La notion de l'autorité.
(https://i.pinimg.com/564x/11/87/ed/1187ed7e118a2789587828d6f99d16e8.jpg)
Minuit pile. Quartier de la Toussaint. Sous un réverbère.
J’attendais une certaine personne que j’avais aperçu lors d’une orgie clandestine que j’avais plus ou moins encadré du temps où je vivais des femmes, c’est-à-dire l’année dernière. Je campais alors le rôle de proxénète au compte d’un couard local que je fis très tôt abattre par l’un de mes nouveaux employeurs, Crap. J’ignorais quel était exactement le rôle de cette personne lors de ladite orgie, mais je savais qu’elle ne raffolait pas seulement des plaisirs simples de l’existence. En fait, elle - car oui, en effet, c’est une femme dotée, donc, d’une paire de seins et d’une entrejambe réconfortante ! - appréciait tout particulièrement les attentions accordées à ses pieds.
Oui, oui, ses pieds. Ni plus, ni mieux.
Et alors, on est en droit de se poser la question suivante : pourquoi je m’intéresse à cette folle qui fétichise ses pieds ?
Je la connaissais depuis un bon moment et je dois confesser que j’avais souvent besoin de retrouver la tendre compagnie de mes consoeurs… vampiriques. Elle s’appelait Lucy Trend et était en théorie mon aînée dans les hiérarchies formelles (ou informelles ?) qui segmentent notre race, bien que dans nos rapports nous n’avons jamais tenu cela en considération. J’étais même plutôt franchement dirigiste avec elle : il faut d’ailleurs rappeler que mon caractère étant difficile et que, par conséquent, mes fréquentations étaient à la juste mesure de ce dernier, si bien que je m’entourais très souvent de personnalités singulières. Dans le cas de Lucy Trend que je malmenais parfois par l’extrême brutalité de mes manières et qui s’en accomodaient avec dévouement et abnégation jusqu’à un certain point (bien que la bougresse prenait un plaisir coupable ! Ne nous mentons point !), nous avions coutume de nous séparer, puis de nous réconcilier après qu’un énième coit nous ait convaincu de nous donner mutuellement une chance supplémentaire. Malheureusement, maudits nous étions, si bien que cela ne durait qu’un temps durant.
Soudain, j’entendis un bruit. Elle devait sans doute être proche, car j’entendais des bruits de pas réguliers, des bruits de pieds nus dont les ongles tranchants effleuraient le parterre de fleurs soigneusement entretenu par les collectivités locales.