Losgar se pencha un peu plus en avant pour contempler d’un regard sombre le grand cratère qui s’ouvrait à ses pieds. Large de plusieurs mètres, il fumait encore suite à la récente collision d’une météorite qui avait percuté le cœur d’un champ de maïs dans un terrifiant grondement. Mais là où on s’attendrait à voir un rocher venu de l’espace au centre de l’impact, c’était une sphère métallique qui trônait au cœur du cratère Et cette sphère était ouverte …
Le Noxien savait bien de quoi il s’agissait : C’était une capsule de transport utilisée pour projeter des individus sur de très longues distances dans le froid intersidérale de l’univers avant de s’écraser sur une planète-cible sans aucun dégât. Si la perspective qu’un alien ait débarqué sur terre pouvait inquiéter certaines personnes, Losgar lui était beaucoup plus préoccupé par des détails alarmants qui auraient échappé à une personne lambda.
Tout d’abord, c’était la taille de la sphère. D’après son jugement, elle devait abriter un individu ou une créature de taille imposante, facilement plus grande que lui. Un autre détail beaucoup plus inquiétant était des traces de profondes zébrures dans le sol meuble de la ferme de maïs. S’accroupissant pour inspecter de plus près les traces, il en vint bien vite à la conclusion que c’était les griffures d’une bête redoutable. La chose qui était sortie de cette capsule était bien armée, et donc l’hypothèse que ce soit un dangereux extraterrestre devenait de plus en plus probable.
Et c’est là que notre sombre héros à la peau cendrée tomba sur l’ultime preuve que l’alien en question était celui qu’il cherchait : Le corps d’un homme était étendu par terre, à moitié enterré dans le sable rougit par le sang de la victime. Il s’agissait fort probablement du propriétaire des lieux qui rencontra son triste destin en cette nuit étoilée. Comble de l’horreur, on pouvait voir que le corps de l’infortuné personnage était atrocement mutilé, les vêtements déchirés et les os mis à nus. Il avait été à moitié dévoré après avoir été lacéré de toutes parts, puis l’agresseur l’avait grossièrement enterré comme pour le garder pour un futur encas à la manière de quelques prédateurs de la savane.
Cela ne faisait plus aucun doute, tous les éléments collaient à la description qu’on lui avait donné concernant la bête qu’il se devait de neutraliser avant qu’elle n’atteigne sa cible. Se frottant le menton, il se remémora rapidement de sa mission : tuer la bête avant qu’elle ne tombe sur une certaine humaine possédant un symbiote très particulier que la créature souhaite s’en emparer pour de sombres desseins. Il ignorait encore certains détails, mais il comptait bien quérir plus d’informations une fois qu’il récupérera la fameuse humaine. Tout ce qu’il savait, c’était que l’issue de sa mission déterminerait le destin de nombreux systèmes, voir de la galaxie !
Il abandonna rapidement les lieux pour se diriger au pas de course vers la ville la plus proche, suivant les traces laissées par le monstre grâce à un détecteur qu’on lui avait emprunté. Il voyait aisément avec les griffures sur le sol et certains poils d’un gris sombre. Espérant ne pas arriver trop tard, il redoubla de vitesse, véritable bolide de chaire et d’os aussi vif que l’éclair et aussi agile que le vent.
Il lui fallut bien une heure avant qu’il ne tombe sur une ruelle sombre et délabrée, à peine éclairée par un unique réverbère défaillant qui libérait dans des grésillements glauques quelques raids de lumière blafarde. La ruelle menait à un cul-de-sac, et c’est là qu’il tomba sur ses deux cibles.
La première chose qu’il vit, c’était la bête qu’il pourchassait. Un monstre épouvantable, couvert d’une fourrure épaisse et possédant un œil unique. Ses bras puissants étaient armés de griffes aptes à éventrer un homme nu d’un revers et sa gueule repoussante était munie d’une rangée de crocs aiguisés comme des rasoirs. De l’autre côté, il aperçu alors une femme à la chevelure d’un rouge sanguin, très belle et dans la fleur de l’âge. Si le monstre s’était attaqué à elle en particulier s’était sans-doute parce qu’elle était l’hôte du symbiote. Il arrivait donc à point !
https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/564x/f8/f2/26/f8f226bebba908d5097849fa5162733c.jpg
Sans crier gare, il fusa comme un boulet de canon sur le prédateur poilu, l’enserrant par derrière au niveau du bassin avec ses bras musclés avant de le déséquilibrer dans un grand grognement d’effort, puis l’écrasa sur le sol qui se fissura sous l’impact. La bête poussa un hurlement de colère mêlé de douleur et tenta de se dégager à grands coups de griffes en l’air. Le combat avait commencé.