La nouvelle venue de James poussa l’héritière vers une de ses cachettes. Juste une fois, murmura-t-elle sans grande conviction. Elle s’assura de l’absence de son percepteur et s’enferma dans les toilettes. Un pied après l’autre, l’américaine se hissa sans mal sur la cuvette fermée pour atteindre le placard en hauteur. Sur le dessus se dévoilait une de ses planques préférées dans une petite boite en osier, en accord avec la décoration. Son père avait fouillé le penthouse de nombreuses fois, sans jamais penser à cette innocente cachette… Mais son nouveau précepteur n’était pas du même acabit. Avec le contenant entre les mains, Harper descendit de son perchoir pour s’y asseoir et l’ouvrit : « RIEN ? hurla-t-elle, furieuse. » La boite se fracassa par terre, balancée dans un excès de rage.
La belle blonde courut à la cuisine pour fouiller d’autres planques, en vain. La chambre, la salle de bain puis le salon mais le résultat restait le même. Dernier espoir: la chambre d’ami. Le constat fut amer. Toute sa came, un peu plus de deux milles euros de marchandises soigneusement cachées partout dans le penthouse s’était volatilisée. Un seul coupable lui venait à l’esprit : James. Pourtant, l’héritière ne pouvait pas l’accuser d’avoir pris son bien, ni se plaindre à son père. Il comprendrait sa rechute et renforcerait l’autorité du nouvel arrivant. Elle devait s’y prendre autrement pour lui faire comprendre qu’elle était l’unique maîtresse de ce bateau et le soumettre à sa vision. Deux idées lui apparurent subitement. Harper décida de contacter Kyle Baxter, un de ses vieux amis et fils d’un proche client de son père, costaud et capable de rivaliser (elle l’espérait) avec son nouveau protecteur.
A une seconde amie, Evelyn, une fille d’un baron de la drogue bien connu, elle envoya un texto :
Apporte-nous de quoi s’amuser ce soir,
Je te rembourse.
XOXO.
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Le soir venu, le penthouse fut décoré en conséquence avec une grande tablée pour les invités. Dans une charmante mais vulgaire robe de soirée bleu-marine Harper débarqua. Le tissu couvrait à peine ses fesses.
Les embrassades débutaient, certains proches de l’héritière se permettaient un comportement déplacé, laissant leurs mains traînées. A l’image de Kyle, qui pour marquer son territoire devant le précepteur, souleva l’américaine les deux paumes bien ancrées contre son fessier rond. Il la lâcha, James lâcha sa bombe. Les fouiller ?
Les protestations s'élevèrent vite parmi les invités qui trouvaient l’accueil indigne. Si les deux premières acceptèrent sans râler, tous ne comptaient se prêter au jeu. Evelyn cherchait déjà un moyen de cacher la marchandise sans que le précepteur puisse la repérer. Au bout de la file d’une petite dizaine de personnes, elle avait le temps de trouver une solution.
« Ce n’est pas une raison pour traiter mes invités de la sorte ! »
De nouveau, les plaintes fusèrent. Trois invités cleans étaient passés, c’était désormais au tour de Kyle Baxter mais ce dernier ne l’entendait pas de cette oreille. Les bras croisés sur le corps, il comptait bien affirmer sa position pour réussir à séduire la belle Harper. S’il devenait son sauveur, elle lui tomberait dans les bras, non ? Avec cette pensée bien primitive, il s’opposa à son tour à l’autorité :
« Vous pensez vraiment que votre patron va laisser passer votre comportement quand nous aurons averti nos parents ? »
Pour ces enfants à papa, n’ayant rien accompli, cette seule mention suffisait en général à faire trembler le plus courageux des employés. Or, M. Williams avait été bien clair et il savait très bien amadouer ses clients pour éviter tout conflit malgré les protestations des enfants… En réalité, eux-même en avaient un peu marre de posséder des bons à riens comme progéniture et se ferait un plaisir de recruter un personnel aussi compétent que James pour les recadrer.
« Aah… Soupira Harper. Vu que vous avez gâché notre soirée, il ne nous reste plus qu’à sortir. Vous venez ? »
Tous acceptèrent. Seul défaut : Harper n’était désormais autorisé qu’à sortir qu’une fois par semaine. Le vendredi ou le samedi, jamais en semaine… Nous étions déjà lundi ! Quel dommage.
Sans se soucier de ce fait, l'héritière se saisit de son sac à main et d'un léger manteau, prête à partir, laissant sur place le précepteur supposé l'accompagner dans ses déplacements.