Une seconde.
C'est bien plus qu'il n'en faut pour que le courant traverse sa cible inexorablement.
Une seconde.
La charge électritique vous transperce, vous brûle, vous paralyse. Difficile de réaliser en si peu de temps les conséquences immédiates de votre électrisation.
Une seconde.
Les brûlures causées à votre peau, la destruction rapide des cellules à l'intérieur de votre corps, la contraction soudaine et perverse de vos muscles arrêtant la circulation d’oxygène.
Une seconde.
Pas le temps de crier.
Une seconde.
Pas le temps d'espérer.
Une seconde.
Plus le temps de respirer.
Une seconde... et il est déjà trop tard.
Elle n'avait rien vu venir. Elle n'avait pas imaginé, analysé toutes les possibilités. Elle n'avait pas songé à se retrouver au tapis aussi rapidement... et pourtant elle était bien là, étendue sur le sol glacé du bitume, incapable de se relever. La douleur, doublée par son attaque précédente, avait été abomidable. La tension de son corps s'était tendue au maximum, imperturbable, invraisemblable. C'était comme retenir une explosion grandissante en soi ; le pire n'est pas encore arrivé que vous vous sentez déjà dépérir. Pouvant à peine bouger, le corps fumant et grésillant, Rubis se sentit soulevée sans ménagement pour attérir sur le dos de Don qui lui hôta sa veste sans plus tarder. Une fois libérées de leur prison de tissus, ses ailes endolories tombèrent sans résistance le long de son dos, provoquant un rire de fou furieux de la part de son ravisseur. Ce fut le dernier son qu’elle entendit. La tonalité de celui-ci diminuait déjà avant que le décor ne se brouille doucement pour ensuite plonger dans l’obscurité.
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Les paupières encore closes, l'ange reprenait lentement connaissance. L'impression d'avoir sombrer dans le sommeil durant de longues heures la tenallait. Elle avait la tête lourde et le corps douloureux. Elle eu du mal à remettre de l'ordre dans son esprit directement, celui-ci trop occupé à chercher l'endroit où elle se trouvait et les circonstances qui l'avaient mené là. Mais son malaise principal était tout autre. Son corps était plaqué sèchement contre une surface, pieds liés et bras écartés. Rouvrant les yeux brusquement, elle donna une vive impulsion à son corps, désirant se projeter vers l'avant. L'éternel stabilisation de celui-ci et le cliquetis des chaines résonnant dans la pièce lui firent comprendre l'inévitable: prisonnière. Pestant contre elle-même, elle jeta un coup d'oeil circulaire, espérant sans doute y trouver des réponses. L'opacité tout autour et le silence pénible qui y logeait ne cessaient de l'exacerber. Il fallait attendre que ses yeux s'habituent à la pénombre. D'ici quelques instants, elle en saurait plus même si elle n'avait guère besoin de cette information pour assimiler le fait qu'elle était nue et vulnérable. Chose ô combien agacante. Qu’est-ce qui pouvait encore lui arriver ?
- Ah notre angelotte s'est réveillée.
Le comble était désormais atteind. Le regard fixé sur le cercle rougeoyant au coeur de la noirceur environnante, Rubis laissait les évènements lui revenir en mémoire. Elle se demandait encore comment la lourde décharge qu'elle avait reçue ne l'avait pas blessée davantage. Elle s'en sortait plutôt bien en fait de compte, si on éliminait la présence du colosse devant elle qui semblait, d'ailleurs, s'amuser de la situation. L'odeur âcre de la cigarette ne fit que lui faire froncer davantages les sourcils, serrer davantage la machoire. Cette hideuse effluve qui lui irradiait les poumons, augmentait par le même biais sa colère et son mépris. Crispant ses mains aux poignets enchainés, elle prit tout de même la peine de réponse, de la façon la plus froide qu'elle ne le pouvait.
- Etant donné que le son désagréable de votre voix arrive jusqu'à mes oreilles, il faut croire que oui... Je le crains. Que me voulez-vous bon sang?