C’est tout pour aujourd’hui, mais il se peut que je vous convoque au commissariat.
Zynarys approuva d'un hochement de tête. Elle s'attendait à ce qu'il rajoutât une phrase du style "Bien entendu je vous demanderai de ne pas quitter la ville..." qu'elle avait vu dans les séries policières américaines ; au lieu de cela, ce fut pour lui conseiller de dire à ses élèves de ne pas trainer seuls dans l'établissement. Comme quoi entre la réalité et la fiction, il y avait une marge...
D'une voix polie, elle souhaita également une bonne journée à l'inspecteur. Elle le regarda longuement s'éloigner dans le couloir des vestiaires. Un sixième sens lui disait qu'il soupçonnait quelque chose chez elle mais il devait avoir du mal à déterminer quoi.
De toute manière, ces humains n'ont pas de perceptions extra-sensorielles... pensa-t-elle. Néanmoins elle devrait quand même faire attention : même si les habitants de cette planète étaient des primitifs, ils n'étaient pas stupides non plus. Il y avait fort à parier que cet inspecteur allât fouiner sur son passé. Elle savait que les documents qu'elle avait créés avec sa Bague étaient plus vrais que nature mais elle pouvait avoir fait une erreur que l'officier de police ne manquerait pas de trouver.
Je me fais des idées ! fit-elle en haussant les épaules. Jetant un dernier coup d'oeil à la scène du crime, elle quitta à son tour les vestiaires. Comme l'école était fermée pour la journée, elle rentra chez elle, afin de mater quelques comics...
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L'ASTÉROÏDE TUEUR DÉVIÉ !
Ce titre figurait en première page dans les quotidiens nationaux japonais, le lendemain de l'exploit de Zynarys, comme le Asahi Shinbun ou encore le Mainichi Shinbun mais également dans les journaux locaux.
La presse étrangère n'était pas en reste : The Emerald Arrow saves the world ! (New-York Times), Nouveau Miracle Vert ! (Le Figaro), God is Green ! (The Guardian)...
Voyant tout danger écarté, le gouvernement américain n'avait pas fait de difficultés pour dévoiler la nouvelle au monde entier, remerciant la Flèche d'Émeraude (c'était le surnom que les médias avaient donné à la mystérieuse personne ayant sauvée Tokyo du tsunami) de son acte héroïque.
Sur la première page se trouvait une photo prise par Hubble du météorite mortel dévié de sa trajectoire, pris dans un immense tube vert brillant.
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Le jour même Zynarys alias Sei Sakuraoka était assise dans la salle d'attente du commissariat, lisant le journal qui commentait l'évènement. L'inspecteur Miura vint, la salua et l'emmena effectuer l'identification.
Hum, ça pourrait être chacun d'entre eux comme ça ne pourrait être aucun d'entre eux... fit Zynarys d'une voix perplexe. Je suis désolée inspecteur, mais l'individu en question était vraiment loin et je lui ai à peine jeté un oeil.
Debout, derrière la glace sans tain, 5 jeunes gens correspondant à la description qu'elle avait fournie la veille. Elle avait bien pris son temps mais au final elle avait été incapable de dire lequel était le véritable criminel.
Elle s'attendait à ce que soit terminé mais apparemment l'inspecteur n'en avait pas fini avec elle puisqu'il désirait lui poser d'autres questions. Zynarys ne fit aucune objection et suivit gentiment l'officier de police vers son bureau. Au passage elle capta une conversation animée entre un petit groupe de policiers et dont le sujet était le gros titre des journaux :
- On a un super-héros qui veille sur nous !
- Tu crois qu'il vient d'une autre planète comme Superman ?
- Moi je dirais que c'est un terrien
- D'où il tire ses super-pouvoirs ?
- Je parie qu'il les tire de notre soleil, comme Superman !
- Euh, le soleil est jaune donc en toute logique il devrait avoir une aura jaune...
- Si ça tombe il doit avoir une base secrète dans le Pôle Nord ou au fond de la mer !
- J'aimerais le rencontrer : je lui demanderai un autographe pour mes mômes !
- Moi je l'épouse sur le champ ! s'écria une femme-policier.
Etc...
Zynarys entra dans le bureau de l'inspecteur qui correspondait en tout point au cliché habituel : des armoires métalliques de classement, un meuble encombré de dossiers, des photos de famille. Elle avait toujours trouvé étrange cette manie des humains de garder des représentations visuelles des membres de leur famille ou de leurs amis, voire même des leurs animaux domestiques...
Elle enleva son blouson et s'assit, observant le jeune homme allumer une cigarette. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait un humain fumer mais elle ne comprendrait jamais chez eux ce désir irrationnel d'absorber de la fumée... Ca doit peut être les aider à réfléchir... pensa-t-elle.
Alors Mademoiselle Sakuraoka… Vous qui avez fait vos études dans le lycée où vous enseigner maintenant... Comment cela se passait-il quand vous étiez étudiante ?... Vous avez déjà eu des crimes de ce genre ?
Oh que non ! fit-elle. C'était, Dieu merci, plutôt tranquille. Bon, il y avait des petites histoires entre certains élèves mais pas au point que ça dégénère en meurtre...