Une lueur nouvelle passa sur le visage du jeune homme, qui relâcha presque instantanément Nancy quand elle eut exposé son refus d'agréer à sa demande. Il se recula sur son siège, s'affala ; un peu comme en arrivant, sauf que cette fois il n'était pas las et morne. Un sourire indéchiffrable s'était fixé, mais Nancy pouvait ressentir un malaise. C'était comme s'il s'était soudain perdu dans la contemplation de quelque chose de très personnel, en conférence avec lui-même quelque part dans le secret de son âme perturbée. La danseuse avait maintenant le loisir de circuler à nouveau, de se changer, d'attraper le tazer, peut-être. Il était très compréhensible qu'elle veuille quitter le véhicule maintenant, tout de suite.
" On dirait que je dois m'incliner, " lança finalement le client. " Cette surprise m'aura beaucoup appris. "
En disant cela, il pressa un bouton près de lui, et la limousine ne tarda pas à stopper sa course et à se ranger près du trottoir. George B. Houser ne regardait plus Nancy. Il semblait plongé dans ses méditations mystérieuses. Mais quand la porte s'ouvrit et qu'elle entreprit de sortir, ses paroles l'interrompirent dans sa lancée. L'homme avait produit dans ses mains une malette épaisse, le genre de malette renforcée qu'on ne choisissait que pour transporter des choses très importantes. Quand il l'ouvrit, elle put percevoir la couleur verte caractéristique des dollars, et une odeur trahissant la présence de nombreux billets à l'intérieur. Même à plusieurs mètres et dans la lumière limitée, elle devinait qu'elle ne parviendrait pas à imaginer la somme contenue là-dedans.
" J'ai appris que, même pour un être aimé, tout le monde n'a pas un prix. Et sûrement pas Nancy Callahan. "
Ceci étant dit, il referma et verrouilla la malette, un sourire vicieux sur son visage tandis qu'il la fixait à nouveau. Quoi qu'il ait pensé apprendre aujourd'hui, il n'en était pas plus sain d'esprit apparemment.