Divin désir
indésirable
Le petit groupe de pillards/abolitionnistes de Kyst' avait fait une halte dans une étendue sauvage et largement inexplorée. Ici, les bois et les ruisseaux respiraient la magie et la force des énergies de la Création. L'esprit était invité à s'égarer, errer sans retenue, dans ces espaces d'une virginité intimidante, où poser le pied était comme comettre un sacrilège. En même temps, l'idée que l'on déflorait les espaces pour les posséder de son regard avait quelque chose de puissant, d'extatique.
Lamnard s'était retiré du groupe, comme la plupart des autres, d'ailleurs, après que le repas commun ait été partagé et qu'une partie du vin saisi récemment ait coulé. Le guerrier se sentait flotter entre les troncs désordonnés de ce bois indompté. En fermant les yeux, il pensait pouvoir entendre les murmures des fées, et même des Ases, et en arrêtant sa respiration, il lui semblait pouvoir sentir le tremblement des pas de géants.
L'atmosphère magique avait peut-être une bonne raison d'être. Il ne pouvait pas sentir la magie, mais un bout de lui savait que ce qui électrisait l'air devait être de la magie, les frissons d'un acte d'une grande splendeur. Il pensait, cependant, ressentir les échos du passage d'Aphrodite sur ces terres, cette Olympienne côtoyant les Ases.
Il ignorait que, si la magie était bien divine, elle était bien plus récente. Depuis le couvert d'un monde végétal complice, un être divin observait le chef de guerre tandis qu'il flânait en découvrant fleurs et champignons qu'il ne connaissait pas.
Cette déesse était Hvida, fille de Loki, et elle faisait bien de ne pas se dévoiler, de ne pas révéler son identité et sa nature. Car s'il était bien un dieu parmi tous les dieux nordiques que Kystrejfter avait en horreur, c'était bien Loki. Il haïssait arbitrairement tous ses desseins et toutes ses créations. Qui pouvait savoir comment il réagirait à l'apparition de sa fille ?
Mais la fille du serpent corrupteur n'était pas là juste pour guetter ce géant blond tatoué. Elle avait une question à lui poser, une question cruciale. Dans l'immédiat, elle hésitait, pesait ses options.
Elle n'avait entendu que des histoires sur lui. Des histoires de libération et de bonté, mais aussi de violence et de meurtre. Que devait-elle croire ? Même s'il ne saurait la blesser, comment savoir si elle ne serait pas forcée de le détruire, et de perdre la réponse qu'il conservait ?
Ne soupçonnant rien de ce dilemme et de ses conséquences potentielles, le guerrier, inspiré par la beauté et la solitude des lieux, laissa aller ses chausses et sa tunique, ne gardant que des braies lâches tombant sur ses hanches, révélant son pubis jusqu'à la naissance de sa virilité. Il leva les bras au ciel et sourit, heureux et contemplatif.
Peut-être n'était-il pas mauvais ?