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Ville de Castello
Clara joue Octavia Montfort
Vittorio joue Giovanni Borghese
Voici Castello.
Cette ville avait été, semble-t-il, façonnée par les mains des anges. La perfection de la nature se mêlait à l'art de l'architecture baroque, fastueuse et rutilante. La rivière qui serpentait gracieusement entre ses berges verdoyantes ajoutait une touche de charme supplémentaire à ce paysage citadin tout en finesse. Les bâtiments, beaux et majestueux, qui se dressaient sur les berges de cette azurée étaient des chefs-d'œuvre des artisanats aristocratiques. Leurs façades, d'un style sobre et raffiné, étaient ornées de sculptures et de motifs élaborés, suscitant une impression d'élégance, de finesse et de grandeur, tandis que leurs couleurs chatoyantes, leurs jeux d'ombre et de lumière produisaient un effet saisissant, qui attirait l'œil et éveillait l'imagination. On pourrait presque se figurer que chaque bâtiment était une pièce de théâtre en soi ! Chaque détail, chaque courbe et chaque ornement étaient soigneusement pensés pour créer une impression de majesté et de grandeur. Les balcons de fer forgé, les colonnes élancées, les frontons décoratifs, tout était conçu pour embellir et glorifier la ville… La beauté de l'architecture baroque de Castello était si enivrante qu'on avait l'impression d'être transporté dans un autre temps, à une époque lointaine où les villes rivalisaient de beauté et de grandeur pour magnifier leur richesse et leur pouvoir. Les bâtiments semblaient être des poèmes en pierre, des chants d'amour éternels à la ville qui les avait vus naître.
Ses rues et ses ruelles étaient vivantes. Elles étaient animées par l'activité des saltimbanques et des voyageurs qui s'y croisaient, échangeant leurs histoires et leurs marchandises. Les bateaux amarrés sur les berges de la rivière apportaient leur lot de curiosités et de rêves d'ailleurs. Mais c'est au-delà de la ville que se révélait toute la splendeur de Castello. Les montagnes majestueuses qui l'entouraient s'étendaient à perte de vue, offrant un spectacle grandiose et imposant. Les forêts verdoyantes et les champs de fleurs sauvages qui les recouvraient étaient comme une caresse pour l'âme, offrant un répit bienvenu à qui souhaitait s'y aventurer. L'atmosphère générale de Castello était empreinte de quiétude et de sérénité, invitant le voyageur à se perdre dans la contemplation de cette beauté naturelle et architecturale. On pouvait même se figurer les habitants de la ville, heureux de vivre dans cet écrin de verdure, se promenant le long de la rivière, bercés par le murmure de l'eau et le souffle des montagnes.
Ainsi, Castello était une ville à nulle autre pareille, où la nature et l'architecture s'épousaient en une harmonie parfaite, offrant aux âmes sensibles un havre de paix et de beauté. Dans cette ville d'une beauté tendre et diaphane, il était aisé de s’apercevoir que la classe sociale qui y habitait était avant tout celle de la noblesse provinciale. Les bâtiments majestueux et les palais baroques qui se dressaient sur les hauteurs de la rivière qui la traversaient étaient les témoins d'une époque révolue, où la noblesse régnait en maître sur les villes et les campagnes. Les rues, rigoureusement pavées, et les places élégantes étaient le théâtre de la vie quotidienne de cette classe sociale privilégiée. Les aristocrates et les bourgeois s’y pavanaient dans les artères castelliennes, vêtus de leurs habits les plus somptueux et arborant leurs bijoux les plus précieux. Les conversations dans les salons étaient empreintes de savoir-vivre et de raffinement, les soirées ponctuées de bals et de fêtes grandioses… Cependant, avisons nous de préciser que la noblesse de Castello n'était pas qu'une classe de privilégiés oisifs. Ils formaient également une caste de mécènes et de bienfaiteurs de la ville, qui finançaient la construction de bâtiments publics, d'hôpitaux et d'églises. Ils étaient également connus pour leur engagement dans les arts et les lettres, soutenant les artistes et les écrivains qui contribuaient à la gloire de leur ville. En un mot bref, les Castelliens favorisaient un entre-soi, un microcosme dévolu à l’élite sociale du Royaume, celle de la noblesse et de la bourgeoisie, une société à la fois raffinée et généreuse, qui évoluait dans un monde dévolue à la beauté et à la grandeur, où l'art et la culture constituaient un couple de valeurs essentielles.
Aussi, dans le quartier “Via Veneto”, une limousine d’un noir encré avançait avec lenteur dans la rue pavée, crissant sous ses pneus épais. Son allure imposante et majestueuse attirait tous les regards, ses vitres teintées dissimulant les occupants de la voiture, laissant place à l'imagination des passants curieux. Le véhicule se gara devant un hôtel particulier en pierre, dont la façade ornée de sculptures et de balcons en fer forgé était le symbole de l'élégance et du raffinement. La vue de ce bâtiment marquait indubitablement les esprits. Situé sur une rue pavée bordée d'arbres, il se caractérisait entre autre par la gracieuseté et la finesse de ses colombages, typique de l'architecture médiévale, ce qui produisit un contraste saisissant avec l’architecture locale environnante, typique de la renaissance. En effet, les colombages étaient en bois d’ébène et délimitaient les fenêtres et les portes, offrant une structure harmonieuse et équilibrée à ce splendide édifice ; la porte d'entrée en bois massif était surmontée d'un arc de pierre taillé à la main, orné de sculptures détaillées représentant des animaux fantastiques. Les fenêtres en bois, grandes et élégantes, avec des volets en métal ouvragé, ajoutaient une note de sophistication rustique à cette symphonie des styles.
Les portes du véhicule s'ouvraient alors, révélant les pieds chaussés de bottines noires et vernies du damoiseau sortant de la voiture. Le conducteur descendait à son tour, ajustant sa casquette sur sa tête. La limousine se dressait alors fièrement, reflétant les rayons du soleil sur sa carrosserie lisse et brillante : nous pouvions aisément distinguer les contours précis de ses phares et de sa calandre chromée, ainsi que les reflets chatoyants des vitres. Le silence qui enveloppait cette scène digne des plus beaux tableaux impressionnistes n'était troublé que par le bruit léger des pas sur le trottoir, le tintement des clefs que le conducteur sortait pour ouvrir la porte de l'hôtel particulier, le grincement des pneus de la limousine qui reprenait aussitôt après sa route, puis cette annonce, par un réceptionniste, qui tomba comme un couperet :
“Monsieur Borghese, vous voici. Recevez nos salutations les plus distinguées. Madame Monfort vous attend dans sa chambre.”
Sans mot dire, l’éphèbe opina du chef. Il s'avançait d'un pas assuré sur le trottoir pavé, la démarche roide, fière, la jambe altière, décidée, une vive lueur d'excitation dans les yeux. Son élégante silhouette était mise en valeur par son costume sur mesure, d'un noir profond, qui soulignait les lignes ciselées de son corps athlétique. Il portait en outre un élégant complet en (véritable) fourrure auburn qu’on s’imaginait volontiers hors de prix pour le commun des Castelliens, ajoutant une touche de faste provoquante à son allure de fringant damoiseau fortuné.
Arrivé devant l'hôtel particulier aux colombages imposants, il marqua un temps d'arrêt, observant les alentours avec attention. Deux damoiselles en robe levèrent la tête et l’aperçurent, deux jolies jeunes femmes blondes, d’un blond vaguement roussi, dont les mèches enflammées donnaient l’effet d’une couronne embrasée. Un sourire satisfait étira ses lèvres, puis il poursuivit son chemin. Lorsqu'il remarqua l'élégante entrée en bois sculpté, ornée de poignées en laiton scintillantes, enfin, il s’arrêta. Et d'un geste décidé, il poussa la porte et entra dans le hall majestueux, où la lumière tamisée valorisait les fresques murales et les dorures des boiseries, le regard scrutant chaque détail avec curiosité. Laissant derrière lui la fraîcheur de l'extérieur, Giovanni s'avança vers l'accueil avec un sourire charmeur, prêt à retrouver sa matrone - pardon, sa madone.