Oriana se trouvait au centre commercial de Seikusu. Même si elle aimait séjourner sur Terra, plus précisément la région appelée Nexus, elle appréciait quand même la Terre. Après tout elle y avait quand même vécu quelques siècles (ou millénaires, elle ne savait plus trop) et elle était en quelque sorte sa seconde patrie, après l'Arcadie. Qui plus est, cette ville, qui ne payait pas de mine, possédait un intérêt non-négligeable vu qu'elle était un foyer où se concentraient différents courants de force psychiques et spirituels.
Pour cheminer tranquillement parmi les humains sans attirer l'attention, elle avait pris l'apparence d'une collégienne (https://danbooru.donmai.us/posts/1814567?tags=teen+school_uniform) tout ce qu'il y avait de plus ordinaire : cheveux noirs, taille moyenne, petites lunettes, traits normaux, uniforme scolaire. Bien entendu elle laissait dans son sillage une douce odeur de fraise mais il fallait vraiment avoir le nez fin pour bien la sentir (à ce sujet elle avait remarqué que les hommes du monde moderne, tout au moins ceux suffisamment contaminés par la Banalité, avaient les sens atrophiés) ; sans compter que les multiples odeurs émanant des différentes boutiques, comme les parfumeries ou les confiseries, masquaient la sienne.
Elle entra dans une librairie et marcha dans les allées au petit bonheur. C'est alors qu'elle poussa un "Ah !" de satisfaction quand elle vit les nouveautés. Oriana adorait les Martine (https://fr.wikipedia.org/wiki/Martine) et en faisait collection ; elle avait non seulement tous les albums en français mais également ceux dans les autres langues. Malheureusement, Martine n'avait pas eu droit à une version japonaise. Du moins jusqu'ici.
Ravie, elle ouvrit le premier album : bien entendu c'était en japonais et elle avait toujours eu un peu de mal avec les kanjis mais elle s'en fichait car l'essentiel était de compléter sa collection.
Oriana allait donc se diriger vers les caisses pour régler son achat quand soudain apparut dans son champ de vision un jeune homme qui devait avoir la petite vingtaine ; il s'adressa à elle d'une voix amicale, lui demandant de l'aider à extirper un livre qui apparemment était coincé : son poignet était trop large mais celui de la Fée ferait parfaitement l'affaire.
- "Le poignet trop large" ? pensa-t-elle, observant le nouvel inconnu qui n'avait pas l'air du tout d'avoir des gros bras de routier ! La requête était bizarre et elle se demanda si ce n'était pas une tentative de séduction, de "drague" comme disent les humains de cette époque. Quoi qu'il en soit, elle ne décela rien d'inquiétant en lui et choisit finalement de lui rendre service. Et puis elle n'avait aucune raison de ne pas se montrer gentille envers un inconnu. Surtout avec une aussi jolie figure !
- Bien sûr ! fit-elle d'une voix douce. Elle se dirigea vers le rayon en question et passa sa main entre les deux ouvrages que lui avait indiqué le jeune homme, essayant d'attraper le livre qui l'intéressait. Effectivement, un poignet fin était quand même nécessaire pour se saisir du bouquin qui avait dû tomber entre les deux rayons quand il avait essayé de s'en saisir ; une pensée amusante lui traversa l'esprit : elle imaginait un gros monstre qui allait lui mordre la main pour avoir osé s'emparer du fameux Livre Mystique et Inconnu dont il avait la garde...
Au bout de quelques secondes, elle parvint, non sans quelques difficultés, à attraper l'ouvrage et elle le tendit, toute souriante, au garçon, lui gratifiant d'un "Et voila !" des plus enjoués.
Avec le léger effort de dextérité et de concentration qu'elle avait dû fournir, son odeur de fraise avait légèrement gagné en intensité...