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« Tu dois te détendre un peu, Onee-chan ! Si tu continues comme ça, tu vas faire une dépression à la trentaine ! Alors, tu viens, c’est comme ça, et je ne veux aucune discussion là-dessus ! »
Kenja Saeti (https://www.zupimages.net/up/18/14/nkk1.jpg) pouvait se montrer très exigeante quand elle le voulait, surtout envers Onee-chan, sa grande sœur, si stricte, si sérieuse, si... Si coincée ! Difficile de croire que les deux femmes pouvaient être du même sang, tant elles étaient différentes. Elle, Kenja, passait ses nuits dans des boîtes de nuits, à faire des rencontres louches, tandis que Miho, elle, était très sérieuse, ne buvant jamais, et menant à fond sa vie de jeune ménagère. Mais, cette fois, Kenja serait intransigeante ! Elle était soutenue par une dizaine d’amies de Miho, des femmes qui étaient bien décidées à ce que, ce week-end, Miho fasse son enterrement de jeune fille ! L’occasion était d’autant plus belle que le Lundi suivant était le 3 Mai, soit le premier jour férié d’une série de trois jours allant jusqu’au Mercredi 5 Mai.
Pour l’occasion, les filles s’étaient cotisées pour louer un chalet dans les montagnes. C’était une maison traditionnelle (https://myanimelist.cdn-dena.com/s/common/uploaded_files/1451296130-6c10ca0977640775da72fd83e09e5774.jpeg), avec un jardin traditionnel (https://i.pinimg.com/originals/90/6a/f6/906af65874412e459d8840208e122044.png) situé à l’intérieur. L’endroit était très agréable, et c’était parfait pour ce que les femmes avaient prévu. Plusieurs hommes comptaient également venir, et, malgré toutes les bonnes excuses du monde, Miho n’avait pas pu refuser ! Son mari, Oguro, avait également choisi de profiter des jours fériés, et serait donc de la fête, ce qui ne dérangeait nullement Kenja.
« Ne t’inquiète pas, tout se passera bien ! » avait poursuivi Kenja.
Ensemble, elles avaient ensuite roulé vers le chalet. Oguro les rejoindrait plus tard, car il terminait tard ce soir. Au boulot, il travaillait sur un gros dossier impliquant des schémas d’optimisation fiscale internationales pour des compagnies d’import-export cherchant à s’implanter sur d’autres marchés, ou à trouver un moyen de maximiser leurs bénéfices en profitant de pays avec de faibles taux d’imposition. Une activité très intense. Autant dire que tout cela lassait beaucoup Kenja, mais, au moins, Oguro rapportait beaucoup d’argent grâce à ça.
Tout en laissant sa sœur conduire, Kenja attendait lentement. Elle portait une minijupe très courte, un débardeur moulant, et des lunettes de soleil. Quand la voiture s’arrêta à hauteur d’un feu rouge, elle se retourna vers elle.
« Bon, alors, Onee-chan... Et si tu me disais comment ça se passe... Au lit avec lui ? Je suis curieuse, moi ! »
Ce n’était pas la première fois que Kenja lançait sa sœur là-dessus... Mais, à chaque fois, elle ne mordait pas à l’hameçon ! Les choses seraient-elles les mêmes maintenant ?
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Soyons clairs Miho n'était pas très motivée par la perspective de faire la fête. Pour elle, il n'y avait pas besoin d'enterrer sa vie de jeune fille. Un enterrement c'était quelque chose de triste, de sanctuarisé. Il n'y avait aucune raison d'utiliser ce terme dans le cadre d'un mariage. Et pourtant, c'était bien le cas. Elle en avait discuté avec Oguro et ce dernier était plus favorable que lui à cette idée. Il avait expliqué que c'était important pour leurs proches et que ne pas le faire serait un mauvais signal. Et puis cela leur permettait aussi de passer un moment ensemble ; c'était pas négligeable.
Miho avait donc fini par accepter l'idée. Sa soeur et Misa avaient été les deux organisatrices et elle avait insisté sur le fait qu'elle ne voulait pas de mauvaise surprise. Bon, elle passait encore pour la rabat-joie mais elle s'en moquait. Elle avait lâché du lest en acceptant l'idée de cette fête et bon, elle devait bien admettre que l'endroit choisi avait l'air bien. C'était déjà cela et elle avait d'ailleurs félicité sa soeur pour cela. Et puis l'un dans l'autre, elle n'avait pas tort sur le fait que cela lui ferait du bien de décompresser. Le mariage était prévu dans deux mois et elle n'aurait plus vraiment l'occasion de décompresser d'ici là.
« J'espère que tout ira bien oui. »
Miho roulait en regardant le gps. Elle portait des chaussures à talons noires fermées avec une jupe beige pâle s'arretant aux chevilles. Portant des bas collants couleur chair, elle avait comme haut un chemisier blanc avec un petit gilet rose au-dessus. Il faisait doux, mais Miho avait toujours été un peu frileuse. Son sac à main sur la banquette arrière, elle avait ses longs cheveux qui pendaient dans son dos et portait sa bague, sa montre et le pendentif en forme de coeur offert par Oguro autour du cou. Comme dessous elle avait une petite culotte et un soutien gorge mauve avec un petit noeud à chaque fois au milieu. C'était mignon, presque enfantin et cela tranchait avec la poitrine qu'elle avait mais c'était aussi cela le style de Miho.
« Ne recommence pas avec tes questions. »
La voiture s'était remise en marche. Elles étaient bientôt arrivées. Et comme souvent, Kenja cherchait à la mettre mal à l'aise avec des questions sur sa vie de couple. Elle le savait et Miho la soupçonnait de le faire exprès. Surtout qu'elle n'était pas à l'aise sur le sujet et qu'au fond, elle avait toujours l'impression que sa soeur la prenait pour une sorte de nonne. Ce qui sur le fond n'était pas totalement faux. Avec Oguro depuis neuf ans, elle n'avait connu que lui et n'avait jamais embrassé un autre garçon que lui. Et puis elle devait bien avouer que ces derniers temps, avec le travail d'Oguro, le déménagement et le mariage, sa vie intime n'était plus vraiment une vie intime. Mais Miho se disait que ce n'était qu'un mauvais moment à passer et que de toute façon, elle n'allait certainement pas en parler avec Kenja. Mais son silence était en soi une réponse non ?
Arrivée dans la famuse maison, elle gara le véhicule et coupa le contact. Sortant de la voiture, elle prit son sac et ouvrit le coffre pour sortir ce qu'elle avait prévu pour ce mini séjour. Tout se passerait bien, il le fallait.Même si l'arrivée tardive d'Oguro l'ennuyait fortement.
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Comme toujours, le sujet du sexe était très tabou chez Miho. Ceci étant dit, il n’y avait pas que ça qui était tabou chez elle. Sa sœur était toujours très nerveuse, toujours sur la défensive. Elle avait toujours été comme ça, à réviser énormément, à s’énerver pour rien, s’irritant très facilement. C’était par opposition à elle que Kenja avait grandi. Elle, elle avait toujours préféré se faire des amis. Plus profondément, Kenja avait vu peu à peu sa relation avec Miho se détériorer, se dégrader. Peut-être que, finalement, si Kenja avait fait tant de sorties, et avait sorti avec tant de mecs, c’était pour combler ce manque affectif. Car, quand les deux filles avaient été petites, elles étaient inséparables, du style à dormir ensemble, à prendre leurs bains ensemble. Après tout, leur famille venait de connaître la crise, et elles avaient eu la même chambre pendant plusieurs années. Lasse, Miho était plus vieille qu’elle, et avait étudié énormément, refusant ainsi de sortir jouer dans le jardin avec Kenja, ou lui demandant d’arrêter de jouer à la poupée. De petits gestes, innocents, indolores, anecdotiques... Mais qui avaient été les jalons de leur relation en berne.
Pour autant, elles ne se haïssaient pas, loin s’en faut. Miho était celle qui avait réussi, celle que les parents aimaient montrer et vanter la réussite. Kenja, avec ses sorties nocturnes, faisait souvent tâche d’huile. Cependant, la jalousie de Kenja n’avait jamais été trop forte, et n’avait jamais fin à l’amour fraternel qu’elle lui vouait. C’était bien pour ça qu’elle avait organisé une soirée très particulière, car, sous ce rythme, Miho risquait la dépression nerveuse au bout de quelques années !
Évidemment, elle rejeta d’emblée toute discussion portant sur un sujet délicat, comme le sexe. Kenja acquiesça donc.
« Moi, je dis ça, c’est pour causer, tu sais, Miho... »
Toutefois, Miho recommença rapidement à paniquer, notamment sur l’itinéraire. Le GPS allait-il bien trouver ? Elles s’engagèrent en effet sur des routes de campagne, et, même si Kenja encourageait Miho à rester calme, sa sœur restait... Comme elle l’avait toujours été, tout simplement. Finalement, les deux femmes arrivèrent au chalet, et Kenja lui sourit :
« Tu vois, sœurette, tout s’est bien passé ! »
La Toyota de son amie était déjà là. Elle s’appelait Hako (https://img00.deviantart.net/c541/i/2017/165/8/e/alice___shokugeki_no_soma_by_sciamano240-dbcqi41.jpg), et son mari, lui, répondait au nom de Toshiro (http://img110.xooimage.com/files/9/2/8/toshiro-544d39d.jpg). Tandis que Miho cherchait ses affaires, les deux approchèrent. Profitant du bon temps, Hako était déjà dans un bikini mettant en valeur ses superbes formes, tandis que Toshiro portait une chemise hawaïenne.
« Hey ! Salut, Mesdames !
- Vous avez fait bon voyage ? »
Kenja hocha la tête.
« Oui, et il fait beau ici...
- Je vous attendais pour entamer le barbecue pendant qu’Hako-chan se prélassait dans la piscine !
- Ah, ça... J’espère que tu as pris ton maillot, Miho-chan ! Sinon, j’en ai un de rechange pour toi, au cas où... »
Elle se retint d’ajouter que ce bikini de secours était assez serré...
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C'est vrai que Miho n'était pas un as quand il s'agissait de relations humaines.Le plus bel exemple c'était avec Kenja sa soeur. Elle l'aimait mais de par son attitude, elle avait pu laisser croire que ce n'était pas le cas. Ou plutôt, elle avait encouragé un certain sentiment de frustration chez sa jeune soeur. Elles étaient différentes et Miho correspondait plus au standard de leurs parents. Elle en avait parfois joué à son avantage, elle devait bien l'admettre. C'était humain mais elle comprenait que cela ait pu faire du tort à sa petite soeur.
Désormais adultes tous les deux, il y avait une assez grande différence de comportement entre elles. L'eau et le feu en quelque sorte. Mais Miho pou!vait compter sur sa soeur et l'inverse était vrai. La futur mariée de 25 ans avait néanmoins conscience que Kenja s'était donné du mal pour elle. Et qu'il n'était pas inutile de la félciter malgré tout. Elle le méritait.
« Merci Kenja pour ce que tu a préparé. Je sais que tu le fais avec de très bonnes intentions. »
Oui et ce même si encore une fois Miho n'était pas fan de ce genre de considérations. Mais elle avait décidé de se prêter de bonne grâce et de faire des efforts pour satisfaire sa soeur. Elle comprenait que c'était important pour Kenja.
« Bonjour Hako, bonjour Toshiro. »
Ce couple d'amis étaient déjà là, et bien en forme en plus. Miho était surtout proche d'Hako même si elle n'avait rien contre Toshiro. Ayant son sac de voyage en main, elle leur dit ainsi qu'à sa soeur.
« Je vais porter ceci dans ma chambre, je sonne à Oguro et je me change . J'arrive »
Elle leur sourit puis s'éloigna. Le temps pour elle de rassurer son fiancé comme il se devait. Il n'arriverait que bien plus tard et elle espérait qu'il puisse éviter d'avoir d'autres imprévus. Rangeant brièvement ses affaires, elle choisit d'enfiler des tongues avec un maillot une pièce noir et bleu avec un pareo multicolore dessus. Portant lunettes de soleil et un chapeau en paille, elle avait attaché ses cheveux avec une pince pour plus de facilité et de confort. Portant son alliance, les ongles vernis en rouge, elle était revenue rejoindre les autres avec la ferme intention d'essayer de se relaxer.Ce n'était pas son domaine de prédilection mais elle était là pour cela et elle ne voulait pas donner l'impression de regretter sa propre fête.
« Alors qui d'autres doit encore arriver exactement ? »
Oui parce qu'elle n'avait rien organisé du tout et ignorait qui serait là de manière précise. Et que cette info était assez importante pour elle.
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C’était un air sec et chaud, agréable, estival. Parfait pour le barbecue, parfait pour se prélasser ! Même Miho semblait commencer à se détendre, et Kenja lui sourit tendrement, avant de lui faire une accolade, en lui disant qu’elle l’attendrait dans la piscine. Elle rejoignit ensuite Hako et Toshiro. L’homme était retourné s’affairer au barbecue, travaillant activement dessus, faisant délicieusement flamber de belles saucisses avec des morceaux de viandes.
« Cet endroit est vraiment superbe, en tout cas... Dépaysant au possible !
- J’avoue, on va passer un super moment !
- Oui, enfin, n’oubliez pas que nous sommes surtout là pour ma sœur...
- Oh ! Ça, ça ne risque pas d’arriver, je te rassure ! »
Hako et Kenja faisaient toutes les deux trempettes dans l’eau quand des bruits de pas se firent entendre. Relevant la tête, Kenja vit finalement Miho arriver. Elle avait finalement accepté d’enfiler un maillot de bain, et Kenja se permit de l’observer, en souriant légèrement. Sa sœur avait beau ne pas se mettre en valeur, elle n’en restait pas moins très belle.
« Il ne manque plus que ton mari, et nous sommes au complet.
- Prenez vos aises, les filles, je m’occupe des saucisses ! »
Kenja avait visiblement soigneusement organisé cette séance.
« Tu ne comptes pas te baigner avec ton pareo, si ? la taquina-t-elle.
- Oguro t’a dit quand il sera là ? » demanda alors Hako.
Après tout, il était le principal invité... Mais, et Kenja n’aurait jamais osé le dire ouvertement, elle espérait bien que le mari de Miho mettrait du temps à venir...
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C'est vrai que Miho devait admettre que finalement ce petit séjour ne pouvait pas lui faire de tort. Le cadre était chouette, il faisait bon, et l'un dans l'autre, elle avait effectivement besoin de décompresser un peu avant la dernière ligne droite du mariage. S'avançant lentement pour faire trempette dans la piscine avec ses pieds, elle s'assit sur le bord et ne sembla pas prêter attention aux commentaires de sa soeur.
« Je veux juste me baigner les pieds pour l'instant. »
Miho n'aimait pas cette façon que sa soeur avait de toujours quelque peu la moquer ou tourner en dérision ce qu'elle pouvait faire. Cela avait toujours un petit côté moqueur et elle avait la sensation qu'elle faisait cela pour la taquiner même quand il n'y avait pas lieu de le faire.
Mettant ses lunettes de soleil ,l'eau était bonne et elle laissa un moment le soleil innonder sa peau.C'était agréable. Pour peu, elle aurait presque pu se dire qu'elle était relax et tranquille. Mais les soucis n'étaient jamais bien loin et quand on lui demanda ce que faisait Oguro, elle fit la moue , ne cachant pas sa déception et sa frustration de ne pas encore le voir près d'elle.
« Ce n'est pas encore mon mari mais bien mon fiancé. »
La précision était importante pour elle. Miho craignait d'attirer le mauvais oeil sur son couple. Elle n'était pas superstitieuse mais sur le sujet de mariage, elle pouvait le devenir. Ce qui pouvait se comprendre. Les enjeux étaient ultra importants pour elle et Miho entendait bien tout faire pour ne pas voir un grain de sable venir se mettre dans la belle mécanique de son mariage. Ce jour devait être parfait, pas plus pas moins.Mais il était pour elle de répondre à la question qu'on lui avait posé.
« Et bien le plus rapidement possible. »
Elle estimait que cette réponse était pour le moins claire et nette. Elle trahissait chez elle une forme d'énervement. Oguro était dévoué à son travail, cela faisait partie de ses qualités mais il avait tendance à vouloir en faire trop. Il ne savait pas dire non et cela jouait contre lui très clairement.Elle lui avait déjà dit plusieurs fois mais il avait du mal à se faire respecter à ce niveau là. Ce qui par exemple , comme aujourd'hui, l'obligeait à arriver après tout le monde alors qu'il était un des héros de la fête.
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C’était encore un élément qui les séparait. Si Kenja était une femme chaleureuse, un bouc-en-train, Miho, elle, avait un talent presque inné pour plomber l’ambiance. Des réponses sèches, courtes, qui illustraient son « côté huître », comme l’appelait sympathiquement Kenja. Elle restait enfermée avec elle-même, optant pour des phrases fermées, qui montraient qu’elle n’avait pas envie de discuter. Elle précisa donc, ce qui est vrai, qu’Oguro était juste son fiancé, et qu’elle espérait juste qu’il serait là « le plus rapidement possible »... Ce qui jeta un léger froid.
« Je vois... »
Kenja s’écarta un peu, et grimpa hors de la piscine. Elle exhibait son magnifique corps nu, trempé de partout, et attrapa une serviette, la mettant autour de son cou.
« Bon, Miho, tu ne vas pas faire ton boudin toute la soirée, si ? Okay, ton chéri n’est pas là, mais on est là, nous ! Regarde, y a des saucisses grillées, du vin français ! Viens, tu restes assise à l’autre côté de la piscine, c’est toi la star, ma belle ! »
Kenja savait qu’elle avait rapidement tendance à insupporter sa sœur par ses réflexions multiples et son ironie mordante. Mais, honnêtement, face à Miho, qui était sérieuse comme un pape, il fallait quand même la décompresser un peu, et apaiser les tensions avec elle.
« Allez, tu viens ? »
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Miho ne savait pas pourquoi sa soeur avait toujours tendance à la faire passer pour une rabat-joie ou une coincée. C'était usant à la fin parce qu'elle n'avait pas la sensation que c'était justifié. Simplement, elle n'avait le même caractère qu'elle. Miho était réservée, timide, introvertie, moins insousciante. C'était ce qu'elle était en tant que personne et elle n'aurait pas pu être quelqu'un d'autre non plus. Elle aurait donc apprécié que sa soeur respecte cela en définitive.
« Tu sais Kenja j'apprécierais beaucoup que tu arrêtes de toujours me présenter comme une sorte de boulet de service. Je sais m'amuser même si ce n'est pas de la même façon que toi. »
Se redressant, elle avait mis ses sandales pour aller en direction du petit groupe. Mine de rien, elle était touchée par les réflexions de sa petite soeur.Alors, se sentant presque obligée, elle se servit un verre de cocktail, délaissant le vin. Elle en savait pas trop ce qu'il y avait dedans mais elle avait envie de répondre à sa façon à sa petite soeur. Buvant une gorgée, elle fit une légère moue mais continua de sourire malgré tout.
« C'est gentil à vous d'être venu. »
Elle s 'adressait au couple présent.Miho appréciait leur démarche et leur geste même si au final à la base, c'était plus pour faire plaisir à Oguro vu que l'homme du couple était assez proche et également collègue de son fiancé.Forcément les deux femmes avaient donc sympathisé aussi. D'autant qu'elle ne connaissait pas encore grand monde en ville vu leur récente arrivée. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que le mari de son amie avait visiblement plus de facilité pour se libérer avec le travail. Mais elle préférait de pas trop s'y attarder pour éviter de trop avoir les nerfs.
« Tiens il y a quoi dans ce cocktail ? »
Elle avait bu une autre gorgée. Ce n'était pas mauvais mais cela lui semblait assez fort comme breuvage.Ce n'était pas une grande experte en matière d'alcool. Mais ce constat n'allait surprendre personne au vu du pédigrée de la future mariée.
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Le feu et la glace. Si proches, et en même temps si différentes. Le contraste était vraiment troublant. Kenja aimait faire la fête, très extravertie, et Miho était très réservée, et introvertie. Kenja se rappelait encore des fois où elle avait essayé de traîner sa sœur en soirée chez des amis. Miho avait vraiment du mal à se rapprocher des autres, et donnait perpétuellement l’impression de s’ennuyer. Pour autant, Kenja avait toujours été très proche d’elle. Certes, elles se disputaient fréquemment, mais il était évident que Kenja tenait beaucoup à elle. Elle rougit donc devant la remarque de Miho, qui n’était pas forcément fausse, mais qui était surtout de la provocation, afin d’amener Miho à sortir de sa coquille. Celle-ci, en tout cas, les rejoignit, et Toshiro commença à les servir. Kenja le remercia, et sourit ensuit devant la question de Miho sur le contenu du verre.
« Fabrication maison ! C’est un secret familial, en fait, qui se transmet de génération en génération depuis l’ère Edo. Si je te l’avoue, je serais malheureusement dans l’obligation de... Devoir tous vous supprimer ensuite », dit-il en prenant brusquement un ton grave et solennel.
Sa femme gloussa en secouant la tête.
« N’importe quoi, on a juste acheté une cargaison à un drugstore de la ville avant de venir ici...
- Et mes effets dramatiques ?!
- Baka ! » répliqua-t-elle en tapant du poing sur son front.
Kenja se pinça alors les lèvres, et se pencha un peu vers Miho.
« Je... Euh... Tu sais, tout à l’heure, je te taquinais, hein... Tu ne m’en veux pas, hein ? Je t’adore, Miho, et tu es la star de la soirée ! »
Elle l’enlaça en se frottant affectueusement contre elle, la tête nichée dans le creux de son épaule.
« Tu seras jamais un boulet, Miho ! T’es ma soeur ! Si t’es un boulet, alors j’en suis un aussi ! »
Et elle termina cet aveu en lui donnant un bisou sur la joue. Kenja, en effet, comme on pouvait encore le réaliser, était une jeune femme très tactile...
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Miho sourit à sa soeur et lui rendit l'accolade. Elle ne pourrait jamais lui en vouloir de toute façon même si elle l'avait sincèrement voulu. Elle aimait Kenja d'un amour sincère et pure même si elle avait parfois tendance à l'emmerder. Mais bon c'était ainsi entre frères et soeurs non ? En tous les cas, elle n'était pas une personne rancunière et au fond, elle avait pris l'habitude de voir sa petite frangine se comportait de la sorte avec elle. Ne plus avoir ce genre d'attitude aurait même pu la décevoir. Mais c'est vrai que par moment, c'était à la limite du blessant. Tout en sachant que ce n'était pas volontaire non plus. Tout le contraste était là finalement.
« T'as de la chance que je t'aime bien toi. Par contre je ne suis pas la star , je suis juste l'actrice principale .»
Miho avait l'art de vite désamorcer les moments de tension. C'était une de ses forces. Buvant une autre gorgée, elle dut bien admettre que plus elle en buvait, plus cela lui semblait bon. Bon, c'était pas le breuvage ultime mais pour quelqu'un comme elle qui n'aimait pas boire, c'était déjà pas mal non ?
« En tout cas Toshiro j'avoue que c'est plutôt agréable à boire. »
De là à en boire d'autres, c'était sans doute un peu présomptueux et prématuré de l'affirmer. Mais, en tous les cas, une petite porte s'était ouverte. D'ailleurs son verre était déjà bien vidé, et nul doute que si Toshiro le désirait, il pouvait très bien le remplir de nouveau. Miho n'avait aucune raison de se méfier ,d 'autant que son attention était portée sur la plantureuse Hako. Miho avait en effet une question à lui poser.Et au passage elle apprécia la complicité évidente du couple en face d'elle.
« Dis ma soeur sera bien sûr mon témoin pour le mariage mais j'apprécierais beaucoup que ce soit toi qui t 'occupes de la décoration florale de la cérémonie. Cela me soulagerait et je fais confiance à tes choix. »
Elle lui sourit. Miho n'avait pas beaucoup d'amies. Et donc forcément Hako en était devenue une. Sans pour autant être très proche d'elle. Ce qui en soi illustrait la solitude affective de la jeune femme. En dehors de son fiancé et sa soeur, Miho ne connaissait pas grand monde. Et elle était donc assez facile à charmer comme amie.
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L’évidente complicité entre Kenja et Miho supportait toutes les tensions qui pouvaient exister entre elles. Pour le reste, Kenja était bien incapable d’en vouloir à Miho, et c’était bien pour ça que Miho n’avait jamais hésité à accepter d’héberger Kenja chez elle. Les deux sœurs étaient donc ensemble, et, alors que Miho continuait à boire du breuvage, elle demanda à Hako si elle pouvait s’occuper de la décoration florale. L’intéressée cligna des yeux, avant de réfléchir à la proposition pendant quelques brèves secondes :
« Oh... Euh... Eh bien, j’en serais vraiment ravie, Miho-san !
- Tu fais un bon choix, Miho-chan, Hako-san est plutôt douée pour les décorations, c’est son truc ! »
L’intéressée sourit doucement, sans rien ajouter à ça, par pudeur naturelle. Oguro, de son côté, n’avait visiblement pas l’air de venir. La soirée se poursuivit donc, et, au bout d’une demi-heure, Miho reçut finalement un appel de ce dernier. Il lui expliqua que la réunion s’était attardée, mais, surtout, qu’il n’allait pas pouvoir venir ce soir, car il avait entendu aux actualités que l’autoroute menant au chalet était fermée suite au détachement de la remorque d’un camion. Dans ces conditions, il préférait dormir à l’appartement, et venir le lendemain. Décevant, mais préférable, plutôt que de risquer de passer sa nuit en voiture, surtout après une longue journée.
Quand Miho retourna vers le trio, Kenja comprit immédiatement que les choses venaient de se compliquer. Pendant que Miho était partie, Hako s’était penchée vers Kenja, pour lui dire que sa sœur était effectivement différente d’elle. Kenja se contenta de hausser les épaules, guère surprise. Visiblement, Miho ignorait que Kenja était bien plus qu’une amie d’Hako et de Toshiro. En fait, elle avait déjà couché avec eux deux à plusieurs reprises... Mais, pour l’heure, elle ne se voyait clairement pas proposer à Miho une séance d’échangisme.
Indépendamment de ces considérations, en voyant Miho revenir, Kenja se racla la gorge, et tenta la difficile tâche de venir aux nouvelles :
« A... Alors ? Quoi de neuf ? »
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Miho n'était pas une femme très démonstrative. C'était quelque chose qui faisait partie de sa personnalité. Cela plaisait ou non mais avec elle, tout était toujours assez mystérieux et on avait parfois du mal à comprendre ce qui pouvait la tracasser. Elle était imperméable à la moindre émotion et considérait que faire étalage de tout cela faisait finalement mauvaise impression.
« Oguro m'a sonné. Il ne viendra que demain matin. Un soucis sur la route. »
Elle souriait jaune mais on pouvait clairement sentir dans la façon qu'elle avait eu de s'exprimer que la jeune femme en avait gros sur le coeur. Elle était déçue et en voulait à son petit ami.Ok, il avait pas mal de dévouement pour son métier mais elle ne comprenait pas pourquoi il avait sans cesse ce besoin de toujours en faire plus. Il n'avait pas voulu demander congé et au final, il allait rater une bonne partie de sa propre fête. Rien n'arrivait par hasard et elle espérait qu'il puisse y voir un signe qu'il fallait malgré tout qu'un moment il puisse dire non. Ils étaient bientôt mariés, voulaient construire une famille. C'est maintenant qu'il fallait poser les bases du futur, de leur futur et Miho comptait bien le lui dire. Sans agressivité et de manière douce, comme toujours avec elle. Mais elle avait besoin de se confier et de vider ce qu'elle avait sur le coeur.
« Mais cela ne nous empêche pas de passer une bonne soirée. »
Miho voulait préserver l'ambiance. Elle ne désirait pas passer pour encore une fois une rabat joie. Et puis elle avait besoin de se vider la tête. Buvant encore de ce fameux cocktail, elle se disait que cela ne servait à rien de cogiter et de pester sur l'absence d'Oguro. Kenja et l'autre couple n'avait rien à avoir là dedans. Voilà donc pourquoi Miho avait donc décidé de ne pas se laisser envahir par la sinistrose.
Portant toujours sa tenue de plage, elle commençait à ressentir un temps un peu plus frais même si cela restait assez doux. Miho n'allait sans doute pas tarder à aller mettre quelque chose de plus chaud mais en attendant, c'était supportable. Buvant une autre gorgée, cela avait le mérite de la réchauffer.Mais elle ne parlait pas de trop car elle restait pensive vis à vis du mauvais tour que son fiancé lui avait joué. Mais sans doute que d'ici quelques minutes, elle pourrait passer outre et passer à autre chose.
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Vivant chez Miho, Kenja avait pu réaliser qu’Oguro était un pur Japonais. L’une des valeurs fondamentales du confucianisme était le travail, et cette valeur était fermement implantée au Japon. Contrairement aux Occidentaux, les Japonais avaient tendance à voir le travail comme une valeur réellement sacrée, et il arrivait fréquemment que des Japonais y sacrifient tout. Miho n’y faisait pas exception. Sans Kenja, elle aurait sûrement passé son adolescence à être une mordue du travail. C’était tellement impressionnant qu’il existait même un terme désignant les personnages mourant du fait d’un surmenage au travail : karoshi. Oguro semblait malheureusement aller sur cette voie, et c’était aussi pour ça que Kenja ne cherchait pas à vivre ailleurs. Mine de rien, elle continuait toujours à veiller sur sa sœur, à l’aider à décompresser. Miho était une véritable pile électrique, et Kenja se retint de dire quoi que ce soit quand elle leur apprit que, finalement, Oguro ne viendrait que demain matin.
Clignant des yeux, Kenja choisit d’opter pour une conversation avec Toshiro et Hako. Le barbecue était prêt, et ils mangèrent donc des saucisses avec de la viande grillée, et des brochettes, pendant que les trois racontaient des banalités. Miho, comme d’habitude, restait assez renfermée sur elle-même, et ce d’autant qu’elle n’avait pas grand-chose de passionnant à raconter. Après tout, elle ne travaillait pas, et passait sa vie au foyer, à gérer les comptes, à faire le ménage... Et, de manière générale, c’était toujours Kenja qui, des deux, savait comment mener une conversation.
« Et vous avez vu le dernier film au cinéma ? La dernière série sur Netflix ? »
Oui, elle savait relancer les sujets, et s’intéressa finalement à ce qu’ils allaient faire ce soir.
« Ben... Euh... On a amené une série de films, mais on peut aussi jouer à des jeux... Genre... Un Doodle, ou des mimes, ce genre de choses. ‘Fin, je sais pas, je propose... »
Kenja restait proche de Miho, consciente que sa sœur avait besoin de se détendre, d’autant qu’elle buvait fréquemment du cocktail de Toshiro. Mais personne ne viendrait le lui reprocher. Elle, plus que quiconque, avait mérité de boire, et Toshiro lui-même buvait également. Pour le reste... Difficile de proposer à Miho quelque chose de sensuel ce soir. Kenja ne lui avait jamais dit qu’elle était une amante régulière d’Hako et de Toshiro, et qu’ils avaient prévu de faire l’amour cette nuit. Tout était un peu délicat à dire, mais il suffisait de voir les quelques regards que Kenja et Hako se faisaient parfois pour se poser des questions.
Quoi qu’il en soit, le quatuor finit par se rendre à l’intérieur du chalet, et Kenja se rapprocha de sa sœur, fronçant les sourcils.
« Ça va, Miho ? Tu n’as pas l’habitude de boire autant, ce cocktail doit vraiment être fameux ! »
Elle le buvait en tout cas comme du petit lait !
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Miho buvait du cocktail en effet. Cela ne lui ressemblait pas du tout. Mais en ce moment précis, c'est ce dont elle avait plus besoin. Pourquoi le cacher, l'absence d'Oguro l'affectait. C'était logique et normal. Bon, elle avait l'habitude d'une certaine façon. Mais c'était un moment spécial , et il aurait été normal que son fiancé soit présent à leur fête commune. Miho avait beau essayé de lui trouver des excuses, c'était compliqué car sur le principe, il n'y en avait aucune à fournir. Et si elle l'aimait et ne se voyait pas changer d'avis sur la nature de leur relation, elle ne pouvait pas non plus cacher une certaine angoisse vis à vis de ce qui pourrait arriver dans leur future vie maritale. Oguro allait devenir son mari et d'une façon ou l'autre, il semblait légitime qu'elle lui demande de passer du temps avec elle. Et ce qui l'inquiétait c'est qu'au fond, le travail soit toujours pus important que leur couple.C'est d'ailleurs une conversation qu'elle devrait avoir en sa compagnie. Et sans trop tarder.
« Ca va il est vraiment bon. »
Elle lui sourit. En attendant, elle voulait essayer de profiter un maximum de la soirée malgré tout. Le quator était rentré dans le chalet et Miho n'allait pas s'en plaindre tant elle trouvait que l'atmosphère s'était rafraichi. La question de l'occupation de la soirée se posait et la jeune femme de 25 ans n'avait pas vraiment d'opinion sur le sujet. Comme souvent, elle était plutôt dans le rôle de la suiveuse et pas dans celle de la meneuse. Et en plus, elle se disait que ce qu'elle pourrait proposer risquait de paraitre un peu trop gentillet vu les personnes présentes. Elle ne désirait pas une nouvelle fois passait pour la ringarde ou la niaise de service.
« C'est comme vous voulez moi »
Ouais pour dire cela ou rien, c'était la même chose. Néanmoins était-ce lié à l'influence de l'alcool ? En tous les cas une idée lui traversa l'esprit. Et elle se dit que cela pouvait peut être quelque peu amusé la galerie et donc elle se lâcha pour de bon et osa balancer ce qu'elle avait en tête.
« Pourquoi pas un action ou vérité. »
C'est vrai cela pouvait pimenter les choses non ? Miho se réjouissait de son idée. Elle ne manquait pas de se dire qu'elle pourrait d'une certaine façon redorer son blason et montrer elle aussi qu'elle pouvait se montrer parfois surprenante dans son attitude. Après tout, il n'y avait pas que Kenja qui avait le droit de provoquer les choses non ?
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Action ou vérité... Autant le dire, c’était un jeu très dangereux avec quelqu’un comme Kenja dans le lot ! Elle était après tout une femme espiègle, qui aimait provoquer sa sœur, la titiller et la narguer... Qui sait quel genre de questions elle oserait poser, ou d’actions elle demanderait à faire ?
« Excellente idée, sœurette ! s’extasia Kenja. J’approuve à 200% ! »
Hako sourit, et hocha également la tête, tout comme Toshiro. Qu’avaient-ils à craindre ? La chose entendue, les quatre s’assirent en tailleur dans le salon. Kenja était à côté de Miho, sur sa gauche, et, sur la droite de sa sœur, il y avait Hako. Toshiro se trouvait donc face à Miho, et, entre les quatre, il y avait une bouteille vide. Le jeu était, somme toute, très simple : il suffisait de faire tourner la bouteille. Le goulot désignerait la personne, qui choisirait alors entre deux options : soit dire la vérité à une question, soit accomplir une action. Le choix incombait à la personne choisie. Des règles ancestrales, pour un jeu pimenté. Kenja en était toute emballée, et, naturellement, ce fut à Miho de tourner la bouteille. Une main innocente, après tout...
La bouteille se mit à tournoyer, le goulot filant le long des quatre personnes. Qui le hasard allait-il choisir ? La bouteille termina sa course en s’approchant de Toshiro... Puis désigna Kenja. Celle-ci sourit, et, sans attendre, s’exclama :
« VÉRITÉ ! »
Hako ne fut pas longue à trouver une question, un léger sourire sur les lèvres :
« Très bien, Kenja-san... Est-ce que... Est-ce que tu as déjà embrassé une fille ? »
Hako plaçait la barre haute ! Une lueur mielleuse éclaira les yeux de Kenja, qui sourit ensuite malicieusement, et répondit ensuite, sur un ton se voulant sensuel :
« Tu es bien placée pour le savoir, non, Hako-chan ? Bien sûr que oui... »
Vu le ton et le suffixe employé, il était tout à fait permis de se dire que les deux femmes avaient une relation assez particulière. Kenja se racla ensuite la gorge, et fit tourner la bouteille. Celle-ci tournoya encore. Après cette première question, les bases étaient posées. La bouteille continua à tourner, et le goulot désigna sa prochaine cible... Miho !
*Action ? Vérité ? Que vas-tu choisir, ma sœur bien-aimée ?* se demanda fugacement Kenja.
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Miho se sentait très bien. Sa proposition avait visiblement fait mouche. Elle estimait donc que son idée avait été plutôt bonne et que pour une fois, elle pouvait elle aussi surprendre son monde. D'ailleurs l'enthousiasme de sa soeur était assez révélateur. Prise d'un grand sentiment de joie, elle se sentait légèrement euphorique et pas seulement à cause de l'alcool. Ce genre de petits jeux, pour elle, c'était vraiment une inconnue et elle se disait qu'elle allait en quelque sorte se sentir moins coincée après cela. La future mariée n'avait jamais vraiment été conviée à participer à ce type d'échanges, et pour elle, c'était comme si finalement elle replongeait dans une jeunesse qu'elle n'avait jamais connue, des expériences inédites et surprenantes.
Et déjà la première question avait eu un certain poids puisque sa soeur venait d'avouer qu'elle avait déjà embrassé une femme. En soi c'était déjà un sacré choc pour la sage Miho. Mais là où les choses se corsaient, c'était qu'en plus, de toute évidence, il s'agissait d'Hako. Bon, ce n'était pas dit clairement, mais elle avait compris à la façon qu'elle avait eu de lui répondre qu'elles étaient toutes les deux très proches. Miho eut du mal à cacher une certaine surprise mais au fond elle ne l'était pas non plus. Cela collait finalement assez bien à sa soeur. Après tout Kenja était une jeune femme assez dévérgondée selon ses normes. Il n'y avait pas de doutes la dessus et d 'ailleurs elle n'en avait jamais eu non plus. Ceci était juste une preuve de plus et Miho n'allait certainement pas la condamner ou la juger pour autant. De toute façon, elle savait que cela n'aurait rien changé pour sa chère soeur.
Par contre, concernant Hako, elle était un peu plus étonnée. Mais là aussi elle n'en dit rien. Mais au fond d'elle, Miho se demandait si celle qu'elle pensait connaitre avait encore d'autres secrets de ce genre ou pas. Et si surtout cela pouvait concerner son époux. De toute évidence, ce couple avait ses zones d'ombre et elle avait observé la réaction de Toshiro qui n'avait pas l'air scandalisé ou étonné. Devait-elle penser qu'il le savait donc ? C'était possible à moins qu'il ne soit expert pour dissimuler ses sentiments ou son ressenti. Mais déjà, à peine commencé, ce jeu lançait un gros pavé dans la mare.
Et maintenant c'était à son tour de s'exprimer.Pour elle, pas question de dire autre chose qu'une vérité. Elle craignait trop que les actions ne soient compliquées. Et puis, elle ne pouvait pas se fier à sa soeur elle le savait déjà. Et elle estimait que c'était plus simple à gérer pour elle si elle se contentait de devoir répondre à des questions. Elle ne voyait pas ce qui pouvait la mettre en difficultés de toute façon. Alors, avec un grand sourire elle annonça sa réponse :
« Vérité. »
Oui. Et puis Miho était une jeune femme honnête qui n'aimait pas les mensonges. ,Cela collait donc assez bien à sa personnalité.
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Kenja venait sans aucun doute de surprendre Miho... Ou, plutôt que Kenja, Hako. Mais, après tout, il suffisait de voir la lueur habituellement pétillante dans les yeux d’Hako pour constater qu’elle était un peu de la même trempe que Kenja, à savoir une jeune femme relativement perverse, ou qui, en tout cas, avait une conception très libérale du mariage. La belle Hako sourit donc, se rappelant visiblement ses séances avec Kenja... Et le fait que Toshiro ne semble pas surpris amena encore Miho à se poser des questions. Et s’il avait participé à leurs séances ? Kenja esquissa un léger sourire, et choisit de maintenir le suspens là-dessus. Miho, de son côté, ne mit pas longtemps à hésiter avant de choisir la vérité. Qui sait ce que Kenja aurait pu lui demander si elle avait choisi d’opter pour une action ?
*Hmmm... Mieux vaut ne pas l’envisager, car c’est vrai que j’aime bien t’embêter, ma belle Miho...*
Pour autant, Kenja le faisait toujours de manière bienveillante... À sa manière, voilà tout ! Elle réfléchit donc un peu, et se dit que poser d’emblée une question trop osée risquerait surtout de renfrogner Miho. La chose était importante ! Miho commençait à sortir de son cocon, et il fallait donc faire attention ! Hako aurait sans doute aimé poser la question, mais c’était à Kenja de le faire. Elle se tapota donc les lèvres, et posa finalement sa question :
« Qu’est-ce que tu aimes chez Oguro ? Enfin, je veux dire, euh... Cite-moi cinq qualités d’Oguro ! »
Mieux valait y aller doucement...
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La question était gentille. Miho n'en espérait pas autant de sa soeur et elle avait compris que sans doute elle n'avait pas voulu la froisser ou la déranger d'entrée de jeu. C'était louable de sa part. Miho avait donc pris le temps de réfléchir et de trouver la réponse la plus adéquate possible. Pour elle, ce n'était pas compliqué car elle aimait Oguro et elle le trouvait tout simplement parfait. Bon, c'était un peu caricatural mais pourtant, il y avait un soupçon de vérité là-dedans. Elle allait épouser un homme qui pour elle correspondait à un certain idéal. Se raclant la gorge, elle finit donc par énumérer ses qualités en prenant soin d'argumenter bien sûr.
« D'abord c'est quelqu'un de profondement gentil. Il a bon fond et il fera toujours ce qu'il peut pour venir aider un porche ou un ami dans le besoin. Il ne calcule pas et fait les choses sans arrières pensées. C'est de plus en plus rare dans notre époque. Deuxièmement, c'est un gros bosseur. Il s'investit sans compter et je suis bien placée pour le savoir. Cela peut parfois être compliqué pour les personnes qui vivent avec lui, mais on peut pas lui reprocher de vouloir donner le meilleur de lui-même. C'est une vraie bête de travail. »
Elle marqua une pause, son attention attirée par un bruit venant de l'extérieur. Sans doute le vent ou quelque chose de ce genre. Se recentrant sur le contenu de ses paroles, elle poursuivit donc son plaidoyer pour son futur mari.
« Il est honnête aussi. Il ne cherchera jamais à duper les gens et à tire profit d'eux . Il a sa ligne de conduite et il s'y tient. Et puis, comment ne pas parler non plus de son côté protecteur et aimant. Quand il vous aime vous vous sentez particulière et bien dans votre peau. C'est vraiment gratifiant. Il donne sans conditions et sans jamais chercher à reprendre. Et enfin, je terminerais parce qui est le plus important pour moi : il est là pour moi tout simplement. Je sais que je peux compter sur lui et je sais qu'il fera un mari et un père de grande qualité. »
Voilà à quoi ressembler une femme amoureuse. Mais comme souvent, quand tout semblait trop rose et parfait, on pouvait se demander si il n'y avait pas quelque chose à gratter derrière le vernis. Parce que bon, c'était impossible que tout soit rose et violette. D'ailleurs Oguro n'était pas là non ? Miho avait peut-être voulu un peu trop survendre son bonheur. A moins que ce n'était pour elle une façon de se rassurer aussi sur la suite des événements. Car malgré tout, elle avait certains doutes en elle. Mais qui n'en avait pas à l'approche d'un mariage ?
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Kenja resta silencieuse en écoutant Miho expliquer pourquoi elle aimait tant Oguro... Et elle trouvait ça un peu navrant. Kenja avait longtemps eu l’occasion de réfléchir sur le fonctionnement de la société japonaise, sur ses mœurs et sur la place des femmes. Au Japon, il était très difficile d’être une femme célibataire. La société japonaise fonctionnait encore sur des principes archaïques, et il ne s’agissait même pas d’une domination masculine que d’une mentalité profondément ancrée, y compris chez les femmes. Kenja, qui s’était beaucoup renseignée sur l’Occident, qui restait une source d’inspiration chez les progressistes japonais, avait compris que le Japon n’avait jamais fait sa révolution sexuelle et libérale. Le Japon était donc paradoxalement ce pays très avancé en matière de robotique et où il existait des agences matrimoniales qui organisaient des mariages factices pour les célibataires n’arrivant pas à trouver le prince charmant, ce pays où on s’illusionnait d’un bonheur faux et trompeur au nom des traditions. Kenja avait toujours été une forte tête, toujours à se rebeller contre le rôle de potiche, contre les cours de couture et de cuisine, là où Miho, plus renfermée sur elle-même, avait toujours suivi.
Car, enfin, que retenir de sa déclaration d’amour sur Oguro ? Quelles étaient les qualités qu’elle avait pu trouver instinctivement ? Qu’il était « gentil »... Ce qui ne voulait rien dire. Que signifiait la gentillesse ? Existait-il seulement des Japonais qui soient malpolis, ou inciviques ? Le Japon était l’un des pays les plus disciplinés et les plus polis du monde. Et, quant au reste... Le fait qu’il soit un gros travailleur n’était pas vraiment, pour Kenja, un signe d’amour, mais plutôt l’inverse. Malheureusement, sa sœur était l’archétype typique de la ménagère japonaise qui avait réussi à atteindre la vie qu’on lui promettait, et qui réalisait que rien n’allait comme elle le voulait. Et Kenja aimait beaucoup trop sa sœur pour la laisser ainsi dans ce monde factice, fait de mièvreries, de rêves enfantins stupides, qui n’étaient que les reflets d’une société conservatrice voyant encore la femme comme destinée uniquement à se marier et à procréer.
« D’accord... Bon... Merci pour ta franchise, sœurette ! »
La bouteille continua ensuite à tourner, et cibla de nouveau Kenja. Cette fois, elle opta pour autre chose, et s’exclama rapidement :
« ACTION ! »
Hako se tapota les lèvres pendant quelques secondes. Avec Kenja, le pire était souvent à craindre.
« Juste... Avant de proposer, j’aimerais qu’on modifie un peu les règles. Genre... Mettre un joker. Celui qui refuse de répondre à une question, ou de faire une action, boit un verre de vin. Ça vous va ? »
Hako et Toshiro acquiescèrent. Miho était sans doute celle qui avait le plus à perdre, surtout que Toshiro proposa rapidement son défi, de quoi perturber davantage Miho :
« Embrasse une fille... »
Kenja sourit légèrement, et fit mine de réfléchir... Puis se pencha vers Hako, avançant à quatre pattes, dans une posture relativement sensuelle. Son amie rougit légèrement, ce qui allait très bien avec sa peau pâle. Prédatrice et sensuelle, elle embrassa Hako pendant plusieurs longues secondes, semblant visiblement y prendre plaisir... Avant de rompre le baiser.
La bouteille tourna encore ensuite, et revint vers Miho. La vérité restant une option plus prudente, sa sœur opta encore pour cela, mais, cette fois, Hako, qui semblait plus joueuse, se lança dans une question plus osée :
« Est-ce que tu as déjà embrassé une fille, Miho ? »
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Miho n' était pas à son aise. Même si elle souriait, ce qui venait de se passer confirmait l'étrange complicité entre sa soeur et le couple présent. Elle n'allait rien dire mais elle n'en pensait pas moins sans qu'elle ne sache au fond ce qui la perturbait le plus. Ce n'était pas son style de poser une question ouverte sur le sujet de toute façon. Elle était trop pudique, trop bien élevée et trop dans la retenue. Néanmoins, elle se posait des questions. Que se passait-il exactement entre Kenja et son couple d'amis ? Miho prenait conscience qu'il se connaissait bien plus que ce qu'elle avait pu penser. Oguro le savait-il ? Non, il lui en aurait parlé. Miho devait donc intégrer ce nouveau paramètre dans l'équation de cette drôle de soirée. Et le jeu qu'elle avait lancé prenait une tournure douteuse.
« J'ai l'impression d'être de trop. »
La remarque n'était pas innocente. Miho avait réussi a envoyé un message mine de rien. Elle sous entendait clairement quelque chose et voulait témoigner de sa prise de conscience des événements. Et plus que jamais, l'absence de son fiancé lui pesait. Elle avait besoin de lui. Et puis comment savoir ce qu'elle pouvait dire ou pas ? Elle marchait sur des oeufs. D'autant plus qu'on venait de lui demander si elle avait déjà embrassé une femme. D'une façon, elle s'y attendait. Mais elle n'aimait pas la tournure que cela prenait. Son malaise était palpable et n'était plus vraiment cacher.
« Bien sûr que non. »
La véhémence de sa réponse montrait bien que pour elle c'était impensable. Miho se rendait bien compte qu'elle avait employé un ton particulier et elle essaya donc de s'adoucir et de se montrer moins sectaire dans sa façon d'envisager la chose.
« Je veux dire je respecte les désirs de chacun mais c'est pas mon truc. »
Elle n'était pas sereine. D'ailleurs, elle se leva, prétextant allait donner un coup de fil à Oguro. En vérité c'était pour elle un bon moyen de s'éloigner un peu. Elle passa cependant son coup de fil mais tomba sur sa messagerie. Elle s'y attendait, sans doute devait-il travailler, comme toujours ou presque. A quoi bon penser à une autre issue ? Prenant une bonne bouffée d'oxygène, elle retourna à l'intérieur du chalet. S'efforçant de bonne figure, l'ambiance était toujours étrange mais elle avait décidé de ne plus rien dire. Il fallait que la soirée se poursuive et elle ne voulait pas passer pour la rabat joie de service. C'était important pour elle.
« C'était à qui de jouer ? »
Elle feignait donc de reprendre le cours des choses sans arrière pensée. C'était louable de sa part de préserver l'ambiance. Mais est-ce qu'elle pouvait le faire de manière permanente ? Buvant une gorgée du fameux cocktail, elle essayait d'y puiser force et courage. A moins que cela ne soit un moyen pour elle d'oublier ses craintes ?
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Sa sœur avoua rapidement que ça ne l’intéressait pas. Kenja sourit doucement, amusée. Sur le coup, elle voulait bien la croire. Sa sœur n’avait jamais manifesté aucun penchant lesbien, mais... Kenja était bien placée pour savoir que les choses n’étaient pas aussi simples, et que l’agressivité naturelle de Miho, pour l’appeler ainsi, était souvent un rempart qu’elle dressait contre la propre vacuité de son existence... Ou, pour le dire plus simplement, contre sa frustration. La bouteille continua à tourner ensuite, dérivant sur des questions plus légères. Quand Hako demanda à Kenja son moment le plus gênant, celle-ci choisit de boire un coup, et fit ensuite tourner la bataille. Interrogé, Toshiro avoua avoir eu sa première cuite à seize ans, et ne se rappeler plus de rien... Las, ses amis avaient tourné des vidéos de lui, et il s’était juré de ne jamais les montrer à qui que ce soit.
Et la bouteille tourna, et tourna encore. Ce genre de jeux pouvaient volontiers durer, surtout quand on demanda à Hako de faire le poirier. Il s’avéra ainsi que la jeune femme était très souple, et expliqua à Miho avoir été une championne en gymnastique et en natation quand elle était au lycée. Elle en conservait des souvenirs, et Kenja pouvait effectivement confirmer qu’elle était souple. Toshiro avoua que le travail était éreintant, mais qu’il était très content d’avoir un emploi stable depuis quelques mois. Le dernier film vu par Hako au cinéma ? Une grosse production hollywoodienne sans queue ni tête.
Et la bouteille tourna encore... Kenja confessa avoir déjà assisté à une scène de shibari, et qu’un maître de cette pratique du cordage voulait même l’utiliser comme modèle. C’est à ce moment que Kenja se retourna vers sa sœur, continuant à la titiller, à la troubler.
« Est-ce que ça te plairait d’assister à une séance de shibari avec moi ? »
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Miho se sentait de plus en plus étrangère à la conversation. De toute évidence, elle était bien différente de sa soeur ou du couple présent. Cela lui sautait aux yeux en tout cas. Elle ne savait pas dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Elle aimait sa soeur et les amis ici présents étaient importants pour elle. Mais Miho n'était pas comme eux et surtout, découvrait une drôle de facette. Ce qui la dérangeait surtout, c'est l'impression qu'elle passait encore pour une coincée. Ce n'était sans doute pas fait exprès mais c'est ce qu'elle ressentait. Et on pouvait pas la blâmer de cela au vu de ce que ses acolytes avaient pu dire depuis un moment maintenant.
« Non et pour tout te dire je sais à peine ce que c'est. »
La gêne était palpable une fois encore. Miho aurait voulu pouvoir dire autre chose car au fond elle culpabilisait alors que sur le principe elle n'aurait pas du. Après tout, quel était le soucis ? Elle était en couple depuis longtemps et ne menait pas une vie dissolue. Il n'y avait pas de doute à avoir là-dessus. Sauf que par comparaison, son couple d'amis lui pouvait prétendre le contraire. Toshiro et Hako n'avait pas besoin de dire grand chose pour qu'on comprenne qu'entre eux il y avait quelque chose en plus. Ou du moins différent d'elle et Oguro. Mais elle avait du mal à expliquer cela.
« Vous savez très bien que je suis sans doute pas la femme la plus expérimentée en bien des domaines. Du coup le jeu peut perdre en intérêt. »
Dit-elle comme pour se dédouaner. Buvant encore une gorgée de cocktail, elle avait un peu mal au crâne mais se sentait euphorique.Et cela l'aidait aussi à mieux gérer cette soirée qui ressemblait à quelque chose de bien différent que ce à quoi elle aurait pu penser sans qu'elle ne sache si c'était bien ou mal. Mais c'était étrange sur ce point pas de doutes possibles.
« Mais au moins je découvre des choses sur des personnes proches. »
Miho gardait cet optimisme et cette candeur. Avec elle, au fond, ce n'était jamais bien grave. Il y avait toujours moyen de trouver du positif dans n'importe quelle situation là ou certaines auraient pu se sentir mal à l'aise ou pas en phase. Et même quand c'était le cas elle ne laissait rien paraitre. Notamment parce que cette soirée avait été lancée pour elle. Mais en la regardant on sentait les premiers signes de fatigue arriver. L'alcool aidant Miho commençait à avoir le visage un peu plus marqué par la fatigue. Sans doute ne tarderait-elle pas à s'échapper vers les bras de morphée à défaut de ceux d'Oguro.
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« C’est une pratique ancestrale japonaise, expliqua-t-elle. Quelque chose de très particulier... »
Elle n’en dit pas plus, préférant la surprise à sa sœur, sans toutefois pouvoir sérieusement croire que Miho n’avait jamais entendu parler de ça. Le shibari était l’art des cordes, l’obtention du plaisir suprême par l’usage des cordes. Un art très particulier, et Kenja n’en était pas qu’une simple spectatrice. Elle avait déjà pratiqué elle-même, car ses proportions étaient idéales pour cette pratique. Elle adorait jouir sur les cordes, en étant saucissonnée pendant des heures au milieu des cordes. Il suffisait de simples mouvements pour que les cordes exercent une exquise pression, et ne l’amènent à enchaîner les orgasmes. Le simple fait d’y repenser, d’ailleurs, avait de quoi l’émoustiller.
Bien que surprise, Miho prenait ça positivement, et Kenja sourit. Toshiro souriait également, les joues rosies aussi.
« Eh bien, moi et Hako, nous formons un couple plutôt... Moderne.
- En fait... Je sais que tout cela est un peu déroutant, Miho-san, mais... Moi et Toshiro, nous sommes... Normaux. C’est juste que... Je n’ai jamais aimé que les autres me dictent ma conduite, m’imposent des codes moraux ancestraux et arriérés. La femme au foyer, à devoir faire des gosses, à vivre uniquement pour son mari... Je n’ai jamais voulu de ça, je veux être indépendante et libre. C’est pour ça que... Enfin...
- ...Nous nous considérons égaux l’un à l’autre, compléta Toshiro. Moi, avant d’avoir un boulot, j’ai fait des études aux États-Unis, j’ai étudié le mouvement hippie. Ce n’est pas l’occasion idéale d’en parler, mais je continue à espérer que notre pays fasse, lui aussi, sa révolution culturelle. »
Difficile de ne pas penser indirectement à Miho, qui incarnait à elle seule ce Japon conservateur, ce vieux Japon qui s’accrochait encore à ses racines.
« Enfin... Voilà. Désolé, je... Je crois que j’ai un peu trop bu.
- Oui... Miho aussi. Tu as de belles joues rouges, ma chérie. »
Mine de rien, l’alcool pouvait vite monter, ce qui était le cas ici. La soirée approchait de la fin, mais une toute autre séance allait avoir lieu cette nuit... Une séance totalement imprévue, qui allait concerner Toshiro... Et Miho.
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La conversation n'avait pas heurté la jeune femme de 25 ans. Ce débat avait lieu depuis un moment maintenant au japon. Il y avait deux écoles : ceux qui défendaient la modernité et ceux qui plaidaient pour le respect des traditions. Chacun des deux camps avaient des raisons valables. C'était d'ailleurs pour cela que le débat n'était pas simple. Il n'y avait pas de torts réels pour un des deux camps. Il y avait des idées différents mais aucune n'était à jeter à la poubelle. Miho elle-même, partait du principe que les deux points de vue pouvaient cohabiter. Elle était plutôt vieille école, mais elle n'était pas fermée aux nouvelles idées. Et puis ce débat n'avait as lieu d 'être pour elle.
Au fond qu'est ce qui primait ? Le bonheur des gens tout simplement. Si une personne se sentait bien en vivant d'une certaine façon pourquoi lui en imposer une autre ? Et si quelqu'un avait besoin de vivre autrement, c'était le même principe : le bonheur n'avait pas de prix et il était stupide de penser qu'on pouvait imposer un mode de vie comme cela. Et puis le Japon n'était pas non plus un pays lambda. Il reposait sur une culture traditionnelle qui avait toujours existé. Et vouloir effacer cela ne marcherait pas,car pour elle c'était l'adn de ce pays. Mais il fallait bien sûr que malgré tout cela évolue et change aussi.Bref une révolution non, mais une évolutions ans doute que oui.
« De toute façon pour moi le plus important c'est que chacun puisse avoir le droit de vivre comme il l'entend. Chaque pays a sa culture, ses traditions, mais celle-ci doivent pouvoir évoluer. L'idéal c'est de trouver le parfait équilibre entre modernité et conservatisme. »
Miho sourit et vida son verre avant de se lever. Il était temps pour elle d'aller rejoindre sa chambre , elle sentait que c'était l'heure. Saluant les personnes autour d'elle, Miho avait regagné sa chambre où elle dormirait seule cette nuit. Enfilant pour l'occasion une simple nuisette grise lui arrivant aux genoux, elle avait gardé ses cheveux attachés pour la nuit avec une pince. Avant cela , elle s'était douché et avait bu un peu d 'eau. La terre lourde et légèrement embrumée, la journée n'avait pas été si terrible finalement. Elle s'était même plutôt amusée pour être franche avec elle-même. Et puis elle savait aussi que cela tenait à coeur de sa soeur et c'est aussi pour cela qu'elle espérait qu'elle ait la même impression positive qu'elle.
Demain Oguro arriverait et pour Miho c'était quand même une très bonne nouvelle. Mais attendant ses bras ; c'est ceux de Morphée qui allait l'accompagner pour cette nuit du moins. C'était mieux que rien. Sauf que forcément, les choses allaient prendre une autre tournure mais elle ne le savait pas encore.
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Comme il avait été aisé de le voir, Kenja, Toshiro et Hako formaient volontiers un couple à trois. Toshiro avait déjà couché avec les deux femmes en même temps, et, ce soir, tandis que Miho et les autres se couchaient, Toshiro sentit une excitation très sexuelle le traverser. Hélas, Hako avait bien trop bu, et s’endormit dans ses bras. L’homme hésita alors. Toshiro savait que Kenja se trouvait dans une chambre, adjacente à celle de sa sœur. En se couchant, Kenja avait d’ailleurs souhaité à Miho une bonne nuit, déposant un tendre baiser sur son front, avant de filer dans sa chambre. Toshiro, toutefois, avait également bien pu, et se redressa du lit, en voyant que Hako dormait profondément.
« Okay, Hako... Bonne nuit, ma belle... »
Il se releva, et s’avança dans le couloir, tâtonnant contre le mur. Le sol tanguait devant lui, mais il avait au moins toujours la force d’avoir une érection. Il trouva finalement une porte, et l’ouvrit. La pièce était plongée dans la pénombre, et l’homme, déjà tout nu, s’avança lentement. Son genou heurta une chaise, et il grogna doucement sur place.
« Kenja... ? »
Kenja dormait, visiblement. Rien de bien surprenant, mais, contrairement à Hako, Kenja aimait beaucoup qu’on lui fasse l’amour pendant son sommeil. Il se rapprocha donc du lit, et posa sa main sur l’épaule de la femme. Dans la pénombre, et avec la tête qui lui tournait, Toshiro ne voyait pas grand-chose, et écarta la couette. Son sexe en érection caressa les cuisses de Kenja, et il se lova contre elle, venant l’embrasser, son haleine alcoolisée se heurtant aux lèvres de la femme.
« Kenja... »
Toshiro se pressa davantage contre elle. Tout aurait pu très bien se passer, en réalité, à un détail près...
Toshiro s’était trompé de chambre !
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Miho n'avait pas tardé à dormir de manière assez lourde. Il y avait certes l'alcool qui jouait mais pas que. De tout temps, elle avait toujours été une grosse dormeuse. Elle était ce genre de personne qui avait besoin de dormir beaucoup tout simplement. Pas étonnant donc, qu'elle n'ait pas réagi au baiser de sa soeur.
Par contre, ce qui allait suivre allait forcément être très différent. Bien entendu, elle n'avait pas entendu Toshiro. Pas plus qu'elle ne l'avait senti se glisser sous la couette. La première réaction de Miho avait d'abord été le silence, l'absence de réaction. Il avait fallu un certain temps pour que l'info monte à son cerveau ou que son corps réagisse. Et pour être honnête, elle avait d'abord cru à un rêve. Après tout Oguro n'était pas là et si elle sentait une présence sur et près d'elle, cela ne pouvait être que de la fiction. Ce n'était d'ailleurs pas désagréable. Miho n'avait pas la vie sexuelle la plus débridée de l'univers mais elle avait certains besoins et elle n'avait jamais craché sur un calin avec son fiancé. Ce dernier était un peu plus réservé qu'elle et c'est vrai que souvent, elle avait eu la sensation d 'être la seule à vouloir partager un moment de complicité sexuelle. Mais bon, vu qu'elle n'avait connu que lui, difficile pour elle de se poser des questions ou de se demander si c'était un bon cou par exemple. De toute façon pour Miho , cela ne pouvait être qu'un bon coup, vu qu'elle l'aimait et qu'elle allait l'épouser. Elle mettait sur le même pied les sentiments et le sexe, ce qui démontrait une certaine naiveté de sa part.
Mais c'est quand on l'avait embrassé qu'elle avait commencé à comprendre que ce n'était pas un rêve. L'haleine chargée d'alcool avait eu le don de la réveiller ou tout au moins de lui filer un fameux coup de fouet. Ouvrant les yeux d'un coup en sentant cette langue fouillait sa bouche, elle avait aussi pleinement conscience du sexe qui se collait contre elle et elle ne tarda pas à réagir en se reculant tant bien que mal, constatant que c'était Toshiro qui était venu se mêler à sa couche.
« Toshiro ca va pas non ? »
Elle avai parlé d'une voix clairement audible, ne se souciant pas qu'on puisse l'entendre. Passant une main sur ses lèvres, elle s'en voulait de l'avoir laissé l'embrasser et avait la sensation d'avoir trompé son fiancé. Se redressant, elle ne savait pas trop quoi dire tant ce genre de situations avait le don de la déstabiliser et de la mettre mal à l'aise.
« Tu t'es trompée de lit ou quoi ? »
Oui parce que si c'était cela, à la limite, cela pouvait encore passer ou se comprendre. Se pinçant les lèvres, elle s'en voulait de ne pas avoir réagi de suite mais le faisait à présent. Non mais décidément, il y avait une drôle d'atmosphère dans ce chalet.
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Toshiro s’était trompé de chambre... Un quiproquo bête, mais qui pouvait avoir des conséquences redoutables. Et là, dans la nuit, l’alcool aidant, il n’avait pas remarqué que les seins de Miho étaient plus petits que ceux de Kenja. Sa bouche, il ne pensait qu’à ses lèvres, légèrement sucrées, qui étaient similaires à celles de Kenja. Comment ne pas se méprendre ?! Toshiro s’appuyait contre elle, son érection naissante aidant à le perturber, à lui faire perdre tout repère. Mais, quand il l’embrassa, Miho se réveilla, et, quand elle se manifesta, le jeune homme... Eut comme un coup de fouet. Ou plutôt une douche froide. Ses yeux s’écarquillèrent brusquement. La réaction de Kenja n’était pas normale, pourquoi faisait-elle ça ?
« Kenja, tu... »
Puis Toshiro constata alors l’horrible méprise, et se figea pendant quelques instants... Avant d’écarquiller les yeux. Surpris, l’homme bondit brusquement, et glissa du lit, s’affalmant lourdement sur le sol.
« Mi... MIHO ?! »
Oh merde ! Qu’est-ce qu’il avait fait? Toshiro sentit le rouge lui monter furieusement aux joues, et se releva précipitamment. Avait-il déjà pu faire, au cours de sa vie, une telle bourde ? Comment avait-il pu se tromper à ce point ?! Médusé, il observait Miho, n’arrivant pas à croire que c’était elle qui était là... Et non Kenja.
*Merde, merde, merde !!*
Quel con ! Mais quel con ! Pourtant, même si Miho et Kenja se ressemblaient, elles avaient aussi de sincères différences. Ne sachant plus quoi dire, Toshiro recula lentement vers la porte. Impossible toutefois de sortir sans donner d’explications.
« Je... Merde, je... Je me suis trompé de chambre, Miho, je... Merde, merde ! »
C’était typiquement le genre de situations où on avait envie de se transformer en une petite souris pour disparaître sous un tapis, mais rien ne venait.
Alors, il préféra se diriger vers la sortie précipitamment, afin de la laisser en paix, et d’aller s’isoler quelque part, en maudissant sa propre connerie...
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Miho avait toujours du mal à comprendre ce qui venait de se passer. Pour peu, elle aurait presque pu croire qu'elle avait rêvé tout cela. Ce n'était pas le cas bien sûr, mais le doute restait permis et palpable et elle avait mis un certain temps à régir et à comprendre tout le déroulement des derniers événements.
Elle ne savait pas ce qui était le plus choquant finalement : que Toshiro se soit trompé de la sorte, ou plus grave, qu'il l'ait fait en passant y trouver sa soeur. Il était marié, sa femme était présente et pourtant, visiblement, il avait eu dans l'idée de venir coucher avec Kenja. Cela confirmait les doutes de la jeune femme. Il y avait bel et bien quelque chose de spécial entre sa soeur et ce couple. Et cela avait l'air de dépasser ce qu'elle avait pu imaginer. Il y avait visiblement pour lui une certaine habitude à coucher avec Kenja. Sinon on ne débarquait pas dans la chambre de cette manière. Non, pour Miho, il était clair qu'il y avait certaines choses à revoir et à commenter dans la façon qu'il avait de se comporter.
Et puis même si cela n'avait pas duré longtemps, elle avait eu le temps de sentir son érection et la façon qu'il avait de l'embrasser. C'était pas désagréable il fallait bien le dire. Miho n'avait certes pas vraiment désiré s'y attarder trop longtemps, mais elle avait eu quelques frissons et elle ne savait pas comment les interpréter. Néanmoins, Toshiro avait l'air sincèrement embêté et donc, elle avait pas envie de rajouter une couche. Mais elle devait par contre aller le trouver pour tirer tout ceci au clair. L suivant de près, sortant de la chambre, elle avait enfilé un petit peignoir rosâtre alors que ses cheveux étaient toujours attachés. Marchant pieds nus, elle murmura plus qu'elle ne dit le prénom de Toshiro, le rattrapant alors qu'il semblait retourner vers la pièce principale du chalet.
« Toshiro attends. »
Cette fois elle avait pu lui parler de manière un peu plus audible.Le fixant, elle sentit un certain malaise, mais elle tenait à être claire et à avoir des explications. Elle était ici pour cela. Avec quelque chose de bien précis en tête
« Si je comprends bien tu pensais rejoindre ma soeur c'est bien cela ? Et ta femme tu y as pensé ? »
Miho ne pouvait s'empêcher de jouer à la moralisatrice.C'était dans sa nature. Mais en lui parlait son regard se portait aussi tant bien que mal sur son entrejambe où une bosse était clairement toujours visible. Il avait toujours une érection assez importante. Et elle l'avait bien perçu contre ses fesses.
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De telles sueurs froides, ça avait le don de vous faire dégriser ! Toshiro s’était planté dans les grandes largeurs, et, alors qu’il s’apprêtait à sortir, Miho le retint brusquement. Le jeune homme s’arrêta rapidement, extrêmement nerveux. Que dire ? Que faire ? Si Miho révélait cet incident aux autres, sa femme le crucifierait sur place ! Elle lui reprochait assez souvent d’avoir des érections spontanées, « l’appétit d’un babouin adulte », comme elle le disait parfois ironiquement. Et Kenja avait briefé le couple sur sa sœur, expliquant qu’elle était tout l’inverse d’elle-même, très classique, et... En fait, pour le dire simplement, Kenja leur avait dit qu’elle était « coincée ». Toshiro déglutit donc lentement, puis se retourna vers elle.
Silencieusement, il devait réfléchir à la suite, et se massa l’arrière du crâne.
« Euh... Ben... Je ne sais pas si l’heure ou le moment sont bien indiqués pour parler de ça, Miho, mais... »
Toshiro se rapprocha d’elle, et, tout en évitant soigneusement de la regarder, par peur de lire sur son visage le dégoût ou la répulsion qu’il pouvait lui inspirer, il reprit :
« Je... Je t’ai dit que j’avais fait des études aux États-Unis, hein ? Tu sais, je... Je suis historien, et... Enfin, ce n’est pas l’heure de te faire un cours, Miho, mais mes parents ont grandi avec cette vision décomplexée de l’érotisme et du sexe. Tu sais, euh... Enfin... Le Japon n’a pas été marqué comme l’Occident par la culture chrétienne, par l’idée que le sexe soit quelque chose de mal, une sorte de péché originel, qui ne peut être purifié, lavé, que par le mariage. C’est... Ce sont des normes occidentales qu’on impose aux Japonais, et... Enfin, je pense que ça explique en grande partie pourquoi notre peuple a un taux de natalité extrêmement bas. »
Même à travers cette séance volée, on pouvait voir pourquoi Hako était tombée amoureuse de Toshiro. C’était un beau parleur, un véritable intellectuel. Il n’en avait pas l’air comme ça, mais le jeune homme avait réussi de brillantes études. C’était d’ailleurs lui qui, au sein du couple, avait le salaire le plus important.
Toshiro reprit encore :
« Enfin... Tout ça pour dire que, traditionnellement, on ne voit pas chez nous le sexe comme quelque chose de mal. C’est pour ça, je pense, que le sexe est si librement admis chez nous qu’en Occident, qu’on en plaisante, qu’on fasse de l’humour là-dessus, et... Enfin voilà. Moi et Hako sommes très libres là-dessus. On s’aime, mais on sait aussi qu’on ne doit pas voir le sexe comme quelque chose de mal par nature. D’ailleurs, pourquoi est-ce que le sexe serait nécessairement mauvais ? »
Le jeune homme secoua la tête, et regarda finalement Miho, en lui souriant légèrement :
« Mais bon... Je suis vraiment désolé, Miho, je t’assure. Je... Je te promets que ça ne se reproduira plus jamais, tu peux me croire ! Je... Merde, je me sens vraiment trop con... Je t’assure que je voulais pas penser à mal avec toi ! »
Sur ce point, il se voulait sincère !
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Miho avait bien entendu Toshiro. Ce dernier était parti dans une explication qui ressemblait à une longue tirade. Elle avait essayé de tout comprendre ce qui n'était pas si facile que cela. L'esprit encore un peu embrumé, elle avait compris qu'au fond, pour lui, ce qui venait de se passer avait une explication logique. D'ailleurs, elle ne pouvait pas lui reprocher de faire preuve de cohérence. Depuis le début de la soirée, il avait une attitude conforme à ce qu'il avait pu dire ou faire.
C'était la seconde fois dans cette soirée que revenait sur la table la question du rapport au sexe. Comme la première fois, Miho avait la sensation d'être la seule à adopter une ligne de conduite opposée à celle des autres. Les propos de Toshiro, Kenja aurait aussi pu les tenir. Visiblement, entre les deux, il y avait une connexion assez forte. Pas étonnant vu que de toute évidence ils couchaient ensemble. Par contre, elle n'avait pas envie de rentrer dans une longue explication sur ce qu'elle pouvait partager ou non de ce point de vue.
Tout ce qui l'intéressait au fond, c'est que Toshiro avait l'air de regretter ce qui venait de se passer. C'était la moindre des choses mais il aurait pu nier ou faire semblant de rien. Raison pour laquelle, elle s'adoucit un peu au niveau de son visage ou de son regard. Certes, elle continuait de penser que ce genre de conduite n'allait pas forcément avec sa représenation du mariage mais encore une fois, elle n'allait pas blâmer des gens pour penser autrement qu'elle ; la seule chose dérangeante, c'était d'avoir partagé un peu d 'intimité avec lui. C'était impossible d'effacer cela et Miho regrettait amèrement cela.
«Cela confirme encore une fois que nos visions diffèrent sur ce qu'est le mariage ou le sexe.. »
Oui.Miho n'avait pas envie de trop s'attarder là-dessus car au fond, elle avait déjà eu ce débat quelques instants auparavant. C'était inutile de chercher à la convaincre ou d'elle-même tenter de faire changer d'avis l'homme en face d'elle. Chacun avait son passif, son éducation, son cursus relationnel et tout ce qui allait avec. Et ce même si ce qu'il venait d'expliciter n'était pas dénué de fondement ou de questionnement.
« Et donc c'est maintenant que toi comme moi on retourne dans nos chambres et on fait comme si tout ceci n'était qu'un rêve ? »
Miho avait un peu de mal avec le fait de passer sous silence ce petit accident. Pas parce qu'elle avait envie de nuire à Toshiro mais elle n'aimait pas mentir ou travestir les faits. D'un autre côté, elle se voyait mal assumer tout ceci vu les possibles conséquences. Légèrement mal prise vis à vis de Hako ou de son fiancé Oguro, Miho avait aussi un autre problème. Et pas le moindre.
« Kenja et toi vous couchez souvent ensemble ? »
C'était elle la grande soeur. Et elle estimait avoir le droit de connaitre la réponse. Car elle voulait mieux pour sa soeur qu'une relation sexuelle avec un homme marié. Et ce même si elle connaissait son tempérament.
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« Ouais, je crois que... C’est la meilleure option. En fait, ça m’arrangerait si... Si Hako n’est pas au courant de... Euh... De ça, quoi. Elle serait capable de me tuer pour ça ! »
Hako et Toshiro avaient beau être un couple libertin, ce n’était pas pour autant qu’elle pouvait accepter n’importe quoi. Sous l’effet de l’alcool, Toshiro avait clairement déconné, et il était de plus en plus en mesure de réfléchir calmement à ce qui était arrivé. Il s’était trompé de chambre, mais, fort heureusement, Miho ne semblait pas lui en vouloir, comme si elle comprenait la confusion. Il pouvait s’estimer chanceux ! Kenja leur avait dit que sa sœur était bien différente d’elle, et, effectivement, c’était le cas. Même si elles étaient proches, Kenja et Miho formaient un peu le jour et la nuit. Elle, Kenja, une grande fêtarde qui ne se privait de rien, parfois au risque d’en attenter à sa santé. Et elle, Miho, qui était hostile à tout, fermement concentrée sur ses devoirs conjugaux et sur son mariage.
*Le jour et la nuit, vraiment...*
Comment deux sœurs pouvaient être à ce point opposées ? Toshiro était fils unique, et ne comprenait donc pas vraiment tout ça, le fonctionnement d’une fratrie, mais... Indéniablement, il était surpris ! Quoi qu’il en soit, avant qu’il ne sorte, Miho lui demanda la fréquence de ses rapports sexuels avec sa sœur. Un peu surpris par cette question, Toshiro hésita un peu, mais estima que, à ce stade, il n’avait plus grand-chose à cacher à la jeune femme.
Il l’observa alors, et haussa les épaules.
« En fait... Nous faisons généralement l’amour à trois. »
Pour le coup, il ne savait pas si cet aveu allait rassurer Miho... Ou l’inquiéter davantage.
« Mais... Euh... Je suppose qu’on peut dire qu’on a des relations régulières, oui. »
Inutile d’en dire trop, il ne voulait pas trop choquer cette prude jeune femme. Toshiro se massa ensuite l’arrière du crâne, et, tout d’un coup, laissa également s’exprimer sa propre curiosité :
« Mais... Pourquoi est-ce que ça t’intéresse, ça ? »
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Miho avait la confirmation qu'elle souhaitait. Elle craignait ce genre de propos et elle n'était pas vraiment surprise. Elle connaissait sa soeur et ce genre de situation lui ressemblait bien. Là ou par contre elle était plus déçue, c'est par son couple d'amis. Elle ne s'attendait pas à cela et elle se demandait donc si au fond c'était encore elle qui était normale ou les autres. Plus le temps passait, plus elle ressentait un décalage avec des personnes proches d'elle. Fatiguée elle l'était. Mais c'était pas physique non mais bien moralement. A force finalement de se confronter aux autres, elle en venait à se demander où finalement elle pouvait se situer là-dedans.
« Je veux simplement essayer de te comprendre, de vous comprendre. Tout ceci me dépasse. »
Faisant quelques pas, on la sentait réellement perturbée et inquiète. Elle lui tournait le dos et s'était encore plus éloigné des chambres pour ne pas éveiller des soupçons ou réveiller les autres. Miho essayait de se demander ce qu'elle était sensée dire ou faire ? Il lui était impossible d'aborder cette situation de la façon qu'elle le désirait. C'était un lourd secret et elle aurait préféré ne rien savoir de tout cela.
D'un autre côté, faire la leçon à Kenja ne servirait à rien. Elle la connaissait assez que pour le savoir que c'était une pure perte de temps. Alors que devait-elle dire ? Ce qui l'inquiétait c'est que pour elle, sa soeur ne pouvait pas être heureuse à long terme en vivant comme cela. Ce n'était pas une vie. Elle méritait d'être aimée, d'être chérie, et ce n'était pas ainsi qu'elle y arriverait. Le sexe ne pouvait pas remplacer les sentiments et elle aurait aimé pouvoir lui expliquer. Elle était sans doute trop « old school » mais Kenja était par contre trop moderne dans sa façon d 'envisager les relations humaines .
« Ma soeur ne pourra vivre de la sorte qu'un temps. J'espère qu'elle le sait. »
Et elle aurait aussi apprécié que ce soit peut-être Hako et Toshiro qui mettent des distances. Miho aurait trouvé cela plus correct. Mais elle ne se voyait pas leur demander. Elle n'avait aucun droit de le faire hormis celui de la morale. Mais ils étaient en décalage sur ce point et c'était de plus en plus clair à présent. Bref, Miho connaissait la situation mais ne pouvait pas vraiment la changer.Ou comment se sentir inutile et impuissante.
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Silencieusement, Toshiro laissa la femme parler. Se pouvait-il que cette scène malencontreuse aboutisse sur quelque chose ? Le jeune homme était après tout un pervers. Oh, pas dans le sens où il matait discrètement des filles, les harcelait, ou se montrait obséquieux, mais... Clairement dans le sens où les valeurs morales sexuelles l’avaient toujours agacé. Il trouvait même cela dangereux, et il avait développé toute une théorie là-dessus. Alors, quand il entendit Miho dire, sans doute un peu dédaigneusement, que sa sœur ne pourrait pas mener cette vie éternellement, il haussa les épaules.
« Vous avez vraiment un raisonnement tout à fait différent, c’est fascinant... Mais... Désolé de te dire ça, mais je ne crois pas que ce soit elle qui soit la plus à plaindre. »
Il allait sans doute se lancer sur un terrain glissant, mais, après ce qu’ils venaient de faire, il ne pouvait plus faire marche arrière. Toshiro se pinça doucement les lèvres, observant Miho, avant d’expliquer sa position :
« Tu pars du principe que Kenja n’aime pas cette vie, mais... Objectivement, c’est elle qui mène une vie épanouie. Tu sais, elle pourrait avoir son propre studio, son propre appartement. Tu ne t’es jamais demandée pourquoi elle continue à vivre avec toi, Miho ? »
Question purement rhétorique, et il enchaîna ensuite, se retournant vers elle :
« Kenja tient à toi, Miho... Et elle sait que... Que le mariage... Enfin... Euh... Je sais que le mariage est sacré chez nous, c’est... Toutes les filles rêvent de se marier, et certaines organisent même des simulacres de mariage juste pour pouvoir avoir des photos d’elle en robe de mariée. Mais après ? Tu ne trouves pas ça triste, toi ? Pourquoi vivre uniquement au nom du devoir ? Et en quoi se marier est un quelconque de voir ? Les divorces sont rarissimes dans notre pays. Nous sommes encore des arriérés, Miho, sur le rôle des femmes, sur la place du mariage dans notre pays... J’envie les Occidentaux là-dedans. Ok, ils divorcent beaucoup, et ce n’est peut-être pas l’idéal pour les enfants, mais... Pourquoi continuer à vivre ensemble si on ne s’aime pas ? Juste pour les apparences ? Pour faire plaisir aux voisins et éviter les commérages ? »
Il secoua la tête. Il aurait encore pu parler comme ça pendant des heures, mais il s’efforça de se calmer, soucieux de ne pas non plus dépasser les bornes avec la jeune femme.
« Ce que tu dois comprendre, Miho, c’est que Kenja a choisi cette vie par opposition à la tienne. Elle a choisi de se concentrer sur le fait de vivre, de s’éclater, tandis que toi, si j’ai bien compris, tu as toujours été très sérieuse. Alors, tu peux considérer qu’elle a raté sa vie, oui... Mais elle est libre, au moins. Et ça, ça n’a pas de prix. »
-
« Je ne me sens pas en prison non plus . »
Un peu piquée au vif, elle montrait les dents. C'était rare mais c'était la deuxième fois déjà que son vis à vis avait tendance à la faire passer pour une femme pas forcément heureuse et satisfaite. C'est vrai, elle avait peut-être le tort de juger un peu trop rapidement sa soeur et son style de vie, mais c'était tout aussi erroné que les autres fassent la même chose avec elle. Et puis il était marié non ?
« Pourquoi tu t'es marié Toshiro ? »
Après tout, il crachait son fiel sur la façon de voir les choses des japonais, sur leurs normes sociales qu'il jugeait dépassées et archaiques. Mais lui même s'y était prêté ce qui laissait donc penser qu'il y trouvait son compte d'une certaine façon non ?
Curieuse de connaitre sa réponse, elle n'en gardait pas moins à l'esprit que sa soeur avait choisi de vivre de manière opposée à elle d'une certaine façon. Etait-ce de sa faute comme Toshiro l'avait laissé sous-entendre ? Elle refusait de croire qu'elle avait une telle influence sur elle. Mais si c'était vraiment le cas, elle pouvait encore espérer discuter avec elle et la faire revenir à de meilleurs sentiments.
«Je ne considère pas qu'elle a raté sa vie. Je me fais du soucis pour elle c'est tout. Mais si comme tu le dis elle est heureuse, j'en suis ravie pour elle. »
Mais une part d'elle même continuait de se dire que ce style de vie ne pouvait pas être positif sur la durée.Mais elle avait aussi bien compris que cela ne servait à rien d'en parler aussi longtemps avec quelqu'un qui avait une vision opposée.
« Je pense que je devrais peut-être aller me recoucher »
Oui. Et essayer d'oublier cette conversation et le fait qu'un autre homme , marié, était venu se glisser dans ses draps.
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Toshiro esquissa un léger sourire devant la question de la jeune femme. Pourquoi, oui ? Excellente question, en effet ! Après tout, l’homme avait une conception très critique du mariage. En un sens, la gêne terrible qu’il avait ressenti s’évacuait en se retranchant derrière ses convictions. Toshiro était loin d’être un idiot, et donna ses explications.
« C’est très simple... Je suis tombé amoureux de Hako, parce qu’elle partage les mêmes convictions que moi. Nous voyons le mariage comme un moyen d’expression de l’amour, pas comme une fin en soi. »
Toshiro était assez attristé de toutes ces femmes japonaises qui n’avaient comme horizon que le mariage. Leur désespoir était tel que ces femmes allaient parfois jusqu’à organiser des mariages fictifs ! Elles contactaient des agences matrimoniales qui leur proposaient un véritable mariage organisé, avec une robe magnifique (et très onéreuse), une soirée, une cérémonie adaptée... Mais sans mari à la clef ! Quand on arrivait à ce genre d’absurdités, c’est qu’il était temps de réfléchir. Toshiro n’avait rien à prouver à Miho, mais, quand elle indiqua se faire du souci pour sa sœur, il sourit légèrement, presque amusé par elle.
Le jeune homme resta alors, et crut bon de lui répondre :
« En vérité... Hum, je ne devrais sans doute pas te dire ça, Miho, mais... Pourquoi crois-tu que Kenja vit avec toi ? Tu ne penses pas qu’elle serait plus heureuse avec moi et Hako ? Nous avons largement de quoi l’héberger, et elle-même pourrait aisément trouver un petit studio. Mais, au lieu de ça, elle préfère vivre avec toi. Ne t’es-tu jamais demandé pourquoi ? »
Toshiro connaissait évidemment la réponse, mais il préférait faire réfléchir la jeune femme.
« Tu crois vraiment qu’elle reste près de toi par simple nécessité ? »
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Miho se rendait compte que ce qu'elle croyait être une vision correcte de la situation paraissait fausse quand elle écoutait ce que pouvait lui dire son vis a vis. Elle avait toujours pensé que sa soeur était heureuse et qu'elle vivait avec elle car au fond, elle savait qu'elle avait besoin de cela pour se canaliser. Mais à en croire Toshiro, elle le faisait pour Miho, pour en quelque sorte la maintenir un peu en dehors du schéma de vie qu'elle s'imposait. La future mariée n'avait jamais imaginé cela sous cet angle, mais sans forcément y croire, elle se posait du coup plus de questions ce qui en soi était déjà nouveau pour elle. Cette conversation avait de toute évidence le chic pour la faire sortir de ses représentations mentales habituelles .
« Nous n'avons pas la même vision des choses mais je dois reconnaitre que tu as le mérite de me me faire questionner »
Elle semblait un peu moins sur la défensive. Au fond, si vraiment sa soeur restait avec elle par culpabilité ou par devoir, c'était stupide. Et c'est pour cela qu'elle avait décide de parler de tout cela avec elle sous peu.
« Je vais en parler avec elle de manière habile. Je ne parlerai pas de toi mais je vais simplement essayer de savoir ce qu'elle veut. Si ce que tu dis est vrai, alors je pense qu'elle doit partir. Je pensais qu'elle restait avec moi par envie mais si c'est pour autre chose, ce n'est pas juste pour elle »
Perplexe, elle n'était pas encore prête à imaginer qu'elle puisse être dans l'erreur mais au moins, elle avait accepté l'idée qu'on puisse avoir d'autres pensées que les siennes. Regardant toujours son invité, elle ne savait plus vraiment ce qu'elle devait dire ou faire par rapport à tout cela. Beaucoup de choses avaient changé et ce week-end festif prenait une drôle de tournure. Ce qui était certain, c'est qu'elle aurait bien aimé que son fiancé soit là. Au moins jamais Toshiro n'aurait su se glisser dans ses draps. D'ailleurs rien que d'y penser elle se sentait gênée. Non, ce n'était pas du tout conforme à ce qu'elle voulait être comme personne.
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En parler avec elle « de manière habile »... Ah ! Toshiro aurait payé cher pour voir ça, mais, en l’état actuel des choses, il estimait en avoir largement dit assez. À quoi bon insister davantage ? Il avait essayé de lui expliquer calmement les choses, que Kenja n’était pas une dépressive, qu’elle profitait pleinement de la vie, et qu’elle vivait avec Miho pour veiller sur elle. Une affirmation qui troubla Miho, et il haussa ensuite les épaules.
« Je crois que tu ne comprends pas bien le fonctionnement de Kenja. Elle est une femme libertine, qui aime le sexe, qui a un comportement que tu trouves sûrement indécent... Mais il y a une personne qu’elle aime au monde plus que tout le reste. C’est toi. »
Il allait prendre des risques, il allait marcher sur un sentier dangereux, mais ce n’était pas si grave. Après tout, cette conversation avait très mal commencé, et il tenait au moins à éviter que Miho ne se précipite sur Kenja en lui demandant de partir.
« Elle reste avec toi parce qu’elle te connaît mieux que quiconque, et... Hmmm... »
Le jeune homme soupira en se massant l’arrière du crâne, visiblement gêné. Mais il était désormais trop tard pour faire marche arrière.
« Bon, écoute... Ce que Kenja pense, c’est que ton mariage avec Oguro n’est pas aussi fantastique que ça en a l’air. Enfin, elle te le dira sans doute mieux que moi, mais... Enfin non, elle n’osera jamais t’en parler, mais, euh... Kenja tient à toi plus que tu ne peux l’imaginer, Miho. Si elle t’a invité ici, c’est précisément à cause de cela, parce qu’elle tient à toi. Enfin... Voilà. »
Il en avait beaucoup trop dit en réalité, ce qui faisait que Toshiro se sentait maintenant un peu idiot.
« Le mieux, c’est que je te laisse, je crois, tu... Tu en parleras à Kenja si tu le souhaites, mais... J’en ai déjà trop dit sur vous deux... »
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Miho ne comprenait plus grand chose. C'était palpable dans la façon qu'elle avait de le regarder. Que voulait-il dire au juste ? Il avait l'air de penser qu'il en avait trop dit mais elle de son point de vue pensait justement l'inverse.Si elle voulait le suivre, cela voulait dire que si elle vivait avec elle, si elle avait eu l'idée de ce week-end, c'était pour la sauver en quelque sorte ? Elle n'était pas certaine du sens à donner à cela mais c'est ce qu'elle décodait en écoutant Toshiro lui parler.
Sauf qu'elle ne comprenait pourquoi elle voulait la sauver. Ce mariage c'était son choix, tout comme sa façon de vivre. Et Toshiro qui expliquait qu'il fallait respecter les choix de chacun était justement entrain de faire tout le contraire d'une certaine façon.Bref, c'était un dialogue de sourds et effectivement, mieux valait commencer par en parler avec sa soeur.
« Ecoute Toshiro je ne sais pas vraiment ce que tu veux dire mais je te remercie de m'avoir mis sur la piste. Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire mais au moins maintenant je sais qu'il y a quelque chose à régler. Et puisque de toute évidence ma soeur comme moi avons dans la tête que l'autre n'est pas pleinement satisfaite, qui sait si au fond on ne va pas pouvoir trouver une façon de s'arranger. »
Oui, c'était ce qu'il y avait de mieux en définitive. Defintivement convaincue que cette soirée allait inévitablement marqué un tournant, elle s'éloigna un peu puis s'arrêta, ayant visiblement encore quelque chose à ajouter et à dire.
« Tu sais Toshiro je ne sais pas ce que tu penses vraiment de tout cela, enfin si tu as été relativement clair. Je me doute que pour toi, je suis dans doute entrain de faire une erreur ou quelque chose comme cela. Et tu as peut être raison. Mais je veux juste que tu comprennes que j'essaie de faire ce qu'il y a de mieux pour ma soeur et de façon générale pour les gens proches de moi. Sur ce point on est pareil : on tient visiblement à Kenja de manière très forte. »
Oui mais sans doute pas de la même façon dans les faits. Se dirigeant vers sa chambre, elle savait déjà qu'elle allait passer la nuit à cogiter là-dessus.
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« Ouais... Clairement. »
Toshiro n’avait plus qu’à laisser le reste entre les deux sœurs. Il présenta une nouvelle fois ses excuses à Miho pour ça, et referma la porte derrière lui. Toutefois, Toshiro ne retourna pas vers sa chambre, mais emprunta cette fois-ci la bonne porte. Il se demandait encore si c’était son erreur ou une manipulation de Kenja. Elle lui avait dit dans quelle chambre elle était, et il était sûr qu’elle avait dit que c’était cette chambre. Soit il avait mal compris, soit elle s’était jouée de lui pour qu’il aille perturber sa sœur. Mine de rien, Kenja pouvait parfois se montrer manipulatrice, et, dans tous les cas, elle était une femme douée. La sous-estimer était une grave erreur à ne pas commettre plusieurs fois.
Le jeune homme se rendit donc dans la chambre de Kenja. Il avait conseillé à Miho d’aller parler à sa sœur demain, quand il ferait jour, et quand elle aurait eu le temps de réfléchir. De fait, Toshiro n’envisageait pas de beaucoup parler avec Kenja cette nuit. C’était avec un autre organe qu’il comptait dialoguer avec elle.
Et il se rendit donc dans sa chambre.
Au matin...
Le soleil se leva sur la région, éclairant l’élégante maison. Le mari de Miho n’était toujours pas arrivé, et Hako fut la première à se réveiller. De base, elle était bien plus matinale que Toshiro, qui n’était d’ailleurs pas avec elle au réveil. Rien de bien surprenant, et Hako regrettait surtout de ne pas l’avoir rejoint dans la chambre de Kenja. Ce serait néanmoins pour la prochaine fois, et elle profita d’être seule pour préparer le thé et le petit-déjeuner.
Miho, également matinale, devait cependant rapidement la rejoindre aussi...