Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Centre-ville de Seikusu => Le quartier de la Toussaint => Discussion démarrée par: Kara Desco le jeudi 17 décembre 2020, 18:55:52

Titre: Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le jeudi 17 décembre 2020, 18:55:52
Le Directeur des Ventes était vraiment un petit marrant.
Alors, certes, les chiffres étaient mauvais ce mois-ci, comme le mois précédent, à vrai dire. Il fallait avouer que l’équipe des commerciaux avaient tous plus ou moins acheté massivement d’ignoble camelote à l’autre bout du monde, et que des containers entiers attendaient d’être vidés sur le port, pour écouler les stocks. C’était l’équipe web qui avaient eu le boulot le plus sympa, en réalité, puisqu’ils avaient dû mettre en ligne l’ensemble de la marchandise, et qu’ils se contentaient de répondre via chat box aux futurs clients.

Les commerciaux s’occupant des grands comptes, eux, c’était également très facile : ils vendaient par palettes entière aux grands groupes, faisaient de belles marges, et avaient des places de parkings réservés tout près des portes du siège social.

En bas de l’échelle, il y avait Kara, et une armée de Vendeureuses à Domicile, colporteurs mal payés, qui avaient à toquer de porte en porte pour tenter de refourguer n’importe quel produit, sortant des arguments plus ou moins bidons, pourvu qu’ils arrivent à atteindre un objectif déjà trop haut pour espérer vivre décemment.

Ils avaient eu planning, objectifs de vente et secteur le matin même. Oui, donner des plannings à l’avance, quelle idiotie, cela permettait aux employés de s’organiser et d’espérer avoir une vie sociale. Foutaises… Ainsi donc, après une panne de réveil, un accident de personnes sur les voix du métro, la retardant d’une bonne heure, Kara était arrivée au bureau mal peignée, encore enragée d’avoir grogné sur un frotteur pervers. Assise dans son fauteuil dans l’open space, sans avoir eu le temps de se servir un café, elle avait découvert son planning de la journée…

« C’est une blague… » Ses collègues semblaient tous bougonner eux-aussi, en lisant la liasse de documents respectifs. Donc, on l’envoyait dans un quartier pourri, alors que certain.e.s se retrouvaient dans les coins huppés… C’était injuste. Et… Elle soupira. A part appesantir sa mauvaise humeur, grogner ne servirait à rien.

Pas de temps à perdre, elle savait qu’elle ne tiendrait pas les objectifs, mais s’en rapprocher était possible. Evidemment, certains vendeurs allaient avoir une tache bien plus facile, dans les appartements où on pouvait claquer autant de fric qu’on voulait, pendant qu’elle aurait à ruser et insister pour arnaquer des gens déjà endettés… Mais. Pas le choix. C’était eux ou elle, se dit-elle en passant prendre la mallette d’échantillons au service des Achats, et en se mettant en route, comme un brave soldat.

L’air frais lui donna un petit coup de fouet, motivant, et en sortant à l’arrête de métro le plus proche de son secteur, Kara prit une profonde inspiration.

« Aller. Courage. » Elle prit sur elle, et s’approcha du premier immeuble concerné, sa mallette à roulette la suivant docilement. Trouver l’interphone… Kara cilla. Il était visiblement hors service depuis des lustres, et elle crut ne pas pouvoir pénétrer dans le hall, avant de se rendre compte que la porte n’était pas fermée. Quelle sécurité… Intérieurement, elle fut reconnaissante de ne pas habiter dans ce quartier.

Direction l’ascenseur : elle monterait tout en haut, et ferait tous les étages les uns après les autres, jusqu’en bas. Le bouton ne répondit pas à son appel, et elle s’acharna un peu en pestant… Avant de réaliser qu’un petit post-it taché indiquait ‘Cassé’. Elle soupira. Cette journée était un enfer. Parfaitement flemmarde, elle renonça à monter les nombreux étages à pieds, et se contenta de monter au premier par les escaliers. La vache, la cache d’escalier faisait peur, pleine de tag, de crachats, et d’autres substances qu’elle préféra ignorer. Il était cependant assez louable qu’elle soit seule dans les lieux…

Avec sa jupe crayon aux genoux, ses escarpins pas trop haut pour permettre d’être mobile dans cette énorme ville, et sa veste de tailleur, il était impossible de se tromper sur son compte : c’était un cliché de vendeuse en porte à porte, que son carré plongeant châtain, mal entretenu, et sa valise noire à roulettes ne faisaient que confirmer. Première porte. En se raclant la gorge, elle actionna la sonnette, mais n’entendit rien. Evidemment, elle recommença une seconde fois, pressant plus fort. Toujours rien.

Cette journée, rien n’allait, vraiment.
Elle toqua un peu fort à la porte. Aller quoi, ouvre, pauvre indigent, il faut que tu achètes vraiment beaucoup de produits, parce qu’elle n’avait vraiment vraiment aucune envie de traîner ici. Elevant la voix, elle appela.

« S’il vous plait ? Il y a quelqu’un ? »
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le jeudi 17 décembre 2020, 19:31:37
♬ Gnegne what you want! Gnagna what you need! ♬


Impossible de tenir un échange depuis un bon quart d'heure déjà. Un drôle de couple a décidé de se jeter dans un karaoké suite à un défi lancé par les personnes qui les accompagne. Les gens ont le droit de s'amuser comme ils l'entendent, ça je m'en fous un peu. Mais on a déjà tué des personnes pour moins que ça dans le coin et ils semblent l'ignorer. Surtout qu'ils puent les touristes à plein nez. Ou alors... Ce sont les flics sous couverture les plus crédibles que j'ai pu voir de mon existence. La chose est loin d'être impossible. Quoique, peu probable étant donné que les affaires tournent au ralenti depuis une semaine. Un virus commence à se propager sur les autres continents et beaucoup commencent à flipper et faire profil bas. Comme si une maladie pouvait toucher la planète entière à notre époque. N'importe quoi !

Ce soir je suis accompagné de Jessica et les jumeaux. Ces trois là forme une sorte de couple bizarre que j'ai encore bien du mal à cerner. Déjà par le fait que les deux bonhommes en question ne sont ni jumeaux, ni frères et qu'ils ne ressemblent pas de près ou de loin. Qui a bien pu leur trouver ce surnom ? Puis ensuite parce que ce trio forme un triangle amoureux/pervers qui part dans tous les sens. Ils couchent les uns avec les autres, se trompent les uns avec les autres... On dit qu'on trouve de tout dans la nature. Bah la nature elle s'est bien foiré sur ce coup.
Si je supporte la présence de ces allumés, au sens littéral vu qu'ils adorent jouer avec des allumettes, c'est parce qu'on vient de finir un boulot. Le genre a vous rincer physiquement et mentalement. Comme quoi, l'homme est prêt à accepter quasiment n'importe quoi quand il est dans la merde. Les boulots étaient tellement rare que j'ai fini par accepter ce qu'ils me proposaient, faute de mieux, après trois semaines de relance. Ca devrait en tout cas me mettre à l'abri du besoin pour quelques temps après la galère qui a suivie le plan du portable ancien. Ce boulot a failli me couter la peau. Argh ! Je veux plus y penser !

Tout ce qui me faut c'est me changer les idées et ne rien foutre pour quelques temps. Ma main se pose alors sur la table tandis que je me redresse pour quitter mon siège et me barrer d'ici pour me coucher et profiter d'un peu de repos bien mérité. Sauf que Jessica, surprise, me regarde avec son regard provocateur pour me demander : - Bah alors, tu nous quittes déjà ? J'espérais te voir rester un peu. On pourrait s'amuser. Alexander y tenait tellement. Le pauvre.

La femme se tourne vers l'un de ses deux partenaire/amant/rival/fiancé. Ouais, le tout en un seul homme. Ou deux vu que l'autre est dans la même situation. Une chose est sûre, ceux-là ne doivent jamais s'ennuyer.

Accompagné d'un soupir pour exprimer la fatigue mentale et physique qui me gagne ce soir je la regarde en lui répondant : - Vous y survivrez.
- Tsssshh, t'es pas drôle.
- ...


Sans un mot de plus je quitte le bar sous les cris et encouragement de la bande de supposés touristes qui redoublent d'énergie après avoir payé pour les boissons. Quand quelqu'un te propose du boulot, la moindre des choses est de payer les boissons à la fin. On peut presque parler d'une coutume ou d'un rituel dans le milieu.

L'avantage d'avoir une réputation dans cette ville est que personne ne vient vous emmerder au bout d'un certain temps. Pas par peur, loin de là. Tout le monde étant dans la même merde on reconnait vite les siens. Et le groupe dont je fais officieusement partie est celui des mercenaires sans un rond. Qui irait s'en prendre à un mec si il y a rien à gagner au bout ? Au pire les trafiquants d'organes pourraient tenter leur chance. Sauf que dernièrement ils se diversifient et allient leurs trafics aux kidnappings et demandes de rançons. La vie est dure pour tout le monde, y compris pour les ordures de la pire espèce.

Au bout d'un gros quart d'heure j'arrive chez moi. Je claque la porte d'entrée sans réfléchir et me laisse tomber dans mon pieu une fois ma chambre atteinte. Non sans cogner dans les emballages de pizza et autres bouteilles de bière qui trainent au sol tel un champ de mines.
Pour une fois que j'ai pas de boulot demain je compte dormir et glander jusqu'à me transformer en zombie. Même l'entraînement peut attendre un jour ou deux. Surtout que... zzZZzzzzz !

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Aaaaah, une bonne nuit de sommeil avec de la glandouille et du comatage au programme de la journée. Rien à foutre des branleurs qui se lèvent tôt. Cette journée m'appar-

Au même moment on sonne à la porte. Par réflexe je me fige complètement dans une position étrange qui me fait rapidement mal à la cuisse. Je me suis mal tourné et pensais finir mon mouvement avant que quelqu'un débarque. Puis une seconde sonnerie. Urrrrgggh ! Je dois serrer les dents. Ce connard s'en ira tout seul.
Le fait de frapper à la porte en gueulant comme une de ces fanatiques religieuse qui refuse de partir aura eu raison de moi. Et de cette crampe que je viens de me faire et qui me fait un mal de chien.

Enervé... Non, enragé, je bondis de mon lit avec comme fringue un short et t-shirt que j'ai enfilé quand je me suis changé dans la nuit en allant bouffer un truc rapidos.
La voix est celle d'une femme si je me gourre pas. Rien à foutre, pas de sexisme ici. Un connard, une connasse, c'est du pareil au même.

D'un geste sec et brute j'ouvre la porte en hurlant : - T'as personne d'autre à aller faire chier ? Tu vois pas que j'essaie de glander ?
Bah... Non, elle peut rien voir depuis le couloir. Enfin, maintenant si. Elle peut voir un appart vide avec des emballages à même le sol et un type fringué comme un campeur.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le jeudi 17 décembre 2020, 20:23:59
Et aller, voilà, cela arrivait. Dès la première porte. Dès qu’elle entendit grogner, sursautant de frayeur en sentant la porte sous son poing vibrer et s’ouvrir d’un mouvement sec, Kara se recula d’un pas, réflexe de survie dans le milieu. En général, les pochetrons postillonnaient et ceux qui gueulaient forts étaient souvent les plus avinés.

Précisément, le mec qu’elle avait sous les yeux, l’air mal aimable au possible, n’avait pas l’air d’un vieux poivrot, mais plutôt d’un junkie, ou un cas social, ce qui n’était pas incompatible, loin de là… Et pourtant, Kara affichait son plus ravissant sourire, penchant la tête sur le côté comme une midinette, et lui servant sa voix la plus mielleuse.

« Bonjour, excusez-moi de vous déranger, monsieur, auriez-vous quelques minutes à m’accorder afin que je puisse vous présenter les produits de la gamme Vitis Strong, des Laboratoires Jilin ? »

Son regard passa à une vitesse folle sur son visage, son corps, ce short abominable et les muscles fins, avant de revenir et de planter ses yeux clairs dans les siens. Perturbante, cette couleur d’iris. Bon, aller, c’était l’heure du show, elle ne devait pas le laisser refuser sa première approche.

« Saviez-vous que 76% des hommes au Japon négligeaient l’hygiène de leur peau, et que la pollution de l’air ambiant contribuait à accélérer le vieillissement anticipé des cellules du visage ? »

Elle se pencha pour prendre un prospectus dans la poche extérieure de sa valise à roulette, et en se relevant, dans des mouvements expérimentés et millimétrés, la jeune femme toujours tout sourire, les yeux plissés comme si elle était divinement ravie et merveilleusement très enthousiaste de se trouver présentement face à ce grognon qui venait de l’insulter, glissa son pied contre la porte.

« Des études scientifiques et indépendantes portant sur les effets bénéfiques des composés actifs du raisin, ont récemment mis en avant les propriété antioxydantes contenues dans les pépins et la peau de ce fruit miraculeux. »

Aller, elle connaissait vraiment cela par chœur, il fallait qu’elle balance tout avant qu’il ne tente de refermer la porte. Porte où se trouvait son escarpin, désormais, permettant d’éviter tout claquement sur le seuil. Ingénieux, non ?

« Vitis Strong, des Laboratoires Jilin, contient 98% d’ingrédients d’origine naturelle, dont 16% de principes actifs de pépin de raisin. Aujourd’hui, monsieur, je suis heureuse de vous offrir cet échantillon… »

D’une main, Kara tendant le prospectus, et de l’autre, venait de présenter un petit tube blanc logoté et marketé avec élégance, des ton anthracites brandés typiquement pour la gente masculine. Elle accompagnait le tout d’un battement de cil charmeur à tomber. Aller, achète cette merde, qu’on en finisse vite.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le jeudi 17 décembre 2020, 21:01:01
La première impression que j'ai en la voyant n'est pas celle à laquelle je m'attendais. A un petit détail près, ses fringues. Les emmerdeuses religieuses de première viennent soit dans leur drap qu'elles osent qualifier de toque, soit dans des tailleurs tellement serrés qu'on a l'impression qu'il va péter si elle fait un faux mouvement. Et vu la paire de loches qu'elle se trimballe ça risque de pas louper un jour ou l'autre.

J'ai à peine le temps de commencer à émerger qu'elle commence à me lâcher son baratin.
« Bonjour, excusez-moi de vous déranger, monsieur...»
Huuuuuh ? Parce que j'ai droit à du "Monsieur" maintenant ? Après avoir sonné, tambouriné et gueulé comme une malade à ma porte ? Je sais pas ce qui me retient de lui balancer mon pied dans ses nibards pour amortir le choc en lui claquant la porte dessus.
Ah si, je le sais. La fatigue ! Tout ce stress, ce sommeil en retard et la fatigué accumulée m'a rincé jusqu'à fond des chaussette comme disait le vieux Hector. Faudra un jour que quelqu'un m'explique ce que ça veut dire.

Merde ! Quel con ! A réfléchir tout seul dans ma tête je suis en train de la laisser gagner du terrain avec son speech aussi vide et nauséabond que celui d'un politicien. Pas besoin d'être un génie de la psychologie humaine, de l'étude des mouvements et de la voix pour deviner qu'elle croit pas un mot à son baratin.

Okay, dans son monde aussi c'est la loi du plus fort. Je peux le respecter dans une certaine mesure. Surtout qu'il faut en avoir une sacrée paire pour oser vendre cette camelote dans un quartier aussi pourri et abandonné que celui-là. Le seul avantage c'est que personne ira lui voler sa marchandise. Son espèce de valise ou de mallette dans le pire des cas pour servir de tabouret à un clodo. Même la pommade il la boufferait pas.

C'est là que je vois sa pompe dans le tout petit espace disponible. Cette nana est une pro, y a pas l'ombre d'un doute là-dessus. Elle a dû en prendre des portes dans la gueule. Ses pieds aussi ont dû voir les urgences un paquet de fois pour savoir comment empêcher quelqu'un de te la claquer dessus sans se blesser.

Résigné, trop crevé pour la couper, je la laisse terminer en la regardant avec un regard vide, inexpressif. Puis mon regard se pose brièvement sur les deux objets qu'elle tient. Mes yeux repartent immédiatement plus haut et se figent dans les siens quand je lui lâche :
- Tu sais que tu fais chier ?
Non, mais sérieusement chier ! T'imagines pas à quel point.


Son exposé soporifique aura eu raison de mon état second car l'adrénaline ou le misérable regain d'énergie offert par ma rage s'est dissipé trop vite.
Mon regard se détache du sien pour se poser sur moi et ma tenue hyper classe. Et je relance :
- T'as vu ma gueule ? J'ai la tronche d'un type qu'à besoin de ça ? Ici tu peux t'faire buter rien qu'en traversant la rue pour acheter des clopes. Alors vieillir et avoir une face toute ridée c'est pas dans mes plans d'avenir.

Désireux de me débarrasser de ce parasite et retourner me coucher je commence par refermer la porte en lui balançant :
- Emmène ton petit cul loin d'ici si tu veux pas qu'il finisse mal. Le prochain mec que t'ira emmerder sera pas aussi cool en te voyant, crois-moi.

Enfin... Je dis ça mais si jamais elle repasse quand j'ai les idées claires je serais pas aussi cool non plus.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le jeudi 17 décembre 2020, 22:29:41
Oui, non, ok, il avait parfaitement raison, mais Kara est en pilotage automatique. Elle avait mille fois eu affaire à des types mal aimables, des gros porcs, des étrangers qui ne parlaient pas la même langue, des vieilles sourdes, des pimbêches à l’œil torve.

Elle lui sourit en exposant toutes ses dents quand il lui indiqua à quel point elle l’ennuyait, dans des termes évidemment très insultants. Kara voyait exactement quel type de gars elle avait en face, et c’était tellement cliché, dans ce genre de lieu… Elle retenait des soupirs de lassitude, oui, elle aussi elle s’ennuyait royalement, à vrai dire, mais le temps qu’il passait à ne pas acheter était de l’argent qu’elle perdait, et il fallait du chiffre.

 Aussi encaissait-elle sagement les vulgarités, comme si elle y était insensible, alors que, bien sûr, cela la touchait, l’agaçait, même. Mais… il faut payer internet et les pizzas. D’ailleurs, à jeter un œil derrière l’épaule du client, lui aussi aimait la junk food. La jeune femme releva le nez, ne se lassant pas de lui offrir un visage amène.

« Oui, j’en ai conscience, Monsieur, je vous réitère mes plus humbles excuses pour le dérangement. »

Savamment, elle se frotta la joue d’un air ingénu, mais plutôt assuré. Comme dans tout combat, il était important d’avoir l’air sûr de soi, et plus fort que l’adversaire ; alors Kara, qui avait l’habitude, ne vrillait pas aux paroles nauséabondes qu’il crachait. ‘Pas ta faute, chéri, mais il faut vendre.

« Vous avez besoin d’air pour respirer, votre peau a besoin de Vitis Strong, des Laboratoires Jilin pour s’oxygéner et se renouveler. Acceptez cet échantillon. » Insistante, elle tendit un peu plus le petit tube, presque sous son nez.

L’amener à accepter, la plus petite chose, l’habituer à dire oui à une ou deux choses venant de sa part, qu’il prenne le pli, accepte de plus en plus de choses… Habituellement, c’était facile, ces techniques marchaient à tous les coups.

« Je peux vous garantir que les premiers effets apparaissent au bout de 48h d’utilisation. » Quelle grosse menteuse.

Mais elle sursauta. Ah non ! Pas la porte ! Sa main se glissa sur l’avant-bras du futur acheteur, garantissant que, s’il fermait violement, elle n’aurait pas le pied explosé, mais le bras, aussi… 

« Cher Monsieur, qu’avez-vous à perdre à essayer cette solution pharmaceutique, de quoi avez-vous peur ? Je ne vous parle pas de prix, ni d’offre, non, ce serait impoli. Je vous parle d’éliminer la pollution de votre peau durablement, vous permettant ainsi de continuer le plus longtemps possible vos activités. Le sport, par exemple. Arts martiaux ? »

Fit-elle, l’air plus malicieux. Il était taillé pour la lutte, et malgré toute la bouffe grasse qu’il devait manger, et l’alcool par-dessus, il restait sec et musculeux. Soit il se droguait, ce qui devait être aussi le cas, soit il était soucieux d’entretenir un minimum de forme physique. Elle misa sur cet argument, l’œil brillant.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le jeudi 17 décembre 2020, 23:08:32
C'est pas possible là. Personne peut insister à ce point sans une bonne raison. Et la seule que je trouve là c'est que son patron a kidnappé toute sa famille qui se trouve sous la menace d'une arme dans un fourgon garé au coin de la rue. Ou alors elle porte une ceinture d'explosifs qui est prête à sauter si elle remplit pas son quota de vente.
Quoique, vu comment elle est moulée dans ce truc il y aurait clairement pas le place. Enfin, je dis ça mais avec les portables qui sont de plus en plus minuscules on n'est pas à l'abri de ce côté là non plus. La règle n°1 dans la vie est de ne jamais sous-estimer un psychopathe... Ou une bonne femme qui vous revendre sa merde à tout prix. Et si vous avez le malheur de rencontrer une combinaison des deux : FUYEZ POUR VOT' CUL !

Alors que son speech touche à sa fin et que je tente de refermer la porte je m'arrête au dernier moment pour pas lui péter le bras dans le processus. Etrangement je me demande pourquoi j'ai retenu mon geste à l'instant. Bon, elle aurait gueulé un bon coup pour me foutre la paix ensuite. Faut croire qu'aussi emmerdante qu'elle peut-être j'ai rien contre les personnes qui se sortent les doigts du cul et qui ont pas froid aux yeux.
Même certains mecs qui ont plusieurs meurtres au compteur évitent de me regarder en face. Pas elle. Ça non, elle en démord par et continue de jouer la forceuse avec son produit à la con.

Quand elle termine la fin de sa dernière phrase, quelque chose fait tilt dans ma tête et on peut lire facilement la surprise sur mon visage. Un fait que je confirme sans réfléchir à haute voix :
- C'est que t'as l'oeil, toi.

Dans une autre situation j'aurais tenté de l'emmerder comme elle l'a fait avec moi jusque là en lui demandant si elle pouvait deviner quel art martial je pratique. Ou juste le plus récent. Sauf que là j'ai ni la patience, ni l'énergie de m'amuser.

Mon sourcil droit se redresse sur mon front alors que je réfléchis un court instant pour ajouter :
- Parler de pognon c'est ni indécent, ni malpoli. Le fric ça fait tourner le monde depuis des siècles et t'es bien placée pour le savoir car sait tous les deux que tu veux me refiler cette daube pour revenir plus tard et tenter de me refourguer tout un tas d'autres saloperies.

Avec la main gauche je me frotte le menton quelques secondes. Pour ensuite passer sur tout mon visage, comme pour tenter de me réveiller un peu plus. Puis je continues :
- Tu sais quoi ? Tu vas te barbouiller ta gueule d'ange avec ce machin et tu reviens me voir dans 48h pour m'en montrer les effets, okay ? Car il me faut pas plus qu'un coup d'eau sur la mienne pour devenir un vrai rayon de soleil.

Là je lui fais un grand sourire forcé avant de repousser son bras et de la pousser assez fort au niveau de l'épaule afin qu'elle libère assez de place pour que je puisse fermer la porte et avoir la paix.
C'est alors qu'un second truc étrange se produit. J'élève la voix pour qu'elle m'entende de l'autre côté :
- La prochaine fois passe avec des trucs utiles. Ma gueule polluée s'en sortira très bien sans tes saletés !

Avec de la chance elle reviendra jamais et j'aurais droit à un week-end prolongé en paix. En attendant, retour à mon lit pour finir ce que j'ai commencé : rien.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le jeudi 17 décembre 2020, 23:28:22
Hé merde.
Kara avait résisté pendant de longues minutes, avait enduré ses commentaires mal placés, ses regards mauvais. C’était quoi son problème ? Il ne pourrait pas faire un effort deux secondes, le temps de prendre ce putain d’échantillon, et qu’elle puisse au moins cocher cette case ?


Il était tôt, elle était dans un quartier pourri, et lorsque la porte se referma sur son nez, Kara réalisa à quel point toute la journée serait du même registre. Elle allait frapper à toutes ces portes miteuses, avoir en face des gens abjectes et grognons, elle allait sourire, se faire limite cracher dessus, et sourire encore.

Elle allait manquer de salive, avoir mal aux joues à force de paraître aimable, subir des regards mal placés, des allusions sexistes, voire pire. Le couloir sentait la friture, elle était persuadée que ses fringues allaient être imprégnées aussi, jusqu’à ses cheveux.

Alors, quand il grogna qu’elle devrait revenir avec quelque chose d’utile, la jeune femme ne put retenir son excès de rage.


« Connard. » Siffla-t-elle entre les dents, gratifiant le bois au vernis émietté d’un doigt d’honneur convaincu.

Quelque chose d’utile, la bonne blague. Elle n’aurait rien de mieux si elle ne filait pas tout son stock, et vu le secteur qu’on lui avait attribué, c’était clairement un placard, une punition ou une blague de mauvais goût. Phil allait râler, encore la convoquer, la menacer.

Les épaules tombantes, immobiles, elle fut prise d’une lassitude extrême, si tôt dans la matinée, et rangea d’un geste nonchalant échantillon et prospectus, sortant une feuille avec le plan des rues, cochant une petite case d’une misérable croix rouge.

La sonnerie de son téléphone résonna alors dans tout l’étage, reprenant le générique d’une série à la mode, elle sursauta et pesta. « Hé merde. »

« Hey, salut Phil.
Oui oui, je suis en place, tu … tu doutais de ma ponctualité ?
Ah ah… euh… Oui, oui, ça se présente bien.
Hm… ouais. Carrément. Au moins fiiiouuu… au moins trois heureux, par contre, excuse-moi mais là je dois faire signer le monsieur en face de moi. Oui. Voilà. Oui oui, je te rappelle.
Non non ça baigne, franchement, tu vas halluciner de voir mes chiffres. J’vais… tout… déchirer.
»

Elle raccrocha un peu vite et laissa sa tête cogner contre le bois de la porte dans un soupir de désespoir, oubliant totalement qu’elle se trouvait encore devant chez cet enfoiré de grognon qui s’était levé du pied gauche. Kara avait envie de pleurer, mais même ça, elle avait la flemme.

Affronter son mensonge serait, comme d’habitude, une épreuve difficile. Phil savait qu’elle mythonnait, il avait une sorte de sens paranormal, elle en était persuadée. Il allait attendre ses chiffres de vente, lui envoyer un mail, et elle allait tout faire pour qu’il pense qu’elle se rattrapera le mois prochain.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 08:49:38
En temps normal j'ai pour habitude de lâcher une réplique comme dans les films après une situation comme celle-ci. Du genre "J'ai tout vu !" ou encore "J'ai tout entendu", même si c'est faux. Ca file un petit ascendant sur l'autre qui a de toute manière toujours un geste ou une insulte quand il est lésé.
Sauf que la situation est pas normale et que j'ai déjà balancé une réplique à travers la porte à l'instant. Bah, on s'en fout. Dodo, dodo !

Alors que je fais un virage à 180° façon Michael Jackson en m'appuyant au sol avec uniquement mes talons, j'entends une sonnerie ringarde de l'autre côté. Ma première pensée est alors "Elle va m'emmerder jusqu'au bout celle-là !"
Fallait que son téléphone sonne devant chez moi. Ca pouvait pas attendre qu'elle descende. Non, on va emmerder "monsieur" qui a pas voulu de sa saloperie de crème qui est sûrement composée de pisse de chat et autre truc du genre. Comme toute les camelotes que les gens sont prêts à se tartiner dessus si ça peut les rendre 1% moins dégueulasse à regarder dans la rue.

Je peux alors entendre une voix. La voix de l'emmerdeuse. Ce qu'elle dit est impossible à comprendre correctement d'où je suis et de toute façon c'pas mes oignons. Sauf que sa voix est immédiatement associée au fait qu'elle soit venue me déranger au fond de mon cerveau et ça me fait déjà remonté une envie de claquer ou bazarder un truc.
Encore un avantage d'un appart vide : y a rien à casser et à remplacer dans la foulée dedans.

Le calme revient, heureusement, une fois qu'elle semble avoir raccroché au téléphone. Ou alors elle est partie raconter sa vie en bas. Les gonzesses et le portable c'est une histoire d'amour éternelle. Ca devient parfois aussi dur de les faire décrocher le nez du portable qu'avec une ado.
Puis, soudain, un truc comme sur ma porte. Juste une fois. Est-ce qu'elle avait tellement les boules que je l'envoie chier qu'elle a foutu un truc dessus ? Si c'est de la merde de chien je vais m'occuper de son cas et lui faire bouffer le truc en entier.

Je retourne alors en direction de la porte en lâchant un gros soupir. Inutile de me presser vu que de toute façon elle a dû se tirer en courant après avoir fait son coup de pute. Mon bras s'étend donc pour que ma main atteigne la poignée que je presse vers le bas.
Alors que la porte s'ouvre, je sens comme un poids dessus. Le truc est probablement dû à la fatigue ou la surprise car je perds ma prise sur la poignée et un truc assez imposant me tombe aux pieds dans un gros *BONK*.

En général les gens se soucient de la personne qui tomberait raide devant eux. Bah moi je suis pas comme les gens normaux. J'ai des choses bien plus graves à gérer dans la vie. Comme...
- Putain, sérieux ! J'ai eu un parquet tout neuf en achetant l'appart !

Le truc aurait pu être crédible si je balançais pas tout et n'importe quoi dessus. Sauf que là il s'agit d'une question de principe, merde. On s'écroule pas comme ça chez les gens. Et le respect dans tout ça ? Je vais chez elle pour m'effondrer à même son sol ?

Pas inquiet pour un sou, je vérifie si elle est encore dans notre monde en la regardant de là-haut :
- C'est une nouvelle technique commerciale ? Car celle-là je la connaissais pas encore.
Par contre va falloir se lever et partir maintenant car tu crois pas que t'abuses un peu ?


Une nana aussi frêle ne représente pas une menace pour moi et en y repensant je crois ne même pas avoir de couteau dans la cuisine. Rien... Il y a littéralement que dalle qui pourrait servir d'arme ici. Bon, les bouteilles en verre vides au sol si on a la foi. Sauf que ça me fera pas grand chose.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 09:14:10
Kara était au fond du trou.
Phil allait l’engueuler, ses collègues se moquer, elle n’aurait pas de prime, et s’il fallait compter sur la base de salaire pour payer les charges, elle aurait depuis longtemps renoncé à toquer aux portes. Pourtant, sa joue avait cogné contre un parquet pas si neuf, il avait dû se faire arnaquer. Et ses genoux avaient pris cher, aussi. Mais ce qui était le plus abimé était sans doute sa dignité.

Bah, de toute façon, quand on est vendeuse à domicile, on n’en a plus vraiment, si ? Elle grimaça de douleur en tordant ses lèvres, et se frotta le nez vivement comme si cela pouvait chasser le contre-coup du choc. Mais pourquoi avait-il ouvert cette porte aussi, lui ?! Il aurait pu juste l’ignorer et éventuellement simplement l’insulter de l’autre côté, comme c’était bien son style.

Dans un soupir ridicule, Kara se redressa, réussit à se relever maladroitement. Oui, vous n’avez jamais essayé de vous remettre debout dans une jupe crayon trop serrée et perchée sur des escarpins. Tout en lissant sa veste, l’air presque digne, elle se rattrapa aux branches.

« Pardon pour euh. Ca. » Ca quoi ? Pourquoi elle s’excusait ? Il n’avait même pas levé le petit doigt pour l’aider. Quel égoïste. Kara refoulait bien profondément tout ceci pour saisir sa chance, relevant des yeux implorants.

« Aller, prends mon échantillon, vraiment, c’est gratuit, tu peux le jeter après, mais prends-le, que je coche cette putain de case, et que j’aille me faire cracher dessus par ton voisin, s’il te plait. »

Merde, elle avait vraiment dit ça, et tendait vraiment le petit tube tout joli à nouveau. Bon, et en même temps, Kara n’avait plus grand-chose à perdre, elle faisait son deuil de complément de salaire, elle ne vendrait rien aujourd’hui, mais la banque accepterait sans doute de lui faire un petit prêt pour couvrir les arriérés de loyer. Ou alors, il faudrait vendre son canapé, mais c’était hors de question, elle y passait bien trop de temps, leur relation était fusionnelle…

Et puis, en passant très vite en revue ce qu’elle dont elle pouvait se passer, Kara estimait qu’elle possédait le minimum vital pour ne pas finir pendue toute seule, et l’option de renouer avec sa mère uniquement pour lui demander de l’aide était hors de question. Déjà, parce qu’elle ignorait où elle habitait maintenant, si elle était vivante, tiens. Son ancien colocataire aurait pu lui filer un coup de main mais… Il n’avait sans doute pas envie de la revoir après. Bon, après une histoire assez désastreuse. C’est une très mauvaise idée.

Elle se montrait seulement maintenant assez naturelle, bien campée dans l’entrée, observant un appartement vide et sale, en fronçant le nez.

« La vache, tu vis vraiment ici ? » Lâcha-t-elle instinctivement, ne pouvant se retenir face à autant d’immondices. « Tu sais que c’est super pathogène ? »
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 09:48:51
La voir se dandiner dans tous les sens comme un ver de terre qu'on aurait dressé pour faire des numéros de cirque est presque assez amusant et divertissant pour me faire penser à autre chose le temps d'un instant.
Puis histoire de pas l'accabler de trop j'évite de soupirer ouvertement même si c'est le cas depuis un moment dans ma tête. A bien y réfléchir, c'est la première nana à se jeter à mes pieds depuis que j'ai mis la main sur cet appart. Je voyais la chose autrement quand j'imaginais la scène. Même ça elle me l'aura gâché.  T'es pas cool du tout, meuf. Grave pas cool !

Une fois debout, la revoilà qui s'excuse. Je suis à deux doigts de lui dire un truc quand elle se lâche enfin. Il était temps, merde. Le numéro de la coincée ça prend pas. C'était déjà le cas avant, alors à notre époque c'est pire.
Amusé, je lui réponds du tac au tac :
- Enfin ! Tu vois ? Ca, c'est vendeur !
Parle aux gens de cette façon et p'tète qu'ils t’enverront pas chier. Les discours à la con ça fonctionne chez les friqués et les snobs... Y en a quelques uns dans l'immeuble d'à côté d'ailleurs.
Mais pas ici. Si tu veux un truc, faudra que tu commences à parler comme un putain d'être humain. Et de ce que je vois, t'as l'air d'en être capable.



Pour la première fois depuis qu'elle a débarqué je n'ai pas dis non. Mais j'ai pas dis oui non plus. Elle aura qu'à prendre la chose comme elle veut. Surtout que c'est une façon presque infaillible de jauger une personne sans qu'elle ne s'en doute. Certaines y arrivent, mais là on vise vraiment une catégorie à part. Même moi je me suis fait avoir plusieurs fois quand j'étais gamin.

Quand elle me demande si je vis ici, je me frotte le menton dans un premier temps avant de faire remonter ma main jusqu'à mes cheveux. Puis je pousse la porte avec la paume de ma main sur quelques centimètres pour la bloquer et l'empêcher de se fermer.
- Nop ! Je bouffe et je dors ici. Qui pourrait vivre dans une merde pareille ?

Mon regard reste fixé sur son visage qui semble avoir pris cher dans la chute. Je me retourne alors en direction de la cuisine :
- Je devrais te demander de me rembourser pour avoir salopé mon sol en temps normal, mais j'ai trop la flemme de me prendre la tête là.
Puis rentre au lieu de rester plantée là comme une plante verte.


Il me faut que quelques secondes pour ouvrir le congèle, ramasser un sac plastique et y foutre quelques glaçons que je lui lance au niveau de la poitrine pour qu'elle l'attrape facilement.

- J'étais censé m'occuper de l'appart plus tard vu qu'on m'a enfin foutu la paix pour plusieurs jours au boulot. Mais faut croire que quelqu'un a clairement décidé de flinguer ma journée.

Vu les circonstances je peux dire adieu à ma journée de glandouille. En regardant l'état de l'appart elle a pas tort. C'est la meeeeeeeerrrrde ! A tous les niveaux. Va falloir que je sorte acheter des sacs poubelles. Et une poubelle. Peu importe l'ordre vu que je vais remplir plusieurs sacs en quelques minutes.
A quelques mètres d'elle je me décide de me bouger. Et ça va commencer par une douche. Sans réfléchir je retire mon t-shirt et pars en direction de la salle de bain.

- J'ai pas toute la journée par contre et tes trucs de beauté je m'en branle total. Alors là je vais filer sous la douche et sortir acheter de quoi nettoyer toute cette merde qui s'est clairement accumulée sans que je fasse gaffe. C'est ce qui arrive quand on rentre et sort de son appart qui est plongé en permanence dans le noir.
Bref, tu connais le chemin et comment écouler tes daubes.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 10:42:03
 Putain, il n’avait même pas daigné tendre la main pour récupérer le tube de crème. Kara serra les dents, grimaça sous un petit choc électrique dû à la chute, et encaissa son baratin. Pour le coup, il semblait être au comble de la gentillesse dont il était capable, en lui donnant des conseils sur un ton condescendant. Et en lui apprenant son métier, par la même occasion.

Mais il faudrait qu’elle regarde si l’immeuble à côté faisait partie de son secteur, auquel cas elle foncerait leur vendre sa came, assurant peut-être d’être à demi-humiliée par Phil, ce qui était euh. Un bon point ? Kara plissa les yeux dès qu’il insinua qu’elle avait parlé comme un robot, et se retint vraiment de répliquer. C’était inutile, et dangereux. Elle était chez lui, elle était seule, il faisait des arts martiaux, d’après ce qu’il avait plus ou moins confirmé avec mépris juste avant.

Agacée, mais se contenant du mieux possible, elle déposa le petit tube d’échantillon sur ce qui avait l’air d’être une des seules étagères accrochées au mur, près de la porte, où des crochets attendaient en vain des trousseaux de clés bien rangés. Il n’avait pas dit non, et elle voulait qu’il garde ce truc, vraiment. Elle soupira intérieurement en estimant qu’il allait mettre quatre secondes à jeter son produit… avant d’être contredite.

Ah. Non, oui, vu l’état lamentable de l’appartement, il allait juste le laisser là pendant des mois, et l’oublier avant qu’il pourrisse. Enfin, cela mettrait des années, y avait des tonnes de conservateurs là-dedans. Personne ne pourrait vivre dans un tel taudis, c’est vrai, mais elle manqua de s’étouffer quand il évoqua le remboursement.

« Quoi ?! » C’était la meilleure de la journée, elle allait avoir des paroles malheureuses, son visage se crispant, outrée, mais il souffle ensuite sa vulgarité en l’invitant à entrer totalement ? Kara plisse les yeux avec méfiance. Mais elle t’emmerde la plante verte !

 Mais visiblement, ce mec a déjà en tête autre chose, et elle réceptionne assez mal un sac plein de glaçons, sursautant et manquant de peu de le laisser tomber. La brûlure du froid a congelé sa cage thoracique, mais la glace vient rencontrer sa joue... « Euh. Merci. » C’était la moindre des politesses, mais chacune de ses paroles avaient l’air d’être des insultes, c’était compliqué de le trouver sympa.

Et… et il lui raconte sa vie. Interloquée, un peu paumée aussi, Kara l’écoute sans broncher, et se sent obligée de répondre.

« J’vais pas rester, hein. » Loin d’elle l’envie de ‘flinguer sa journée’, comme s’il était le seul à vivre un enfer. Lui au moins, il était chez lui, et il n’avait pas Grincheux pour premier client. Enfin, client… Sa source de revenus devait passer dans les plats tout-prêt et l’alcool bon marché, quelle bonne blague Phil, ce secteur, vraiment.

Mais voici qu’il retire son haut, laissant Kara perplexe, cillant en ouvrant la bouche pour suggérer qu’elle était encore là, et que peut-être il ferait bien d’attendre son départ pour se foutre à poil. Mais… Il s’éloigne.

« Euh. Ben… Okay, hein. Je… » Alors qu’il a le dos tourné, Kara fut tentée de lui laisser un bon de commande signé, évidemment de sa main à elle hein, mais à son nom. Il faudrait juste qu’elle fouille pour trouver son identité, ou sur la boîte aux lettres ? C’était évidemment illégal, mais ce serait une solution miracle. Il ne paierait pas à réception des produits MAIS le Laboratoires le mettrait de demeure, et ce serait une question d’huissiers dans quelques mois. Et Kara aurait sa prime.

La perspective était tentante, elle rêvassait en le suivant des yeux, distraitement.

Mais très peu honnête. Elle se ferait casser la gueule, au mieux, licencier, et jugée pour vente forcée, au pire. Lâchant un long soupir désespéré, la jeune femme enjamba les immondices pour gagner l’évier dans la cuisine, y déposer le sac avec les glaçons. Même si c’était inutile, elle ne put s’empêcher de regrouper deux ou trois boîtes de nourriture à emporter en un petit tas, assez maniaque.

« C’est vraiment dégueu… » Fit-elle pour elle-même, convaincue que le maître des lieux était dans une autre pièce. Elle disposa ensuite, par réflexe, le petit échantillon récupéré, une carte de visite, un bon de commande vierge, un prospectus.

Et en observant cette composition parfaite, qui resterait sans résultat, elle fut prise d’une colère froide. C’était injuste. Et il prendrait pour tout le reste, tant pis.

« Aller, salut ! T’es un sale type, tu pourrais au moins être poli, je t’ai pas manqué de respect, et j’y suis pour rien si ta vie est pourrie, passe tes nerfs sur quelqu’un d’autre, tocard ! »

Les poings serrés, elle fit demi-tour, comme une petite boule de nerfs peu crédible, et fit claquer ses talons jusqu’à la porte en concluant, la voix aigue bien haute.

« C’est moi qui devrait te demander de rembourser les frais médicaux, j’ai eu un accident dans ta porcherie, j’espère que t’as une bonne assurance ! »

Sur cet excès, Kara ouvrit la porte avec rage, et la claqua derrière elle, en récupérant sa mallette à roulette. Voilà, connard, connard, connard ! Les joues rouges, l’accumulation remontant à son visage, elle marchait d’un pas énervé et raide dans le couloir, décidée à quitter cet immeuble de cas sociaux, pour aller à côté.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 11:44:44
Plus je zieute l'état de l'appart et moins je me dis qu'elle a tort. Le truc est un terrain miné que je traverse comme je le peux en essayant de faire croire que j'y suis parfaitement à l'aise. Ce qui est assez con quand y pense car je me fous de son avis et que son impression est déjà faite.

Mon t-shirt en main, je file donc dans la salle de bain qui ressemble a un espace coupé du monde extérieur. Comme une oasis dans le désert, une zone sans solde lors du Black Friday, un wagon de métro vide à l'heure de pointe. Quelque chose qu'on ne trouvera jamais de notre vivant quoi.
A part quelques traces de calcaire qui commencent à pointer le bout de leur nez et un boxer qui déborde de la bassine où s'empilent quelques fringues, cet endroit est un véritable coin de paradis dans ce chaos.

Au bout de quelques minutes sous la douche j'entends gueuler. Curieux, j'ouvre la porte en verre et sort la tête pour l'entendre m'insulter et faire une crise de nerfs tout en claquant la porte. Les gens normaux seraient énervés, remontés, se lâcheraient en retour dans leur coin. Pas moi. Faut dire qu'on m'a jamais trouvé normal. Ca me faisait crever de rire. Pas pour me payer sa tronche.
Les gens devraient se lâcher plus souvent et arrêter de se voiler la face pour des conneries de ce genre.

Mon affaire terminée, je perds pas de temps à me sécher pour enfiler des fringues propres et embarquer la bassine dans le salon avec moi. Une fois dans le salon je dépose ce que je tiens à même le sol pour chopper mes clés et mon portefeuille. Pour ne pas me faire voler et y cacher certaines choses, j'ai fait un trou dans un des murs qui s'actionne en appuyant au bon endroit. C'est surtout le mec que j'ai payé pour l'installer qui s'en est occupé. Mais c'est un détail.
Je tourne alors la tête en direction de la cuisine et remarque qu'elle a laissé des trucs derrière elle. Y compris son tube de machin-chose. Ca me fait rire de nouveau. Dans la vie faut savoir forcer le destin pour obtenir ce qu'on veut et elle semble avoir fini par le comprendre.

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Comme je m'étais décidé de le faire, je passe d'abord à la laverie automatique pour y foutre mes fringues à laver pour sortir m'acheter à bouffer et de quoi me débarrasser de toutes les saloperies qui inondent mon appart. Là, j'entends trois mecs causer de magouilles tellement insignifiantes qu'il fait aucun doute que ces nazes viennent juste de démarrer leur carrière de criminels ou que rester en bas de l'échelle leur suffit du moment qu'ils survivent à leur façon.

- T'as vu la chaudasse qui fait tous les bâtiments ?
- Ouais ! Elle doit être grave chaude.
- Grave ! Grave !
- Ou alors les mecs ils gèrent pas.
- Trop pas !
- Une nana peut pas les vider aussi vite. Enfin j'sais pas... Si ?
- Gwendy qui bosse au Javaltou elle y arrive.
- Sérieux... Mec... On bouffe là.
- Bah quoi ?
- Le seul truc qu'elle sait te vider c'est l'estomac quand tu gerbes en voyant sa sale gueule ou ses nichons qui ressemblent à rien.
- Parle bien de la meuf de mon frangin !
- N'importe quelle meuf serait mieux qu-...
- Enculé !



Je m'attarde pas plus dans le coin en laissant ma bassine sur place avec des fringues que personne de normal irait voler pour filer acheter ce qu'il faut et retourner à l'appart commencer le grand nettoyage. Putain, ça risque de me prendre la journée. Heureusement que le sol est pas foutu vu que rien n'a été renversé dessus. Un vrai petit miracle.

Quant à ce qu'elle m'a laissé en souvenir, j'ai décidé de garder la carte et le tube de machin à l'endroit où elle les a laissé faute d'autre place. Je compte pas m'en servir. Mais peut-être que ça trouvera son utilité un jour ou l'autre.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 12:48:19
« Oui, merci Madame, la livraison est prévue pour après-demain, et j’ai bien noté l’emballage cadeau. Oh, vous allez faire un chanceux, dites voir. »

Le sourire de Kara était angélique mais espiègle, sous-entendant tout ce que voudrait cette charmante dame d’une soixantaine d’années, très propre sur elle, qui vivait en face de l’immeuble de l’enfer. Elle avait passé trois heures dans la rue, elle avait mal aux pieds, mais c’était sa première vente de la journée. Pas énorme, mais c’était un début ? La jeune femme aurait embrassé cette cliente tant elle lui sauvait la mise. Et sans se fouler, en plus, parce qu’il avait suffit de lui glisser quelques arguments sur le naturel du produit, le goût prononcé qu’elles partageaient bien sûr pour les hommes mûrs, qui s’entretiennent. Citer un acteur entre deux âges qui supposément utilisait la crème miracle. Souligner que c’était une très bonne idée de cadeau…

Une fois dans la rue, s’asseyant sur la borne incendie, Kara cocha sa petite case, rayait même l’immeuble entier, aller ! Son estomac lui rappela qu’elle avait oublié de manger depuis la veille, et elle avait envie d’un café. En réalité, elle aurait bien replongé avec une cigarette, mais savait que c’était une assez mauvaise idée, d’autant financièrement actuellement. Le café serait plus acceptable. Kara grimaça quand il fallut se relever, ses escarpins la torturaient.

Elle tourna un peu dans le quartier pour trouver une enseigne de restauration rapide, se posa lamentablement avec son plateau à une table qui collait. Surprit un regard salace d’un type à une table en face, insistant. Soupira, avala son burger en cherchant son smartphone dans ses poches de veste.

Merde.
Il devait être dans sa mallette, elle se pencha pour vérifier.

Merde, merde.
Kara devint blême. Son portable, c’était sa vie. Enfin, sa seule vie sociale quand elle n’était pas derrière son ordinateur. Et un outil de travail indispensable. Si Phil avait appelé, et en absence de réponse, il allait s’imaginer qu’elle avait tiré au flanc.

« Bordel. » Grogna-t-elle en s’étouffant à moitié, engouffrant la fin de son sandwich, se glaçant les gencives sur le soda trop froid, délaissant le reste pour se lever en quatrième vitesse, toujours suivie par des yeux dégueulasses qui paraissaient la déshabiller. Un loubard de base, un gros lourd qui au moins ne la siffla pas quand elle déguerpit du fast food, pour essayer de revenir sur ses pas.

Tant pis pour l’image de soi, Kara irait frapper aux portes où on avait bien voulu la recevoir, il FALLAIT qu’elle récupère son portable. C’était vital. Déjà, elle ne se sentait pas bien. Vu le quartier, on lui avait peut-être volé, aussi, mais elle voulait refuser cette option. Jamais elle n’aurait les moyens d’en payer un nouveau, elle ne voulait pas avoir à penser à ça…

Aucune des personnes qu’elle avait visitées n’avait son téléphone, et Kara commençait vraiment à angoisser. Pas de GPS, pas d’appels pro, pas de réseaux sociaux. Elle commençait à vraiment se sentir mal. Et l’idée qu’on puisse pénétrer son intimité la rendait malade. D’un pas décidé, sans réfléchir, elle poussa de nouveau la première porte d’immeuble miteux qu’elle avait franchi en début de journée.

Et à cette porte d’appartement, elle toqua vivement, rapidement. Le tocard devait être sorti acheter ces trucs de nettoyage, ou alors il ramassait tous les déchets au sol, peu importait. Elle avait forcément fait tomber son téléphone quand elle s’était ramassé la tronche sur son parquet faussement neuf. Il FALLAIT qu’il soit là.

« Ouvre, aller, ouvre, ouvre, ouvre. »
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 13:16:34
Un bonne douche, de l'air frais, entendre des abrutis débiter un nombre incalculable de conneries à la minute... Il y a que ça de vrai pour démarrer une journée en débordant d'énergie.

Une fois de retour à l'appart il me faudra pas bien longtemps pour tout foutre dans des sacs poubelle de 50L. Moi qui pensait y passer un plombe. Faut croire qu'avoir la forme et se foutre complètement du recyclage et de l'avenir de la planète peut avoir du bon quand les circonstances l'exigent.

En dehors de la cuisine et du salon j'ai rien de particulier à ramasser et balancer. Un chambre c'est fait pour pioncer ou baiser après tout. Si tu fous pas de télé dedans alors les chances d'y bouffer diminuent de manière exponentielle. Et sans argent, pas de télé. Même le fait d'être fauché a dû bon pour l'entretien et la survie de la planète.

- Bon, c'est l'heure de descendre toute cette merde. Y font chier ces abrutis a avoir fait cramer la benne en bas.

Des petits cons qui prenaient plaisir à tout faire cramer avaient décidé de s'amuser avec notre benne à ordure. Ca date d'avant mon arrivée et dans un sens ça m'aura rendu service. Qui peut vivre au 1er avec une benne qui a sûrement croisé la route de toute la merde du monde et, probablement, de cadavres ?
Alors même si je me plains de devoir aller plus loin, c'est plus pour la forme qu'autre chose.

Je fais un premier voyage. Puis un second, dans lequel je m'arrête causer avec un gars avec qui j'ai bossé le mois dernier et qui cherche quelqu'un pour un boulot. Désolé mec. C'est week-end prolongé et claquage de pognon en règle de prévu.

En retournant à mon appartement après le troisième et dernier passage je suis surpris d'entendre une voix familière depuis le rez-de-chaussée. Le rythme auquel j'entre dans le hall et m'engage dans les escaliers est assez lent. Pas par fatigue ou de peur de vérifier ce que je pense. C'est juste que je suis pas pressé de faire quoique ce soit maintenant que j'ai bouclé la première phase de mon grand nettoyage.

Une fois en haut des escaliers je reconnais immédiatement ces fringues et cette carrure. Amusé et avec un ton moqueur je lui lance depuis l'autre bout du couloir :
- Ma porte t'a fait quoi pour que tu t'acharnes autant dessus depuis ce matin ? Faut te détendre, hein ? Après l'accident du parquet faudrait pas faire un AVC dans la foulée. Ou alors fallait le faire avant que je nettoie.

Tout en continuant d'avancer en direction de chez moi je finis par la contourner et ouvrir la porte que je laisse grande ouverte. Une fois un pied posé à l'intérieur je file dans la cuisine récupérer les produits que j'ai déposé plus tôt avec le balai serpillière pour retourner dans le salon.

- Si tu veux récupérer ton machin il est dans la cuisine. J'y ai pas touché, alors cherche pas à m'entuber en me faisant payer un truc derrière. Parce que ça va pas le faire, je te préviens.

Durant mon nettoyage de conserves, d'emballages, bouteilles et autres cartons de pizza, j'ai pas pris la peine de toucher aux trucs qu'elle avait laissé. Je me suis dis que j'aurais le temps de regarder ce que c'est plus tard dans la journée ou le lendemain. Toujours remettre à demain ce qu'on n'a pas besoin de faire aujourd'hui.
C'est ma ligne de conduite quand je bosse pas.

Je commence ensuite à passer un coup sur le sol bien dégueux pour me débarrasser de ça le plus vite possible et avoir la paix.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 13:34:43
Merde, il n’est pas chez lui. Kara s’acharne sur la porte, comme si cela allait changer quoi que ce soit, et sursaute en entendant la voix derrière elle.

Oh, merci merci, il n’était pas loin, il va ouvrir sa porte. Elle lui lance un regard comme s’il était un dieu, mais elle ne peut en placer une, avec ses vannes bidons. Quel mollasson ! La jeune femme, elle semble être une pile électrique, là, tout de suite. Il lui manque clairement un truc, et il est hors de question que son téléphone ne se trouve pas ici. Avec une énergie du désespoir, elle s’engouffre chez lui d’un pas rapide, ses talons claquent vite sur le parquet.

« Non, non, je m’en fiche de ça. » Grogne-t-elle avec agacement, oubliant combien elle l’a insulté plus tôt dans la matinée, et se jette sur lui pour agripper son t-shirt, comme une droguée en sevrage.

« Mon portable, t’as mon portable ? »

Dis oui, dis oui, son regard l’implore, tout près de son visage, oubliant toute forme d’étiquette sociale, distanciation aimable, ou autre. Elle ne peut pas se permettre de l’avoir perdu, pas en ce moment, en plus, elle doit avoir mille messages de … fiouu… tous ses amis qui s’inquiètent. Peut-être des notifications importantes sur une appli de rencontre où elle a menti sur son âge ? Aller, dis oui.

« Il a dû glisser de ma poche quand je suis tombée à cause de tes trucs, là, par terre. » Kara avait une bonne poigne, pour une faible donzelle, dans ces circonstances, et l’empêchait clairement de passer la serpillère. Il y avait des choses bien plus importantes que le ménage, là tout de suite. C’était vital.

« Dis-moi que tu l’as récupéré, et pas jeté à la poubelle avec… » Elle jette un œil autour d’elle. « Whoua, t’as tout ramassé, GG. » Et se reprend. « Tu l’as hein ? »


Et pour elle-même, dans la panique, elle parle avec un débit plus saccadé.

« C’est vraiment, vraiment important que je le récupère, j’pourrai jamais m’en payer un autre, et pis y a mes photos, et … et mon patron va me défoncer. » Merde, elle allait pleurer.

« Promis, j’te laisse tranquille après, tu me reverras plus jamais, mais rends-le moi, vraiment. »
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 14:07:17
J'ai même pas commencé à nettoyer qu'elle se jette sur moi. Littéralement. A tel point que j'en lâche mon balais avant qu'il lui termine dans l'oeil. Elle ne l'a pas vu s'approcher de son visage ? Faut être sacrément distrait pour finir dans un tel état de panique.

- Un portable ? Quel portable ?

Le seul téléphone dont je me sers pour le boulot est un prépayé qui fait appels et textos. Rien de plus, rien de moins. M'est déjà arrivé de devoir me trimballer un smartphone avec toutes les applications qui le font vibrer et sinon en permanence pour un boulot. En particulier quand tu dois suivre un traceur placé sur une marchandise.
Sauf que si je peux m'en passer je le fais sans hésiter une seconde.

Lorsqu'elle remarque que le ménage a été effectué je me mets bêtement à sourire en me frottant l'arrière du crâne comme dans les scènes de série télé. Le truc ne fait pas naturel une seconde et si j'étais un acteur je m'engagerai pas du tout.

- T'as vu ça ? C'est plutôt pas mal, non ? Bon, y a encore des trucs à ram-

Excepté que la folle furieuse remet le couvert avec son histoire de téléphone que j'ai pas vu. Je sais juste qu'il a pas fini à la poubelle étant donné que tout ce que j'ai ramassé avait la même forme et couleur. L'avantage de toujours bouffer la même merde quand on cuisine pas et que seuls deux restaus sont ouvert matin, midi et soir.

- Nop, j'ai pas... J'ai pas... De...

Impossible de placer un mot tellement elle panique et insiste sur la gravité de sa situation. C'est juuuuuuste un téléphone. Tu mets des numéros dedans, t'appelle des gens. Ca va pas plus loin, hein ? Ou alors elle fait partie de ces grands malades qui balancent leurs économies pour tenter de gagner des personnages ou des fringues virtuelles dans des jeux ? Tout ça pour frimer devant les autres gamins ou les collègues de bureau ?
J'ai de sérieux doutes là-dessus car personne d'aussi déterminé pour refiler une crème à la con et gagner sa paie irait la claquer de cette façon.

En voyant qu'elle ne se calme pas je lui fous une claque dont le son résonne dans tout l'appartement. Si quelqu'un passe sous ma fenêtre en ce moment, il a sûrement dû entendre la chose d'en bas.

- Hé ho, on se calme ! Je te l'ai dis, va pas me faire un AVC, surtout pour un putain de téléphone.

Je fais claquer ma langue dans ma bouche en soupirant tout en la regardant au bord des larmes. Reste à savoir si c'est le résultat de son état ou de ma claque. Pour ça, il reste un gros doute.
Alors qu'en ce qui concerne la trace rouge sur sa joue... La source en est évidente.

Une main dans les cheveux, je regarde autour de moi et ne voit rien qui pourrait ressembler à un portable. Surtout qu'elle a visité que deux pièces de l'appart en venant plus tôt.
Le salon rapidement rayé de ma liste, reste plus que la cuisine.

J'entre et constate rapidement qu'un truc se trouve sous la feuille qu'elle a laissé. Tout en me retournant je lui demande :
- C'est pas ça ? Là, en-dessous.

Avec un regard et un geste de la tête, j'indique ce qu'elle a laissé plus tôt avant de se barrer. Par contre ça vaut bien une pique.

- On a vu mieux comme plan drague ou commercial.

Le ménage étant foiré, autant passer à autre chose. J'ouvre le frigo et récupère une pizza que j'ai acheté plus tôt, l'ouvre et l'envoie dans le four. Et avant de balancer le carton par-dessus mon épaule je retiens mon geste pour déposer ce dernier dans le sac poubelle que je venais d'ouvrir avant.
On va éviter de relancer le cycle.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 15:13:07
Kara porta la main à sa mâchoire en gémissant au ralenti, se reculant sous le choc. Est-ce que ce mec venait vraiment de la frapper ? Vraiment ? Elle était légèrement sonnée sous l’impact, vu sa propre constitution, et celle de Souta, elle faisait clairement figure de chips. Les larmes qui étaient déjà bien proche de ses yeux embrouillèrent sa vision, une seconde, le laissant s’écarter sans réagir.

Au moins, elle avait cessé de paniquer et tourner en boucle, mais son cerveau n’était toujours pas rationnel, surtout qu’il affirmait ne pas posséder l’objet perdu. Elle s’imaginait déjà vivre un drame, ses oreilles bourdonnant encore de la gifle, elle se frotta la joue, hébétée.

En le regardant farfouiller dans cette pièce vide, Kara se demande combien de temps et d’épreuve elle allait devoir endurer aujourd’hui. Elle voulait de plus en plus une clope, preuve que c’était vraiment le fond du trou. Le mec aux cheveux gris était sorti de la salle, sans qu’elle ne bouge, immobile et muette, mais loin d’être calmée intérieurement.

La jeune femme reprenait peu à peu ses esprits, et dans la demi-solitude, réalisa le geste violent de son prospect, fronçant les sourcils. Mais quelle enflure ! Il l’avait frappé !  Serrant les poings, Kara allait fondre dans la cuisine pour lui donner le fond de sa pensée, lorsqu’elle fut coupée dans son élan, sur le seuil de la porte.

Son visage s’illumina, faisant briller la belle marque des doigts du Souta sur sa joue, et étinceler son regard bleu. Ultime espoir ! Oubliant les ampoules aux pieds, elle s’élança vers le plan de travail, vira cette saloperie de bon de commande à la con, et découvrit, le cœur battant, son cher smartphone.

« Youhouuuuuuuuuuuu ! Oui, c’est ça ! Génial ! »

D’un coup, toute la détresse s’envola, même les douleurs et la fatigue, elle sautilla comme une gamine et serra entre ses seins le petit objet sombre et connecté, indispensable à sa vie. Evidemment, il n’y aurait aucune notification personnelle, à part les centaines de chaînes de vidéo où elle était abonnée, les envois de newsletter, les rappels de son Directeur des Ventes, ulcéré.

Mais, dans l’euphorie, elle n’avait même pas envie d’aller constater l’étendue des dégâts en allumant l’écran, si bien qu’elle se jeta plutôt sur le jeune homme pour faire claquer une bise monumentale sur sa joue en se hissant sur la pointe des pieds.

« Putain, merci merci merci ! » Encore une fois, elle avait dû le bloquer dans son mouvement, le laissant avec son carton de pizza à la main, comme un con.

« Tu peux pas savoir comme je suis soulagée, la vache. Oh, cool, t’aimes les anchois. Si j’ai pas de téléphone, j’peux dire adieu à mon boulot. Fais gaffe ça va cramer. »

Mais immédiatement, Kara fronça les sourcils, comme si quelque chose venait de lui rappeler un douloureux passage récent de sa vie. Comme un craquement de sa mâchoire, peut-être.

« Attends. Tu m’as giflé. » Elle se recula, le visage grave. « J’me casse la gueule chez toi, et après ça tu me violentes ? Mais ça va pas bien chez toi ? » Dans un geste irréfléchi, elle leva le bras et vint écraser sa paume sur sa joue, maladroitement, mais sèchement. Puis réalisa son acte.
Se barrer, vite, ce mec était un fou dangereux, il allait probablement l’emballer dans des sacs poubelle pour ça.

Kara fit un pas en arrière, tenant précieusement son portable contre sa cuisse, et rattrapant au passage sa mallette pour déguerpir.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 15:41:14
A en juger par le cri de joie je ne m'étais pas trompé. Sérieusement, les gens et leurs portables. Que ce soit les ados, les nanas ou ceux qui passent leur vie à se faire malaxer le cerveau par les bonnes ondes bien dégueulasses, ils sont légions.
Après je critique pas, chacun fait ce qu'il veut de son fric ou de sa santé physique et mentale. Tu veux t'acheter des trucs sur les jeux, filer ton pognon et ton cul au gourou du coin contre une promesse impossible à tenir d'un voyage sur la lune à bord d'une fusée, à toi d'assumer. Je trouve ça con, mais c'est que moi que ça regarde et j'irai pas empêcher quelqu'un de faire ce qui le branche.

Lorsqu'elle me dit que la pizza va cramer si je fais pas gaffe je me dis que ça part d'un bon sentiment car elle est sur son nuage. Mais j'suis pas con non plus, hein ? Pas besoin de faire des études pour surveiller un truc dans un four. Surtout quand t'as aucune distraction chez toi. Pas de télé, pas de... Rien du tout en fait. Juste deux chaises qui tiennent encore debout par miracle et que je vais bazarder après en avoir acheté d'autres.
Seul mon lit est neuf parce qu'on déconne pas avec le sommeil.Tu peux faire le con avec tout le reste de cet appart. Mais le lit... Vaut mieux pas. Pour ton propre bien.

Puis la vendeuse colérique fait son grand retour sans crier gare. A croire que cette nana est déséquilibré et a une double personnalité.

- Ouep, j'crois bien. La trace est hyper visible vu que t'as la peau claire.

Ah ? Parce qu'en plus c'est de ma faute si elle se casse la gueule chez moi ? Surtout qu'elle s'est cassée la tronche toute seule. J'suis pas censé savoir qui fait quoi de l'autre côté de ma porte et j'ai aucune obligation de rattraper les gens au vol si ils tombent en avant.
Alors qu'elle continue de s'égosiller toute seule pour probablement extérioriser sa peur après l'incident du portable et sa frustration liée au boulot je lui réponds tout en allant chercher ma pizza au four.

- Si tu savais. Je crois que les psys délibèrent encore et ça risque de leur prendre au moins 10 piges.

Dans la foulée arrive une claque que j'avais pas anticipé. Pourtant j'ai des réflexes largement au-dessus de la normale. Si ça se trouve elle ne savait pas elle-même ce qu'elle allait faire et son corps à bouger plus vite que son cerveau.
Mon visage se tourne vers le sien et je la fixe du regard pendant 5 secondes avant d'éclater de rire et ouvre la porte du four pour en sortir la pizza que je pose sur le plan de travail dégagé.

- Sers-toi tant que c'est chaud.

Ce que je fais sans me gêner pour engloutir d'une traite une part qui doit bien faire un quart de l'engin. Quand on a la dalle il faut se nourrir après tout. Et il y en a d'autres dans le congèle si j'ai encore faim après.

- Ah ouais, y a aussi de la bière dans le frigo.

Va falloir faire vite si elle en veut car je repars à la charge pour récupérer et dévorer une autre part de la même taille. Ce qui fait qu'il ne reste plus que la moitié de la bête sur le carton grisâtre. Ma mâchoire écrase rapidement le morceau de pâte et la garniture qui va avec pour le libérer la bouche.

- Ca fait du bien, non ? La gifle ! Tu te sens pas plus légère ? Faut que t'apprennes à évacuer le stress plus souvent. Mon boulot est plus dangereux que le tiens et j'ai l'impression que je vais vivre plus vieux que toi. Ca la foutrait mal. Ah ah ah !
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 16:21:21
Kara resta bouche bée.
Du coup, elle n’était crédible ni en vendeuse, ni en assaillante, pour lui. C’était assez pathétique. Se prenant son rire en pleine face, la jeune femme restant pantoise en le regardant se servir sa pizza, comme si elle avait été un moucheron sur un très gros pare-brise de camion.

Est-ce que sa petite remarque sur sa santé mentale était vraie ? Peut-être que c’était un psychopathe, ce qui finalement n’était pas si surprenant, à voir l’intérieur de son appartement, ses répliques, ses réactions. Peut-être que ce n’était pas la drogue, mais les cachets qui le rendaient si nonchalant ?

Et maintenant, il l’invitait à prendre une part de pizza. Où était le piège ? Elle déglutit, peu à l’aise, d’un coup, et jeta un œil à la porte. Le plus raisonnable aurait été de filer sans demander son reste et de surtout indiquer à ses collègues de ne pas mettre les pieds ici, parce qu’un mec dangereux y créchait. Mais Kara avait passé une très très sale matinée. Globalement, elle passait une vie assez merdique, médiocre. Elle se gratta la joue en silence. Ça piquait.

Mais l’odeur du fromage fondu l’appelait, et à défaut de cigarette, c’était une drogue comme une autre. Elle fit un petit pas en avant, comme timidement, en l’observant baffrer sans se gêner. Ce gars était vraiment, vraiment louche. Attrapant une petite part de pizza, elle croqua en se brûlant, mais elle avait l’habitude, ayant peu de patience, elle arrivait toujours à se cramer les papilles… Son repas avait été écourté dans la panique, et à vrai dire, la pizza n’était pas dégueu.

Ne sachant pas vraiment quoi dire, elle se contenta d’un poli : « Euh. Merci. J’vais… j’vais éviter de boire durant mon service. » Sentir l’alcool pas cher était peu recommandé pour aller toquer chez les potentiels clients, surtout qu’elle avait à rattraper le désastre de ce matin en une après-midi pour espérer apaiser les Démons de la Finance.

Kara hocha la tête, pensant qu’il parlait de ce qu’elle mangeait, mais toussa un peu en comprenant qu’il s’agissait de la gifle. Elle s’essuya la bouche de la main de la façon la moins vulgaire qu’elle put, et rectifia.

« Non, mais… Jsuis désolée, pour la gifle. T’as… t’as pas à faire les frais de mon incompétence professionnelle. » Elle était lucide, et, fataliste, soupira. Assurément, elle l’avait encore mauvaise pour la baffe qu’il lui avait donnée, et cela faisait encore mal, mais à la différence, lui pouvait très bien porter plainte contre sa boite, et elle serait dans une merde noire. Ca avait été idiot… vraiment, vraiment con. Pourtant, on leur apprenait à garder leur calme en toute circonstance hein.

« Juste que. » Nouvelle bouchée. « J’ai arrêté de fumer, et … » Non, c’était une excuse à la con, ça faisait des mois qu’elle était parfaitement sevrée, mais en réalité, dans sa vie, elle n’avait pas beaucoup de moyens de décompresser, faire retomber la pression. A part peut-être tuer des gens sur les jeux vidéo, mais là encore, cela lui créait plus de stress que ça ne l’apaisait.

Elle releva les yeux, intriguée, et lasse de la vie, en général.

« Tu fais quoi comme job ? Faut pas croire, c’est dangereux de faire du porte à porte, y a un malade qui m’a foutu une baffe. » Elle voulut ricaner mais la situation lui paru trop naze pour être hilare, et se planqua en croquant à nouveau dans la pizza.

« Et tu fais quoi pour pas être stressé, alors ? Frapper des pauvres filles hystériques ? »
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 17:04:45
La revoilà qui repart avec le discours et la façon de parler coincée. L'incompétence professionnelle ? Le genre de terme qu'on entend chez les avocats et autres snobs en col blanc. De là d'où je viens on parle de se foirer et puis c'est tout. Tu réussis ou tu foires, ça va pas plus loin. Peut-être que le fait de venir de la rue et y avoir passé autant d'année m'a fait vivre dans un univers bien différent du sien.
Pour ce que j'en ai vu jusque là, elle m'a surtout l'air de jouer un rôle devant les autres. Le professionnalisme qu'ils appellent ça. A la différence qu'on peut très bien rester soit-même et réussir à refourguer des trucs à des couillons.

- Ah, la fumette ? Fallait p'ète pas commencer tout court. A part te pomper ton fric et te filer le cancer ça sert pas à grand chose.
Ah si, te niquer les dents au passage.


Vient ensuite d'autres questions pendant que je fais une pause niveau bouffe. Faudrait pas que j'me blinde le bide trop vite jusqu'à caler. Une petite bière ou deux feront passer la chose bien comme il faut de toute manière. Parce que personne m'attend après.

- La question c'est plutôt ce que je fais pas. Quoique, la liste est longue dans les deux cas.

Un minuscule pause et une gorgée plus tard j'ajoute avec un ton étrangement calme qui ne va pas du tout avec la suite.

- Faut faire gaffe, il y a des gens pas nets dans le coin. Regarde moi par exemple. Ah ah !

J'attrape de nouveau ma bière pour la siroter et la finir d'une traite pour me jeter sur la suivante. Alors que mes mains cherchent à faire voler la capsule, je profite de cette interlude pour répondre à sa dernière question.

- Quand on y réfléchit un peu... T'es pas loin de la vérité. Même si je croise rarement des nanas hystériques dans mon salon. Ce serait un peu flippant en même temps, non ? Et plus stressant qu'autre chose.

Au final je me suis inquiété pour rien. Même après une bière et en laissant mon regard traîner sur la pizza en jaugeant mentalement mon appétit, une seconde me posera pas de problème. Tout en poursuivant la conversation je retourne au congèle récupérer une seconde pizza qui va finir au four comme la précédente.

- Certains petits boulots permettent d'évacuer le stress trop accumulé dans d'autres. Mais quand ça suffit pas... Bah je fous les pieds dehors. T'as vu l'état de ce quartier ? Y a pas deux jours qui s'enchainent sans qu'un branleur cherche à t'agresser ou te tuer. Rien que l'autre jour... Un mec me saute dessus avec un couteau. Non, je crois que c'était une machette. Un truc qui coupe bien quoi.
On se connaissait pas, ni lui, ni moi. Sauf qu'il était tellement défoncé qu'il s'est cru dans un jeu vidéo où tu voles des bagnoles et tues des gens pour piquer leur fric. Faut être con pour jouer à ça alors qu'on a la même version dehors.

Rien ne vaut une situation de vie ou de mort pour se détendre les nerfs, non ? Puis si tu fais aucune rencontre il reste les fight clubs. Par contre c'est plus chiant car les gens passent leur temps à gueuler au lieu de regarder.


La seconde bière à la main, j'attrape la dernière part de pizza que je mange plus tranquillement cette fois. En général je cause peu. Le fait d'être là sans véritable but pour le reste de la journée me pousse à me tenir occupé ?

- Mais quand tu sais que ça suffira pas à te calmer, il reste l'option baise. Attention, je te parle pas d'aller aux putes ou de fréquenter des bars merdiques où certaines pro trainent. Les réputations se font et se ternissent rapidement dans la rue de toute manière.
Non, le sexe contre du fric c'est pas toujours génial. Ca manque d'un petit truc. Sauf la fois où j'en ai rencontré une qui plaisantait pas.


Une fois la seconde pizza prête et engloutie il sera sûrement temps de récupérer mes fringues à la laverie pour les foutre au sèche linge. La sortie shopping pour l'appart attendra demain matin.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 18:26:49
Okay, pas de panique, hein, mais plus cela allait, plus Kara pensait vraiment que son interlocuteur était un psychopathe, un dérangé, un fou dangereux. Désagréable, en plus, puisqu’il venait encore de juger son addiction -passée, passée- à la cigarette. Il avait un avis sur tout ? Il était toujours aussi condescendant ? De toute façon, la jeune femme était trop lasse pour s’énerver là-dessus… Instinctivement, elle passa sa langue sur ses dents pour s’assurer qu’elles n’étaient pas aussi horribles qu’il semblait le dépeindre.

Mais visiblement, le prospect avait décidé de lui raconter sa vie, et à vrai dire, Kara aurait tout écouter pourvu de ne pas retourner bosser, et se retrouver de nouveau en face à face avec la triste réalité de sa vie. Plus elle le côtoyait, plus elle estimait qu’il ne faisait rien pour la détendre, pire, il semblait adorer lui lancer de petites phrases anodines pour la faire flipper.

Elle était gênée, mais la pizza aidait à passer outre tout un tas de choses. Elle le regardait boire avec une sorte d’envie, mais n’avait pas envie de donner des excuses supplémentaires à Phil pour la virer, sans indemnités, si elle était chopée en état d’ivresse sur le temps de travail. Ce mec était un gouffre, elle cilla en le regardant préparer une autre pizza. Quoi qu’il fasse comme boulot louche, ça creusait… C’était là encore assez effrayant.

« Donc… pour déstresser… tu casses vraiment la gueule des gens… » Bien bien bien, où était la sortie déjà ?

Mais elle fut instantanément piquée par sa petite réplique traitant de ce jeu vidéo qu’elle adorait ; Kara se métamorphosa, passant de loque à petite pile, et s’esclama d’un ton enthousiaste.

« Oh, ouais, je connais ce jeu, j’adore, j’ai… » Elle toussa en se taisant d’un coup. « Ah ah. Ouais… faut… être vraiment con… » Elle déglutit sa bouchée. Chaque phrase qu’il prononçait était soit blessante soit une attaque indirecte sur tout ce qu’elle représentait. C’était une sensation assez désagréable à vivre, elle se racla la gorge.

« J’ai… je pense pas avoir déjà vécu une situation de vie ou mort, désolée. Mais bon, je crois que t’as bien vu mon gabarit et ma force de mouche, donc si je mets un pied dans un Fight Club, je suis au tapis en moins de deux. »

Il fallait être réaliste, elle ne savait pas se battre, n’était pas combattive et encaissait très mal les coups physiques. Bon, en revanche, moralement, elle se tapait une vie bidon depuis presque trente ans, donc c’était une force, non ?

Elle manqua de s’étouffer quand il aborda une autre méthode pour se détendre. Et voilà, encore un petit taquet derrière les oreilles. Kara eut immédiatement une mine des mauvais jours ; Voilà, encore un truc qu’elle ne faisait pas. Pas étonannt qu’elle soit aussi stressée.

« Ah, ouais. La baise. Ouais ouais, je connais cette théorie. »

Il était déconseillé de baiser au bureau, elle avait testé une fois et avait éte lourdée. Elle avait donc rayé cette option. Evidemment, elle ne payait pas pour du sexe, elle trouvait ça un peu triste, au final. Et… fallait du blé. Détail important.

Et donc, passer son temps sur internet et les jeux vidéo n’aidaient pas non plus dans ce domaine. Elle reposa la croute de sa pizza dans le carton en frottant ses mains l’une contre l’autre, espérant qu’elles ne soient pas trop sales.

« Bon bah, je crois qu’on peut dire que je vais rester stressée. » Fit-elle en ricanant d’un air sarcastique et lamentable, avant de pincer les lèvres.

« Je peux utiliser ta salle de bain ? Promis, je m’en vais après m’être lavé les mains. »
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 18:54:48
Une théorie... Une théorie !

- Une théorie ?

Le truc est sorti de ma bouche d'un seul coup alors que je faisais que le penser dans ma tête. Très fort, sans doute, mais dans ma tête. Elle est pourtant pas mal du tout physiquement. Il y a rien a jeter en tout cas de ce côté selon moi. Faut juste qu'elle apprenne à se décoincer car elle va finir vieille fille et folle. Pas forcément dans cet ordre d'ailleurs.

Je ne réplique pas à sa remarque suivante et lui indique du doigt où est la salle de bain en la regardant s'y diriger quand le DING caractéristique du four se met à raisonner dans l'appartement silencieux.

Seul dans la cuisine je me mets à réfléchir sur le reste de ma journée. J'ai pas grand chose... Non, j'ai strictement rien à foutre du reste de cette journée bizarre. Ma main soulève alors ma bière pour la porter à ma bouche et faire disparaître en quelques secondes tout son contenu et finir par un PFWAAAAA alors que le gaz me monte au nez et au crâne.

Je me tourne ensuite vers ma pizza que j'enroule grossièrement dans de l'essuie tout que je dépose sur le plan de travail. Là, mon regard se tourne vers sa mallette que j'ouvre pour en sortir plusieurs feuilles de papier. On dirait des plans, des listes. Certaines comportent des marques, des annotations... C'est évident qu'elle doit les montrer à quelqu'un à son boulot ensuite car sinon elle aurait marqué autre chose à côté de certains noms.

Lorsqu'elle décide de sortir de la salle de bain et repasser par le salon, je me trouve déjà à l'entrée avec la porte grande ouverte. Dans la main gauche ma pizza et dans la droite quelques feuilles à elle que j'ai gardé après avoir rangé les autres dans sa mallette.

- On va faire un tour à la laverie automatique et ensuite on s'occupe de tes machins. Je t'attends en bas. T'as juste à claquer la porte en sortant. Y a rien à voler toute façon.

Vu que la laverie automatique se trouve au coin de la rue je décide de prendre les devants et de m'y rendre directement. Elle aura tout le temps de me rattraper de toute manière.
Sans perdre une seconde je vide la machine et fourre mes fringues dans un sèche linge vide que j'allume en glissant une pièce dedans.

De retour dehors, la voilà qui fini par arriver.

- Tu sais que le temps c'est de l'argent ? Bon... On va commencer par ce bâtiment là car tu l'as pas fait. Ca se comprend vu la gueule du truc. Même les camés y foutent pas les pieds. Te reste combien de temps pour finir ? Car en deux heures c'est plié, mais faudra commencer à bouger ton cul pour ça.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 20:40:16
Une fois dans la salle de bain, Kara fit couler l’eau, et se regarda dans le miroir. Elle n’avait pas l’air super fraiche, elle avait des cernes, sa frange était mal entretenue. Rectifiant comme elle pouvait ses cheveux, elle se lava les mains avec attention, en soupirant.

Quel enfer, cette journée était ubuesque. Elle mit ses mains en coupelle pour récupérer un peu d’eau et se frotta le visage avec le liquide froid. Ca n’arrangeait pas vraiment sa mine, mais c’était toujours ça de pris. Elle avait assez mal prit son haussement de voix sur la « théorie »… Mais ce n’était pas contre lui spécifiquement. Kara ne prenait pas le temps de rencontrer des gens, autre que sur internet, s’entend. Satisfaire des besoins sexuels, oui, évidemment, mais la fièvre des rapprochements et les étreintes endiablées pour se défouler, c’était rare.

En sortant de la pièce d’eau, sa première envie fut de rentrer chez elle, d’enfiler un legging, et se comater devant une série à la con en mangeant de la glace. Elle sursauta en trouvant le psychopathe debout près de la porte.

« Oui oui, je m’en v… » Visiblement, il avait d’autres plans. « Attends comment ça ‘on’ ?? »

Mais Souta n’était pas le genre de mec qui se laissait importuner, il n’avait pas écouté ce qu’elle disait et était déjà parti, la laissant comme une idiote au milieu de son appartement. En effet, il n’y avait sans doute rien à voler, et puis, merde, elle n’était pas comme ça ! Kara eut une petite moue qui fit vibrer sa mâchoire, se demandant dans quel merdier elle allait se fourrer.

En descendant, elle pesait le pour et le contre, soulevant sa mallette. Il serait délicat de le rembarrer, surtout si son passe-temps était de combattre dans des arènes clandestines. Et est-ce que cela se faisait de refuser de l’aide ? C’était quand même inespéré, même si venant d’un junkie super violent, sans doute un criminel vu la dégaine, cela pouvait s’avérer une très mauvaise décision. Ne connaissant pas le quartier, elle mit du temps à trouver la fameuse laverie, et puis, elle était perturbée et perdue dans ses pensées, en marchant.

Elle tomba nez à nez avec le mec aux cheveux délavés et resta immobile alors qu’il allait repartir pour se diriger vers l’immeuble décrie comme étant un taudis, à juste titre.

« Stop, attends. » Il fallait qu’elle mette les choses au clair, cette situation était trop précaire dans son petit cerveau malmené. « Tu… tu vas m’aider à vendre les crèmes, c’est ça ? »

Elle plissa les yeux, suspicieuse.

« C’est un jeu pervers, c'est ça ? J’te préviens je peux pas faire 50 50. » Cela semblait un peu agressif. « Mais … je peux sans doute te payer un verre. Ou une poubelle. » Kara esquissa un sourire, comme si elle était finalement assez contente de sa dernière pique. Il l’avait bien cherché, et depuis leur rencontre, elle en prenait plein la figure. Tout ce qu’il disait était une potentielle insulte…

Elle jeta un œil à la liste et le plan, et haussa les épaules. « Je dois faire signer 10 bons de commande aujourd’hui pour m’assurer un salaire permettant de payer mon loyer. Et… ben, il m’en reste 9 quoi. »

Tirant sa valise derrière ses talons, la jeune femme se mit en mouvement, une démarche rendue moins élégante que le matin par les douleurs aux pieds. Ils arrivèrent face à la porte tagguée de l’immeuble, et elle se demanda s’il n’était pas temps de faire demi-tour.

« T’es… t’es sûr qu’ils vont signer ici ? » Ca ressemblait à un squat, la porte était branlante, mais par on ne sait quel miracle, l’ascenseur paraissait bien vouloir fonctionner. Lorsque les portes coulissèrent, Kara s’y engouffra, interrogeant du regard son… nouveau collègue.

« Pourquoi tu fais ça ? » Elle pencha la tête. « M’aider, je veux dire. »
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le vendredi 18 décembre 2020, 21:40:06
La conversation devient soudain plus amusante à l'écouter causer. Peut-être qu'il fallait un bon coup de pied au cul pour la réveiller. Une action vaut mille mots après tout. Non, on dit une image. Mais va pour une action, parce que ça marche dans ce cas.

Je me retiens de lui lâcher un bon gros "Nop !" quand elle me demande si je vais l'aider à vendre ses bêtises. Le but est de lui montrer une autre façon de faire, pas de faire à sa place.
Un fou rire me prend quand elle lâche la phrase suivante avec la pique pour la boucler.

- Ah ah, t'es une marrante en fait. Au fond t'es pas si coincée que ça. Par contre je t'arrête de suite, je vois rien de pervers dans le fait de se balader dans ce genre de dépotoir. Sauf si c'est ton délire. Et dans ce cas là... Bah je t'arrête aussi tout de suite parce que c'est pas le mien.

Comme je l'avais dit un peu plus tôt, vivre une expérience où sa propre vie est en danger peut changer de manière considérable sa façon de voir les choses. Mon cas est un peu différent par contre. Il m'arrive d'avoir des trous noirs dont je ne conserve aucun souvenir à mon réveil quand je me retrouve dans des situations où je suis certain de crever. Par contre je me sens comme libéré d'un gros poids et léger comme je le suis rarement le reste du temps.
Là encore, c'est qu'un détail pas très important que je vais éviter de lui annoncer sinon c'est l'AVC garanti.

9 ? J'avoue que ça doit pas être simple de faire signer 9 personnes par bâtiment quand on a une technique aussi bancale et peu rodée que la sienne dans ce genre de quartier. Ici on ne parle pas la même langue que les gens des quartiers chics.

Une fois devant la porte de ce qui était un jour, très lointain, un hall d'entrée, je perds pas de temps et entre le premier pour voir si y a quelqu'un. En règle général tu as toujours un mec ou un petit groupe à l'entrée, de préférence à l'extérieur, au cas où. Sauf que ce bâtiment est littéralement abandonné... par les dealeurs et autres trafiquants.
Autre détail, tellement négligeable, que j'ai gardé pour moi est que l'immeuble menace de s'écrouler d'un jour à l'autre. Ou alors c'est du baratin de promoteur pour faire fuir les gens qui y vivent. Huit mois que les gens entendent ça et c'est à peine si le sol de deux appartement se sont effondrés.

Tout en pénétrant dans les lieux je me retourne derrière moi en lui répondant.

- Les gens qui vivent ici sont pas des lumières mais ils savent encore lire, écrire et signer. Enfin, pour une bonne partie. Je crois... On verra bien.

Notre dynamique duo se lance alors dans l’ascenseur quand une seconde question arrive subitement. Un "hmm ?" reste coincé entre mes lèvres un premier temps pendant que je l'écoute terminer en remarquant qu'elle a appuyer sur le bouton du dernier étage. Je me précipite alors pour appuyer sur le bouton de l'étage en-dessous.

- On va éviter le dernier étage. L'air y est un pu trop frais.

Vu que le bâtiment est déclaré comme à risque certains mafieux y balancent des corps depuis le toit pour finir dans une fosse à l'arrière. Une façon comme une autre de se débarrasser de cadavres qu'il ne faudrait pas retrouver trop vite.

- Pourquoi je fais ça, hein ?

La main droite sur le menton je tourne le visage à droite et à gauche en essayant d'y réfléchir quelques secondes. Mais rien ne me vient à l'esprit.

- Pour passer le temps ? Gagner une poubelle ? Ca me fera ça de moins à me trimballer demain. Puis ça doit pas être bien compliqué de faire signer 9 personnes par bâtiment.

Notre carrosse arrive alors à destination et je lâche dans la foulée : - Ah, on est arrivé.

Au dernier étage non officiel se trouvent deux appartement occupés par une famille nombreuse dans le premier et une grand-mère qui entend un mot sur trois quand on lui cause. Je le sais car je connais tout le monde ici. Ce quartier est si petit que tout le monde se connait et s'est déjà rencontré dans le coin d'une façon ou d'une autre.

En arrivant devant le premier appartement je me décale un peu pour voir comment elle va se débrouiller et la laisse sonner. A cette heure les deux parents bossent et l'aîné de la famille s'occupe de ses frères et soeurs. Ce qu'elle ignore c'est qu'il a tout juste 14ans. Donc son speech appris par coeur ne lui servira pas une seule seconde.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le vendredi 18 décembre 2020, 23:32:09
Quand la porte s’ouvrit, Kara perdit une seconde son sourire ultra bright. Un gamin. Un adolescent, en réalité, mais l’impression était la même. Pourtant, l’instant d’après, elle avait déjà repris un visage amène, cillait avec une joie évidente d’être vivante, et de vendre ces merveilleux produits de beauté masculins.

« Salut jeune homme, excuse-moi de te déranger, tes parents ne sont pas là, hein ? » Elle tenta d’observer derrière lui, mais il tenait fermement la porte, et n’avait vraiment pas l’air commode. Ignorant tout de ce bâtiment, Kara était loin de se douter que cette famille ne vivait pas tranquille… Mais peu importait, elle était formée pour ces situations, et en général, les ado étaient assez portés sur leur apparence. Un bon point, non ?

« Bon, pas grave. Je m’appelle Kara, j’aimerais te présenter une lotion révolutionnaire, qui permet de diminuer la pollution, les imperfections et de réguler les déséquilibres de la peau, et principalement celle des hommes. »

Elle sentait que le gamin regardait autour d’elle, à droite et à gauche, comme s’il s’attendait à ce que ce soit un traquenard, une ruse de sa part, et qu’elle soit accompagnée. Il bloqua sur la stature de son plus ou moins collègue, puis revint porter son attention sur elle.

Enfin, sur son décolleté. Kara fronça les sourcils, mais passa. Si ça pouvait aider à vendre, elle n’avait de toute façon pas cet uniforme classique et terne pour courir un marathon. C’était sérieux, pour rassurer les ménagères, mais assez évocateur pour amadouer les maris. Alors, ça devrait marcher sur les boutonneux, non ?

« Je peux t’offrir cet échantillon ? Tu pourras voir par toi-même son efficacité. Que des produits naturels, et ça sent la menthe poivrée, hein, pas une fleur. »

Crut-elle bon de rajouter, pour le rassurer, qu’il ne pense pas qu’il irait sentir la cocotte. Du coin de l’œil, Kara lança un regard au Psychopathe, afin d’avoir son sentiment sur la situation. Pour le moment, il ne l’aidait en effet pas beaucoup… Mais, visiblement, il n’était pas disposé à l’aider. Juste à passer le temps. Et peut-être que la voir galérer était une distraction sympa ?
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le samedi 19 décembre 2020, 06:29:57
Après m'être décalé pour la laisser faire et l'observer, je me suis assis sur la rambarde des escaliers sans dire un mot pour l'observer à l'oeuvre. Et faut dire que c'est pas gagner. Il y a clairement de l'idée et elle semble y mettre de la bonne volonté.

Passé quelques minutes je décide d'intervenir car autrement on n'avancera pas et le truc risque de prendre des heures. Heures que j'ai devant moi mais que j'aimerais passer autrement si possible.

- Bon, okay, on va arrêter le massacre.

Les mains posées sur la rambarde, je prends appui pour permettre à me pieds de retrouver le sol. Je l'approche ensuite de Kara pour me mettre dans son dos et me retrouver face à son client que je salue en levant la main droite.

- Salut Lucius ! Faudra que tu remercies ta mère pour la bouffe, c'était juste parfait.
- Ca marche. Mais c'est qui elle, ta meuf ? Vous avez des délires chelous.
- Ah ah ! Non, je l'aide pour un projet.

L'ado se remet à reluquer étrangement Kara pour la seconde fois, comme s'il se demandait ce qu'elle pouvait faire ici. Faut dire qu'elle faut limite tâche dans cet environnement ou avec moi car elle semble issu d'un tout autre monde. Je pose alors ma main sur son épaule pour lui faire comprendre de reculer d'un pas ou deux.

- Déjà, première chose, faut que t'arrête avec le charabia. Le gosse il comprend à tes histoires de pollution, ou d'imperfections.

Je me retourne alors vers Lucius en m'excusant de l'avoir traiter de gosse. On se connait bien maintenant avec sa famille car je les ai aidé un soir quand sa petite soeur a failli se faire embarquer dans une salle histoire. C'était un sacré hasard car un des kidnappeurs m'est rentré dedans par hasard et en lui cassant la gueule... Bref, c'pas important.

- T'as vu comment il a maté tes nichons ? Faut jouer là-dessus. Pas en les montrant, hein ! C'est un gamin ! Mais files-lui des tuyaux pour draguer les filles par exemple. Faut pas toujours parler de ce que tu veux refourguer pour réussir à te débarrasser de ta marchandise.

Je marque une pause de quelques secondes pour la faire se déplacer et revenir devant Lucius tout en lui tapant légèrement dans l'épaule pour l'encourager sans lui déboiter quelque chose au passage.

- Si tu lui donnes un coup de main pour un truc, lui te seras redevable et acceptera de prendre ta pommade pour les boutons. C'est donnant-donnant ici. Personne n'accepte ce qui est gratuit, jamais ! Parce que rien n'a jamais été gratos ici.

Je la laisse alors tenter le coup pour voir si elle est capable de tenter quelque chose de différent et plus "normal" que sa méthode habituelle qui lui a pas réussi jusqu'ici visiblement.
Et ça a l'air de passer car Julius finira par prendre sa camelote pour retourner ensuite s'occuper de ses petits frères et soeurs en nous saluant. Sans négliger de loucher sur le décolleté de Kara une dernière fois.

- Bah voilà ! Tu vois quand tu veux !

Je me retourne vers l'appartement suivant en restant sur place. La petite vieille risque d'être un adversaire trop compliqué pour elle. Mais la voir patauger risque d'être assez amusant. Ca pourrait même la pousser à se lâcher encore plus. De toute façon faudra bien qu'elle tente sa chance.

- Allez, on continue. Par contre je te préviens, tu vas en chier à l'appart suivant. Mais désormais je te laisse faire pour voir si t'as compris et on fera les comptes une fois de retour au rez-de-chaussée.
Si jamais il te reste des trucs à refiler quand on sera revenu en bas, on ira ailleurs.


Pas dans un autre bâtiment mais chez un pharmacien qui pourrait aussi bien récupérer toute sa marchandise d'un coup et commander plusieurs trucs car il a un don étrange pour redistribuer tout et n'importe quoi. A tel point qu'on le surnomme le magicien.
Mais avant d'en arriver là on va d'abord s’assurer qu'elle arrive à en refiler à plusieurs personnes d'elle-même pour lui refiler un peu confiance.
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Kara Desco le samedi 19 décembre 2020, 09:31:21
Le Psychopathe avait visiblement une technique bien plus efficace, et Kara ne put s’empêcher une grimace, en levant les yeux au ciel. Elle était persuadée désormais que s’il l’accompagnait, c’était pour s’amuser à la voir galérer, pour ensuite arriver royalement pour se mettre en avant. Beaucoup de gens étaient comme ça, plusieurs de ses collègues, d’ailleurs. Les premières années en tant que vendeuse de produits High Tech, elle avait eu un binôme parfaitement insupportable qui la drivait n’importe comment vers des clients difficiles, la laissait s’enfoncer lamentablement sans la briefer, puis débarquait comme un sauveur, rayonnait auprès des prospects, et… réalisait les ventes.

C’était monnaie courante dans le milieu. Et elle ne supportait pas ça.
Même si, présentement, Souta n’aurait aucun intérêt pécunier à récupérer les clients derrière elle, certaines personnes se contentent de l’ascendant psychologique qu’ils exercent sur les autres, une sorte de perversion, qui se complait dans la supériorité supposée ?

Elle le laissa lui ‘enseigner’ ses tips, même si en réalité, ce serait tout de même utile pour elle, c’est vrai… Elle avait de plus en plus de secteurs à la con, c’était un placard, le début de la fin… Y penser la fit déprimer, mais heureusement, elle avait autre chose à faire que se morfondre. Il fallait convaincre ce fameux Lucius.

Quand finalement elle est lâchée dans la cage aux lions, essayant de repenser aux conseils savamment distillés, Kara sourit à l’adolescent et tente de s’en sortir. Et lorsque Lucius referme la porte, accompagné d’une petite remarque de son Mentor des Bas Quartiers, elle soupire en bougonnant.

« Ah ouais, super, c’est pas toi qui a lâché ton numéro. Et puis il n’est pas majeur, donc j’peux pas le faire signer… » Petite moue. « M’enfin, il a pris l’échantillon… » C’était toujours ça, non ?

Elle espérait que l’Ado ne serait pas assez téméraire pour l’appeler ou lui proposer de sortir, comme il l’avait suggéré. Mais déjà, la porte suivante avait l’air pire encore, à ce qu’en disait son guide. L’enfer… Elle gonfla les joues et prit une profonde inspiration.

La vieille était pas très causante, super méfiante. Elle a clairement un couteau dans la main, à moitié derrière son dos, comme si elle s’attendait à ce que Kara soit de la Police. En plus de cela, elle est assez sourde… et elle parle en l’insultant. Toutes les phrases. Toutes. Kara encaisse au début, lui sourit, tente d’argumenter mais clairement, elle n’a pas d’homme dans sa vie, cette dame. Alors, après avoir eu pour conseil d’aller vendre son cul ailleurs, la jeune femme souffle lentement, sentant qu’elle va commencer à perdre patience.

« Lucius, à côté, est super dégoûté de pas avoir pu me signer le bon de commande, vu son âge, parce que clairement, il en voulait quinze de ces crèmes. Pour plaire aux nanas, vous voyez ce que je veux dire ? »

Ses paroles font mouche. Visiblement, la petite vieille apprécie le gamin, étrangement. Un vieux reste d’instinct maternel refoulé ?

Lorsque la porte se referme, Kara se déhanche en se pavanant jusqu’à revenir vers Souta, lui colle sous le nez un bon de commande pour quinze saloperies de flacons Vitis Strong. Elle jubile d’une voix moqueuse.

« BOUM, t’en dis quoi ? Alors, ‘nianiania tu vas en chier’, t’es sur le cul hein ? »
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le samedi 19 décembre 2020, 11:15:24
La grand-mère en question est une ancienne infirmière qui a servi dans l'armée de terre. Alors des gens pas nets, violents et arrogants elle en a croisés par centaines. En règle générale il faut pas avoir peur de la bousculer et de lui rentrer verbalement dans le lard pour obtenir son respect.
C'est en tout cas de cette façon que les choses ont toujours fonctionné avec elle jusque là.

Alors quand Kara parvient à lui faire signer son papier autrement je ne peux pas m'empêcher d'être surpris en regardant la chose avec des yeux grands ouverts, sans bouger.
J'attrape la feuille en souriant sincèrement tout en rigolant dans la foulée.

- Et ça a été le cas, t'as galéré pas mal au début et j'ai même cru que t'allais abandonner. Pourtant t'as réussi. Et sans l'aide de personne.

La feuille en question est super importante vu qu'elle doit sûrement la refiler à son patron pour confirmer la vente et la livraison. Du coup je la lui rends directement pour qu'elle la range.

- Pour être franc j'aurais pas fait fait du tout pareil. Alors que vu le résultat, ta méthode avec elle était meilleure que la mienne.
Quand t'arrêtes de penser comme un robot d'entreprise et que tu montres ta vraie personnalité les gens t'écoutent plus.


D'un coup je commence à me gratter le menton de la main droite en réfléchissant quelques secondes. Comme pour vérifier si ce que je dis est vrai ou pas.

- Enfin, presque tous. Les gens d'ici sont cools. Ce sera pas le cas partout.

Enjoué à la vue de sa réussite j'ouvre le pas pour aller en direction de l'étage suivant. Tout fier de moi et impatient de voir si elle va s'en sortir pour les autres résidents.

- Bon, plus que 8 personnes, c'est ça ?

Elle m'interrompt alors en m'expliquant que suis complètement à côté de la plaque. De manière assez imagée et énergique.

- Okay, okay ! C'toi qui vois !

Une fois sorti du bâtiment nos routes se séparent après quelques échanges rapides sur la journée dans son ensemble. Faut dire qu'elle est plutôt marrante pour une nana qui fait se boulot. Elle a encore pas mal de boulot qui l'attend pour réussir par contre.

Et la voilà qui s'éloigne avec sa mallette pendant que je pars de mon côté vers la laverie pour récupérer mon linge. A ma grande surprise les trois guignols sont de retour et en remettent une couche sur Kara car ils l'ont vu entrer dans le bâtiment en question. L'un d'eux se demande si elle devait être désespéré pour aller chercher des clients à se taper dans un immeuble destiné à s'effondrer.

De retour à la maison je file me pieuter avec l'étrange sensation d'avoir oublier quelque chose. Un truc important... Qui me reste au bout de la langue. Bah, ça me reviendra quand j'arrêterais d'y penser.

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3h47

Je me réveille en pleine nuit et me redresse pour crier.

- Aaaaaaah ! La poubelle !

Je me suis fait avoir...
Titre: Re : Porte à porte [Souta et/ou Janus]
Posté par: Souta et Janus le samedi 19 décembre 2020, 12:16:51
Fin de la première partie. Suite disponible ici (https://hentai.forum-rpg.net/index.php?topic=22974.0).