Héra fulminait et tempêtait. Ses délicats pieds nus faisaient jaillir des flammes a chacun de ses pas. La Déesse ne contrôlait plus son pouvoir tant sa rage était grande. Elle se sentait humiliée, traînée dans la boue. Car oui son époux, son cher Zeus, avait forniqué avec une humaine! Une fragile et misérable humaine. Une salope éphémère! Qu'avait donc cette catin fragile et mortelle comparée a la grande et douce Héra?! Quoi?! Je vous le donne en mille : rien du tout! Héra la douce, Héra la grande, dont le corps de ne flétrirait jamais, Héra la parfaite qui pouvait supporter les assauts de son mâle après avoir donné vie a leurs enfants.
Et pire. PIRE! L'union interdite avait donné un fruit. Un bâtard mi dieu, mi homme qu'on nommait communément Héraclès. HÉRACLÈS! Deuxième et troisième humiliation pour la divine. De voir la semence gâchée de Zeus courir sur Terre mais en plus que son nom béni soit lié a ce ... cette vermine! Aussi elle avait tenté de le tuer dès ses premiers jours de vie. Envoyant des serpents dans son berceau, mais aussi divers maladies. Mais rien, aucun fléau n'avait eu raison de cet affront vivant. Alors Héra avait commencé a chuchoter a l'oreille d'Eurysthée. Le fidèle était jaloux de la puissance de son cousin. De fait, persuader le trouillard n'avait pas été difficile. Et envoyer le bâtard de son époux au devant de multiple danger, une tache aisée. Mais telle une mauvaise herbe Hercule avait le chic pour survivre a tout les complots de la divine et du peureux. Ce qui avait le don de grandement agacer l’éternelle.
Et il fit un faux pas. Un seul. Et Héra jubila. Son seul regret fut de devoir assister au spectacle depuis son palais de marbre et de nuages. Et de ne pouvoir être sur place quand le "Héros" massacra les siens. Elle se trouvait sur l'Olympe, a siroter du nectar et de l'ambroisie, pour se laver de tout soupçons. Mais la Parfaite avait finement joué. Ses Esclaves avaient versé dans le verre d’Héraclès du poison, pour qu'il s'imagine être face a une hydre et décapite ses enfants.
Un doux sourire étira les lèvres de la Déesse alors qu'elle s'en allait sur son balcon d'or. A ses pieds le Monde des mortels. Elle avait une tache a accomplir ... La Divine écarta les bras et se laissa tomber dans le vide.
**************************************************
(https://i58.servimg.com/u/f58/16/93/87/83/rumba_10.jpg) (https://servimg.com/view/16938783/612)
Némée gémit et s’étira. Secouant sa crinière rousse l'animal ouvrit ses grands yeux d'or. Son estomac grondait, exigeant qu'on le remplisse. Voila longtemps que Némée n'avait pas mangé. Aussi ille se redressa. La petite caverne ou Némée vivait était située a flanc de falaise. Surplombant la route principale. Souvent l'animal pouvait observer les caravanes et les marchants. Ille aimait bien d'ailleurs les regarder et s'imaginait parcourir le monde avec eux.
Parfois Némée descendait et allait a la rencontre des humains. Ille leur posait alors une question : "Suis je homme ou femme?" Et bien souvent la réponse était ... Mortelle. Car qu'elle soit juste ou fausse, Némée tuait ceux qui lui répondait. Par vexation quand ils se trompaient, et par défense quand ils avaient juste.
C'est pour cette raison, qu'une troupe de civils en colère etait allée voir le Roi. Pour se plaindre de son comportement. Quelques soldats en jupettes étaient alors intervenus. Fort de leurs armes ils se sont longuement gaussés devant l'animal, jurant que celui qui tuerais Némée pourrait portait sa crinière.
Ca n'avait pas plus a ce dernier qui avait aussitôt chargé. Némée tua trois hommes avant que leurs compagnons ne réagissent. Puis deux autres, ... pour laisser le dernier en vie, mais gravement blessés. C'est lui qui a donné l'idée a Eurysthée d'envoyer son cousin divin. Il s'etait levé et avait murmuré d'une vois de miel : "Héraclès, mon presque frère, j'ai un horrible soucis. Sur la route d'Olympie vit un monstre horrible. Il tue mes gens et me vole mes vivre. Rapporte moi sa tête, presque frère. Rapporte moi la tête de Némée."
Accroupi sur un rocher Némée observait les passant. Penchant sa tête de coté, ille tapotait des griffes sur le roc.
"Qui vais-je manger aujourd'hui?"
[Coucou, j'espère que tu m'en veux pas trop. J'ai enfin trouvé mon rythme entre la vie de famille et le travail.]
Némée se laissait dorer au soleil. Sa queue s'agitant dans le vent, sa crinière jetant des reflets roux autour de lui. Car en cet instant l'animal paraissait masculin. Fier, athlétique, les cuisses musclées, il dégageait une impression de force. De confiance. Tel le berger qui veillait son troupeau, Némée regardait passer les badauds d'un œil presque paternel. Il venait de manger, un mouton bien gras. Il était heureux, il faisait beau. Tout allait pour le mieux.
Somnolant sur son rocher le Lion allait s'allonger pour mieux profiter de sa chaude après midi. Quand soudain une vive douleur lui brûla l’épaule gauche. Un rugissement féroce, le cri d'une femme en même temps. Némée braqua son regard brûlant de douleurs et de larmes vers Heracles. Némée aurait put lui sauter a la gorge, lui arracher la carotide, le tuer sur place. Mais ille avait trop mal. Il descendit a bas de son perchoir, et clopina vers sa grotte, laissant dans son sillage quelques gouttes d'un sang brillant.
*****************************
La main droite crispée sur la hampe de la flèche Némée se précipita tout au fond de sa grotte. Elle pleurait et hoquetait. De douleur et de peur. Elle jetait des regards anxieux vers l'entrée de sa grotte. Terrifiée a l'idée que le géant humain puisse la suivre et la tuer. La Lionne tremblait et se terra tout au fond de son refuge. A travers ses yeux Hera ressentait sa peur. Elle aussi etait impressionnée par Heracles qui apparut dans leur champs de vision quelques minutes apres leur arrivée. La Divine tremblait a l'unisson de la Lionne. Elles regardèrent l'humain s'approcher sans peur.
"Ne me fait pas mal" Supplia Némée, sa voix féline tendre et douce résonnant sur les rochers. "Je ne t'ai rien fait." Elle pleurait presque, son corps tout maigre reculant et longeant les parois de roches. Sa main droite restait crispée sur la hampe de la flèche. Némée n'avait pas eu le temps de l’ôter. Du sang tachait son bustier, collait a sa peau, a sa poitrine naissante, discrète, dévoilant par la même le subterfuge que la Lionne utilisait pour être a la fois mâle et femelle : De simples bandes de lin qui enserraient très fort sa poitrine et la comprimaient, donnant ainsi l'impression de pectoraux musclés et non pas de courbes efféminées.
La situation … avait prit une bien étrange et inattendue tournure. Par tous les Dieux était-ce la folie qui le gagnait ou une comédie de très mauvais goût ? Hercules fronça des sourcils, deux fils de cuivre sur son front plissé par une juste irritation. Son regard s’était lentement déplacé vers le bataillon lourdement armé qui se dirigeait vers lui. Aussitôt, l’esprit tactique du fils d’Alcmène commença à jauger ces nouveaux arrivants à l’aspect fort peu amical.
Des hoplites, l’élite guerrière de la Grèce à son âge d’or. Des hommes en armures lourdes de bronze, de larges boucliers ronds aptes à parer les épées les plus affutées, des lances dont les pointes brillaient d’un éclat menaçant par-dessus les torches qui crachaient d’épais filets de fumée à travers la grotte. À leur ceinture pendait des glaives et des dagues courtes. Derrière leurs casques en laiton on pouvait distinguer des visages durs et patibulaires, des mines renfrognées et peu engageantes. Des tueurs à sang-froid, des meurtriers professionnels dont le regard trahissait une lourde expérience dans des domaines sanglants.
https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/564x/48/93/85/489385036c7f100e63c47661ee343e9f.jpg
Se tournant vers leur chef ricanant, son regard se voulait menaçant et sa carrure, intimidante. Un homme sensé, connaissant le légendaire Héraclès et ses exploits, aurait pensé à deux fois avant d’oser défier le puissant champion de Zeus, mais Perfide était un être pétrit d’orgueil et d’arrogance, une crapule assoiffée de sang, un bâtard pervers et vicieux qui n’avait aucun respect ni aucune foi. Vétéran de nombreuses batailles, il avait gagné en pouvoir auprès du roi de ce petit paradis et avait aidé ce dernier à en faire un domaine régit par la peur et l’oppression. Et quel meilleur moyen de pousser le peuple à vous craindre indirectement qu’en lui infligeant un fléau divin, une bête monstrueuse que le roi semble désespérément tenter de combattre ?
Le plan de ces vils malfrats s’affichait enfin dans l’esprit éclairé et vif d’Hercules qui serra des poings sous l’émotion, la jointure de ses doigts blanchissant à vue d’œil.
« Arrière, félons. Allez ramper chez votre maître tant que je vous en donne encore l’occasion, traîtres abjectes, ou par Zeus je jure que je tapisserai cette caverne avec votre sang. »
Spectacle terrifiant que celui d’un guerrier au corps d’athlète exprimer d’une voix de stentor des plus viriles sa fureur contenue. L’homme à la barbe brune fulminait presque et certains jureraient que des flammes brillaient dans ses prunelles à la manière des flammes du domaine d’Hadès.
Pour toute réponse, Perfide ordonna à ses hommes de les mettre en pièces. Dans un cri de guerre qui fit trembler les murs naturels de la caverne, ils fondirent sur le duo acculé, brûlants de plonger leurs lames assoiffées dans du sang frais. Le soldat de tête bondit tel un félin vers Héraclès, son javelot prêt à embrocher le héros. Dans un mouvement plus vif qu’un serpent surgissant de sa tanière, le bras du héros frappa la hampe de l’arme d’hast, déviant sa trajectoire. La pointe effleura le vêtement de la cible, taillant le tissu. Une seconde plus tard et le poing du fils de Zeus rencontra le visage surprit de l’attaquant dans un craquement sonore. Son corps fut projeté par la prodigieuse force d’Hercules, planant un cours instant avant de s’écraser lourdement sur le sol, inerte.
Un instant de flottement suspendit le temps, chacun se toisant un court moment, puis les aboiements de Perfide finirent par pousser les hommes à reprendre l’assaut, comme si les fouets de leurs maîtres étaient à leurs trousses. Ils avaient la rage de vaincre, un passé forgé dans le fer et le sang, et une haine farouche envers celui qui osait leur tenir tête. L’avantage du nombre était aussi de leur côté. Mais tout cela était bien futile pour faire face au plus glorieux et puissant héros de l’Antiquité.
La lionne allait être la spectatrice d’une démonstration de force prodigieuse. Héraclès dégaina son glaive dans un geste rapide et frappa, tranchant la chaire et fendant les armures comme dans du beurre. Ses poings étaient plus implacables que les foudres de son père, son adresse à l’escrime surclassait les vétérans, ses mouvements étaient fluides et précis, emprunts d’une force surnaturelle. Les corps s’entassaient à ses pieds, fauchés par cet invincible stentor. Les boucliers roulaient sur le sol, cabossés, les casques étaient fendus dans une mélodie métallique qui aurait raisonné doucement aux oreilles d’Arès le dieu de la Guerre, un bain de sang s’étendait lentement autour de cette arène silencieuse.
Horrifié, Perfide témoigna de la chute de ses hommes les plus expérimentés comme une faux fauchant un champ de blé. En un temps record le bataillon n’était plus qu’une hécatombe avec au centre un combattant furieux et taché du sang de ses ennemis tombés. Médusé, Perfide chercha d’une main tremblante le manche de son glaive à mesure qu’Hercules approchait à grands-pas vers lui. Au moment même où les doigts du truand rencontraient le bout de son pommeau, la lame du fils d’Alcmène faucha l’air dans un battement de cil. Un battement de cœur, un autre, puis lentement la tête de Perfide glissa sur son cou sectionné avant de rouler mollement sur le sol, suivit de près par le corps sans tête.
Se retournant lentement, Hercules s’approcha de la lionne, s’accroupit devant elle et rangea son épée dans son fourreau.
« Pardonnes-moi pour ma méprise, j’ignorais que ces chiens étaient derrière toute cette mascarade. N’ait crainte car désormais je ne te veux aucun mal. »
Son regard était devenu doux et plein de compassion comme un agneau. Il fixa la flèche encore plantée dans la chaire du félin et approcha doucement sa main.
« Laisses-moi t’aider à te soigner, s’il-te plaît. »
Retirant aussi délicatement que possible la hampe, il versa rapidement un peu d’alcool trouvé dans la ceinture de l’un des soldats tués, puis banda la plaie avec la cape déchirée de Perfide.
« Cela devrait faire l’affaire. Sortant d’ici, tu n’as plus rien à faire dans ce lieu maudit. »