ces cours extra-scolaires. Et les familles n'avaient pas forcément de quoi payer pour les études de leurs enfants. Après tout, tous n'étaient pas nés avec une cuillère en or ou en argent dans la bouche !

Quoi qu'il en soit, c'était un projet honorable. Mais avant d'en parler au directeur, elle se devait de paufiner les détails, comme le nombre d'élèves par groupe, si y'avait de quoi de faire plusieurs groupes d'élèves, tout en prenant le soin, bien évidemment, de les partager selon leurs niveaux. Et puis, fallait aussi qu'elle voit si d'autres professeurs souhaitaient participer au projet, histoire de voir quelles matières susciteraient des cours supplémentaires, et lesquelles n'en avaient pas besoin. Plus de personnes seraient motivés, mieux ce serait. La deuxième étape serait ensuite de convaincre les élèves, ayant des problèmes, de bien vouloir passer un peu de leur temps libre à travailler les points pour lesquels ils avaient des difficultés. Et ça, ce n'était pas de la tarte !

"Merci pour votre aide. Mais ce n'est qu'un projet encore. Il faudrait que j'en parle à nos collègues ... Et puis aux élèves, histoire de savoir qui viendrait ... Et pour finir, un petit entretien avec le direction afin que je puisse avoir les locaux."

Et ça, c'était pas encore gagner. Il l'avait engagée, d'accord. Mais depuis son arrivée, elle ne l'avait pas vu encore une seule fois. Peut-être devrait-elle l'attraper au détour d'un couloir pour lui voler un peu de son temps.

"Mais ça serait vraiment bien que cela puisse se faire."

Pour une fois, elle n'avait pas changé de sujet. Shylee était un peu girouette et il lui arrivait souvent de passer du coq à l'âne sans que cela n'ait vraiment de rapport. Mais bon, elle était comme ça. Elle préférait parler d'un sujet avant qu'elle ne l'oublie, et tant pis si c'était à l'opposé de ce qu'elle avait pu dire quelques minutes plus tôt. Quelque chose lui revint à l'esprit. Etait-ce la question qu'elle voulait lui poser auparavant ?

"J'voulais vous demander ... Vous avez de la famille dans la ville ?"
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le jeudi 02 septembre 2010, 17:17:45
Les projets sont toujours comme des pierres bâtisseuses non seulement de notre vie, mais aussi de celle des autres, chacun de ces moellons par lequel nous pouvons construire nos idéaux ayant des répercussions sur l’ensemble des personnes vers lesquelles nos intentions sont dirigées. C’est par cela que nous marquons notre empreinte dans le monde, que nous nous accomplissons en accomplissant des choses, et que nous parvenons ainsi à nous réaliser, à donner le meilleur de nous-même.
Il suffisait d’observer l’attitude de Shylee pour vérifier la véracité de ces dires : les yeux brillants et le regard comme lointain qu’elle avait en décrivant les différentes étapes de sa petite organisation, le ton décidé, ferme et pourtant rêveur qu’elle employait, son maintien vaillant qui était celui des gens qui n’attendent pas, mais agissent… elle avait beau ne pas être très solide physiquement et être encore relativement inexpérimentée, elle n’en bouillonnait pas moins d’une énergie fixement concentrée vers son objectif. C’était cela qui séduisait Saïl, lequel, en cela, n’était pas sans se reconnaître aux heures les plus idéalistes, les plus flamboyantes et les plus exaltantes de ses expérimentions biogénétiques pour lesquelles il conservait encore aujourd’hui la flamme d’une passion irréductible.

Evidemment, des obstacles se dressaient entre les prévisions de la courageuse demoiselle et leur concrétisation, mais elle-même en était consciente, et c’était là déjà le premier pas en direction de l’élimination de ces problèmes pour arriver jusqu’à la mise en place officielle et établie. Oh, naturellement, le projet n’avait tout de même pas l’étoffe d’une œuvre de charité à échelle nationale, mais qui aurait pu avoir le culot ou l’illusion d’exiger qu’il le fût ? La jeune femme donnait déjà le meilleur d’elle-même pour mettre en application ses croyances, et c’était déjà là quelque chose d’admirable, de louable, comme l’avait fait de tout cœur remarquer l’altruiste médecin qui observait maintenant non sans tendresse sa collègue résumer avec espoir les moments par lesquels la réalisation de son idée passerait.

Et lorsque comme par surprise, sans prévenir, Shylee changea à nouveau de sujet, le scientifique, sans même réellement en avoir conscience, ressentit une nouvelle poussée d’affection à son égard, ravi de la découvrir sans cesse aussi vive, aussi débordante de vitalité, aussi prête à toujours illuminer les alentours de sa présence.
Pincement de nostalgie qui envahit presque sournoisement Saïl, cependant, lorsque sa famille fut mentionnée, car autant certains parviennent à se détacher de leurs proches avec facilité, autant une part du sieur Ursoë était indubitablement restée auprès de ses parents auxquels il tenait beaucoup, et ce fut cette part qui le piqua comme de l’aiguillon d’une douleur fantôme nommée souvenirs. L’impression fut fugace, mais put se discerner clairement sur le visage du grand garçon lorsque celui-ci répondit d’une voix presque soupirante avec un sourire lointain, les yeux baissés, guettant au loin l’allure qu’avaient ses remembrances d’enfance :

« Et non. J’ai emménagé seul à Seikusu. »

Explication bien brève, mais dont la concision n’existait que pour laisser cours aux pensées du jeune homme, lequel réfléchissait sur sa vie depuis qu’il était arrivé dans cette ville bien plus empreinte de mystères qu’il ne l’aurait pu croire au premier abord. Dans le fond, il n’était pas homme à craindre la solitude, bien sûr, ou son séjour sur Terra l’aurait rendu fou, mais il appréciait le contact humain tout autant que n’importe quel esprit un tant soit peu philosophe, surtout quand il est secondé d’un cœur aussi grand que celui de notre savant. Ainsi, il avait toujours pleinement apprécié les rencontres diverses qu’il avait faites durant cette période, tout comme il appréciait celle qu’il faisait en ce moment même. Elles étaient pour lui de véritables oasis au sein d’un désert de quasi-réclusion, tant le biologiste passait de temps seul et n’accordait aucune attention à l’idée d’établir des réseaux sociaux.

« Pour vous dire, même maintenant, je ne connais quasiment personne ici. » Avoua-t-il donc à la suite de ses précédents propos avant d’enchaîner sur un ton plus gaillard de peur d’alourdir l’atmosphère de mélancolie « Et vous ? Est-ce que vous avez eu le temps de prendre vos marques depuis que vous êtes arrivée ? »
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le vendredi 03 septembre 2010, 17:45:56
Seul il était, tout comme elle. Du moins, Shylee l'avait voulu. Et puis, cela ne lui faisait pas de mal de prendre son indépendance. Elle aimait beaucoup ses parents mais ils pouvaient être parfois ... comment dire ... un peu gluant, pot de colle. Le proverbe dit : loin des yeux, loin du coeur. Néanmoins, il ne s'appliquait pas à Shylee. Non, même si elle était un peu loin de sa ville natale, ce n'était pas pour autant qu'elle passait un petit coup de téléphone à la maison, au moins tous les deux à trois jours. Elle le faisait plus souvent, quant elle avait le temps, mais ne restait pas pendue au téléphone pendant des heures et des heures. Non, si les coups de téléphone étaient trop rapprochés, c'était un petit bonjour par ci, par là, et prendre de rapide nouvelle. A l'inverse, si les appels étaient plutôt espacés, et bien, Shylee prenait son temps.

"Comme moi ! J'ai quitté ma petite ville natale seule pour venir ici."

Et elle ne regrettait rien, du moins, pas encore. Peut-être que plus tard, dans l'année, elle aurait le cafard et aimerait bien rentrer de temps en temps dans son ancien chez elle mais bon, elle n'en était pas encore là. Enfin ... J'me suis encore égarée là je crois. Que disions-nous ? Si elle avait eu le temps de prendre ses marques ? Et bien, disons que ... non, pas véritablement.

"Pas vraiment. J'ai eu beaucoup de choses à faire pour ma première semaine et je n'ai pas vraiment eu le temps de sympathiser avec nos collègues."

Elle disait "nos" parce que, après tout, lui aussi était un enseignant. Mais même si Shylee n'avait pas eu le temps de faire connaissance avec les autres, ce n'était pas pour autant qu'elle regrettait la situation. Non, après tout, Rome ne s'est pas faite en un jour. Elle ne pouvait pas tous les connaître en seulement deux semaines. Quoi que ... une personne plus sociale serait allée plus facilement vers les autres. Non pas que Shylee était du genre "sauvage" mais elle savait tout aussi bien apprécier la solitude. Elle aimait bien faire de nouvelles rencontres mais pas plus que cela. Enfin bref, elle avait peut-être un caractère un peu difficile à cerner aux premiers abords mais le principal était qu'elle était gentille et aimable, non ?

"Je n'en ai croisé que deux ou trois. Mais aucun de nous n'a pris le temps de faire plus ample connaissance."

Et puis, pourquoi presser les choses ? Après tout, les rencontres se font naturellement, tout simplement. Peut-être que, par le plus grand des hasards, le jour suivant, elle tomberait sur un autre de ses collègues et qu'à ce moment-là, ils se parleraient. Cet entretien avec Saïl était peu ordinaire. Jamais elle ne s'était imaginée qu'elle se retrouverait coincée dans la salle des professeurs en sa compagnie.

"Je pense qu'il faut laisser faire les choses. On finira bien par avoir de plus amples conversations avec nos collègues, d'une manière ou d'une autre."

En somme, la situation n'était pas désespérée. Tout vient à point à qui sait attendre ... Ou un truc dans le genre, j'sais plus trop.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le vendredi 03 septembre 2010, 22:40:14
Plus ils discutaient, et plus ils se découvraient de points communs, semblant en l’occurrence partager un certain attachement à leur terre d’origine, comme l’indiquait le ton de Shylee, ourlé non pas de nostalgie, mais d’un certain enthousiasme qui montrait l’affection qu’elle avait pour les lieux de son enfance. De même, l’un comme l’autre avaient manifestement une certaine propension à la timidité, ou tout du moins au manque de sociabilité, Saïl n’ayant à son instar pas le feeling, l’entregent nécessaire pour se fondre habilement dans la société et se faire rapidement un familier des lieux en s’assurant l’attachement de ses fréquentations. Non, tous les deux se contentaient de faire paisiblement mais diligemment leur devoir, ne tenant pas particulièrement à se faire bien voir par la faune locale du moment que cela n’entachait pas leur tranquillité.

Cependant, le jeune homme n’alla pas tout de suite se faire des illusions quant à ce qu’ils fussent possiblement âmes sœurs ou quelque chose du même tonneau. Après tout, nombreuses étaient les personnes qui quittaient leur lieu de naissance pour aller chercher une situation plus avantageuse ailleurs, par exemple dans une grande ville telle que l’était Seikusu. Ainsi, pas de raison de croire à une bluffante coïncidence digne d’une intervention du destin pour si peu.
Pour autant, si ce premier point était commun, l’autre l’était moins, et n’était pas sans surprendre un brin le professeur remplaçant : avec sa joliesse, son allant et son amabilité, il aurait cru que son interlocutrice avait déjà pu sans difficulté se faire aimer de ses collègues, et ainsi avoir tissé, volontairement ou non, un réseau de bons amis. Il fallait croire qu’elle n’avait réellement pas le contact facile, contrairement à ce que la présente situation semblait indiquer ; ou bien alors elle était trop candide, ne se rendant pas compte du haut de son caractère humble qu’elle s’était déjà fait une place de choix au sein du personnel enseignant.

Quoi qu’il en fût, cela ne changeait rien au fait qu’il se sentait bien en sa présence : la situation avait beau être originale, à la limite du cocasse, elle ne lui était pas moins agréable pour ce qu’elle était dans le fond, c’était à dire une occasion de se côtoyer, de faire plus ample connaissance, de s’apprécier. Cela dit, lorsque Shylee en vint à mentionner la forte probabilité qu’ils allaient chacun se familiariser avec leurs confrères et consoeurs de travail, Saïl ne put retenir une petite grimace qui montrait à quel point il s’estimait peu adroit en matière de rapprochement social :

« Je vous avoue que pour moi, je ne sais pas… » Fit-il sans fausse modestie « J’ai jamais été très à l’aise pour parler avec les gens, faire connaissance, tout ça… » Puis, repensant à ce à quoi il venait de songer, il ajouta avec un sourire « Mais je dois dire qu’avec vous, c’est différent. Comme quoi, c’était pas forcément une mauvaise chose que cette porte casse : ça m’a permis de vous connaître. »

Et cette fois-ci, ô miracle, il parvint à exprimer le fond de sa pensée sans hésiter ni se mettre à rougir, la douceur de tempérament de la jeune femme paraissant avoir si bien opéré qu’il ne craignait plus désormais de se montrer un peu plus ouvert avec elle. Sur ce, il regarda à travers la fenêtre, ne remarquant réellement que maintenant que la course du soleil avait bien avancé, les lueurs de rose et d’or s’étant à présent muées en un unique et profond bleu Klein, seulement pénétré ici et là de teintes azurées.
Il aurait pu allumer la lumière afin de dissiper les ténèbres qui se faisaient graduellement plus présentes, mais décida, pour le moment en tout cas, de ne rien en faire, se plaisant à discerner dans le manque de luminosité grandissant les formes qui l’entouraient, particulièrement celle de Shylee qui n’en était pas moins belle dans cet écrin d’obscurité venant ajouter comme une touche de mystère sensuel à sa silhouette gracile.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le dimanche 05 septembre 2010, 10:11:54
Shylee sentit une certaine réticence dans la voix de Saïl lorsqu'elle lui avait parlé de faire amis amis avec leurs autres collègues. Un solitaire, pour sûr. La jeune femme comprenait. Certaines personnes préféraient de loin la solitude et ne pas se mêler au monde. D'autres, au contraire, aimaient s'entourer de tout un tas de personnes, et cela même si lesdites personnes n'étaient pas bien assemblées. Et enfin, il y avait la catégorie du milieu, ceux qui n'éprouvaient pas tant que cela le besoin d'avoir des amis mais qui ne rechignaient, cependant, pas à faire quelques rencontres. Catégorie dont Shylee faisait partie. Et puis, il ne fallait pas oublier que ce n'était pas facile d'aller vers les autres quand on faisait preuve d'une timidité maladive. Timidité dont Shylee avait fait preuve lorsqu'elle était petite mais il lui semblait qu'elle s'était améliorée sur ce point là, du moins, elle pensait qu'elle allait un peu plus vers les autres. Enfin, ça restait encore à prouver.

Shylee se mit à rougir un peu suite à la réplique de Saïl. Elle ne voyait pas en quoi elle était différente ... Enfin, elle ne voyait pas pourquoi sa rencontre avec elle était différente d'une rencontre avec d'une autre personne. Peut-être parce qu'elle avait l'esprit ouvert... Ou peut-être était-ce à cause de son allure enfantine qui pouvait mettre les gens plus facilement à l'aise. Allez savoir. Shylee n'irait pas demander le pourquoi du comment de cette différence. Il fallait garder une part de mystère, non ? Et puis, la question aurait pu être fâcheuse, et la réponse encore plus. Alors, mieux valait-il ne pas la poser. De cette manière, la réponse ne serait pas à craindre.

"Il est vrai que sans cette poignée cassée, nous serions rentrés tranquillement chez nous sans prendre le temps de nous connaître."

L'un comme l'autre était content d'avoir fait cette rencontre au sein du lycée, même si y'avait d'autres lieux bien plus propices pour discuter et faire connaissance. Mais bon, le sort en avait décidé ainsi et ils ne pouvaient pas faire autrement que de se parler, sinon, bonjour l'ennui ! Ne rien faire ne faisait pas passer le temps plus vite, tandis que lorsqu'on s'occupait, qu'on discutait, on ne le voyait, parfois, pas passer ! Shylee aurait pu croire que cela faisait à peine dix minutes qu'ils discutaient ensemble. Mais si elle jetait un coup d'oeil sur l'horloge, elle verrait que cela faisait plus longtemps que cela. Comme quoi, on ne voit pas toujours le temps passer !

"Dites-moi, ne trouvez-vous pas que les gens d'ici sont ... comment dire ... un peu étrange ? J'ai parfois l'impression que mes élèves me déshabillent du regard."

A moins que ce n'était elle qui était bizarre et qui était complètement parano ...
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le dimanche 05 septembre 2010, 18:02:12
La nuit désormais quasiment tombée, l’atmosphère se faisait étrangement plus intime, se muant en une sorte de huis clos digne d’un boudoir où tous deux pouvaient ainsi se sentir moins embarrassés par les conventions sociales, par les dogmes d’une conduite polie à tenir rigoureusement. Ils ne se trouvaient plus à proprement parler dans une salle des professeurs, lieu de réunion et de repos sobre et efficient, mais dans une petite pièce suffisamment confortable et abritée pour inciter à la relaxation. Saïl lui-même, qui aurait auparavant été à peu près incapable d’articuler un avis un tant fût peu personnel sans se mettre à bégayer, se sentait à présent bien à l’aise aux côtés de Shylee, pénétré d’une assurance grandissante à l’égard de cette charmante personne en qui il pouvait sans l’ombre d’un doute avoir confiance.
Cependant, elle, de son côté, n’en semblait pas moins converser un fond de timidité qui la rendait encore plus mignonnement agréable à côtoyer. Etait-ce un effet de son imagination, où à nouveau, un rougissement avait-il pris place sur le visage joliment formé de la demoiselle, venant encore une fois embellir ses traits par cette modification de son teint ? Il n’aurait pu le dire, mais maintenant qu’il n’était plus lui aussi dérangé par un accès de gêne, il s’aperçut à quel point elle était d’une beauté propre à attirer les attentions les plus galantes et délicates qui fussent.

En tout cas, elle aussi n’était manifestement pas si fâchée que ça de l’allure de leur situation, paraissant affirmer qu’il aurait été bien dommage qu’ils eussent chacun passé leur chemin sans eu l’occasion de mieux se connaître, remarque flatteuse pour le jeune homme qui ne s’était jamais estimé un compagnon particulièrement appréciable ou marquant. Il était soulagé que ses impressions de confort et de tranquillité ne fussent pas unilatérales tant il se serait jugé coupable de profiter de la compagnie de quelqu’un sans que cela fût réciproque, particulièrement quand le quelqu’un en question était à ce point de nature à susciter de doux sentiments.
Et de toute évidence, il n’était pas le seul de cet avis, bien que le sien fût apparemment plus courtois d’après les observations que Shylee avait pu faire. De fait, il n’était pas surprenant qu’à un âge où la plupart des élèves en sont au plein bouillonnement de leurs hormones, beaucoup laissassent déborder leur concupiscence ; mais ce n’était pas ça le plus étonnant dans l’affaire.

Car était-il possible que l’ingénuité pût exister à un tel degré chez une personne ? Même Saïl, qui n’était souvent pas une flèche, s’était dès le début bien douté que la demoiselle aux cheveux bleus devait grandement attirer l’attention de la gent masculine ; alors comment celle qui était directement la cible de cet intérêt ne s’était pas rendu compte de sa raison, l’attribuant à quelque bizarre phénomène ?
Le doux garçon eut tout d’abord un instant d’hésitation issu de la surprise qu’avait provoqué en lui une aussi touchante innocence, puis il prit la parole avec l’intention de lui mettre la réalité de ses charmes physiques bien en face :

« Shylee, ça m’étonne de devoir vous l’apprendre, mais c’est bien normal : vous êtes belle… très belle, même. »

Sans vraiment qu’il l’eût prévu ou même voulu, ce fut ainsi que la sincérité de ce qu’il éprouvait à son égard fusa par sa bouche, les mots résonnant dans la salle vide avec toute la force de leur véracité, faisant ensuite place à un silence tendu. En effet, c’était désormais au tour du jeune homme de sentir la nervosité s’emparer de lui, et s’il ne rougit pas –pourquoi rougir de la vérité ?- ni ne détourna le regard, il eut un léger frisson alors que son cœur se mettait à battre un peu plus vite.
Ne pouvant ni ne désirant cependant échapper à la réaction de celle à laquelle il faisait face, il attendit, le regard fixé avec prévenance sur elle.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le dimanche 05 septembre 2010, 20:24:50
L'astre solaire avait pratiquement disparu, laissant place aux astres de la nuit. Bientôt, la première étoile pointerait le bout de son nez. Le ciel deviendrait alors parsemé d'étoiles, offrant ainsi un magnifique spectacle. C'aurait été une belle occasion de regarder les étoiles mais Shylee doutait que le lycée possède un télescope. Sans oublier qu'ils étaient, pour l'instant, encore bloqués dans la salle des professeurs. Mais bon, peut-être qu'ils auraient un bon point de vue si jamais ils se rapprochaient de la fenêtre et qu'ils levaient les yeux au ciel. Ou peut-être que la vue serait cachée à cause des lumières de la ville. Et oui, pas facile de regarder les étoiles en ville à cause de tous les éclairages. A la campagne, les points de vue étaient bien meilleurs. Mais bon, comme on dit, on ne peut pas tout avoir.

Shylee aurait été une glace, elle aurait fondu comme neige au soleil suite à la réplique de Saïl. Soit disant qu'elle était belle ... Plus que les standards normaux ? Comment pouvait-elle le savoir ? Bon, il était vrai qu'elle se regardait de temps à autre dans un miroir histoire d'ajuster sa coiffure mais elle ne se pavanait pas devant ladite glace comme pourraient le faire d'autres femmes. Après toutn Shylee n'était pas une grande fan de mode. Et elle n'accordait pas une grande importance à sa beauté. Non, elle préférait rester ... comment dire ... naturelle, sans maquillage, sans rien d'extravagant.

"Vrai... ment ? Merci... C'est très gentil ..."

Elle n'était pas sûre d'avoir choisi les bonnes paroles mais il fallait bien dire aussi qu'elle ne savait plus vraiment où se mettre. Elle n'avait pas trop l'habitude qu'on la complimente, surtout sur son physique. Son ancien petit ami était plus porté sur la chose que sur les préliminaires ... D'où peut-être le fait qu'ils avaient fini par rompre ... La vie est parfois vache.

"Vous m'en voyez flattée."

Shylee avait essayé de reprendre un air naturel mais c'était plutôt difficile.

"Vous savez, si on continue sur cette voie-là, vous n'êtes pas mal non plus !" avait-elle lancé.

Et Shylee le pensait sincèrement. Et puis, non seulement il n'était pas désagréable à regarder, mais en plus, il était aimable et fort sympathique. Un bon feeling en sorte. Mais était-ce juste une impression ? Ou la réalité ?
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le dimanche 05 septembre 2010, 22:42:07
Comme il s’y était attendu, les compliments laissèrent Shylee toute chose, celle-ci ne trouvant que répondre du haut de sa si adorable timidité, conservant un moment un silence embarrassé avant de ne pouvoir répondre que d’une voix bégayante, remerciant Saïl pour sa gentillesse, flattée qu’elle se disait être par celle-ci. Croyait-elle donc qu’il n’avait dit cela que pour lui faire plaisir, que parce qu’il était généralement d’usage de dire du bien d’une demoiselle ?
Il en fut presque indigné, ne pouvant accepter que quelqu’un avec de telles qualités qu’elle en fût inconscient, pis, qu’elle s’avérât ne pas s’en sentir digne. Oui, évidemment qu’elle était belle, et d’une beauté d’autant plus louable, d’autant plus appréciable qu’elle ne faisait pas partie de celles qui s’acquièrent à force de coûteux vêtements et d’ingénieux maquillages ; non, elle était dépourvue d’artifices, s’affichant aussi fraîchement et sincèrement qu’une magnifique plante sauvage.

Désireux, donc, de lui assurer que ses propos n’étaient pas des politesses mais bel et bien la vérité, il ouvrir la bouche pour le dire, mais il n’eut pas l’occasion de commencer qu’involontairement, elle le court-circuita, lui renvoyant aimablement ses mots passés. Pris de court, il en resta interdit, contrarié de découvrir que malgré ses efforts, il ne put dans un premier temps laisser aucun son sortir de sa gorge tellement celle-ci s’était serrée sous la surprise et la réserve que les paroles de cette jeune femme avaient fait ressurgir dans son cœur.
Lui, pas mal ? A d’autres ! En se regardant dans le miroir, il voyait un gaillard qui ne portait certes pas mal, mais qui n’avait rien de particulièrement séduisant, que ce fût dans son physique ou dans son attitude d’ailleurs. Partant de cette idée, il avait du mal à croire que la douce institutrice lui eût dit ces choses autrement que par candeur, ce qui n’empêchait que le compliment le touchait profondément.

Ces appréciations mutuelles, de même que la timidité qui les unissait une fois de plus, renforçaient encore la complicité qui existait entre eux, proximité morale qui n’était hélas pas au diapason de leur proximité matérielle. En effet, cette table qui les séparait, elle donnait l’impression d’être présent à un rendez-vous d’affaires, instaurant irrésistiblement entre eux un on-ne-savait-quoi de rigide, de professionnel ! Certes, ils étaient collègues, mais en l’occurrence, ce n’était pas avec sa consoeur de travail qu’il voulait s’entretenir, mais avec Shylee, de manière à lui montrer clairement qu’elle pouvait définitivement tenir ce qu’il lui avait dit pour vrai.
Ainsi, il se leva de sa chaise avec détermination malgré l’incertitude qui le taraudait, et, faisant le tour du meuble de bois, il alla la rejoindre en quelques simples pas pourtant décisifs, prenant place sur un siège à côté d’elle. La manœuvre manquait peut-être de tact, mais en l’occurrence, il écoutait non pas son sens des convenances mais ses sentiments, et ceux-ci lui intimaient de lui dire la vérité, de s’adresser à elle en toute honnêteté.

Une fois assis, il prit un moment pour l’observer, droit dans ces beaux yeux bleus si denses et si expressivement suaves à la fois, remuant dans sa tête ce qu’il allait lui dire, et cela non sans émotion. Ainsi à contre-jour, avec sa longue chevelure de couleur océane, elle paraissait une splendide naïade, et cela l’intimida presque, si bien qu’il dut faire appel à toute sa tendre franchise pour puiser en lui le courage de parler sans trembler :

« Je suis sérieux, tu es vraiment très belle. »

Le passage au tutoiement s’était fait de lui-même, sans que Saïl pût même s’en rendre compte sur le coup, semblant aller directement de pair avec ce rapprochement qu’il avait opéré, mettant devant elle son âme à nu pour la glorifier ainsi qu’il lui était dû. Dans le même temps, instinctivement presque, en une façon de plus de lui assurer sa sincérité, ses grandes mains allèrent doucement se poser contre celles, petites, délicates et fraîches, de la demoiselle, face à laquelle il poursuivit :

« Et c’est pas tout… » Il craignit un moment que la fermeté de sa voix lui manquât, mais il s’enhardit, et acheva « … tu es douce, gentille, aimable, intelligente, généreuse. Tu es vraiment quelqu’un de… de formidable. »

Il n’avait pas l’habitude de faire preuve ou de devoir faire preuve de loquacité, aussi fut-ce l’hésitation qui l’accueillit lorsqu’il termina sur ce dernier mot qui résumait ce qu’il pensait d’elle. Tout ce qu’il avait prononcé, il l’avait bien évidemment fait en toute conscience, et ne le regrettait pas, mais pour autant, il n’en restait pas moins peu apte à de telles démonstrations envers une personne qu’il connaissait depuis ce soir à peine, et il était fort probable que si la personne en question n’avait pas été la charmant Shylee, il n’aurait pas eu le courage de parler ainsi.
Ses deux paluches attentionnées exercèrent une affectueuse pression sur les menottes graciles de la jeune femme, autre reflet de l’admiration qu’il avait pour elle, puis elles commencèrent à se retirer. Non pas que Saïl n’aurait pas désiré prolonger ce contact si agréable, mais il ne voulait pas s’imposer à elle, et entendait donc ainsi la laisser respirer, assimiler ce qu’il venait de lui dire.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le lundi 06 septembre 2010, 13:54:17
La dernière lueur du jour avait complètement disparu. Maintenant, le ciel brillait mais d'une façon différente. Minute après minute, les étoiles apparaissaient les unes derrière les autres. Certaines étaient très éloignées des unes des autres, d'autres formaient quelques amas par-ci, par-là. Et si on les observait bien, on arrivait à distinguer quelques formes habituelles, comme la grande casserole, et ainsi de suite. Ah, ces étoiles ... Et dire que la moitié d'entre elles ne devaient plus exister. Il était vrai que les habitants du monde pouvaient encore les voir briller du fait de l'éloignement. M'enfin, tant que cela offrait toujours un des spectacles les plus plaisants, ce n'était pas négligeable, non ?

Ah, timidité maladive ! Parviendrait-elle à s'en débarrasser un jour ? Shylee l'espérait beaucoup. Parce que même si elle appréciait beaucoup les compliments de Saïl, s'il continuait comme ça, elle finirait par vraiment ne plus savoir où se mettre. Et encore, elle pouvait se trouver chanceuse parce qu'elle avait en face d'elle un collègue, un homme d'un âge à peu près similaire au sien, voire quelques années de plus, et non pas un de ses élèves qui la regardaient bizarrement à chaque fois qu'elle faisait cours. Elle pouvait donc se rassurer, d'une certaine manière. Et puis, Shylee était tout de même contente de savoir qu'elle pouvait plaire, et cela même si elle n'avait pas d'artifice. Comme quoi, même au naturel ...

Finalement, après avoir décidé de changer de place et de se rapprocher de sa jeune collègue, Saïl passa du vouvoiement au tutoiement. Il était vrai qu'entre enseignents, même s'ils ne connaissaient pas vraiment, le vouvoiement n'était pas vraiment de rigueur. A dire vrai, même, cela créait un certain éloignement qu'on ne voulait pas forcément. Il était certainement plus facile de créer des liens lorsqu'on se tutoyait. Enfin, chacun en pensait ce qu'il voulait. Certaines personnes étaient plus à l'aise avec le vouvoiement, et d'autres avec le tutoiement. Chacun son truc après tout, même s'il était normal que les plus jeunes vouvoient les plus vieux.

La complimentant une nouvelle fois, leurs mains finirent par se mêler. Contrairement à celles de Shylee, les mains de Saïl étaient peut-être un peu plus rugueuses. Mais quoi de plus normal ! Après tout, n'était-il pas un scientifique ? Plus précisément, un biologiste ? Il devait avoir l'habitude de faire tout un tas d'expériences. Sans oublier qu'il lui avait bien dit qu'avant, il faisait des travaux sur le terrain, sûrement des fouilles ou des choses de ce genre là. Mais qu'importe si ses mains n'étaient pas douces. Shylee appréciait ce contact. De nouveaux compliments fusèrent et la jeune femme aurait très bien pu disparaître sous la table ! Fichue timidité dont elle croyait s'être débarrassée. Peut-être n'en était-ce pas d'ailleurs. Peut-être n'était-elle pas habituée à entendre de telles paroles élogieuses à son sujet.

"Et bien ... On ne m'a jamais rien dit de tel ..."

Elle marqua une pause avant de reprendre.

"Je n'ai pas l'impression d'avoir toutes ces qualités."

Il n'y avait pas une once de modestie. Shylee pensait juste être une fille simple. Mais il fallait croire qu'elle était bien plus. Belle ? Elle n'était pas le genre de personne à juger ce qui était beau ou ne l'était pas. Après tout, la beauté était une notion abstraite liée à de nombreux aspects de l'existence humaine. Et la philosophie pouvait débattre sur ce sujet.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le lundi 06 septembre 2010, 16:45:08
Alors que les derniers échos de ses mots finissaient de s’estomper, les mains de Saïl se retirèrent de celles de Shylee pour venir se poser sur les cuisses de leur propriétaire, laissant la demoiselle réagir, non sans une légère appréhension au cœur. Non pas qu’il se mordît les doigts d’avoir été aussi spontané, mais il craignait tout de même qu’elle ne paniquât devant une approche si cavalière, et qu’ainsi, la tranquillité charmante de leur compagnie se teintât des coloris pesants et glauques d’un inconfortable embarras.
Heureusement, si elle avait été de toute évidence prise au dépourvu par son initiative et en restait toujours aussi interdite que les fois précédentes, elle ne se laissa pas submerger par sa gêne, finissant au bout de quelques secondes par expliquer d’une voix timide mais calme combien de telles louanges étaient pour elle inédites, ce à quoi il avait du mal à croire. Était-il réellement possible que personne ne lui eût jamais fait les compliments qui s’imposaient à l’esprit en la voyant, ou était-ce plutôt qu’on ne lui en avait pas fait part assez directement, si bien qu’elle n’avait pu les comprendre, candide comme elle était ?

Étant donné son caractère, il aurait plutôt tablé sur la deuxième option tant elle était modeste, et ce qu’elle dit ensuite vint d’ailleurs confirmer cette version : encore maintenant, malgré toute la sincère assurance avec laquelle il lui avait parlé, elle ne s’estimait toujours pas digne d’un tel portrait. Une fois de plus, il y avait de quoi s’emporter, mais le jeune homme, aussi doux que d’habitude, n’aurait pas été du genre à laisser parler la fougue en se lançant dans de grands discours pour lui prouver toute l’admiration qu’elle pouvait susciter.
Non, généralement, chez Saïl, les avis émanaient paisiblement de sa bouche sans parader, sans se farder d’hypocrisie ou se vêtir de complaisance, et c’était cela qui faisait de lui quelqu’un d’aussi franc et maladroit à la fois. Car une telle honnêteté était aussi bien une qualité qu’un défaut, et si cela faisait de lui quelqu’un à la parole complètement fiable, il était également facilement enclin à froisser les autres en leur sortant sans réfléchir quelque vérité à la nudité déplaisante.

Mais en l’occurrence, rien de ce qui lui venait en tête concernant Shylee n’aurait pu être de nature à offusquer, la demoiselle lui apparaissant si aimablement estimable que seuls des gens bien méchants auraient pu avec mauvaise foi la dénigrer. Cela, il voulait qu’elle pût l’intégrer, le tenir pour vrai avec une pleine et entière certitude, de manière à ce qu’elle fût consciente de sa valeur, qu’elle pût être fière d’elle ainsi qu’elle le méritait. Bien sûr, avec d’autres personnes, il aurait été dangereux de favoriser ainsi des idées qui auraient pu aisément conduire à la vanité, mais en ce qui la concernait, il ne doutait pas qu’elle saurait l’assimiler sans pour autant s’en gonfler les chevilles, humble comme elle l’était.
Toujours à ses côtés, bienveillant et placide, il avait envie de lui prendre à nouveau la main avec force, de la serrer dans ses bras afin de lui montrer combien elle était adorable, digne des plus tendres sentiments qui fussent, mais il s’en abstint. Déjà qu’elle n’était clairement pas très à son aise sous ces compliments qui étaient si nouveaux pour elle, il n’aurait plus manqué qu’elle perdît pour de bon ses moyens sous des manifestations trop soudaines, trop directes de sa part.

Restant donc toujours aussi attentionné qu’il l’était de nature, il rétorqua à ses objections avec aux lèvres un gentil sourire, parlant avec toute l’assurance que peut contenir la voix d’un homme qui n’a pas l’intention de flatter, ni d’ailleurs celle de séduire ou d’entrer dans les bonnes grâces :

« Pourtant, c’est vrai. Ou en tout cas, c’est ce que je crois. »

Il marqua ensuite une pause, l’observant dans l’obscurité presque entière où la forme de son corps ne se détachait qu’à peine, seules quelques vagues lignes ressortant ça et là à la manière d’un jeu d’ombres chinoises. Définitivement, quelle que fût la manière dont elle apparaissait, elle ne divulguait jamais la moindre impression de menace ou de rudesse, dégageant en toute circonstance une si forte aura de délicate douceur que Saïl ne l’en apprécia qu’encore plus, l’affection se percevant dans son ton lorsqu’il demanda :

« Qu’est-ce qui te fait douter ? »
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le lundi 06 septembre 2010, 17:55:47
La lune, haute dans le ciel à présent, brillait de tout son éclat. Pourtant, elle n'était pas totalement complète. Non, ce n'était pas un soir de pleine lune. L'astre lunaire était aussi la seule source de luminosité dans la salle des professeurs. Shylee ou Saïl n'avaient pas pris la peine d'appuyer sur l'interrupteur afin que la lumière soit. Peut-être que l'un comme l'autre appréciaient cette ambiance, où la faible luminosité jouait avec les ombres, les projetant sur les murs ou autres surfaces de la salle de classe. Shylee n'avait pas besoin de voir clairement, elle n'avait pas de copies à corriger. Et puis, elle savait que Saïl était à ses côtés et de ce fait, cela la rassurait ... Car il était vrai que si elle s'était retrouvée toute seule, enfermée dans la salle de classe, et bin, elle ne serait sûrement pas aussi calme qu'elle ne l'était en ce moment.

Ah, la peur panique de rester coincée dans un espace clos ! Cela remontait à son enfance, elle devait avoir treize. La jeune Shylee devait se rendre chez une amie qui, malheureusement, habitait dans un grand immeuble. Au moins une vingtaine d'étages, si ce n'était plus. Peu endurante à cette période, Shylee avait décidé d'emprunter l'ascenseur plutôt que de se taper les vingt étages à pied. Seulement, c'était sans compter sur une fichue panne de secteur qui avait fait sauter les plombs dans tout le quartier. Et voilà la pauvre Shylee qui se retrouve enfermée dans la boîte de conserve -du moins, c'était le surnom qu'elle donnait à l'ascenseur depuis-, sans moyen pour contacter l'extérieur, sans pouvoir signaler sa présence. Et le temps de tout remettre en route, il passa bien cinq longues heures qui lui avaient paru être une éternité ...

Shylee s'était jurée, depuis, de ne plus reprendre aucun ascenseur. Faut pas tenter sa chance deux fois de suite. Et puis, prendre les escaliers, ça ne fait pas de mal, non ? Au contraire, ça vous fait faire de l'exercice ! D'où le fait que la jeune femme n'avait plus aucun mal à grimper vingt étages à pied s'il le fallait ! Et même si aujourd'hui elle était coincée dans cette fichue salle des professeurs, la situation était bien différente. Elle avait une meilleure compagnie que la précédente fois. La pièce était aussi bien plus grande et elle n'avait pas l'impression d'étouffer. De toute manière, ils étaient partis pour rester bloqués toute la nuit alors, autant s'en accomoder, non ?

Enfin, revenons à nos moutons. Ce qui la faisait douter ? Bonne question. Elle n'y avait pas vraiment réfléchi... Et était-ce vraiment le moment de se torturer l'esprit afin de trouver une réponse correcte ?

"Et bien ... Je ne sais pas ... Je pense que ... tu m'as surprise, tout simplement."

Elle avait entendu ces mots sortir de la bouche de ses parents. Il est normal pour un parent de complimenter son enfant afin de le rassurer, de lui montrer qu'on l'aime et qu'on ne va pas le laisser de côté. Mais que ces mots sortent de la bouche d'une autre personne, non, elle ne les avait jamais entendus ... Ou alors, elle ne s'en souvenait pas.

"Mais ce n'est pas parce que j'ai ses qualités que je vais prendre la grosse tête ! Promis."

Sans le faire exprès, sa petite main toute fine, toute douche, était venue se poser sur celle de Saïl. Quand elle parlait, cela lui arrivait de faire quelques geste. Et c'était encore plus flagrant lorsqu'elle faisait cours à ses élèves. Ses mains, ses bras pouvaient parfois bouger dans tous les sens et il y avait des fois où Shylee ne s'en rendait même pas compte. Comme maintenant.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le mardi 07 septembre 2010, 00:15:28
Certaines passions peuvent surgir brutalement, avec la soudaineté et la férocité d’un feu de savane, croissant de façon incontrôlée et ravageant tout sur leur sillage, ne paraissant avoir de fin que lorsqu’elles sont entièrement consommées, ne laissant alors comme trace de leur passage qu’un tapis d’émotions encore chaudes. D’autres encore, a contrariori, peuvent se développer doucement, sans brusquerie, naissant si modestes qu’elles en passent parfois inaperçues, telle une fleur, ce qui ne les empêche pas de croître pour finir par atteindre une ampleur parfois surprenante.
C’était l’allure qu’avait celle de Saïl pour Shylee, celui-ci ayant tout d’abord commencé par se sentir bien avec elle, puis continué en l’appréciant de plus en plus au fur et à mesure que le temps s’écoulait, pour finir désormais par avoir pour elle une estime des plus tendre. Jusqu’où pouvait donc aller cette affection qui s’était tout d’abord manifestée de manière diffuse avant de s’affirmer pour devenir maintenant absolument indéniable ? Il ne pouvait à ce stade être fait que des suppositions, mais sans aucun doute, il aurait été étonnant qu’elle ne crût pas, et inconcevable qu’elle diminuât.

En tout cas, quoi qu’il dût advenir, la jeune femme aux cheveux bleus resterait assurément quelqu’un d’adorable tant elle s’affichait devant les autres –ou devant lui, tout du moins- sans complexe, avec une délicate franchise qui chassait absolument toute possibilité de déceler chez elle quelque chose comme de la vanité ou de la prétention. Plus que cela même, elle était manifestement de ceux qui prennent la vie telle qu’elle vient, se réjouissant de ses bons côtés et haussant les épaules devant ses mauvais, ne se laissant jamais décourager devant les échecs et faisant toujours en sorte de donner le meilleur d’eux-mêmes. Bien sûr, faire une telle analyse était extrapoler quelque peu, mais à moins qu’elle fût réellement une manipulatrice hors pair, la demoiselle était si aimablement transparente qu’il était aisé de lire la grandeur de son caractère, si inconsciente qu’elle en fût.

Même en cet instant, après un moment d’hésitation, elle finit en quelque sorte par ne pas répondre du tout à sa question, attribuant à la surprise toute la confusion dont elle avait fait montre. Saïl n’aurait pas su dire si elle l’affirmait pour esquiver la question ou s’il s’agissait bien de la vérité, mais toujours est-il qu’elle enchaîna en affirmant qu’elle saurait rester humble, même en se sachant si louable par tant de qualités. Enfin elle reconnaissait à quel point elle était appréciable, et même en le faisant, elle savait conserver son charme simple qui encore une fois le toucha, renforçant son attachement envers elle, affermissant en lui la conviction qu’elle était digne qu’on se montrât aussi attentionné que possible à son égard.
Devant cette touche d’humour qui n’était certes pas la plus fracassante qui fût, mais restait néanmoins aussi agréable que la jeune femme l’était, Saïl eut un petit rire amusé et complice. Intérieurement, il bénit la bonne étoile qui lui avait donné la chance de se retrouver en compagnie de quelqu’un qui avait aussi bien su le mettre à l’aise, le faire se sentir encore plus le bienvenu au sein de cet établissement.

Lorsque la main de Shylee toucha la sienne, instinctivement, il referma les doigts, aussi soigneusement que s’il avait recueilli un flocon de neige au creux de sa paume, avec une prévenance excluant toute brusquerie. Que cette menotte avait en effet de similitudes avec ce magnifique fragment d’eau cristallisé : fraîche, délicate, d’une élogieuse blancheur, elle reflétait à quel point celle dont elle faisait partie combinait les grâces de l’esprit et les grâces physiques.
En effet, si doux étaient ses gestes, si élégante était physionomie, si beaux étaient ses traits, si jolis étaient ses membres fins et lisses, que l’on aurait pu croire avoir devant soi quelque sublime dame de glace si ce n’eût été la chaleur cordiale et sans façons qui se dégageait de la moindre parcelle de son être. En la voyant, on avait devant soi l’image que l’on pouvait se faire d’une princesse de contes de fée dans toute sa candide splendeur, et si utopique que fût l’idée, elle s’imposait comme d’elle-même.

A propos justement de figure royale, à avoir dans sa grande patte celle menue et suave de la jeune femme, il ne put s’empêcher, pour montrer à quel point il l’admirait, de faire délicatement monter jusqu’à lui cette main qu’il embrassa tendrement, déposant simplement sur elle ses lèvres avec autant de galanterie qu’il était possible d’en manifester. Le contact se prolongea durant quelques secondes, puis Saïl resserra un peu plus sa prise autour des doigts fuselés de la demoiselle, prenant toutefois toujours garde de ne pas l’oppresser, content d’être avec elle, paisiblement dans cette pièce tranquille.

« Je suis vraiment heureux de t’avoir rencontrée Shylee. » Dit-il d’un ton presque rêveur, la regardant avec affection dans cette obscurité qui mettait encore plus en relief la profondeur de ses précieux yeux bleu ciel.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le mardi 07 septembre 2010, 15:29:06
A l'instar des grands gentlemen de l'époque Victorienne en Angleterre et sans crier gare, Saïl avait porté la douce petite main de Shylee à sa bouche, lui donnant ainsi un tendre et doux baiser. C'était un geste fort attentionné qui avait néanmoins disparu au fil du temps. Il était vrai que la politesse et la galanterie avaient fini par se perdre à cause de toutes ces nouvelles générations qui n'en avaient que faire. Il était rare de trouver un homme de la qualité de Saïl de nos jours. Car jusqu'à présent, il fallait bien dire que Shylee n'était tombée sur un homme de son envergure. Non, ses anciennes connaissances étaient plutôt malpolies, directes, voire même plutôt portées sur la chose. Enfin bref. Shylee avait préféré laisser tomber ces mauvaises influences plutôt que de se faire pervertir. Et tant pis si elle était seule !

Leur rencontre n'était pas mal tombée, bien au contraire. Car Saïl était charmant, pour sûr. Seulement, oserait-elle lui dire ? Ah, Shylee devait surmonter cette timidité qu'elle avait tout au fond d'elle. Elle l'avait déjà fait, par le passé, et pensait que ce chapitre de sa vie était terminé depuis bien longtemps. Mais apparemment, elle s'était trompée. Peut-être que sa rencontre avec Saïl l'aiderait à corriger ce défaut.

"J'en suis ravie, moi aussi."

Et dire qu'ils auraient pu passer à ce côté de cette rencontre si la poignée n'avait pas cédé. Cela aurait été fortement dommage. Et puis, au moins, Shylee passait sa soirée en charmante compagnie. Elle aurait été chez elle, elle aurait cherché le fichu dossier et puis, aurait sûrement passé le reste de la soirée à écouter de la musique ou bien lire un bouquin. Oui, pas très glorieux et alors ? On s'occupe comme on peu, non ? Quant à regarder la télévision, et bien, c'était pas trop son truc. Il était vrai qu'elle l'allumait de temps à autre, histoire d'écouter les informations mais elle pouvait très bien le faire à partir d'une radio.

"Il commence à faire un peu froid, tu ne trouves pas ?"

Il était vrai qu'une certaine fraîcheur commençait à s'installer dans la salle des professeurs. Et il y avait, principalement, deux raisons à cela. D'une, parce que la chaudière n'était plus en route à cette période de l'année. De ce fait, les chauffages n'étaient plus allumées et les pièces se refroidissaient rapidement dès que le soleil laissait place à la lune. De deux, toute l'installation devait être mal isolée. La fenêtre de la salle des professeurs était fermée mais pourtant, il lui semblait sentir comme un petit courant d'air. Et dire qu'elle n'avait pas pris sa veste en partant le matin. Shylee pensait qu'elle serait rentrée bien avant que la température ne baisse. Et il fallait dire aussi que son petit chemisier ne lui tenait pas vraiment bien chaud.

La jeune femme avait bien une idée en tête pour se réchauffer un peu mais cela pouvait paraître ... comment dire ... inconvenant. Et en aucun cas elle ne voulait mettre mal à l'aise Saïl. Alors, que faire ? Continuer d'avoir froid et faire comme si de rien n'était ? Ou bien, lui soumettre son idée au risque ... au risque d'avoir un refus. Mais comme dit le vieux proverbe, qui ne tente rien, n'a rien. Shylee leva alors la tête, regardant ainsi Saïl.

"Cela t'ennuierait-il si je me serrais contre toi ?"

La balle était dans son camp. S'il refusait, tant pis. S'il acceptait, tant mieux !
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le mardi 07 septembre 2010, 19:46:00
Un sourire toujours aussi tendre sur le visage, il regarda avec plaisir Shylee se départir d’un peu de sa timidité et lui confier sans bégayer ni avoir l’air le moins du monde embarrassé qu’elle était tout aussi contente qu’ils eussent ainsi eu l’occasion de faire connaissance. Cette douceur verbale vint s’ajouter à la douceur du toucher de la demoiselle aux cheveux bleus, celle-ci ne cessant jamais de tenir une place de plus en plus importante dans ses sentiments tant elle était si aimable, si gentille, que seul un monstre sans âme aurait certainement pu ne pas se sentir pénétré de la même affection que celle que ressentait Saïl.
A vrai dire, si agréable était l’atmosphère qu’il en était venu à ne plus faire réellement attention à ce qui l’entourait ; en tout cas à ce qui ne participait pas directement à rehausser la beauté de la jeune femme comme le faisait l’obscurité ambiante à peine éclairée par la lueur de la lune et des étoiles à l’extérieur. Ainsi, il ne prit conscience du froid qui s’était insidieusement installé pour se tailler désormais une bonne place que lorsque sa partenaire lui fit remarquer combien la température avait décru depuis le début de leur entrevue.

Bien sûr, il n’était pas étourdi au point d’être incapable de prendre en compte des signes aussi évidents qu’auraient pu l’être des tremblements ou un souffle embué, mais pour autant, il ne s’aperçut que maintenant de la fraîcheur de leur lieu de résidence nocturne involontaire. Sur le coup, en y faisant attention, il se fustigea vertement bien que de façon injustifiée pour ne pas avoir prévu de quoi mieux se vêtir en cas de baisse de chaleur soudaine. C’est qu’autant pendant la journée, le temps restait clément au point qu’une simple chemise pût suffire, autant à partir du moment où la nuit venait, les degrés pouvaient facilement baisser comme c’était le cas en cet instant.
Restant toutefois raisonnable, il estima que leur vie n’était pas en danger, cela n’empêchant qu’à ce niveau, la situation n’était pas prête de s’arranger et que tous deux allaient finir par risquer de se trouver mal si ça continuait comme ça. Naturellement, face à un tel problème, une solution aisée à deviner s’imposait à l’esprit, mais la proposer à Shylee aurait certainement pu à ce point l’embarrasser qu’il décida de ne rien en faire pour ne pas être inconvenant, s’affairant plutôt à trouver un autre moyen d’améliorer leur sort.

Mais en définitive, cela ne s’avéra pas nécessaire, car si lui ne s’était pas senti la hardiesse d’énoncer l’idée qu’ils se rapprochassent, elle ne le fit qu’après une courte période de réflexion, s’adressant alors à lui sans hésitation. Sur le coup, il ne sut pas quoi dire tant la question aurait pu paraître suspecte dans la bouche de quelqu’un d’autre, mais une fois rapidement remis de sa surprise, ce fut avec un sourire cordial qu’il accueillit la suggestion :

« Non, bien sûr. » Répondit-il gentiment. « Viens. »

Puis il se leva à moitié pour tendre les mains vers elle, l’enlevant en toute délicatesse à sa chaise, mettant dans sa prise tous les égards dont aurait fait preuve un page envers une dame. Certes, la jeune femme était d’une légèreté diaphane, mais ce fut néanmoins avec une aisance surprenante qu’il la souleva, car il fallait dire que depuis qu’il était revenu de son apparence d’homme-loup, sa masse musculaire s’en était ressentie, même sous forme humaine.
La guidant ainsi courtoisement jusqu’à lui, il se rassit commodément sur son siège, posant la demoiselle sur ses genoux, dos à lui, les bras tendrement resserrés autour de sa taille de manière à lui procurer un bien-être aussi grand que possible. Etant d’une taille sensiblement plus haute que la sienne, son nez se retrouva au niveau de sa nuque, ce qui lui donna l’occasion de humer le délicieux parfum qu’elle dégageait, mélange de douceur et de fraîcheur pareil à l’odeur du jasmin.

Charmé de la sentir ainsi tout contre lui, il savoura ce contact si agréable en s’abstenant toutefois de tout geste déplacé, ayant toujours autant à cœur de ne pas faire preuve de goujaterie vis-à-vis d’elle. Evidemment, il n’aurait pas été contre la perspective de pousser plus loin encore leur proximité, mais ce n’était pas une raison pour se mettre en tête de profiter malhonnêtement de la situation, aussi fut-ce avec affection mais sans quoi que ce fût de tendancieux dans la voix qu’il tendit le cou pour se mettre à la hauteur de son visage et lui demander aimablement :

« Ça va mieux comme ça ? »
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le mardi 07 septembre 2010, 20:24:51
Shylee avait reçu une réponse positive. Fort bien, car cela lui évitait de se creuser la tête sur comment elle allait faire pour se réchauffer. Après quelques instants et quelques mouvements, la jeune femme se retrouva sur les genoux de Saïl. Ce dernier l'enserrait par la taille, histoire de la réchauffer un peu, tandis qu'avec ses mains, elle se frottait un peu ses bras nus. Et dire qu'elle avait mis un chemisier tout en pensant que la journée serait bien chaude ... Mais comme l'un comme l'autre n'avaient pas prévu de se retrouver dans la salle des professeurs, salle qui perdait la chaleur de la journée. Shylee retiendrait la leçon pour la prochaine fois, ou du moins, s'il y avait prochaine fois. Elle n'oublierait pas de prendre un gilet ou bien une veste, et ce même s'il faisait une chaleur à mourir dehors. Et tant pis si elle avait l'air ridicule. Comme le dit le vieux proverbe, le ridicule ne tue pas, non ?

Bref. Grâce à la proximité de son corps avec celui de Saïl, Shylee commençait à se réchauffer petit à petit. Elle avait moins froid, du moins, un peu moins qu'il y avait de cela quelques minutes. Elle frottait encore un peu ses bras et ses mains, de temps à autre, histoire d'éviter d'avoir des mains glacées. Cela lui arrivait souvent en hiver, d'avoir les mains glacées. Et il n'était pas rare de la voir avec des gants. Peut-être enseignerait-elle avec des jolies petites mouffles cet hiver. Pas impossible. Mais on se ficherait très certainement d'elle. Qu'importe, tant que que cela pouvait lui éviter d'avoir froid.

Ses bras enserrant toujours la taille de sa collègue, il avança sa tête, afin de lui poser une question toute simple. Si c'était mieux comme ça ? Bien évidemment. Elle avait beaucoup moins froid. Mais tôt ou tard ils devraient trouver la fuite, histoire de savoir d'où pouvait provenir cette fraîcheur.
"Oui, bien mieux, je te remercie."

Elle marqua une petite pause avant de reprendre.

"Jamais je n'aurais pensé que cette salle était aussi glaciale."

Il fallait dire aussi que c'était la première fois qu'elle restait aussi tard et que ce ne serait peut-être pas la dernière. Qui sait ce que le destin pouvait lui réserver.
Avec un sourire sur le visage, Shylee tourna la tête sur le côté, histoire de retrouver celle de Saïl. Et elle fut légèrement surprise lorsqu'elle constata que leurs deux visages étaient bien plus proches qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Elle sentait presque son souffle sur sa peau. Un souffle plutôt chaud qui ne manquerait pas de la réchauffer si besoin était. Shylee avait une surprenante envie de goûter à ses lèvres mais elle n'en fit rien. Ils se connaissaient à peine et en aucun cas, elle ne voulait passer pour une fille facile. Elle n'en ferait donc rien. Sauf si ... Sauf si Saïl faisait le premier pas ...

"Et toi ? N'as-tu pas froid ?" avait-elle demandé en ramenant sa tête vers le droit chemin.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le mercredi 08 septembre 2010, 03:11:52
Bien que Saïl fût fils unique, il aurait très certainement fait un grand frère exemplaire tant il était capable de faire preuve d’une attitude vaillamment protectrice digne de décourager mêmes les plus fortes parties, le placide savant sachant se faire au besoin aussi hardi que la situation pouvait l’exiger. De même, apte à allier douceur et assurance lorsqu’il n’était pas sous les affres de la timidité, il pouvait s’avérer une compagnie charmante, sa tranquille honnêteté de même que son absence totale de vanité mettant très facilement à l’aise.
C’était ainsi qu’il se montrait en ce moment même, alors qu’il tenait Shylee contre lui, désireux de lui apporter tout le réconfort nécessaire pour ne plus qu’elle fût affligée par ce froid auquel elle semblait particulièrement vulnérable, se frottant les bras avec acharnement pour diffuser plus de chaleur en elle. Affichant d’abord un sourire content devant la réponse aimable de la demoiselle qui l’honora, il arbora ensuite un air étonné en apprenant qu’elle trouvait la température aussi polaire. Bien sûr, le microcosme au sein duquel ils étaient n’avait pas le thermostat très clément, mais de là à frissonner comme elle le faisait, c’était peut-être exagérer la situation, aussi y avait-il de quoi être surpris d’une façon qu’il afficha en répondant :

« Tant que ç… »

Il s’interrompit en même temps que ses yeux s’écarquillaient simultanément à ceux de la jeune femme, tous deux s’apercevant de concert qu’ils étaient devenus physiquement plus proches qu’il n’auraient pu s’y attendre. Précipitamment, il recula son buste alors qu’elle-même détournait le visage, partageant probablement une confusion de même nature ; car du côté de Saïl, s’il avait pour elle une affection d’allure fraternelle, celle-ci ne se limitait pas à cela tellement la joliesse de la belle avait de quoi susciter des émotions plus fortes.
Si ses sentiments étaient sincères, il n’aurait pour autant jamais voulu les lui imposer tant il aurait trouvé dommage qu’une maladroite précipitation de sa part tuât dans l’œuf une relation qui s’inaugurait aussi agréablement courtoise. Par conséquent, ne voulant pas la laisser croire qu’il avait une idée derrière la tête, il fit autant que possible en sorte de reprendre un peu d’aplomb, répondant à la nouvelle question d’un ton qui se voulait détaché :

« N-non, ça va. »

Puis un silence inconfortable pareil à ceux que les premiers moments de leur rencontre avaient connus s’installa, transformant assez rapidement l’embarras du médecin en une sorte d’indignité. Les voir de la sorte revenir à la case départ était pour lui quelque chose de bien frustrant, aussi, dans un effort pour réinstaurer au moins un peu de convivialité entre eux plutôt que de laisser s’éterniser cette gêne, il voulut prendre dans ses mains les bras de Shylee pour gentiment les frictionner et ainsi la remettre à l’aise.
Toutefois, comme il ne la voyait que de dos, son mouvement eut une marge d’erreur fâcheuse qui, au lieu de faire atterrir directement ses grandes pattes à l’endroit voulu, les précipita en passant au niveau de la poitrine de la demoiselle. Alors, ce qui devait arriver arriva, et un de ses doigts rencontra franchement un de ses seins, s’y enfonçant légèrement avant de poursuivre sa course imprévue selon une trajectoire qui épousa un instant la forme de l’appendice mammaire.
Aussitôt, dans un sursaut, rouge comme une pivoine, le garçon se rétracta, remettant en toute hâte ses pognes au niveau de l’abdomen de la jeune femme où elles restèrent sagement, presque craintives. Il semblait bien que pour rendre l’atmosphère moins tendue, c’était râpé, aussi ne restait-il à Saïl qu’à présenter ses excuses s’il ne voulait pas passer pour un cuistre complet, ce qu’il fit en bredouillant platement :

« Pardon ! Je… je n’aurais pas dû. »
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le mercredi 08 septembre 2010, 11:19:39
Bien malgré lui, un des doigts de Saïl s'était aventuré surla poitrine de Shylee. Mais ce contact ne perdura qu'une fraction de seconde puisque les mains du jeune homme avaient retrouvé leur place initiale, autour de sa taille. Un nouveau silence s'installa après de nouvelles excuses. Shylee avait envie de lui dire que ce n'était pas grave, qu'un malencontreux geste était si vite arrivé, surtout qu'il n'avait pas la vue dégagée. Mais sur le coup, elle douta que c'était les bons mots à dire. Peut-être qu'il y avait autre chose à faire, à dire, pour dissiper toute cette gêne qui s'était, malheureusement, réinstallée entre eux deux. D'une manière ou d'une autre, Shylee se devait de dissiper ce silence qui commençait à devenir pesant. Dès lors, sa main gauche vint s'aventurer sur celle de Saïl. La jeune femme voulait se montrer rassurante.

"Il n'y a rien à pardonner. Tu n'as pas le pouvoir de voir à travers mon corps ..."

Shylee avait très envie de se laisser aller, de se blottir contre Saïl, son dos contre son torse, sa nuque contre sa clavicule, leurs deux têtes l'une près de l'autre. Sauf que ... après ce qui venait se passer, elle n'était pas sûre de le faire ... Pourquoi ? Tout simplement à cause de cette gêne quelques minutes plus tôt, lorsque leurs deux visages s'étaient retrouvés plus que proches sans qu'ils ne le veuillent vraiment. Shylee appréciait beaucoup Saïl et elle ne voulait pas qu'il se replie comme une huître pourrait le faire dans sa coquille ... Non, elle n'avait pas envie de tout faire foirer.

Mais néanmoins, la jeune femme avait envie de goûter à ses lèvres rien qu'une fois. Elle avait envie de laisser vagabonder ses doigts sur son corps, rien que pour cette fois. Car même si tous les deux étaient professeurs, qui sait s'ils se recroiseraient au détour d'un couloir. Qui sait si, après cette soirée, ils auraient l'occasion de se reparler à nouveau. Le futur était bien incertain et Shylee ne voulait pas passer à côté d'une occasion qui, pourrait être, sans aucun doute, formidable. Seulement, elle ne connaissait pas les sentiments de Saïl. Elle ne savait pas s'il était prêt à approfondir cette relation ou bien s'il préférerait tout arrêter maintenant avant que les choses ne dérapent.

Devait-elle se lancer et advienne que verra ? Fallait-il qu'elle prenne les choses en main ? Peut-être ... Shylee allait se risquer à l'embrasser et tant pis si elle se prenait une gifle monumentale, du moins, au sens figuré du terme. Elle reprit sa respiration tandis que son coeur était légèrement en train de s'accélérer. Et puis, prenant son courant à deux mains, Shylee pivota. Il n'y avait pas que sa tête qui avait tourné. Non, son corps avait suivi le mouvement. Certes, la position n'était pas des plus confortables mais bon.

"Je ..."

Sur le coup, Shylee avait eu envie de lui demander s'il avait quelqu'un dans sa vie. Car à aucun moment elle n'aurait voulu s'interposer entre celle qui partageait sa vie, du moins, si elle existait, et lui. Shylee n'était pas une briseuse de couple. Mais elle s'était rétractée, craignant peut-être la réponse. Finalement, sans rien dire de plus, elle avança sa tête vers celle de Saïl. Leurs visages étaient proches, tout comme la dernière fois. Sauf qu'elle ne détourna pas la tête. Non, cette fois-ci, elle se rapprocha encore plus et Shylee finit par capturer les lèvres de Saïl. Tant pis si elle se prenait un vent. Tant pis s'il ne lui répondait pas favorablement. Au moins, elle saurait.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le mercredi 08 septembre 2010, 13:22:08
Etait-ce donc ainsi que leur rencontre inopinée allait s’achever ? Après que le charme de leur entrevue se fût construit petit à petit, à force de mots gentils et d’attentions réciproques, tout ce magnifique édifice s’effondrerait sous le coup d’à peine quelques maladresses ? Non, il aurait été une disgrâce que Saïl voulût en rester à un pareil échec, lui qui, au contraire, dans tous les domaines, n’avait toujours eu de cesse de poursuivre le plein accomplissement de ce qu’il faisait, quoi qu’il dût lui en coûter. Et en l’occurrence, la honte, l’embarras, la confusion, ne devaient pas le faire s’éloigner ainsi de la si estimable Shylee ; plutôt que de se racrapoter stupidement en bégayant de pusillanimes excuses, il aurait dû repartir à la charge et lui demander dignement son pardon pour faire repartir d’un coup d’aile l’envol de leur douce compagnie !
La demoiselle elle-même, toujours avec cette cordiale et amène simplicité dans le moindre de ses actes, fit en sorte de redonner du lustre à la situation, rassurant le jeune homme du toucher de sa main si délicate, si cajolante, si réconfortante. Malgré la fraîcheur de ces doigts malmenés par le froid ambiant, ce fut comme si un roboratif regain de chaleur l’avait traversé, les paroles de la belle exhalant l’haleine d’un revigorant soufflet sur l’âtre attiédi de son cœur. Ces propos n’étaient sans doute pas de la plus haute éloquence, mais cela n’empêcha qu’ils firent renaître la cordialité entre eux, en un contraste éminemment appréciable comparé au silence penaud de la seconde d’avant.

Aussitôt, on aurait pu croire à l’émanation d’une puissante étincelle d’affection entre eux qui, dissipant les ténèbres de la gêne, se faisait jour pour laisser à nouveau courir dans la pièce entière ce courant de tendresse qui s’était un moment vu court-circuité. Tout d’un coup, même s’ils ne se regardaient pas, les yeux de leur âme pouvaient voir clair l’un dans l’esprit de l’autre, et cette merveilleuse communion s’accomplit à nouveau, chassant le malaise de la même manière que l’on chasse un opportun d’un coup de pied au derrière.
Ce placide médecin qui tenait contre lui cette adorable institutrice ne devait pas se montrer apeuré par les sentiments qu’il éprouvait envers elle ; car après tout, pourquoi rougir de nourrir à l’égard de quelqu’un de si aimables pensées ? Si elle devait s’avérer ne pas goûter une telle révélation, voire l’avoir en horreur, et bien il en serait ainsi, mais au moins, voilà qui vaudrait toujours mieux que de rester niaisement sur le banc de touche avec des gestes en demi-teinte.

Et à l’instant même où cette résolution prenait corps en Saïl, il sembla qu’une chose semblable se fût produite chez Shylee, car celle-ci, en un mouvement qui parut la concrétisation d’une longue et ardue réflexion, se tourna complètement dans sa direction. Un court laps de temps, la surprise se fit de se retrouver ainsi face à face, comme s’il la découvrait réellement pour la première fois, dans cette obscurité complice qui donnait l’impression de réduire les choses à leur essence.
Oui, en ce moment même, ce qu’il voyait n’était pas une collègue, mais une ravissante jeune femme qu’il désirait combler de ses attentions les plus douces, emmitoufler dans la chaleur de ses émotions afin de la garder de toute froideur, matérielle ou spirituelle. Leurs positions ne laissaient désormais plus de place au doute ; ce doute qui l’avait insidieusement taraudé et qui maintenant n’avait plus de prise sur ce couple en pleine manifestation de tendresse.

Un mot, à peine une syllabe qui, telle une note de musique joliment délicate mais impromptue, s’envola, les paroles passant le relais aux actes. L’enchantement de leur proximité s’épanouissait, et sans penser une seule seconde à aller à son encontre, l’affectueux garçon imita l’approche de sa compagne, faisant venir son visage toujours plus près pour une fabuleuse rencontre.
Le contact eut lieu, et tout d’abord, la fraîcheur domina, leurs bouches désensibilisées par la faible température se rencontrant timidement pour ensuite affermir leur étreinte l’une contre l’autre et s’échauffer lentement. Ce ne fut pas un baiser plein d’un brûlant érotisme torride, non, ce fut l’expression d’une passion pleine de suavité, celle-ci se concrétisant alors que leurs enveloppes charnelles semblaient partager leur énergie, chacun paraissant donner à l’autre un peu de ce qu’il contenait par le biais de cet harmonieux toucher.

Il l’embrassa une fois tout gentiment, laissant le temps à ces nouvelles sensations de se propager dans son être, puis une autre fois avec plus de hardiesse, pressant ses lèvres contre celles de Shylee avec une indéniable affection, s’imprégnant de leur goût si délicieux, de leur texture si finement pulpeuse. Dans le même moment, ses bras reprirent la place qui leur revenait, faisant le tour du petit corps de la demoiselle aux cheveux bleus ; ce corps que l’on aurait pu croire mince au point d’être fragile, mais dont Saïl sentait la vie palpiter vigoureusement.
Une main sur le bas de son dos, une autre au niveau de ses épaules, il la pressa avec chaleur contre lui, comme pour lui faire passer le message qu’elle n’avait absolument rien à craindre de lui, qu’il n’abuserait pas d’elle et la traiterait avec toute la tendresse qui lui était due. Puis il se recula légèrement sans rompre pour autant l’embrassade qui les unissait, prenant un instant pour la regarder les yeux dans les yeux, les siens affichant toute la douceur des sentiments que son cœur renfermait.
Et une fois encore, évidence qu’il se plut pourtant à remuer dans son esprit, il pensa à quel point elle était belle.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le mercredi 08 septembre 2010, 14:43:09
Non, il ne l'avait pas repoussé, bien au contraire. Saï avait même approfondi ce qu'était leur premier baiser. Un baiser passionné, tendre, qui expliquait sûrement les sentiments que la jeune femme avait pour son collègue. Quoi que ... En ce moment, Shylee ne le considérait pas comme son collègue, mais plutôt comme un homme qu'elle était plus que contente d'avoir rencontré. Elle ne connaissait pas encore la profondeur des sentiments qu'elle pouvait avoir à son encontre, mais une chose était sûre : c'était très certainement plus que de l'affection. Et sûrement que cela devait être pareil pour lui sinon, il aurait coupé court au baiser.

Quoi qu'il en soit, la position dans laquelle Shylee était n'était malheureusement pas des plus confortables. Car au bout d'un moment, son dos courbé de la sorte finirait par lui faire mal. Ainsi, elle entreprit donc de changer de position, non sans mal d'ailleurs. Son compagnon du soir aurait sûrement une pointe d'incompréhension mais bon, tout reviendrait bien vite à la normale. Sans ôter ses lèvres de la bouche de Saïl, Shylee se souleva légèrement, histoire de se retrouver à califourchon. Ce qui avait changé ? Cette fois-ci, ils étaient face à face et le contact n'en était que plus facilité à présent.

Dès lors, Shylee put se rapprocher un peu plus de Saïl et ce dernier pouvait mieux l'enserrer tout contre lui. Quant à elle, la jeune femme passa ses bras autour de la nuque, laissant ainsi ses mains dans le vide. Elle ne voyait pas bien, d'ailleurs, où est-ce qu'elle aurait pu les mettre, si ce n'était ici. Finalement, après ce long et doux baiser, Shylee le rompit. Non pas qu'elle n'avait pas envie de le prolonger, une nouvelle fois, mais il fallait bien tout de même qu'ils reprennent leur respiration convenablement, non ? Elle recula sa tête légèrement, mais pas trop non plus. Son nez était un peu rouge. Sûrement qu'il s'était réchauffé lors de ce contact prolongé et rapproché. En parlant de température, Shylee ne semblait plus avoir aussi froid qu'auparavant. Nul aucun doute que cela était dû au baiser. Comme la machinerie s'était mise en route, le coeur avait dû pomper le sang plus rapidement, la réchauffant ainsi un peu.

"Que cette poignée casse nous aura été bénéfique ..."

Ce qu'elle entendait par là ? Qu'elle étiat bien plus qu'heurese de se retrouver ici, là, en compagnie de Saïl. Il était vrai que si la tension et la gêne avaient occupé une grande partie de la soirée, ce n'en était plus le cas à présent. Non, tout semblait s'être envolé, du moins, c'était ce que pensait Shylee. Elle était bien, là, dans les bras de Saïl. Mais sa précédente question qu'elle n'avait pas encore posé lui brûlait toujours les lèvres. Seulement, la réponse pourrait lui sembler cruelle si jamais il était accompagné. Dans le doute, mieux valait-il s'abstenir. Cela leur éviterait bien des souffrances. Restait maintenant à savoir si ce baiser resterait unique ou bien s'il serait poursuivi par d'autres ...
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le mercredi 08 septembre 2010, 16:23:53
Étant donnée la position dans laquelle tous les deux se trouvaient désormais, ils auraient pu sembler de bien fougueux lascars s’ils avaient été surpris dans une telle posture par un témoin indiscret. Sans doute, n’importe qui se serait fait l’idée d’un couple immoralement libidineux incapable de se retrouver une heure dans la même pièce sans s’abandonner à des pensées lubriques, s’empressant de se jeter l’un sur l’autre dès que l’occasion se présentait.
Pourtant, tel n’était nullement le cas, et Saïl lui-même serait immédiatement monté sur la brèche pour nier une telle version des faits qui l’aurait non seulement fait passer pour un Don Juan, mais aurait surtout donné à Shylee l’image d’une fille de bien mauvaise vie. Ô combien erroné aurait été un tel portrait, tant la jeune femme était bien au contraire une candide demoiselle qui n’avait absolument rien d’une séductrice vénéneuse. Il s’était simplement passé que, de fil en aiguille, ils s’étaient rapprochés, pour finir désormais par exprimer les sentiments qui les animaient de la plus directe et sincère des façons, sans toute la bassesse qu’aurait pu receler l’idée de ne faire de cette rencontre qu’un coup d’un soir.

Combien elle avait l’air mignonne, avec son visage légèrement rougi par la passion de leurs baisers, ses bras enserrant délicatement le cou de son partenaire alors qui lui-même la tenait tendrement dans les siens. A eux deux, l’un contre l’autre, ils formaient comme un microcosme à l’abri de toute atteinte extérieure, particulièrement celle du froid qui ne pouvait maintenant plus s’acharner sur eux sans se briser sur la résistance qu’offrait la chaleur combinée de leurs corps. Le bonheur tient à peu de choses, et en l’occurrence, tant que cette étreinte qu’ils partageaient se poursuivrait, ils resteraient à flotter sur les nuages de cette sorte d’extase délicieusement aérienne.
Si lui s’était senti pénétré d’un exaltant plaisir lors des manifestations d’affection auxquelles il venaient de s’adonner, elle ne paraissait pas moins heureuse, son expression douce laissant entrevoir toute la relaxation agréablement languide dans laquelle leurs contacts l’avaient plongée. Sa voix même, sa petite voix de belle enfant qui allait de pair avec son physique désirablement gracile, était ourlée de quelque chose de rêveur qui semblait refléter le début de pâmoison induit par leur émoustillante embrassade.

« Oui. » Murmura-t-il tout bonnement en réponse.

Puis il vint à nouveau vers elle pour la gratifier de la caresse de ses lèvres, posant les siennes contre celles de Shylee en un attentionné bisou rapide, avant de commencer lentement à descendre le long du visage de la jeune femme, sans cesser de laisser sur son passage ses lèvres papillonner d’abord brièvement sur son menton, puis sur son cou et enfin sur sa gorge sur laquelle il s’attarda. Là, il se montra toujours aussi prévenant, mettant toute la suavité et la profondeur dont il était capable dans ces baisers, plaquant avec adoration sa bouche contre cette chair lisse et fraîche qui se réchauffait de plus en plus en une succession de petits bruits de succion.
En vérité, il ne réfléchissait pas vraiment –ou plutôt plus vraiment- à l’idée de savoir si ce qu’il faisait était éthiquement bien ou mal ; il se souciait simplement de rendre l’expérience aussi appréciable que possible pour sa partenaire. On pouvait voir en cela une autre manifestation de son altruisme qui le faisait rechercher un bonheur aussi complet que possible chez les personnes auxquelles il tenait, sauf qu’en cet instant, cela allait bien évidemment nettement plus loin, cet esprit de charité se teintant des affres d’une douce passion.

Indubitablement, il voulait pousser ce ballet charnel plus loin, explorer de plus près le corps de cette demoiselle qui n’avait pas repoussé ses avances accidentelles, la choyer de tout son soûl. Pour autant, il n’aurait pas voulu la brusquer, aussi, laissant ses gestes tendres parler pour lui, il remonta délicatement les mains pour venir caresser la nuque de sa compagne, effleurant ses cheveux avant de redescendre précautionneusement le long de son dos.
Ses paumes, larges et chaleureuses, épousèrent la forme du moindre de ses muscles, du moindre de ses os, parvenant au fur et à mesure de leur progression jusqu’au niveau des hanches de Shylee où il s’arrêta un moment. Sans précipitation, avec un aimable soin, il commença alors à glisser ses doigts sous le bas du chemisier de la jeune femme, éprouvant la surface légèrement froide de la peau à peine protégée par le vêtement. N’allant toutefois pas trop vite en besogne, il en resta là, ne poursuivant pour l’heure pas ses sensuelles investigations afin de laisser à sa belle le temps de réagir à ces hardiesses selon ses envies.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le mercredi 08 septembre 2010, 17:07:22
Rien n'aurait pu venir troubler le bonheur qu'éprouvait en cet instant Shylee. Elle ne craignait pas qu'on vienne les suprendre. A dire vrai, si quelqu'un était encore dans le lycée, cette personne se serait manifestée depuis fort longtemps. A moins qu'elle ne fusse complètement dérangée au point d'attendre le moment opportun pour intervenir ... Mais Shylee en doutait. Non, ils étaient bien seuls dans le grand lycée, prisonniers de la salle des professeurs. Quoi que, pour une prison, elle était plus que confortable et surtout, la compagnie était des plus charmantes. Pour ainsi dire, Shylee aurait même trouvé cela dommage qu'on vienne les délivrer. Non, elle était prête à attendre que le jour se lève car elle avait très envie de savoir comment se terminerait cet "entretien" privé.

Saïl continua ses embrassades, épousant tout le bas du visage de Shylee, terminant sa course dans sa nuque. S'il était vrai qu'elle avait pu légèrement sursauter au départ des embrassades, la jeune femme avait fini par s'habituer à ce contact sur sa peau. Jusuq'à présent, jamais on ne lui avait démontré autant de tendresse et le fait que Saïl avait bien pris son temps l'avait mis plus qu'à l'aise. Après ses quelques embrassades plus que plaisantes, Shylee posa ses douces et frêles mains sur le torse de Saïl, tandis que les siennes s'aventuraient le long de son dos, avant de venir se faufiler sous son chemisier. Shylee frémit lors de ce contact : il avait les mains chaudes ! Ou du moins, plus chaudes que les siennes. Mais ne signifiait pas pour autant que le contact devait être rompu, bien au contraire.

Avec le sourire aux lèvres, Shylee rapprocha sa tête une nouvelle fois de celle de Saïl et l'embrassa tendrement à nouveau. Pendant ce temps, ses petites paluches vinrent se poser sur celles de Saïl. Shylee voulait tenter de le guider, de lui dire qu'il pouvait aller bien plus haut s'il le désirait. Parfois, des gestes valent mieux que des mots ... Et même si elle avait pris la parole, qu'aurait-elle bien pu lui dire ? Pas grand chose. Elle ne voulait pas non plus briser malencontreusement cet instant magique par des phrases bancales ou qui n'auraient pu avoir ni queue, ni tête.

Une chose était sûre : pour Shylee, ce moment resterait, d'une manière ou d'une autre, présent dans son esprit. Jamais elle ne pourrait oublier une telle rencontre, et surtout, tous les efforts que l'un et l'autre avaient du fournir pour arriver à un début d'amitié. Début d'amitié qui allait se transformer en une autre relation qui serait bien plus intime que la première. Ou du moins, s'ils allaient jusque là. Car à un moment ou à un autre, il était possible que leur timidité, leur gêne reprenne le dessus sans réellement comprendre ce qui était en train de leur arriver. Les sentiments sont parfois difficiles à décrypter.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Saïl Ursoë le mardi 14 septembre 2010, 17:07:42
Sentant la jeune femme frissonner sous le toucher soudain de ses mains sur sa peau, Saïl eut plus l’impression que jamais d’avoir tout contre lui quelque merveilleuse créature des neiges faite d’un magnifique agglomérat de glace sculpté de manière à former la plus gracieuse des demoiselles. Elle était si fraîche, si délicate, si douce, que l’expérience en revêtait un caractère d’évanescence, et que d’un instant à l’autre, il aurait pu s’attendre à ce qu’au lieu de rencontrer une chair humaine, ses doigts fissent fondre l’enveloppe charnelle de Shylee pour la faire disparaître ainsi qu’un songe trop beau pour être accessible aux mortels.
Mais bien au contraire de se volatiliser, elle ne s’en faisait que plus réelle encore, son corps se réchauffant graduellement et paraissant ainsi devenir plus vivant, plus fougueux à chaque seconde qui s’écoulait. Elle-même posa ses fines menottes sur la poitrine du jeune homme, de sorte que celui-ci put sentir en même temps que leur empreinte une légère sensation de froideur qui lui donna brièvement la chair de poule.

Pour autant, le contact n’en fut pas désagréable, car sa partenaire montrait ainsi qu’elle ne voulait pas seulement subir l’expérience qu’ils vivaient, mais aussi y participer, se rapprocher de lui comme il se rapprochait d’elle. L’encourageant d’ailleurs à poursuivre de tels attouchements plus loin, elle superposa ses paumes à celles de son dévoué serviteur, lui transmettant ainsi l’autorisation enthousiaste de se montrer plus entreprenant.
Ce faisant, elle vint même contre lui, soudant affectueusement sa bouche à la sienne, et encore une fois, ce fut l’apposition tendre et complice de ces lèvres câlines, les deux paires se rencontrant sans hâte, profitant de la sensation de leur voisine avec délice. C’était désormais tout ce à quoi leurs organes vocaux semblaient voués à servir, puisque au stade où ils étaient parvenus, les mots n’auraient probablement pu qu’exprimer inadéquatement ce que les gestes montraient le plus efficacement du monde.

Saïl ne se priva d’ailleurs pas de continuer ce qu’il avait si bien entamé, préférant toutefois se retirer au préalable afin d’éviter d’abîmer les vêtements de la demoiselle par des mouvements trop hardis et trop soudains. Glissant donc ses mains hors du chemisier, il les fit revenir sur le devant du haut pour en saisir délicatement les boutons, les défaisant un par un avec une attention qui n’avait d’égale la que douceur des sentiments qu’il éprouvait à son égard.
La mince couche de tissu se voyant ainsi peu à peu écartée, il put découvrir directement le corps de Shylee, fin, suave, élégant ; d’une blancheur si élogieuse qu’il en resta un moment stupéfait, le cœur saisi d’une sorte de dévotion aisément lisible dans son attitude révérencieusement affriolée. Cette cambrure abdominale si élégante, le dessin si gracile de ses formes, la façon dont sa poitrine dépassait du reste de son torse harmonieusement, sans exagération, avec la même modération charmante dont elle avait toujours fait preuve dans sa conduite adorable…

Tout cela paraissait si fantastiquement beau qu’il se précipita sur elle avec une ardeur emplie d’une immense tendresse, l’embrassant encore et encore avec passion, se délectant de la saveur des lèvres de la jeune femme sans jamais s’en lasser le moins du monde. Pendant ce temps, ses bras s’étaient refermés autour de la taille désormais nue, la seule partie encore abritée étant ces deux grandes perles de féminité abritées dans leur écrin de velours. Tout le reste, il l’étreignait avec un fervent attachement, savourant le contact maintenant si rapproché qu’il avait avec cette personne fabuleusement jolie et aimable.
Titre: Re : Fin de journée [PV Shylee Tsumo]
Posté par: Shylee Tsumo le mercredi 15 septembre 2010, 16:05:32
Très haut dans le ciel, la lune et les étoiles jouaient à cache-cache avec quelques nuages passagers. Ce serait là les seuls témoins, avec les petits animaux nocturnes qui pouvaient se ballader par là, de cette passion qui naissait entre les deux collègues. Et d'un certain côté, c'était peut-être mieux ainsi, cela éviterait, de cette manière, les ragots qui pourraient courir dans les couloirs du lycée. Non pas que Shylee prêtait une quelconque attention aux rumeurs. Mais elle préférait que tout ceci ne s'ébruite pas, afin d'éviter de se mettre dans une position qui pourrait être inconfortable. Mais bon, le problème ne se poserait sûrement pas du fait que personne n'était là pour les espionner.

Est-ce que Shylee avait des sentiments pour Saïl ? Sans aucun doute, même si elle ne connaissait pas leur réelle nature. Amoureuse ? Elle n'en savait que trop rien. La jeune femme n'avait ressenti ce sentiment qu'une seule fois jusqu'à présent ... Et encore, elle ne considérait plus cette relation comme de l'amour. Avec le recul, elle pensait que c'était plus un long flirt qu'autre chose. M'enfin, c'était du passé. Quant à sa relation avec Saïl, peut-être était-ce là le bon vieux coup de foudre ... Ou peut-être qu'à force de parler, une certaine alchimie s'était créée entre eux. Une chose était certaine : elle espérait que ce moment dure éternellement, et tant pis s'ils devaient rester coincés dans la salle des profs pendant des lustres, enfin, façon de parler.

Bref, revenons à nos moutons. Shylee goûta une nouvelle fois les lèvres de Saïl tandis que les mains de ce dernier s'étaient hasardées hors du chemisier, afin de défaire lentement les boutons. Bientôt, il n'en resta plus qu'un. Et finalement, le fin vêtement prit son envol, offrant ainsi sa poitrine à la vue de Saïl. Elle aurait pu en être gênée, avoir les joues nien rouge suite à cette quasi-nudité. Mais il n'en fut rien. Car après tout, c'était la jeune femme qui l'avait invité à se montrer plus entreprenant et à aller plus loin que leurs primaires embrassades. Et il n'avait pas hésité.

Aucun mot ne fut formulé. Devait-elle lui dire qu'elle voulait qu'il la prenne là, adossée contre un mur ou bien allongée sur la table des professeurs ? Shylee était sûre qu'elle n'avait pas besoin de lui soumettre cette idée. Sauf si ... Sauf si, par un malheureux hasard, une quelconque gêne venait à réapparaître ... Coupons la tête à la mauvaise langue. Shylee ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour qu'aucun acte fâcheux qui aurait pu mettre fin à cette romance ne se produise.

Enserrée dans ses bras et les lèvres toujours collées, Shylee laissait vagabonder ses doigts fins sur le torse de Saïl. Elle avait envie d'approfondir ce contact. Devait-elle défaire les boutons de sa chemise ? Ou devait-elle attendre encore un peu ? Elle réfléchit une fraction de seconde. Pourquoi attendre ? Cela ne servirait, sans aucun doute, à rien. Autant y aller franco et advienne que verra. Shylee rompit un de leurs baisers et tout sourire, ses mains s'attelèrent à défaire lentement le premier bouton, puis le second, et ainsi de suite. Lorsqu'elle eut terminé, elle écarta légèrement sa chemise au niveau de son cou et déposa un premier baiser sur le haut de son torse. Et il y en aurait bien d'autres.