Le Grand Jeu

Plan de Terra => Ville-Etat de Nexus => Discussion démarrée par: Damascus le dimanche 29 novembre 2020, 16:13:55

Titre: Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le dimanche 29 novembre 2020, 16:13:55
La route royale n'avait de royaux que les quelques derniers kilomètres menant à la cité. Le pavement bien ordonné permettait une avancée rapide des attelages et des drains assuraient une bonne évacuation de l'eau en cas de pluies. La largeur de l'ouvrage autorisait le croisement des flux sans provoquer de ralentissements et à certains endroits, une bande encore mieux couverte était réservée aux courriers rapides. Des échoppes, boutiques et auberges habilement placées, ponctuaient le rythme de progression des voyageurs venus dépenser leur argent et plus encore. Des agents de la cité libre devançaient les offices de la ville pour préparer les marchands à s'acquitter des taxes et impôts obligatoires à toute transaction tandis que des gens d'armes, étincelants dans leur armure d'acier veillaient à la sécurité de tout un chacun.

Plus loin en revanche, et bien que les murailles de Nexus soient toujours en vue, la voie se dégradait lentement. Les pavés taillés avaient depuis longtemps disparu pour laisser place à une terre sèche et poussiéreuse en été et à une rivière de boue les jours pluvieux. Les bâtisses aux enseignes vernies laissaient place à des étals plus sommaire faits de bric et de broc ou des êtres peu scrupuleux cherchaient à refourguer l'objet de leurs larcins. Les agents de l'Etat encore visibles tenaient plus du malandrin corrompu que du représentant de l'institution et aucun homme d'arme ne surveillait la foule. La guerre contre la dictature d'Ashnard coûtait cher et l'entretien de la voirie et de ses abords n'était pas la priorité des dirigeants de Nexus en ce moment.

Néanmoins, ces premiers paysages passaient rapidement. La route était droite et le flux de voyageurs important dans les deux sens. Du fait de cette proximité permanente entre itinérants, la sécurité était plus ou moins assurée par l'effet de masse. Bien sûr, personne n'était à l'abri d'un vol ou d'un petit assassinat mais ça n'allait pas plus loin. La plaine était morne, dédiée à la culture des céréales et à l'élevage des animaux à viande. La production actuelle était principalement achetée par l'Etat pour ses armées en campagne. La population civile, elle, subsistait à partir de produits principalement importés donc, très onéreux. Les temps étaient durs.

Damascus et Alecto s'étaient immiscés dans le courant quittant Nexus et avançaient d'un pas régulier dans la poussière que soulevait les sabots de leurs montures. Comme le démon l'avait expliqué à sa protégée, ils s'étaient engagés sur la partie de la route qui ne changerait pas jusqu'à ce qu'ils la quitte. Le premier soir, ils avaient loué une petite chambre dans une auberge appelée "La Royale". Le repas dans la salle bondée avait été correct et ils avaient même eu droit à un spectacle de saltimbanques. Les clients avaient été invité par la troupe à se lever, danser en couple en tourbillonnant et changeant de partenaires avant de terminer par un numéro burlesque qui avait provoqué un fou rire général. Damascus rit, pourquoi ne pas en profiter un peu ? Et eut même à retrouver Alecto qu'il avait perdu dans la foule agitée. Complimentée par un groupe de marchands joyeux, elle dépareillait dans cet univers populaire.

Le lendemain les vit chevaucher sans pause jusqu'à la tombée de la nuit. Le démon souhaitait au plus vite passer les affres de cette route surchargée. Couverts de poussière, ils purent bénéficier, contre monnaie,  chacun à leur tour, d'un demi tonneau d'eau pour se laver. Pour cette somme dérisoire, la vieille femme qui leur frotta le dos leur assura que seuls une dizaine de voyageurs s'y étaient trempés avant eux. Voyager de nuit étant déconseillé, ils choisirent de s'installer à proximité d'une caravane d'orientaux et préparèrent leur campement, s'apprêtant à dormir dehors.
La lune pointa brillante à l'horizon quand un domestique enturbané vint à eux.


"Mon maître Saïf Ibn Tazief n'a pu de sa place que remarquer la présence d'aussi nobles voyageurs. Il vous invite à le rejoindre, si vous le voulez bien, à partager son repas et une soirée de contes et légendes tous plus extraordinaires les uns que les autres."

S'inclinant le plus bas possible, il indiqua aux deux voyageurs la direction où près d'un brasier, un homme en robes chatoyantes ouvrit les bras en signe d'invitation, inclinant la tête.

"Alecto, il semble qu'une belle nuit nous attende. Faisons honneur à cet homme. De plus, nous pourrons sûrement obtenir des informations quand à l'itinéraire à emprunter."

L'homme se leva à leur approche. Il avait un port altier, fin, grand, avec un visage d'aigle. Une fine moustache ciselée barrait sa lèvre supérieure. Ses robes étaient luxueuses et des chefs d'œuvre de joaillerie couvraient ses mains. Sa voix claire était ferme et il se dégageait de l'individu une culture assurée. Autour de lui, un contingent de valets et des gardes armés s'affairaient à préparer la nuit à venir. Un mouton rôtissait, excitant les papilles des lieux à la ronde. Une jeune femme souriante leur proposa de l'eau fraîche pour se rincer les mains et leur servit dans des timbales dorées un liquide rouge et délicieusement revigorant.

"Mes amis bien le bonsoir! Ne prenez pas cette invitation pour une démonstration maladroite d'un riche marchand cupide en chasse d'une bonne affaire, mais comme la sollicitation d'un homme curieux de la nature du monde et qui souhaite partager cette soirée avec des gens de bonne tenue et qui pourraient égayer une nuit solitaire."

L'homme respirait l'honnêteté mais aussi l'assurance d'une forme de puissance dut à un savoir  ancien. Cela se lisait dans ses yeux.  Damascus répondit :

"Et bien Mawlana, nous acceptons avec plaisir votre invitation. Je me nomme Damascus, héraut d'une terre lointaine, et voici Alecto des Cimes Noires, ma muse et inspiratrice de bien des passions."

Damascus s'inclina en retour, laissant à la jeune fille le soin de saluer à sa manière.

"Oh oh ! Vous connaissez nos titres ? J'en suis flatté! Mais appelez moi Saïf, comme si nous nous connaissions depuis longtemps, installons nous ! Et je vous conterai les histoires de mon pays et j'écouterai avec avidité les mythes de vos terres lointaines et découvrirait avec joie ce que sont les Cimes Noires."

Il frappa ses mains l'une contre l'autre et aussitôt, une farandole de serviteurs joyeux s'organisa pour et les installer dans de confortables coussins, et les servir en mets et breuvages et  s'assurer que tout leur convienne.

"Ecouter l'histoire de Hatiff le chamelier qui par une nuit d'été, fit un vœu des plus étranges .........."

Damascus, du coin de l'oeil, observa Alecto et ses réactions à ce spectacle nouveau. Il sourit. Le résultat en valait la peine.
Satisfait, il repensa à sa petite présentation. Qu'il improvise ne serait que bénéfique. Il laisserait Alecto se débrouiller avec ses "Cimes Noires". Il était temps qu'elle s'en sorte seule, apprenne à mentir et sourire en même temps. Elle aurait la nuit pour s'entraîner.




Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 29 novembre 2020, 18:25:31
Les débuts de leur épopée étaient vécus chez la jeune Esclave comme un calvaire… Elle n’était que souffrance, le bas de son corps meurtrit par les mouvements de sa monture, le haut fourbit de courbatures à devoir se tenir droite, en tentant de suivre l’ondulation qui résonnait mal dans ses épaules le long de sa colonne vertébrale. Cependant, à aucun moment elle ne s’en plaint, notamment car elle estimait qu’elle n’avait pas à déranger son Maître pour des broutilles.

Il prenait soin d’elle, et la nuit à la Royale avait été ce qui s’approchait de sa première nuit d’ivresse… Se permettant boisson et danse, elle avait découvert le plaisir immense de se laisser aller à suivre la musique et les rires, sans arrière-pensées moralisatrices et sans le besoin viscéral de se punir de ressentir la joie extrême et idiote de la foule, des chants, de la liesse générale.

Comme une enfant, elle avait sautillé et virevolté sans réfléchir, et comme une adulte, elle s’était surprise à apprécier un ou deux regards plus insistants lorsqu’elle se déhanchait. Le petit Corbeau en avait développé une excitation inexpliquée, qu’elle avait assouvi en sautant au cou du Démon, assoiffée de ses baisers.

Mais les kilomètres parcourus le lendemain lui remémorèrent amèrement combien elle était novice pour l’équitation, malgré la docile carne qui la conduisait plus qu’elle ne la dirigeait elle. Alecto rêva d’un lit douillet, mais savait qu’il fallait s’attendre à un chiche campement, qui ne serait pas le dernier de leur voyage… Alors, de manière inespérée, l’invitation de ce riche oriental fut accueillie dans son esprit comme un miracle délicieux.

« Je vous ferai honneur. » Répondit-elle simplement à son Maître.

Et elle ne fut pas déçue en apercevant leur hôte. Il dénotait dans cette route pleine de faquins malpropres, et elle se demandait combien de caravanes étaient nécessaires pour transporter un tel palais mouvant. Les nombreuses parures de ce Sultan émerveillèrent la petite Esclave, qui en ressentit immédiatement une envie étrange, de celle qu’elle ressentait chez ce gros porc Gras, lorsqu’elle désirait voler ses biens. Elle déglutit, et s’inclina en une révérence mille fois exercée face aux Maîtres, à merveille. Il avait fallu suffisamment de coups pour qu’elle parvienne à un résultat satisfaisant, et désormais, elle maîtrisait l’étiquette. Du moins, celle de Nexus…

Elle rougit, encore penchée, lorsqu’elle entendit les doux mots du Démon la qualifiant. Comment expliquer que chaque compliment la recouvrait d’un satin doux et délicat, forgeant davantage sa vanité jadis inexistante. Qu’il mente ou enjolive la réalité ne lui venait même pas à l’esprit, cependant. Elle voulait suffisamment y croire pour tout prendre pour argent comptant.

« Votre hospitalité et votre présence nous honorent, Seig… Saïf. » C’était… difficile. Elle n’avait guère l’habitude d’être si familière, mais c’était une demande, et pour l’Esclave, seul ceci comptait. Elle obéirait.

Installée dans des coussins moelleux et épais, Alecto prit le temps d’observer le bal des serviteurs qui les comblaient de mets exotiques. Si elle avait déjà observé ces petites pâtisseries chez Tadéus, la majorité de ce qui leur était servi était une découverte pour elle, tant en forme qu’en goût. Peu aventureuse jadis, elle s’essaya à ce qui lui paraissait le plus étrange, soucieuse également de ne pas offenser leur hôte si généreux.

Les histoires de ce Marchand étaient merveilleuses. Alecto avait toujours aimé les contes, et elle avait les yeux brillants d’intérêt, la voix de l’homme l’envoutant. Elle lui trouvait un charme qu’on ne perçoit pas à Nexus, et un charisme indéniable, d’autant lorsqu’il narrait avec détail les aventures sorties d’un songe oriental.

Captivée, elle se rendit compte que son histoire avait prit fin quelques instants après, perdue dans ses pensées. Mais se rendit compte que les regards étaient tournés vers elle… Sursautant, elle tourna immédiatement ses grands yeux bleus vers son Maître, comme pour savoir ce qu’elle était censée faire. Mais le visage du Démon ne lui fut d’aucune aide, et pire, un mouvement de menton lui indiqua qu’elle avait à prendre la parole.

Jamais à l’aise lorsqu’il s’agissait d’être au centre de l’attention, le petit Corbeau déglutit, en portant à ses lèvres la coupe dorée pour en boire un contenu au goût de miel, dans l’espoir que cela lui donne du courage.
Saïf avait évoqué les Cimes Noires, par faute des mensonges de Damascus… Elle ignorait si ce lieu existait vraiment, et cela la plongeait dans un silence perturbé. Elle n’avait rien lu à ce sujet, n’avait pas de référence, ni d’ordre à exécuter. Mais elle sentait le regard du Démon sur elle, il attendait qu’elle lui fasse honneur, et il voulait que la soirée soit productive. La crainte de décevoir son Maître lui noua l’estomac.

« Oh. » Fit-elle finalement, reposant lentement sa timbale, comme pour gagner du temps.

Elle n’avait jamais su mentir.
Même cacher la vérité était pénible, même pour faire le ‘bien’. Mais dire la vérité serait trahir Damasnus, et le faire passer, lui, pour menteur. Elle ne pourrait jamais s’y résoudre. Il devait être fier d’elle. Ce soir, comme à chaque minute de son existence. Alecto se leva, prenant son courage à deux mains, et lissant son chemisier.

« Les Cimes Noires sont… » Elle manquait d’imagination. Saïf semblait suspendu à ses lèvres, augmentant son appréhension. « … Une contrée montagneuse. Et Sombre. »

Le Marchand cilla, suffisamment intelligent pour déceler le trouble de la jeune femme, et Alecto le perçu. Elle paniqua.

« Je. Veuillez m’excuser. Je ne peux pas ! » Lança-t-elle alors d’une voix plus aigüe, avant de sortir en courant, escaladant les coussins en travers de sa fuite, et bousculant une servante qui renversa le contenu de son plateau près de son Maître, l’éclaboussant.

Alecto courut en grimaçant, cet effort réveillant les douleurs de la monte, et se réfugia près de son cheval, se cachant derrière un tonneau d’eau de pluie où s’abreuvaient les deux animaux.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le mardi 01 décembre 2020, 11:39:19
La gifle claqua, sèche, et résonna dans la nuit silencieuse. La seconde fut aussi brutale que la première. Et celle qui suivit encore assomma presque Alecto.

Les chevaux, nerveux, s'ébrouèrent dans l'obscurité tandis que le démon relevaient la jeune femme par les cheveux.


"Tu m'as fait honte ce soir. Tu as déshonoré ta condition et bafoué l'invitation de notre hôte. On insulte pas un oriental sans en payer le prix et je ne te défendrai pas. Saïf réclame un morceau de toi comme dédommagement!"

La fureur de Damascus était palpable. Ses yeux brûlaient, ardents, et des volutes fumeuses s'échappaient de la commissure de ses lèvres figées sur un sourire mauvais. Il avait un mal fou à se contrôler et son essence de démon cherchait à s'échapper de ce corps humain. L'envie de dépecer cette petite sotte était irrépressible. Sa prestation embarrassante avait jeté un froid dans la relation des deux hommes que le démon, avec mille précautions, avait soigneusement rétablie en usant de tout son charisme et maints mensonges, eux, bien fondés. Les orientaux étant susceptibles, une punition serait nécessaire.

Un oiseau nocturne croassa non loin. La nuit était calme autour du campement de la caravane. Une douce bise balayait les vastes étendues de la plaine endormie.

Quand le démon tira sa dague de sa ceinture, il ne savait toujours pas si Alecto survivrait à sa colère. Il fit courir la pointe de l'arme le long du cou gracile.


"Je vais lui offrir une de tes oreilles!"

Il la força à s'agenouiller devant lui et d'un mouvement sec, exposa le côté droit du crâne de la fille. il fourailla dans la masse sombre de ses cheveux et d'une torsion, étira une longue natte qu'il trancha proprement. Grognant sourdement, il résista à l'appel de la mutiler mais entreprit de lui raser le crâne de ce côté là. De la tempe, en passant au dessus de l'oreille et s'arrêtant à l'éminence pariétale. Certaines nations sauvages de marins du nord arborait ce style de coupe.

"C'est la dernière fois que tu échoues Alecto! A la prochaine erreur, tu iras nourrir les chiens de mon Père pour l'éternité. Maintenant, si tu ne veux pas faire l'effort que je te demande, essaye au moins de montrer que tu aimes te faire baiser. Déshabille-toi !


Une fois fait, il la traîna jusqu'aux pieds de Saïf qui attendait impassible. Le démon lui tendit la natte de cheveux tranchée et l'homme, sans même un regard pour la souillon, jeta l'objet d'excuse dans le feu qui crépita. Puis d'un geste de la main, il désigna un demi-fût. Le démon y projeta Alecto.


"Offre ton cul et montre nous ce que tu sais vraiment faire !"

Sortant de la nuit et s'exposant aux lueurs des flammes, une file de serviteurs mâles nus vint silencieusement se mettre en place derrière la jeune femme. C'étaient les mêmes qui riaient quelques moments plus tôt. Là, ils ne souriaient plus, une punition allait avoir lieu. Alecto, avachit contre les planches de bois arquées, se tenait à quatre pattes. A l'approbation de Saïf, le premier serviteur se pencha sur elle et la sodomisa d'une longue poussée brutale. Il vint rapidement et se répandit en elle. Le suivant fut moins rapide, celui d'après plus violent, un autre lui cracha sur le dos tandis que tous, les uns après les autres ruinaient son fondement. Ils étaient nombreux.

Damascus, lui, conversait à nouveau aimablement avec le riche oriental. Il ne se retourna qu'une fois pour lancer.


"Je ne t'entend pas apprécier ta récompense Alecto! Serais-tu déçue de l'amabilité et du raffinement de notre ami ?"
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 01 décembre 2020, 20:38:41
La joue d’Alecto la brûlait, et dès qu’elle eut constaté dans quel courroux son Maître était plongé, elle voulut protester.

« Je ne voulais pas… » Mais les jumelles de la première gifle la firent taire, et les suivantes la laissèrent sans voix, et presque sans conscience. La violence douleur qui arracha son cuir chevelu lui fit pousser un gémissement suraigu, mais les mots du Démon furent plus brutaux encore pour la jeune Esclave.

Elle pleurait.
Le lourd tribut réclamé par Saïf énoncé par Damascus la terrifia, et elle se convainquit que jamais son Maître ne lui ferait de mal, jamais il ne la mutilerait pour le bon plaisir d’un étranger… Elle s’étouffa en constatant qu’elle se trompait lourdement et, jusqu’au bout, cru véritablement qu’il lui découperait l’oreille sans une once de pitié. C’était là ce qui lui faisait le plus mal, en réalité, mais les choses s’enchaînaient trop vite pour qu’elle réussisse à réfléchir à autre chose que les pics douloureux et les secousses.

Pourtant, lorsqu’elle comprit, plusieurs minutes après le début de son scalp, ce que faisait Damascus, Alecto ressentit une frayeur telle, qu’elle devint parfaitement immobile, là où peu de temps avant, elle était secouée de sanglots et de tremblements. La crainte qu’il ne la coupe, dans son entreprise furieuse, la rendit blême comme une défunte, et en elle, s’opérait un bien étrange chamboulement. Le Petit Corbeau n’avait jamais renssenti l’orgueil de se mirer dans une glace et d’en apprécier le reflet, l’idée saugrenue de se trouver jolie, attirante, et d’avoir découvert combien il était agréable d’être admirée lui était jadis étrangère mais… Depuis le Glyphe, elle se surprenait à aimer l’attrait qu’elle pouvait avoir pour les regards plus appuyés, développant une petite vanité naissante, qui grandissait à mesure qu’elle s’affirmait.

Alors, elle se sentait horrifiée du physique qu’elle arborerait, alors qu’elle voyait tomber des mèches entières de ses longs et beaux cheveux noirs. Elle serait laide, songea-t-elle avec effroi. Assurément. De fait, vexée, elle développa à mesure de son traitement capillaire violent une sorte d’animosité. Les sanglots de panique et de douleur laissèrent place, imperceptiblement, à quelque chose de plus sourd.

Et pire, les paroles crachées par son Maître à propos de son échec et des conséquences d’un éventuel prochain la firent frémir certes, mais la colère naissait de ces menaces. Elle n’avait jamais ressenti la colère, avant. A l’encontre de quiconque, d’ailleurs, même si elle s’était surprise à avoir une haine dégoûtée du Gras en sa demeure. Jamais, non jamais, elle n’avait pu développer de haine, ou de rancune, vis-à-vis de ses Maîtres. Et ce, quel que soit le traitement qu’ils administraient à leur possession docile.
Alecto courbait l’échine, ne ressentait pas d’émotions brutales, en bien comme en mal.

Et ce qui naissait en elle la chamboulait, comme toute nouveauté, son corps et son esprit ne savaient comment le gérer. Fort heureusement, son ire était à peine germée, et restait sagement contenue en elle, sans même qu’elle arrive à la définir clairement.

La sentence tomba, et Alecto ne s’en étonna pas… Quelle que soit la faute, les hommes n’avaient en tête que cette pulsion, et ne songeaient qu’à asseoir leur pouvoir par la domination de bas instincts… Si elle avait été plus assurée, et il n’était pas à douter que le Glyphe le lui permettrait plus tard, le petit Corbeau aurait ricané à l’entente de ce châtiment.

Mais pour l’heure, l’Esclave avait le cœur meurtri de cette déception qu’elle avait causé à son Maître. Celui qu’elle admirait et qu’elle chérissait avec tant de ferveur s’était montré dur avec elle, n’avait pas montré la clémence qu’elle avait espéré… Et un espoir déçu entraînait trop souvent de douloureuses conséquences dans les sentiments que l’on voue à quelqu’un…

Cependant, obéissante, elle ne dit mot et se dévêtit avec minutie. Ses joues étaient rouges des violences infligées, et lui brûlaient encore.

Alecto se retrouvait à quatre pattes à la merci d’une file de serviteurs qui, un par un, vinrent procéder savamment à son humiliation. La douleur des coups et de son corps écartelé par leurs membres de diverses tailles n’était finalement rien, comparé au désarroi qui lui lacérait les entrailles : Damascus se pliait aux désirs d’un étranger à son propos. Il l’avait déjà vendue à Tadéus, mais ce n’était pas comparable, pour elle, puisqu’ils avaient tous deux intérêts à amadouer le Gras.

Une lueur d’espoir, vicieuse, l’éveilla alors qu’elle brinquebalait au gré des coups de butoir comme une poupée de chiffon qui ne se débattait en rien ; Son Maître était-il satisfait de la voir ainsi prise comme un animal par tous ces mâles différents, sagement disposés en file en attendant leur tour de détruire ses fesses ? Elle tourna les yeux vers lui, ses larmes ayant laissé des sillons clairs sur son visage rouge et poussiéreux…

Le Démon en la regardait pas.
Il discutait avec Saïf, elle vit l’Oriental ricaner à ce qui devait être un bon mot, et lui répondre en parlant joyeusement avec les mains.

Damascus ne la regardait pas.

Ce nouvel espoir brisé vint à son tour nourrir la petite étincelle colérique qui venait de naître dans ses tripes, à mesure que son cœur se brisait. L’aimant comme un chien se dévoue à son Maître, elle apprenait nouvellement à se rendre compte des injustices de son traitement.
Un assaut plus violent fit se cogner son visage contre le bois, et plutôt que gémir et pleurer, elle grogna légèrement, en fronçant le nez.

Pourtant, sa relative rébellion s’arrêta au moment où la voix du Démon retentit pour aboyer des ordres. Pour la première fois de sa vie, elle fut tentée de ne pas obéir. Elle y songea. Le défier.

Puis, aussi subitement, elle ouvrit la bouche et sa gorge libéra un gémissement rauque et long, digne des meilleures cantatrices de bordel, venant perturber le chant des succions diverses, suintements et claquements. Alecto ronronna son désir, d’abord timidement, sentant l’homme qui lui ravageait l’arrière s’exciter de l’entendre, et lui asséner une violente claque sur la fesse rebondie.

Pourtant, aucune passion ne l’assaillait, et elle se trouvait trop perturbée par ces sentiments éparses, sourds et inconnus, pour tirer la moindre envie, ou le moindre plaisir pervers de la situation. Un tout jeune adolescent, sans doute moins âgé qu’elle, s’approche face à elle, tenant une coupe et une cruche de simple facture, et elle crut, naïvement, qu’il s’agissait d’un rafraichissement pour l’aider à supporter son châtiment…

Il n’en était rien, et il lui envoya au visage le contenu du verre, tout en déversant une eau trop chaude pour ne pas la brûler sur son dos souillé. Immédiatement alors qu’elle criait, le gamin raclait sa peau avec un gant d’un crin rêche, semblable à celui qu’elle s’imposait en cilice jadis, sans doute pour retirer tous les fluides visqueux et odorants qu’elle venait de se prendre sur la croupe, le dos, jusque dans ses cheveux par un homme long et fin, qui l’avait particulièrement apprécié.

Alecto sentit sa rage monter d’un cran supplémentaire, devenant plus nette.

Cependant, elle tourna de nouveau dans une contorsion son visage vers le couple de nababs qui festoyait tranquillement sans même se préoccuper de son sort. L’amertume lui coupa le souffle. Elle posa un regard où perlait la déception sur le beau et raffiné visage de son Maître.
Comment pouvait-il être insensible aux misères qu’elle subissait, et ce, même si elle l’avait déçu ? Saïf valait-il plus que sa ‘muse’, l’ ‘inspiratrice de bien des passions’, son ‘petit cœur’, sa ‘précieuse nymphe ténébreuse’… son Petit Corbeau.

Enfin, l’adolescent qui avait semblé prendre un malin plaisir à astiquer sa peau sans ménagement prit la place du grand et mince serviteur si généreux en foutre, et à alors qu’il pestait derrière elle, d’un déficit de vigueur sembla-t-elle deviner, enfonça plusieurs doigts en elle, vexé. Sans aucun mal, il fut sans doute déçu de passer en dernier, tant le passage étroit ne l’était plus, et pesta à nouveau dans le duvet qui lui servait de barbe, avant de frapper sa fesse avec plus de force encore que les précédents. Il était furieux de lui-même, et passa ses nerfs sur l’Esclave, oubliant la présence des Maîtres.

D’un claquement de langue, Saïf se rappela à son domestique qui sursauta, s’inclina plus bas que terre, et sur un regard de son Propriétaire, acquiesça avant de se placer face à Alecto, un sourire narquois aux lèvres.


- Il dit que tu dors à la belle-étoile, Putain. Murmura-t-il.

Le Petit Corbeau leva les yeux sur lui, se redressa en laissant dégouliner semences et fluides blanchâtres le long de ses cuisses. Elle débordait. Chancelante, elle eut du mal à prendre son équilibre, mais constata qu’elle était plus grande que l’Adolescent. Cet état de fait lui donna l’assurance nécessaire pour rester droite face à lui, quelques instants.

« Je ne reçois d’ordres que de mon Maître, Puceau. » Rétorqua la jeune femme dont le côté du crâne rasé lui donnait tout à la fois un air misérable et effrayant.

Il sembla désirer avec force la gifler, mais se souvenait se trouver non loin des nobles hommes qui conversaient. Alecto avait parlé entre ses dents d’une voix sèche et froide, pleine d’une rage glacée nouvelle. Des gouttes de spermes tombèrent dans la flaque entre ses jambes, le temps au garçon de la jauger, pour finalement retourner auprès de l’Oriental et lui glisser quelques mots à l’oreille, en s’inclinant.

Saïf resta impassible, congédia d’un mouvement semblable à la chasse d’une mouche importune, et souffla à son invité.


- Je ne saurai m’interposer entre un Maître et son Bien. Fit-il avec un geste faussement humble.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le mardi 01 décembre 2020, 23:14:59
Quand Alecto obéit et s'adonna à un simulacre de plaisir, le démon en fut grandement satisfait. Non pas qu'il apprécia le spectacle mais concernant le sexe, seul son plaisir comptait. En revanche, les  étapes que la jeune femme franchissait maladroitement revêtaient pour lui une importance capitale. Le glyphe d'Alecto pulsa, et tel un espion des plus efficient, inonda l'esprit du démon d'un torrent d'informations et de  sentiments contradictoires, nouveaux et  prometteurs. Quand la jeune femme comprendrait son nouvel état, l'accepterait complètement et le maîtriserait, elle pourrait comme lui utiliser ce lien souverain pour se river à sa conscience. Qu'elle le déteste un peu, bah .... Qu'elle doute de lui, qu'importe! La dureté du voyage qui s'annonçait resserrerait leur "affection".

En effet, les informations fournies par Saïf Ibn Tazief n'auguraient en rien de bonnes nouvelles. Les ravages de la guerre entre Nexus et Ashnard rendaient toute expédition périlleuse. Et ce, dès les jours prochains, quand leur itinéraire les ferait dévier de la route royale.

Quand un jeune serviteur zélé s'autorisa plus qu'il ne l'était à punir et humilier la jeune femme, Damascus estima que et la punition, et la courtoisie d'apparence s'achevaient. Aux commentaire vipérin que le riche oriental lui porta, il répondit en susurrant:


"En effet, en effet ... il serait fou de s'interposer entre la Mort et sa Faux ..."

Le démon se redressa et d'un geste, intima au jeune serviteur de le rejoindre. Celui-ci ne put qu'obéir à l'injonction, sous le regard curieux de son propre maître. Damascus s'approcha d'Alecto, droite et superbe dans sa colère.

"Tu as couvert ton échec premier d'une réussite qui m'exalte Alecto. Ne vois pas en mon comportement une hostilité ou un désintérêt quelconque. Seule ta condition m'importe, et pour que tu l'élèves, je ferai tout ce qui est nécessaire. Tu es plus forte que tu veux bien le croire, et si je te pousse dans tes retranchements, c'est pour que tu en reviennes grandie."

Puis violemment, d'une main,  le démon saisit le  serviteur et enfonça ses doigts dans le visage juvénile.

"Et toi, il ne t'appartenait pas de t'autoriser ces travers" gronda t'il d'une voie d'outre tombe.

Dans un rugissement d'une noirceur atroce, il incanta et crispant les serres crochues qu'étaient devenus ses doigts, il arracha lentement l'âme du garçon à son enveloppe de chair. Mince filet spirituel, l'esprit torturé lutta, tentant de se rattacher à son cocon mortel, étirant les chairs distendues et sifflant de souffrance. La vision effroyable de cet être vivant, boursouflé, gonflé par l'effort de son âme était abominable. Le visage du domestique s'élongeait atrocement, les os craquants, les yeux giclant de leurs orbites. Les dents se déchaussèrent et une humeur immonde, son cerveau en bouillie, jaillit de ses lèvres et de ses narines.

Plus effrayant encore, l'apparence originelle du démon se superposait à son corps humain, terrifiante, le Mal dans son état le plus pur, nimbé de flammes démoniaques. Damascus lâcha un rire dément et sans effort apparent fini d'arracher l'âme  du corps frêle du jeune homme. Celle-ci cessa la lutte dans un hurlement de désespoir et, abandonnée, se tint à la merci de son tortionnaire, flottant telle une brume prête à se dissiper. D'un souffle brûlant, le tyran des Enfers l'enflamma et dans une volée d'étincelles pétillantes, ce qui avait été vivant s'éteignit pour l'éternité.
Des personnes du campement, aucunes, gardes compris, n'étaient restées, ayant fuies dès les premiers hurlements. Seul Saïf, près de son feu, se tenait pétrifié, murmurant :


"Djinn .... Djinn ...."

Sans un mot, Damascus délaissa l'enveloppe vide et mutilée du jeune garçon et ayant recouvrer son apparence normale, prit Alecto dans ses bras pour rejoindre le lieu tranquille où ils s'étaient installés initialement. Après quelques pas, il vacilla. L'énergie nécessaire qu'il avait puisé dans son essence démoniaque pour s'adonner à cette démonstration de pouvoir lui faisait maintenant défaut. Il aurait pu en mourir. Réellement. Il avait fait l'erreur d'extérioriser son aspect satanique alors qu'il lui manquait l'essentiel vital de sa condition.

Il vacilla à nouveau, épuisé, avant d'enfouir son visage dans le cou de sa protégée et de murmurer pour lui-même.

"Quelle erreur j'ai faite...."

Se remettre de cette exubérance lui prendrait quelques jours et il n'avait pas de temps à perdre.
Comme pour marquer sa désapprobation, un autre oiseau nocturne croassa.



Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 02 décembre 2020, 10:24:33
Elle pensait que ses derniers mots lui auraient attiré davantage d’ennuis, en réalité, loin de s’imaginer que, finalement, le Démon ne se contente de sa prestation douloureuse.

Elle n’avait pas quitté des yeux l’adolescent qui s’était montré si vil avec elle, mais dès que Damascus s’était approché d’elle, Alecto l’avait abandonné sans aucun regret, et l’aura de son Maître attirait tous ses regards… Sa proximité la rendit soudainement plus sereine, comme s’il caressait sa colère savamment, par sa seule présence. Elle cilla lorsqu’il s’adressa à elle.

Aurait-il laissé faire ces exactions violentes uniquement pour lui donner une leçon ? La cruauté du geste empoignait son cœur, mais à la vérité, les quelques compliments qu’elle entendait de cette voix qui la faisait frémir d’adoration endormaient petit à petit le moindre ressentiment. Il avait ce pouvoir, sans qu’elle en ait conscience, et le charisme puissant du Démon la ramenait lentement mais surement dans le ‘droit’ chemin de sa possession.

La scène qui suivit électrisa le Petit Corbeau ; les premiers instants, elle crut simplement que Damascus allait châtier le petit puceau de quelques coups, puisqu’elle estimait qu’il ne voudrait pas tuer le serviteur du Marchand oriental. Mais la suite lui donna tort.
Son regard ne pouvait se détacher du visage qui se brisait et des volutes tordues de douleur, c’était fascinant dans l’horreur, alors que les yeux de la jeune femme étaient écarquillés par l’effroi, tout comme l’éblouissement. Pouvait-on réellement arracher ainsi l’âme sans aucun effort ?

Ses grandes billes bleus et luisantes glissèrent sur le Démon, dont l’apparence la fit frémir, tout à fois de terreur et d’admiration, tant le magnétisme infernal résonnait dans sa cage thoracique via le glyphe qui tambourinait.

Mais dès que le crâne craqua et que la cervelle s’écoula en répandant d’immondes parfums, Alecto ferma les yeux, tournant la tête sous l’horreur des sons si particuliers qu’elle craignait de ne jamais oublier. C’était de loin le spectacle le plus effrayant qu’elle ait vu de sa courte vie.

La petite voix pétrifiée de Saïf attira son attention, et elle entrouvrit les paupières pour l’observer. Son visage épouvanté avait quelque chose d’attirant… Le Petit Corbeau comprenait l’attrait que cela procurait aux créatures si cruelles. Il y avait quelque chose de satisfaisant là-dedans. Alecto lui sourit, doucement, comme si elle était bienheureuse de son sort, de la leçon qu’il prenait en pleine figure… Il avait ordonné que sa Maisonnée lui passe dessus. Elle trouvait le retour de bâton assez peu équilibré à son encontre, mais il ne lui appartenait pas de faire quoi que ce soit en propre.
Un jour, songea-t-elle, elle se vengerait de Saïf Ibn Tazief.

Doucement, elle s’était trouvée portée hors du sol par son Maître, ne lâchant pas des yeux le Nabab avant qu’ils soient suffisamment hors de portée pour qu’elle s’attarde sur le visage de son Maître, si près du sien.

Son contact l’avait apaisée. Mais elle perçu immédiatement le trouble comme s’il s’agissait du sien. Elle le prit dans ses bras, le laissa caler son nez dans le creux de son cou, glissa une main dans ses cheveux pour l’y maintenir. Le Démon avait une apparence misérable et tremblante, il tenait à peine debout…

« Là… Là… » Murmura le Petit Corbeau, en l’étendant sur leur paillasse de voyage, avec une douceur prévoyante.

Etrangement, et bien qu’elle se sente instinctivement impactée par son état physique et mental, Alecto trouvait Damascus d’une beauté sans nom ainsi vulnérable. Elle l’allongea sur le dos, poussa délicatement ses longs cheveux noirs de son visage l’albâtre, toujours en l’admirant intensément. Elle songeait qu’il nécessiterait qu’on appose quelques linges mouillés sur son front, mais l’Esclave se sentait incapable de s’éloigner de lui dans ces conditions. C’était comme si le lien qui les unissait c’était resserré au point qu’elle ne put le quitter pour le moment… Comme si son devoir était de le protéger le temps qu’il faudrait.

Et pourtant, sans expliquer ses gestes, ses mains vinrent dégrafer les attaches de sa veste, un à un, sans se presser. Avec la même minutie, et dénoua le haut de son pantalon, le mettant à nu malgré la nuit fraiche. Qu’il frémît ou non, la petite Poupée au crâne dépouillé, sale et odorante, sentait en elle monter le désir de profiter de sa stature vulnérable, jusqu’à passer ses mains sur son corps, gagnant son entre-jambe qu’elle caressa doucement.

Elle se surprit même à songer qu’il serait trop faible pour lui interdire quoi que ce soit.
Sans doute cette colère, certes apaisée, avait-elle laissé quelques velléités de vengeance. Il l’avait punie lorsqu’elle était faible, et honnête. Pour ‘son bien’ ?

Son bien à elle, soudainement, Alecto le souhaitait aussi.
Un sentiment si nouveau… Penser à elle-même avant les autres. Avant… son Maître ?

Malgré la faible énergie du Démon, son corps réagit à ses attentions délicates, et lorsqu’Alecto estima que son membre était suffisamment prêt à la recevoir, elle le chevaucha et, lentement, s’assit petit à petit sur cette hampe démoniaque, centimètre par centimètre, jusqu’à s’asseoir en soupirant.

Une constatation la fit gémir ; qu’important combien d’immondes gourdins l’avaient violée, détruisant ses fesses. Cette fois, entre ses lèvres, le sexe de Damascus qui l’envahissait n’avait aucune comparaison possible avec ce qu’elle venait de vivre. Ainsi en communion, s’intéressant étrangement peu de l’état de son Maître, Alecto se mit à onduler, doucement, à son rythme.

Son rythme à elle.
Ils ne faisaient qu’un, et le glyphe dans leurs deux poitrines vrombit. Le Petit Corbeau prit le temps qu’il lui fallait, oscillant entre langueur et intensité, au moment qu’il lui convenait, gémissant avec discrétion, poussant parfois de petit son rauque, tantôt aigus, tantôt étouffés.

Lorsqu’elle sentit l’extase l’envahir, elle lança la tête en arrière, se raidit et les convulsions la secouèrent. Une énergie doucereuse la gagna en même temps qu’un épuisement apaisé et délicieux. Elle s’affala sur le torse du Démon, le laissant intacte entre ses cuisses, sans se préoccuper du plaisir éventuel qu’il aurait pu ressentir…

Un délicat sourire semblait impossible à retirer de ses lèvres, alors que ses doigts dessinaient des arabesques sur sa clavicule, partageant sa chaleur moite au corps faible de Damascus. Elle l’embrassa de manière presque prude, inspirant son parfum avec délectation.

« Dors, mon Beau Damascus, je vais m’occuper de toi. »
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le jeudi 03 décembre 2020, 08:26:44
Damascus dormit dix heures, fait bien inhabituel. A son réveil, la caravane des orientaux avait disparu. Il se redressa pour aussitôt se recoucher sur sa natte de voyage. Son crâne le lançait comme s'il allait exploser. Un long moment et toute l'affection d'Alecto furent nécessaires pour qu'il puisse enfin ouvrir les yeux sans avoir l'envie de vomir ses tripes. D'humeur sombre, il retrouva la vieille bique et son baquet d'eau brunâtre pour se débarrasser des miasmes de la nuit. Il s'était réveillé nu et soupçonnait sa compagne de s'être fait plaisir, profitant de sa faiblesse. Grand bien lui fasse ! Il mit un moment à recoller les pièces du puzzle nocturne et quand tout fut clair, il se jura de ne plus prendre de risques aussi insensés avant d'être complètement redevenu lui-même. Le temps de se préparer au départ, le jour avait bien avancé. Le long de la route, des voyageurs de toutes les contrées se pressaient vers leur destination. Cette masse vivante compacte obstruait la voie aussi durent-ils chevaucher au pas un long moment et même par endroits, guider leurs montures par la bride en marchant à leurs côtés. Ce fut long et éreintant. Le soir venu, ils firent halte à proximité d'un convoi militaire, en toute sécurité et grignotèrent quelques fruits secs et de la viande séchée. La journée du lendemain, tout comme celle d'après, fut identique à la première. Ils avalèrent de la poussière, s'arrêtèrent peu, vidèrent leurs outres d'eau pour les remplir à nouveau à la fin du jour.

C'était sans fin et pourtant cela ne faisait que peu de temps qu'ils avaient quitté Nexus. Les bêtes, même la monture docile d'Alecto, devinrent irritables. Les deux voyageurs sombrèrent dans la morosité et passaient même des heures sans s'adresser la parole, se laissant mener par le courant humain.

A l'aube d'un jour nouveau pourtant, le paysage changea. Les cultures et élevages laissèrent place à des friches éparses et de petits bois touffus. Le terrain aussi devint plus vallonné. La route se rétrécit pour devenir un gros chemin et les rangs de voyageurs s'essaimèrent. Il fut enfin possible de galoper et les chevaux s'en donnèrent à cœur joie, trop frustrés de cette première partie de voyage. Ce fut aussi l'occasion pour Damascus de rire à la vue d'Alecto cramponnée au pommeau de sa selle et ballotée au gré de la chevauchée.


"HO ! HO !! Tiens bien tes rênes! Garde le dos et les épaules droits et détendus, jambes et hanches relâchées ! Oui c'est bien continue comme ça, et accompagne le mouvement et le rythme du cheval!"

Elle apprenait et apprendrait vite, auquel cas, elle souffrirait le martyr. Le soir de cette première journée de liberté, il ne fut pas question de se reposer de suite. Ils prirent abri dans un bosquet d'arbres feuillus et odorants. Un tapis de mousse épaisse leur garantirait une couche presque confortable pour la nuit. Damascus apprit à Alecto comment étriller son cheval et s'occuper de son bien-être avant celui du cavalier. Dans l'esprit du démon, leur relation n'était pas celle d'un maître et de sa possession. Il s'agissait plutôt d'une communion "naturelle" où l'un dominait l'autre parce que c'était dans l'ordre des choses. Alecto n'était pas captive, elle pouvait le quitter .... même si le glyphe l'en empêcherait insidieusement. L'essence du démon étant naturellement orientée vers le Mal, elle ne l'empêchait néanmoins en rien de pouvoir être agréable, joyeux, aidant ou même à l'écoute.

Après s'être occupés de leur monture, et juste avant la tombée de la nuit, Damascus trouva une petite clairière dégagée.


"Allez Alecto, tu as choisi une rapière alors En Garde ! Il est temps de faire de toi une guerrière infernale et ........... non, non, pas comme ça tu vas te blesser et hey attention ... me blesser aussi ! Je t'aide, laisse-toi faire."

Se plaçant derrière elle, le démon la guida dans sa posture de garde. Les jambes légèrement écartées, souple sur ses appuis, une main sur la hanche et la rapière tenue verticalement devant elle, un peu oblique vers l'avant.

"C'est pas mal .... bon, maintenant, tu as choisi une arme d'estoc, ca veut dire pour piquer et transpercer. Les fils de la lame sont coupants bien sûr mais il faudra que tu frappes de taille et vraiment fort pour entailler un adversaire. Tu n'en es pas là. Donc je répète, il faudra que tu piques."

Leur séance dura un moment et quand Damascus estima que les progrès furent satisfaisant, ils s'autorisèrent à s'allonger sur leur natte pour la nuit. Couchés l'un contre l'autre, isolés dans leur écrin de verdure, ils purent passer leur première nuit au calme depuis leur départ. Une lune d'argent veilla sur eux, tandis qu'une myriade de petites créatures nocturnes vint examiner avec curiosité ces envahisseurs d'un soir.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 03 décembre 2020, 13:30:40
Les jours de voyage étaient à la fois pires et meilleurs pour le Petit Corbeau. L’habitude de la monte lui donnait quelques répits agréables quant aux douleurs des premiers temps à cheval, mais les courbatures étaient toujours bel et bien présentes, et s’envenimaient faute de repos et confort nécessaires.

Outre cela, elle dormait mal depuis l’incident de la caravane de l’Oriental. Elle revivait tantôt son humiliation de manière disproportionnée, tantôt la vision de cette âme en peine la terrorisait suffisamment pour qu’elle s’éveille en sursaut au beau milieu de la nuit, réveillant ainsi également ses muscles douloureux par les heures entières sur le dos de son canasson. La sérénité lui revenait lorsqu’elle fouillait dans sa besace ses deux précieux trésors : le nécessaire à écriture volé, et la mèche de cheveux infernaux, qu’elle faisait glisser sur sa joue comme on l’eu fait d’un ourson pour se réconforter, enfant.

Ses poumons souffraient également de la poussière et elle n’avait pas l’habitude de ne manger qu’une quantité et une variété limitée de denrées… Thiana Gian avait toujours veillé à ce qu’elle soit appétissante, et Ysor le cuisinier, lui, était un jeune maître dans les arts culinaires. Ses plats lui manquèrent, quand elle arrachait une viande séchée dont elle ne raffolait pas. Elle rêvait de pâtisserie, et regretta presque celles auxquelles elle n’avait pas pu toucher chez Saïf…
Pas l’habitude non plus du manque de confort… Sa chambre dans la cave était modeste, mais elle possédait un toit, un matelas de seconde ou troisième main pourtant bien plus agréable que la fortune miteuse de voyage. Les ankyloses de la monte ne risquaient pas de s’évanouir, alors qu’elle y ajoutait les crampes des haltes…

Cependant, elle n’émettait évidement pas de complaintes. Ne réclamait aucune pause, même lorsqu’elle peinait à tenir correctement sa jument qui s’agaçait elle aussi de la longueur de leur périple. Alecto tout comme son Maître, passa par une phase sombre, et silencieuse, où l’esprit du Petit Corbeau voleta dans des songes éveillés où des dizaines de questions s’amassaient au sujet de Damascus. Questions qu’elle ne posait pas, les gardant pour elle, ou pour plus tard, peut-être.

Pourtant, lorsqu’il s’agit de se lancer au galop, là où sa monture sembla enfin revivre de se dégourdir les pattes, l’Esclave, elle, vécu bien mal cette expérience première. Elle était totalement dépassée par le rythme nouveau et les élans de la bête, ne maîtrisait rien, et ignorait comment elle était parvenue à rester dessus sans se fracasser le crâne, martelée par les sabots de l’animal.

Malgré ses efforts pour écouter les conseils du Démon, elle avait le sentiment d’avoir été une très mauvaise élève dans ce domaine… Que la leçon d’escrime n’effaça pas.

Cette fois, tenir une arme n’était plus une phobie, grâce au Glyphe… Mais ce n’était pas inné. Elle avait quelques réticences, et en entendant Damascus parler avec tant de vocabulaire, Alecto s’était rendu compte à quel point elle avait été préservée durant toute sa vie. Elle avait fait de son mieux, évidemment, mais il lui faudrait du temps. Temps qu’ils n’avaient sans doute pas… Décevoir le Démon avait été une expérience cuisante pour le Petit Corbeau qui, à chaque fois qu’elle y repensait, sentait de nouveau dans ses entrailles une petite braise s’allumer.

« Je ne pense pas être faite pour être une guerrière, vous savez… » Avait-elle soufflé, tournant son arme avec trop peu de maîtrise pour ne pas être un danger public. Néanmoins, dès qu’il se ficha derrière elle pour lui intimer les mouvements habiles de base, Alecto se dit que les apprentissages seraient agréables… Il était collé à elle, il l’envoutait de son parfum même après une journée de voyage, il parlait tout près de son oreille… C’était un délice.

L’énergie qu’il lui insufflait se ressentit dans ses gestes, plus assurés, où elle s’efforça d’être un miroir assidu, faute d’être naturellement douée pour les moulinets et les coups d’estoc.
Percer quelqu’un lui semblait loin, et elle se demandait si elle en avait envie, d’ailleurs. Cette pensée la travailla une bonne partie de la nuit, mais contrairement à son passé, elle ne rejetait pas cette hypothèse. Alecto n’était pas foncièrement cruelle ou vicieuse, mais elle estimait que plusieurs cas nécessitaient qu’elle tue, tranche ou pique, comme pour sauver sa propre vie, ou défendre son Démon…

Ce qui l’amener à s’interroger, encore et toujours, sur l’incident de la caravane. Sa vie était-elle en danger, alors qu’elle se faisait sodomiser par tous ces abjectes serviteurs ? Était-il intervenu au moment où cela devenait plus dangereux pour elle, ou juste parce qu’il en avait assez d’attendre ? Lui sauverait-il la vie, alors qu’il avait menacer de la tuer sans aucun regret ?
D’autres questions sans réponse qui continueraient de la hanter. Mais pour l’heure, la fatigue était trop forte.


 A l’aube, éveillée par les pépiements des oiseaux du bosquet, Alecto se leva en hâte, grimaça des courbatures toujours bien là, et ne fit pas de bruits, pour ne pas déranger son maître. Elle en avait assez des rations et des fruits secs, s’éloigna pour cueillir quelques baies qu’elle avait vues lors de leur entraînement dans la clairière, et revint avec un sourire qui attestait de sa jovialité matinale, en toute innocence.

La nervosité de leurs montures l’alarma cependant, et il lui fallut laisser en plan le feu qu’elle tentait de raviver pour s’approcher d’eux.

Elle n’avait jamais été très attirée par les bêtes, d’autant les cheveux qui étaient trop gros pour paraître attendrissant, pour elle. Trop dangereux, aussi. Chaque bout semblait risquer des fractures, ou pire. Sa jument soufflait avec agitation, tandis que le noir destrier de son Maître raclait le sol de son sabot, lui lançant des regards menaçants. Pourtant, Alecto fit un pas, il hennit comme pour la mettre en garde, mais elle tendit la main.

Pour la retirer immédiatement, par réflexe, alors qu’il avait les oreilles collées à l’encolure sous le coup d’une infernale colère, et qu’il tentait de la croquer.

« Hé ! » Pesta-t-elle. Aussi irritable que son maître, celui-ci, songea-t-elle, avant de murmurer doucement. « Tout doux mon Beau, je ne te veux aucun mal… » Sa voix était claire, régulière et tendre, et alors qu’elle continuait de parler calmement à l’animal, petit à petit, ses oreilles se redressèrent, ses accès hargneux cessèrent…

Assez pour qu’elle pose la paume de sa main sur son museau, et qu’il ne lui arrache pas de doigt.

Alecto ignorait comment elle avait fait, mais elle n’avait pas été paniquée en approchant les deux animaux, et avait osé toucher l’infernal destrier du Démon. Mieux encore, elle l’avait apaisé sans grande peine. Cependant, leur état était préoccupant, et après s’être assurée qu’ils étaient calmés, retourna vers Damascus pour s’agenouiller près de lui.

« Messire, levez-vous, je crois que nous ne sommes pas seuls. »
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le jeudi 03 décembre 2020, 18:12:13
Au son de la voix de la jeune femme, Damascus se réveilla aussitôt. L'information donnée aiguillonna son instinct de guerrier. Il se maudit. En tant normal il ne se serait jamais laissé surprendre. Il s'ébroua doucement et passa son pantalon et ses bottes. L'aube pointait à l'horizon tandis qu'une brume diffuse montait du sol jusqu'aux genoux. C'était l'heure où l'humidité pénétrait les premières couches des vêtements et refroidissait les voyageurs. Dans le lointain un rapace cria.

La clairière se tût subitement. Un écureuil rejoignit hâtivement son trou dans un tronc et un geai matinal s'enfuit à tire d'ailes. Tous ses sens en éveil, Damascus attrapa Alecto par le bras et la fit s'accroupir à ses côtés. Il murmura:


"Si ça va mal, tu coures à ton cheval sans te retourner et tu files tout droit jusqu'à la route."

Peine perdue, quatre silhouettes se manifestèrent à la lisière des arbres autour d'eux, dont une près des chevaux.

"Changement de plan! Prépare-toi à te battre pour ta vie."


Le démon tira son épée de son fourreau et se redressa, torse nu, évaluant la menace. Il ne décela aucune autre menace que ces quatre-là. Pas d'archers ou d'arbalétriers embusqués dans un buisson, c'était déjà ça ... Les marauds ressemblaient plus à des déserteurs qu'à des brigands de grand chemin. De quelle armée? Il n'en devinait rien mais tous portaient les mêmes pièces grossières d'armure mal ajustées et leurs armes étaient sommaires. C'était de la piétaille sans valeur pour qui le nombre faisait la force. Le plus jeune d'entre eux, un rouquin boutonneux armé d'une lance, restait en retrait près des chevaux du couple. Une jeune femme filiforme hésitait, cachée derrière une rondache et tenant un glaive court. Les deux hommes les plus proches étaient deux brutes épaisses brandissant l'un, une lourde hache de bucheron et l'autre, une épée longue de mauvaise facture. Sous leurs cervelières, leurs petits yeux noirs et méchants brillaient à l'idée de proies faciles.

Le plus grand des deux bourrus s'exprima dans un parler rocailleux et dénué de subtilités.


"Toi, le nobliau, tu poses ton petit couteau et toi, la pute, tu prépares ton cul si tu veux vivre."

Damascus grogna:

"Son cul est à moi et ta gueule ne me revient pas! Toi et tes merdes, vous dégagez!"

Les deux brutes chargèrent immédiatement en braillant, tandis que la jeunette tentait de se faire discrète pour amorcer une attaque vicieuse. Tout alla très vite. La grosse hache siffla dans l'air, prête à couper le démon en deux. Celui-ci se porta face à eux et souplement glissa à genoux sous l'arme massive. D'un coup net, il frappa de taille dans le creux  du genou et trancha les ligaments. Alors que l'homme beuglait de douleur en vacillant, le démon se releva et se retournant, décapita le soldat qui s'effondra dans un geyser de sang. Le deuxième n'eut pas plus de chance et maladroit, asséna un coup misérable de haut en bas, cherchant à pourfendre son adversaire. Damascus n'eut qu'à faire un pas de côté pour esquiver le coup et enfonça la pointe de son épée sous le menton de sa victime. Dans un craquement d'os, la lame ressortit par le sommet du crâne. Dans son élan, le démon virevolta arrachant son arme de la tête de l'homme et flanqua un taquet tellement brutal contre la rondache de la fille que la protection de bois éclata. La guerrière hurla de douleur quand son bras se brisa sous l'impact et tomba à genoux, lâchant son glaive. Plus loin, le jeune boutonneux pétrifié fit l'erreur de vouloir se retenir à la croupe de l'étalon noir. Le cheval au caractère bien trempé rua et frappant l'homme de plein fouet dans son armure de torse, l'envoya bouler, assommé, contre un arbre. Le combat n'avait pas duré plus de vingt secondes.

"Alecto, viens avec moi!"

Damascus saisit la guerrière blessée par les cheveux  et la traîna non loin contre un arbre. Elle hurlait et suppliait d'une voix aigue et désagréable, raclant le sol humide de ses talons.

"PITIÉ ! PITIÉ !! Je ne voulais pas, je n'avais pas le choix !!"

Sans rien dire, le démon fouilla dans la besace de la fille et en sortit deux cordelettes qu'il utilisa pour l'attacher à l'arbre, l'une enserrant son coup, l'autre lui liant les mains.

"PITIÉ !!!!! Je ... je pourrai vous servir comme vous voudrez ... même ... même avec mon corps !!!!!"

Elle pleurait, consciente que rien n'irait pour elle. Elle était jeune et aurait presque été jolie. Elle aurait dut choisir un autre métier que celui de la guerre.
Damascus s'accroupit devant elle, sortit sa dague et observa son visage.


"J'aime bien ton visage ..."

Tenant la dague par sa garde, il plaça la pointe de l'arme devant l'œil gauche de la fille qui cessa aussitôt de bouger et de parler. Elle tremblait comme une feuille.

"Alecto, tu entends ça ? Elle voudrait devenir ma chose à baiser, tu serais d'accord ? Il fit non de la tête.

"Si tu enfonces cette dague suffisamment dans son œil, tu perceras son cerveau et nous rendra justice. Elle nous aurait écharpé si elle avait pu."

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 03 décembre 2020, 20:34:38
Dès que Damascus fut debout, Alecto se sentit plus apte à surmonter ce qui viendrait. Pourtant, ses instructions quant à sa fuite vers la route ne lui convenaient en rien, il était hors de question qu’elle s’éloigne de lui, et voulut le lui faire savoir.

« Quoi ? Mais non je… »

Elle fut stoppée dans son élan par les quatre renégats qui faisaient leur entrée, cherchant à les encercler. Quatre contre deux, enfin, plutôt un et un boulet à sa cheville, le Petit Corbeau avait beau avoir déjà vu le Démon à l’œuvre, elle craignait que dans son état moins à même d’être glorieux, il ne réussisse à les sauver.

Alecto s’était emparée de sa fluette rapière, elle la tenait cependant d’une manière bien maladroite, indiquant sans doute sans peine à des soldats de carrière combien elle était inexpérimentée, et une adversaire facile. L’un de ceux qui paraissaient les plus dangereux siffla des insultes et elle serra les dents. Son cul ? Encore ? Qu’avaient tous ces hommes à le vouloir, ne pouvaient-ils pas faire abstraction de ce qu’ils avaient entre les jambes, pour une fois ? Elle n’était cependant pas en position de grogner, d’autant que, chaque fois qu’on la traitait de catin, elle se sentait autant peinée qu’agacée. C’était une insulte qu’elle n’avait jamais supportée, mais jamais elle ne l’avait vraiment montré, après tout.

Et pourquoi pas l’inverse ? Faisait-elle moins noble que le Démon ?
Le tonnerre dans la bouche de Damascus la recentra sur la réalité, alors qu’elle tremblait sans le vouloir ; pourtant, la panique qu’elle aurait habituellement ressenti était absente de ses entrailles, elle ne maîtrisait pas la situation, loin de là, mais accordait à son Maître une confiance suffisante pour agir tel qu’il le réclamerait. Et il avait dit qu’ils se battraient…

Alors que l’un se jetait sur le Démon, le second songea qu’elle serait facilement neutralisable, et s’avança vers elle en chargeant. Son épée en l’air pour chercher sans doute à la trancher en deux, il n’était pas des plus rapides, et dans un réflexe, Alecto fit un bond en arrière, se retrouva dans la trajectoire d’une giclée du sang du comparse décapité.

Sa vision brouillée, la jeune femme chercha à repérer l’adversaire, qui s’était tourné vers son Infernal Maître, et n’avait pas changé de tactique d’attaque brutale. Peine perdue, elle assista au spectacle rapide et morbide de sa fin, s’écartant cette fois pour éviter de reprendre une gerbe de sang sur son visage déjà maculé.

Alors qu’elle allait se diriger vers le pauvre adolescent inconscient contre l’arbre derrière les deux animaux nerveux qui gigotaient en tous sens, elle fut interrompue et ne put que suivre son Maître, obéissante, les jambes flageolantes face aux macabres scènes vécues, mais loin de s’en trouver excessivement émue, étrangement.

Il restait la femme, qui n’avait pas prit par à la bataille. Désormais ligotée à un tronc, Alecto prit le temps de l’observer en détail. Elle était finement musclée, il était étonnant qu’elle n’ait pas chercher à les attaquer, mais il fallait avouer que Damascus ne leur en avait pas laissé le temps… Elle était misérable, et soudainement, le Petit Corbeau ressenti de la pitié pour celle qui pleurait.

Une pitié qui tourna aussitôt les suppliques et propositions qu’elle sanglotait, et lorsque la voix de son Démon résonna, l’Esclave frémit. Il aimait son visage ? Ses yeux se plissèrent pour l’examiner de plus nettement, et une évidence lui sauta à l’esprit. La fille était quelconque, elle avait une cicatrice disgracieuse à la lèvre, et un lobe fendu. Elle n’était ni gracieuse, ni raffinée, elle avait les traits grossiers. Comment pouvait-il apprécier ce minois-là ?

La petite étincelle s’alluma.
Dès que le pommeau fut à portée, le Petit Corbeau s’en saisit docilement et prit la place de son Maître. Elle n’arrivait plus à retirer ses yeux clairs, où perlait la jalousie, du faciès de cette femme en pleurs qui s’efforçait de ne faire aucun mouvement, tant elle craignait pour son œil. Et pour sa vie.

Elle n’avait aucun charme.
Mais comme elle sentait sans doute l’animosité de son vis-à-vis, la guerrière tourna les yeux embués vers Damascus pour renchérir.


- Je ferai tout ce que vous voudrez, tout, regardez mes seins, ils sont à vous ! Tout, pitié. Pitié.

Puisque c’était une sorte d’invitation, Alecto piqua de la pointe affutée de la dague les attaches d’une brigandine mince, puis d’une chemise épaisse, et même de bandes autour de sa poitrine. La prisonnière pensa sans doute qu’elle avait une chance de s’en sortir et essaya de bomber le torse.

Le regard clair, devenu piquant, de la Poupée passa sur ses seins. De petites poires tombantes, ni appétissantes, ni rondes. Filiforme. Insipide. Alecto s’agaçait du haussement de cette poitrine que l’autre exposait avec espoir face à son Maître.


- Touchez-la !

Ajouta-t-elle dans une ultime tentative de survie désespérée. C’en était trop pour la Corneille, encore galvanisée par les sensations causées par l’attaque et sans pouvoir l’expliquer vraiment, presque excitée. D’un mouvement soudain et vif, elle replaça le poignard à l’exact endroit où Damascus l’y avait placé avant de lui céder sa place, et sans réfléchir, aveuglée par la jalousie et la hargne, enfonça de toutes ses forces, perçant l’œil d’un coup. Elle était tant emportée qu’elle enfonça la lame jusqu’à la garde, son poing cognant contre les sanglants épanchements qui avaient giclés.

Durant un long instant, elle resta ainsi, la main et le visage souillé dans une expression de haine, le bras bien droit, sentant la pointe bloquer contre le crâne, de l’autre côté… Mais quand elle sembla reprendre ses esprits, réaliser son geste, elle lâcha l’arme qui resta un petit moment accroché, puis tomba au sol, alors qu’Alecto reculait à quatre pattes, se redressait maladroitement, et se tournait en hâte pour rendre une bile aigre.

Elle avait tué quelqu’un.
Et volontairement.
Sa vie était-elle en danger, réellement ?
Mais Damascus le lui avait pratiquement demandé, ordonné ! C’était son devoir.

La paume plaquée sur sa bouche, blême, le Petit Corbeau se sentait nauséeuse, et réalisa à quel point le sang sur sa peau sentait mauvais. Avec un acharnement frénétique et dément, elle arracha des fourrés des feuilles pour frotter ses mains, son visage également, qu’importait les brûlures ou les réactions urticantes.

Elle avait tué quelqu’un.
Et… au fond d’elle, Alecto savait qu’elle avait aimé cela.
Et cela résonnait en elle, comme un souvenir lointain, et enfouit. Elle avait déjà tué auparavant.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le jeudi 03 décembre 2020, 22:16:10
"Calme-toi! C'est bien Alecto. Cette garce aurait pu vivre mais il fallait que tu passes cette épreuve. Ce ne sera pas la dernière fois que tu tues un être humain. Et aujourd'hui ce fut facile, cette bande de minables ne valait pas  grand chose, nous n'avons pris aucuns risques. Assieds toi à mes côtés, je n'ai pas fini."

Damascus ramassa la dague et d'un geste sec du poignet, se débarrassa du globe oculaire qui y était encore embroché. La guerrière morte bougeait encore un peu, secouée de spasmes nerveux post-mortem. Du bout de la pointe de son arme, le démon entreprit de ciseler le contour du visage éteint, finement d'abord puis plus profondément dans les chairs, jusqu'à racler le crâne. Ensuite, méticuleusement, il découpa la partie supérieure en passant sa lame sous la peau et en râpant l'os facial. Comme cela, petit à petit, il retira la partie cutanée du visage mort qu'il roulait au fur et à mesure. Une fois ce travail macabre terminé, il posa l'objet de chair retourné sur sa cuisse pour en curer les bouts restants et au final ne conserver que le cuir mou. Il s'adressa au cadavre sur lequel grimpait déjà des colonies d'insectes attirés par le sang.

"Tu vois, je t'avais dit que j'aimais bien ton visage. Il nous servira à traverser cette partie du pays sans encombres."


Le tortionnaire se leva et tendit son œuvre à Alecto.

"Range moi ça au sec. Ce sera notre laissez-passer si besoin est."

Puis il se dirigea vers le jeune homme assommé et par l'empoignant par le col, le tira jusqu'au cadavre de la guerrière.

"Tiens .... ils ont pas un air de famille?"

"Je t'explique Alecto .... on va attendre un peu, le type va se réveiller et constater l'ampleur du carnage. On le laisse filer et dans une demie journée, toutes les bandes de coupe-jarrets de la région sauront ce que nous sommes. Je ne pense pas que nous serons beaucoup dérangés ces prochains jours."

Le sifflement d'un merle ponctua cette tirade  et sur la ligne d'horizon, un rayon de soleil perça l'atmosphère brumeuse de l'aube. Le démon alla vérifier les chevaux, et annonça qu'il avait faim. Il fallait qu'ils mangent avant de partir. Ils plièrent bagages puis attendirent patiemment, assis sur une souche, que le survivant se réveille. Quand ce fut le cas, le jeune homme se tint coi un moment face à la bouillie sanglante qui avait été sa compagne d'aventure puis vomit bruyamment avant de se lever et tituber vers le centre de la clairière. Là, il découvrit les corps des deux autres guerriers dont le plus costaud avait déjà été grignoté par un blaireau curieux. Là encore, il éructa et se vida à nouveau. Quand il vit Damascus et Alecto, il s'immobilisa et le démon lui fit un petit signe amical.

"Tu viens casser la croûte avec nous ?"

L'homme s'enfuit à l'opposé en hurlant et il disparut dans le sous-bois. Ses cris retentirent encore un peu au lointain.

"Nous partirons dans deux heures. Essaye de te reposer un peu. Viens...là oui, contre moi."

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 03 décembre 2020, 22:45:06
La voix du Démon la réveilla d’une sorte de transe, alors qu’elle restait prostrée en se balançant d’avant en arrière, lentement. Toute bribe de souvenir meurtrier s’envola. Mais la mémoire immédiate, elle, était intacte…

Elle peina à se mettre debout, ses jambes paraissaient refuser de la porter, mais revint s’asseoir, sagement, à côté de son Maître, tel qu’il le réclamait. Facile ? Ce fut facile ?
Elle cilla. La morte avait été attachée et Alecto, elle, était armée… C’était en effet d’une facilité déloyale. Elle-même s’était retrouvée dans des situations injustes, toujours en sa défaveur, et elle en avait souffert. Pourtant, la pitié qui lui avait effleuré le cœur était partie dès lors que l’amère jalousie avait empoigné son amour-propre.

Assise sur ses talons, bien droite comme elle savait le faire, le Petit Corbeau suivit méticuleusement les gestes de Damascus, avant de comprendre ce qu’il entreprenait. Aussitôt, elle détourna le regard. Fixant calmement le tas de baies qu’elle avait abandonné, et qui s’était trouvé piétiné dans l’assaut, elle entendit lentement chaque incision, la musique de la lame tranchante dans ce travail d’orfèvre délivrant une mélodie atypique, glauque et froide.

Découperait-on son visage, à elle aussi, à sa mort ?
Après sa panique nerveuse, la jolie Poupée maculée de sang était d’un calme à faire frémir. Elle contenait admirablement les émotions fortes qui l’avaient assaillie, dans la résilience qu’elle avait toujours possédée.

Cependant, ce fut impossible pour elle de rester impassible dès qu’elle reçut la peau de l’écorchée, tendue par son Maître comme s’il s’était agi d’un vulgaire butin quelconque. Alecto frissonna au contact de cette peau froide, lisse… si morne, inexpressive… Et soudainement, elle esquissa un petit sourire pour elle-même, comme se félicitant d’être la vivante, celle qui avait gagné ; Une triste fatalité, mais qui, étrangement, lui procurait une satisfaction perverse.

Il fallait avouer néanmoins qu’elle se sentait toujours nauséeuse, et ne tournait en aucune façon son regard vers le cadavre de leur victime, alors qu’elle emballait leur laisser-passer dans un linge propre, le pliant avec soin, et le rangeant dans l’une des sacoches de la selle du noir destrier que l’odeur du sang agitait.

Damascus lui récita son plan, et elle tourna vers lui un regard équivoque : elle le trouvait intelligent, rusé et sadique. Sans doute un trait typique des Infernaux… Elle qui avait jadis la tête farcie de chevaliers blancs, symboles de l’Ordre Immaculé, ne savait que peu de choses des Démons et leurs comportements. Au contact de son Maître, pourtant, il lui semblait qu’elle apprenait à le connaître… Tout comme il restait un véritable mystère.

Comment manger alors qu’elle avait encore l’estomac retourné par ce qu’ils venaient de vivre ? Elle se força, évidemment, puisqu’il était hors de question de reprendre la route sans avoir rien avalé… Mais l’appétit était absent, et pire, elle lançait des regards réguliers à la sacoche où se trouvait le visage mou…

« On me découpera le visage, à moi aussi, après m’avoir tué ? » Souffla-t-elle d’une voix terne.

Quelque chose l’horrifiait dans cette image. Elle se toucha les joues, se souvint qu’elle était poisseuse de sang, et s’éloigna sans attendre de réponse, pour une toilette succincte. L’eau froide la réveilla d’une sorte de torpeur morbide.

Quand elle reparut, l’endormi s’était éveillé et il les dévisagea comme un couple des Enfers. Alecto suivit son cri en tendant l’oreille, jusqu’à s’assurer qu’il était loin…

« Et s’il revenait se venger ? »

Sa question était posée avec naïveté, alors qu’elle savait que le Démon la voulait reposée pour repartir dans une paire d’heures. Mais sa tête était encombrée. Elle avait eu beau laver le sang, ses mains lui grattait. Ce sentiment d’être profondément souillée lui paraissait familier.

Pourtant, elle vint se lover contre son Maître, soulagée de sa douceur. Elle enfouit son nez contre son cou, inspira son parfum dans une profonde respiration qui lui vrilla les sinus. La clairière s’effaça. Les craintes aussi. Comme une enfant, elle l’enserra dans un demi-sommeil, comme pour s’assurer qu’il ne s’enfuirait pas. A elle. Il était à elle. Et toi, vilaine brindille, ton visage est à nous.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le vendredi 04 décembre 2020, 11:57:19
Damascus avait offert à Alecto une heure de repos en plus. Cela permettrait également au survivant du groupe de maraudeurs de diffuser le récit glaçant de la nuit auprès d'autres compères mal intentionnés. La brume matinale s'était levé et le petit bosquet où ils s'étaient réfugiés grouillait de vie. Sous un soleil léger, l'activité animale diurne reprenait son cours. Une harde de cervidés passa aux abords de la clairière, entrainant avec attention des faons nés récemment. Des écureuils roux sautaient de branches en branches à l'abri des prédateurs terrestres. Les mulots, musaraignes et autres campagnols faisaient leur razzia du matin, se goinfrant de baies, glands et champignons odorants. Une bise légère se leva, chassant les derniers nuages récalcitrants. Les trois chevaux terminaient de se repaître d'une herbe verte et grasse et se frappaient les flancs de leur queue pour exprimer leur satisfaction. Seule tâche à ce décor  rupestre, les corps des agresseurs, déjà rongés, autour desquels bourdonnaient des nuées de mouches.
Le démon réveilla doucement Alecto, lui titillant le bout du nez avec un épi duveteux. Comme toujours, quand elle était lovée contre lui, il ressentait le besoin de la prendre séance tenante pour assouvir ses pulsions. Il résista quand même à l'appel de la chair et se leva pour harnacher les chevaux et répartir leurs effets sur la bête de bât.

Ils quittèrent le sous-bois et s'engagèrent dans une succession de terrains sauvages où les herbes s'élevaient a mi-pattes des montures. Ils avançaient au pas mais sans rencontrer d'obstacles qui pourraient les ralentir. Par deux fois, le démon désigna à Alecto des silhouettes qui disparurent, assez loin d'eux.

Damascus était toujours affaibli par sa récente démonstration de force. Il sentait bien que ce corps humain présentait des défaillances qui pourraient s'avérer mortelles. L'escarmouche de la nuit avait été un épisode sans grand danger au final mais se battre contre des guerriers expérimentés où pire, des mages de bataille ou sorciers serait plus compliqué. Si lui était blessé ou tué, d'une manière ou d'une autre, il reviendrait des Enfers. En revanche, il ne pouvait permettre Que sa protégée subisse des dommages irréparables. Il avait besoin d'elle pour accomplir sa ..... finalité.

Chassant ses pensées, il laissa sa monture se couler près de celle de la jeune femme. Le démon lui décrit la région qu'il allaient traverser. Cette plaine herbeuse s'étendait sur plusieurs lieues encore, très verte et parsemée de bois et fourrés épars. Plus loin, une forêt épaisse barrait cette étendue et imposait l'horizon de sa masse sombre. De l'autre côté de cette forêt, encore située sur le territoire géographique de Nexus, se désolaient les landes dévastées, frontières des terres du chaos.

Mais bien avant cette forêt, Damascus révéla à sa compagne que Saïf l'avait informé de la présence des armées de la Cité. Ou plutôt des vestiges d'armées de Nexus. Enchainant les défaites militaires, ces troupes s'étaient repliées, occupant en grand désordre la bande précédant la forêt. Les officiers avaient les plus grandes difficultés à maintenir la discipline dans leurs régiments et les meurtres comme les vols étaient monnaie courante dans les rangs des soldats démoralisés. Il leur faudrait faire avec sans se mettre toute l'armée à dos. Mais ils n'en étaient pas là, le démon estimait qu'il croiserait les forces de Nexus d'ici deux jours.

Alors que le soleil brillait à son apogée, bien au dessus d'eux, ils s'arrêtèrent pour profiter de la présence d'un ruisseau où les bêtes s'abreuvèrent. L'eau coulait fraiche et claire aussi purent-ils se laver consciencieusement. Le liquide froid était électrisant. et le démon s'y plongea avec plaisir.


"Dis-moi Alecto, n'aurais-tu pas par hasard profiter de mon corps l'autre nuit pour assouvir tes désirs mmmh ? Il est peut être temps que tu  prennes sur toi et me fasse l'honneur de tes talents qu'en dis-tu ?"


D'une pichenette, il lui envoya une petite gerbe d'eau qui la glaca.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 04 décembre 2020, 13:52:13
Remonter à cheval voulait dire nouvelles douleurs, certes devenues habituelles, mais tout de même sourde, comme un vieux rhumatisme. Pourtant, elle avait dormi si lourdement, s’effondrant contre le Démon comme une masse, qu’elle avait agréablement profité des heures d’un sommeil réparateur, enfin. Cette énergie lui permit de savourer bien mieux le voyage qu’ils reprirent, réussissant de mieux en mieux à suivre le mouvement doux du pas de son cheval, et parfois même le trouvant agréable, comme bercée. Le soleil, cela-dit, semblait lui conférer une bien meilleure mine, et tenter d’effacer les immondes scènes passées.

Ecouter Damascus lui délivrer son savoir sur la région était une distraction qu’elle appréciait, Alecto avait toujours adoré les contes, et bien qu’elle sache qu’il s’agissait de faits réels et géographiques, la voix du Démon la portait toujours comme si elle pouvait voyager à travers ses mots, se figurant à l’avance ce qu’il décrivait. L’Esclave n’avait pas d’imagination en propre, mais savait d’une simple évocation, constituer d’autres images… Celles des troupes armées d’une armée en déroute ne l’enchantaient pas, pas plus que les terres du chaos, à vrai-dire.

Elle restait convaincue de n’être pas faite pour la guerre, ses talents restant concentrés sur les travaux lettrés ; écrire de belles lettres, tourner savamment des phrases diplomates, enflammer le cœur d’un amant, ou faire passer quelques menaces si besoin était… Mais manier l’épée, c’était une autre paire de manches. Pourtant, ils s’approchaient chaque jour un peu plus de cette échéance qu’elle redoutait, et craignant, dans l’état de son Maître, de n’être un fardeau plus qu’une aide. Et s’il lui arrivait malheur par sa faute ? Cette pensée lui faisait redouter le pire, et la hantait souvent ; comment pourrait-elle le protéger alors qu’elle ne savait ni attaquer, ni se défendre ?

Ces réflexions tombaient toujours sous un soupir fataliste, consciente de n’avoir ni réponse satisfaisante, ni solution à proposer pour le moment. Aussi, la halte près d’un ruisseau qui chantait lui permit de retrouver un sourire qui avait disparu alors qu’elle se noyait dans d’hasardeuses projections martiales.

Le petit tas de ses vêtements avait été parfaitement plié et ordonné, avec une minutie à la limite de la névrose, mais la satisfaction qu’elle en tirait la métamorphosait. L’eau était glacée, mais l’envie d’être propre gagnait ce duel largement, surtout après les affres de l’aube et le sentiment encore bien présent d’être profondément salie. Durablement.

Agenouillée sur une pierre plus grosse et plate, le Petit Corbeau se penchait pour récupérer l’eau froide et se frictionner en frissonnant, mais la sensation que l’onde lavait jusqu’à son âme la rendait plus sereine.

Elle sursauta, pourtant, lorsque Damascus l’interpella et elle ne put contenir un rougissement léger à l’évocation de ce qu’elle avait fait. Comment avait-il su ? Hm, à vrai dire, elle n’avait pas cherché à être discrète, et se souvenait parfaitement que, dans son état d’esprit indescriptible d’alors, elle n’avait fait qu’écouter ses envies.
Tournant ses deux billes claires vers lui, au bon moment pour se prendre en plein visage le liquide gelé, elle ne put retenir un rire cristallin. Mais quelque chose en elle se demandait toujours si elle n’avait pas eu tord d’abuser de son Maître, sans sa permission, et ce, même s’il ne paraissait pas le lui reprocher… au contraire.

« Oh… » Elle cilla, mais loin d’être mal à l’aise véritablement, le Petit Corbeau leva les yeux pour croiser le regard gris du Démon. « Je n’ai pas pu résister… Vous voir ainsi… » Alecto déglutit, la scène se repassant dans sa mémoire, ravivait les sensations vécues. « Vous étiez si… si attirant. »

Se disant, elle esquissa un fin sourire, que l’évocation de cette nuit rendait presque carnassier, et se releva pour venir contre lui. Il fallait qu’elle ‘prenne sur elle’ ? C’était tout autre chose que de profiter d’un homme inconscient, qui ne pouvait ni vous juger, ni protester, que d’oser se dévoiler telle qu’elle était, et comme elle le voulait, elle.

Se contenter d’être ce qu’il voulait était simple.

Sa paume glissa son l’avant-bras du Démon, lentement, et elle sembla chercher à se dédouaner. « Cela risque de vous déplaire. Je suis loin d’être aussi… bestiale, et fougueuse, que vous. »

Et pourtant, le désir était brûlant, commençait déjà à lui chauffer les pommettes, et l’intérieur des cuisses malgré l’eau froide que tentait de sécher le soleil sur sa peau. Sa main remonta le long de son bras, caressa du bout de l’index l’intérieur du coude en plissant les yeux avec une tendresse mièvre, avant de caresser son épaule, plus insistante puisque ce simple effleurement la rendait petit à petit plus électrique.

Mais comme le Démon avait semblé lui laisser carte blanche, et même souhaité qu’elle agisse telle qu’elle l’avait fait la nuit de l’incident de la caravane de Saïf, le Petit Corbeau continua de faire serpenter ses doigts le long de son torse, penchant la tête sur le côté à mesure qu’elle se délectait de cette vision dont elle ne se lassait pas. L’aura infernale avait cela de captivant, qu’elle commenta presque pour elle-même, quand sa main descendait sur l’entrejambe de son Maître.

« Vous semblez si froid et détaché… alors qu’à la moindre étincelle, vous explosez comme un volcan. » Il n’était jamais conseillé de donner son avis sur la personne qui la possédait, mais le glyphe, et l’envie de lui, déliait sa langue.

Elle ne fit qu’effleurer l’aine de Damascus, car aussitôt elle passa dans son dos, et couvrit ses épaules de ses paumes qu’elle venait de réchauffer en soufflant dessus, massant ses muscles avec douceur, insistants sur les nœuds qu’elle percevait sous la pulpe de ses doigts. Il paraissait tout le temps en parfaite maîtrise des choses, mais…   

« Vous n’êtes jamais détendu. Toujours au bord du précipice. » Un baiser souffla contre son cou, alors qu’elle avait dégagé ses longs cheveux noirs de sa nuque. « Vous ne supportez pas de ne pas tout contrôler, n’est-ce pas ? Et lorsque c’est le cas, c’est votre nature démoniaque qui prend le relai, pour affirmer votre prise… »

Elle ne parlait en aucun cas d’une manière défiante ou fanfaronne, au contraire, c’était comme si elle délivrait en toute honnêteté ses réflexions, et son admiration, et venant coller sa poitrine contre son dos, ses mains refirent le cheminement jusqu’à son sexe, le caressant doucement, en respirant plus fort contre son oreille.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le samedi 05 décembre 2020, 16:24:17
"Oui c'est vrai, le contrôle est tout. Et c'est d'autant plus excitant quand il t'échappe de la plus audacieuse des manières."

Damascus baissa les yeux sur les doigts d'Alecto caressant son sexe déjà raide. Un de ses tentacules s'éveilla et se lova autour du poignet de la jeune femme pour lui faire appliquer une pression plus vigoureuse.

"Bestial et fougueux ? C'est comme ça que tu me perçois ? Je me plais à l'entendre et c'est ainsi que j'aimerai te décrire également. Penses-y .... Tes seules limites sont celles que tu t'imposes."

Les caresses faisaient leur effet et sentir le corps de la poupée contre le sien éveillait un désir lubrique viscéral. Il frémit quand elle serra ses doigts autour de son gland et maintint l'étreinte de cette manière. Il tenta de résister.


"J'aime quand une femme assume ses désirs et plus encore, j'aime quand une femme cherche à me faire perdre ce contrôle ... avec son corps. Vois-tu ....."

Damascus se retourna d'un bloc, souleva Alecto et l'empala d'un trait, s'enfonçant au plus loin dans son fourreau brûlant.

"Vois-tu, la femme à laquelle je tiens devrait être beaucoup plus offensive. Elle pourrait me prendre en bouche où elle le voudrait et sans me demander ma permission, elle pourrait exiger que je la prenne séance tenante en place publique, elle pourrait se déchainer et danser nue dans une taverne pour provoquer la plus furieuse des batailles, et je me battrai pour elle. Elle pourrait faire de son corps mon temple. La vulgarité de ses mots passerait pour une douce mélodie à mes oreilles. Je ne suis pas un noble guindé Alecto, la violence des actes et des mots m'excitent, c'est ma nature, et la tienne aussi maintenant. Il n'y a pas de place pour l'hésitation."

Il la prit fermement par les hanches et lui administra un traitement tel qu'il venait de le décrire, cru et intense. Il frappait dur tout au fond d'elle, profitant de son corps souple. Il accéléra plus fort encore et en l'écrasant tout contre lui se répandit dans son ventre.

Il haletait et la reposa sur la pierre plate sur laquelle elle s'était lavée quelques instants plus tôt.


"Et donc ? Qu'as tu retenu de ce que je viens de t'expliquer ?

 Il lui sourit diaboliquement et lui laissa toute latitude de s'expliquer la demie heure suivante.

Plus tard, quand ils furent prêts à repartir, un vent du Nord s'était levé, couchant en partie les hautes herbes et sifflant dans les branches des futaies. Ils chevauchèrent d'un bon train jusqu'au soir où Damascus décida qu'il devait continuer encore un peu. Ils cavalèrent sous une lune d'argent, haute et brillante qui éclairait la plaine de sa splendeur solitaire. Quand les chevaux commencèrent à renâcler, ils établirent leur modeste campement à l'abri d'un rocher isolé et saillant. Les bois avaient disparu et le terrain montait à présent en pente douce.

Il faisait frais.

Damascus laissa Alecto s'occuper des chevaux et fit un feu suffisant pour les réchauffer avec le bois mort et les herbes qu'il put trouver aux alentours. Il attendit que tous deux furent assis pour annoncer les plans du lendemain. Les flammes dansaient au gré du vent, allongeant les ombres des voyageurs. Un ciel étoilé scintillant offrait à leurs yeux un spectacle d'une rare beauté. Une comète traversa l'espace laissant dans cette voûte magique une trainée luminescente.


"Demain, nous croiserons forcement les troupes de Nexus.  Notre objectif est simple, passer sans encombres et nous réapprovisionner si possible. Les soldats malmenés sont irritables ... et je n'ai qu'une épée. Nous privilégierons la diplomatie. N'oublie pas, les officiers commandent, ils doivent être nos interlocuteurs. Je suis sûr que tu sauras les amadouer, pour notre bien."

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le samedi 05 décembre 2020, 18:03:08
Les mots du Démon l’aiguillonnaient, et le désir grandissant rendaient ses gestes plus intenses, la faisant soupirer puis gémir légèrement. Elle vivait pleinement chaque va et vient qu’elle produisait le long du membre dur, enserrée par le tentacule avec délice, fermant les yeux pour savourer davantage.

Elle prit ce qu’il dit pour des encouragements, mais sursauta lorsque la situation lui échappa, sentant ses chairs écartées violemment par l’instinct animal de son Maître qui, s’il fallait une preuve à ce qu’elle venait de lui murmurer, n’avait su se maîtriser. Il perdit le contrôle en la prenant brutalement, Alecto poussant derechef des cris étouffés tant elle était submergée par sa bestialité. Il la possédait tout en aboyant, ses muscles contractés dans l’effort décuplant l’adoration dans le regard clair du Petit Corbeau.

Ballotée au gré de ses coups de reins déchaînés, Alecto n’avait pas le temps de réfléchir, elle se laissait portée par le plaisir et lançait la tête en arrière avec délectation lorsqu’il s’enfonçait si profondément qu’elle hoquetait, souriant même, tirant parfois sur un rire délicieux de constater comme sa vision se faisait floue sous les assauts.

Et puis, la fraicheur de la pierre dans son dos, le corps fourbu et la sensation d’être tout autant vide, que pleine. Pour la jolie Poupée, l’indescriptible émotion d’avoir contenté son cher Maître, qui lui laissait ce regard dévoué. Elle soupira d’aise… Mais quelque chose en elle était incomplet. Cillant, elle se redressa et l’observa alors qu’il lui réclamait ses conclusions sur son discours.

Alecto réalisa alors qu’il avait retourné la situation et avait pris le contrôle. Alors même qu’il l’avait encouragée à agir tel qu’elle le souhaitait, elle, puisqu’il avait évoqué la nuit où elle avait abusé de son corps si attirant, inconscient… Damascus ne lui avait pas laissé le loisir de le posséder elle, pourtant. D’un sens, c’était flatteur : en quelques caresses, et quelques mots susurrés, elle avait provoqué le Démon, et sans trop se fatiguer. Cela devait supposer qu’elle avait un certain pouvoir, sur lui, certes.

Mais il ne lui avait laissé aucune liberté, n’avait semble-t-il, pas considéré qu’elle pouvait mener la danse.

N’était-ce pas, après tout, son rôle de Maître ?
Une partie d’elle en était convaincue, et elle esquissa un léger sourire à l’homme, les instincts dociles en elle se cachant derrière cet état de fait rassurant. Il prenait ce qu’il voulait, il en avait le droit, peut-être devrait-elle s’estimer heureuse de ce qu’elle avait déjà réussi à voler, cette nuit-là ?

Mais une partie d’elle, infime, grognait que non.
Qu’elle avait droit d’affirmer ses désirs, et tant pis s’ils n’étaient pas tels que Damascus les voulait. Il réclamait une femme offensive, percutante et vulgaire, et si cela ne convenait pas au Petit Corbeau, après tout ? La nuit de l’Incident de la Caravane, elle avait pris son plaisir, son plaisir à elle, comme elle l’entendait, et c’était la première fois qu’elle pouvait se le permettre. Pas une audacieuse provocatrice, pas une catin dévergondée, juste elle, juste Alecto.

Et pire, quelque chose souffla à son esprit
‘Et tant pis si cela ne lui convient pas.’ Et elle manqua une respiration, horrifiée de ce qu’elle venait de penser.

Immédiatement, le Petit Corbeau récita une leçon d’une voix délicate, mais où l’on percevait son trouble.

« J’apprendrai Messire, dans peu de temps, je serai telle que vous le désirez. Je serai entreprenante et effrontée, querelleuse et irrévérencieuse, et vous regretterez la molle et ennuyeuse Alecto tant je vous épuiserai, et que les nations se disputeront mes baisers. »

Un rire prometteur accompagna ses paroles, et elle entreprit de se laver, de nouveau, pour repartir parfaitement propre. Cependant, en elle, la graine germerait. Peut-être un léger ton de reproche avait-il pu être relevé dans sa voix, puisqu’elle avait comme l’amère sentiment qu’il la voulait différente, et que, d’un sens, elle ne voulait pas être changée… Elle voulait changer, si elle le souhaitait, et quand elle le voudrait. La laisser se faire violer pour lui apprendre à mentir et s’affirmer, lui tondre les cheveux dans un accès de colère, la menacer de la tuer ou de la mutiler parce qu’elle avait agi en harmonie avec ses convictions et ses désirs…

Toute la chevauchée, elle resta silencieuse, tout ceci tournant en boucle dans son esprit, au point qu’elle en développa une migraine. Le glyphe lui laissant son libre-arbitre lui compliquait la vie, elle qui avait l’habitude de suivre aveuglément des Chefs ou des Dogmes. Fort heureusement, la halte pour la nuit fut la bienvenue, et s’occuper des montures étaient salvateur : ainsi occupée, elle n’eut plus le temps de réfléchir.

Fourbue, et se sentant étrange, elle s’était assise en tailleur près du feu, mais observer les flammes la rendait trop grave. Le spectacle de la voie lactée fut réconfortant et lui offrit un répit, tout comme l’annonce de ce qui les attendait : au moins, elle ne ruminait pas.

« Les officiers commandent… » répéta-t-elle, presque pour elle seule. Et elle soupira sans s’en rendre compte ; les amadouer voulait dire les charmer, et elle commençait à croire que Damascus n’avait que cela en tête quant à son utilité dans leur entreprise. Mais rapidement elle se reprit. Non. C’était ainsi, elle était heureuse de le servir, et si cela entendait qu’elle séduise des armées, elle le ferait sans rechigner.

« Ne pourrions-nous pas nous procurer quelques insignes et galons ? Ce serait nous, les officiers. » Elle esquissa un sourire complice, toute pensée de rébellion effacée, dès qu’elle croisa son regard gris. « Vous devriez commander des légions entières, ce ne sont que des hommes, et vous êtes un Démon. »

Comme si elle n’avait jamais émis une bribe de doute en elle, Alecto semblait convaincue que Damascus était digne d’être au-dessus de ces vulgaires mercenaires à la solde des royaumes. De misérables royaumes, en comparaison avec son Maître.

« Je les mettrai à vos pieds. » Souffla-t-elle alors, comme métamorphosée, ou suivant de manière très assidue ses apprentissages, en s’approchant pour poser sa bouche sur la sienne. « Dussè-je me laisser prendre par tous les soldats. »
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le dimanche 06 décembre 2020, 16:08:41
Le champ de bataille était couvert de corps de toutes sortes. Le terrain rocailleux était imbibé de sang et les cicatrices des combats ne s'effaceraient pas avant des millénaires. Les armées divines commandées par des Célestes trop sûrs d'eux avaient marché sur les Monts Ecarlates, haut lieu de culte satanique et principal accès terrestre à l'une des Porte des Enfers. Leurrés par une succession de manœuvres habiles du général en chef des armées démoniaques, les anges avaient pris d'assaut les pentes des volcans quand une marée inhumaine, sortie des cratères fumants les avait submergés sous le nombre. Certes les créatures du Mal étaient tombées par centaines de millier mais des rangs divins, aucun n'avait rejoint la maison de Dieu. 
Une cohorte infernale terminait d'achever les blessés ennemis et au milieu d'eux, immense et rougeoyant, se tenait fièrement victorieux, Damascus, le supra-démon. Dans sa main vibrait quémandeuse de plus de sang encore Scylla, son épée de feu. Dans l'autre, il tenait les six ailes du Séraphin qu'il venait d'abattre. Premier échelon du premier degré de la hiérarchie céleste, le Séraphin avait opposé une résistance farouche que le démon avait maté aux termes d'un combat titanesque. L'essence de l'ange n'irait pas rejoindre son père puisque Scylla l'avait corrompue à tout jamais. Levant ses yeux où se reflétait une incroyable cruauté, l'immense démon écarlate contempla son œuvre macabre et le succès de ses armées.

La voix si délicieuse d'Alecto avait ravivé les souvenirs du démon à bien des ères passées. Oh oui si tu savais Petit Corbeau comme j'en ai commandé des légions et combien j'en ai remporté des batailles. Mes cohortes ne s'inclinaient pas, elle vainquaient ou mourraient en allant de l'avant. Les débris de régiments qu'ils croiseraient le lendemain ne méritaient même pas le titre de troupe de guerre puisqu'ils se repliaient après une multitude d'échecs militaires. Damascus avait besoin de leurs cartes et de leur approvisionnement, s'il en restait quelque chose. Qu'ils crèvent donc s'ils sont si couards pour se battre, sur leur terre qui plus est.

Le démon approvisionna le feu avec le peu de bois qu'il restait et s'allongea à côté de sa compagne, tirant sur eux une couverture de voyage légère mais chaude. Le vent ne se calmait pas et malmenait les flammes qui peinaient à résister. Damascus n'éprouvait pas le besoin de se reposer, tiraillé par ses pensées belliqueuses. Se  tournant sur le côté, il observa le visage fin d'Alecto. Le glyphe s'excitait beaucoup ces derniers temps, réceptacles des humeurs et pensées de la jeune femme. Qu'elle se pose tant de questions était normal pour une humaine. Les humains réfléchissent toujours trop.
Il caressa sa joue et glissa sa main sur une hanche souple.


"Je sais ce que tu ressens. Ne me demande pas comment, je le sais, c'est tout. Je te l'ai déjà dit mais je te le répète en toute franchise, tu m'es précieuse, je tiens à toi. Je ne te demande pas de devenir la pire des débauchées mais là ou nous allons, tu ne survivras pas si tu ne te montres pas sous un jour plus différent que le tien. Luxure, vice, meurtre, dépravation ... tel est mon monde et crois-moi, on peut y être bien. Cela peut paraître effrayant mais je veux que tu y sois à mes côtés. Et pour cela, pour y accéder, tu dois être forte, rusée, audacieuse, séductrice, et sans peur."

Il rajouta avec un petit rire malicieux.

"Oh mais je sais que tu adorerais te faire prendre par tous les soldats."

Il lui posa son index sur le bout du nez.

"Tes gémissements de plaisir de ce soir les ont déjà avertit de notre présence."

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 06 décembre 2020, 17:58:18
Alecto garda le nez en l’air, observant le ciel alors qu’elle n’osait pas croiser le regard de Damascus. Non pas qu’elle était effrayée, mais il fallait admettre qu’elle était mal à l’aise qu’il ouisse percevoir si nettement ses troubles, et qu’il soit plus lucide, lui, de ce qui se tramait en elle. Le Petit Corbeau ne savait mettre de mots sur ses réflexions floues, et que le Démon, lui semble les sentir et en discuter sans gêne, la perturbait.

Mais à vrai dire, même les graines de la rébellion en elle furent charmées par sa voix, et par les doux mots qu’il prononçait, sincères ou non. Qu’il puisse mentir ne lui venait pas à l’esprit, elle était profondément disposée à le croire, et se savoir chère à ses yeux l’emplit d’une large euphorie bienheureuse, soufflant fatigue et doute.

Avec une lucidité exquise et simple, Alecto baissa le regard de la voûte céleste jusqu’au gris de ses iris, et esquissa un sourire d’une honnêteté à tout rompre.

« Vous me voulez à votre image pour mon bien, et mon bien sert vos desseins. »

Au contact de son index sur son nez, elle le fronça comme une ingénue, et gloussa légèrement. Elle se demandait véritablement si elle apprécierait se faire passer dessus par une armée entière… Et repensa aux serviteurs de Saïf. Non. Pas comme cela.
Elle cilla en voulant répondre, car elle venait de toucher du doigt ce qui véritablement faisait la différence. Sa Volonté. Son humiliation était imposée, un traitement dicté par un Oriental, un étranger à leur cercle, sans doute loin d’être parfaitement dictée par le Démon. Alors que s’il le suggérait, ou si elle se doutait que cela puisse être bénéfique à leurs affaires, Alecto se donnerait à quiconque pourrait les aider, et… peut-être apprécierait-elle, en effet. Le Petit Corbeau frissonna à cette pensée.

Tendant le bras vers lui, elle repoussa une longue mèche de cheveux noirs qui s’était détaché de son catogan. Et fronça les sourcils. Immédiatement, elle se redressa avec souplesse, tourna dans son dos, et entreprit de remanier la tenue des liens qui enserraient sa chevelure d’ébène, en de petits gestes élégants, maîtrisés, satisfaits de l’ordre qu’ils mettaient.

« Il me plairait que vous soyez présents, dans ce cas. » Lui répondit-elle comme si ses instincts maniaques n’avaient pas coupé leur conversation.

« Avez-vous… aimé me voir châtiée par tous les serviteurs de Saïf ? » Cette question tournait en boucle dans son esprit, et prononcé son nom la dégoûtait. Elle y aurait trouvé quelque réconfort, à vrai dire, sachant son Maître excité du spectacle qu’elle donnait malgré elle.

Mais elle l’avait vu converser avec le Marchand, et se désintéresser de son sort, jusqu’à ce que l’adolescent ne se montre trop hargneux…

Alecto repensait à sa dernière phrase ; avait-elle tant crié lorsqu’il l’avait prise avec autant de bestialité ? Quelque chose la titilla, et elle gigota un peu derrière lui, finissant le joli nœud dans ses cheveux, et restant dans son dos.
Elle se demandait si elle serait capable de lui faire perdre le contrôle en d’autres circonstances… A des moments gênants ? Ses lèvres se pincèrent, pour éviter de sourire et glousser, à cette réflexion. Mais il faudrait qu’elle ait la réponse. Cette sorte de pouvoir qu’elle avait sur lui, il fallait qu’elle le teste, pour pouvoir l’exploiter, un jour… Sait-on jamais.

Saurait-elle un jour lui imposer ce qu'elle voulait, elle ?
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le dimanche 06 décembre 2020, 21:33:36
"Non"
"Non je n'ai pris aucun plaisir à te voir violer par tous ces hommes. J'ai en mémoire chacun de leur visage. J'avais besoin des informations de Saïf. Quand cette quête sera terminée, si tu le veux, nous les retrouverons tous et ils paieront. En fait, nous les retrouverons quoi qu'il en coûte."


C'était un fait simple que le démon venait d'édicter. Ces hommes mourraient de leurs mains, c'était acquis.

"En revanche, si tu y avais pris du plaisir, alors j'en aurais été satisfait. Oh ? Que je sois présent quand tu t'adonneras à une orgie ? Alecto, Alecto .... cherches-tu à m'exciter alors que nous devons nous lever tôt ? J'ai connu une succube, Anela je crois, qui passa deux jours à baiser comme une folle avec un groupe d'esclaves qu'elle s'était achetée pour l'occasion. Il était quatre vingt si je me souviens bien. Elle en était ressortie ravie, et eux, un peu moins de cinquante .... L'effort en a tué une partie..."

Le démon se perdit dans la narration d'anecdotes de ce genre dont beaucoup le firent rire. Celles incluant les nains étant les plus hilarantes. Dans les profondeurs des Enfers, le sexe était aussi répandu que prendre son repas ou assassiner son voisin. Un climat chaud s'instaura sous la couverture. Damascus se prit à décrire les Enfers à Alecto. Enfin, la partie 'agréable' des Enfers. Celle des niveaux où les palais et les citadelles écrasaient par leurs splendeurs les constructions humaines. La partie où les champs de torture et les steppes putréfiées n'étaient pas visible. La partie réservée aux élites démoniaques. Lui-même possédait toujours son immense forteresse, protégée par une myriade de protections magiques que seul le Diable en personne saurait désactiver. Il en énuméra tous les aspects, des colonnes de marbre pourpre aux murs et arches taillés dans des pans massifs de montagnes-diamants. Les sols étaient de cristal bleu, aussi résistant au chocs qu'un bouclier d'acier et le jardin aurait pu servir de modèle pour celui d'Eden. La salle des trophées ... non ... pas besoin d'en faire la description.

Alors qu'il parlait, un tentacule, toujours le même trop curieux, vint visiter l'entrejambe d'Alecto. Damascus le rétracta d'un grognement. Lui qui n'était pas un bavard confirmé prenait ce soir un réel plaisir converser avec sa compagne.

Il s'arrêta soudainement.


"Je sais je sais je sais !"

"L'armée de Nexus, c'est certain, manque de tout. Nous pourrions nous présenter comme associés de Tadéus Kervipar, ce généreux citoyen, richissime marchand de son état et prêt à soutenir l'effort de guerre de ces braves soldats en leur convoyant des approvisionnements issus de ses propres stocks. Oui c'est cela ! Il nous faut, de quoi écrire, du papier, on peut imiter son sceau qui apparait sur ton acte d'achat."


Le démon fouilla dans une sacoche et en sortit une dé de cire à bougie.

"Ca suffira ! Alecto ... Ah ! je n'ai pas de plume ni d'encre! Il se leva, je vais nous trouver ça chez nos voisins de la briganderie. Je reviens. Tu sais bien écrire ? Il faut un texte au vocabulaire riche, professionnel et ennuyeux à mourir!"
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 06 décembre 2020, 23:07:53
En réalité, Alecto passa la plus délicieuse des soirées. Ecouter Damascus lui décrire une sorte de monde qu’elle n’avait aucune idée de représentation hormi celles des tableaux dans les Temples, était épatée par ce qu’il faisait vivre par ses mots. C’était difficilement imaginable pour un être humain aussi vulgaire qu’elle, ignorante jusqu’à peu que les ‘Démons’ fussent bien réels autrement que pour faire peur aux Croyants.

Elle ne connaissait rien aux succubes, et de mémoire, on lui avait interdit de lire les ouvrages qui traitaient des Enfers et ses créatures, dans la bibliothèque du Sanctuaire où elle avait été élevée… Cependant, le Petit Corbeau fut tant captivé par ce récit à la fois terriblement excitant, et parfaitement effrayant, qu’elle n’osa en rien demander ce qu’était cette créature. A bien y réfléchir, ce devait être une bête assoiffée de luxure, pour épuiser autant d’esclave lors d’orgies. Se mordant la lèvre, elle se sentait énorgueillie des douces paroles promettant sa vengeance et dès lors, la petite Poupée eut pour Damascus un regard, il est vrai, fou de dévotion. De reconnaissance, également.

« Je voudrai m’occuper moi-même de Saïf. » Avait-elle murmuré entre ses dents lorsqu’il avait évoqué les retrouvailles, après leur quête. Elle se força à ne pas ajouter ‘si vous le voulez-bien’, puisqu’elle tentait d’appliquer les préceptes que le Démon avait édicté plus tôt. Sans demander la permission… Cela n’était encore pas à sa portée, sans de gros efforts. Mais cela viendrait, car, au fond d’elle, Alecto était convaincue qu’elle comptait, que son avis était important, et qu’elle devait agir telle qu’elle le souhaitait, elle, et personne d’autre.

Le Palais de Damascus devait être somptueux, et à la hauteur du puissant infernal qu’il était, qu’elle voyait en lui. Elle adora qu’il se livre ainsi et sentait sa poitrine chauffer, au point que lorsqu’elle sentit le chatouillement d’un tentacule aventureux, elle se laissa immédiatement aller à pousser un soupir, prête à écarter les jambes ; Elle était comme, envoutée par sa voix, et l’envie de son corps si proche sous cette couverture enflammait ses sens, comme s’ils étaient seuls au monde.

Un sursaut accompagna le timbre tonitruant de son Maître, la faisant se redresser d’un bond alors qu’il venait vraisemblablement de trouver un plan infaillible pour qu’ils entrent sans peine dans la garnison de soldats. C’était une stratégie rusée, et cela marcherait, songea-t-elle, loin cependant d’être très douée en tactique de ce genre, puisque n’en n’ayant aucune expérience.

« Oh, oui. » Son regard devint lumineux, de braise, même, mais il n’y avait pas que du désir cette fois. Elle était excitée par ce stratagème qu’ils élaboraient et où elle se sentait bien plus importante que son rôle habituel consistant à offrir son corps à n’importe qui. Elle jubilait, lorsqu’il réclamait qu’elle écrive et alors, d’une voix assurée comme métamorphosée, elle se jeta sur sa besace brodée, en sortit le nécessaire volé : parchemins, flacon d’encre, plume ouvragée, même un porteplume et …

« Je vais mériter une belle récompense, Messire. » Susurra-t-elle en levant devant le nez du Démon le sceau gravé du Porcin Marchand amateur de reliques. A vrai dire, elle n’avait pas imaginé que cela lui serait utile, mais il était très joli, et elle avait eu l’occasion de le prendre sans risquer de se faire voir lorsqu’elle était alitée… La gravure en creux représentait deux pièces de monnaie, la face présentant un éclair, et le pile dessinant une clé pleine de sorte qu’elle paraissait, une fois imprimée dans la cire, être sombre. C’était un travail minutieux, mais pas une pièce de maître, et le Gras devait en posséder tant qu’il n’avait sans doute pas remarqué son absence.

Elle fit danser le sceau devant le visage de Damascus avec un sourire ravi, ajoutant avec une sorte d’orgueil nouveau.

« Je sais rédiger des contrats commerciaux, des lettres d’amour, les notifications d’huissiers pour solde de taxes, les bilans financiers et des cantiques de l’Ord… » Elle se stoppa, sa poitrine venant de lui faire mal, comme une aiguille qu’on lui aurait enfoncée, fonçant les sourcils sous le coup. Mais c’était immédiatement effacé.

Alecto revivait. Elle se révélait bien droite et fière, le visage plein de prestance et le regard vibrant d’assurance. Sans attendre tant elle était enthousiaste, elle cala un rouleau de parchemin sur sa besace épaisse qui ferait office d’écritoire, et disposa ses ustensiles avec un plaisir qui irradiait de tout son être. Elle avait toujours aimé l’odeur des ouvrages et du vélin, et avoir l’occasion de montrer l’étendue de ses talents à son Maître la rendait folle.

La plume en main, la pointe déjà trempée dans l’encre noire, et plongea ses yeux dans les siens. Pour un peu, elle aurait fait voler tout ce petit secrétaire de voyage pour lui sauter à la gorge, mais Alecto savait aussi combien il lui serait délicieux de dessiner ces lettres.

« Je vous écoute, que voulez-vous dire, je transformerai vos mots, ils n’y verront que du feu. »
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le lundi 07 décembre 2020, 17:34:26
«Généralissime,

Nexus vit aujourd'hui des temps troublés. Les hordes barbares d'Ashnard sont à nos portes et seule, face à elles, se dresse l'élite de nos vaillantes armées. Vous représentez le seul rempart entre ces monstres assoiffés de sang et les enfants de notre cité. Nous savons les sacrifices et les souffrances que vous endurez. Nous savons la bravoure qui est la vôtre et avons confiance dans la force de votre bras. L'acier et la volonté de votre armée nous sauvera de ces légions infâmes.

Mais la guerre n'épargne pas les braves. Mes agents m'ont informé des pénuries en subsistances que vous rencontrées.

Moi, Tadéus Kervipar, marchand de mon état, m'engage à vous soutenir à la mesure de mes moyens. A la rédaction de ce message, j'organise la préparation d'un convoi lourd qui vous apportera réconfort. Je prévois de vous parvenir du vin, des provisions en quantité. Un troupeau de bœufs suivra également. J'ai dépêché des coursiers prévenir mes comptoirs de mettre à votre disposition des fournitures pour équiper vos troupes.
Je n'attend pas de remerciements, ma démarche est citoyenne. Je vous demanderai juste, si vous le voulez bien, d' accorder à mes amis associés et messagers le meilleur accueil qui soit. Car après vous avoir délivré ce message, ils devront rejoindre mes établissements du Nord et se frayer un chemin par delà les hordes sauvages.

En vous souhaitant victoires et gloire éternelle,

Citoyennement vôtre

Tadéus Kervipar»


Cela devrait aller. Le plan était simple et reposait énormément sur le moral des soldats. Les officiers seraient sûrement heureux d'annoncer cette nouvelle à leurs hommes, et pourraient bénéficier d'un répit supplémentaire avant les premières rebellions ou problèmes de discipline.

Dès les premiers mots, Damascus avait observer Alecto. Elle était différente lorsqu'elle écrivait, laissant sans ambigüité s'extérioriser ses ressentis. Elle pouvait froncer ses sourcils, cherchant la manière appropriée de poser une phrase tout comme sourire d'une fine approche.

Il la laissa faire, confiant en ses talents et adossé à son rocher, attendit qu'elle termine. il en profita néanmoins pour étayer ses pensées.


"Je pense que ça se passera bien. Alecto, je te laisse carte blanche pour nous faire passer cette étape sans encombres. Tu seras l'envoyée de Tadéus et moi ton garde du corps. Ils seront surpris de voir une femme, même peut être méfiants mais tu sauras embrasser cette situation, je te fais confiance. Ce sera pour toi une nouvelle épreuve, un test que tu ne devras qu'à toi-même. A partir de maintenant, je te laisse les rênes de notre destin."
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 07 décembre 2020, 23:20:46
Alecto avait rédigé, dessinant les lettres avec une attention méticuleuse, traçant les formes, s’arrêtant pour lever les yeux au ciel, la plume contre la joue, en réfléchissant aux tournures de phrase, se relisant souvent.
Son poignet était souple, ses gestes d’une grâce pure, et tout son être semblait être harmonieux lorsqu’elle agissait ainsi. Elle y prenait un grand plaisir, et cela la rendait invincible. Elle n’eut pas besoin de demander conseil à son Maître, et lorsqu’elle estima que cette missive était idéale, la jeune femme se releva, tira le parchemin, et lui en fit lecture en marchant de long en large.

A vrai dire… elle n’attendait pas l’assentiment du Démon, mais plutôt qu’il soit fier d’elle et qu’il savoure l’élégance des paragraphes, la finesse des idées soufflées comme le plus méticuleux des scribes que pouvait posséder le Porcin Tadéus. Quel imbécile, d’avoir préféré sa bouche à son verbe, alors qu’elle lui proposait de devenir sa biographe…

A cet instant, le document terminé, le sceau apposé avec aisance tant elle était habituée à la chose, et replié dans un carré de cuir fermement noué, Alecto se sentait piquée par l’excitation, un désir qui l’enflammait profondément et elle avait une furieuse envie de ce corps infernal… Ces sensations nouvelles, que le glyphe encourageait là où jadis elle se réfrénait, semblaient difficiles à contrôler. Elle le dévorait des yeux.

Mais il venait de souligner comme il la laissait maîtresse de la situation, et cette confiance qu’il mettait en elle et ses actes agissaient comme un contre-sort efficace. Le Petit Corbeau se faufila de nouveau dans la couverture chaude afin de dormir un peu… Mais Damascus à côté était un aimant brûlant. Ses pensées peinaient à s’évanouir pour lui permettre de trouver le sommeil, elle avait des visions érotiques en tête, qui la perturbaient, et d’un coup, elle tendit la main vers lui, n’y tenant plus.

Au dernier moment, son geste s’interrompit, sa main se crispa dans le vide, tremblant nerveusement, symbole de la lutte qui opérait en elle.

Ils se lèveraient tôt et elle avait à être en pleine possession de ses moyens le lendemain. Elle ne devait pas se laisser distraire par le Démon, elle était clairement dans un état fiévreux anormal… Inspirant, expirant, lentement, Alecto fit revenir son bras docilement, ferma les yeux, le front en sueur, et chercha à se calmer en murmurant.

« Je ne vous décevrai pas, cette fois. »

Ce faisant, elle dormit, de manière assez agitée, ses songes troublés par des rêves orgiaques de succubes et de démons, où un immense porc rôtissait sur une broche au centre de la scène de débauche chaotique.

L’aube l’éveilla avec la sensation d’être humide, ce qu’elle constata, se remémorant ses fantasmes nocturnes. Sans attendre cependant, l’air plus grave, elle avait déjà replié tout leur modeste campement lorsque Damascus fut prêt.

Alecto accorda un soin particulier à sa mine, tressant ses cheveux en nattes qui, habilement nouées et retombées, cachaient partiellement sa tonsure disgracieuse. Elle c’était vue, dans le reflet du ruisseau, et en aurait pleuré tant elle s’était trouvée laide… Aussi, le Petit Corbeau avait laissé sa tunique ouverte sur un décolleté probant, pour attirer le regard sur une partie de son corps qui, selon elle, n’était pas aussi repoussant que son visage.

Des perles de métal dans ses tresses et quelques bijoux attesteraient de sa condition d’émissaire d’un riche marchand. Ils chevauchèrent, elle suivant la monture des ténèbres jusqu’à arriver proche de la garnison en question… Là, elle talonna sa jument pour aller au-devant de Damascus, prenant immédiatement son rôle.

L’Esclave n’était pas à l’aise. Elle allait mentir.
Mais, contrairement à sa prestation devant Saïf, elle avait été consultée par le Démon, et avait prit part à la supercherie… Il avait fait une erreur en la prenant de cours sans l’avertir, mais cette fois, c’était radicalement différent. Et Alecto n’était plus la simple suivante de son Maître, elle était, elle, l’Officielle.

Elle s’approcha en tête, le dos bien droit, la stature d’une noblesse étonnante, que lui conférait sa grâce simple et naturelle. Improviser n’était pas son fort, aussi avait-elle eu le temps du voyage pour songer à ce qu’elle dirait, répétant son texte intérieurement, afin de camper au mieux son personnage. La crainte était présente, mais quelque chose en elle chassait le doute. Ils réussiraient, elle le savait. Elle avait cette foi. Cette foi qui la rendait intouchable.


« Salutations, l’ami. Loin de moi l’idée de déranger les exceptionnels héros qui protègent avec bravoure la glorieuse nation de Nexus, contre ces chiens d’Ashnard, mais … » Elle se redressa, sur son cheval. Des trois soldats misérablement en poste pour la garde de ce qui était une des entrées du camp militaire, l’une semblait avoir du mal à entendre, l’un avait un œil crevé disgracieux, et seulement le troisième avait l’air de pouvoir tenir le choc, s’ils avaient été des brigands.

« … Mais j’ai là une missive de la plus généreuse importance à porter à la connaissance de votre Général. »

Le troisième, alerte, les observait d’un œil méfiant, même si Alecto perçu quelques coups d’œil à son décolleté. Elle s’efforça de garder la tête haute, et leva légèrement l’étui léger où se trouvait le parchemin falsifié.

Puisqu’il demandait qui les envoyait et qui était cet homme en armure, l’Esclave eu le réflexe de répondre d’elle-même, alors qu’elle allait attendre que Damascus, son Maître, prenne la parole.

« Je suis l’émissaire de Tadéus Kervipar. Oh, et lui ? » Elle tourna les yeux vers le Démon, se retint de lui sourire en le trouvant exquis, et renchérit. « Mon garde du corps. Les routes ne sont pas sûres, vous en conviendrez. Mais… Je n’ai plus rien à craindre, désormais que me voici entourée de courageux soldats. »

L’homme n’avait pas l’air sensible à la flatterie, mais il considéra Damascus, alors qu’il avait clairement hoché la tête en entendant le nom du Marchand.

On leur permit l’accès et ce fut la femme qui fut missionnée pour les conduire jusqu’au Général. Cependant, par mesure de sécurité, elle les laissa à pieds, et devant une tente qui, d’allure, ne semblait pas être celle du plus haut gradé militaire présent. Alecto ne connaissait rien aux insignes martiaux, et ne reconnut pas les armes du Légat qui secondait le Général.

On les fit poireauter de longues minutes, au point que la jeune femme commença à craindre qu’on ne les ait pas cru. Tournant les yeux vers son Maître, elle fut surprise par la pluie qui tomba, drue, d’un seul coup comme la mousson. Tout le camp militaire se mit en branle, on courait mettre les quelques tonneaux ouverts à l’abri, les denrées, les armes sensibles… Et ce fut leur sauf-conduit.

Le pan rouge de la tente s’ouvrit et une main les invita à entrer prestement.


- Allons, allons, qu’on ne nous accuse pas d’avoir laissé dehors sous l’averse l’amie de Tadéus Kervipar.

Le Légat était un homme très grand, au point qu’Alecto dut lever haut la tête pour voir qui parlait ainsi. Son armure attestait des batailles endurées, et les sutures sur son nez, le cocard, les bandages à son épaule jusqu’à sa main, témoignaient qu’ils n’avaient pas été vainqueurs souvent.

Elle s’inclina immédiatement, portant la main au porte-document.

« Je saurai témoigner à mon bon ami Tadéus de votre compassion à mon égard. » Et elle se redressa sans attendre qu’on le lui autorise, ce qui était en soit, un effort colossal. Le Légat n’était cependant pas confiant de nature, il les observait de ses petits yeux bruns.

Il se présenta, rapidement, et tendit la main, pour vérifier le fameux document invoqué. Alecto tendit donc la missive au dénommé Octavius Optio, second du Général Tisza. Après une brève lecture, Optio se laissa lourdement choir dans un fauteuil, comme si un soulagement comme un harassement brutal venait de l’assommer.


- Par tous les dieux, c’est inespéré.

Le Petit Corbeau réprima l’envie de sourire victorieusement, et de lancer un regard complice au Démon.

- Le Général Tisza n’est pas visitable aujourd’hui. Vous avez dû faire une longue route, je vais vous assigner une tente, hm, rien d’aussi riche que ce que possède le Gr… hm, votre ami, mais lorsqu’il sera visible, le Dux prendra attache avec vous pour …

Il s’interrompit, semblant seulement maintenant remarquer la tunique dénouée d’Alecto, laissant peu de place à l’imagination quant à la forme et la taille de sa poitrine. Pourtant, immédiatement, il reprit, droit dans ses bottes.

- Pour un contrat en bonne et due forme.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le mardi 08 décembre 2020, 22:56:03
Damascus haussa un sourcil. Aiguillonant les flancs de sa monture, Alecto venait de le dépasser sans même un regard, la tête haute et bien droite sur sa selle. La nuit avait été courte mais productive. Le démon avait découvert une facette de sa compagne qu'il ne connaissait pas. Ecrire la transcendait, l'illuminait. C'était la seconde surprise, la première ayant été la découverte du larcin de la jeune femme. Il ne s'en serait jamais douté.

La jeune femme avait prit avec sérieux le rôle qu'il lui confiait et présentait depuis leur lever une mine grave. Elle s'était préparé minutieusement et son choix de présentation était ... parfait.

A l'approche du camp des forces de Nexus, le constat de Damascus fut plus alarmant que ce qu'il avait prévu. L'installation des troupes s'étaient faite à la va-vite, sans ordonnancement, preuve manifeste d'un manque de commandement. Des soldats dépareillés trainaient, certains sans leur arme. Un imbroglio de tentes s'étalait à perte de vue. Ce qui avait été une fière armée n'était plus qu'un troupeau grouillant et démoralisé.

Les trois loques qui gardaient l'accès à ce champ de tristesse ne posèrent pas de problèmes. Quoi ? Même pas un sergent pour les contrôler ? Alecto jouait son rôle avec aisance, le mensonge bien posé étant agréable à écouter.

"Oh, et lui" Il frémit intérieurement ayant l'impression d'être rabaissé au rang de ceux qui les contrôlait. Diablesse va ! La nonchalance avec laquelle la jeune femme le désignait était insupportable ... mais délicieuse. Il l'avait cherché après tout.

Une guerrière les conduisit à travers le camp et Damascus put une fois de plus constater l'ampleur des dégâts. Il ne serait pas surpris qu'une épidémie se répande ici eut égard aux conditions d'hygiènes désastreuses. Il releva que les diverses infirmeries de campagne qu'ils passèrent étaient surchargées, les morts étant stockés pêle-mêle à l'extérieur avant d'être incinérés sur des bûchers non loin de là. Quelques groupes d'hommes faisaient rôtir des rats sur leurs dagues au-dessus de feux misérables. Ces rongeurs pullulaient, ajoutant au climat local le dernier stade de la saleté. Néanmoins, une zone non loin de là restait à peu près propre et ordonnée. Des chariots y étaient parqués à l'écart de la troupe et  surveillés par des gaillards plus frais et robustes que la soldatesque précédente. Ce devait être les derniers stocks de vivre, précieusement protégés des vols et rapines des régiments affamés.

Attendant devant la tente d'un responsable, Damascus fit part à voix basse de ses observations à Alecto. Pour confirmer ses dires, un gros prêtre tonsuré sortit de la zone protégé, une miche de pain sous le bras et un morceau de fromage entre les dents. Les hommes d'en bas le regardèrent méchamment. Une pluie glaciale s'abattit, synonyme de tourmente pour l'officier qui les accueillerait. Etre trempés en plus d'avoir faim n'améliorerait pas la discipline dans le camp.

L'homme qui les invita à entrer portait les attributs d'un officier de haut rang. Son état ne variait pas de celui de ses hommes. L'empire d'Ashnard s'était déchaîné. Quand Alecto s'inclina, Damascus suivit, et attendit qu'elle se redresse pour le faire aussi. En retrait de la situation, le démon observait et enregistrait ce qui se disait et ce faisait mais aussi ce qui ne se voyait pas. Un légat seul en journée ? Pas d'ordres à donner, pas d'ordonnances ? L'armée de Nexus avait-elle été décimée à ce point ?

Le nom de Tisza ne lui disait rien pourtant il connaissait les héros de la cité libre. Qui était ce type pour laisser crever ses troupes ainsi ? Il faudrait qu'il ai une discussion à ce sujet avec Alecto, qu'elle ne soit vraiment pas surprise si cet homme ne réponde pas à leurs attentes, ou soit différent du glorieux général qu'il devrait être.

Au moins, ce légat allait-il dans leur sens. Le soulagement qu'il afficha en disait long et Damascus fut heureux qu'il pense a leur attribuer quelque chose de décent pour se lotir. Se cantonner à son rôle de garde du corps avait du bon, rien ne lui échappait. La chute vertigineuse de l'officier dans le décolleté d'Alecto fut un grand moment de bonheur.

Emboitant le pas à 'sa maitresse', il se concentra sur les aspects du camp qui pourraient leur poser problèmes par la suite.


Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 09 décembre 2020, 00:00:44
Un autre soldat fut chargé de les guider plus en retrait, et comme elle se devait de jouer son rôle du mieux qu’elle le pouvait, la jeune femme marchait avait aisance sans fanfaronner, n’ayant en aucun l’air de laisser traîner ses yeux, ou ses oreilles, à des endroits indiscrets. Contrairement à son Garde du Corps. En chemin, elle conversa avec le petit homme trapu que le casque en soupière protégeait de l’averse contrairement à eux deux…

Même si le militaire n’avait pas l’air du tout de les apprécier, il se dérida un peu lorsqu’elle laissa entendre qu’elle ferait sans doute prochainement le bonheur de leurs estomacs. Tous ces gens semblaient affamés, et ce constat choquant Alecto d’une manière sans doute moins stratégique que Damascus. Il lui paraissait improbable que la cité où elle avait grandi soit défendue par une armée aussi misérable, lui faisant craindre une défaite qui n’aurait rien d’étonnant. Cela la touchait, plus qu’elle ne s’y attendait, tout comme l’état lamentable de cette garnison, chaque passage d’un rongeur la faisant frissonner. Elle les avait en horreur, mais les aboiements enragés d’un molosse lourdement attaché à une chaîne à leur passage la firent cette fois clairement sursauté et gémir.


- ‘trainez po trop près de celui-là, mam’zelle. L’a rien becté depuis des lustres.

Grogna le soldat en les conduisant par un chemin où quelques inutiles planches de bois ne réussissaient pas à constituer un rempart suffisant à la boue qui commençait à couler. Les pans des tentes étaient ruisselants, comme si la pluie tombait depuis des jours, et le ciel bas n’annonçaient aucune éclaircie. C’était triste, et morne à mourir. Le moral d’Alecto, tantôt si enthousiaste et excitée par cette aventure, en prit un sacré coup.

Avant qu’il ne leur indique le lieu plus ou moins sec où ils seraient à l’abri, le soldat glissa sans le vouloir une information capitale. Ils ne risquaient pas de rencontrer le Général Tisza tout de suite, vu son état. L’Esclave allait le questionner mais, se rendant compte qu’il en avait trop dit, il se renfrogna et leur désigna une tente avant de faire demi-tour et de patauger dans la gadoue en chemin inverse, grommelant.

Alecto courut se mettre sous le dais salvateur, constatant qu’un brasero malheureusement éteint n’avait en rien réchauffé l’atmosphère humide et froide de leur unique pièce de vie. Au moins les paillasses n’étaient pas directement sur le sol, et la pente était en leur faveur, ne charriant en rien les eaux noires dans leur direction. Il y avait cependant à parier que les baraquements de la piétaille étaient inondés…

Frigorifiée, elle sursauta quand un autre anonyme vint leur déposer leurs affaires, garantissant que leurs chevaux étaient aux écuries. Mais quelque chose de désagréable alourdissait son estomac, comme un funeste pressentiment au sujet de leurs montures.

« Vous croyez qu’ils les mangeraient ? » S’inquiéta-t-elle, lorsqu’ils furent seuls, et qu’elle se dépêchait de sortir de leur paquetage une couverture. S’ignorant comme souvent, Alecto revenait déjà vers son Maître pour l’éponger.

« Je déteste cet endroit… » Murmura-t-elle, en passant le linge sur les joues détrempées du Démon, comme si elle regrettait déjà l’excitation qui l’avait si bien accompagnée avant de passer les portes de ce maudit camp.

« Que pensez-vous de ce qu’il nous a dit ? Et que voulez-vous exactement à ces gens ? » Sa voix avait été un peu plus nerveuse, peut-être empressée, comme si déjà elle voulait que leurs affaires ici avancent, impatiente de le quitter alors qu’ils venaient d’arriver. 
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le mercredi 09 décembre 2020, 11:12:41
Bien que ce fut désagréable, la pluie et le mauvais temps arrangeaient leurs petites affaires. Les soldats préféraient rester dans leur tente, la visibilité à l'extérieure était mauvaise, les bruits s'étiolaient dans le cliquètement des ondées et les sentinelles s'emmuraient dans une mauvaise humeur qui n'aidait pas à l'attention. Espérons que ces conditions difficiles perdurent. Le petit groupe pataugea un moment, se dirigeant vers leur antre de toile humide. Bien que peu loquace, le soldat qui les guidait laissa échapper une information capitale. Le général Tisza ne serait pas en mesure de les recevoir. Tout reposerait donc sur les épaules du légat Optio. Le premier contact ayant été établi, il leur serait plus facile de préparer un plan. De plus, l'homme paraissait plus terre à terre qu'aurait pu l'être un général d'armée. Cependant, rien n'était à exclure.

Leur tente avait aussi mauvaise mine que les autres. Elle était fraîche, le feu serait difficile à allumer, heureusement les paillasses n'étaient t'elles pas détrempées. La partie basse du camp ressemblait à une marre immonde, eux,  auraient au  moins la chance d'épargner à leurs corps ce traitement épuisant. Dormir mouillé était une torture. Un autre soldat, ou plutôt un gamin vint leur apporter leurs affaires. Rien n'y manquait néanmoins, des traces de boue dans leurs sacoches indiquaient qu'elles avaient été fouillées. Quand à la question des chevaux, Damascus éprouva le même poids dans l'estomac qu'Alecto ressentait. Il perçut son trouble. Cette information perturbait la suite des évènements. En aucun cas, ils ne pourraient se passer de leurs montures. Il s'assit sur une paillasse et réfléchit.


"Oui bien sûr qu'ils les mangeraient, je n'ai vu aucun animal à viande dans le camp. Pas même une vieille carne de bât...."

"En effet, cet endroit est détestable mais il nous est nécessaire d'y rester le temps que l'on trouve ce dont nous avons besoin. Cette armée ne vaut en rien les autres armées de Nexus. L'élite ne se trouve pas là. Stratégiquement, cette position n'est pas prioritaire. La grande forêt vers laquelle nous nous dirigeons est une frontière naturelle redoutable. Nexus aura disposé des troupes aguerries sur d'autres régions plus amènes à être envahies. Il nous aurait été plus difficiles de franchir ces passages là. Ne te fies pas à ce que tu vois, les véritables forces de la cité libre n'ont pas encore été engagées dans le conflit contre Ashnard."


"Voilà ce que nous allons faire Alecto. Bien que cela ne m'enchante pas, nous allons nous séparer, dès à présent. La situation des chevaux m'inquiète, et nous ne pouvons nous passer d'eux. Je vais aller passer la nuit aux écuries et m'assurer que tout aille bien. Toi en revanche, tu auras une mission plus subtile. Profitons que Tisza soit absent et concentrons nous sur Optio. J'ai vu dans sa tente des cartes de la région avec les positions de ses troupes. Une autre indique la route sûre que son armée a empruntée à travers la forêt en se repliant. Il nous la faut. Je n'ai pas pu voir les autres en détails. Tu dois récupérer ces cartes! Non ! Tu dois recopier ces cartes. Les voler éveilleraient leurs soupçons. Fais bien attention à ne pas te faire déceler, j'aurai du mal à vaincre cette multitude pour venir te chercher. Il n'y a pas de temps à perdre, nous nous retrouverons ici demain matin, je garde nos biens les plus précieux avec moi! Prends ce dont tu as besoin avant que je parte."

Le démon posa un baiser sur le front d'Alecto. "Je te fais confiance."

Après s'être perdu trois fois dans le dédale de tentes, il trouva les écuries. Ou plutôt ce qui faisait office d'écuries. Des piquets en bois maintenaient en place des bâches qui, pleines d'eau, pendaient mollement en leur centre. Dessous, leur trois montures renâclaient, seules. Pas d'autres chevaux à proximité. L'arrivée impromptue du démon dérangea un groupe d'hommes qui se tenaient tout près. Ils grommelèrent à son approche, apparemment contrariés qu'il soit là. Il leur adressa un sourire carnassier, la main sur le pommeau de son arme et les remercia pour la garde qu'ils improvisaient auprès de ses montures. Les soldats se retirèrent, le regard mauvais. La nuit serait longue. Damascus chercha un endroit à peu près sec pour se poser et après s'être assuré que les bêtes mange leurs dernière ration d'avoine, il s'assit, couvert de son manteau et observa le rideau de pluie qui obscurcissait le ciel. La nuit serait très longue.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 09 décembre 2020, 13:25:42
Sa besace au côté, Alecto courbait l’échine sous l’averse, recroquevillée sous sa cape de voyage où perlait chaque goutte gelée. Ses bottes étaient crottées et il lui semblait que ses os eux-mêmes seraient bientôt trempés. Elle retrouva avec pleine la tente du Légat, l’absence de soldats dans les allées par ce temps la laissant tourner en rond en se morfondant.

Plus elle avançait, plus il lui était délicat de songer à cette armée miteuse, tant cela la mettait mal à l’aise, même si fort heureusement, les mots de Damascus avaient su la rassurer au sujet de Nexus. Sautant par-dessus des flaques immenses, elle se présenta enfin devant la tente du Légat. Des sons parvenaient difficilement de l’intérieur : il n’était pas seul, ce qui n’arrangeait pas l’Esclave. Mais l’intempérie empêchait de distinguer exactement la teneur de leur propos, alors qu’elle aimait tant épier derrière les portes… Elle s’annonça alors, se raclant la gorge, et ce fut un homme de large stature aux favoris broussailleux mais au font dégarni, le visage buriné par les rides, et l’œil perçant.

Optio s’adoucit lorsqu’il la découvrit, réclamant de son second, Artus, qu’il la laisse entrer rapidement. Elle était congelée et se débarrassa de sa cape détrempée, pendant que le Légat l’approchait d’un brasero qui tentait de réchauffer toute la pièce qui servait de bureau de commandement. Rapidement, Alecto repéra les cartes évoquées par le Démon, mais prit garde à ne pas se faire prendre pendant qu’elle les observait.

Elle n’avait aucune idée de la manière dont elle devait s’y prendre, afin de les recopier. Les voler lui semblait une bien meilleure option, plus facile, et étrangement pour elle, très excitante. Savoir qu’elle pourrait tenter de subtiliser ces documents sous les yeux de leur propriétaire la rendit frémissante, mais ce n’était pas le froid… Oh non, c’était l’envie, l’appel étonnant qui la titillait. Un cadeau du glyphe, ou simplement une vieille pulsion qu’elle n’avait jamais laissé s’exprimer ?

« Les quartiers où nous nous trouvons sont au sec, je voulais venir vous remercier en personne… » Comment l’amadouer, comment détourner leur attention, à tous les deux ? Le Petit Corbeau déglutit, sentant le regard froid du Second posé sans cesse sur celle, méfiant, soucieux. Loin d’être aussi avenant que le Légat. Ce dernier lui servit du vin chaud, et Alecto lui lança alors un visage et un regard des plus reconnaissant… Ce geste parut le troubler, comme si la moindre once de sympathie paraissait le troubler. Pas étonnant, vu l’affreux vétéran qui le suivait, et l’ambiance de mort de son campement.

Il fallait qu’elle ne laisse pas passer cette occasion.

« Et je… Je n’avais pas envie d’être seule. »


- Votre garde du corps ne vous suffit pas ? Grogna immédiatement Artus, coupant la parole à son supérieur. Alecto cilla et esquissa un sourire, en direction d’Optio seulement, d’un air complice.

« Vous conviendrez que la compagnie de dignitaires de votre stature est plus aimable que ce sombre sire peu loquace. »

Elle ressentit à la fois une sorte de piqûre à la poitrine comme si elle venait de blasphémer, et comme si tout à la fois, elle venait de s’alléger d’un poids. Optio ricana, et évidemment Artus pesta entre ses dents quelque chose d’inaudible.

- Quand aurons-nous les largesses de votre marchand ? Aboya de nouveau l’officier dont la présence du Petit Corbeau semblait véritablement le rendre haineux. Un tel déferlement la perturbait, mais le Légat leva une main calme vers lui pour le stopper.

- Quand un contrat sera signé. Artus. Nous n’avons pas pour habitude de faire les choses en dehors des règles.

Le regard glacial du Second fixa les yeux clair d’Alecto comme s’il sondait son âme, et il plissa les paupières en sifflant légèrement. Un tel dégoût la désarçonnait… Optio, lui, paraissait tout au contraire trouver en sa présence un regain d’espoir. Elle se laissa brûler par le vin avant de continuer à avancer ses pions.

« Vos nombreux aides de camp et échansons pourront peut-être rédiger à l’avance ce précieux document, de sorte qu’il n’y ait que la signature du Général à apposer. Mieux vaut ne pas tarder à conclure notre affaire, n’est-ce pas ? »

Le Légat parut gêné, cette fois. Ils n’étaient que deux dans la tente d’ordre, il n’y avait aucun aide de camp. Aucun serviteur, aucun bleu pour les servir. Et ceci n’avait pas échappé au Petit Corbeau, habitué aux hordes d’esclaves autour d’une personne importante. L’air grave, il se laissa à nouveau tomber dans un fauteuil qui grinça… Visiblement, sa façade ne tenait qu’à un fil, exactement comme cette garnison… Il faisait son possible pour tenir bon, pour sauver les apparences. Mais…

Compréhensive, douce et avec un sourire presque maternel, Alecto s’approcha de lui, la tête du soldat à la hauteur de sa poitrine, et posa une main compatissante sur l’épaule qui ne souffrait pas de blessure visible. Artus porta immédiatement la main à la garde de son épée, mais la situation ne paraissait en rien menaçante.

« Laissez-moi écrire pour vous. Hm, voici un bureau en pagaille… » Elle venait de s’installer derrière le petit secrétaire aux nombreuses cartes. Les effleurer la fit frémir de plaisir. Elles étaient à portée de main, mais… Artus ne la lâchait pas des yeux, et désormais, elle percevait également le regard attendri, peut-être désespéré, d’Optio. Elle mit de côté les cartes, en apparence pour les ranger et faire de la place, triant parfaitement celles qui les intéressaient.

Le Second se pencha vers son supérieur et lui murmura quelques mots à l’oreille, et le Légat paru choqué, il se leva et porta une voix moins avenante, fixa le côté de son crâne tondu, sa coiffure élaborée devenue misérable avec la pluie.


- On me rapporte que votre signalement correspond à un couple de bandits qui a semé la mort avec barbarie à plusieurs lieux. Que vous êtes sans doute armée, et mal intentionnée.

Il n’y avait pas grande conviction dans sa voix, mais Artus, lui avait les yeux pétillants de sadisme lorsqu’il la regardait, intensément. Elle savait que son Maître ne lui viendrait pas en aide. Il fallait qu'elle se tire de ce mauvais pas seule.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le mercredi 09 décembre 2020, 21:12:49
L'espace d'un instant, Damascus se dit qu'Alecto devait profiter d'un bon feu approvisionné en bois sec en son honneur, qu'elle devait apprécier le vin fort que le légat avait dut lui servir et que contrairement à lui, elle avait quelque chose à faire. Une pointe dans le bas du dos le força à changer de position et après plusieurs essais, parvint à trouver l'équilibre idéal entre douleur, ennui et lassitude. C'est à dire pas grand-chose de très engageant. La pluie ne paraissait pas vouloir s'atténuer et  le démon espérait que la bâche qui les protégeaient, lui et les chevaux, tiendrait le coup. Rien n'était moins sûr.

Le temps s'écoula lentement et Damascus n'avait aucun repère pour se douter de l'heure qu'il était. Trente minutes auraient pu passées comme deux heures. Malgré le froid et cette maudite pluie, il finit par sombrer dans une torpeur malsaine, demi sommeil où en vérité, ni le corps ni l'esprit ne se reposait. Et du repos, il en avait besoin. Depuis leur départ, il avait peu dormi. Ses périodes de sommeil étaient courtes. Il les alternait avec des heures de veille, assurant leur sécurité.

Une planche craqua, proche de lui. Il ouvrit un œil et sans bouger observa deux ombres s'approcher des chevaux. L'une d'elle tenait un coutelas dont le fil luisait par éclats, tranchant. Les deux hommes, sûrement des soldats chuchotèrent et l'un d'eux s'approcha de la longe de la bête de bât pour la dénouer.


"Il est peut être un peu tard pour vouloir promener mes chevaux." annonça t'il de sa voix métallique qui claqua dans l'obscurité.

Les deux comparses frémirent et détalèrent sans demander leur reste. L'un d'eux s'étala même de tout son long dans la boue après avoir trébucher contre un seau. Le démon se leva pour se dégourdir les jambes et s'approcha des chevaux pour les rassurer de sa présence. Il flatta leurs flancs, caressa leurs naseaux et prit le temps d'accorder à chacun quelques mots agréables. C'était désespérant. Il repensa au verre de vin d'Alecto et s'irrita, morigénant dans son coin. La prochaine fois, elle irait s'occuper des chevaux!

Peu de temps après, brusquement, tous ses sens se mirent en alerte. Une, puis deux, puis plusieurs silhouettes apparurent dans son champ visuel, à la périphérie des écuries de fortune. Il en devinait d'autres, dissimulées dans les ténèbres de la nuit. Ces apparitions fantomatiques étaient toutes armées. Quand l'une d'elle avança, le démon constata qu'il s'agissait d'un soldat à l'air famélique. Tous ces hommes avaient faim, et lui avait trois chevaux.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le mercredi 09 décembre 2020, 22:54:16
Acculée, Alecto garda son calme. Quelque chose venait de se passer en elle, lorsqu’elle avait réaliser qu’elle n’aurait aucun secours de la part d’un tiers. Elle qui avait toujours compté sur des Maîtres pour la guider et lui assurer protection -relative, selon- se retrouvait indépendante. C’était effrayant, mais elle comprenait que ses actes et ses mots seraient son seul salut. Il lui fallait se débrouiller seule. Pour elle-même, par elle-même.

Le Petit Corbeau afficha un visage désolé, et baissa les yeux humblement.

« Vos rapports auront oublié de mentionner que mon garde du corps est, en effet, un être sauvage et taciturne, qui donnerait sa vie pour sauver la mienne. » Elle souleva ses nattes pour montrer son crâne et alors qu’elle s’y était toujours refusé, déclara sans sourciller.

« Nous avons été pris en tenaille par quatre déserteurs de votre armée, l’une m’a attachée, l’autre m’a tondue, et les deux autres… » Elle se tut, baissant la voix de manière théâtrale, mais convaincante, puisque Optio leva la main pour lui interdire d’en dire davantage.

« Sans l’intervention de celui qui me suit, je n’aurais jamais pu vous porter cette chère missive de la part de mon ami Tadéus. » Il n’en fallait pas plus pour assurer au Légat de la légitime défense, mais Artus serrait la mâchoire et les poings, comme s’il regrettait qu’elle s’en tire si bien. Qu’avait-il donc contre elle ? La haine qu’il lui vouait ne sembler trouver aucune origine, et elle ne demeurait pas à l’aise en sa présence.

Il fallait qu’il ne soit plus un obstacle entre l’amabilité du Gradé et les cartes. Aussi était-il l’heure de jouer une carte qu’elle s’était refusé de poser dès son entrée… Ses grands yeux bleus fixèrent Optio, elle esquissa un sourire des plus purs.

« Mais s’il vous faut une preuve que je ne suis pas armée, j’espère qu’elle vous conviendra. » En parlant, elle dénouait les boutons de son corsage déjà bien échancré, et trempé. Ce fut rapide, il n’en restait pas tant que cela… Le Légat fut désarçonné mais visiblement emballé par ce geste, comme une oasis en plein désert. Le Second éructait d’une colère où le dégoût le disputait à la rancœur.

Une fois la chemise béante sur sa poitrine, la Poupée ouvrit les liens de son pantalon, l’abaissant à mi-cuisse en dévoilant son corps nu. Avec autant de soulagement que lorsqu’il avait lu la fausse lettre du Gras, Optio paraissait remercier le Ciel de cette vision, mais restait coi.

La nuit était bien avancée, elle n’avait plus tant de temps que cela pour recopier les cartes, et ne savait toujours pas comment elle s’y prendrait pour les obtenir. Cependant, gagner la parfaite confiance du Légat lui semblait une bonne avancée. Il leva une main, non pas timide, mais plutôt hésitante, vers son sein.
Vraisemblablement, la présence de son Second était moins perturbante que la vision de cette nymphe porteuse de tant de bonnes nouvelles. Faisant un pas pour lui forcer la main, Alecto se surprit à ressentir immédiatement une chaleur diffuse, dès que le soldat empoigna ce globe de chair lourd, délicatement comme s’il ne paraissait pas y croire.


- Légat Octavius Optio, vous n’y pensez pas !

Grogna derrière lui le Second hargneux qui paraissait sur le point d’exploser de fureur. Il fallait désamorcer ce piège rapidement avant qu’il ne soit un véritable problème. L’Esclave ronronna.

« J’en ai un deuxième, ne sois pas jaloux. » Mais Artus cracha au sol.


- Toutes des putains ! Même pas en rêve, trainée. Je ne suis pas aussi crédule que …

Oh, le Légat ne semblait pas assez aveugler par sa poitrine pour ne pas prêter attention au sérieux manquement de son officier. Il se tourna vers lui, lâchant avec regret le téton qu’il était en train de faire rouler entre ses doigts. La peste soit de cet Artus ! Alecto, aussi prestement qu’un pantalon au milieu des jambes le lui permettait, se mit entre eux deux, offrant sans doute au caractériel et misogyne Second une vue dégoûtante que ses fesses nues.

« Occupons-nous de lui, il a été un très vilain soldat… »

Elle se sentant de plus en plus à l’aise dans son rôle, mentait avec aisance, à son plus grand étonnement. C’était grisant… Et… les caresses du Légat l’avait, elle devait l’avouer, mise en appétit, la troublant. Dans sa poitrine, le glyphe vibrait imperceptiblement.

Octavius Optio se prit au jeu, visiblement excité par la situation, et parfaitement ferré. Il avait fait preuve d’abstinence depuis trop longtemps, et vu la situation, il serait soit mort, soit malade, soit pendu bientôt… Une nuit de débauche était une modeste lueur d’espoir…
Avec l’aide du Légat, Alecto attacha alors le Second à un fauteuil. Il ne se laissa pas faire, et voulut crier, au point que le Petit Corbeau lui enfonça un morceau de tissu humide dans la bouche en lui susurrant des mots doux à l’oreille.

« Ne t’en fais pas, tu ne seras pas en reste, mais la primeur revient à ton Supérieur. »

Pourquoi cette situation l’excitait-elle autant ? Elle s’étonnait de ses mots, de ses actes… Agir sans craindre d’être jugée par un Maître était une euphorie nouvelle, qu’elle croquait à pleines dents.

Artus gigotait, mais ce fut Octavius qui, libéré des grommellements de son Second, ne put plus attendre. L’homme froid et droit se transforma dès qu’il fut assurer qu’Artus ne tenterait rien, en lui sautant à la gorge pour lui dévorer le cou, ses mains palpant sa chair avec avidité. Mais le Militaire était visiblement empressé, trop au goût d’Alecto qui avait envie de ses attentions, et qui grogna lorsque l’homme la retourna, la pliant en deux pour affaler sa joue contre le secrétaire et la prendre subitement sans autre forme de tendresse.

Ses coups de reins du Gradé étaient pourtant délicieux. Loin d’être aussi sauvage que les assauts infernaux de Damascus, mais un simple humain ne pourrait rivaliser… Non, il était acharné, pourtant, et très expressif. C’était… Enivrant. Il gémissait, complimentant ses hanches et la forme de son postérieur qu’il jugeait même de divin. Il parlait, parlait… Quel bavard, et plus il discourait, plus la tête du petit Corbeau frottait contre les cartes, de plus en plus fort, de plus en plus vite.

Et le tout, sous le regard d’Artus qui exprimait la profonde aversion qu’il avait pour elle. Du coin de l’œil, elle le voyait tenter de bouger, écœuré et furieux… Et elle fut prise de surprise par un orgasme puissant, incontrôlable, qui convulsa tout entière, en hurlant dans un râle rauque et profond.

Rendu fou par l’extase de la jeune femme, Optio se répandit en elle, ne contrôlant plus rien, lâchant un soupir presque ridicule, et se retira d’elle en reculant comme un homme hagard mais bienheureux. Alecto prit quelques instants pour se remettre. Ses yeux se tournèrent vers le Second qui avait presque l’air paniqué, cependant qu’elle essuyait ses cuisses luisantes d’un linge, où gouttait déjà la semence de son Supérieur. 

« A ton tour. » Lui sourit-elle.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le jeudi 10 décembre 2020, 22:28:53
Il faisait déjà froid cette nuit-là mais soudainement, l'air devint glacé à mesure que la tension montait autour des chevaux. Damascus avait dénombré une trentaine de gaillards évoluant dans les ténèbres nocturnes. Les soldats affamés marchaient en cercle autour de la petite élévation où se trouvaient les écuries de fortune. Prudents, ils évaluaient la menace. L'homme qui se tenait entre eux et leur éventuel repas avait tout l'air d'un guerrier, et la lame qui pendait à sa hanche était de taille respectable. Bien qu'ils fussent munis d'armes simples, ils avaient pour eux le nombre et la convoitise d'un rôti de cheval bien juteux les rendaient hargneux.

Le démon savait que la situation lui échapperait d'une manière ou d'une autre mais rien qu'à l'idée de céder un pouce de terrain à ses parasites, son essence maléfique se révoltait. Se replier ou faire le jeu d'un adversaire ne lui posait aucun problème, quand le bénéfice en était gagnant. En revanche, penser à s'incliner dans ses conditions le hérissait furieusement.

Il dégaina son épée qui crissa en glissant hors de son fourreau, murmure annonciateur de mort et promesse de boucherie. Il pointa sa lame à l'horizontale, prolongement mortel de son bras et suivant le mouvement de ronde des soldats, les désigna un à un. Le message était clair. Il faudrait se battre pour manger. Son sang bouillait dans ses veines, quémandant la violence du combat.


"Je ne suis pas sûr que l'un d'entre vous veuille mourir ce soir."

Les soudards s'immobilisèrent, certains se concertèrent. L'un deux s'avança, aussi épais qu'un chêne, chauve et recouvert d'une cotte de maille rouillée. Il tenait entre ses gros doigts une lance de 8 bons pieds à la pointe aiguisée. Il parla d'une voix sourde.

"En effet monseigneur, aucun d'entre nous ne souhaite trépasser cette nuit, tout comme vous. Notre curiosité nous poussait juste à venir voir si l'une de ces montures étaient à vendre. Nous pourrions payer avec ... du bon acier de Nexus."

Il tapota le fer de sa lance avec affection tandis que tous resserraient leur étau autour des deux hommes. Damascus sourit cruellement, cette réponse engageait un processus qui offrirait aux Enfers de nouvelles âmes à torturer. L'homme ajouta cependant.

"Nous ne doutons pas de votre maitrise du combat à l'épée, monseigneur, aussi nous sommes nous parés, nous aussi, de nos meilleures armes. En ce moment, un groupe identique au mien se tient près de la tente du légat Optio. Si jamais l'un de nous meurt, votre jolie donzelle aura les mains tranchées et les yeux crevés. C'est aussi simple que ça."


Le démon serra les dents. La tentation de décapiter cette ordure était forte mais il fallait reconnaitre que cet homme avait bien ficelé son plan. Observation, analyse, action, victoire. Damascus fit un immense effort de volonté pour résister à ce que son être lui hurlait d'accomplir. Il en tremblait de rage, ce qui fit sourire son agresseur qui lui fit un petit geste désolé.

"Il va falloir faire vite monseigneur, nous avons faim. Vous pourrez fulminer plus tard."

Les rangs se resserraient plus encore, nombreux étaient ceux qui portaient une arme longue, désavantage majeur pour le démon. Quand il capitula, son teint albâtre avait presque viré au vert.

"Un seul cheval ! Si tu refuses, elle mourra mais toi aussi."

Le soldat se fendit d'une révérence.

"Je savais que nous trouverions un terrain d'entente. Nous sommes nombreux, il faut beaucoup de viande."

Le chef du groupe fit un geste et ses hommes firent quelques pas en arrière, indiquant une trêve. Damascus rengaina son arme et sans hésitation, se dirigea vers la bête de bât, la plus dodue. C'était une perte irremplaçable mais des trois chevaux, le seul sacrifiable. Il la désigna aux crèves-la-faim et récupéra l' harnachement et les sacoches vides, leur contenu étant dans la tente. Bien qu'inutile sans cheval, il ne laisserait pas cet équipement à ces pouilleux. Sans un regard pour les autres, il détacha ses deux autres montures et les entraina avec lui pour rejoindre la tente mise à disposition par Optio. Il ne l'avait pas atteinte qu'un hennissement de terreur retentit, suivit d'une ovation joyeuse.  Damascus vivait une humiliation comme il n'en avait pas enduré depuis des éons.

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 10 décembre 2020, 23:38:43
Alors que le Légat se remettait difficilement de ses émotions, Alecto s’était agenouillée au pied du Second, dont le buste était attaché à un fauteuil légèrement plus confortable que ceux qui se trouvaient dans la tente qu’on lui avait mis à disposition. Toujours bâillonné, l’homme se débattait avec une farouche haine dans le regard, ses pupilles étaient deux billes rondes et noires lui lançant des éclairs…

Pourtant, électrisée par le plaisir qu’elle venait de prendre en pleine figure à la manière d’un raz-de-marée, le Petit Corbeau ressentait une sorte d’envie malsaine de faire bouillir cet immonde Artus. Parce qu’il l’avait insultée. Insultée de Putain. Et qu’il fallait que l’un paie pour avoir user, encore, de cette vulgarité envers elle, en souillant sa vertu. Vertu assez faible, actuellement, il fallait l’avouer, cependant qu’elle ouvrait le pantalon du bougre qui pestait en panique dans son bâillon.

Elle n’entendait pas ce qu’il disait réellement, mais cela ressemblait à des promesses de mort. Et Alecto se sentit puissante… C’était la seconde fois qu’elle ressentait l’envie perverse de posséder un homme qui ne pouvait pas réagir, et qui n’aurait pas son mot à dire, loin de là. Artus ne l’excitait pas en tant que mâle, le sexe qui pendait désormais entre ses jambes ne l’attirait pas, non… C’était comme un désir puissant de domination.

Le regard du Petit Corbeau scintilla de malice lorsqu’elle le prit en bouche, s’acharna de longues minutes…
Mais le membre restait mou et flasque.

Elle fronça les sourcils, cracha dans sa main, et l’astiqua avec une vigueur qui trahissait son agacement. Mais rien n’y faisait. Pire encore, Artus se mettait à ricaner en baragouinant des insultes. Elle se redressa, et la gifle siffla sur la joue mal rasée du Second.

« La ferme ! » Gronda-t-elle, mais il était hilare, et il riait en faisant balloter un membre toujours aussi serein. Véritablement dégoûté par sa présence. Elle n’avait aucune emprise sur lui… Alors que tous les hommes avaient eu, de près ou de loin, quelques envies en la voyant. Alecto déglutit, et aurait réitérer une baffe si le Légat, derrière elle, n’était pas venu se coller contre ses fesses. Au contraire de l’Officier, le Supérieur était, lui, très excité de nouveau.

Elle grogna, rendue bougon par l’humiliation, sans une once de désir désormais pour Optio, mais l’homme n’était pas de cet avis, et se frottait à elle avec insistance. Alecto peinait à réfléchir, tant la colère tapait à ses tempes. Il lui fallait du temps, et du calme. Luxe qu’elle n’eut pas, les épaisses mains du soldat passait le long de ses côtes, pour palper ses seins.

Elle allait le repousser nerveusement quand une violente douleur lui vrilla le tibia, la faisant se plier en deux sous le choc, pour se prendre un magistral coup de pied dans la mâchoire. Artus face à elle venait de trouver le moment opportun pour lui asséner de vifs coups de bottes, se relevant en cherchant à se défaire de ses liens comme un forcené.

Tombant à la renverse après l’attaque cinglante, Alecto échoua sur le Légat qui fut entraîné dans sa chute. Cependant, là où le Gradé offrit un atterrissage plus doux à l’Esclave, Octavius rencontra le coin du secrétaire, et dans un bruit sec, s’effondra, inerte.

Cet incident passa pourtant inaperçu pour le Petit Corbeau, qui se releva avec difficulté, rendue moins adroite par son pantalon à mi-cuisse, mais obligée de bouger afin d’éviter d’autres coups de pieds agressifs et fort heureusement rendus chaotiques par la rage de son assaillant. Elle voulut reculer, mais fut déstabilisée par le corps d’Optio, et dans un réflexe de survie, Artus ayant fini par briser ses liens et se jetant sur elle, Alecto dégaina le gladius du Légat au sol, qu’elle pointa droit devant elle.

En une seconde, les grognements du Second cessèrent. Embroché à la courte lame, son poids lui fit lâcher le pommeau et elle se retrouva, presque nue, entourée de deux gisants.

Sa première pensée fut de fuir, mais elle se souvint des cartes. Tentant de ne pas céder à la panique, encore galvanisée par l’adrénaline de cette attaque, Alecto se rhabilla à la hâte, et contourna le petit bureau, pour dérouler un grand morceau de parchemin. D’une main tremblante, elle superposa les documents et recopia sur la feuille vierge les lignes et contours du dessous.
Ce n’était en rien les meilleures conditions pour qu’elle cartographie correctement, mais il faudrait s’en contenter. Au dehors, un hennissement lui glaça le sang, la perturbant, laissant une tache se former sur le parchemin qui buvait l’encre. Malgré tout, elle transcrivit de manière plus ou moins lisible les éléments demandés…

Les documents roulés furent mis à l’abri dans son corsage, et elle prit le temps d’observer les deux hommes immobiles. Optio respirait toujours, mais perdait beaucoup de sang à l’arrière du crâne… La jeune femme fut prise de terribles remords, et eut un haut-le-cœur. Mais elle n’avait ni la place, ni le temps pour la pitié. C’était elle ou eux. Et le Petit Corbeau avait une mission… Et il ne faudrait pas longtemps avant que quelqu’un n’entre ici et constate ce qui c’était passé. Si on l’avait vue entrer chez le Légat, elle serait rapidement accusée… Il fallait agir vite.

Ses pas revinrent vers le secrétaire, qu’elle pilla : une bourse d’or, des lettres de marque, un ordre de mission, un sceau militaire, un compas et une petite boîte qui contenait du tabac. L’air grave, elle se pencha sur Octavius, posa un baiser sur ses tempes en s’excusant à mi-voix, et d’un net mouvement du pied, fit basculer le brasero. Les charbons ardents se déversèrent sur les tapis et les pans de tissus de la tente, les flammes se propageaient rapidement…

Dès lors, elle s’enfuit sans demander son reste, entendant déjà les cris et alertes au feu. Même sous l’averse, alimenté de la sorte, l’incendie serait pénible et causerait des dégâts irréparables… La cohue fut telle, que personne ne se soucia d’elle, et alors que le soleil semblait prêt à se lever, Alecto courut dans la boue, jusqu’à leur tente.

Un point de côté lui lacérait le ventre quand elle s’en approcha, à bout de souffle, avec son butin qui brinquebalait. Sa mâchoire la faisait atrocement souffrir, elle saignait et aurait un imposant hématome, mais elle avait sauvé sa peau. Du moins, pour le moment. Quand elle aperçut Damascus se diriger vers elle, tenant par la bride leur deux montures, elle ne réalisa pas qu’il en manquait une, et accéléra pour le rejoindre, en nage.

« Il… il faut partir, Messire. J’ai… » L’odeur accompagnait les cendres qui se déversaient avec la pluie en collant à la peau, et soudain, des cris plus haut se firent entendre, très nettement.


- Mutinerie !
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le vendredi 11 décembre 2020, 17:52:27
Damascus prit de plein fouet la petite poupée qui se jeta dans ses bras. Sous le choc, ils dérapèrent dans la boue et il se retrouva assit dans une mare terreuse avec Alecto sur les cuisses. Elle avait le visage marqué et parlait difficilement.

"Arrête ! Fais moi voir !"

Il la prit par le menton et observa son visage. Ca irait pour l'instant.

"Tu as ce qu'il nous faut ? ..... Qu'as tu fait ?"

A sa réponse il éclata de rire.

"Petit corbeau des tempêtes hein ? Bon, il ne faut pas traîner ici."

Le camp autour d'eux entrait en ébullition. Les soldats jaillissaient des tentes, armes en mains. La pluie battante avait couverte la clarté des cris aussi ne savaient-ils pas s'il s'agissait d'une attaque ennemie ou d'un quelconque autre drame. La confusion était complète. Un homme passa en courant près d'eux et faillit les embrocher avec sa hallebarde. Pour ne pas arranger les choses, la pluie redoubla et ils furent instantanément réduits à l'état de serpillère. le démon hurla pour se faire entendre.

"On charge ce qu'on peut sur les chevaux et on file!"


Un éclair zébra le ciel suivi d'un deuxième plus proche. Un piquet de leur tente céda sous le poids de l'eau accumulée dans le dais et leur abri s'effondra en un tas de toile informe. Dessous, damascus récupéra ce qu'il put en jurant et se débattant. Quand il eut retiré tout leur barda, il constata comme il le craignait qu'ils ne pourraient pas tout emporté. Lui pouvait vivre avec peu de choses mais Alecto le pourrait-elle ?

La diction gênée par la pluie frappant ses lèvres, il colla sa bouche contre l'oreille d'Alecto.

"Nous n'avons plus que deux chevaux, choisis ce qu'on prend avec nous !"



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Possibilité d'emport : 55 points maximum

- 1 couverture de voyage : 10 pts
- 2 nattes : 2 x 5 pts
- 8 outres d'eau (1 outre/jour pour deux personnes) 8 x 2 pts
- 8 rations quotidiennes (1 ration/homme/jour) 8 x 2 pts
- 4 rations d'avoine pour les chevaux (1 ration/cheval/jour) : 4 x 2 pts
- 2 lourds manteaux de voyage : 2 x 4 pts
-  Nécessaire à feu : 5 pts
- Ustensiles de cuisson : 4 pts
- Toile étanche 3m sur 3m : 8 pts
- Effets de rechange : 6 pts
- Piquets de bâche : 4 pts



Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 11 décembre 2020, 20:39:46
A bout de souffle, et se laissant gagner par la panique, Alecto grimaça dès que le Démon lui releva le visage. Sa mâchoire était gonflée et le sang peinait à sécher dans cette averse torrentielle, mais la seule information importante restait à lui délivrer.

« Oui, oui, j’ai les cartes ! » Fit-elle avec un demi-sourire rendu gauche par l’ankylose de sa joue. Et dans le chaos ambiant, chercha à résumer au mieux… mais étrangement, elle se sentait honteuse.

« J’ai mis le feu au camp… c’est euh… Je n’ai pas eu le choix, je vous jure. Mais je crois que le Légat, et aussi son Second, sont morts. Enfin. Le Second, c’est sûr. » Elle fronça le nez quand Damascus éclata d’un rire enjoué, comme si toute cette pagaille n’était pas un drame. Ce qui la rassura, en réalité.

Comme il n’était pas temps d’en rire ensemble, et qu’elle sursautait à chaque hurlement ou course d’un groupe de mutins dans cette guérilla anarchique, il ne lui fallut pas le lui répéter deux fois, et elle se mit en branle. Les éléments se déchainaient, laissant les deux voyageurs dans un état misérable et Alecto n’eut pas le temps de demander la raison pour laquelle ils n’avaient plus que leurs deux montures.

Ce détail l’ennuya, trempée, pataugeant, alors qu’elle rassemblait leurs affaires à la hâte sans réussir à faire de choix. Elle avait fourré dans sa besace ces trésors et aurait tout le temps plus tard d’avertir son Maître de ses petites trouvailles, en attendant, elle restait perplexe face à la quantité de possessions qu’ils devraient laisser derrière eux.

Il lui sembla impossible de voyager sans couvertures ni manteaux, et elle se refusait à laisser de côté les vêtements qu’ils avaient acheté ensemble à Nexus pour préparer ce périple. Quant aux outres et aux rations, c’était indispensable, évidemment : elle ne savait pas chasser et n’avait pas le talent nécessaire pour se nourrir par elle-même avec ce qu’ils trouveraient sur la route. Le bien-être de leurs serviables montures lui paraissant important, elle garda avec elle l’avoine qui leur plaisait tant. D’autant que les Contrées du Chaos ne vendaient aucun rêve culinaire, ni pour les bêtes, ni pour eux, dans son imaginaire. Et comme elle grelottait sous la pluie, impossible de se passer d’un nécessaire à feu, ça non.

Avec horreur, elle constata cependant que tout ceci représentait bien trop de volume et de poids pour leurs chevaux et paniqua. Adieux les couvertures de voyage, elle les poussa sur le côté, estimant qu’ils dormiraient sous le gros et chaud manteau. Un soupir de regret lui serrait le cœur, mais il était temps de déguerpir, autour d’eux le campement était mis à sac, à feu et à sang, et il ne faudrait pas longtemps pour qu’on les prenne à partie.

Elle harnacha au mieux sa jument que l’atmosphère rendait nerveuse, raclant la boue de son sabot. Même cette bête docile semblait avoir vécu une soirée hors du commun… Alecto caressa son encolure trempée où ruisselait la pluie drue en tentant de la calmer. S’enroulant dans son épais manteau, les cartes toujours bien à l’abri entre sa peau et son corsage, le Petit Corbeau grimpa en selle. Il était temps de s’enfuir, et pour cela, il faudrait talonner leurs destriers et rester bien en place : pas question de tomber maintenant. Au moins l’eau gelée apaisait sa mâchoire…

Sans un regard en arrière, ils prirent donc la fuite, laissant derrière eux bien plus que ce qu’ils avaient réellement perdu. Mais au moins, ils avaient ce qu’ils étaient venu chercher.

Il fallut galoper de nuit, sous l’orage, ce qui n’était en aucun cas une excellente idée. A chaque éclair, le Petit Corbeau sursautait, voutée sur sa jument pour éviter autant que possible la pluie qui battait son visage, l’empêchant de voir quoi que ce soit. En réalité, elle ignorait totalement la direction qu’ils prenaient, mais quand ils atteignirent, des heures après que la lueur des flammes de la garnison eut disparues derrière eux, un bosquet famélique, elle le vit comme la plus salvatrice des options.

Ce serait moins pire, du moins.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le samedi 12 décembre 2020, 23:57:22
Ils avaient pris des risques insensés. Chevaucher sous cet orage avait été d'une bêtise crasse mais ils n'avaient pas eu le choix. Ils s'étaient extirpés du camp avec le plus grand mal. Le matin se lèverai sur un monceau de cadavres. Comme il le pensait, une petite étincelle avait suffit à déclencher ce déchainement de violence. Etre aux milieu d'un camp d'une armée en pleine rébellion était comme s'asseoir sur les couilles d'un dragon, très dangereux. Et la petite étincelle en question était à ses côtés, dans le même état que lui. Alecto s'en était bien sortit, heureusement. Il éprouva une pointe de fierté, sentiment très égoïste en l'instant.

Le ciel était déchaîné. Les intervalles entre les claquements des éclairs se rapprochaient, la pluie était plus dense, c'était une véritable apocalypse qui s'abattait sur eux. Les deux échappés erraient presque au hasard. Damascus craignait un drame. Qu'un cheval se brise une patte ou que l'un d'eux tombe et se rompe le cou, la situation devenait critique. Le bosquet qu'ils devinèrent dans le rideau d'eau fut la meilleure chose qui puisse leur arriver mais ils déchantèrent vite. Les arbres fins et parsemés n'offriraient aucune protection et quand un éclair frappa et enflamma une souche à quelques dizaines de mètres, il fut évident qu'ils ne resteraient pas là, ils devaient continuer. Damascus guida sa monture contre le flanc de celle d'Alecto et hurla pour se faire entendre.


"On ne peut pas rester là !!!! Ca ne servirait à rien, il faut qu'on avance. Demain, ils nous chercheront!!!"

Même si les chances de les retrouver étaient nulles, le démon cherchait à s'éloigner le plus possible des forces de Nexus.

Quand ils sortirent du bosquet, ils s'immobilisèrent. A une centaine de mètres devant eux s'élevait la plus grande forêt du territoire. Sa lisière noire s'étirait dans la nuit, rempart végétal hostile et frontière naturelle de la cité libre.


"Nous y sommes, il faut y trouver refuge et attendre le jour !!"

Le démon descendit de selle et invita Alecto à en faire autant. Tenant les rênes courts, ils traversèrent l'espace restant à pied. L'orage gronda plus fort encore, comme furieux de perdre deux victimes de sa colère. Dès qu'ils passèrent la première ligne d'arbres, l'atmosphère fut tout autre. La forêt endormie contenait le vacarme de l'orage loin, au dessus leur tête. L'air était lourd et oppressant et aucun bruit naturel ne perturbait le silence pesant. Il émanait de cette forêt une impression d'immobilité éternelle comme si tout ce qu'ils voyaient ou devinaient avait toujours été là. Etrangement, la pluie aussi ne passait pas les hautes couches de feuillage, ruisselant sûrement le long des troncs par des voies invisibles. Seules quelques gouttes s'écrasaient sur l'épaisse couche de feuilles sèches qui tapissait le sol. C'était une forêt ancienne et les troncs des arbres étaient aussi gros et tortueux que des citadelles humaines. Sous cette démesure, les racines s'entrelaçaient, émergeant de la terre et formant des arches et des architectures complexes.

Les deux aventuriers s'engagèrent dans ce dédale végétal et très rapidement, Damascus trouva un endroit qui lui convenait. Nichée dans le creux d'un tronc, une cavité naturelle pouvait abriter les chevaux qui trop heureux de se retrouver au calme et protégés de l'eau froide se laissèrent faire sans bruit. Une fois les montures déharnachées, Damascus et Alecto les frottèrent à l'aide de grosses feuilles sèches. Preuve de l'épuisement des bêtes, celles-ci se couchèrent, chose qu'elles ne faisaient que très rarement.


"Nous ne ferons pas de feu Alecto, changeons nous et viens près de moi."


Quand ce fut fait, le démon avait amassé suffisamment de feuillage séché pour les isoler du sol. L'un contre l'autre, ils se couvrirent de leur manteaux et se réchauffèrent comme ils le purent de cette manière.

"Dormons! Nous ne monterons pas la garde, qu'importe, nous sommes épuisés. Récupérons et perdons du temps pour mieux repartir. Demain, je t'expliquerai où nous sommes."
 
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 13 décembre 2020, 00:37:02
Alecto masqua la déception de ne pas s’arrêter au plus vite dans ce miteux bosquet, mais le tonnerre et surtout le départ de feu furent assez convainquant ; d’autant que dans ces conditions et son état, le Petit Corbeau était tout disposé à obéir aveuglément à son Maître. Il fallait avouer qu’elle se sentait étrange, l’adrénaline retombant déjà et la laissant trop sensible à tout ce qui se passait autour d’elle. Affaiblie, elle crut pleurer quand il fallut continuer à chevaucher sous l’orage qui la terrifiait, mais tint bon.

Mais ils avaient bien fait de prolonger leurs efforts, et dès qu’ils franchirent la frontière de cette forêt ancestrale, l’Esclave se sentit étrange. Rassurée, évidemment, puisque les bruits des éléments qui se déchaînaient avaient miraculeusement stoppés, mais aussi lourde et mal à l’aise. Le silence était pesant et soudain, elle se sentait totalement étrangère à ce lieu… Et pour cause, sortir de Nexus était une grande première, cet endroit l’impressionnait, dans une dimension mystique.

Suivant le Démon comme son ombre en frissonnant, l’abri que leur offrit la souche lui tira une larme, épuisée. Le contre-coup fut brutal, elle qui espérait un bon feu pour réchauffer ses os trempés, et elle en aurait pleuré de désespoir si la fin de sa phrase n’avait pas été salvatrice. La simple perspective de se retrouver contre Damascus lui donna l’énergie suffisante pour se dévêtir, étendre ce qui étaient des serpillères désormais pour espérer qu’ils sèchent un peu, et mettre à l’abri les précieuses cartes.

Alecto faisait peine à voir, avec sa mâchoire qui gonflait et ses cheveux collant à son crâne comme son front, lorsqu’elle rejoignit son Maître pour se blottir dans ses bras en serpentant sous les épais manteaux de voyage. Ses bras l’enlacèrent avec conviction, et son contact l’apaisa. Elle avait envie de pleurer. Elle ne savait pas exactement pour quelles raisons : avoir de nouveau tué un homme, au moins, entraîner la mort d’autres, et peut-être Optio qui s’était montré gentil avec elle. Pour avoir charmé avec insolence et d’avoir éprouvé un plaisir pervers à se faire épier par un homme qu’elle avait ligoté juste avant ? Pour s’être fait humilier par Artus, puis battre ? Pour avoir mis le feu à une garnison de sa Nation ?
Pour avoir accompli la mission donnée par son Démon adoré, sans démériter, se surpassant et allant au-delà de ses limites pour lui plaire ?

« Je… Je peux monter la g… » La voix molle et éreintée du Petit Corbeau n’était pas nette et à mesure qu’elle parlait, ses paupières se fermaient. Alors qu’elle sombrait dans un sommeil lourd et sans rêve, ses doigts agrippèrent Damascus comme pour lui interdire de s’éloigner.

Elle dormit longtemps. Du moins était-ce l’impression qu’elle avait. Et quand on l’éveilla, ses sourcils se froncèrent pour bougonner, lançant les épaules pour se dégager et repousser quiconque la dérangeait dans ce délicieux sommeil. Encore cinq minutes.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le dimanche 13 décembre 2020, 22:35:48
Le démon ne put deviner l'heure qu'il était quand il s'éveilla. Dans cette forêt, les sens étaient perturbés et les repères tronqués. En revanche, ce qu'il ressentait bien, c'était son estomac hurlant famine. Le grognement de protestation qui s'en échappa rappelait qu'il n'avait pas mangé depuis un moment. Alecto dormait toujours. Damascus se décolla d'elle et se leva pour s'étirer. Il se sentait presque bien, ils avaient dut dormir de nombreuses heures. Les chevaux attendait calmement, debout . Ils avaient déjà rongé les mousses épaisses qui poussaient, bien tendres, dans leur abri. Leur attitude  indiquait une proximité relativement sûre. Un danger les aurait agités.

Le démon fit un inventaire rapide de leurs possessions. Alecto avait privilégié l'approvisionnement et elle avait bien fait. La traversée de cette forêt prendrait du temps et il ne comptait pas se nourrir d'écorce et de glands. Le tour de leur abri ne lui apprit pas grand chose. Il faisait clair à présent bien que la clarté soit réduite par l'épaisseur du feuillage très haut au dessus de leur tête. Des quelques  pas qu'il fit pour découvrir les environs, il constata qu'ils s'étaient aventurés dans un gigantesque entrelac d'arbres énormes dont les branches et les racines s'entremêlaient sauvagement. La démesure de ce décor frappait l'esprit. Au sol, l'air était tiède, cela expliquait pourquoi ils avaient si bien put dormir.

Alecto dormait toujours. La jeune femme avait payé cher l'obtention des cartes. Il était temps qu'elle se lève. Damascus s'accroupit à ses côtés et repoussa un pan du manteau pour libérer son visage. Une ecchymose violacée marquait son profil. Ce ne serait pas la dernière. Il effleura sa joue.

"Alecto, il est temps de te lever, si tu continues comme ça, on te retrouvera toute sèche dans quelques dizaines d'années."

Pendant qu'elle se préparait, il observa attentivement les cartes.

"Tu as fait un travail remarquable" lanca t'il. "Viens voir"

Il déplia la carte au sol.

"Regarde bien, le camp de Nexus est là et la route qui mène à la forêt ici. Nous ne l'avons pas atteinte donc je pense que nous avons coupé par là. Je ne sais pas précisément où nous sommes mais pour essayer de trouver ce chemin que l'armée a emprunté en se repliant, il est plus sage de revenir vers la lisière et la suivre jusqu'à ... cette ruine, là, en bordure! Nous resterons en retrait de la lisière pour bénéficier de la protection des arbres. Si les mutins nous recherchent, autant les éviter. Allez, préparons nous."

Il s'occupa des chevaux mais sans les nourrir. Encore tout près de la plaine verdoyante, ils essaieraient de leur trouver un coin pour brouter, et par la même, économiser les rations d'avoine.

Le ciel s'était apparemment dégagé, enfin!

Alecto terminait d'accrocher une sacoche à sa selle quand il se glissa derrière elle, la prenant par les hanches. Il l'embrassa dans le cou et reprenant son air de mercenaire narquois, le même que lorsqu'ils s'étaient rencontrés la première fois, il lui glissa :


"Tu sais que tu es excitante, toute abimée que tu es? Une vraie guerrière qui a fait ses preuves ! On ne devrait pas partir que je te prendrai ici sans aucune retenue."

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 13 décembre 2020, 23:22:33
Alecto avait froncé les sourcils et bougonné, tentant vainement de récupérer la chaude couverture que constituait son manteau. Elle se sentait bien trop apaisée dans la moiteur de leur abri, avec le silence naturel pour lui garantir la sérénité… Mais la voix de Damascus la tira de cet état de torpeur, et à contre-cœur, le Petit Corbeau se redressa, comme on déplie une vieille veste fripée par les ans. Des courbatures se rappelèrent à son bon souvenir, et elle grimaça, avant de bailler en approchant de la carte qu’elle avait recopié.

A la lumière du jour, elle trouva son trait bien trop brouillon, et il y avait des taches d’encres disgracieuses… Mais elle souvenait parfaitement des conditions dans lesquelles elle avait tracé ces lignes, et estima le résultat chanceux. Et puis, le compliment de son Maître valait tout l’or du monde… Elle en tira une fierté qui lui chauffa les joues, la rendant immédiatement guillerette. Et lui donnant la force de se lever complètement et attaquer cette journée sous les meilleurs auspices.

Visiblement, leur objectif était une ruine et ils allaient profiter du couvert de cette forêt extraordinaire… Levant le nez au faîte des gigantesques arbres qui la constituaient, Alecto se sentit minuscule et insignifiante. Vulnérable, aussi.
Mais, allons, elle cilla et se remit au travail.

L’Esclave avait hâte de révéler au Démon l’étendue des trésors qu’elle avait emportée, en plus des précieuses cartes, de la garnison militaire. En réalité, elle s’imaginait déjà combien il serait fier d’elle, et par anticipation, en songe pendant qu’elle repliait manteaux et paquetages, se sentait prise d’une émotion délicieuse, mêlant l’orgueil et la passion. L’idée même de satisfaire Damascus la laissait toujours autant béate d’adoration, une sorte de plénitude comme elle l’avait connu autrefois dans des moments de communions dogmatiques.

Elle sanglait fermement un bagage à la selle de sa jument lorsqu’elle sursauta du contact du Démon contre son dos. Son baiser la fit frémir et fondre bien trop vite pour ne pas attester d’une emprise déjà tout acquise. Et cette voix… qui lui souffla à l’oreille si proche, la rendant folle…
Damascus soufflait clairement sur des braises déjà bien prises, attisant le feu, pour l’éteindre en quelques mots. Elle se mordit la lèvre, fermant les yeux en restant immobile.

« Vous… » La respiration infernale fit remonter un frisson le long de sa colonne vertébrale, l’ébranlant avec délice, alors qu’elle n’arrivait pas à savoir ce qu’elle devait faire. « Vous êtes… fier de moi ? » Murmura le Petit Corbeau, qui rien qu’à prononcer cette phrase, laissa échapper un gémissement.

C’eut été risible de voir l’état d’émoi dans lequel elle était plongée instantanément, alors que Damascus n’avait fait que chuchoter à son oreille en se collant à elle. Contrairement à leur première rencontre, Alecto était bien différente, et lui était totalement attachée. Il en résultait un attrait irrésistible qu’elle ne savait décrire ou expliquer. Les jointures de ses doigts blanchirent quand elle serra bien fort la sangle de la sacoche pour se raccrocher à la réalité.

« Si nous… si nous ne partions pas tout de suite… Nous hm… nous serions rattrapés plus facilement par. Par les mutins. Ce. » Elle ferma les yeux pour se concentrer. « Ce serait dommageable pour notre sécurité. » Ils avaient parfaitement raison : il était in-dis-pen-sable de partir sur le champ. Leurs bagages étaient harnachés, les chevaux prêts, il ne manquait plus que les cavaliers… Il aurait été terriblement imprudent de céder à leurs pulsions.

Mais lentement, aux antipodes de ce qu’elle venait d’articuler avec peine, elle se cambrait pour rencontrer son bassin… Si sa raison avait parlé, son corps, lui était loin d’être de son avis.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le mardi 15 décembre 2020, 12:45:47
"Oui ce serait dommageable pour notre sécurité en effet."

Le démon mesurait le désir d'Alecto et s'en voyait satisfait. Bien que lui aussi aurait voulu repousser leur départ d'au moins une heure, ils devaient continuer.

"Peut être ce soir me montreras-tu comment tu t'y es prise pour t'accaparer ces cartes et moi en retour pourrais-je te montrer comme je suis fier de ta réussite."

Il palpa le fessier de la jeune femme et dans un effort de volonté se décolla d'elle. Il lui jeta un regard de braise où elle pouvait lire tout ce qu'il avait envie de lui faire.

La forêt était toujours aussi silencieuse quand ils se mirent en route. Le gigantisme des végétaux leur permettait d'évoluer à cheval sans difficultés. De jour, l'endroit était moins effrayant que la nuit bien qu'un climat pesant les accompagne tout du long. A l'orée de la forêt, ils découvrirent le découvert par où ils étaient arrivés. L'orage avait inondé les creux et couché les hautes herbes. Aucun soldat de Nexus n'était en vue. Ils longèrent la lisière aisément, gardant la protection des premières lignes d'arbres, beaucoup moins imposants que les mastodontes sous lesquels ils s'étaient reposés.

"Ca va Alecto ? Tu arrives à contrôler tes envies? Tu sais que j'apprécie la manière que tu as de t'enhardir?"

Après un laps de temps relativement court, ils atteignirent la route qui traversait la forêt de part en part. C'était plus un gros chemin qu'une voie large et facilement praticable. Bien qu'elle soit dégagée sur les premières dizaines de mètres, la voie disparaissait rapidement sous une voûte végétale dense. De nombreux débris, vestiges de la retraite précipitée de l'armée de Nexus, jonchaient le sol.

"Cet  itinéraire ne m'inspire pas. Si les troupes d'Ashnard étaient à leurs trousses, nous tomberons dessus. Certes, nous pourrions voyager plus vite mais l'issue en serait incertaine. Les soudards de Nexus sont une chose, les barbares d'Ashnard en sont une autre. Regarde cette ruine là, à la limite de la forêt et du découvert. Il y a un sentier qui serpente et qui se perd ici, près de cette rivière. Nous pourrions déjà aller jusque là puis nous aviserons. Nous irons moins vite mais j'espère sans avoir de mauvaises rencontres. Continuons."

Ils franchirent la route. L'impression d'être observés fut intense à ce moment-là, comme si les esprits de la nature se délectaient de ce butin à venir. Une heure après, ils abordèrent un muret délabré. Cette enceinte délimitait les ruines qu'ils devaient atteindre. De ruines, il s'agissait d'un ancien monastère dont il ne restait qu'un souvenir. Les lieux avaient dû être grandioses du temps de leur splendeur.  L'édifice principal, écroulé, était plus grand à lui seul que le domaine de Tadéus. Quelques salles avaient été préservées des dégâts du temps et présentaient des fresques d'une rare beauté, bien que très abîmées. Au centre, une fontaine de marbre blanc, miraculée, se dressait encore, libérant encore un filet d'eau limpide qui remplissait ses vasques par un savant système de pompes cachées et silencieuses.

"C'est étrange ....."

La voix du démon résonna dans ce haut lieu de culte du passé.

"Il y a quelque chose de pourri ici, laissons boire les chevaux et repartons, le sentier doit être quelque part au Nord de l'enceinte extérieure."


En effet, une effluve nauséabonde s'échappait de cavités sombres directement creusées dans le sol de ces salles pavées. Des traces de griffes  marquaient la pierre autour de ces trous et bien qu'ils ne fussent pas très larges, il s'en échappait une noirceur terrifiante.

Damascus savait maintenant qu'il ne fallait pas perdre de temps mais leurs rations étant réduites, autant faire boire les chevaux ici, et recompléter leurs outres aussi. Il goûta l'eau de la fontaine et estima qu'elle était potable. Il aurait senti un enchantement ou la présence de poison. Alors que les bêtes s'abreuvaient, un long cri déchira le silence et se répercuta, atroce, le long des murs. Les chevaux frémirent et se rapprochèrent de leurs maîtres. Un son issu d'une gorge déchirée s'échappa d'un des trous, tout proche, avant qu'une créature décrépie ne s'en extirpe. Cela avait été un homme. Des restes de tissu accrochés à ses membres rongés indiquaient un dignitaire religieux. Un collier rouillé auquel pendait une croix se balançait à son cou écorché. Les tons grisâtres de sa peau étaient tâchés de pustules bruns en grande quantité. Les yeux blancs voilés n'exprimaient rien. La créature poussa un nouveau cri, se redressa et d'un pas trainant se dirigea vers Alecto.

Le crissement de la lame que le démon retira de son fourreau parut pur dans ces lieux lugubres.

"Des goules ..... ne les laisse pas te blesser, ta chair pourrirait instantanément!"

Il allait s'interposer entre la jeune femme et le monstre quand d'autres apparurent, rampant hors de leurs antres.

"Défends toi! Elles sont lentes! Tranche les membres, ils sont mous. Après, coupe les têtes."

Le démon se souvint qu'elle n'avait que sa rapière. Merde !

"Le cerveau est leur point faible!"

Une chose se jeta sur lui et il la décapita d'un geste. Il recula prestement et accula les chevaux dans un coin qu'il pourrait défendre. Quand il leva les yeux, une dizaine de créatures le séparait d'Alecto. Il s'élança l'arme haute.

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 15 décembre 2020, 14:14:10
Alecto s’était mordu la langue avec ferveur pour ne surtout rien répondre et en aucun cas, faire de mouvements irresponsables, dès lors que son Maître lui eut confirmé qu’ils devaient être raisonnables, et revenir dans le droit chemin sans s’en écarter. C’était une torture qu’elle connaissait, pourtant, mais l’Esclave avait l’habitude d’être sa propre frustration, d’engager elle-même sa droiture à l’encontre de ses passions. Jadis, elle était passée maîtresse dans l’art de tout refouler, de souffrir en silence de ces pulsions dévastatrices qu’elle retenait, étouffait, tout le temps.

Le glyphe lui rendait la tache difficile, elle devait faire des efforts bien plus conséquents, et les mots du Démon n’aidèrent en rien… Elle frissonna à la seule idée d’être au soir, souhaitant alors que cette journée, voyage, rencontre, affaire peu importait, passe le plus vite possible. La perspective de sa récompense faisait vibrer l’intérieur de ses cuisses, et elle se rendit compte que quelques mots et évocations suffisaient à la rendre fiévreuse.

Il fallait pourtant se calmer, et loin d’y parvenir aussi facilement -en apparence- que le Démon, Alecto cru fondre à la vue de ce regard infernal qui lui promettait mille tourments délicieux. Damascus avait l’art de souffler le chaud et le froid dans son cœur, comme dans son corps, et elle s’en trouva durablement émue, passant le début du voyage silencieuse, trop occupée à respirer lentement pour faire retomber la pression.

Il fallait avouer qu’elle se sentait étrange dans cette mystique et ancestrale forêt, comme si elle n’était pas à sa place. Un sentiment qu’elle avait souvent eu, depuis qu’elle avait quitté le Sanctuaire où elle avait vécu, mais cette fois, c’était impressionnant et écrasant. Tentant de faire bonne figure, elle esquissa un sourire lorsque son Maître la félicita et se soucia de sa bonne condition, mais sa voix avait trahi combien elle peinait à se remettre de ces quelques instants, anodins, mais puissants pour elle.

« J… oui oui. » Avait-elle répondu, mentant cette fois sans mal.

Son état se calma d’un coup, dès qu’ils eurent franchi la route, et pénétré dans les ruines. A vrai dire, elle se sentit, elle, étrange dans ces lieux, une sensation spirituelle qui lui rappelait quelque chose d’enfouis en elle. La fontaine, immaculée, lui arracha un sourire admiratif et naïf, et elle fut trop aveuglée par cette lumière et la vision apaisante de cette pièce pour percevoir le noir tableau décrit par Damascus.

Elle songea qu’il exagérait, sans doute bien trop sombre comme devaient l’être les Démons… Alecto se serait laissé bercée avec joie, comme appelée par la quiétude mystérieuse et anormale du lieu. Buvant l’eau claire et fraiche, remplissant les outres, elle soupira d’aise mais manqua de s’étouffer quand le cri ébranla sa tranquillité. Sursautant, essuyant son menton trempé en grimaçant de la douleur réveillée à sa mâchoire, le Petit Corbeau écarquilla des yeux horrifiés à la vue de cette créature immonde et agressive.

L’apparition de ses confrères lui arracha un cri strident, et d’instinct, fit coulisser sa rapière de son baudrier. Pourtant, Alecto n’avait jamais été en véritable situation de s’en servir dans pareilles conditions, et aurait tremblé de peur s’il n’avait pas fallu immédiatement réagir pour ne pas succomber.

Piquant dans le tas, aveuglément d’abord, elle grognait son envie furieuse de vivre à chaque mouvement chaotique. Loin de réussir à appliquer les leçons de son Maître dans la bataille, elle s’essoufflait vite, et reculait toujours plus, au point de sentir sous ses talons la pièce usée d’une colonne. Le cerveau, le cerveau, songea-t-elle avec une lueur d’esprit dans le regard, reprenant une légère maîtrise de son instinct de survie qui agissait à l’aveuglette sans réfléchir.

Elle esquiva de peu une volée de griffes qui voulait l’atteindre au visage, les mouvements de goules bien moins rapides que les siens malgré les courbatures, et elle lança le bras avec une sorte d’élégance trop peu brutale, mais parfaite pour son arme, transperçant une bouche grande ouverte, sans que cela ne semble chatouiller la créature.
Le cerveau, bon dieu.
Alecto pinça les lèvres, pesta entre ses dents en retirant sa fine lame, pour venir de nouveau piquer son dard dans l’œil, avec une efficacité bien plus grande.

Avec souplesse, elle virevolta pour contourner ses assaillantes décharnées, et revenir près de Damascus. Peu expérimentée dans le domaine, elle hésita à prendre les devants, mais entretemps, les goules s’étaient retournées enfin, et revenaient vers eux, les bras en avant en hurlant.

Avec sa longue aiguille, elle peinerait à se débarrasser d’elles, songea-t-elle, cherchant à éviter de céder à la panique, et la présence du Démon lui garantissant sa protection ; Cependant, l’idée même que les créatures s’attaquent à son Maître lui retournait l’estomac et la faisait enrager. Au point qu’elle s’élança au-devant de ces choses infames, s’accroupissant pour en faire tomber plusieurs par le balayage de sa jambe tendue, et leur garantir plus de latitude pour trancher membres ou têtes grâce à la lame épaisse de Damascus.

Ce fut largement plus efficace, et bientôt deux goules restèrent animées, grognant et sifflant. Laissant la plus proche du Démon à son Maître, elle jeta la pierre la plus grosse qu’elle ait pu trouver et porter sur la seconde, mais la visée l’empêcha de la toucher à la tête. Pourtant heurtée à l’épaule, la retardant grandement pendant que son corps décharné s’arrachait en craquant en faisant prendre son bras aux lambeaux de peau grise, la goule avançait imperturbable vers le Petit Corbeau.

Son apparence était perturbante, la croix qu’elle portait faisait frémir Alecto, qui se trouvait troublée par la créature, désormais que l’adrénaline lui laissait un peu de répit, puisqu’elle savait qu’ils en sortiraient victorieux… La goule trébucha sur la tête tranchée d’une consœur, et l’Esclave s’ému de cette triste mais sordide condition.

« Q… Ne… n’y a-t-il aucun moyen pour les… sortir de là ? Les… les sauver ? » Souffla-t-elle, en attrapant tout de même une seconde pierre pour s’assurer quelques défenses. 
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le mercredi 30 décembre 2020, 23:06:26
D'un dernier revers nonchalant, Damascus décapita la goule qu'il avait en face de lui. Ils s'en tiraient bien. Ces créatures peu rapides n'avaient pas été nombreuses. Dans certains endroits de Terra, elles constituaient des armées entières. Alecto avaient pris des risques considérables mais le démon ne lui reprocherait pas. Si elle n'avait été que griffée, en quelques jours, elle aurait terminée comme ces horreurs. La jeune femme , une fois de plus, s'était montrée surprenante et avait contribué à leur petite victoire. L'amas de corps tranchés à leur pied était nauséabond et la dernière chose animée glissa en avançant maladroitement. Le démon tendit son épée à l'horizontale et plaça la pointe de la lame sous le menton décrépit. La créature s'immobilisa, sûrement guidée par un sursaut de conscience ancien. Seule la Mort ne craint pas la Mort.

"Non, rien ne peut être fait pour les sauver. Ces hommes ont succombé à leurs démons et à leurs vices et ils ont été châtiés de la sorte pour cela. Ils n'étaient sûrement pas aussi pieux qu'ils le faisaient croire. Leur punition aura été exemplaire. Il se pourrait même que ce soit leur Dieu qui les ait sanctionnés."

D'une torsion du poignet, il égorgea la créature maudite. Du plat de sa lame, il l'amena au sol, la tête en appui sur une pierre plate.

"Perce lui le cerveau! Elle a voulu de dévorer, tu n'aurais pas aimer."

Les deux compagnons ne restèrent pas plus longtemps dans cet ensemble fantomatique. Peut être d'autres créatures plus dangereuses erraient dans ces couloirs en ruine. Les chevaux s'étaient abreuvés et les outres étaient pleines. Damascus prit son cheval par la bride et coupa au plus court pour rejoindre la face Nord du complexe donnant directement sur la forêt.

Dès qu'ils franchirent l'enceinte de l'ancien monastère, un murmure désolé résonna le long des pierres grises. Une incitation à revenir sur leurs pas et profiter d'une bonne nuit dans ce lieu saint. L'enchantement était ancien et n'eut aucun effet sur eux. Ils s'assurèrent que l'équipement des chevaux était bien arrimé et les montèrent. Damascus tendit un doigt vers un gros arbre sous lequel on pouvait deviner le début d'un sentier.

"Tiens, regarde, c'est là que ...." Un crissement de corde qui se détendit l'interrompit et le carreau qui se ficha dans son épaule le fit culbuter par dessus l'encolure de son étalon.

Un hurlement brisa la quiétude de l'endroit.


"Ils sont là ces bâtards !! Hector en a eu un!!"

Quatre soudards surgirent de l'angle d'une chapelle effondrée tandis qu'un cinquième œuvrait à réarmer son arbalète. Ces hommes portaient les couleurs de Nexus et devaient être à leurs trousses depuis l'épisode de l'incendie de leur camp.

Merde! Damascus ne les avait pas vu venir. Un pied encore chaussé à l'étrier, il s'agrippa aux rênes de sa monture et lui cogna dans les côtes pour la faire avancer.


"ON DÉGAGE ALECTO!!"

Le cheval nerveux cabra violemment, entrainant le corps du démon dans les airs avant de le projeter au sol. Damascus hurla de douleur, frappa de nouveau sa monture qui rua et détala, par chance, vers le sentier. Balloté sur le côté du cheval, complètement désarçonné et seulement retenu par un bout de cuir et de métal, Damascus heurta une racine de son épaule blessée et hurla de plus belle. Dans la confusion, il faillit se faire piétiner par le destrier d'Alecto. Derrière eux, leurs poursuivants s'arrêtèrent en vociférant à l'entrée de la forêt. pas question de s'aventurer une fois de plus là dedans. Un carreau fusa et effleura Alecto pour finir sa course dans un tronc épais. L'arbre tressaillit, comme vivant avant de s'immobiliser à nouveau.
Les chevaux finirent leur course effrénée quelques dizaines, ou centaines de mètres plus loin. En forêt, les distances étaient trompeuses. Autour d'eux , l'univers végétal imposait de nouveau sa lourde sérénité. Le décor qui les entourait était le même qui les avait abrité la nuit précédente. L'étalon noir claqua du sabot, anxieux. A ses côtés, au sol, Damascus avait depuis longtemps quitté le monde conscient pour s'enfoncer dans les limbes de la douleur. Le carreau d'arbalète s'était brisé dans ses chairs et le fier démon était dans un état pitoyable, ravagé par cette cavalcade sauvage ... hors de sa selle.

L'animal intelligent souffla par les naseaux et tourna sa tête vers Alecto, désormais maitresse de leur destin. Devant eux, le sentier continuait, s'enfonçant entre les arbres gigantesques.


Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 31 décembre 2020, 00:30:24
« Oh non. » Elle se parlait sans doute à elle-même. « Non, non non. Non. Non, pitié. »


Il avait fallu qu’elle enfonce profondément son aiguille piquante dans l’orbite décharné et presque béant de cette créature immonde, afin d’obéir aux ordres du Démon, et anéantir la Goule jadis homme de foi. Les explications de Damascus ne l’avaient pas vraiment convaincue, elle songeait qu’il y avait sans doute un moyen de bénir cette place, mais étrangement, y penser la mettait mal à l’aise. Pourtant, lorsqu’il avait évoqué Dieu, son corps entier avait frémit, comme une ancienne sensation perdue qui lui semblait agréable.

Mais elle pensait aussi que Dieu pouvait punir de manière juste et les châtiments pouvaient paraître cruels aux Mortels comme elle. Ce n’était pas à elle d’en juger. L’adrénaline retombant alors que ses poumons semblaient en feu, elle sentit en ressortant sa rapière dégoulinante un haut le cœur la faire tressauter, et ses mains se plaquèrent sur sa bouche pour éviter tout inconfort.

Repartir de ce lieu la remplit cependant d’un profond soulagement, Alecto se sentait étrange ici, et la possibilité de croiser d’autres monstres, plus dangereux, la faisait frissonner discrètement. Silencieuse, elle courbait le dos pour tenter de chasser la vision de ce symbole de l’Ordre à la poitrine des Goules.


Et désormais, le Petit Corbeau avait les mains crispées sur les rênes de sa monture, la laissant pratiquement seule maîtresse de leur destination et fort heureusement, celle-ci possédait un fort instinct de survie, les mettaient tous quatre à l’abri de la forêt mystique. Alecto, elle, les yeux rivés sur le corps inerte de Damascus qui raclait le sol nonchalamment comme une poupée désarticulée, était horrifiée.

« Pitié, non… Messire… Maître. Réveillez-vous. »

Les chevaux avaient cessé de galoper aveuglément, prenant un bref et évident repos, alors que la jeune femme sautait au sol sans songer une seconde à prendre garde aux racines ou à la réception de sa chute. Elle se jeta sur le Démon, tira comme une forcenée sur l’étrier, grogna, pesta, en pleurs, qu’il ne veuille le libérer. La panique gagnait doucement chaque membre de son corps, elle tira en poussant un râle de furie entre ses dents, la boucle de métal relâcha le pied de son Maître.

Peu importaient leurs poursuivants, peu importaient les montures, peu importait toute la forêt autour ! Elle était incapable de penser à autre chose que sauver Damascus. Les gestes saccadés, vifs, brouillons de ses petits doigts qui ne savaient pas où commencer tâtonnaient pour déboutonner vestes trempées, chemises souillées de sang et protections, et dès qu’elle eut le champ libre pour constater la belle perforation de son épaule par le carreau d’arbalète, le Petit Corbeau cacha sa bouche pour se retenir de geindre de stupeur.

« Messire, je vous en prie, réveillez-vous. » Son regard s’intéressa au sentier, elle savait qu’ils devraient continuer pour se mettre plus en sécurité mais.

« Mess… Maître, s’il vous plait. » Suppliait-elle, ses larmes coulant sans discontinuer de ses joues, elle renifla, suffoqua même, cédant à la terreur.

Il fallait agir, il fallait qu’elle fasse quelque chose. Elle ferma les yeux, essaya de respirer lentement… Sa poitrine se levait bien trop rapidement, son cœur cognait contre ses tempes et elle tremblait comme une feuille. Réfléchis, Alecto… Tu as déjà lu quelque chose sur les blessures perforantes chez Amlach Varda, un Médecin de Nexus qui aimait les esclaves jeunes, ravit de les aveugler afin de les surprendre à coup de trique sèche. Il aimait aussi qu’on lui fasse la lecture, car ses yeux étaient parfois capricieux, vu son grand âge.

Fébrilement, elle roula en boule la chemise du Démon, déchira d’un coup de dents, du mieux qu’elle put, quelques bandes sales, fit de même avec le bas de sa tunique, plus épaisse, attrapa son outre. Une grande inspiration, et elle s’excusa en sanglotant.

« Pardonnez-moi, Maître. »

Son cœur battait trop fort, elle n’entendait plus rien et il se matérialisait dans son esprit une sorte de bulle les entourant. Elle cala la tête de Damascus sur ses genoux, assise sur ses talons, saisit d’une main tremblante le trait fiché dans la chair. Et tira, d’un coup sec, arrachant les muscles et projetant une gerbe de sang. Dans un geste vif, elle relâcha la pointe poisseuse et pressa de toutes ses forces le linge roulé en boule sur la plaie béante, y mettant tout son poids, à deux mains.

Elle eut un mal fou à le relever, il pesait un âne mort ainsi inconscient, redressé assez pour passer grossièrement les bandes de tissu pour comprimer et maintenir en place de drain. La fibre était immédiatement rouge, elle essuya ses larmes en laissant son visage maculé de sang.

Le hennissement de sa jument la fit sursauter, et elle sembla réaliser, se souvenir, où ils se trouvaient. Il leur fallait continuer leur route s’ils ne voulaient pas être de nouveau attaqués, et elle se redressa avec peine, mais ce fut une partie de plaisir en comparaison aux épreuves impossibles de la remise en selle de son Maître. Tenue aux tripes par la nécessité de survivre, de le protéger, de le sauver, même, Alecto ne cessait de pleurer de désespoir, mais ne restait pas inactive, n’abandonnait pas, et ne lésinait sur aucun effort.

Elle parvint, au prix de douleur et échecs nombreux, à ramener le corps de Damascus près d’une souche, y conduire son destrier, et l’y hisser, non sans lui ajouter quelques bleus dans l’affaire, mais un modeste tribut à la survie, songea-t-elle péniblement.

Elle mena alors les deux animaux par la bride sur le sentier, cherchant cependant à dissimuler les traces des sabots comme elle pouvait… Mais le Petit Corbeau était loin d’être une experte en camouflage. Alecto se souvenait que les poursuivants avaient semblés craindre de les suivre ici, et tendait l’oreille, frémissant à chaque bruit étrange, mais le silence pesant de cette forêt ancestrale ne laissait rien paraître. Au moins, songea-t-elle, serait-elle avertie bien avant qu’on ne lui tombe dessus.

Elle marcha longtemps, préférant rester pied à terre pour éviter les plus grosses racines ou faux-plats d’un sentier forestier peu entretenu, faisant parfois un détour pour s’assurer que les deux animaux seraient plus stables, et ainsi empêcher le plus possible au blessé d’être balloté à droite et à gauche.
Ses yeux ne faisaient que passer du chemin à son visage, la joue contre l’encolure de l’étalon ténébreux, inexorablement livide.

« Je vous en prie, Maître, ne mourrez pas. » Sanglotait-elle toujours, lui parlant tout le long de la route, tantôt sur un ton de désespoir, tantôt plus combattive. Elle lui narra combien son Palais serait luxueux et raffiné, les colonnades, les moulures, les dorures. Elle lui décrivit les toilettes cousues d’or et de nacre qu’elle porterait pour lui plaire. Elle évoqua la grandeur de sa légende, l’immensité de ses exploits, la légitime reconnaissance de tous envers sa si grandiose personne. Les mots étaient élogieux, assurément, mais venant du Petit Corbeau, ils étaient sincères, purs et justes.

« Et… rappelez-vous… Je dois vous montrer comment je m’y suis prise pour récupérer les cartes, Messire. Ce soir, avez-vous dit. »

Souffla-t-elle, les pieds douloureux, les jambes pleines de courbatures, sentant revenir un sanglot, mais ses yeux désormais trop secs. Elle avait suivi le sentier longtemps, elle ignorait comment savoir s’il y avait eu une bifurcation…

« Les cartes ! » Sursauta la jeune femme, dont l’estomac grogna. Il était temps de faire une pause, elle valait mieux nourrie et reposée, qu’épuisée et affamée, pour espérer sauver son Maître. Faire descendre Damascus de cheval ne fut pas beaucoup plus facile, contrairement à ce que l’on pourrait penser : elle n’avait aucune envie qu’il tombe tête la première, et savait qu’elle serait emportée par son poids… Aussi s’y reprit-elle à plusieurs reprises, ignorant les souffrances et la fatigue, jusqu’à parvenir à le déposer plus ou moins délicatement sur un lit de mousse qui crissait sous ses pieds.

Elle s’occupa des chevaux, retira sa chemise sous sa tunique, et remplaça l’amas informe sanguinolant par le linge propre à l’épaule amochée. L’hémorragie courrait toujours, mais elle ignorait comment agir. Le soleil devait décliner, car la fraicheur revenait les aiguillonner… Elle alluma avec peine un feu, couvrit Damascus de son manteau de voyage, et tenta de le faire boire. Son front était chaud, ses paupières avaient l’air de remuer très légèrement, comme si ses yeux, là-dessous, roulaient frénétiquement dans leurs orbites. Se penchant sur lui, elle posa sa bouche sur la sienne, puis sur ses paupières, cherchant à l’apaiser.

« Je veille sur toi, Mon Maître. »

Les bruissements de la forêt la terrifièrent alors. Elle était seule, et immobile. Une proie facile… Pour se donner du courage, elle saisit sa rapière, s’asseyant auprès de son Maître, convaincue qu’elle garderait son corps au péril de sa vie, s’il le fallait. Incapable de fermer l'oeil malgré l'épuisement, elle tenta d'étudier les cartes volées...
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le dimanche 10 janvier 2021, 18:13:34
La douleur est mère de toute naissance, ou renaissance. L'esprit torturé du démon vagabonde dans un monde qui n'est plus le sien depuis longtemps. En tant normal, Damascus y trouverait le pouvoir et l'énergie nécessaires à une régénération rapide et efficace de ses blessures mais d'avoir quitté les Enfers depuis si longtemps et sous une forme aussi fragile que celle qu'il porte l'a considérablement affaibli. Quelle ironie pour celui qui fut l'un des fondateurs de la grandeur du royaume de Satan que de devoir rechercher dans les contrées démoniaques un être aussi peu fiable que celui qui pourrait l'aider à réintégrer son enveloppe.

Car le corps dont s'occupait Alecto était déserté de toute forme d'esprit. Il s'agissait à présent d'une enveloppe organique vide, comme un hôte à la disposition de n'importe quel visiteur nécessiteux de passage.

L'élément éthéré qui représentait la dernière étincelle d'existence du démon flânait dans un dédale de couloirs sinueux sous la plus grande cité des Enfers. A la recherche de son ancienne amante, toute aussi âgée que lui et également grande conquérante, il remettait entre les mains de la démone son possible retour à une vie plus physique. Le spectre vaporeux atteignit les portes d'un palais d'obsidienne occupant une vaste caverne et défiant le temps de toute sa majesté. Ici siégeait Aezarah, grande porteuse de Mort et puissante parmi les puissants. Elle l'avait détecté depuis longtemps et les grandes portes noires s'ouvrirent les unes après les autres pour le guider jusqu'à la salle du trône où, sur le siège de pouvoir en os d'archanges, se prélassait la maitresse des lieux.

Nulle n'égalait en beauté et en perversité Aezarath, pas même Lilith, son éternelle concurrente. D'un geste nonchalant, elle se redressa tandis que deux incubes battaient lentement les restes d'ailes de séraphin au dessus d'elle pour apporter un peu d'air dans ces lieux étouffants.


"Damascus! On te disait mort depuis bien longtemps et voilà que tu te présentes devant moi en quête d'un soutien vital. Mon bel amant, qu'es tu devenus? Je me languissais de ta présence."

Sous entendu, fait très attention à ta réponse, je peux t'annihiler autant que te sauver.

"Aezarah, tu es telle que dans mes souvenirs, la plus belle et la plus désirable de toutes les créations de Père."

Sous entendu, tu me tues, Père te demandera des comptes et même le plus puissant des démons redoutait cette épreuve.

"Ton état fait peine à voir, tu m'en vois navrée. Seule une création de ton rang pourrait te régénérer intégralement. Mais ... le coût d'un tel enchantement serait faramineux."

"J'en suis conscient Aezarah. Et c'est en toute humilité que je te demande ce service. Je t'en serai redevable de la manière que tu souhaiteras."

"C'est une proposition alléchante ..." Elle ronronnait de plaisir à l'idée de le mettre à genoux. La diablesse!

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La réintégration de Damascus dans son corps humain passa par une succession de tortures et de douleurs où il s'enfonça dans des abîmes de souffrance comme même lui n'en avait jamais connu. La plupart n'avaient pas été nécessaires mais Aezarah avait toujours aimé infliger les pires tourments.

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Dans une réalité plus terrestre, Damascus ouvrit lentement les yeux, la promesse qu'il avait faite à la démone résonnant encore dans sa tête. La douleur qu'il ressentit était presque délicieuse après ce qu'il venait de subir. Il tourna difficilement la tête et laissa sa vision s'habituer à son environnement. Loin au dessus de lui, le jour se levait. Des cimes des arbres tombaient une multitude de créatures nocturnes, lilliputiennes et luminescentes qui rejoignaient les cavités des troncs pour se protéger des affres de la lumière diurne. Une douce tiédeur s'étendait au sol et il se sentait bien malgré son épaule immobilisée. Il se remémora les derniers évènements et grogna en se redressant sur un coude. A ses côtés; Alecto était recroquevillée en position fœtale, serrant sa rapière dans la pointe était posée contre sa hanche. Si elle se retournait, elle l'embrochait. Il écarta la lame fine et écarta les cheveux de sa compagne pour voir son visage. Elle avait sûrement dû gérer la situation comme il le fallait puisqu'ils vivaient toujours. Damascus s'étonna. Il y a peu de temps, il se serait réveillé d'humeur exécrable et l'aurait houspillée sans ménagement. A cet instant, il était fier d'avoir trouvé en cette jeune femme une sacrificiée qui serait de mémoire de démon, inoubliable.

Les chevaux sentirent l'éveil de leur maître et vinrent curieusement s'assurer qu'il s'agissait bien de lui.

"Alecto, arrête de dormir! Il est temps de continuer!"
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 10 janvier 2021, 23:08:37
Cela faisait deux jours. Deux jours entiers, oui, qu’ils avaient visité les étranges ruines aux Goules. Deux jours que les renégats de l’Armée de Nexus les avaient coursés. Et deux jours qu’Alecto avait tiré le trait de l’arbalète fiché dans l’épaule de son Maître.

A vrai dire, la première journée avait été éprouvante, la nuit sans sommeil pour elle. Elle avait sursauté à chaque bruissement de feuilles et chaque hululement. La forêt mystique regorgeait de vie nocturne, et le Petit Corbeau, lui, était effrayé par la simple pensée de pouvoir s’endormir seule en laissant sans surveillance son cher Démon. Alors, tant que le maigre feu le lui permettait, elle avait observé les cartes volées, son index parcourant les lignes comme on l’aurait fait sur la peau d’un amant, en penchant la tête, et en sursautant à chaque murmure.

Elle ne s’était éveillée en sursaut que lorsque sa jument était venue cogner son museau contre sa joue, comme pour s’assurer qu’elle était encore vivante, et qu’elle était en mesure de les nourrir… Les yeux à peine ouverts, la petite Esclave trouva un tel réconfort à caresser le nez de son cheval qu’elle en aurait pleuré de bonheur. Et comme elle s’occupait d’eux, pourvoyant à leur bien-être, la jeune femme s’était mise à leur parler comme elle l’aurait fait avec n’importe quel être humain un peu sympathique.

Trouver à manger. Elle mit la journée à y parvenir, puisqu’elle n’osait pas s’éloigner trop longtemps de Damascus, et par crainte de se perdre, également. Au moins avait-elle pu faire sécher leurs tenues trempées, constituer un stock de fruits à coque qu’elle peina à casser entre ses dents, avant d’avoir l’ingénieuse idée de briser la coque brune entre deux pierres… Ses doigts s’en souvinrent, mais elle agrémenta sa ration de noisettes croquantes !

Un réconfort maigre lorsque le jour tomba et qu’elle tenta de nouveau de faire boire son Maître, changeant comme elle pouvait son pansement de fortune, et qu’elle se retrouva de nouveau face à sa solitude, et son incapacité à savoir si son état s’améliorait. Elle avait espéré qu’il s’éveille avec elle au matin, et ses yeux qui roulaient toujours dans leurs orbites sous ses paupières agitées l’effrayaient. Comme un mauvais présage.

Au soir de cette journée seule et pénible, Alecto sombra dans un sommeil lourd, luttant jusqu’à la dernière seconde pour ne pas s’endormir près de lui, scrutant son visage pour déceler le moindre signe d’apaisement de son Maître. Elle était tombée le front contre son bras, pliée en deux, dans une position inconfortable. Position qui la tira du sommeil au milieu de la nuit, en sursaut, pleine de courbature, en entendant des pas louvoyer autour de la petite place mousseuse où ils se trouvaient. Les chevaux aussi l’avaient perçu mais ne semblaient pas nerveux, attentifs tout au plus…

Elle récupéra sa fine rapière et la serra contre elle, gardant les yeux ouverts sans rien y voir à plus de deux mètres, et finalement, sombra.

Quand la voix tant espérée la tira des bras de Morphée, Alecto poussa un hurlement en même temps qu’elle aspira une profonde goulée d’air dans ses poumons, comme si elle venait de revenir à la surface après une longue période d’apnée.

Elle s’était dressée d’un bond, lâchant son arme mollement, et se remit derechef sur ses genoux pour se pencher au-dessus du Démon. Ses yeux étaient luisants d’un rayonnant soulagement, autant que de larmes.

« Maî… Messire ! » S’exclama-t-elle en le redressant, comme prise d’une énergie fraiche, retirant le long manteau de voyage de son corps et constatant avec un plaisir non dissimulé que le linge sur son épaule n’était ni suintant, ni imprégné de sang, cette fois.

« Vous êtes vivant ! » S’extasia-t-elle encore, lui sautant au cou comme une enfant sans réfléchir. La taciturne Alecto semblait déborder d’allégresse alors qu’elle se remettait sur ses pieds, en nouant sa tunique à la hâte.

« J’ai les cartes, je crois que j’ai vu un chemin, votre outre est pleine. Oh, j’ai des noisettes. Je crois que ce sont des noisettes. Je vais préparer les chevaux. Votre chemise est bonne à jeter. »

En réalité, elle avait déjà éloigné la dite-chemise poisseuse et rouge qu’elle avait enterré plus loin pour éviter d’attirer des prédateurs.

Certes, Damascus ne l’avait pas remerciée de s’être montré si prévenante et de l’avoir veillé jour et nuit pour s’assurer de sa bonne santé, mais jamais cela n’effleura l’esprit de son Petit Corbeau. Le bonheur inconditionnel de sa simple présence était suffisant à la combler, il lui semblait qu’il n’avait jamais été aussi beau qu’à cet instant. Et pourtant, le Démon revenait de loin, ses traits en attestaient.

Mais Alecto était déjà partie sceller leurs montures d’un pas guilleret.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le mardi 08 juin 2021, 11:54:02
L'avalanche d'émotions que le revenant lisait sur le visage de sa compagne lui extirpa un sourire fin qui étira ses lèvres discrètement. Oui il était vivant, oui il comprenait bien tout ce qu'elle venait de dire à un rythme si rapide, oui il fallait partir. La joie d'Alecto était contagieuse et bien que Damascus ne fut pas un homme d'allégresse, le dynamisme de la jeune femme irrigua en lui un sentiment nouveau qui le surprit. Tentant de l'effacer, il se leva douloureusement et étira ses muscles, encore nimbé des fragrances féminines qui venaient de l'enlacer. Autour d'eux, le petit matin prenait le pas sur la première aurore et une faune invisible se mit en mouvement. De petites bêtes piaillaient tandis que les premiers trilles d'oiseaux perdus dans les frondaisons se faisaient entendre. La majesté de cette forêt antique imposait une quiétude naturelle bénéfique aux voyageurs. Néanmoins, pour la connaitre un peu de précédents voyages, Damascus savait qu'il ne fallait pas se fier aux apparences et que leur traversée végétale ne serait pas de tout repos. Mais à ce stade, si "proche" des frontières de la grande prairie de Nexus, les dangers les plus mortels étaient plutôt rares. Les goules et autres monstres similaires ne comptaient pas aux yeux du démon.

Il faisait bon au sol, leurs affaires étaient sèches et Damascus examina sa blessure, constatant qu'Alecto avait fait du bon travail. La cicatrice qu'il garderait serait légère. Il s'apprêta ensuite de ses vêtements et équipements de voyage et tenta d'extraire son épée de son fourreau. Le geste le meurtrit même s'il ne dit rien. Il lui faudrait un moment avant qu'il ne récupère complètement et dans leur condition, c'était handicapant. Le cheval du démon s'ébroua et Damascus leva les yeux. Alecto, hissée sur la pointe des pieds, faisaient passer la lourde selle sur le dos du grand destrier. En deux pas, le guerrier se colla à elle, glissant ses mains sous l'ample haut pour venir emprisonner ses seins.


"Doucement, tu pourrais te blesser et il me faudrait sûrement m'occuper de toi......"


Le contact de ce corps chaud l'électrisa et il enfouit son visage dans la masse noire de la chevelure soyeuse. Il atteint rapidement le cou et la nuque de la jeune femme qu'il s'empressa de courtiser en mordillant et baisant la peau sucrée. Il lui pétrissait la poitrine, emboitant Alecto tout contre lui. Ses fesses fermes le frottant, annonçaient l'arrivée de la fin de leur jeûne sexuel, qui n'avait que trop duré. Le destrier noir tourna la tête vers eux et renâcla, comme s'il devinait ce qui allait se passer. Lui, avait envie à défaut de galoper, au moins de se dégourdir les pattes. Le démon retrouvait la fraîcheur de sa compagne et même si cette délicatesse était maintenant teintée d'odeurs d'aventures et de grands chemins, elle était tout autant désirable.

Il souleva la jeune femme par les hanches et bascula Alecto sur l'assise courbée de la selle. Ainsi exposée, il lui baissa ses braies de voyage et prit le temps de contempler ce charmant fessier avant d'y glisser sournoisement sa langue.


"La selle n'est pas attachée, si tu bouges trop, tu tombes ..."

Il ponctua son avertissement malicieux d'un coup de langue bien placé. La réaction de la sa petite princesse fit frémir le cheval, horrifié de servir ainsi de support à reproduction. Il frappa du sabot, intimant une libération immédiate !

"Attends encore un peu" intima le démon "Je n'en ai pas encore fini avec elle."

Lui écartant brusquement les cuisses, il s'enfonça dans la douce chaleur de son intimité et se reput du plaisir qu'elle sécrétait, sucant, léchant et tirant entre ses lèvres toutes les parties qu'il explorait.

Un petit écureuil curieux les observait, juché sur une grosse racine. Il piailla et certain de ne pas être dérangé, alla s'emparer de quelques noisettes que l'intruse avait collectée. Avant de remonter jusqu'à son abri perché dans les hautes branches, il s'arrêta à nouveau et piailla son assentiment au mâle qui corrigeait la femelle.

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 06 août 2021, 15:09:53
Un sursaut figea le petit Corbeau au moment où les serres du Démon s’arrimèrent sur sa poitrine. Elle était si préoccupée par la nécessité d’être efficace et préparer leur départ, comme demandé par son Maître, qu’elle n’avait aucunement entendu Damascus se jeter sur elle. La voix suave et grave siffla à son oreille comme un roulement de tambour guttural et l’euphorie guillerette, infantile, qui l’avait envahie avant se mua sans attendre en un désir qui lui tordit les entrailles.

Ce fut si spontané et brusque, qu’Alecto elle-même s’en étonnait. Les sensations qui chauffaient désormais son ventre et son entre-cuisse semblaient s’éveiller après l’hiver, lui faisant monter le rouge aux joues. La voracité, mesurée mais intense, du Démon semblait la flatter, comme s’ils se retrouvaient enfin. Quelque chose lui brûla la poitrine, raffermissant le lien surnaturel entre eux, alors que les doigts démoniaques faisaient durcir la pointe de ses seins sensibles. Son esprit tenta bien de lui signifier qu’il avait dit qu’il fallait partir, et que perdre ainsi du temps était surement contre-productif, mais elle n’avait pas la capacité de réfléchir davantage lorsque son Maître se montrait si ardent.

Soulevée dans les airs si facilement, le Petit Corbeau lâcha un « oh » de surprise autant qu’il s’agissait d’un gémissement alors qu’elle comprenait dans quelle posture il venait de l’installer. La position était inconfortable, ainsi pliée, et elle sentit la noire monture émettre tout son mécontentement… La crainte d’être désarçonnée la fit trembler une seconde, mais le frisson se transforma en choc électrique, remontant de son sexe jusqu’à sa nuque, lorsqu’elle comprit que la sensation entre ses cuisses était la caresse de cette langue infernale qui s’insinuait dans son intimité.

Elle gigota un instant, puis s’immobilisa à la mise en garde… L’angoisse de tomber si elle faisait un geste de trop suffisait à la rendre prudente, mais plus encore, la menace soufflée par son Maître était convainquant. Pourquoi ces quelques mots avaient-ils réussi à l’exciter, alors qu’il la défiait et se montrait sans doute même cruel ? La pousser à se tordre de cette manière était la meilleure façon de la voir glisser maladroitement, ce qu’elle failli faire en sursautant dans un hoquet, sous les coups de langue sournois.

La tension de l’animal sous son ventre et les caresses du Démon créaient une situation incontrôlable où elle n’était que prisonnière, sans lien. La nécessité de ne pas bouger trop devint une telle contrainte qu’elle décupla immédiatement le feu qui ravageait ses reins. L’ardeur de son Maître la fit fermer vivement les paupières en lâchant un gémissement aigu, se rendant compte à quel point, déjà, son corps exprimait le désir fou qu’il pouvait insuffler en elle, sans peine. Ses cuisses ainsi écartées, à la merci de Damascus, Alecto tremblait à peine de peur de tomber, mais ses vocalises s’accéléraient à mesure que son Amant se montrait plus vorace.

Il semblait affamé, et elle subissait avec un plaisir qui la dépassait son festin. Plus rien autour d’eux n’existait pour le Petit Corbeau, qui ne vivait qu’au rythme des coups de langue, comme étonnée à chaque nouvelle sensation, plus forte, plus vive, plus intense. Le brasier trempait ses cuisses de salive et de fluides… Ses gémissements, pourtant, devinrent plus rauques alors que le Démon s’affairait, goulu, en la forçant à se saisir d’une main des crins du cheval. Ce dernier gronda et eut un mouvement d’encolure brutal, rongeant visiblement son frein pour obéir à son Maître malgré la colère qu’il ressentait. Plus Damascus faisait monter en elle une vague trop puissante à contenir, plus l’Esclave devait redoubler d’efforts pour se maintenir en place, se sentant dangereusement pencher en avant, les yeux toujours fermement clos.

Mais en elle, grondait un désir plus violent qui se réveillait à mesure qu’il envahissait son intimité trempée d’excitation, et que les sons de ses succions remontaient à ses oreilles. La jolie petite Poupée, perdue dans la forêt, veillant son Maître mourant, réalisa avec effroi qu’elle ressentait comme une envie de vengeance. Il l’avait abandonnée, entre vie et trépas, et elle lui en voulait d’avoir failli mourir… Un sentiment absurde, qui chauffait ses joues autant que ses cuisses, et qui petit à petit, prenait le pas sur la docile prisonnière de la langue infernale.

Alecto se contracta, gémissant plus fort en faisant s’envolée une nuée de volatiles dérangés, alors que Damascus s’attardait sur un point sensible, la faisant suffoquer. Submergée, elle se rendit compte qu’elle connaissait cette sensation et savait désormais ce que cela signifiait… L’orgasme approchait, et soudainement, la nécessité d’agir lui fit l’effet d’une gifle. Il la ferait jouir, puis il lui dirait de terminer de sceller les chevaux, peut-être prendrait-il son plaisir avant cela, mais il se contenterait de lui dire de se rhabiller. Etait-ce ce qu’elle voulait ?

La petite voix de la Rébellion en elle souffla qu’elle savait de quoi elle avait envie. Qu’elle avait droit de réclamer, ou mieux, de le prendre. Sa voix fut d’abord éraillée tant elle avait couiné, mais audible après une toux sèche.

« Pl… plus fort, Messire. Encore. Aller, encore. » Ses paupières se relevèrent et le petit Corbeau chercha à prendre appui sur la bête pour se redresser, dans l’espoir de voir son Maître. L’imaginer la tête enfouie entre ses cuisses la fit soudainement gémir pour elle-seule, son visage si raffiné malgré les affres du voyage, ses traits si fins et élégants, sa peau luisante de son désir… Mais elle n’était pas dans une posture adéquate pour l’observer, et un grognement frustré accompagna ce constat.

La frêle et douce Alecto se sentit soudainement trop impuissante dans cette position, et se dandina, oubliant une seconde de trop, le précaire équilibre de sa situation. La scelle y répondit rapidement, glissant sans surprise pour lui garantir d’embrasser le sol.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le vendredi 06 août 2021, 23:58:51
Il resta plus longtemps qu'il ne l'aurait pensé le visage enfoncé entre les cuisses d'Alecto. La saveur sucrée qui en coulait de faisait que plus lui donner envie de continuer. Il la connaissait déjà par cœur et savait qu'elle était en proie à la damnation dès qu'il la touchait. Damascus ne s'était jamais demandé si autre chose que le glyphe en était responsable. La présence de la jeune femme à ses côtés était à présent une évidence habituelle comme si elle l'avait toujours été. Les millénaires d'existence du démon lui faisait relativiser l'importance de la proximité des relations. La genèse de leur histoire se perdait à présent dans le passé et seul comptait les objectifs du futur. Et même si dans ses plans, ce futur n'augurait rien de bon pour Alecto, il allait de l'avant car ses desseins étaient plus importants que tout le reste. Et pourtant, certaines choses changeaient. Durant leurs étreintes, il avait souvent éprouvé le besoin irrépressible de lui faire mal, de la mutiler, de l'entendre souffrir pour combler le chaos qu'était son essence de démon. Il avait toujours résisté, par souci de préserver cette enveloppe et cette âme fragiles. En cet instant où il prenait plaisir, même sournoisement à la soulager de ce désir physique, toutes ces horreurs et tortures avaient déserté son esprit. Alecto méritait une récompense pour ses attentions et il comptait bien honoré cette loyauté, sans toutefois poussé trop loin non plus. A donner trop et trop vite, le maitre perd la fidélité de sa chienne - citation misogyne d'Ashnard mais pourtant démontrable.

Damascus raffermit sa prise et décida qu'elle devait venir. Il accentua ses caresses et offrant à Alecto l'impression qu'il l'écoutait, enfonça son pouce dans le petit anus serré tandis qu'il atteignait la limite profonde que sa langue malmenait. Elle avait exiger plus et le résultat fut des plus divertissants pour les dizaines d'yeux curieux qui les observait. Alecto bascula la tête la première de l'autre côté du cheval et dû de conserver l'intégrité de sa tête au réflexe du démon qui la rattrapa par la cheville. A l'inverse des minutes précédentes, cette situation n'avait rien d'érotique. Damascus la laissa glisser doucement au sol avant de la lâcher et s'accroupit pour la regarder entre les pattes de l'animal.

"Alecto ..... ton corps commanderait-il à ton esprit? Ou bien cherches tu à t'échapper de mon étreinte? Si je ne suis pas assez bon, dis le moi."

Il sourit narquoisement. A l'évidence, Alecto allait balbutier un "messire" malheureux et rouge de honte, trouverait une astuce pour échapper au regard de son maitre.

"Rhabille toi! Nous baiserons plus tard. Tu méritais cette intermède. Prépare ta jument, nous partons."

Le démon s'affaira à terminer de seller son cheval qui pour la première fois, tenta de le mordre. Il s'agissait d'une juste revanche. Pour éviter de laisser sa compagne dans l'indécision, il ajouta quand même.

"J'aime ta fente, j'ai rarement goûté quelque chose d'aussi bon."

Il savait qu'elle ruminerait. Alecto voulait toujours plus et espérait à sa manière. Le démon s'en souciait un instant puis oubliait.

Quand ils furent prêts et après qu'il eut fermé son visage pour tuer dans l'œuf toutes éventuelles réclamations, Damascus, guidant sa monture par les rênes, passa en tête pour suivre le chemin qui serpentait entre les racines des arbres gigantesques. Au sol, la tiédeur était omniprésente et apportait un confort aux aventuriers. A croire que la pluie ne passait jamais les frondaisons car le tapis de feuilles épais qui jonchait le chemin était sec et amortissait leurs pas. Ils marchèrent, attentifs, un long moment dans ce décor surnaturel et végétal. Les chevaux suivaient sans renâcler, trop heureux d'éviter le poids de leur cavalier. Autour d'eux, l'entrelacement des racines formaient un labyrinthe inextricable sur lequel courait tout un écosystème merveilleux de petits rongeurs colorés à des insectes secrétant des substances lumineuses sous l'œil d'oiseaux de toutes tailles et aux plumages vifs. Les sols et troncs offraient des teintes brunes tournant parfois sur des orangés d'automne tandis que la verdure des hauteurs oscillait entre l'émeraude et le bleu turquoise. Les deux voyageurs étaient ridiculement petits lorsqu'ils passaient sous les arches millénaires et aussi épaisses que des murailles. Mais le chemin qu'ils empruntaient, lui, était encore plus vieux. Seules les feuilles le jonchaient. pas une pierre ni une racine ne le défigurait. Il semblait que la forêt avait grandi autour de lui, qu'il était le repère, le fil d'Ariane et qu'il ne fallait pas le perdre.

Avant la tombée de la nuit, ils atteignirent les hauts d'une ravine profonde dans laquelle le sentier disparaissait. Il s'en échappait des volutes fraiches, indiquant plus bas la présence de l'eau mais bien qu'il ne fisse pas nuit, l'obscurité régnait au fond. A cet endroit, les bois paraissaient beaucoup plus sombres qu'auparavant. Sur les pentes, les arbres étaient plus petits, plus gris aussi, comme recouverts de cendres. La limite de la verdure s'arrêtait à cette combe profonde qui n'appelait rien d'engageant.

Damascus n'avait aucune idée du temps qu'il leur faudrait pour la franchir et la carte indiquait des éléments sans notion de temps. Il repéra le trait qui signifiait la combe, loin, très loin de l'orée de la forêt qu'ils devaient atteindre.


"Allons-y, ne perdons pas de temps. Garde ta rapière à portée de main."

Le terrain s'avéra glissant et plus d'une fois, les chevaux glissèrent en hennissant d'effroi. Le contraste était flagrant ici par rapport au lieu où ils, où Alecto, avait établi leur camp. L'odeur de décomposition et d'humus était lourde dans l'air. Des nappes de brumes les isolaient l'un de l'autre par instant. C'est fatigués qu'ils atteignirent le fond. Un ruisseau rapide y creusait son lit, l'eau était claire mais les chevaux refusèrent de boire. La carcasse desséchée d'une grosse bête gisait tout près. Tout incitait à la prudence et pourtant l'attaque les surprit. Une pluie de fléchettes cribla les cuirs de Damascus sans les percer, et toute hurlante, une horde de petits humanoïdes se rua sur les deux intrus de tous les côtés. Ces petites créatures ne mesuraient pas plus de trente centimètres. Elles étaient nues, seulement couvertes de pagnes rapiécés qui ne cachaient pas leur maigreur. Leur peau était grise et leur visage étaient dissimulés derrière des masques de mort taillés dans de l'écorce. Ils étaient armés de lances de fortunes et de petites lames courtes. Seuls ils n'étaient rien mais en nombre, ils représentaient un danger mortel et ... ils avaient faim. L'épée du démon siffla et faucha les trois premiers, les coupant proprement en deux. Une nouvelle pluie de fléchettes vola et Damascus identifia des tireurs soufflant dans des sarbacanes.

"Evite les traits! Ils doivent être empoisonnés!"

La jument d'Alecto rua et une nuée de petits êtres fut propulsée dans les airs. Les petits corps brisés retombèrent au milieu des vagues de leurs congénères.

"Alecto bordel! Tue!"

Il la voyait, tout comme lui, débordée de toute part. Les petits monstres s'accrochaient à ses jambières pour la mettre au sol. Une fois encore elle allait devoir faire ses preuves.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le dimanche 12 septembre 2021, 11:14:06
La frustration avait creusé les entrailles d’Alecto toute la journée. Elle ruminait, certes discrètement, pour elle-même alors que ses pas suivaient machinalement ceux de son Maître. Il était dérangeant de songer ainsi pour elle ; La joie immense, indescriptible, de savoir Damascus éveillé et en vie aurait dû surpasser la colère que les moqueries anodines et habituelles avaient provoquée en elle. Allié à l’arrêt de ses attentions dont elle raffolait, dont elle avait besoin désormais même, le Petit Corbeau sentait maintenant en elle une boule qui grossissait, tout autant dans son esprit que dans son ventre.

Damascus décidait pour elle, à peine quelques minutes après son réveil, décidait quand, comment et où elle devait prendre plaisir, et s’octroyait le droit de le lui refuser si bon lui chantait. Un frisson gelé la pétrifia dans sa marche, en osant à nouveau réfléchir à cela. Pourtant, n’était-il pas légitime de ressentir cette frustration ? Pire, elle avait de plus en plus cette petite voix de rébellion qui lui chuchotait à l’oreille ; Si elle s’était tut ces jours derniers, au vu des péripéties qu’ils avaient traversées, remplacée par l’instinct de survie sans possibilité de songer à rien d’autre, désormais elle revenait en force.

Démon ou pas, Alecto avait été libérée de sa Maîtresse. Valait-elle moins que lui ?
Oui. Bien sûr que oui ! Ses paupières se fermèrent, elle manqua de tomber en se prenant les pieds, mais l’élan de sa jument qui suivait l’Etalon la remit sur les rails tranquilles d’un parcours automatisé. Suivre Damascus. Poser ses pas dans les siens. Accueillir ce qu’il voulait bien donner. Et s’en féliciter. Elle avait la chance de le servir, et alors qu’elle observait son dos, ses cheveux sombres, les muscles qui roulaient au rythme de ses pas, ses lèvres s’étirèrent en un sourire radieux mais timide, secret, à la dévotion plus puissante encore que l’amour.

Cependant, à mesure que changeait le décor dans lequel ils évoluaient, ces préoccupations s’envolaient pour laisser pleine conscience à sa perception, et évidemment, à la crainte.

« Oui Messire. » Souffla-t-elle tout bas à son ordre, son conseil ? Le Petit Corbeau regrettait déjà la forêt millénaire, en sortant sa petite aiguille de son fourreau. Un sursaut la fit hoqueter en entendant siffler les traits se fichant dans le cuir de son Maître, et poussa un cri aigu en voyant se ruer vers eux les petites créatures grises et agressives. Ces masques étaient un présage terrifiant qui la faisait frissonner, d’abord amorphe.

En serrant la garde dans sa paume à la peau abimée, le sentiment de devoir protéger son Démon la submergea soudainement, raffermissant sa prise sur le pommeau de son arme, et elle fit un bond de côté pour éviter une petite fléchette dans un réflexe essentiel. La petite voix lui demanda alors sournoisement ce qui arriverait si elle gardait l’une d’elle, et l’administrait au Démon… Aussitôt, un haut-le-cœur la fit réagir, Alecto fronça les sourcils et tailla sans réelle distinction dans quelques petits hommes. Les petits cris stridents indiquaient qu’elle tranchait la chair de leur dos, mais sa lame n’était pas faite pour les découper. Ils ne tombaient pas.

Courant avec plus de vigueur, mus par l’instinct de survie sans doute, ceux qu’elle avait frappés tournèrent dans sa direction pour fondre sur elle, dans des sons étranges, comme des claquements de dents sous leurs masques funestes. La panique faisait gonfler sa poitrine, l’Esclave ne recula cependant pas, consciente qu’elle ne pouvait ni fuir, ni se cacher, clouée sur place par deux d’entre eux. Et se coller à sa monture était une idée dangereuse, vu la fureur des bêtes quant à leurs assaillants.

Lançant son coude en arrière puis dans un élan rendu net par l’injonction de Damascus, la rapière perfora net un ventre, en ressortit, puis passa de nouveau au travers d’une cage thoracique. Un coup de pied écarta une créature qui maintenait son genou pour la faire basculer, glapissante, et la lame perça son épaule au hasard. Des filets carmin tâchaient sans distinction le gris des peaux et la terre. Un cri s’échappa de sa gorge en sentant une vive douleur au mollet, provoquée par la pointe d’une lance, et elle bascula en arrière, lâchant son arme dans sa chute.

Son dos cogna mollement, en écrasant un petit homme blafard qu’elle avait tué, écartant le brouillard comme un nuage morbide, alors que celui qui restait accroché à elle en profitait pour l’escalader davantage en espérant la maintenir au sol.

« Lâche moi ! Lâche-moi ! »

Hurla le Petit Corbeau, les yeux ronds d’une rage explosive, en repoussant avec vigueur le visage masqué de l’agresseur, et agrippant de l’autre la touffe filasse de cheveux ternes qui dépassait, tirant de toutes ses forces, en grognant. L’être fut projeté sur le côté en poussant des feulements, et elle eut à peine le temps de rouler sur elle-même, la face dans la poussière, pour se saisir de sa rapière et l’embrocher alors qu’il lui sautait à nouveau dessus.

Sans y réfléchir, elle saisit une fléchette tombée près d’elle, la fourra dans une poche. En se relevant, Alecto était plus sale encore qu’avant, mais son visage exprimait une détermination folle. Les pupilles dilatées, la Servante se fraya un chemin jusqu’à son Maître, sans le lâcher des yeux, à coup de lame et de pieds, trébuchant sans s’arrêter pour autant.
"Alecto bordel! Tue!" Une horrible pensée la faisait trembler, acheminant ses pas sans discontinuer comme un automate. "Alecto bordel! Tue!" Plus la silhouette du Démon s’approchait et découpait la brume, s’échinant à trancher les pygmées enragés, plus le cœur de la Petite Poupée Docile tambourinait. "Alecto bordel! Tue!"


Oui.
Elle marchait comme un fauve en repoussant les moustiques sur ses jambes et en oubliant les piqûres de leurs lances.

Elle était à deux mètres de Damascus, il venait d’en découper littéralement un en deux parties en éclaboussant d’un sang visqueux son gant sombre. L’odeur déjà lourde devenait macabre. Alecto avala sa salive sans difficulté. Sa poitrine lui faisait mal, le glyphe brûlait sans qu’elle ne puisse en avoir conscience.

Et pourtant, alors que ses doigts serraient la garde de sa rapière, si fort que les jointures blanchissaient et la faisaient souffrir, le sifflement d’une aiguille de sarbacane lui perça les tympans. La trajectoire était nette, et le Démon trop occupé à lacérer de petits corps gris qui lui sautait jusqu’au torse en claquant des dents de manière lugubre…

« Damascus ! »

Sans réfléchir, Alecto se jeta sur son Maître en hurlant, couinant sous la piqûre de la pointe empoisonnée qui venait de percer la peau de son cou, sous l’oreille si bien dégagée par la punition capillaire infligée jadis par le Démon. Le Petit Corbeau tomba à genoux et machinalement, se saisit de la fléchette, le visage tordu par la douleur.  La piqûre n’était pas si brutale, songea-t-elle étrangement, dans un état bizarre où les sons de l’assaut autour d’elle semblait s’apaiser, mais son cou s’engourdissait, puis elle dû lâcher la rapière tant les fourmis parcourait ses mains. Ses jambes lui semblèrent lourdes et elle perçut cependant comme des morsures à ses chevilles. Comme si son corps ne répondait plus exactement à ses ordres, les yeux d’Alecto cherchèrent le Démon, paniquée à l’idée qu’il soit éloigné soudainement.

Il n’avait pas été blessé.
C’était un soulagement.
Ses paupières bâtèrent rapidement, comme lorsqu’on lutte pour ne pas s’endormir.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le lundi 13 septembre 2021, 19:41:10
C'était un véritable carnage. L'épée du démon fauchait, taillait, pourfendait les rangs des petits parasites qui piaillaient d'excitation malgré les ravages qui décimaient leur nombre. La faible qualité de leurs défenses dérisoires ne valait rien face à du bon acier frappé. Ils mourraient l'un après l'autre, souvent étripés par le même coup. Mais il en arrivait toujours plus, comme si la terre avait décidé de se purger de cette vermine en la vomissant de ses entrailles. Ils étaient partout, insupportables, piaillant et poussant des cris aigus, encourageant leurs congénères à monter au massacre.
Damascus s'escrimait non plus à les repousser mais à les arracher de ses jambes. L'un d'eux le mordit au gantelet et resta pendu à la seule force de ses mâchoires. Damascus le secoua sans succès avant de faire glisser sa lame le long de son avant-bras pour le décapiter. les membres et les têtes volaient, les entrailles des créatures se répandaient en monceaux infects et puants. Autour des chevaux qui piétinaient ces petites choses irritantes, la terre humide  se mélangeait à une bouillie immonde de corps fracassés par les sabots des montures. L'étalon noir se cabrait, battant des fers et pulvérisant les crânes. De son côté, la jument d'Alecto ruait à tout va, nettoyant l'espace autour d'elle. La cacophonie du combat résonnait dans la ravine. Alecto ...

Elle venait d'hurler son nom, toute proche, derrière lui. Un gnome agrippa le démon par ses longs cheveux noirs et tira pour le déstabiliser. Damascus le happa et le broya contre un tronc maigre et mort depuis longtemps. Une tâche claire attira son attention dans sa vision périphérique, une tâche à terre. L'espace d'un instant, le visage du démon pâlit plus qu'il ne l'était déjà. Alecto gisait à ses pieds, une fine fléchette plantée dans son cou. Elle s'était effondrée entre le tireur et lui. Au nombre des projectiles criblant ses cuirs, c'est bien lui qui était visé, elle s'était où interposée où malheureusement déplacée là au moment du tir. Connaissant sa petite intrépide, Damascus opta pour la première option. En trois enjambées, il parvint au petit être gris qui rechargeait sa sarbacane et le fendit en deux. Ces engeances étaient les plus dangereuses. Abandonnant Alecto, il se déchaina, de rage, et s'adonna à une sauvagerie sans nom. Qu'importe le nombre maintenant, il tuait, i avait besoin de massacrer. Sa nature démoniaque émergeait, catalysée par la chute de sa compagne, et il ne s'arrêterait qu'une fois tous les parasites éliminés. Une multitude de petites entailles superficielles marquaient sa cuirasse légère. Sa ronde mortelle accéléra et devant cette furie, le troupeau de survivants décida que cette cible était bien trop coriace. Aussi rapidement qu'elle avait attaqué, la horde s'enfuit en hurlant, masse grise et compacte s'enfuyant entre les racines pourries. Leurs cris se dissipèrent dans l'humidité de la combe et bientôt, le silence redevint maitre des lieux. Le démon se traina à genoux jusqu'à Alecto, il peinait à avancer dans cette boue rougeâtre, plus collante au centre de l'endroit où ils avaient résisté.


"ALECTO?"

Elle était froide, tremblait déjà et transpirait d'une sueur glacée. Autour de la pointe de la fléchette, une auréole putride s'était formée sur la peau pale de son cou. Un poison à n'en pas douter. Les chevaux se rapprochèrent de leurs maitres et la jument souffla des naseaux contre la joue de la jeune femme. Le démon se dépêcha de récupérer leurs armes, il fallait quitter cet endroit au plus vite. Il n'avait pas le choix, il souleva Alecto et la passa en travers de la selle de la monture docile, puis prenant les chevaux par la bride, il franchit le ruisseau pour s'aventurer sur le versant opposé au leur et remonter la pente glissante de la colline. Il glissait, jurait, se blessa un genou en heurtant une pierre. Les chevaux s'efforçaient d'ancrer leurs sabots dans la glaise et dérapaient eux aussi. Quand ils atteignirent la crête, ils étaient épuisés. Damascus vomit de fatigue et inspira longuement, l'air redevenait plus léger. Une centaine de mètres plus loin, la forêt millénaire avait reprit ses droits et ils foulèrent à nouveau un sol sec couvert de feuilles odorantes. Il faisait nuit, il trébuchait sur des racines qu'il ne voyait pas. Il fallait s'arrêter et s'occuper d'Alecto maintenant qu'ils avaient quitté la ravine maudite. Les rôles s'inversaient à présent. Damascus trouva un creux dans le tronc massif d'un arbre et posa son lourd manteau au sol pour y allonger Alecto. Elle se rigidifiait, comme si elle passait la porte du paradis ... où des Enfers. Le démon s'affaira à déchirer sa chemise poisseuse et versa de l'eau sur la plaie purulente. Sa petite poupée avait le visage cireux et des cernes noirs pochaient ses yeux clos. Ses lèvres avaient prit une teinte cyanosée, le poison œuvrait rapidement. Un feu était nécessaire à présent et Damascus en alluma un très vite, se moquant de pouvoir révéler leur position. S'il fallait défendre Alecto, il le ferait jusqu'au bout. Jusqu'au bout? Cette pensée lui brûla l'esprit. Il se ressaisit. Il avait besoin d'elle pour accomplir sa quête, c'était tout et il devait s'en persuader. Son essence de démon n'était pas de nature à accorder une place à un quelconque sentiment. Pourtant, en la voyant si fragile et mourante, une sourde angoisse lui nouait les tripes. Damascus n'avait pas peur, il était trop puissant et trop fier pour ça mais ...
Il n'avait qu'une solution, qui ne l'enchantait pas car il ne voulait pas corrompre Alecto plus qu'elle ne l'était déjà. Néanmoins, il devait recourir à des pouvoirs anciens et maléfiques pour neutraliser l'effet du poison. Il retira une fléchette plantée dans le cuir de la selle de son étalon et l'examina. la pointe était fine, sans crochet. Sans hésiter, il pressa deux doigts sur le cou d'Alecto, enserrant la fléchette et tira dessus précautionneusement. Elle sortit sans qu'il ait à forcer et aussitôt il apposa une braise ardente sur la plaie qui grésilla. Elle était cautérisée. Il s'apprêta ensuite à incanter, décidé à user de sa magie démoniaque quand un craquement subtil, derrière lui, le fit pivoter et saisir son arme. Les chevaux n'avaient pas bougé et attendaient paisiblement en le regardant. Une petite créature se tenait à l'entrée du creux et les regardaient avec attention. Damascus glissa sa main vers la poignée de la dague accrochée à son ceinturon. Ca recommençait ...

L'être avait une ressemblance avec les gnomes de la ravine mais était dodu. Sa peau avait une teinte verte et il ne portait pas de masque. Son visage était comique et joufflu et il était complètement nu. Aussi petit que ses frères gris, il se dandinait d'un pied sur l'autre, son pénis lourd et curieusement disproportionné  ballotant au gré des mouvements. Il tenait un bâton dans lequel était enchâssé une pierre bleue. La créature piailla d'un trille doux et rassurant. Elle huma l'air et fronça ses sourcils, soudainement courroucée. L'être paraissait âgé. Il s'approcha en boitillant d'Alecto et la toucha du bout de son bâton. Il hulula une exclamation triste et sans se soucier de Damascus, fit le tour du corps froid pour s'approcher de sa tête. Le démon le laissa faire, la créature n'avait rien de dangereux, il restait sur ses gardes mais escomptait un miracle. A l'extérieur, dans la nuit, une douce mélopée s'éleva des ombres. L'Ancien, c'était peut être un chaman, renifla la plaie fraiche et hoqueta, babillant un flot de sons incompréhensibles. Il se tourna vers Damascus et d'un doigt autoritaire, lui imposa de reculer. Ensuite, il se campa les jambes écartées devant la jeune femme et sans attendre, pissa longuement et consciencieusement sur la blessure, prenant soin de bien viser le point d'impact de la fléchette.


"Tu dégages de là ..."

La lame du démon vint aussitôt se posé sur sa gorge et le petit être, d'un geste négligé, fit disparaitre l'arme comme si elle n'avait jamais existé. Une force douce et inexorable ramena Damascus à sa place et après lui avoir lancé un regard de reproche, l'Ancien s'agenouilla et incanta doucement, les mains tendues au dessus d'Alecto ...

Une torpeur lourde s'empara du démon, il tenta bien de résister, s'aperçut qu'une foule de petits êtres verdâtres s'était avancée dans la lueur chantante des flammes mais un instant après, il était plongé dans un sommeil profond.

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le mardi 14 septembre 2021, 00:03:15
La clarté perçait la fine peau de ses paupières.
La température de son corps était idéale et elle se sentait confortablement installée, sans pouvoir deviner sur quoi elle était allongée. Était-elle réellement allongée ? Sa perception de sa propre personne lui paraissait étrangement floue, mais la seule pensée qui l’étreignait était un bien-être serein. Aucun son ne distrayait ses oreilles, aucune odeur ne chatouillait ses narines.

Alecto percevait un silence véritable, lui rappelant le petit Sanctuaire où elle avait grandi. Et cette sensation s’imposait à elle comme un bienfait reposant.

Était-elle au Paradis ?

Un long moment, incalculable, le Petit Corbeau le cru. Elle se sentait libérée des chaînes invisibles qui la contraignait, et pour la première fois de sa vie, se sentait réellement bien. La jeune femme se rendit compte qu’elle ne ressentait aucune culpabilité, qu’elle ne se questionnait pas, qu’elle était vide de ces émotions qui la parasitaient depuis toujours.

Bien qu’il soit souvent interdit d’y songer, l’Esclave avait toujours imaginé le Paradis ainsi. Apaisée de ses fardeaux.

Après un long, long moment, la curiosité s’imposait pourtant à elle, et Alecto ressentit l’envie folle de découvrir, visuellement, à quoi ressemblait la vie céleste. Elle avait espéré et œuvré toute son existence pour être digne de ce lieu, et une joie folle l’envahissait à l’idée d’avoir été à la hauteur des épreuves du Très Haut. Tout ceci en valait la peine, pensa la Petite Poupée, tous ces sacrifices, toutes ses peines endurées sans sourciller, de bon cœur, en tendant l’autre joue… Elle avait toujours su qu’il s’agissait du bon chemin, le plus dur, mais le Bon.

Sa Peine s’était achevée.

Avec une lenteur extrême, ses paupières se soulevèrent doucement, et elle dut les refermer derechef, éblouie par la lumière sur son visage. A nouveau, Alecto prit de longues minutes encore pour s’habituer, ouvrant étape par étape les yeux, avant de discerner ce qui ressemblait à un ciel blanc. Immaculé. Sans pouvoir se contrôler, des larmes s’écoulèrent du coin de son œil, roulant sur ses joues jusqu’à son cou. Mais ses membres lui paraissaient bien trop mou pour essuyer le sillon laissé, qui sécha doucement.

En fixant l’immaculé, Alecto bénissait les Cieux de l’avoir accueillie. Elle était débarrassée de la Haine des Hommes, de leurs guerres, de leurs vengeances. Libérée des Maîtres Mortels.

Alors que le silence apaisant avait jusqu’alors tranquillisé son esprit, des sons commencèrent à lui parvenir. Flous, lointains. Irréguliers ou plutôt, confus. Une petite mélopée se dessinait au creux de ses tympans, c’était agréable, le Petit Corbeau sourit tendrement. Les yeux toujours grands ouverts à admirer la perfection laiteuse comme un voile lumineux devant son regard, les sonorités changèrent, et à quelques notes de musique se mêlèrent comme des voix.

D’abord indistinctes, il lui fallut encore longtemps avant de réaliser qu’il s’agissait d’un langage étranger au sien. Parlait-on plusieurs langues au Paradis ? Sans que cela ne la choque de prime abord, la Servante tourna la tête, à droite, puis à gauche, pour tenter de suivre les voix, mais où que se posent son regard, le ciel d’ivoire s’étendait à perte de vue. Ce fut en prenant une profonde inspiration par réflexe qu’Alecto se rendit compte qu’elle commençait à percevoir des effluves étranges. Jusqu’alors privée d’odorat, il lui semblait reconnaître un parfum boisé, terreux. Le Jardin Originel ?

L’étrange sérénité qu’elle ressentait commençait bizarrement à se dissiper, sans qu’elle ne puisse expliquer comment, ni pourquoi. Les conversations, les litanies et les odeurs qu’elle redécouvrait semblèrent soudainement bien trop réelles. Le Paradis devait être constitué de choses familières aux Elus, pensa-t-elle, et toute contrariété abandonna son esprit…

Elle s’éveilla plus facilement cette fois, ouvrant délicatement les yeux. Les voix n’avaient pas cessé, mais étaient moins nombreuses. Elle en dénombrait trois inconnues. Non. Deux. La troisième lui était étrangement familière. Le ciel blanc prenait encore toute la place dans son champ de vision, impossible de voir qui parlait… Mais elle comprenait quelques bribes de paroles, désormais qu’elle y prenait attention. Un timbre rugueux, une tonalité posée, lente. Cela disait « Cécité » pourtant, Alecto était persuadée qu’il ne s’agissait pas de la Langue Commune.

Une voix la fit sursauter.
Un grognement plutôt, plus qu’un mot. Ses cils battirent l’air fébrilement en réalisant connaître parfaitement ce son.

Damascus.
Non. Impossible, les Démons n’allaient pas au Paradis.

Soudainement, le Petit Corbeau trouva étrange de n’avoir aucune conscience de son corps et voulut bouger les bras, en vain. Et un contact la fit suffoquer. Quelque chose venait d’entrer en contact avec son épaule, sans violence, cependant. Peut-être une main qu’on pose pour apaiser ?
Et pourquoi ne voyait-elle que ce blanc immaculé partout ?! Un sentiment bien connu monta insidieusement en elle. La Peur. Le Doute. Où était-elle ?

Son cœur battait vite, trop vite pour quelqu’un de mort. La voix étrange répétait « Cécité » et « Aide » et « Gris », sans cesse, en vocalisant davantage, comme s’il espérait se faire comprendre du Démon. Le parfum d’humus lui explosa aux narines d’un coup, la faisant hoqueter, et la jeune femme  perçu sa propre voix de manière extrêmement forte. Ce qui l’effraya. Damascus pesta, le contact sur son épaule se fit plus fort.

Prisonnière de son corps qui refusait désormais ses ordres, l’Esclave entendait la voix rugueuse articula posément, sans une once d’agacement une phrase qu’elle comprit parfaitement. « Cécités partir quand Guerrier donner son Aide contre Frères Gris. »

Ses paupières papillonnèrent à l’entente de cette phrase. Cécité ? Son attention tout entière se concentra sur le voile blanc devant ses yeux, dans l’espoir d’y déceler le moindre détail, le contour d’une silhouette, alors qu’elle tournait la tête vers la direction où devait se trouver celui qui venait de parler. Il parlait d’elle. Il parlait de ses yeux. Était-elle paralysée, aveugle ? Son cœur s’emballa et elle manqua d’air, et autour d’elle, l’air bougeait, on se déplaçait, du cuir frottait rapidement, mais tout mouvement se stoppa soudainement, alors que de nouveau se faisait entendre la mélodie entendue jadis.

En s’éveillant, elle ouvrit immédiatement les yeux, tendit l’oreille. C’était silencieux, mais cette fois, loin d’être apaisant. Son corps basculait lentement… Et Alecto se dit qu’elle devait être sur une toile tendue, un hamac ? L’odeur était bourrée de terre et de feuille, l’air sur ses joues lourd. Était-elle sous terre ? Du blanc à perte de vue… Pourtant, cette fois, ses orteils bougeaient, et ses doigts également ! Un large rire lui explosa les tympans. Le sien. Soulagée d’avoir repris le contrôle sur ses membres, même sommairement, l’Esclave tourna la tête et décela une respiration proche de la sienne. Elle pouvait la reconnaître entre mille… Son Maître dormait près d’elle. Sa main tâtonna, mais ne trouva rien d’une sensation rugueuse de tissu tendu sous sa paume.

Elle sursauta en entendant la voix familière s’élever d’un peu plus loin, et fut toujours aussi étonnée de comprendre vaguement le sens de ses paroles. Le Démon avait été endormi parce qu’il avait été violent. Alecto ne put s’empêcher de pouffer de rire. Ce n’était pas étonnant de lui, et si elle avait bien perçu, Damascus ne comprenait pas cette langue. La voix continua de lui parler lentement, longtemps, lui expliquant posément les détails de son plan…

Ils étaient en sécurité depuis des heures, dans leurs galeries sous-terraines.
Ils étaient propres, nourris et protégés.

Elle était sauvée de la Mort.
Mais il faudrait payer le prix.

« Laissez-moi parler à mon Maître. » Souffla-t-elle, du moins était-elle persuadée d’avoir murmuré, mais cela résonna dans sa tête. Aussitôt, des mains la frôlèrent, la redressant dans ce qui tenait désormais davantage lieu de balançoire. Sous ses pieds nus, à intervalle régulier et doux, un sol moelleux de mousse sans doute… Les douleurs du voyage étaient effacées, sa mâchoire ne faisait plus mal… Son pied heurta une masse plus dure, et Alecto sursauta en comprenant qu’il devait s’agir du Démon, endormi au sol. Le tableau immaculé lui refusait toujours de percevoir quoi que ce fut.

« Maî… Messire ? »

Elle n’était pas au Paradis.
La douleur lui serrait la gorge, mais l’absence de souffrances physiques alanguissait étrangement sa peine. La respiration de l’Infernal s’accélérait, signe qu’il se réveillait… La Servante ressentit un étrange pincement à ne pas pouvoir se rassurer en voyant son visage.

« Ecoutez-moi Messire. Il va falloir aider ces gens. Ils vous ont vu vous battre contre les hordes de créatures grises. Combattez pour eux, soyez leur Champion, et ils me rendront la vue. »

Pour Alecto, fidèle et dévouée, cela ne faisait aucun doute ; Son Maître accepterait ce marché pour qu’elle soit de nouveau en pleine possession de ses sens.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le vendredi 17 septembre 2021, 22:40:34
Pour peu qu'un démon ai jamais eu un sommeil doux et réparateur, Damascus fut, ce jour là, peut être le premier de sa race à vivre cet état de grâce. Il était bien, conscient de sa béatitude endormie, et son rêve étrange lui offrait un cocon duquel il n'avait pas envie de sortir. Son corps lui paraissait souple et léger, reposé et purgé de toute impureté. De toute impureté .... Cette pensée lui fit ouvrir les yeux et il ne comprit pas où il était. Ses souvenirs jusqu'au dernier  étaient intacts et il revoyait le regard lourd de sagesse du petit être qui l'avait corrigé. L'air sentait la terre propre, brassée. L'endroit était sec mais aéré. La pièce dans laquelle ils se trouvaient était étroite, basse de plafond mais confortable. Elle n'avait pas de porte et il pouvait voir qu'un corridor tranquille y débouchait. La lumière douce et tamisée était diffusée par un lichen épais accroché en grappes au murs bruts. Il devina qu'ils étaient dans un terrier, ou quelque chose dans ce genre là, sûrement le repaire de leurs nouveaux hôtes. A ses côtés, Alecto dormait paisiblement et elle affichait un sourire doucereux. Tout allait bien. De toute impureté ... Il y repensa et tendit le bras pour approcher la main de la poitrine de la jeune femme. Il fut soulagé de constater que le glyphe vibrait encore de son énergie à lui, plus faiblement certes, altéré par la magie de guérison de l'ancien, mais toujours là. Damascus reposa sa tête sur une masse tendre et se rendormit immédiatement.

Elle lui parlait. Elle lui parlait comme elle le faisait toujours, avec prudence et respect. Durant le combat, elle lui avait donné du 'Damascus' et à y repenser, il en avait sourit. Là, c'était à nouveau du Alecto précautionneux. Le guerrier se redressa sur les coudes. Il était nu. Un examen rapide lui indiqua que plus aucune cicatrice ne marbrait son corps parfait et qu'un regain de vitalité coulait dans ses veines. Il la regarda tandis qu'elle parlait. Elle le contemplait sans le voir et ne s'en plaignait pas.


"Viens!"

Accompagnant la parole, il la prit dans ses bras pour la serrer contre son torse. Elle était si légère. Elle sentait bon. Les petits êtres les avaient lavés, leurs affaires reprisées et propres étaient posées sur un petit meuble rustique. Damascus ne doutait pas que leurs chevaux vivaient aussi les plus doux moments de leur existence.

"Ne me refais plus jamais un coup pareil Alecto ... J'en perdrai toute envie de vivre."

C'était exagéré mais elle aimerait l'entendre. C'était exagéré mais moins que ce qu'il aurait admis. Il fallait quand même qu'il reprenne la main sur cet environnement auquel il n'était pas habitué.


"J'ai très envie de te baiser maintenant" lui glissa t'il à l'oreille en insinuant ses doigts entre ses cuisses pâles.

Un couinement courroucé lui ôta l'envie d'aller plus loin dans son exploration. A l'entrée de la pièce,  l'Ancien babilla un monologue rapide en le désignant d'un doigt accusateur.

"Quoi? Même ça faut ta permission?"

L'autre ne s'offusqua pas, haussa les épaules et lui fit signe de le suivre dans le corridor. Ah oui ... tout ça n'était pas gratuit, elle lui avait expliqué. Il pouvait refuser mais se coltiner une aveugle, même bien baisable, là où il se rendaient, c'était hors de question. Aussi, il s'habilla, s'équipa et rejoint l'Ancien qui l'attendait avec une troupe de sbires en armes. Ils représentaient vraiment l'exact opposé de leurs frères gris. Ils respiraient la bonté et la gentillesse. S'ils étaient en guerre contre leurs cousins, ça ne devait pas être facile. il arpenta un dédale de galeries propres, escortés par son groupe de protecteurs. Devant eux,  des femelles et des mioches détalaient sur leur passage, disparaissant dans des galeries annexes. Des rires résonnaient, aigus et contagieux. Ils remontèrent une pente légère et s'arrêtèrent devant une porte en bois solidement gardée par une escouade d'êtres plus épais que les autres. Ils portaient une armure d'écorce et brandissaient des piques pointues. Un ordre fusa et la porte s'ouvrit. La lumière du jour investit les lieux et Damascus plissa les yeux. Ils émergèrent à quelques mètres du renfoncement dans lequel il s'étaient réfugiés la veille au soir. La veille? Peut être plus, il n'en savait rien. Les chevaux attendaient là, gardés et bichonnés, heureux et repus. Les cuirs des équipements étaient comme neuf, les sacoches pleines, et des bottes d'herbe fraiche attendaient d'être emballées. L'étalon noir tourna la tête vers son maitre et le nargua d'un hennissement provocateur avant de se laisser gratter à nouveau par une créature consciencieuse.

"Toi mon vieux, tu vas finir comme une carne de parade." La monture ignora superbement le démon.

L'escorte s'impatientait. L'Ancien le poussa en avant. Apparemment ils feraient le chemin inverse à pied car ils prenaient clairement la direction de la ravine. Damascus ronchonna. Il n'avait aucune envie de retourner dans ce bourbier tant il avait eu du mal à en sortir. Il traina un peu, toujours aiguillonner par un sifflement ou une injonction du petit vieux. L'air doux de la matinée se fit plus âcre. Ils approchaient. L'ancien passa devant, huma l'air et dit quelque chose à ses troupes qui les effraya. L'escorte se dispersa, les petits êtres cherchant refuge derrière des racines ou des rochers. Leurs lances pointaient vers la grisaille de cette partie malade de la forêt et ils ne firent plus un bruit. L'Ancien se tourna vers Damascus, psalmodia et fit apparaitre devant lui un glyphe doré scintillant. D'un souffle léger, il le poussa vers le démon et le signe magique fut absorbé par sa poitrine. Une chaleur bienfaisante se diffusa dans son corps. Une protection sûrement. Quand il releva la tête, l'Ancien avait disparu. Derrière lui, ses gardes toujours maladroitement cachés, attendaient qu'il commence sa descente.

Retrouvé la scène du carnage fut aisé, il suffisait de descendre en ligne droite vers l'endroit où l'odeur était la plus insoutenable. Dans le fond de la ravine, la Mort avait repris ses droits et les vers dévoraient la chair putride des créatures qu'ils avaient abattues. Par les Enfers! Que ça puait! Le démon mesurait le ridicule de la situation. Seul à nouveau contre une horde de termites hurlantes. Alecto lui avait dit qu'il devait les exterminer. D'ailleurs ... Comment les comprenait-elle? Il avait oublié de lui demander. Mais maintenant qu'il y était, autant aller jusqu'au bout. Il se remémora les affres du combat et retrouva la piste par où la horde s'était enfuie. Il la remonta prudemment, tous ses sens en alerte, jusqu'à ce que des falaises de glaises, hautes de plusieurs mètres, l'encadre. Le ruisseau y coulait et il n'eut d'autre choix que de le remonter en son centre. L'eau fusait, acide contre ses bottes qui brillèrent d'une lueur dorée. Le glyphe œuvrait pour le préserver. Il marcha un moment, suivant les traces de la bande désorganisée qu'ils avaient vaincus. Le démon arriva enfin devant une grotte sombre d'où sortit un hurlement de rage. Il dégaina et se mit en garde. Ils devaient être des milliers là-dedans à se préparer à l'assaillir. Au lieu de ça, un être gris, purulent, semblables à ceux qui les avaient attaqués, sorti de l'ombre et l'apostropha violemment. Il était bien sûr ridiculement petit et particulièrement laid. Il s'avança et derrière lui, un flot compact de petits guerriers suivit, haranguant leur chef. Car il s'agissait bien du plus puissant d'entre eux ... Pour faire bonne mesure, et limiter les risques face à ce géant qui les avaient déjà massacrés, les êtres gris exhibèrent leurs sarbacanes et le criblèrent de fléchettes. Aucune ne fit mouche, écartées du démon par l'aura lumineuse qui scintillait à chaque piqure. Il s'en félicita, sinon son corps aurait pourri dans cet antre immonde. Hurlant de rage, le petit chef vainquit sa peur, leva sa lame rouillée et se rua sur son adversaire. Damascus le cueillit au cou, d'un mouvement souple et sec, le décapitant net et envoyant sa tête rouler aux pieds de ses congénères. Un 'OOOOOHHHH' surpris et aigu l'accueillit avec déférence mais pas un être ne bougea. Au contraire, leurs corps se voilèrent, se dissipèrent sans plus un bruit et disparurent en volutes grises. Quoi? C'était tout? Damascus venait de mettre fin à une guerre millénaire d'un coup d'épée? Il rit pour lui-même, esquissa quelques pas en se baissant dans la grotte d'où ne sortait pas un son. Il haussa les épaules et en vainqueur, retourna rejoindre les créatures vertes en haut de la butte. Il ramenait la tête du chef qui seule restait e cet étrange moment. Les gentils petits guerriers applaudirent, chantèrent, crièrent de joie, propageant la nouvelle aux animaux de la forêt et à leurs pairs. Le retour fut triomphal mais loin d'être simple, tous voulant le toucher, lui cirer ses bottes où le tenir par le doigt. Seul l'Ancien restait digne mais un sourire heureux barrait son visage. Le retour au havre de paix de leur demeure fut salué par un concert de flutes et de tambourins et quand il fut amené à Alecto, il avait hâte que cela se termine. Dehors un festin se préparait déjà.


"Est-ce que je t'ai manqué?"

Il lui prit le menton pour lever son petit visage de porcelaine vers lui.

"Maintenant tu vas dire au petit vieux qu'on va baiser jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout."
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le vendredi 21 janvier 2022, 22:26:50
Être dans les bras de Damascus.
Sentir sa peau lisse, douce. Sans aucun défaut. Elle la savait pâle, sans avoir besoin de la voir présentement. Parfaite.
Son Paradis n’était pas celui qu’elle croyait mais… Une bouffée étrange colora ses joues, et dans sa poitrine, son cœur vrombit lorsque le Démon lui ordonna de ne plus jamais agir ainsi. Ne plus lui faire peur ? Il était inquiété pour elle ?

Mensonge ou pas, pour le Petit Corbeau, les mots de l’Infernal étaient des vérités intouchables. Elle rêvait de les entendre, et, privée de la vision idéale de son visage si raffiné, sa voix mélodieuse n’en demeurait pas moins la chose la plus plaisante au Monde. Son Monde.

« Oui mon Maître… »

Collée à lui, à son corps nu, une chaleur irradia son buste, le glyphe les liant paraissait plus fort que jamais. Le murmure à son oreille réveilla immédiatement en elle un tourbillon de désir. La Servante avait oublié où elle était, ou s’ils étaient entourés. Le tambour dans sa poitrine résonnait dans ses tympans comme sous un orage puissant… Elle avait envie de lui, son corps le réclamait, et aussitôt cette main glissée entre ses cuisses la fit défaillir.

La chute fut brutale, comme on sort trop vite d’un rêve, et l’air autour d’elle changea. La tension érotique entre eux se dissipa, aussi vite que passe l’averse, laissant la petite Esclave bouche bée. La jeune femme baissa les yeux, honteuse, en sentant son Maître se lever, la laissant choir ainsi, pour suivre l’Ancien.

Vainement, Alecto tourna la tête de part et d’autre de la pièce où elle se trouvait… Seule ? Un sursaut la fit couiner en se rendant compte qu’on la touchait, avec respect, et peut-être même une pointe de timidité. De petites mains -elle en perçu quatre- la redressèrent, et dans un silence étrange, on l’habilla. Ses vêtements sentaient bon. Le cuir ne crissait plus de crasse, de terre, de sang. Ses bottes étaient sèches et les trous dans ses semelles avaient disparus. Sans pouvoir se retenir, un sourire, même un rire, accompagna ces révélations…

- Je la garderais bien avec moi.
- Si le Guerrier échoue, tu n’as qu’à la demander à l’Ancien, mais elle ne sert pas à grand-chose, si elle ne voit pas.
Un ricanement guilleret résonna.
- ça m’arrange un peu qu’elle ne puisse pas me voir…
Et les deux petites voix rirent ensemble.

Alecto n’osa pas souligner tout haut qu’elle avait compris leurs mots. Mais cette conversation anodine avait serré son estomac : Damascus était parti combattre les hordes de petites créatures grises et hargneuses, et sa vie était en danger. La peur étreignit son cœur. Et la petite voix rebelle dans sa tête murmura… «
Et s’il était tué dans la bataille ? » Elle cilla. « Tu serai libre. »

Non.
Elle ne voulait pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. A l’idée qu’un immonde petit gris puisse blesser le Démon, le Petit Corbeau se sentait envahie d’angoisse, et d’une colère sourde. Le tonnerre grondait dans son crâne. Et soudainement, elle réalisa que, s’il mourrait, s’il échouait dans cette épreuve imposée par ces créatures si douces et frêles, sa première pensée serait de se venger…

La Docile Alecto serrait le poing, à cette pensée. L’Ancien lui paierait cela, aveugle ou non, ce n’était pas une priorité. Elle était convaincue qu’elle pourrait vivre sans yeux, mais pas sans Damascus. Elle… perdrait… toute envie de … vivre.

Une fois habillée, on la réinstalla dans ce hamac étrange qui lui donnait l’impression de flotter lentement. Les deux petites choses qui l’avaient apprêtée lui apportèrent à manger, la texture ressemblait à des champignons, sucrés et salés à la fois. Une boisson fermentée piqua ses narines, et par politesse, la jeune femme accepta un verre, puis deux. Une langueur s’empara de son corps, l’anxiété, qui perturbait toutes ses pensées, accaparait tout son esprit, fut légèrement calmée. Elle se demandait si le liquide n’était pas alcoolisé, mais n’en percevait pas le goût.

Le temps ne passait pas rapidement, mais son état paraissait supportable. Ses pensées vagabondèrent… Que faisait son Maître ? Quoi qu’elle regarde, où que se porte ses yeux, un voile blanc opaque lui refusait toute distraction. Alors ne lui resta que son imagination. Rêveuse, à demi-allongée, se balançant légèrement, la Servante goûtait à l’oisiveté. Comme c’était … reposant.

Mais du bruit brisa sa quiétude. Se redressant comme après un doux songe, tournant la tête de toute part dans l’espoir de percevoir quelque chose, un indice, quoi que ce soit… Les clameurs étaient indistinctes, et Alecto crut d’abord à une très mauvaise nouvelle. Fallait-il fuir ? Où était son Maître ? La peur écarquilla ses yeux aveugles, la panique la submergea… Où était son Maître ? Tout s’agitait autour d’elle, elle entendait des pas, des murmures puis des petits cris. Ca courrait. Sa main se posa sur la garde de son aiguille, tremblante.

Pourtant, bientôt, la liesse se fit plus nette. Certains mots étaient faciles à comprendre, instinctivement. «
Victoire ».
L’Espace lâcha sa rapière, sauta sur ses pieds, chercha en vain quelque chose dans l’immaculé de sa vision. Les sons venaient vers elle, on hurlait, on chantait, on scandait des Hourras. Il y avait comme une odeur de feu et de viande qu’on fait rôtir au loin. Et bientôt, un autre parfum prit toute la place dans son esprit. Envahissant ses sinus, l’aura du Démon perfora ses pensées égarées. Son visage se tourna immédiatement en direction de lui, sans le voir, et les pas rapides, maîtrisés, puissants de son Maître s’approchèrent d’elle. Elle ressentait l’allégresse autour de lui, mais ne la percevait pas chez ce Guerrier Victorieux. Il y avait quelque chose de … déterminé.

Le contact de sa main sur son visage lui briller un sourire éclatant.

« Chaque seconde loin de vous est un déchirement. » Lança-t-elle sans réfléchir, avec une franchise déconcertante d’adoration. Instinctivement, ses lèvres cherchaient déjà les siennes.

Les mots qu’il prononça l’électrisèrent immédiatement. Cependant, nul besoin de donner d’instruction au Sage qui devait se trouver non loin, car elle l’entendit parfaitement ricaner, et articuler un calme «
Récompense », avant de se retirer.
Un calme étrange suivit le départ des Créatures, une seconde floue, hors du temps. Le visage d’albâtre de la Petite Poupée n’avait pas suivi les pas qui l’éloignaient, elle semblait chercher du regard les yeux du Démon, chercher sa bouche, sans y parvenir.

Il avait combattu, il en avait l’odeur, mais ne paraissait en rien éreinté de bataille. Elle supposa que viendrait le temps de lui conter ses aventures, comment il avait vaincu toute une armée de pygmées gris et hostiles, mais en cet instant, cela lui importait peu. Ils étaient en vie, et ses doigts graciles montaient déjà, à l’aveugle, jusqu’au ventre protégé de cuir de son Maître. Sa vue absente rendait ses mouvements délicats, elle devait se concentrer pour chercher, mais tâtonna jusqu’à sa ceinture. Elle avait mille fois dû dévêtir ses anciens Propriétaires, c’était un geste éculé, mais cette fois, Alecto était tremblante, certes, mais d’impatience.

Son pouls s’était accéléré, elle ressentait au creux de son ventre un puissant brasier. Le désir brûlait sa poitrine, alors qu’elle se hissait à ses lèvres pour l’embrasser. Une seconde, la petite voix lui souffla qu’il allait l’arrêter, encore, comme au beau milieu de la forêt, qu’il allait la torturer et faire d’elle ce qu’il voulait. Ses sourcils se froncèrent, et avec conviction, son baiser s’empara de cette bouche démoniaque avec appétit, pendant que ses doigts faisaient abdiquer la boucle de ceinture, qui tomba lourdement sous le poids des armes.

« Le Vainqueur des ennemis ancestraux mérite sa Récompense en effet. » Murmura la jeune femme, l’œil vide mais brillant d’une malice nouvelle.

Ses mains s’agitèrent pour faire céder tout tissu qui se trouverait sur sa route, jusqu’à empoigner avec une assurance étrange et fougueuse la trique déjà dressée du Démon. Son simple contact la fit soupirer d’aise, redoublant l’ardeur de ses baisers.

Sans attendre, elle se mit à genoux. Alors qu’elle semblait toujours si déférente dans cette posture, comme si Alecto était née pour courber l’échine, cette posture la rendit plus élégante. La soif de ce corps qu’elle chérissait tant, dont elle avait été trop privée, ce besoin qu’elle osait exprimer réellement, illuminait tout son être. En ouvrant la bouche sur son sexe comme une avaleuse de sabre, le Petit Corbeau souffla un gémissement de soulagement contre la peau brûlante et tendue.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le samedi 22 janvier 2022, 19:09:00
Qu'elle était loin la petite servante timide qui rougissait sous le moindre regard  un peu trop inquisiteur. Disparue l'ingénue maladroite incapable de prendre une décision mineure s'en s'inquiéter d'en risquer les conséquences. Envolée l'innocence sainte de la pieuse Alecto. le chemin qu'elle prenait était celui de la Dame Noire dont le démon avait besoin à ses côtés, une femme forte capable à terme d'évoluer telle que lui.

Damascus roula des épaules pour faire tomber sa veste à terre. Sa petite sangsue n'avait pas perdu de temps pour le vampiriser et lui avait fait gouter ses lèvres pour des baisers enflammés. Il ne fut pas surpris par cette fougue mais n'eut pas le temps d'avancer que se laver d'abord serait une bonne idée. Bien sûr, elle l'avait pris au mot et s'était jetée sur lui à l'évocation de ce qui allait se produire. Si elle l'avait vu, elle aurait peut être hésité. Il était crotté et n'avait eu que le temps de se rincer les mains avant de vouloir descendre la voir.

Les mains fines d'Alecto s'activaient à lui retirer l'essentiel. Elle n'y voyait toujours rien et tâtonnait pour le dévêtir. Il sourit, c'était ... une vision agréable qu'une personne fasse tout pour extraire son sexe de son pantalon. Celui ci s'en érigea comme une colonne. Damascus avait le ventre en feu et les assauts humides des lèvres d'Alecto entretenaient ce brasier. Ce petit corps à la peau pâle lui avait manqué, leur lien s'affinait, se resserrait et il n'y était pas insensible. Il savait qu'à un moment, son sceau le soumettrait lui aussi à des passions dévorantes, mais n'en ayant jamais vécu, chaque changement le surprenait un peu.

Alecto était tombée à genoux et n'avait fait qu'une bouchée de lui. Il rejeta sa tête en arrière en exhalant et en serrant les poings, le corps tendu à l'extrême. Là aussi, la timidité du petit corbeau avait disparu. Elle prenait ce qu'elle voulait comme elle le décidait. Sa caresse buccale était d'une incroyable précision, tellement passionnée qu'il vacilla avant de se retenir à une paroi de leur petite antre. Alecto suivit son mouvement, se déplaçant à genoux pour ne pas perdre un millimètre de son repas. Elle donnait tout ce qu'elle avait, démontrant son expertise en la matière. Sa langue était partout, virevoltante, ses lèvres verrouillaient hermétiquement tout échappatoire à Damascus, et la profondeur de sa gorge délicate n'avait plus aucune limite. Elle était affamée et prenait la main sur leur plaisir.

Damascus eut un mal fou à se maintenir en condition de réaction. Il ne put retenir quelques râles sourds et saccadés et par deux fois, failli se répandre en elle. Il fit un effort colossal pour se dominer et heureusement un élément perturbateur vint à son aide. Un mouvement près de la porte lui fit tourner la tête. Une dizaine de petites créatures qui avaient du tromper la surveillance de L'Ancien se tenait dans l'encadrement du passage et les observait de leurs grands yeux attentifs. Ils ne commentaient pas mais ne rataient pas une miette du spectacle. le démon aurait pu les chasser mais ne le fit pas. C'était jour de fête après tout.

Une pression plus appuyée d'Alecto le fit sursauter. Elle se l'était emmanché jusqu'au bout  et ses succions semblaient destinées à arracher la fierté du démon. Il lui prit la tête à deux mains et appuya pour qu'elle cesse de bouger. Le délicieux gargouillis qui résulta de ce geste eut sur lui l'effet inverse de ce qu'il avait prévu. La sève monta sans signe avant coureur et il se répandit en grognant au plus profond de la gorge de sa princesse. Son bassin accompagna cette jouissance massive en à coups saccadés et une fois vidé, ses doigts relâchèrent la crinière qu'ils agrippaient.


"Alecto ... tu ..."

Deuxième orgasme! Alecto l'avait laissé glissé hors de sa bouche en creusant sa langue sous son passage. Sensation électrisante. il se déchargea à nouveau, inondant le beau visage de porcelaine de son foutre riche et épais.

"M ... Merde!"

Il glissa  et se retrouva assis face à elle. Elle souriait? le dégustait? S'abreuvait de lui? Son essence démoniaque se rassasiait d'images telles que celle-ci. Sa virilité n'ayant rien perdu de sa superbe, il grogna d'une envie dévorante et se redressa pour repousser Alecto au sol. il s'écrasa sur elle et tandis qu'il farfouillait entre ses cuisses pour se frayer un passage jusqu'à son écrin humide, il l'embrassait comme un fou. il l'embrocha d'une poussée unique, fidèle à lui-même mais avec une passion toute nouvelle, un seuil de son attirance pour Alecto ayant été franchi. Là, il avait besoin d'elle, de son âme, de son corps, de son esprit. En apposant son front contre le sien, il chercha à la pénétrer psychiquement. le résultat fut chaotique mais tellement lubrique que les deux se déchainèrent dans une étreinte presque inhumaine. Il la troussait, elle lui brisait les reins en l'enserrant de ses jambes. Ils roulèrent l'un sur l'autre, donnant autant qu'ils recevaient. il parvint à un moment à l'immobiliser pour la marteler de coups de reins puissants. l'esprit d'Alecto était un petit souffle ordonné, réparti  en parts égales correspondant à ses émotions et à sa manière d'être. celui de Damascus était tout l'inverse, un chaos démoniaque insondable et complètement désordonné. Quand les deux s'étaient brièvement imbriqués, leurs émotions s'étaient élevées à un summum spirituel. Le démon belliqueux craquait pour le petit corbeau et elle pouvait en deviner toute la teneur , tout comme lui lisait exactement ce qu'elle ressentait pour lui. Ils s'emboitèrent physiquement et psychologiquement et encore une fois, Damascus ne put rien faire d'autre que se répandre en longs jets dans le ventre de sa belle. Il s'affala sur elle, transpirant, essoufflé. Ses tentacules n'avaient même pas osé intervenir tant la tension avait été forte.

"Mais qu'est-ce que tu me fais ..." souffla t'il.

C'était le commencement, de leurs retrouvailles à cet instant, mais aussi d'une relation tellement forte qu'elle augurerait de grands changements qu'aucun des deux ne soupçonnaient.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le lundi 24 janvier 2022, 21:56:31
Donner du plaisir à ses Propriétaires avait toujours été une récompense en soi, pour l’Eslave. Elle avait vécu pour eux, dans le seul but de les satisfaire, bien qu’ils ne lui renvoient souvent qu’une piètre compensation et que peu d’estime. Mais elle n’agissait jamais pour la récompense ou les mots qu’elle pourrait en tirer, mais pour le simple fait de leur être agréable. Cela confortait son âme, fussent-ils les pires ordures que Terra ait portées.

Et pourtant, lorsqu’elle faisait courir sa langue le long de la hampe dure de son Maître, Alecto se nourrissait du bien qu’elle pût offrir à Damascus, en tirant certes satisfaction, mais surtout, un désir piqué de fierté. Cette nouvelle sensation faisait gonfler sa poitrine, lui donnant davantage d’assurance. Elle savait le plaisir qu’elle prodiguait, elle entendait les quelques grognements caractéristiques du Démon, s’en enorgueillit presque. Les spasmes de son sexe l’encouragèrent là où ils auraient dû la freiner jadis, et au lieu de trembler et sursauter lorsque l’orgasme lui gicla dans le gosier, la Petite Poupée se recula et s’en retrouva maculée à nouveau.

Il lui était délicat de décrire le bonheur flou qu’elle sentait parcourir tout son être, alors que face à son regard, l’étendue blanche vibrait sans qu’elle ne distingue quoi que ce soit. Alecto regrettait de ne pouvoir admirer le beau visage de Damascus lorsqu’il avait joui, se contentant d’imaginer ses traits. Ce souvenir lui tira un sourire d’adoration presqu’effrayant, et sursauta en entendant un grognement sauvage annoncer l’assaut de l’Infernal.

Encore essoufflée et gluante, le sol de mousse accueilli son dos mais sa posture où le plancher n’avaient que peu d’importance. Seuls comptaient ces baisers endiablés auxquels elle répondait entrecoupés de gémissements impatients. Il lui était impossible de se contenir, le brasier ouvrait ses entrailles, à tel point qu’un cri plus semblable à un râle s’éleva lorsqu’il la pénétra sans ménagement. Le Petit Corbeau si frêle et si discret trembla en sentant le front empoissé de sueur cogner contre le sien, et une décharge se produisit au moment même où ils ne formèrent plus qu’un seul être inarrêtable.

L’absence de vision formait une bulle autour d’eux, un cocon de magma, et ses autres sens décuplés par la cécité rendaient leurs étreintes plus déchainées que jamais. Pour la première fois de leur histoire, Alecto se sentait son égale alors qu’ils fusionnaient à coups de reins, de feulements et de bruits obscènes. Dès lorsque cette pensée s’éveilla à elle, la Servante se contracta, surprise par un violent orgasme, serrant de plus belle le bassin de son amant contre elle. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que le Démon l’avait accompagné dans cette apogée, en supportant tout le poids de l’Infernal. La respiration coupée, parcourue de secousses, dégoulinante, à bout de souffle. Il était rare qu’elle ait à se démener ainsi, de si bon cœur, sans aucune menace, en en tirant autant de plaisir… Elle n’avait été ni contrainte, ni forcée pas même par chantage ou par charité. Elle avait décidé de tout ceci.

Ses yeux brillaient, malgré le voile immaculé, et la peau tirait par endroit où le foutre c’était répandu, mais son expression était celle d’une adoratrice. La voix de son Maître la fit clore les paupières, ses doigts vinrent se glisser dans ses longs cheveux noirs, décoiffés.

« Je ne fais que t’aimer. » Murmura à voix à peine audible la Servante. « Le Monde t’aimera. » Continua-t-elle avec un timbre bien plus assuré.

Le Monde devait être à ses pieds, c’était une évidence pour Alecto, et ce depuis sa rencontre avec le Démon. Cependant, cette fois, elle ne s’imaginait plus au sol, aussi basse que tous les sujets légitimes de son Prince. Non, désormais, la petite voix grandissante lui dictait d’être à ses côtés. Assise près de lui, non en dessous.

Dans un lourd instant de silence, le Petit Corbeau fit descendre sa main de la chevelure noire jusqu’à son dos, et effleura une fesse creusée par l’effort. Ce corps était parfait.

« Encore. » Osa-t-elle soudain réclamer, les mots sortis de sa bouche sans qu’elle ne rougisse cette fois, sans qu’elle ne cache sa bouche effrontée, sans qu’elle ne renie ses envies.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le jeudi 27 janvier 2022, 21:42:59
Deux trônes d'obsidienne pour deux âmes noires. Le palais de Damascus aux Enfers était inexpugnable. Depuis sa disparition du monde démoniaque, personne n'avait réussit à en passer les portes. L'immense complexe attendait juste son maitre légitime, et protégé par des nuées de sortilèges plus mortels les uns que les autres, il soutenait l'éternité, remplit de trésors et de secrets extraordinaires. Mais la puissance du palais résidait dans ces deux trônes qui siégeaient patiemment. Ils étaient identiques mais l'un d'entre eux paraissait plus patiné. C'était celui de Damascus et le second, celui de sa future épouse. Il avait eu des maitresses par centaines, peut être par milliers, traversant les âges de sa longévité immortelle. Mais jamais aucune n'avait eu l'honneur de s'asseoir à ses côtés. Son élue devrait être parfaite et répondre à des exigences qui effraieraient même une déesse du mal. Leur union clôturerait un cycle voulu par Satan lui-même pour s'assurer une succession idéale.  C'est aussi pour ça que la maitre des Enfers laissait le palais de son "fils" inviolé. Il n'était pas rancunier et avait le temps. L'existence de Damascus n'était qu'un instant fugace dans son éternité à lui. Bien sûr, d'autres démons briguaient ce sublime honneur mais le renégat avait une volonté qui ferait de lui un grand dirigeant du Mal. Il fallait juste le guider un peu mais en attendant cette éducation à venir, Méphistophélès se complaisait à regarder son rejeton forniquer dans ce terrier lointain. Sa présence était indétectable et sa vision ne s'expliquait pas. personne ne la comprendrait. Il savait et voyait, c'était tout.

"Encore."

Alecto ne demandait pas ni ne suggérait. Elle en voulait encore. Superbe dans son dépouillement, son regard aveugle brillait autant que sa peau maculée. Elle sentait son odeur à lui et portait les traces de leur étreinte intense. Damascus répondit par un baiser fougueux tandis qu'il reprenait son déhanchement pour mieux la pénétrer.  Il s'enfonçait dans son écrin chaud remplit de sa propre semence. Ses mains recherchèrent le bombé de la poitrine de la jeune femme pour s'en emparer avec force. Ses caresses augmentèrent en force et en pression. Elle avait les seins sensibles, les tétons érigés et le démon la pétrissait recherchant la plus tendre des sensibilités.

"Tout ce que tu veux ..."

Il feula, le timbre assourdit par l'envie, le désir, l'excitation, la jouissance ... Alecto.

Damascus prit de l'amplitude, ressortant presque entièrement d'elle pour y replonger frénétiquement, passionné dans son acte et l'explorant dans ses profondeurs les plus lointaines. Il atteint une résistance qu'il força et sentit un resserrement contracté autour de son gland. La sensation surréaliste faillit le faire venir et il grogna. Pas maintenant! Il se ficha en elle sans plus bouger, pour se calmer. Si elle tenta de bouger, il verrouilla ses hanches aux siennes et lui saisit les poignets pour ramener ses bras au derrière elle. La jeune beauté était étirée, le ventre creusée et la poitrine haute, cambrée sous lui, parfaite image de la femme soumise et maitrisée ... mais sans l'être. Bien au contraire à cet instant, c'est elle qui dominait la situation. Si Damascus bougeait, il jouirait aussitôt. Elle le tenait prisonnier en elle, le forçant à accepter sa faiblesse soudaine. Là où il aurait normalement dû réagir violemment, il offrit à Alecto l'accès à ce qu'était le pouvoir de contrôler les autres. C'était peut être la première fois que sa Dame vivait cette expérience grisante de manière aussi efficiente et lui-même n'eut aucune honte à la laisser faire.

Quand il s'avéra qu'elle ne le libèrerait pas, il reprit son œuvre, martelant en elle comme elle aimait tant, réduisant ses muqueuses à des vrilles de lubricité. Ils n'étaient plus qu'une entité unie dans un coït euphorique. Tout autour d'eux avait disparu et ils ne vivaient que pour l'émotion fiévreuse de ce moment.
Les petites créatures qui les observaient faisaient cercles autour d'eux, sans un bruit. Leurs commentaires s'étaient éteints dès qu'un halo de volutes sombres avait entouré le couple d'une chaleur bienfaitrice.

Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Alecto Nemed le jeudi 27 janvier 2022, 23:51:53
Tu le tiens entre tes cuisses et il est à toi.
La voix était triomphante dans sa tête, alors que le silence s’abattait autour d’eux, leurs deux corps presqu’immobiles, seulement soulevés des respirations haletantes, et bientôt, tous deux retinrent leur souffle. Alecto regretta de ne pouvoir plonger ses yeux dans les siens, à cet instant précis, pour lui exprimer toute l’étendue de cette dévotion pure qu’elle lui vouait. Plus Damascus s’enfonçait en elle, plus la Servante se sentait fusionner avec son Maître, et à chaque nouveau coup de bassin, le plaisir la faisait hoqueter.

Souvent, elle s’était sentie dépassée par les tourbillons des assauts du Démon, tout comme des autres qui l’avaient possédée. Mais cette fois, c’était un déchaînement de plaisir pur, et chaque fois qu’il lui semblait arriver le plafond de ce volcan de sensations, Damascus le repoussait.  Elle jouit encore, se pliant en deux, retenue par la poigne de son amant, contractant ses muscles en extirpant des borborygmes indistincts, submergée par l’orgasme qui lui coupa le souffle.

Le Petit Corbeau dégagea ses poignets de quelques petits coups secs, inconsciente ni de sa force, ni de son manque d’énergie, vidée et secouée de spasmes qui résonnaient le long de ses jambes, lui provoquant des crampes qu’elle ignorait. Ses mains encadrèrent le visage délicat de son Maître, son pouce tâtonna jusqu’à sa bouche, caressa la pulpe de ses lèvres, les yeux luisants, avant qu’elle ne l’embrasse indistinctement.

« Je veux conquérir des Royaumes et faire s’agenouiller les Monarques devant toi. Je veux faire plier la volonté des Puissants et voir dans leurs yeux l’adoration. »

En cet instant, la pacifiste Domestique se sentait capable de lever des armées en son nom, de démener pour faire plier les Seigneur ; mordre, baiser, trahir ou tuer quiconque se mettrait sur le chemin de Damascus. Donner sa vie ne lui semblait pas un sacrifice suffisant pour exprimer l’étendue de son amour.

Son petit corps se tortilla sous le sien, l’incitant à l’aider dans son mouvement, le tournant bientôt maladroitement sur le dos, pour le chevaucher ; Ne pas le voir ainsi lui était un crève-cœur. Elle imaginait les traits fins de son visage tiré par la jouissance, la sueur à ses tempes, ses lèvres rouges de l’avoir embrassée si fort. Ses épaules, Oh Seigneur, ses épaules aux muscles tendus par l’effort, et l’auréole sombre de ses cheveux de ténèbres… Lentement, la Colombe damnée ondula le bassin, dans un rythme si lent qu’ils semblaient presque immobiles. Les sensations accrues la faisaient frissonner silencieusement, et malgré son envie de paraître forte, l’énergie lui manquait largement.

Cependant, poussée par son affection sans borne, Alecto refusait de rompre ce moment si particulier. En quelques mouvements, elle sentit la virilité de son Maître tressauter en elle, la faisant ciller, dans une torpeur, au ralenti, dans une douceur étrange après le chaos de leur ballet. L’air autour d’eux portaient des parfums moites et lourds, et lorsque la jeune femme se courba pour venir de nouveau poser sa bouche sur celle de son Maître, trouvant la direction par instinct, son entre-jambe légèrement surélevé dégoulina des fluides qu’ils venaient d’échanger.

A mesure qu’elle l’embrassait avec une tendresse étrange et peu habituelle entre eux, une sensation étrange la dérangea. Et peu à peu, Alecto se rendit compte que le brouillard immaculé perdait de son opacité, jusqu’à la laisser découvrir les contours de Damascus. Son baiser s’intensifia pour s’éterniser.

Un piaillement autour d’elle, attira son attention, et comme une bulle éclate, l’Esclave tourna les yeux pour constater l’étendue des spectateurs. Tout se brisa. L’assurance, la force. La Petite Poupée chercha du regard les yeux de son Maître, comme si, lui aussi, découvrait qu’ils avaient été honteusement épiés. La gêne piqua ses joues, et au lieu de se réfugier craintivement dans les bras du Démon, la jeune femme se leva d’un bond, faisant s’écarter le cercle de curieux, et avant qu’elle n’ait pu se saisir de sa rapière, les petites créatures indiscrètes avaient déguerpi, certains en ricanant, d’autres en manifestant leur peur.

« Quel culot… » Souffla-t-elle, ahurie par ce qui venait de se passer, et rattrapée bientôt par a faiblesse de son corps, les jambes devenues molles.
Titre: Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]
Posté par: Damascus le samedi 29 janvier 2022, 12:15:30
"Quel culot..."

Le démon se redressa sur ses coudes. Alecto l'avait vampirisé comme jamais. Il s'était délecté de cette fougue qui avait extirpé la semence de son corps jusqu'à la dernière goutte. Ils avaient joui ensemble, intensément et Damascus baignait encore dans la torpeur sexuelle qui les avait enveloppé.

"Et quel cul ..."

Alecto se tenait debout devant lui, présentant derrière son expression outrée un joli petit fessier rebondi. Comme toujours après leurs ébats, elle était maculée des plaisirs de son homme et brillait d'une perversité malicieuse qu'elle ne mesurait. Une chaleur envahit à nouveau le bas-ventre du démon, réveillé par la vue de cette croupe qui n'appartenait qu'à lui.

"Alecto ..."

Il grogna, gagné par l'envie de plus se séparer des profondeurs de ce corps délicat. Il se leva et ne mit qu'un court instant avant de mettre sa compagne à quatre pattes. La seconde d'après, il l'embrochait à nouveau, glissant facilement dans la moiteur de son vagin offert. Il la prit par les hanches, y ancrant ses doigts, et se donna une amplitude supplémentaire pour accentuer la puissance de sa pénétration. Elle pouvait crier, il faisait de même tant la sensation folle, la nécessité de la baiser, le besoin de la posséder était intense. Quand il lâchait ses hanches, c'était pour lui saisir les épaules, lui peloter les seins, caresser sa peau, y laisser sa marque ...

Son orgasme vint plus rapidement que le précédent et même s'il ne put lui offrir qu'une rare récompense, il trembla tellement fort qu'il s'effondra sur son dos, le front ruisselant de sueur, posé entre ses omoplates.


"Nous nous sommes retrouvés ..."

Elle voyait à présent. Il avait remarqué la mobilité de ses pupilles quand la vue lui était revenue. Le Vieux avait tenu sa promesse. S'il ne l'avait pas fait, Damascus l'aurait décapité. Autour d'eux, l'atmosphère redevint celle de l'endroit où ils étaient, un simple terrier appartenant un petit peuple bien trop curieux. Comme s'ils n'attendaient que ça depuis un moment, une colonne de petites créatures entra apportant tout ce qu'il fallait pour préparer leurs bienfaiteurs. Damascus et Alecto furent lavés, préparés, coiffés par des dizaines de petites fébriles. Dans un coin, un couple de ces choses s'essaya à reproduire la dernière position de coït du couple mais comme elles avaient les jambes trop courtes, le résultat fut cocasse et termina par une dispute. Ils furent nourris de fruits, noix et d'autres mets qu'ils ne connaissaient pas mais qui leur donnèrent une vigueur nouvelle. Leurs vêtements avaient été lavé et paraissaient comme neufs, une certaine magie y était surement pour quelque chose.

Quand ils furent prêt, ils quittèrent les tunnels pour retrouver le calme de la forêt. Leurs montures les attendaient, parées, et piaffèrent à la vue de leurs maitres. Même le destrier de Damascus vint loger ses naseaux contre la poitrine du démon pour quémander une attention particulière. Le petit peuple grenouillait aux alentours et le Vieux ne lâchait pas Alecto. C'est d'ailleurs elle qui se chargeait de communiquer avec eux. Ils montraient bien du respect à Damascus mais évitaient quand même de le frôler de trop prêt.

Il était temps de partir et les adieux furent longs. De petites mains se tendaient pour toucher la princesse humaine dont l'histoire nourrirait les contes de cet étrange communauté pendant longtemps. Quand ils enfourchèrent leurs chevaux, les créatures formèrent une haie d'honneur et entonnèrent un chant joyeux qui résonna dans la forêt bien après qu'ils les aient perdu de vue.

Assez vite, ils quittèrent les immensités végétales qu'ils arpentaient depuis leur entrée dans la forêt. Les arbres immenses aux racines larges et aériennes laissèrent la place à des spécimens de taille plus conventionnelle, certes toujours hauts mais plus "normaux". En revanche, au sol, les tapis de feuilles sèches furent remplacés par des buissons colorés de fleurs chatoyantes et mouvantes. Il y en avait de toutes les tailles, de toutes les formes et leurs couleurs formaient une onde artistique superbe.  Des quantités d'insectes brillants voletaient pour se délecter des nectars produits par cette végétation riche et servaient ensuite de repas à de jolis oiseaux à longs plumages qui piquaient des hauteurs pour les happer habilement. l'endroit était féérique et la tiédeur des lieux était toujours aussi agréable. L'air embaumait de fragrances lourdes et florales et la luminosité jaillissant de cet ensemble magnifique les changeait des ombres permanentes de la haute forêt.

Ils arpentaient au pas un chemin propre où ils pouvaient chevaucher côte à côte. Ils ne pouvaient pas aller plus vite car il fallait parfois négocier le passage d'un rocher gris barrant le passage où encore suivre un angle raide de leur itinéraire.

A un moment, une sorte de renard à la fourrure dorée jaillit devant eux. Il s'arrêta surpris, un court instant, et bondit de côté pour s'échapper mais ... une fleur géante, superbe avec ses larges pétales irisés, siffla et le saisit par une patte. Le cœur de la fleur s'ouvrit sur trois rangées de dents acérées et le petit animal poussa un cri aigu quand elles se refermèrent sur ses chairs. Il fut broyé et avalé en quelques secondes avant que le végétal reprenne sa position initiale.

L'endroit était dangereux et il ne fallait pas l'oublier.


Damascus se pencha sur Alecto et lui saisit un sein avant de l'embrasser.


"Derrière toute beauté se cache un danger. Qu'en est-il du tien?"