Quelque part, sur Terre. Une chambre, à une certaine heure.
– Sally ?
– Oui ma chérie ?
– Tu me racontes une histoire ?
Bellona aime les histoires. Allongée sur les jambes de Sally, les deux femmes viennent de faire l'amour. Leur corps encore brillants de sueur, elles sont sur le sol de la chambre à coucher de Bellona. Tout ici est rose et bleu, dans des tontes pastelles. Les peluches de toutes tailles remplissent le lit. Elles ne l'usent donc que rarement. Sally caresse d'une main distraite le dos de sa protégée, effleurant ses courbes, redessinant les monts, les vallées qui la constituent. Elles aiment beaucoup se découvrir. Se goûter, s'écouter. Bellona aime la maturité de Sally, là où Sally aime la candeur et la fraîcheurde Bellona.
– Je veux bien. As-tu une préférence ?
– Le Petit Chaperon Rouge !
Encore...ce conte qui semble tant plaire à Bellona sans même que cette dernière ne sache pourquoi en particulier. Ces derniers temps la jeune femme réclame plus d'histoire que d'habitude. Sally est patiente et accepte de lui en raconter, lui en lire. Dans ces moments-là, elle oublie que Bellona est bientôt une femme et plus vraiment une enfant. Elle oublie même leur situation. Tout ce qu'elle voit, c'est les yeux bleus qui brillent, la bouche qui s'arrondit en des "Woah" silencieux. Sally aime aussi lorsqu'une histoire un peu effrayante la fait gémir doucement et s'aggriper aux draps, à son bras. Attendre avec impatience la suite. "Il va mourrir ?" "Elle l'aime ?" "Pourquoi ?" Des tas de questions auxquels elle tente de répondre. Bellona a beau être cultivée, elle semble aimer faire l'enfant quand il est question de créature et de magie.
– Il était une fois...
Allongée. Ses cheveux étalés sur les cuisses, la verge molle de la transexuelle, doux. Ils embaument l'air d'un parfum fruité. Ses racines moites de leur coït précédent, elles exhalent une légère odeur de cuir chevelu en sueur. Cela pique les narines de Sally. Dieu qu'elle aime ça. Elle y passe les doigts, les ancrent dans la tignasse rose, les lisse de ses ongles, les coiffe, tout en racontant l'histoire de cette enfant qui se promène "Non une jeune femme !". De cette jeune femme qui doit porter à sa mère-grand une galette dans son panier. "Rose. Un chaperon rose...c'est plus joli que le rouge." Patiemment, Sally continue, reprend, corrige. Elle lui raconte l'histoire. Non pas la vraie, mais celle que Bellona veut entendre. Et lorsque le loup entre dans la danse, alors elle sent la jeune femme qui frémit. Bellona elle adore les histoires avec "le grand méchant loup" dedans. Les trois petits cochons, le loup et l'agneau, le Petit Chaperon Rouge. Sous ses doigts, la peau de Bellona est chaude et moite. Moite comme son intimité offerte. Les cuisses écartées, ses pieds joints, la demoiselle au visage d'ange regarde les lèvres d'où sortent les mots qu'elle aime tant. "Comme tu as de grandes dents..." "Comme tu as de grands yeux..."
– Comme tu as une grosse...
– BELLONA !!! N'as-tu pas honte !
Elles rient, se battent. Bellona lutte un instant, puis se laisse embrasser. Elles roulent sur le tapis en peluche moelleux et la jeune femme lui attrape le bassin de ses cuisses dodues, serrant jusqu'à sentir la verge de Sally entrer dans son intimité encore trempée de leurs précédents ébats. Elles font l'amour avec une sorte de complicité tendre, passionnée. Bellona demande à Sally, tout en gémissant, qu'elle lui parle encore du loup...du chaperon et de la galette dans le petit panier. "Est-ce que tu crois que les contes sont tirés de la réalité ?" Cela arrive souvent. "Bien sûr que non..." Un soupir extatique. Sally ne regrette pas d'avoir refusé l'opération finale de son changement de sexe. Après tout...qui a dit qu'il fallait absolument qu'un homme ait un pénis. Qu'une femme ait un vagin. Pourquoi pas une femme avec un pénis et un homme avec un vagin ? Un homme avec des seins ? Une femme avec un vagin, un homme avec un pénis...etc...
"Raconte...raconte...comment il la mord. Non. Il ne la mange...pas." C'est de plus en plus difficile de parler. Les souffles s'accélèrent. Sally tient Bellona par les hanches. Des hanches larges et généreuses dans lesquelles ses doigts s'enfoncent. Sa chaire est si tendre. De petites ondes se forment sur les fesses de la jolie demoiselle lorsque le bassin de son amante claque contre. Et tout en jouissant, Sally raconte...encore et encore...comment le loup mord et copule avec le chaperon rose. Bellona reste ainsi. Poitrine écrasée contre le sol, la rose attend que Sally ne conclue. Ses lèvres contre son sexe, aspirant sa propre semence. Étrange Bellona qui veut que son amante lui mordille les chairs tandis qu'elle jouit, se laissant retomber dans la moiteur de la chambre.
– Tu sais quoi ? J'adooooore cette histoire...
Une forêt, quelque part sur Terre. Japon, 14h50
"Bon...c'est ici. Après...le...rocher en forme de papillon...on dirait plus un pénis auquel on aurait collé des ailes...haha...non Bellona. Non. Concentre-toi. Après le rocher en forme de papillon, faire une dizaine de pas en direction du groupe d'arbre bi-centenaires..." Comment peut-on deviner si un arbre à cent ou deux cent ans ? Bellona était dubitative. A tous les coups, elle allait se perdre comme une idiote et Sally rirait de recevoir un sms avec ce petit mot "Help" écrit dessus. Non. Bellona avait envie de prouver qu'elle était capable de s'en sortir. Sally avait bien dit "Il y a une surprise dans la clairière pour toi." La clairière. Il fallait la trouver, cette clairière. Et sally semblait avoir prévu certaines réactions de Bellona, car elle pu lire sur l'écran de son téléphone. "C'est le nom du rocher. Le papillon. Ce n'est pas un pénis. Et tu n'as cas regarder la couleur des feuilles et leur épaisseur. Ainsi que la taille...ne rit pas. Ne ris pas ! Elle est marrante Sally ! Mais elle me fai des commentaires tendancieux et me demande de...rooohlala...dans quoi je m'embarque moi ?"
Bellona commençait à avoir chaud. Sans être une jeune femme flemmarde, elle n'avait pas la condition physique de sa colocatair et amie et sa petite robe n'était en rien pratique pour les longues marches. Elle avait mis de la terre sur le bas de ses jupons pastel et avait tâché un de ses petits souliers. Comme la fillette du conte, Bellona avait enfilé une capeline, mais rose plutôt que rouge. Elle reposait, large, sur sa tête, la protégeant du soleil et de la brise légère. Pourtant, elle avait chaud et ses joues étaient roses.
Bellona pensait ne jamais arriver. Sally avait parlé d'un ruisseau, qu'elle ne trouva pas, avant de se rendre compte que depuis quelques dix mètres, elle marchait dans ce qu'il restait. Un chemin sinueux, asséché. Elle le suivit donc longtemps avant de trébucher et rouler sous un éboulement de caillou. Fermant très fort les yeux, la jeune aventurière du dimanche pensa atterrir lourdement sur le sol, mais la douleur ne vint pas. Bellona atterrit dans une sorte de petit lac au pied d'une cascade. Sa robe était fichue ainsi que sa capuche, mais au moins, elle n'avait pas mal. Elle nagea jusque vers la berge et sortit. Son téléphone, lui, n'avait pas survécut à tout ça. En soupirant, la jeune femme se laissa rouler sur le dos, plaçant un bras sur son visage pour protéger ses yeux du Soleil. Elle était harassée. Mais fière, parce qu'elle avait trouvé la surprise. Une magnifique clairière entourée d'arbre. Il y avait une couverture et un petit panier. Bellona se redressa en essorant la longue chevelure. "C'est la dernière fois que je me laisse aller à ce genre d'idiotie...l'aventure, c'est clairement pas pour moi....". Tout en se dirigeant vers la surprise dressée par Sally, ses mains manucurées de perle, s'escrimaient à défaire les lacets de sa robe, après avoir laissé choire le chaperon qui était devenu lourd d'eau. Sa robe et ses longues chaussettes blanches furent mis à sécher sur une branche, tandis qu'elle s'allongeait, encore humide avec pour seul rempart face à la nature, ses sous-vêtements de dentelles fines.
Curieuse, Bellona farfouilla dans le panier. Il y avait là une boîte de fraises en sucre candy, une bouteille de liquide rose, la boisson préférée de Bellona et quelques...jouets. Sally devait visiblement la rejoindre. Seulement, si le téléphone n'avait pas laché, la jeune femme aurait pu voir que sa colocataire n'allait pas pouvoir la rejoindre. Du coup, le pot de bonbon près d'elle, se couchant sur le ventre, Bellona se mit à grignoter en attendant. Mais bien vite, la fatigue, la douce brise sur sa peau claire, la jeune femme s'endormit.
C'est un bruit qui la réveilla. S'installant en tailleur, Bellona plissa les yeux, les frottant doucement en baillant.
– Sally ? Cela fait des heures que je t'attends ! C'est toi ?
Il n'y eût aucune réponse. Baillant une nouvelle fois, elle s'étira longuement en gémissant doucement, souriant, coquine.
– Salllyyyyy ce n'est pas drôle. Si cela fait partie d'un petit jeu bizarre...
Bellona se tourna, essayant de percer l'épaisseur sombre de la forêt feuillue. Elle ne voyait rien. Soupirant un "bon...bon tu as gagné" la jeune femme plaça ses mains sur ses yeux, les coudes écartées. Elle se mordit la lèvre inférieure, petite tâche fruitée sur son visage de porcelaine.
– Promenons nous...dans les bois. Pendant que le loup y est pas. Si le loup y était, il nous mangerait. Mais comme il n'y est pas, il nous mangera pas ! Loup y es-tu, que fais-tu...
Et doucement, un à un, Bellona retira ses mains de devant son visage.