Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Centre-ville de Seikusu => Discussion démarrée par: Joana Zinaïda le mardi 16 juin 2015, 16:40:40

Titre: La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le mardi 16 juin 2015, 16:40:40
Cette journée-ci, comme bon nombre de journées dans la vie de Jo depuis quelques années, n'était pas très palpitante. Il n'y avait rien à faire ; on s'ennuyait dans son habitat improvisé. Bien qu'elle eut découvert avec une immense joie la présence d'une console très moderne dans l'appartement qu'elle squattait, cela n'avait pas suffit à l'occuper plus de quelques jours. Elle avait finit le seul jeu qu'il proposait, ayant passé presque 26 heures sans s'arrêter sauf quelques rares fois pour dormir, et encore.

Elle s'était rapidement désintéressée du jeu qu'elle avait laissé dans le lecteur, de nouveau abandonné.

Maintenant, elle devait trouver de nouveau de quoi s'occuper.

Une autre idée lui vint soudainement, alors qu'elle repensait aux différents endroits auxquels elle s'était rendue auparavant. Elle se rappela de la succube qu'elle avait rencontrée, quelques temps plus tôt, alors qu'elle avait tenté de cambrioler sa maison. Maison particulièrement bien protégée, comme elle l'avait apprit à ses dépends ; cependant, étrangement, la belle démone n'avait pas été méchante envers elle. Ainsi, une sorte d'amitié était née entre les deux femmes, et elle se dit qu'elle avait bien envie de revoir la succube qui avait été si prévenante à son égard.

Et le meilleur endroit où elle pourrait la trouver était, en dehors de sa propre demeure, son lieu de travail, à savoir le lycée. Et elle savait où le trouver. Soudain, l'impatience l'envahit. Elle rêvait de pouvoir visiter ce lieu bondé, de voir toutes ses jeunes personnes se précipiter dans les classes. Et peut-être trouverait elle quelques spécimens avec qui passer du bon temps.

Elle prit rapidement sa décision et se prépara en quelques minutes, prenant le temps de souligner vaguement ses traits au crayon noir et de coiffer ses longs cheveux roux. Elle ne comptait pas utiliser ses pouvoirs de changeforme pour cette sortie ; elle serait plutôt une élève modèle.

Habillée d'une petite jupette à plis et d'un haut tout ce qu'il y avait de plus scolaire, la jeune femme saisi son sac et s'en alla d'un bon pas.



Enfin elle arriva sur place. C'était grand, impressionnant pour elle. C'est d'un œil observateur qu'elle dévora le lieu du regard, entrant sans trop de mal dans l'école et suivant aléatoirement des élèves pour la guider dans sa visite.

Maintenant qu'elle était là, elle ne savait pas vraiment où aller.

Il fallait avouer qu'elle avait un peu peur de demander à quelqu'un où pouvait bien se trouver la succube. S'exprimer en société n'avait jamais été son fort. Mais elle décida de se prendre en main et de dénicher quelqu'un.

Perdue dans un couloir de l'immense bâtiment, elle chercha pendant plusieurs minutes quelqu'un pouvant l'aider. C'était vain, la sonnerie avait déjà retenti et les cours avaient débuté.

Cependant, la chance lui sourit enfin. La porte était battante, ouverte, et, suivant son instinct, Jo se faufila dans l'espace et découvrit la classe vide. Seulement un sac noir était ouvert sur le bureau qui dominait la pièce.

Ne résistant pas à sa curiosité naturelle, la belle jeune femme, bien trop âgée pour se trouver dans un lycée, s'approcha du sac et commença à chercher à l'intérieur de quoi occuper son esprit.

A cet instant, elle entendit quelqu'un entrer. Elle retira promptement ses mains du sac et se retourna, sa longue chevelure suivant le mouvement.  
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masuru]
Posté par: Masaru Orange le mardi 16 juin 2015, 18:26:08
Cela faisait maintenant une semaine que Masaru avait commencé à donner des cours au lycée de Seikusu. Des cours de mathématiques pour l'élite du lycée, à vrai dire d'après ce que ses collègues de labo lui ont dit, donner à un français à faire des cours dans un lycée ça donne un peu de prestige au tout, donc les élèves seraient plus motivés. Il faisait chaud, très chaud en cette fin du mois de Juin, et lors que la sonnerie de midi retentit, Masaru partit en trombe à son appartement, situé à quelques minutes d'ici, afin de se désaltérer. Bien habillé, comme toujours lorsqu'il a la responsabilité de faire cours, sa tenue lui tenait chaud. Entre son blazer noir et son pantalon noir, il n'avait guère qu'une mince chemise blanche pour lui éviter une tenue qui serait intégralement assortie à ses cheveux, d'un noir d'ébène, et qui par conséquent absorberait toute la lumière possible.

Il est 12h05, il a marché vite jusque chez lui pour se rendre compte, en un instant, qu'il avait oublié son sac avec ses clés à l'intérieur. Demi-tour illico vers le lycée.

*C'est bien ma veine ça... Quel abruti, sérieux...*

En cavalant jusqu'à la salle de classe dans laquelle il avait oublié son sac, il croisa ses élèves, visiblement amusés de le voir pressé comme ça, et sans son sac qui plus est. Bien que Masaru n'apporte pas une grande important à l'image qu'il peut dégager, pensant que ce n'est pas le plus important, le fait d'oublier quelque chose et de le montrer n'est pas très professionnel et l'agaçait véritablement. Il afficha un petit sourire gêné, accompagné d'un "Bon appetit!" -en français dans le texte- tandis qu'il montait les marches quatre à quatre.

Il rentra finalement dans la classe de manière bien peu discrète. Comme toujours quand il est irrité, Masaru avait tendance à avoir des gestes amples, brusques.

Il tomba nez à nez avec une jeune femme. Un grand silence un peu gênant s'installa. Il l'avait vue retirer ses mains de son sac et eut une espèce de bug mental d'un coup. Il réfléchissait vite, très vite, à la situation qui était en train d'arriver.

Peu habitué encore à son nouveau rôle de référent, et de représentant de l'autorité, il devait être ferme sans non plus incarner Staline. Il dévisagea la jeune femme dont la chevelure venait de se poser sur le bureau, après son mouvement ample de la tête.

*Elle est pas du lycée, en tout cas c'pas une prof j'en suis à peu près sûr. Pas une élève non plus. Donc une random qui passe dans le coin. Mais qu'est ce qu'elle fout là? What the fuck?*

Oui, Masaru a passé trop de temps sur le net, et même si a a ses avantages, ses heures dépensées sur des chats et autres forums ont modifié son langage "pensé".

Deux-trois secondes passèrent, le temps de reprendre ses esprits, et Masaru se contenta d'un:

"Vous trouverez que des bouquins dans ce sac. J'peux vous aider?", lancé d'un ton suffisamment sec pour faire signifier qu'il était un peu irrité, sans pour autant en devenir agressif. Il était même plutôt fier d'avoir trouvé le juste milieu, alors que d'habitude c'est vraiment pas son fort.

Titre: Re : La main dans le sac [PV Masuru]
Posté par: Joana Zinaïda le mardi 16 juin 2015, 23:03:09
C'était un jeune homme, habillé tout de noir, qui débarqua dans la salle en courant et freina soudainement à la vue de la jeune femme. Joana lâcha un soupir, se demandant si il l'avait vue. Pour elle, le vol était bénin – et il ne s'agissait même pas d'un vol en l'occurrence. Elle n'avait aucune affaire personnelle et elle ne comprenait pas vraiment en quoi c'était mal de faire ce qu'elle était en train de faire ; cependant, elle pressentait que cela ne se faisait pas et resta un instant à le regarder, attendant une réaction de sa part. Elle retenait sa respiration. Enfin, il se passait quelque chose d'imprévu... !

-Vous trouverez que des bouquins dans ce sac. J'peux vous aider?

Il avait prit un ton plutôt dégagé, et pas si énervé que Jo aurait pu l'imaginer. Elle se détendit un peu, un sourcil levé. Elle prit son temps pour répondre, comme souvent, détaillant ce qui était sans nul doute le professeur à qui appartenait le sac. Il était grand, et malgré la tenue plutôt stricte qu'il portait et les lunettes qui essayaient de tenir sur son nez, elle voyait qu'il était jeune, presque autant qu'elle. La jeune femme se demanda étrangement si il n'avait pas quelque chose à voir avec la démone. Apparemment, dans cette ville de Seikusu, la moitié des habitants -elle comprise- avaient des pouvoirs paranormaux ou étaient en contact avec eux. Elle décida qu'il était minion.

-Désolée, je me suis perdue. Jsuis tombée sur la salle et j'ai voulu savoir pourquoi on avait laissé un sac à l'abandon.

Ce n'était pas totalement un mensonge, même si toute la vérité n'était pas là non plus. Elle aurait pu lui demander où était la professeure qu'elle cherchait, mais elle n'en fit rien. Maintenant qu'elle était là, quelque peu prise au piège, autant en profiter pour mieux connaître l'endroit. Et improviser.

Elle s'avança, sac en main, pas du tout gênée par la situation. Un sourire intrigué et naïf s'invita sur ses lèvres. Arrivant à quelques pas de l'homme, elle lui tendis son sac.

-C'est ça que vous êtes venu chercher, hm ?
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masuru]
Posté par: Masaru Orange le mercredi 17 juin 2015, 11:22:40
La jeune femme ne fut pas plus surprise que ça par l'irruption soudaine de Masaru dans la salle. Difficile de savoir si c'était vraiment une voleuse ou simplement une personne lambda qui se baladait comme ça, par là, se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. Vint alors l'explication de la charmante rousse qui se tenait en face de lui:

-Désolée, je me suis perdue. Jsuis tombée sur la salle et j'ai voulu savoir pourquoi on avait laissé un sac à l'abandon.

Masaru n'y croyait pas plus que ça. Il esquissa un sourire à l'écoute de la réplique, et décida de passer à autre chose. Il décida de lui accorder le bénéfice du doute. Il n'avait de toutes façons aucune preuve du contraire, et parmi les choses qui énerve le plus Masaru se trouvent les procès d'intention. La jeune femme avança même vers lui, sans complexe, un sourire craquant affiché. Un des recoins du cerveau de Masaru se permit même de penser un *Pas mal celle là*...

-C'est ça que vous êtes venu chercher, hm ?

Masaru reprit son air dégagé qu'il avait perdu l'espace d'un instant, et reprit sa voix normale, une voix naturellement grave.

-Yep, merci. dit-il en reprenant son sac. Il n'eut pas la peine de vérifier qu'elle n'avait rien pris. Rien qu'au poids et au léger bruit de tintement des clés, il savait qu'elles étaient là, en compagnie des livres. Il ne se balade jamais ou presque sans. Un manuel de maths de 3e année de lycée, "Introduction à la métaphysique d'Heidegger", un de ses auteurs préférés, et "Explications du théorème d'incomplétude de Gödel", le bouquin sur lequel il bosse pour son post-doctorat.

Ils étaient à combien? 1 mètre d'écart? Bref, de toutes façons il n'était plus pressé et cette rencontre ainsi que la montée d'adrénaline due à la surprise cachait pour l'instant momentanément sa faim.

-J'peux peut-être vous aider? Vous cherchez un lieu, ptet une personne? Je suis pas du coin et je suis arrivé y a pas très longtemps mais sait-on jamais... lança t-il son air détaché toujours aussi affiché de manière ostentatoire, un sourire en coin en plus.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masuru]
Posté par: Joana Zinaïda le mercredi 17 juin 2015, 21:49:16
Une lueur intriguée apparut dans les yeux de la jeune femme. Maintenant qu'elle était là, elle ne savait plus vraiment sur quel pied danser, situation qu'elle pouvait apprécier à sa manière, parce que c'était dangereux, et qu'elle aimait ça. Elle se mordit la lèvre et fit rouler sa tête contre son épaule, reculant légèrement, les sourcils froncés. Un lieu ou une personne ? Mais était-elle si pressée que ça de voir Tessia... ?

Bien sûr, elle aurait pu demander où se trouvait la démone, mais elle avait soudain envie de rester là, à observer ce charmant jeune homme. Malheureusement pour elle, elle ne pouvait pas rester là, les bras ballant, sans rien dire, car elle était sous forme humaine. Elle aurait pu se transformer en mouche... Là, elle aurait pu se poser dans un coin et rester silencieuse. Mais les règles en tant qu'humaine étaient différentes de celles animales.

La table était près de la porte, et elle s'y accouda sans lâcher le regard du professeur. Enfin, elle répondit de son léger accent russe :

-Vous êtes professeur ici ? Qu'est-ce que vous enseignez ? A vrai dire, je cherchais une... amie. J'étais aussi venue visiter.

Réponse qui pouvait paraître bien étrange. Pourquoi souhaiterait-on visiter un lycée ? Plutôt s'enfuir de là. Mais la visite lui avait rappelé le temps où sa mère n'était pas malade et qu'elle vivait la vie banale d'une adolescente terrienne, sans pouvoirs surnaturels, et sans métier à risques.

Continuant à l'observer, elle remarqua qu'il était en nage, coincé dans des vêtements noirs dans lesquels il devait étouffer. Ses cheveux tout aussi sombres et raides étaient collés contre son front et dans ses yeux.

-Vous devez avoir chaud dans ces vêtements noirs. Vous avez couru ?

Elle avait dit ça de son ton lunaire, sans aucun sous-entendu, simplement en formulant ses pensées directes comme elles lui arrivaient à l'esprit. Elle ne connaissait pas vraiment les règles de politesse, et si elle en employait, on voyait nettement que ça ne venait pas du cœur.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masuru]
Posté par: Masaru Orange le mercredi 17 juin 2015, 23:43:52
Masaru remarqua ce mordillement de lèvre.

*Sexy... Mais ça indique quoi? Un stress? Curieux si au final elle passe juste par là...*

Difficile à dire pourquoi, mais parmi les personnages de fictions préférés de Masaru on pouvait trouver tout un tas de génies un peu misanthrope aux capacités déductives hors normes. Que ça soit Sherlock Holmes, Dr House ou bien même Shinichi Kudo dans la culture mangas, il avait pris goût à la déduction, aux raisonnements plus ou moins alambiqués. Le voilà planté face à une énigme, une fleur dont la senteur se cache derrière de charmants pétales qu'on aimerait effeuiller, mais qui font aussi tout le charme de la belle plante, de la belle rousse en face de lui qui roule alors la tête. Jeu de séduction? Simple habitude sans s'en rendre compte? Bref des pensées prolixes qui s'effectuent pourtant en un quart de seconde... Le tout en gardant son regard planté dans celui de la jeune demoiselle accoudée au bureau.

-Vous êtes professeur ici ? Qu'est-ce que vous enseignez ? A vrai dire, je cherchais une... amie. J'étais aussi venue visiter.

Accent russe? Intéressant Vu la situation géographique du Japon, elle venait probablement de l'Est de la Russie.

*Mhhh... Le Transsibérien il arrive bien à Vladivostok nan? A l'extrême-est de la Russie...?*

-Oui, de mathématiques et sciences physiques. J'suis à vrai dire en post-doctorat à la fac, du coup j'fais des cours par ci par là... Et j'en oublie les politesses d'usage d'ailleurs, Masaru, enchanté. fit-il en décontractant un peu son visage un peu figé jusque là, en se permettant même un sourire, chose qui le surprit lui-même. Manifestement la jeune femme l'avait mis à l'aise... Il remit ses mains dans ses poches, pour ne pas avoir les bras qui pendent.

-Vous devez avoir chaud dans ces vêtements noirs. Vous avez couru ?

Masaru répondit du tac-o-tac:

-Ah ouais, un peu, bah justement j'venais chercher mon sac pour aller manger après. J'ai du courir un peu... Et vous, vous avez du voyager beaucoup non?

Masaru laissa un temps de pause, esquissa le sourire de celui qui a trouvé la solution à un problème, avant de lancer en baissant le regard, en cherchant ses mots puis en humidifiant ses lèvres comme un tic nerveux,

-Vous ne viendriez pas de Russie? Vladivostok au hasard?
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masuru]
Posté par: Joana Zinaïda le jeudi 18 juin 2015, 15:15:10
Elle ne savait pas quoi lire dans ce regard pénétrant.Curiosité ? Perplexité ? Elle avait l'impression qu'il cherchait à comprendre, juste en la regardant, comment une telle femme était parvenue jusqu'à sa salle de classe. Elle fronça encore le sourcils, rendant néanmoins ce regard avec une pointe de fougue. Elle ne voulait pas se détacher de ses yeux, comme de peur de le perdre si elle tournait la tête. Au final, il était dans la même situation qu'elle : perdu et heureux de l'être, ne sachant pas ce qu'il cherchait exactement dans cette conversation.

Elle écouta d'une oreille sa réponse. Satanés politesse. Elle aurait aimé lui tourner autour, sans le lâcher des yeux, comme un prédateur qui observe sa proie avant d'attaquer. Mais elle ne souhaitait pas attaquer, se rappela-t-elle. Et si elle était humaine, elle devrait bien se plier à ses règles, sans vraiment les comprendre.

Elle avait arrêté ses matières à seize ans, et les minces souvenirs qu'il lui en restait étaient bien flous.

Sans prononcer un mot, car elle n'en voyait pas d'utilité, elle continua à écouter, légèrement distraite. Il y eut un moment de silence, pas gênant, simplement comblé par l'observation de l'autre et l'air chaud qui se promenait dans l’atmosphère, avant qu'elle ne réponde enfin :

-... Effectivement. Comment vous avez deviné ? L'accent ?

Cela ne se voyait peut être pas, mais elle était récitante à l'avouer. Elle ne parlait jamais de ses origines, le peu de fois où il lui arrivait de parler. Elle n'en avait pas honte, bien au contraire, mais c'était une partie de sa vie qu'elle avait laissé derrière elle – du moins, elle essayait d'y croire. Tout son être désirait retourner dans la ville de Russie, mais elle se devait d'y résister. Il fallait aller de l'avant, c'était toujours ce que lui disait Mère.

Cela mis à part, le sourire du professeur était particulièrement sexy. Sans pouvoir y résister et malgré sa légère crispation, elle le lui rendit sincèrement.

-Post-doctorat... fit-elle d'un air rêveur, avant de revenir sur son interlocuteur. Comment vous avez survécu pendant autant de temps ? Je serais partie. Vite. Et je m'appelle Joana.

Changer de sujet sans aucune raison était une des nombreuses particularité de Joana. Elle ne s'en rendait même pas compte, car lorsqu'elle parlait, c'était au fil de ses pensées.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le vendredi 19 juin 2015, 11:17:23
Masaru prenait plaisir à ce jeu. Un mélange subtile entre la défiance, ne pas avoir à avoir confiance en la personne qu'on a en face de soi, une pointe de séduction, il savait qu'elle lui plaisait, et au regard soutenu qu'elle lui offrait, elle n'était pas la seule à ne pas laisser son partenaire indifférent, ainsi qu'un jeu d'esprits.

-... Effectivement. Comment vous avez deviné ? L'accent ?

Cela l'amusait. Il y a une ribambelle de grandes villes russes sur la côte Est. Elle aurait même pu hériter son accent d'une lointaine parenté mais non, un coup à l'aveugle qui donne un 10. Une satisfaction que peu de choses peuvent permettre d'atteindre. Masaru aimait à se prendre pour d'autres à l'occasion, jouer comme un rôle. Quitte à savoir si le role play l'intéresse est une toute autre question qui mériterait d'être élucidée une autre fois...

Il n'eut à peine le temps de répondre à cette première question que la simili-Black Widow qu'il avait en face de lui enchaina d'un coup sur la suite de son propos.

-Post-doctorat... fit-elle d'un air rêveur, avant de revenir sur son interlocuteur. Comment vous avez survécu pendant autant de temps ? Je serais partie. Vite. Et je m'appelle Joana.

Il sourit, toujours en coin, un peu comme un tic. Une peur de se livrer complètement s'il riait complètement. Il releva le regard, en profitant du mouvement regarder la demoiselle, des pieds à la tête, avant de s'arrêter dans le regard de cette dernière. Masaru s'était détendu sans vraiment s'en rendre compte. Bien que la plupart des émotions de Masaru sont difficiles à lire pour quelqu'un qui ne le connaitrait pas bien, les rares représentantes de la gente féminine ayant eu la "chance" (dirons-nous) de le côtoyer ont pu lire dans son regard le panel des expression de l'Homme dans ses 2 iris. Un regard avisé, ou simplement habitué à décrypter les émotions pourra lire un regard presque complice, un peu séducteur, mais en tout cas complètement détendu. Il humidifia ses lèvres, son sourire toujours en coin laissant découvrir ses pommettes marquées, avant de finalement répondre:

-Pour répondre à votre première question, disons qu'il y a un peu de chance fit-il en bougeant ses mains pour appuyer son propos, à la manière des orateurs expérimentés, l'habitude de faire un cours ou bien même d'avoir à soutenir des projets à l'oral. Il prit sa respiration. -Vous n'êtes pas typée Japonaise et la paleur de votre peau me laisse à penser que vous n'êtes pas du coin. Évidemment l'accent russe aiguille. Disons que le côté asiatique de la culture russe vient de l'est, et le fait que vous parliez bien Japonais me laisse à penser à une ville russe autour de la mer du Japon. Ca laisse peu d'autres choix. Après sur les villes qui bordent la mer du Japon j'ai pris la plus grande.

Il continua à la regarder dans les yeux, en parlant vite, laissant trahir par moments son accent français. Bien que parlant parfaitement les deux langues, le fait qu'il ait passé le plus clair de sa vie en France ressortait par fois. Il en avait conscience, mais à quoi bon essayer de masquer ça après tout.

-Quant à la deuxième question, j'imagine que certains se sentent plus d'être sur le terrain, tandis que d'autres n'ont aucune peine à passer des années à étudier pour réussir à comprendre ce qu'ils cherchent à comprendre. Il prit une petite pause, leva les yeux au ciel, rompant à nouveau le regard soutenu que les deux se lançaient, comme cherchant un peu sa réponse, réfléchissant à propos de lui-même, cherchant au final les mots justes. C'est une question de vocation j'imagine, fit-il par conclure, un peu rêveur.

Vous aurez sans doute remarqué mon accent, et vu que j'ai pas cours cet après-midi, ça vous dit qu'on mange un morceau entre gaijins? Y a un restau sympa en bas de chez moi, à 5mn d'ici. J'vous invite, vous qui cherchiez à visiter j'pourrais peut-être vous aider, à moins que vous deviez rejoindre votre amie rapidement? fit-il enfin, un regard interrogateur, attendant sa réponse. L'invitation lui semblait normale, la galanterie étant inscrite dans ses gènes, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi.

Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le vendredi 19 juin 2015, 22:46:52
Apparemment, le professeur, de son prénom Masaru, semblait assez fier de sa trouvaille. Cela rassura quelque peu  la métamorphe, sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi. Cela prouvait peut-être qu'il était parfaitement sincère et qu'il n'était pas un quelconque agent qui la suivrait depuis plusieurs mois à la trace. Et peut-être aussi que rester cloîtrée plusieurs semaines d'affilée dans des appartements différents à visionner tous les films qui lui passaient sous la main allait finir par la rendre paranoïaque.

Mère lui aurait conseillé de sortir prendre l'air. Et après tout, c'est ce qu'elle faisait.

Elle revint au jeune homme qui lui faisait face. Elle avait l'habitude de ses pensées volatiles, mais beaucoup moins de devoir les gérer et les concentrer continuellement sur une seule chose, c'est-à-dire ici Masaru. Elle se força néanmoins, et finit prendre d'intérêt pour ses paroles et ce qu'elle voyait dans ses yeux : une divagation pratiquement semblable à la sienne. Elle attendit sagement, bien contente de pouvoir observer plutôt que de parler. Puis il rompit le charme en finissant son explication par des gestes appuyés. Ce devait être un tic de professeur. Jo ne voyait pas d'utilité en l'explication des choses, elle préférait de loin observer et ressentir ces observations plutôt que de vouloir les comprendre par un raisonnement. Mais elle garda cette pensée pour elle.

-Vous aurez sans doute remarqué mon accent, et vu que j'ai pas cours cet après-midi, ça vous dit qu'on mange un morceau entre gaijins? Y a un restau sympa en bas de chez moi, à 5mn d'ici. J'vous invite, vous qui cherchiez à visiter j'pourrais peut-être vous aider, à moins que vous deviez rejoindre votre amie rapidement?

Effectivement, elle n'avait pas été sans remarquer un léger accent, mais qu'elle n'aurait pas su identifier exactement. Durant sa vie, elle avait surtout entendu parler Russe, Chinois et Japonais, mais elle avait moins l'habitude des langues occidentales. Elle n'avait pour exemple qu'une fille de joie de la Maison de Willy où elle avait grandit, qui était d'origine Italienne.

Néanmoins, un grand sourire fleurit sur ses lèvres en entendant son invitation. Comme à son habitude, elle était curieuse : et cet homme excitait encore plus sa curiosité. Elle n'arrivait pas à en comprendre la raison ; et à vrai dire, elle n'essayait même pas.

Sans le lâcher de son regard à la fois lunaire et scrutateur, elle sauta promptement vers l'avant pour se détacher du bureau et eut un autre sourire naïf.

-Je ne crois pas avoir détecté le pays... Occidental sûrement ? Belge ou Français ? A vrai dire, je voulais lui faire la surprise. Elle ne m'attend pas. Alors j'accepte.

Son ton était simple, et l'envie était là, non feinte. Elle était bien heureuse d'avoir eut l'idée de venir ici. Une expression éclatante collée au visage, elle récupéra son sac et plissa les yeux d'un air interrogateur. Elle se demandait bien où il allait l'emmener exactement, maintenant.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le samedi 20 juin 2015, 10:48:57
Joana sourit à l'invitation de Masaru, et cela le rassura. Il avait eu peur d'être trop cavalier, trop entreprenant. Mais non, pas du tout, bien au contraire même, cela avait l'air de lui faire plaisir. L'invitation de Masaru n'était pas garnie d'arrière pensées douteuses ; même s'il n'était pas naif et se rendait compte de ce qui se passait, mais au final c'était plus de la politesse et de la curiosité mêlée qu'un vrai "rencard" spontané. Malgré son aisance en public, il n'allait jamais vers des inconnues, pour les aborder. Masaru trouvait ça "factice" comme il dirait, basé sur de mauvaises intentions. Au final, aborder quelqu'un qu'on ne connait pas juste pour son apparence, n'est-ce pas la base soit d'un échec, soit d'une relation qui serait elle aussi basée sur ce seul facteur initiateur?

Bref, ici Masaru se contenta d'être heureux de l'instant présent. Il faisait beau, sans qu'il fasse excessivement lourd. Quelques cumulus tachetaient le ciel, et permettaient aux nippons (et non-nippons en fait) de respirer. Il était 12h25 à la pendule de la classe, l'heure de pointe, mais normalement le lieu où Masaru comptait les emmener ne devrait pas être bondé. Enfin en tout cas Masaru l'espérait. Joana sauta du bureau, pour ainsi dire guillerette, et lança:

-Je ne crois pas avoir détecté le pays... Occidental sûrement ? Belge ou Français ? A vrai dire, je voulais lui faire la surprise. Elle ne m'attend pas. Alors j'accepte.

Cela amusa Masaru de la voir se prendre au jeu. Elle semblait curieuse de savoir où il allait l'emmener, et avec un regard interrogateur qui laissait deviner la réponse. Il se retourna,  alla vers la porte et l'ouvrit. Il tint la porte pour la demoiselle, et lui dit:

-Effectivement Français, bien vu, avec un sourire en coin, le même que celui qu'il arborait quelques instants auparavant, quant au repas de ce midi, je préfère vous prévenir, ça ne sera pas un grand restaurant cinq étoiles, mais pour y avoir mangé deux-trois fois ça m'avait l'air sympa, vous n'avez pas de problème avec la nourriture locale j'espère...?

*Ca serait bien ma veine de l'emmener dans un resto, lui payer la bouffe pour qu'ensuite elle me gonfle dans les mains et que j'me fasse emmerder pour avoir tenté d'empoisonner une inconnue...

Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le dimanche 21 juin 2015, 14:21:17
Jo eut un petit rire. Elle trouvait cet inconnu plutôt gentil et secoua la tête négativement pour signifier qu'elle n'avait absolument aucun problème avec la nourriture locale, bien au contraire. Elle n'était pas particulièrement difficile à vrai dire. Et elle ne parlait pas énormément, Masaru le remarquerait sous peu. Mais peut-être était-il aussi souvent muet qu'elle, après tout.

Bientôt le jeune professeur lui tint la porte et elle se faufila dehors, à la manière d'une souris, comme si quelque chose risquait de lui tomber dessus à tout moment. Elle se retourna vers son accompagnateur et attendit qu'il parte devant. Il arborait un sourire en coin qui l'intriguait beaucoup, mais qu'elle trouvait particulièrement mignon. Qu'est-ce qu'il pouvait bien penser ? Et pourquoi ne souriait-il pas franchement ? Se retenait-il ?

Elle garda ses questions qui auraient pu paraître idiotes pour plus tard et le suivit sagement, sans cesser d'observer les alentours. C'était très étrange d'être sous forme humaine en public, et qui plus est, d'être accompagné normalement. Elle n'aurait su dire si ça lui plaisait ou non.



Quelques ruelles plus loin, toujours sur les talons de Masaru, le duo arriva bientôt à un petit restaurant qui longeait le bord de la route. Ici, les voitures ne pouvaient pas rouler et de nombreux passants circulaient, plus ou moins pressés, faisant les boutiques pour certains. La jeune changeforme trouvait cette agitation de très bon augure et dévorait sans gêne tout ce monde des yeux.

Elle fit un grand sourire confiant à l'adresse du professeur qui lui désignait du doigt le restaurant et s'engagea à sa suite à l'intérieur. L'air était chaud et plein d'odeurs que l'on ne retrouvaient qu'au japon. De la fumée sortait de ce qui devait être la cuisine, et on entendait les cuistots se donner des ordres par delà la porte battante qui les séparait des clients.

Patiemment, la jeune femme attendit que Masaru la guide plus exactement dans le petit commerce.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le lundi 22 juin 2015, 17:40:03
L'heure de pointe à Seikusu, l'heure du repas. Le petit restaurant étant situé dans une rue piétonne, entre un fleuriste et une boutique de prêt-à-porter. Les gens marchaient vite, pour la plupart sandwich en main, pressés par leur vie, leurs impératifs et bien d'autres choses. Des étudiants, des cadres supérieurs, toute la vie active était de sortie. Masaru passa devant, arriva devant le "Fleur de Lys", restaurant peu connu jusqu'alors car ouvert récemment, situé au pied d'un immense immeuble tout vitré, on aurait dit une tour de bureaux. Il y avait beaucoup de bruit, entre les gens qui mangeaient et ceux qui hurlaient pour se faire comprendre, il semblait difficile de ne pas avoir à élever la voix pour passer un message. Il se rapprocha de Joana, et baissa un peu la tête pour lui parler.

-A vrai dire j'habite dans cet immeuble, un appartement au 28e étage. Je suis arrivé il y a peu, et comme il fallait bien que je me nourisse quelque part, bah je me suis rabattu sur ce qui était le plus proche. Ca a été ouvert y a peu, ils cherchent à se faire une clientèle, du coup les prix sont plus qu'abordable par rapport à la qualité de ce qu'ils offrent. fit-il en faisant signe au responsable de l'accueil. Ce dernier accourra, pressé par l'heure et par les nombreux clients qui étaient venus, alléchés par les prix.

-Une table pour deux j'imagine? Je n'ai plus que des places en intérieur ça vous ira?

-Ce sera parfait.

Le jeune homme les installa, dans le fond du local. On pouvait voir que les restaurateurs s'étaient installés il y a peu; la décoration était neuve, le mobilier aussi. Il leur servit une carafe d'eau, ainsi que les menus avant de sauter à une autre table qui souhaitait passer commande. Le lieu était un peu plus silencieux là où ils avaient été installés. Bien que la salle ait été bondée, la configuration du lieu et les demi-murs permettaient aux gens de s'entendre un peu mieux.

-Je suis venu mangé ici seulement quelques fois et pourtant j'adore déjà cet endroit... Ne serait-ce que pour la musique. fit Masaru en adressant un regard aux enceintes dernier cri situé en haut de certains murs. Une musique diffuse, suffisamment forte pour qu'on puisse l'entendre sans que cela agresse les tympans, était audible. On pouvait entendre ceci (https://www.youtube.com/watch?v=tO7Tacda2WU).

Masaru enleva sa veste qui apposa à sa chaise, et regarda Joanna.

 -Vous faites quoi dans la vie vous du coup...? fit-il pour entamer la conversation, avant d'enchainer, Prenez ce que vous voulez dans la carte, faites vous plaisir! lança t-il, sourire au bec, enthousiasmé par ce déjeuner impromptu.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le mardi 23 juin 2015, 12:54:02
Guidés par Masaru, ils rentrèrent finalement dans le petit restaurant, et furent rapidement pris en charge par un serveur qui les emmena vers une table à deux places. Bien qu'elle venait seulement d'arriver, elle appréciait déjà l'endroit. Confiné, l'ambiance qui se dégageait du lieu était vivante, mondaine sans être trop envahissante, et du coin où leur table était placée, Jo avait une vue imprenable sur le reste du commerce, d'où elle pourrait observer les allées et des clients et venues des serveurs pressés.

Néanmoins, lorsque son regard tomba de nouveau sur le professeur, elle se dit qu'elle réserverait ses observations pour plus tard. En plus du fait que cela aurait été très impoli, elle aurait tout le temps pour ce genre d'activité plus tard, et ce qui l'intéressait plus maintenant qu'elle y était, c'était ce jeune homme qui semblait à la fois si semblable aux autres, et profondément différent.

Comme toujours lorsqu'elle était perdue dans ses pensées, Jo pencha la tête sur le côté, son attention de nouveau concentrée sur l'homme qui faisait preuve d'une galanterie sans défaut à son égard. Elle le remercia avec un sourire, trouvant ces gestes quelque peu étranges : ne pouvait-elle pas se débrouiller seule ? Cependant, elle ne dit rien, observant plutôt que de demander quoi que ce soit.

Elle tendit l'oreille lorsqu'il parla du son qu'on entendait en fond, léger, quelque peu couvert par les cris sortant des cuisines et les discussions des clients. Elle ne connaissait pas la musique mais l'aimait bien. Elle dégageait une ambiance douce, loin d'être envahissante, presque somnolente.

A sa question, elle fronça légèrement les sourcils. Ce qu'elle faisait dans la vie ? C'était une question si rédhibitoire, qui impliquait à la fois tout et rien... Elle aurait volontiers expliqué ce qu'elle faisait de son temps libre, mais à vrai dire, elle ne faisait rien de sa vie. Il sous-entendait aussi par là le métier qu'elle pratiquait, et elle n'aurait su répondre, de même. Si elle lui disait qu'elle volait de temps en temps, qu'elle trouvait l'argent où elle pouvait et vivait dans un vieil appartement loué au noir, à moitié délabré, il le verrait certainement mal.

Son sourire ayant quelque peu disparut après cette interrogation, elle répondit tout de même :

-Je voyage, mais je trouve Seikusu intéressante, du coup je me suis un peu installée ici. Et vous, comment êtes vous arrivé ici ?

Elle avança une main vers la carte qu'elle fit basculer pour que les deux puissent lire. Elle fit son choix: du riz sauté accompagné d'une sauce qu'elle ne connaissait pas. Elle n'avait pas pour habitude de manger beaucoup, plutôt que lorsqu'elle avait faim. Les heures régulières ne la connaissaient pas.

Elle attendit que l'autre fasse son choix, sans le quitter du regard. Puis elle se força à tourner la tête pour observer les alentours et remarqua un vieux juke-box qui diffusait la musique qu'ils entendaient.

-J'aime bien la musique qui passe, là.

C'était un son (https://www.youtube.com/watch?v=Iay9gyLNdBw) qui bougeait plus, diffusant une ambiance rock plus soutenue. D'un geste de la main, elle tenta de faire passer ses cheveux entre un élastique autour de son poignet, chose qu'elle faisait très rarement. Elle ne voulait pas tremper ses cheveux dans la sauce du riz qui arrivait bientôt.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le mardi 23 juin 2015, 17:06:54
Craquante. Masaru chercha pendant quelques instants un mot, pour la qualifier, pour la décrire. Craquante voilà tout, sa façon de pencher sa tête sur le côté, de le fixer. Oui elle lui plaisait, physiquement en tout cas. Il aurait été difficile qu'il en soit autrement. N'importe quel hétéro lambda n'aurait pas été laissé indifférent par un regard pareil. Seul le serveur arriva à le déconcentrer de la situation, en demandant quelle commande ces deux jeunes gens souhaitaient passer. Peu inspiré par le menu que Joanna lui montra, il se rabattit sur le classique:

-La même chose pour moi merci.

Il n'avait jamais goûté ce plat venu d'autres contrées, mais à l'instar de la rencontre qui avait lieu en ce moment, Masaru sortait de ses habitudes, de ses sentiers battus. Même s'il était moins timide que lors de ses plus tendres années, organiser sur le pouce un repas, même un simple repas, avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas restait une grande première pour lui. Non pas qu'il était stressé ni anxieux, mais il se demandait simplement ce qui allait arriver ensuite, dans un coin de sa tête.

*Et après le repas? On se fait la bise? On se dit "tape m'en 5 et à la prochaine"?*

La réaction de Joanna à sa question, pourtant usuelle et banale, presque convenue, le surprit un peu intérieurement. Il sentit qu'il avait peut être touché une corde sensible, que sa situation actuelle n'était pas quelque chose qu'il fallait aborder. Peut-être était-elle dans la panade, financièrement parlant. Il évita de rebondir sur sa réponse pour commencer à lui poser des questions, et se contenta de répondre.

-Bof, rien d'exceptionnel. J'ai fait mes études en France, jusqu'au doctorat. Le problème c'est qu'actuellement, avec juste un doctorat, on ne trouve pas de poste de titulaire. Du coup faut faire des stages longue durée, si possible à l'étranger, et me voilà donc ici à Seikusu pour 2 ans.

Il n'a jamais considéré sa situation comme sortant du lot. Pour lui les études font partie de certains éléments de la vie, qu'il ait fait 10 ans d'études ou 10 mois ne changeait pas sa perception des gens. Il se disait simplement qu'il avait eu de la chance et de la persévérance.

Il rebondit sur un aspect qu'il aimait particulièrement. La musique. Art transcendant les frontières, les langues. Vous pourrez tendre un roman génial à quelqu'un, s'il ne connait pas la langue il ne pourra pas en profiter. Pareil pour la sculpture, ou même la peinture, arts pour lesquels il faut cette fois ci une certaine initiation, une certaine éducation pour en profiter. C'est vrai dans une certaine mesure pour la musique, mais moins. Masaru considérait cet art comme le plus universel, celui qui lui parlait aussi le plus.

Le regard de Masaru qui avait un peu changé à la réponse de Joanna, moins joyeux, reprit son éclat et son entrain. Difficile de croire en ce moment précis, qu'en général les gens le considèrent comme froid, distant, caustique et cynique. Elle l'avait mis à l'aise, sans vraiment tout faire pour, mais elle avait réussi.

-Vous êtes plus rock moderne et dynamique non...?

Il profita du mouvement gracile de la demoiselle pour remettre ses cheveux en queue de cheval pour relever un peu ses manches blanches, alors que les plats vinrent très rapidement après la commande. Il lui adressa dans sa langue maternelle:

-Bon appétit!, tandis que lui non plus désormais ne la lâchait plus des yeux.

Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le mercredi 24 juin 2015, 14:21:55
Ses cheveux avaient séché et semblaient ébouriffés, contrastant assez étrangement avec l'allure plutôt stricte que donnaient ses lunettes à son visage. Quand il parlait, une lueur semblait s'éveiller dans ses yeux, animé par le sujet, et Jo se demanda un instant si il était toujours comme ça dans la vie de tous les jours, ou avec ses élèves. Elle se souvint la relation que Tessia entretenait avec certaines de ses élèves et elle eut subitement envie de rire, sans comprendre vraiment pourquoi. Elle se reteint, continuant à observer son interlocuteur, retenant de multiples détails sans importance. Elle savait que cela ne se faisait pas, mais elle s'en fichait ; après tout, c'était pour elle ce qu'il y avait de plus captivant, l'observation jusqu'à s'oublier soi-même.

Elle remarqua que la lueur qui vivait dans ses yeux s'était pratiquement éteinte à sa réponse, et elle en fut un peu déçue, étrangement. Elle décida qu'elle n'aimait pas quand ses yeux se ternissaient ainsi, par sa faute, qui plus est.

La jeune femme écouta attentivement le parcours du professeur. Avoir un doctorat était une mention assez importante pour qu'elle s'en souvienne, et qu'elle sache qu'il était dur et long de l'acquérir.

A sa question, elle eut un sourire sincère avant de répondre :

-Ma mère adorait ce genre de musique, alors il semble qu'elle m'ait convertie.

Entre-temps, leurs plats étaient apparus, rapidement, et une douce odeur de nourriture japonaise emplit les narines de la rousse. Son appétit sembla s'éveiller soudain, se rappelant qu'elle n'avait pas mangé depuis la veille. Et encore. Si on pouvait considérer ce qu'elle avait ingurgité comme un repas.
Sans lâcher du regard Masaru qui s'attaquait à sa portion, elle attrapa ses baguettes et commença à enfourner brusquement le riz, souhaitant seulement se nourrir. Puis elle se rendit soudain compte qu'elle devait peut-être faire l'effort de manger correctement, se souvenant des leçons de bonnes manières qu'on lui avait forcé à subir dans son enfance. Elle eut un léger soupir et se reprit, redressant son buste, et s'appliquant à manger proprement, et se demandant si ça se voyait tant que ça qu'elle n'avait plus l'habitude de vivre en société.

-Merci ! Répondit-elle avec un sourire ravi aux lèvres. C'était une des seules choses qu'elle savait en Français, mais le "Bon Appétit" était tellement connu qu'elle n'avait pas besoin de traduction pour le comprendre. Ca ne vous fait pas étrange de vous retrouver de l'autre côté du bureau, à donner des cours plutôt que de les recevoir ?

Son ton était totalement neutre, alors qu'elle avalait une bouchée de riz, simplement curieuse. C'était le genre de question qu'elle posait, apparemment sans importance mais qui l'intéressait vivement. Elle attendit donc la réponse de l'inconnu, se demandant soudain ce qui l'avait poussé à l'inviter à manger en sa compagnie. Mais elle oublia vite son questionnement, se disant que cela n'avait pas d'importance maintenant qu'ils étaient tous les deux, là, à partager un simple repas.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le vendredi 26 juin 2015, 10:45:25
Masaru profitait de ce moment, loin du stress habituel. Il était enfin détendu, après toutes ses nouvelles expériences. Changement de continent, déménagement, apprentissage d'un nouveau métier, nouvelles rencontres et autres étaient remarquablement anxiogènes, surtout pour quelqu'un comme Masaru qui avait l'habitude de vivre dans le futur, à tout anticiper. Néanmoins les assiettes se vidaient petit à petit à longueur que le juke box tournait. IL répondit alors à la question de Joana, qui semblait intéressée par la situation du jeune homme.

-A vrai dire, quand j'étais petit, je voulais faire de grandes découvertes, passer à la télé, obtenir des récompenses... Etre un grand savant de ce monde en fait. Il marqua un temps de pause, détachant alors son regard de celui de Jo', réfléchissant à ces mots pendant un instant. Il se livrait sans savoir trop comment ni pourquoi. Il se disait qu'il n'allait peut-être jamais la revoir, et qu'il s'en fichait d'être potentiellement jugé. Il n'avait au final rien à cacher. Il reprit après quelques secondes, replantant ses yeux dans ceux de la jolie rousse, Quand je me suis rendu compte que je ne serai pas le prochain Nobélisé, j'ai en parallèle découvert que j'aimais bien faire partager ce que j'avais eu la chance d'apprendre. J'imagine que c'était naturel pour moi que de devenir professeur à terme. fit-il, le regard et le sourire un peu nostalgiques en se plongeant, ne serait-ce que quelques instants, dans ses souvenirs d'enfants.

Il allait pour poser sa main sur celle de Joanna, sans savoir pourquoi d'ailleurs, lui qui était si timide d'habitude. Sa main avait d'ailleurs commencé le mouvement lent quand un bruit sourd, extrêmement violent détonna depuis l'entrée du restaurant. Derrière le paravent on pouvait distinguer que du rouge avait tapissé les murs. Le couple situé à côté du juke-box l'éteignit instantanément. Un silence assourdissant se fit.

Trois hommes, cagoulés et armés, avaient fait irruption dans le commerce. Ils venaient d'abattre à bout portant et dans la tête un serveur. Le cadavre était éclaté au sol, de la cervelle ayant fuité par l'orifice causé par la balle. Masaru était tétanisé. Il venait de passer d'un semblant de paradis au plus profond des Enfers. Il reprit vite ses esprits, par instinct de conservation sans doute et posa sa main sur la bouche de Jo' pour ne pas qu'elle fasse de bruit, tandis qu'il mettait son doigt sur sa bouche, en demande de silence. La furtivité serait leur meilleure alliée. Un des assaillants se mit à hurler.

-LES GAIJINS NE DEVRAIENT JAMAIS POUVOIR FOULER LA TERRE DE NOS ANCETRES ET NOUS LES EXTERMINERONS TOUS JUSQU'AU DERNIER. QUE LES HONORABLES JAPONAIS SORTENT NOUS NE LEUR VOULONS AUCUN MAL.

Des locaux sortirent alors en courant par la porte qu'un des terroristes laissait ouverte. Quelques instants plus tard, ils n'étaient plus que 12 probables condamnés à mort, en plus des 3 bourreaux. Le temps pressait tandis que Masaru semblait en train de réfléchir, vite, par de rapides mouvements de regards et de tête pour tout observer. Il cherchait une solution.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le vendredi 26 juin 2015, 23:10:24
Jo écoutait toujours, sans le lâcher du regard, comme si rien ne comptait à part lui, et les mots qu'il prononçait. Elle comprenait ces rêves d'enfant, bien que les siens n'eut pas été les mêmes, certainement du fait de leur différentes éducations. Mais parfois aussi, il lui arrivait de rêver à ce genre de folles ambitions, juste pour occuper son esprit en dérive.
Puis le regard de l'homme s'en alla, se faisant lointain, sans que la rousse ne pense à se décrocher de sa contemplation. Seulement...

Un bruit sourd retentit derrière elle, un choc d'une intensité si violente que la jeune femme sursauta, effrayée. La bouche entr'ouverte, elle jeta un regard à Masaru qui paraissait aussi étonné qu'elle, cherchant la source du bruit. Faisant de même, elle se retourna vivement, le nœud avec lequel elle avait tenté de retenir ses cheveux s'arrachant sans même qu'elle ne s'en rende compte. Elle vit du sang sur le mur qui faisait face, et trois hommes encagoulés entrèrent, des monstres fantomatiques à l'esprit de Jo. La terreur s'empara d'elle, comme un lapin au beau milieu de la route qui aperçoit soudain les phares d'une voiture insensible fonçant inexorablement sur lui.

Les instincts cachés au plus profond d'elle-même semblèrent remonter soudainement à la surface, nourris par des semaines passées sous forme animale.

Danger. Courir. Fuir. Se cacher. Devenir autre chose. Autre chose.

Elle ouvrit la bouche pour pousser un cri, paniquée par ce qui arrivait à elle, quand elle sentit une main se plaquer fermement contre sa bouche, grande et forte, préférant étouffer plutôt que de laisser sortir le hurlement de terreur. La changeforme prit alors conscience, lentement, du bras derrière son dos et de l'homme qui la regardait, terrifié mais calme, un doigt sur la bouche. Elle aurait aimé se tortiller, se transformer en un quelconque insecte et fuir d'ici. Mais quelque chose l'en empêcha. La peur raisonnable de se faire remarquer et attraper  ? A moins que ce ne soit la présence de Masaru à ses côtés, ne pouvant foncièrement se résoudre à l'abandonner, alors qu'elle ne le connaissait même pas ? Elle n'en avait aucune idée, alors qu'elle restait là, immobile, arrêtant peu à peu de trembler.

Une des hommes leur hurla des ordres, sauvagement, et la haine qu'il ressentait en disant ces mots était si profonde qu'il fit peur à Jo, comme certainement aux autres pris au piège.

"Que les honorables japonais sortent, nous ne leur voulons aucun mal."

Directement, l'instinct de Joana lui cria de fuir. C'était animal, elle ne pouvait pas le retenir, au-delà d'un manque de courage flagrant. Elle tira sur le bras de Masaru, avec insistance, comme si elle ne pouvait pas y aller seule. A cet instant, elle ne voyait pas qu'eux deux n'avaient absolument rien de japonais honorables, elle ne pensait qu'à sortir de l'emprise de leurs regards. Mais le professeur refusait, catégoriquement, et cela lui fit mal mais elle résista à son instinct, ne pouvant plus qu'attendre maintenant que ceux qui pouvaient encore être sauvés se précipitent dehors.

Impuissance. Voilà ce qu'elle ressentait, ce qui lui serrait la gorge dans un sanglot étouffé, ce qui lui faisait agripper le bras de Masaru, comme si il pouvait bien les sauver, lui. Car maintenant, elle ne pouvait plus rien faire à part être impuissante.

Et ça, c'était inacceptable.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le samedi 27 juin 2015, 00:13:35
Masaru se sentait responsable de la vie de Joana. Il était effectivement responsable de leur présence ici, mais il ne pensait même pas à ça. Il voulait la sauver d'une mort certaine. Ses jolis yeux bleus naguère passionnés, enthousiastes et enjoués s'étaient tout à coup emplis de terreur, de panique. Il la serra contre-lui, comme si tout à coup, elle était devenue la chose la plus importante à ses yeux. Plus importante encore que sa propre vie. Il n'avait jamais su pourquoi, mais Masaru avait toujours trouvé sa motivation dans son altruisme. Toujours les autres en premier, toujours. A fortiori quand c'est une demoiselle, qui semble paniquée et désorientée. Ses émotions étaient confuses. Il se sentait à la fois plus fort, plus grand dans la mission dont il se sentait le porteur, celui de sauver Jo', mais il se sentait aussi vulnérable.

Un second coup de feu retentit, une deuxième exécution. Les autres otages hurlèrent, mais Masaru se tut. Il était terrifié, des larmes ruisselaient le long de ses joues, mais son regard devint de plus en plus déterminé. Il n'allait pas mourir là, maintenant. Il réfléchissait, de plus en plus vite, sans savoir ni comment, ni pourquoi, mais ses pensées s'accélérèrent. Il fit des liens logiques qu'il n'aurait jamais fait avant. Peut-être l'adrénaline, peut-être autre chose, la panique devrait lui épargner des pensées complexes pour se concentrer sur l'essentiel, les fonctions vitales. En cas de fort danger, seul le cerveau reptilien doit normalement fonctionner et prendre le dessus sur le reste. Après tout c'est un vestige de l'évolution, il a bien fallu ça pendant un temps pour garantir la survie de l'espèce. Et il était là, dos au paravent, Joana devant lui, plaquée contre lui. Il la serra contre lui alors que son regard était perdu dans ses pensées. Il cherchait une solution, n'importe laquelle, du moment que ça allait marcher.

Sa vision du temps se déformait. Chaque seconde semblait à la fois minuscule, et à la fois éternelle. Il sentait que le moment où les assassins les trouveraient allait bien arriver, et rapidement, mais il regardait partout.

Il fallait trouver un moyen de neutraliser les trois en même temps, sans quoi s'il en restait un il se chargerait du reste. Pas d'arme à disposition, et un lancer de couteau serait bien trop aléatoire. Pas d'explosif. Pas de poison. Il se sentait de plus en plus acculé, serrant de plus en plus fort Joana contre lui.

Soudain l'éclair se fit. Les pièces du puzzle s'imbriquèrent d'un coup. Il murmura à l'oreille de celle dont il sentait le coeur en panique:

-J'ai peut-être un plan. Je vais vous lâcher, faites le moins de bruit possible...

Il passa sa main sur la joue de Jo', comme pour la rassurer, et mit son plan en action.

Il avait remarqué que les trois assaillants faisaient partie du "Nippon Kaigi", un mouvement d'extrême-droite révisionniste et anti-immigration. Certaines membres de cette organisation avaient un tatouage en commun, au niveau du poignet, qu'il remarqua sur l'un d'eux. Il avait vu ceci il y a longtemps, et ne comprit pas comment il avait pu s'en souvenir. Il tapa alors sur son portable les mots "Nippon Kaigi", et ferma son portable immédiatement.

Tout de suite après, et malgré le troisième coup de feu, il prit la carafe d'eau encore pleine. Il regarda Jo' en lui faisant un signe de tête, le regard toujours aussi déterminé. Il s'accroupit alors, pour laisser couler de l'eau, sans bruit, dans une des rainures du carrelage. Coup de chance le restaurant marquait une légère pente vers la sortie, et de l'eau se mit alors à couler sur le carrelage blanc. Impossible pour quelqu'un qui ne le savait pas de voir ce mince filet d'eau. L'eau coulait, sur les dix bons mètres du restaurant, pour aller jusqu'aux pieds des ravisseurs. De deux d'entre-eux seulement. Mais le plan n'était pas fini.

Il fouilla dans son sac, et trouva son chargeur. Il prit un couteau qui trainait sur la table, et rompit le câble pour laisser les fils électriques apparents. Il brancha alors le chargeur dans le vide, avant de passer à la phase finale de ce qu'il avait trouvé. Le monde semblait tourner lentement autour de lui et remarquait de plus en plus de détails.

Son regard se posa seulement un instant sur un couple, par le biais d'un miroir. Il remarqua une quantité phénoménale de petits points qu'il n'aurait probablement jamais vus dans un contexte tout autre. Il vit qu'elle était mariée, mais pas lui. Elle avait enlevée son alliance et Masaru avait vu la bague tomber du sac. L'intérieur du bijou semblait poli, car probablement souvent enlevé. Pourquoi enlever une alliance? Probablement pour voir d'autres hommes... Tandis que l'homme en face de lui ne portait pas d'alliance. Son amant donc. Comment avait-il peut voir ça? Aucune idée.

Les meurtriers perdaient patience et allaient passer à leur prochaine exaction. Masaru sortit alors son portable, régla la luminosité à fond, et visa les yeux des hommes encagoulés par le miroir. Les ravisseurs eurent un moment de surprise, avant d'aller voir d'où venait le message. Tous les trois, réunis, alignés dans le filet d'eau au sol. Masaru renversa le fond de la carafe d'un coup, et mit en contact le fil dénudé via la gaine en plastique avec le filet d'eau. Le choc fut aussi immédiat qu'on pouvait l'imaginer.

Les plombs avaient sauté. Plus de lumière, et on ne put entendre qu'un seul bruit. Les chutes simultanées des trois agresseurs suite à l'Ampère qu'ils venaient de subir. On ne voyait plus grand chose, à part le portable de Masaru qui mis quelques instants avant de s'éteindre, comme Masaru qui perdit connaissance et s'écroula d'un coup.

Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le samedi 27 juin 2015, 16:42:07
Un deuxième coup de feu retentit, et la jeune femme sursauta violemment, sans pouvoir s'en empêcher. Elle parvint à retenir le cri que certains autres otages poussèrent. Elle était trop choquée maintenant pour ne serait-ce que remarquer Masaru qui regardait frénétiquement dans tous les sens, analysant toutes sortes de choses dont la jeune femme n'avait pas même conscience. Elle sentit son étreinte se serrer plus encore. Les yeux perdus dans leur contemplation des fusils levés, des meurtriers en noir. Le regard jonglant éperdument entre la jeune femme allongée dans son propre sang, morte, et l'homme encagoulé qui lui avait tiré dessus.

Soudain, Masaru se détacha d'elle. Sa présence se retira, et se fut comme un choc de plus pour elle, comme si c'était son seul pilier qui disparaissait, la laissant sans repère, malgré la douce main qu'elle sentit sur sa joue, le temps d'une seconde. Le calme s'empara peu à peu d'elle, acceptant, et elle hocha lentement la tête en entendant ce qu'il disait. Un plan ? Mais quel plan pouvait-il bien avoir dans une pareille situation ? Elle aurait voulu le retenir mais n'osa pas, après tout, mieux valait agir plutôt que de se laisser tuer sans raison. Elle fronça les sourcils, terriblement inquiète et, malgré le calme qu'elle réussissait petit à petit à maintenir, une frayeur profonde. Elle aurait détesté qu'il meurt, à cet instant. Profondément détesté.

-Fais gaffe, lui souffla-t-elle, comme si ça pouvait bien changer quelque chose. Elle était passée du vouvoiement au tutoiement, sans même s'en rendre compte, dans un ton bouffé par l'inquiétude et la peur.

Elle se força à détacher son regard de celui de Masaru, une froide terreur lui grignotant le ventre. Elle ramena ses jambes contre son ventre, les entourant de ses bras nus, dans un position purement protectrice. Comme pour se cacher de leurs regards accusateurs.

Les hommes commencèrent à vociférer, rudement, s'approchant inexorablement de leur table. Heureusement, elle était située dans un coin du restaurant, mais se fut un détail quand Jo posa à nouveau son regard sur le cadavre de la femme. Un des hommes encagoulés s'approcha d'une jeune femme, lui hurlant au visage alors qu'elle sanglotait pas à coup. Jo avait peur, Jo se souvenait des mauvaises choses qui lui étaient arrivées qu'elle aurait préféré oublié, et Jo aurait voulu se lever, pour que tout s'arrête.

Et d'un coup, les plombs sautèrent. Tout s'éteignit, et on entendit un bruit mat, sourd, comme si quelqu'un avait chuté. Durant une seconde, se fut le silence complet. Jusqu'à ce qu'un bébé pousse un gémissement, et Jo se reprit.

Que c'était-il passé ? Était-ce Masaru ? Les terroristes s'en étaient-ils allé ?

Dans la confusion, personne ne sembla régir. Joana se tourna vers le professeur, paniquée de nouveau, sans le trouver. De rage, par son impuissance, elle songea alors à troquer ses yeux pour ceux du chat. Ainsi, pour elle, la vision lui revint peu à peu, étrange.

Elle se leva précipitamment, évaluant la situation. Elle était dans un état de transe. Elle devait agir. Lorsqu'elle remarqua les trois hommes en noir affalés, à terre, elle s'exprima, criant pour que tout le monde l'entende :

-PARTEZ D'ICI !!

Étaient-ils morts ? Peu importe se dit Jo. Si ils se relevaient, elle les tuerait, comme elle en avait tué d'autres, de la même manière perfide et incongrue. Mais pour l'instant, tout le monde s'enfuyait, renversant chaises et plats froids, dans un brouhaha terrifiant. Personne ne faisait attention aux autres, cherchant à fuir au plus vite. Personne ne prit le temps de voir si leurs assassins étaient bien morts, ni des clients morts qui gisaient au sol. Et Joana non plus. Tout ce qui l'intéressait à présent, c'était fuir.

Mais pas sans le professeur. Où était-il ?

Puis elle le vit, affalé entre les chaises. Pourquoi c'était-il évanouit ? Qu'avait-il fait ? Pas le temps de réfléchir. Elle ne pouvait pas le transporter sous forme humaine, mais elle se jura qu'elle ne partirait pas sans lui. Partir où ?

Elle laissa sa question en suspend, et se pencha vers l'homme qui respirait par à coup. Il était à peine conscient.

-ебать, merde !

Elle renversa la table et s'accroupit. Sans chercher à le ménager, elle glissa ses bras sous son dos et ses genoux, le soulevant sans difficulté apparente. Elle avait emprunté sa force au gorille, et ses bras avaient étrangement grossit, presque singe. Pas vraiment sexy, mais elle le transporta facilement vers la cuisine, cherchant une sortie plus discrète. Merde, dans quoi s'était-elle fourrée ? Elle qui voulait de l'action, elle était servie. Le cœur au bord des lèvres, elle trouva rapidement la sortie arrière, priant pour ne pas faire de mauvaise rencontre.

Elle déboucha sur une ruelle vide, donnant sur l'entrée des immeubles du dessus. Jo avait souvenir qu'il habitait là-dessus, mais comment savoir quelle maison était-ce ?

Elle le déposa doucement sur un banc, réfléchissant activement à un moyen de le réveiller. Elle se pencha sur lui, reprit son pouls, le secoua. Il broncha un peu. Elle eut un sourire, ne voyant même pas les larmes qui brouillaient sa vue.

-Réveilles-toi, bon sang ! Réveilles-toi ! Puis elle se souvint brutalement, et commença à sangloter doucement. Ils sont morts, on les a laissé... Là-bas. On les a laissé là-bas ! Morts !

Il fallait qu'il se réveille. Elle ne pouvait pas le ramener chez elle dans cet état, et il ne pouvait pas la laisser toute seule sans explication. Elle lui prit le bras, les genoux nus contre le sol poisseux, toute son attention sur son visage. Un filet de sang coulait du coin de ses lèvres.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le samedi 27 juin 2015, 20:48:21
Le trou noir total. Aucun souvenir, il n'avait rien vu, rien entendu. Ni les pleurs de Joana, ni les hurlements des otages. Rien. Il n'avait pas non plus senti qu'on l'avait transporté. Mais le noir vira au gris, puis au blanc au fur et à mesure du temps. Ses yeux se rouvrirent, quelques temps après que Jo l'ait déposé sur le banc de la petite ruelle.

Son audition revint petit à petit, et il put entendre les pompiers ainsi que la police arriver. Il avait fait un malaise, suite à la décharge d'hormones dans le cerveau, et au stress évident causé par la prise d'otages... Enfin l'exécution devrait-on dire. Sa vision trouble se clarifia un peu, malgré la fissure dans un des verres de ses lunettes. Il vit Jo', penchée sur lui, les yeux rougis par les larmes. Son bras contre le corps de la jolie rousse, il lui fit un petit sourire. Il savait que son plan avait marché, sinon ils ne seraient pas là mais plus haut. Au paradis, ou en Enfer... Ou nulle part en fait.

Sa tête tournait encore, mais, coup de chance, il était tombé contre les chaises, et s'était par conséquent épargné un traumatisme crânien dû à un choc de sa tête contre le carrelage.

On entendit au loin le bruit des forces spéciales d'intervention qui pulvérisèrent la vitrine et qui rentrèrent pas la force. Un peu tard. Trop tard pour les malheureux qui avaient été exécutés.

Toute la pression retomba d'un coup dans les secondes qui suivirent l'assaut. Pas de coup de feu, rien. Ils étaient donc hors d'état de nuire.

Masaru passa sa main sur la joue de Joana, et s'épargna les politesses d'usage qui ne sont à propos que dans un contexte... Classique, et qui seraient par conséquent ici tous sauf adaptées.

"-Tu vas bien? Rien de cassé? Ils ne t'ont rien fait?"



Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le dimanche 28 juin 2015, 15:55:11
Un immense sourire éclaira son visage, et elle oublia un peu ce qu'il venait de se passer face au soulagement bien trop intense qu'elle ressentait en voyant le jeune homme ouvrir, hésitant, ses paupières. Elle était heureuse qu'il n'ai rien vu pendant son évanouissement. Et heureuse qu'il n'est pas l'air d'avoir perdu la mémoire, ou d'avoir subit un choc crânien en tombant de sa chaise.

Elle ne répondit rien un moment, juste là, à le regarder, comme elle avait l'habitude de faire. Pourquoi posait-il des questions sur elle ? C'était lui qui avait faillit mourir en se fracassant contre le sol, en tentant elle-ne-savait quel plan pour se sauver de cette parenthèse infernale... Alors elle laissa la question en suspend, un instant. Malgré tout, elle finit par répondre :

-Tout va bien. Mais... Qu'est-ce qui t'es arrivé, Masaru ? Tout c'est éteint, puis tu es tombé et j'ai rien pu faire et... J'ai vraiment cru que t'étais mort sans que je sache pourquoi. Tu as mal où ?

Les larmes se calmaient peu à peu, non, il n'était pas mort, non, elle n'était pas morte. Mais elle s'accrochait toujours à lui. Elle était comme une bestiole domestique qu'on lâche soudain dans la nature : totalement perdue. Des bruits, sourds, lointains, arrivaient à elle, toujours agrippée à son bras. Elle avança sa main vers son front, d'un geste calme, tendre presque, et tira sur sa manche pour effacer doucement le sang qui lui coulait dans les yeux. Elle aurait aimé le serrer dans ses bras, là, tout de suite, mais elle s'abstint. Elle ne voulait pas lui faire mal.

En réalité, du monde c'était rassemblé derrière elle, dans la ruelle. La police et des ambulances. Ils s'étaient déjà arrêté, avaient déchargé et étaient entrés dans le restaurant, à l’affût des terroristes.

Jo se retourna soudain, comme si elle ne les apercevaient que maintenant. Une bouffée de rage monta en elle. Était-ce juste maintenant qu'ils arrivaient ? Maintenant que trois personnes mourraient, assassinées inutilement par des fous meurtriers, encagoulés ? Elle eut envie de se lever, de courir vers eux et de leur hurler à la figure : de quel droit ?

Mais elle resta là, les yeux rougis, les manches et les genoux en sang, regardant éperdument la scène d'après-chaos. Des gens s'étaient rassemblés. Quelqu'un venait à eux. Elle pressa encore le bras de Masaru, partagée entre le soulagement, la terreur et la colère.

-Mademoiselle, monsieur ! Peut-on vous poser quelques questions ?

Un homme était arrivé en courent, comme pressé. Il posa un regard sur Masaru en fronçant les sourcils d'un air profondément professionnel. Ne répondant pas, Joana le regarda s'avancer précipitamment vers Masaru qui c'était légèrement relevé. La métamorphe ressentit une pointe de déception à l'idée qu'il ne puissent continuer à échanger sans être dérangés, sceptique en voyant l'homme s'approcher de lui pour commencer une auscultation en règle.

L'ambulancier commença à prendre son pouls et à l'examiner pour connaître son véritable état. Peut-être cachait-il quelque chose d'invisible, peut-être avait-il besoin de soin ? Jo connaissait particulièrement bien les hôpitaux et se rongea les ongles en attendant le verdict du médecin.

En ayant finit avec le professeur, il s'approcha vers elle, qui le regardait d'un drôle d'air. Elle n'avait aucune envie de se faire ausculter, d'une quelconque manière, par cet homme. Elle leva les mains, reculant, en disant rapidement, comme pour ne pas qu'il s'approche plus :

-Tout va bien pour moi !

Il insista, posant un regard sur elle, cet illustre inconnu. Elle répéta sa phrase, plus insistante à son tour, et il l'observa d'un air sceptique. Elle détestait qu'on la détaille de cette manière. L'air farouche de la rousse finit certainement par le convaincre et il lui indiqua l'ambulance quelques mètres plus loin « si jamais vous en avez besoin». Elle lui jeta un regard noir totalement injustifié et l'homme la considéra avec indulgence, avant de leur expliquer que des policiers devaient venir pour leur poser des questions. Puis il s'en alla retourner vers d'autres anciens otages.
La change-forme pria pour que cela ne dure pas trop longtemps.

Elle avait simplement envie de fuir.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le lundi 29 juin 2015, 15:39:18
Le sourire de Joana marqua la fin de cet épisode tragique. Même si physiquement Masaru allait bien, il était encore en état de choc. Le bruit des armes à feu. Le bruit des corps tombant les uns après les autres sur le sol. Les hurlements. Ce bullet-time qu'il a vécu, cette idée qu'il a eue. Beaucoup d'émotions, trop pour quelqu'un d'aussi banal que lui. Une situation extra-ordinaire pour quelqu'un d'on-ne-peut plus ordinaire.

Ce contact humain avec cette inconnue qu'il avait rencontrée il y a à peine une heure lui permettait de ne pas sombrer sur le moment. Ses idées s’éclaircirent et il se remémora la scène dans son ensemble, et fut envahi d'un sentiment de culpabilité immense qui le submergea. Il aurait du en sauver plus. Il aurait dû penser à tout ça plus rapidement, sans hésitations. Des larmes refirent surface sur ses yeux marrons, qui trahissaient un regard faible. Même si tout s'était en fait passé très vite, en quelques minutes, il était marqué comme quelqu'un qui aurait couru pendant des heures.

Le petit geste de Joana, cette douceur qui tranchait avec l'horreur qu'ils venaient de vivre... Cela faisait du bien. Tellement de bien. Il se sentait en sécurité, presque bercé par chaque petit mouvement sur son front.

-J'aurai du en sauver plus... Penser à tou- Il fut interrompu par l'ambulancier qui venait d'arriver. Masaru prit sur soi, et essuya les larmes qui avaient recommencé à perler le long de ses joues. L'ambulancier commença son check up, le pouls, les pupilles, et posa quelques questions sommaires sur son état. Il n'avait rien de cassé. Jo' avait l'air inquiète mais Masaru lui fit signe que tout allait bien. L'ambulancier annonça le diagnostic préliminaire, posé rapidement avec les moyens du bord.

-Rien de cassé, mais il est en état de choc. dit-il à Joana qui semblait attendre le résultat. Il se tourna alors vers le principal concerné. On va vous emmener à l'hôpital le plus proche pour de plus amples examens.

-Pas besoin. J'ai rien de cassé justement. J'ai juste besoin de calme, et d'être dans un endroit que je connais. Je viendrai demain pour un check-up complet. Mais on ne m'a pas frappé, ni même touché. Allez voir ceux qui en ont vraiment besoin.

L'ambulancier essaya de le convaincre, sans succès. Ce n'était pas raisonnable, mais plus il repensait à la scène, plus il refaisait tourner les images dans sa tête et plus il se rendit compte que quelque chose d'anormal s'était passé. L'adrénaline seule ne suffit pas à expliquer le fait qu'il se soit transcendé à ce point. Le secouriste repartit  en trottinant jusqu'au lieu du drame, en croisant deux personnes qui semblaient venir en direction de nos deux victimes.

Le cortège de police, arrivé sur les lieux, avait dépêché deux policiers pour venir les voir, leur poser quelques questions. Masaru se leva afin d'aller vers eux directement. Il n'avait absolument pas envie de répondre à leurs questions, et le leur expliqua sommairement. Il faisait partie des otages, il s'était retrouvé là purement par hasard, il a trouvé un moyen de les mettre hors d'état de nuire, et ils pourraient voir tout ça sur les bandes d'enregistrement. Il leur annonça cash qu'il était en état de choc, et qu'il n'avait pas les idées claires, et qu'il avait besoin de repos. Il sortit de son porte-feuilles sa carte d'identité, et l'un des deux représentants des forces de l'ordre tiqua à la lecture de ladite carte. Oui oui, c'était bien le "Orange" du même nom que l'ambassadeur reconnu dans tout le pays par ceux qui avaient l'habitude de faire partie de l'administration.

Il n'aimait pas particulièrement utiliser son nom comme passe-droits, mais dans une situation pareille il n'eut aucun remord. Les deux policiers allaient pour poser quelques questions à Joana quand il leur dit qu'elle était avec lui, et qu'elle n'en savait vraiment pas plus, et qu'elle était très choquée. Masaru leur indiqua qu'il habitait juste au dessus, et qu'ils allaient probablement monter pour être au calme pendant un temps. Ils vérifièrent rapidement l'adresse qui correspondait effectivement. Difficile de toutes façons d'aller bien loin alors qu'un cortège de sécurité avait commencer à s'ériger tout autour du pâté de maisons. Masaru leur donna son numéro de téléphone, et leur indiqua qu'ils descendraient quand ils iront mieux et qu'ils auront encaissé le choc

La défiance qu'elle afficha envers l'ambulancier montra clairement qu'elle n'avait aucune envie de répondre à un interrogatoire. Ils n'essayèrent pas de creuser, et firent demi-tour, le croyant sur parole. Masaru revint vers Jo' qui était restée un peu en retrait.

-Tu veux monter? On sera tranquilles et j'pense que ça nous fera pas de mal d'être un peu au calme... En tout cas personnellement j'en ai besoin... Je ne te force pas la main évidemment, si tu préfères rentrer chez toi je comprendrai. J'ai dit aux flics que t'étais pas en état de répondre à leurs questions, on devrait être tranquilles pour le moment à ce niveau là je pense.

Il prit un temps pour souffler. Un silence, une petite pause. Comme pour respecter la solennité de l'instant.

-Merci pour tout en tout cas... Vraiment. Je ne sais pas comment t'as réussi à me faire sortir mais... Merci. Pour tout.

Il espérait vraiment qu'elle allait accepter de monter. Il ne voulait pas la quitter, pas dans un moment pareil.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le mardi 30 juin 2015, 12:46:33
Apparemment, tout allait bien. Joana soupira, soulagée. Elle restait en retrait, impatiente, nerveuse par toute cette agitation. Des gens couraient, allant et venant ; policiers, médecins, parents venus à la rescousse. Et bientôt ce serait certainement aux médias de relayer la tragédie aux info, des journalistes allaient bientôt venir sur ce lieu d'horreur et Joana comptait fermement partir d'ici avant que cela n'arrive. Il était rare qu'elle pense à ce point au futur, proche du moins, mais elle fronça les sourcils en voyant un policier en uniforme s'approcher de Masaru. Quand auraient-ils fini ?Serait-ce à son tour, ensuite ? Jo se dit qu'elle ferait mieux partir avant. Elle savait très bien qu'elle était personne aux yeux de l'administration et du Japon. Cependant elle resta là, à attendre encore.

Pourtant ce  ne fut pas le cas. Le policier ne lui jeta pas même un regard et s'en alla rapidement vers d'autres rescapés. Jo se dit qu'ils auraient tout de même pu attendre qu'ils soient remis du choc pour les interroger. Puis un autre pensée vint à elle : ils le feraient ; ils reviendraient, bien sûr. Et même si elle savait qu'il fallait retrouver le réseau des terroristes, porter des accusations, venger légalement les personnes assassinées, Jo s'en fichait. Égoïstement, elle voulait juste être en paix.

Comment le professeur avait-il pu abréger sa discussion avec le policier et éviter qu'elle se fasse aussi interroger ? Elle délaissa cependant cette question pour l'instant, reprenant petit à petit son calme ou du moins, une partie de son tempérament habituel. Mais elle restait sombre, presque triste, comme une gamine qui ne comprends pas pourquoi on l'a punie.

Enfin l'homme revint vers elle.

-Tu veux monter? On sera tranquilles et j'pense que ça nous fera pas de mal d'être un peu au calme... En tout cas personnellement j'en ai besoin... Je ne te force pas la main évidemment, si tu préfères rentrer chez toi je comprendrai. J'ai dit aux flics que t'étais pas en état de répondre à leurs questions, on devrait être tranquilles pour le moment à ce niveau là je pense.

Elle fronça les sourcils, elle n'avait pas vraiment envie de le déranger plus que déjà. Mais l'idée de le quitter maintenant lui était étrange, et elle ne s'y faisait pas. Elle n'était pas totalement remise, le cœur toujours au bord des lèvres suite à la frayeur qu'elle avait ressenti.

-D'accord, répondit-elle en s'approchant.

Mais...Merci. Pour tout.
Elle ne savait pas quoi répondre à ça. Elle aussi, elle aurait voulu le lui dire, mais elle n'avait pas les mots, et ça la désolait. Elle ne voulait pas que ça sonne creux. Alors, hochant doucement la tête, elle lui rendit son regard, bien plus sincère que des paroles maladroites qui auraient sonné creux. Il indiquait clairement : je comprends, et c'est réciproque.

-Tu habites à quel étage ?

C'était une question toute simple, anodine, et Jo s'avanca pour passer doucement un bras autour de celui de Masaru, dans un geste naturel, dénué d'arrière-pensée. Elle voulait juste être présente, et si il ne voulait pas parler, rien expliquer, au moins elle serait là comme lui l'était.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le mardi 30 juin 2015, 13:42:20
Son regard valait mille discours. Un mélange de tendresse, et de compassion. Sa réponse à venir l'angoissait. Comme si tout ce qui lui restait en ce moment précis se jouait en trois lettres, oui ou non. Il ne la connaissait pas, l'appréciait mais mais au point de représenter tout son monde présent. Il se retrouvait face à lui, caché sous une tignasse rousse, de jolies formes et des yeux dont le bleu rappelait l'azur du ciel d'été qui les surplombait. Masaru espérait simplement que cette part de lui même qui s'est construite lors de la dernière heure ne partirait pas.

-Tu habites à quel étage?

Un soulagement. Quel soulagement. Masaru sourit un peu en coin avant de répondre.

-28e. Les deux systèmes électriques, du restaurant et de l'immeuble, sont disjoints, donc coup de chance l'ascenseur devrait marcher. fit-il en s'avançant pour composer le digicode de l'interphone. 1789, tout un symbole pour un français exilé à plusieurs milliers de kilomètres de chez lui.

Une boutade pour alléger l'atmosphère, un petit sourire. Le Masaru qu'on pouvait avoir l'habitude de fréquenter, la causticité des propos en moins toutefois. Joana passa son bras sous le sien et Masaru la serra contre lui. Seule elle pourrait à jamais comprendre ce qu'il a vécu. Il pourrait décrire aussi bien qu'il le voudra la scène, il ne pourrait jamais reconstituer l'horreur qui venait d'arriver. Ces cris. Le bruit du crâne qui se fait perforer à bout portant par un représentant de ce que l'Humanité a produit de pire. Seule elle le comprendrait.

Des flashbacks commençaient à revenir, ce qu'il avait fait, le regard terrorisé de Joana et la scène de chaos dans son ensemble. Il ferma ses yeux en forcant, comme pour nier intérieurement ses souvenirs.

Ils rentrèrent dans le hall de l'immeuble. Le hall était immense, et rappelait les immeubles de luxe qu'on pouvait trouver dans toutes les grandes capitales du globe. Sol sobre en carrelage sombre, spots sur le haut plafond et marbre orangé pour décorer les boites aux lettres, devant lesquelles ils passèrent, silencieux. Masaru ne dit pas un mot, attendant d'être chez lui. Il eut l'impression que parler alors qu'ils n'étaient pas isolés pourraient casser la bulle dans laquelle il souhaitait s'enfermer. L'ascenseur était ouvert, attendant qu'on l'utilise. Tout aussi luxueux que le reste d'ailleurs, les parents de Masaru, et surtout son père, étaient très aisés et purent offrir le meilleur à leur fils unique. Ca, plus l'argent qu'il commençait déjà à gagner en publiant des articles dans des revues scientifiques, auquel on pouvait évidemment rajouter ce qu'il gagnait avec les cours qu'il donnait... L'argent n'était pas un soucis pour lui.

Masaru appuya sur le bouton pour monter au 28e étage de cet immense immeuble qui en comptait une quarantaine. Il la serra contre lui, ayant irrationnellement peur qu'elle parte. Des larmes se remirent à couler, sans avoir le nez encombré, témoin d'une peine véritable, et non du choc en lui même.

-Désolé... D'habitude j'évite de pleurer quand y a des témoins mais je dois bien t'avouer que là j'ai du mal à prendre sur moi...

Quelques instants plus tard la porte s'ouvrit sur le couloir, qui était à l'image du hall: moderne, classe, luxueux sans être tape-à-l'oeil. Il prit ses clés dans son sac et ouvrit la porte en laissant à Jo' le soin d'entrer la première. Il le remarqua d'ailleurs, et se fit la réflexion que la galanterie était passée dans son cerveau des réflexes, et que cette habitude n'était plus un code social, mais une façon de procéder, comme le fait de marcher par exemple.

L'appartement était assez grand. La lumière n'était pas forte car Masaru avait pris le soin de fermer partiellement les stores avant de partir au boulot ce matin même. L'atmosphère était par conséquent respirable. La configuration de l'appartement respectait ce schéma (très mal dessiné) (http://puu.sh/iI7VV/6f6f0165a0.png), avec les fenêtre en face de l'entrée en rentrant. Il jeta son sac contre le mur en suivant Joana.

-Pose tes affaire où tu le voudras...

Il s'assit ensuite sur un des deux canapés en cuir noir du salon/coin télé en espérant que Jo' allait le rejoindre.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le mercredi 01 juillet 2015, 13:24:01
28 étages, cela semblait aussi haut que l'Everest pour Joana. Elle leva le nez au ciel, son regard passant sur les dizaines d'étages et l'immense immeuble qui surplombait le maudit restaurant. Elle imagina qu'elle était un oiseau, tout là-haut, surplombant la ville, comme un visiteur extérieur, simplement observateur. Elle ne comptait plus les fois où elle s'était retrouvée perchée sur un immeuble de ce genre, totalement libre. Ou presque.

Ses habituelles pensées lunaires lui permettaient presque de passer outre la scène de violence que les deux venaient de vivre. Étrangement, c'était comme si elle n'avait pas vraiment été là, comme si cela avait été quelqu'un d'autre. Comme dans un rêve. Joana n'était pas vraiment du genre à ressasser son passé, même extrêmement proche comme maintenant. Pourtant le mauvais souvenir et les émotions violentes qu'elle avait ressenti semblaient la suivre, vicieuses, s'accrochant à son cœur pour le balader dans tous les sens. Elle en avait la nausée.

Maintenant, le bras de Masaru était comme un pilier pour elle, une bouée à laquelle s'accrocher alors qu'elle dérivait peu à peu. Le sentir s'accrocher à elle de la même manière semblait lui rappeler qu'elle n'était pas seule. Elle eut un soupire, lourd mais pratiquement inaudible. Comment s'en sortir ?

-Désolé... D'habitude j'évite de pleurer quand y a des témoins mais je dois bien t'avouer que là j'ai du mal à prendre sur moi... 

Même si elle avait vu les larmes qui coulaient sur son visage, elle ne l'avait pas vraiment relevé. Elle savait et comprenait la tristesse qui le submergeait, même si elle ne le vivait pas de la même manière. La jeune femme serra légèrement son bras, pour lui montrer qu'elle comprenait, encore ; elle n'était pas du genre à accepter ce type de conventionnalité, le fait de cacher ses émotions parce qu'on ne veut pas voir la réaction des autres face à elles. Jo s'en fichait, elle se sentait juste mal, comme lui, et elle se disait que peut-être les étages qu'ils montaient à toute vitesse les éloignerait aussi du chaos qu'ils venaient de vivre.

Quelques temps plus tard, ils arrivèrent au bon étage, et le professeur sortit de son sac une clefs qu'il inséra sans plus attendre dans la serrure. La porte s'ouvrit sur un espace très clair, laissant filtrer la lumière d'une magnifique journée d'été comme celle d'aujourd'hui. C'était grand, spacieux, comme Jo n'avait pas l'habitude d'en voir. L'endroit où elle vivait était lugubre, payé au noir à un prix dérisoire avec l'argent qu'elle avait récolté au cours de ses divers vols. Elle ne s'en plaignait pas – à qui l'aurait-elle fait ? - car elle savait que c'était son choix que de vivre ainsi, totalement indépendante des lois établies. Elle aurait tout aussi bien pu revenir chez Will', en Russie, où elle aurait été accueillie à bras ouverts... Mais elle se refusait au métier qui l'attendait si jamais elle rentrait chez elle.

Quoi qu'il en soit, elle dévora des yeux l'endroit, simple et lumineux. Elle se demanda un instant comment il avait bien pu rassembler l'argent pour payer un tel appartement. Peut-être ses parents, tuteurs ? A moins qu'il n'est une femme dans sa vie, riche et assez généreuse pour payer pour deux ? Pourtant, elle ne distinguait pas d'affaire qui aurait pu appartenir à une femme.

Elle abandonna ses pensées-là pour faire glisser son sac le long de son bras, qui atterrit proche de celui de Masaru. Puis elle leva la tête pour chercher le professeur du regard, un peu perdue dans cet espace qu'elle ne connaissait pas. Elle s'avança vers les canapés disposés en coin, observant, trouvant un place sur celui où était assis Masaru, à l'endroit opposé cependant. Comme si elle voulait rester dans un coin, invisible, pour observer et se protéger. Par réflexe.

-C'est très beau, ici. J'aimerai savoir...

Elle fronça légèrement les sourcils, regardant Masaru. Elle n'aimait pas vraiment revenir sur ça, mais la question tournait dans sa tête depuis un bout de temps.

-Pourquoi la police nous a lâché aussi tôt ?

Elle entoura de ses bras ses genoux, comme pour se protéger. Le cœur au bord des lèvres, elle se concentra pour faire disparaître cette sensation, mal à l'aise. Il fallait que quelque chose se passe, pour faire partir son malaise, et elle se dit qu'elle aurait aimé pleurer mais que ses yeux, fourbes, restaient secs.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le jeudi 02 juillet 2015, 11:48:03
Il avait déménagé il y a peu, mais ce lieu était tout de même son refuge. Il avait pris ses marques, et même si le lieu en lui même ne lui était pas encore familier, certaines de ses affaires l'étaient. Sa carte des étoiles, qu'il avait reçu quand il était encore un môme, punaisée fièrement sur un mur. Ces chaises qu'il a récupérées de chez son père lui rappelaient ces repas qu'ils avaient passés ensemble, à parler de tout, de rien.

Jo' s'était recroquevillée sur elle-même, créant son cocon. Après tout c'est lui qui était chez lui, pas elle.

-Pourquoi la police nous a lâché aussi tôt ?

La question était donc bien importante pour elle. Des ennuis avec la justice peut-être? Elle avait éludé l'endroit où elle habitait, peut-être s'était-elle introduite sur le territoire clandestinement? Qu'importe après tout... Il la couvrirait si elle en avait besoin.

-Mon père est un haut dignitaire français, il a représenté la France au Japon à la fin des années 90, sous Chirac, un président français qui s'était attaché à tisser des liens importants entre l'Asie et la France. Les relations étant au beau fixe à cette époque, il s'est fait un nom dans tout le monde administratif du pays, ça m'étonne pas plus que ça que le gradé un peu âgé qui soit venu nous voir tout à l'heure ait reconnu le nom. J'en ai profité pour lui faire comprendre que j'avais envie qu'on nous foute la paix. J'aime pas utiliser mes relations mais dans un moment pareil j'ai pas eu de scrupules...

Masaru sortit deux verres de la table basse, et posa en posa un devant Joana. Il se leva pour aller prendre un pichet qui était posé sur le bar américain, et le posa également sur ladite table basse.

-Désolé j'ai que de la flotte... Si t'en veux sers toi fais comme chez toi, lui dit-il, en se servant et en s'hydratant un peu.

Ca va aller toi...?

Il semblait inquiet pour Jo', qui semblait toute frêle, toute fragile dans son coin de canapé.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le dimanche 05 juillet 2015, 11:48:06
Il y avait quelque chose qui semblait la ronger de l'intérieur, qui lui faisait mal. Elle n'arrivait pas à comprendre ce sentiment là, n'essayait même pas, à vrai dire. Elle n'aimait pas analyser, ce n'était pas son domaine.

Pourtant, peut-être était-ce cette question qui soufflait dans son esprit, doucereuse : « comment lui, un simple humain, avait-il bien pu faire ce qu'elle n'avait pas même réussi à imaginer ? Pourquoi un être moins muni qu'elle, plus normal, était arrivé à agir alors qu'elle restait bouche bée, paralysée, sans même penser à utiliser le seul don qu'elle possédait ? »

C'était comme si la réalité de l'action, éclairée par le temps qui était passé, lui revenait en pleine face. Comme si sa vue avait été brouillée, amorphe, et que c'était seulement maintenant qu'elle se rendait compte. Qu'elle se rendait compte qu'elle aurait pu agir. A toutes les possibilités qui s'étaient offertes à elle, et pas aux autres ; elle songea qu'elle aurait pu facilement se transformer et tuer ces trois hommes, ou même seulement les blesser gravement. Elle aurait pu le faire. Dès le moment où elle les avait vus. Et les trois otages ne serait pas morts. Ils auraient retrouvé leur famille, leur vie quotidienne, leurs joies. Alors n'était-ce pas à elle qu'ils devaient maintenant en vouloir ? Si ils avaient eut cette possibilité, eux, l'auraient-ils saisie ?

D'autres questions venaient à elle sans qu'elle ne puisse les empêcher, essayant sans y parvenir de prêter l'oreille à la réponse de Masaru. Une réponse, vicieuse, vint à elle. Je ne l'ai pas fais pour ne pas me dévoiler. Je voulais garder ma liberté, qu'on ne me pose pas de questions, et j'ai eu trop peur de ça, trop peur de perdre cette liberté, que j'ai préféré rester inactive. Et je savais que si ils allaient pour me tuer, je pourrai partir, juste au dernier moment. J'ai préféré ne rien risquer et ils sont morts.

Cette pensée la dégoûta, lui remuant le ventre et se carrant dans ses poumons, l'étouffant presque. Maintenant à quoi bon ? A quoi bon cette liberté qu'elle avait préservé si c'était pour vivre en se posant éternellement cette question : et si ?

-Je...

Elle n'y tenait plus, elle ne voulait plus y tenir. Elle ne savait pas pourquoi ici, maintenant, elle se fichait que quelqu'un soit là et puisse lire ses affreuses questions sur son visage. La honte et le regrets semblaient l'assaillir d'un coup, énormes, l'emplissant d'un désespoir terrible qui l'étranglait. Ses mots se perdirent dans un cri étouffé, et elle prit la tête entre ses mains, se prenant à pleurer. D'abord ses sanglots se firent étouffés, sourd, puis elle leur laissa libre court, se maudissant par toutes les insultes russes qu'elle connaissait. Elle voulait s'excuser, s'excuser auprès de ces morts, s'excuser auprès des familles, s'excuser auprès de Masaru qu'elle ne connaissait à peine et à qui elle aurait pu épargner ça. Alors oui, elle s'excusa, confuse, tremblant sous les pleurs qui déferlaient sur elle.

Elle avait l'impression que le monde entier portait un regard noir, dégoûté, sur elle. Tous sauf ces hommes encagoulés, qui la remerciait silencieusement par un sourire au lèvres.

Elle avait délaissé le verre vide sur la table basse.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le lundi 06 juillet 2015, 16:56:16
Le visage de Joana semblait se décomposer lentement. Le regard vide, pensif, perdu dans des pensées probablement noires. Masaru comprit qu'elle était en train de réaliser ce qui s'était passé. Aux souvenirs de cette scène irréalistes se rajoutaient les bruits d'hélicoptères qui tournaient au dessus de l'immeuble. Probablement des journalistes peut-être qu'il y avait aussi des forces d'intervention qui se déployaient, dans le cas d'une prochaine attaque préméditée.

Masaru se tut et se contenta de la regarder. La moue pensive, puis triste, puis les traits qui se tirent. Il arrivait presque à ressentir ce qu'elle ressentait. L'estomac qui se noue, la gorge qui se serre, puis les yeux qui s'humidifient avant cette libération. Quand enfin ce qu'on a sur le coeur, sur la conscience se lâche. Il se voyait en elle. Jo' qui avait pris sur elle, qui semblait si distante de tout ça prenait tout ça dans la figure. Et ça fait mal, très mal.

Il comprit qu'elle s'insultait en russe, au ton et aux quelques "сука" qui sortaient parfois entre deux sanglots. Elle semblait s'en vouloir... Mais pourquoi? Elle ne pouvait rien faire pourtant... Masaru se leva et s'assit à côté d'elle, en plaquant la tête de Jo' contre lui, en passant son bras derrière elle pour la blottir contre lui. Il n'était pas doué pour réconforter les gens, vraiment pas, et le savait. Il avait tendance à tout rationaliser, à argumenter, à décortiquer les choses pour montrer qu'au final, la peine de la personne en face de lui n'était pas fondée, et que des jours meilleurs étaient à venir. Et il avait raison, objectivement. La perte d'un proche, un accident, un examen raté, soit on ne pouvait rien faire et il faut essayer de passer à autre chose, soit on pouvait, et on doit essayer de faire mieux. Mais même en sachant ça, il comprenait parfaitement que les gens ne voulaient pas entendre ça, et qu'ils voulaient juste souffrir pour pouvoir aller mieux ensuite, plus tard.

Mais il se tut ici. Il ne voulait pas aggraver les choses, même s'il pensait fort à lui dire que ce n'était pas sa faute, et que tout était terminé. Mais non, car au fond elle avait peut être simplement besoin de silence. Alors il la serra contre lui, pour lui montrer qu'elle n'était pas seule. A défaut de dire quelque chose il se contenta de lui montrer quelque chose.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le mardi 07 juillet 2015, 10:50:05
Elle entendit Masaru s'approcher, sentit le canapé contre lequel elle était assise se plier sous son poids. Elle ne pouvait pas arrêter ses pleurs, mais ils ne la délivraient pas pour autant. Elle continua encore lorsqu'elle sentit la jambe de Masaru contre le sienne, ses bras l'entourant gentiment, réconfortants. Elle colla sa tête contre son torse, ses cheveux étalés sur son visage comme pour la cacher. Ses mains s’agrippèrent au tee-shirt de l'autre, et elle continua, continua.

Il fallut quelque temps pour qu'elle se reprenne peu à  peu, que ses pleurs s'étouffent dans sa gorge et que ses yeux bouffis arrêtent de ruisseler. Elle n'en pouvait plus, elle était fatiguée mais encore nerveuse, comme si cela ne lui avait pas suffit. Elle se décolla un peu de Masaru, ses mains toujours perdues dans ses tissus. Que lui dire maintenant ? Elle n'avait pas envie de parler, mais elle ne pouvait pas ne pas s'excuser, rester là sans rien faire avec ce qu'elle portait dans son cœur. Elle ne savait pas qui il était vraiment, mais elle savait qui il était pour elle : un soutien indispensable. Mais avait-elle le droit de l'estimer comme ça ?

Elle plongea encore son front contre lui, ne supportant pas de le regarder dans les yeux. Elle laissa ses paroles filer, sans chercher à les retenir ; elle ne fuirait pas cette fois-ci. Ses mots étaient audibles mais étouffés et sourds.

-J'aurai pu agir, Masaru, j'aurai pu. Ca aurait du être à moi d'aller et de les assommer, les empoisonner, les empêcher de faire ca... C'était pas à toi. Je suis désolée de...

Ses mots se perdirent encore, puis elle releva le visage vers lui, peur de voir dans ces yeux quelque chose qui la détruirait encore plus.

-Je... Elle soupira, déchirée entre l'envie de lui faire comprendre pourquoi, qu'il sache ce qu'elle aurait pu faire et qu'elle n'avait pas fait, il la comprenne ou la déteste mais qu'il arrête de la regarder avec compassion alors qu'elle n'en voulait pas. Je peux faire des choses que les gens... normaux, peuvent pas faire. J'aurai pu les sauver alors que personne d'autre en avait le pouvoir alors... Pourquoi ? Je suis restée là alo...

Elle sentit de la colère monter en elle, de la colère contre elle-même ; parce qu'il ne pouvait pas comprendre, comment le pourrait-il ? Et pourquoi ne pouvait-elle pas garder cela pour elle-même ? Elle n'allait récolter que de la haine, du mépris, ou bien il allait la prendre pour une folle. Et si c'était le cas peut-être pourrait-elle s'estimer satisfaite et partir d'ici, se transformer pour de bon et ne plus exister. A quoi  bon tout ceci ? Ses sentiments et ses buts semblaient se mêler en elle, incapable de les distinguer.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le mercredi 08 juillet 2015, 19:52:46
Il n'eut aucun problème à l'entendre. La pièce était complètement silencieuse, et l'ambiance était à la fois pesante, et respectueuse de la solennité de l'instant. Masaru continua à lui caresser l'épaule sur laquelle il avait sa main, en lui prenant sa main avec sa main de libre. A lui même ce moment lui faisait du bien dans le fond. Il ne prenait aucun goût à voir Jo' pleurer, loin de là, mais pour une raison qu'il ignorait (peut-être son instinct animal qui le poussait à la protéger mais qui sait...), il se sentait le devoir de veiller sur elle.

-Ce n'était à personne de faire ça, ne te sens pas coupable pour ça, vraiment, lui glissa t-il, avec sa voix douce et grave, à l'oreille.

Elle leva la tête, soudainement, triste au possible et manifestement rongée par la culpabilité. Elle lui annonça quelque chose qui le surprit. Il pencha la tête légèrement, comme s'il n'avait pas compris ce qu'elle avait dit. Il était titillé, entre savoir de quelles capacités elle parlait, et de la rassurer le plus vite possible. Il décida rapidement de parer au plus pressé, en la voyant complètement perdue.

-Tu n'y es pour rien. Ce qui est arrivé est affreux mais tu n'es pas responsable de ceci.

Il marqua une petite pause en la serrant contre lui et en continuant à la caresser. Il se remémora ces évènements qui eurent lieu à Manhattan, et du projet Initiative. Des gens avec des pouvoirs sortirent de l'ombre pour sauver la planète d'une menace extra-terrestre. Outre la menace imminente qui fut éviter, toute la communauté scientifique (dont Masaru faisait partie) fut ébranlé par un évènement pareil. Nous ne sommes pas seuls dans l'Univers, il existe des gens aux capacités spéciales... Beaucoup restait à explorer, et même si Masaru fut dubitatif avec toutes ces nouvelles informations au départ, il fit avec et essaya de ranger ceci dans un coin de son cerveau pour continuer à travailler sans perdre tous ses repères.

-Tu peux faire des choses anormales? Comme ces super-héros qu'on a pu voir à New-York y a plusieurs années?

Au moment de prononcer ses mots il eut peur de parler de tout ça de manière trop franche, de trop mettre les pieds dans le plat. Elle avait peut-être besoin qu'on arrondisse les angles, après tout c'était sans doute un tabou pour elle.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le jeudi 09 juillet 2015, 18:05:50
Maintenant qu'elle pouvait parler distinctement, Jo était totalement perdue. C'était incompréhensible, d'ailleurs, elle n'arrivait pas à comprendre. Elle aurait juste voulut disparaître à l'instant, ne plus exister, et elle avait soudain l'impression qu'elle nourrissait cette envie depuis bien plus longtemps qu'elle ne le croyait.

Mais pour l'instant elle ne pouvait pas. Elle regarda encore Masaru, et il lui sembla que c'était la seule chose réelle qui l'obligeait à ne pas recommencer à sombrer. Elle aurait volontiers rendu ce qu'elle avait dans le ventre si seulement il n'avait pas été là, mais cru bon de se retenir. Elle agrippa avec encore plus de force le haut de l'autre, serrant les dents comme un petit enfant pour éviter de pleurer encore.

Elle sentait qu'il voulait la rassurer, mais il ne comprenait pas, comment pouvait-il comprendre ? Elle aurait aimé qu'il la déteste à ce moment là, qu'il lui dise qu'elle avait le droit de se détester et qu'elle le méritait. Elle aurait voulut qu'il lui dise qu'elle n'avait aucune raison de vivre, vraiment aucune, alors à quoi bon continuer ? Mais pourtant il était là, sérieux, essayant vainement de comprendre mais elle ne voulant pas le lui céder. Elle était trop en colère contre elle-même.

Alors soudain elle lâcha prise. Elle était fatiguée de luter, fatiguer de ses émotions qui allaient et venaient en elle, alors elle se laissa envahir doucement par une tristesse invincible, et une étrange acceptation. Juste le temps de souffler. Mais elle avait toujours mal.

Elle chercha le regard de Masaru. Pourquoi lui parlait-elle de ça, maintenant ? Puis elle hocha la tête, lentement, le regard toujours triste, malgré sa comparaison douteuse. Elle était loin d'être une héroïne, se dit-elle sans s'en rendre compte.

-J'ai...

Elle descendit le regarde sur ses mains, absente, presque mélancolique. Puis elle lâcha le tee-shirt de Masaru pour les poser sur ses genoux. Elle sentait toujours la douleur et les questions. Mais peut-être ne lui appartenaient-ils plus.

-Je peux me transformer. Ou des parties de mon corps. En animal. Mais dit comme ça...

Elle soupira, cherchant ses mots. Ce n'était pas comme cela qu'elle le ressentait. Une fois qu'il saurait vraiment, qu'il comprendrait, il ne pourrait que la détester. Alors elle s'enfuirait, parce qu'elle n'avait besoin de l'attention de personne, pas même du dégoût ou de la condescendance. Il allait certainement la regarder de travers, la juger, comme le font les humains ; elle ne lui en voudrait pas.

-Mais c'est pas exact, vraiment. Je me sens plus moi-même quand je ne suis pas sous cette forme. Les animaux ont pas besoin de ressentir tout ça, eux. Ils sont libres.

Elle leva un regard vidé vers Masaru. Oui, elle aurait aimé être totalement comme eux. Ça lui aurait permis de se cacher totalement, de disparaître définitivement pour une vie plus simple.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le dimanche 12 juillet 2015, 09:56:18
Masaru se remémora les évènements bizarroïdes qui se sont passés depuis l'arrivée du SHIELD. Des gens aux pouvoirs paranormaux, des extraterrestres, des technologies dont nous étions encore loin d'arriver à produire... Même s'il fut un peu surpris par l'annonce de Joana, il remit ça dans le contexte actuel mondial et se dit que pourquoi pas, que c'était plausible. Il eut un instant d'hésitation, à se demander si elle se foutait de lui, après tout ça n'aurait pas été la première à faire un canular. Mais cette hésitation fut balayée quasi-instantanément lorsqu'il repensa à ce qui venait d'arriver. Personne n'aurait le moral à faire ce genre de blagues de mauvais goût. Alors il prit ça pour vrai.

Son regard intrigué pendant quelques instants laissa place à un regard compatissant après la révélation de Jo'. Il continua ce qu'il faisait, c'est à dire la câliner en posant une de ses mains sur son épaule, et l'autre sur sa joue. Dans ce regard tendre néanmoins se logea furtivement un éclair, une pensée qui lui permit de faire un lien qui manquait, un lien qui comblait cette pièce de puzzle qui manquait et qui laissait un goût bizarre.

-Et j'imagine que c'est par ce moyen que je me suis retrouvé hors du danger très vite après être tombé dans les pommes...

Il n'avait pas vraiment repensé à ce passage jusqu'à présent, mais la situation lui paraissait plus claire maintenant. Enfin plus claire si on élude son passage bullet-time. Il laissa un blanc, à continuer machinalement ses va-et-vient sur son épaule, avec son pouce. Il cherchait ses mots. Puis vint enfin:

-Tu sais... fit-il doucement, comme pour la bercer, avec toute la douceur du monde, tu n'es pas responsable de tout ça. Si tu t'étais transformée ils auraient peut-être eu peur et ils auraient d'office exécuté tout le monde. Ou tu y serais peut-être même restée qui sait. En aucun cas tu n'es responsable de ce qui est arrivée, et tu n'es pas plus coupable de "non-assistance à personne en danger". On ne pourra jamais savoir ce qui se serait passé "si". Ne t'en veux pas...

Il avait du mal à trouver ses mots mais espéra que ceux ci feraient mouche.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le lundi 13 juillet 2015, 21:08:37
Pour Jo, c'était une première de s'exprimer aussi ouvertement sur ses pouvoirs. Certes, elle n'avait jamais réellement cherché à les cacher, du moins pas directement, seulement... Cela faisait bientôt deux années qu'elle parcourait l'Asie, le Japon, seule ; faisant des rencontres inopinées et furtives. Elle aurait pu s'attacher ; certain s'y laissèrent prendre, mais elle partait toujours, laissant tout derrière elle, le peu de relations qu'elle avait pu acquérir la voyant partir les bras ballants, outragés. Mais, farouche, elle disparaissait de leur vie, à jamais, effacée. Elle n'était déjà plus qu'un rêve.

En débarquant à Seikusu alors, elle n'avait jamais pensé qu'il en serait autrement. Un jour ou l'autre, elle le savait : elle partirait, laissant toutes les choses qu'elle avait appris à connaître ici derrière elle. Elle resterait la vagabonde de passage qu'il était si dur d'attraper.

Pourtant elle ne pouvait pas s'y résoudre pour l'instant. Des multiples interdictions qu'elle s'était imposées, plus aucune ne semblait faire le poids maintenant. Alors qu'elle ressentait le contact de Masaru, comme une bouée au milieu d'un océan déchaîné, elle leva une main sur la sienne qui s'attardait sur sa joue humide, la serrant un peu. Elle avait les sourcils légèrement froncés, comme pour supporter la tristesse de son regard bleu comme la honte qui ne cessait de la ronger. Elle s'en voulait pour bien trop de choses pour que les parles de Masaru atteignent leur objectif : peut-être qu'au fond d'elle elle s'en voudrait toujours, pour les choses passées qu'elle n'avait pas su éviter. Pourtant elle ne pouvait résister à l'envie de se nourrir de la compassion et de la tendresse que le jeune homme lui offrait, et du contact qu'il maintenait entre eux.

Alors bien que sont regard le remerciait profondément, elle préféra ses mots :

-Désolée.

Elle était désolée pour bon nombre de choses en réalité. Désolée pour ce qui leur était arrivé, désolée d'être égoïste et d'exposer ainsi ses problèmes ; désolée d'être dans une bulle qui, à peine crevée, la perdait toute entière. Car elle s'était créé un cocon doux, amer, qui la protégeait de ses pensées néfastes et accusatrices, mais cette coquille était si faible que les actions d'aujourd'hui avait eu raison d'elle.

Puis elle se détourna de ses pensées qui lui enserraient toujours la gorge, descendit sa main toujours sur celle de Masaru, l'emportant le long de sa chevelure qui s'éparpillait sur ses genoux. Enfin elle leva les yeux vers lui encore une fois, puis lui demanda d'une voix neutre, presque timide :

-Est-ce que tu m'expliquerais ce que tu as fais pour... pour mettre les tueurs à terre ? Je ne devrais pas ramener ça encore une fois, mais je peux pas m'empêcher de penser que...

Elle ne termina pas sa phrase, perdant ses mots dans ce qu'elle ressentait : car elle ne pouvait pas s'empêcher de croire que quelque chose manquait, qu'elle devait tout comprendre, dans les moindres détails, quitte à se souvenir encore. Une partie d'elle aspirait à simplement oublier, tandis que l'autre voulait à tout prix savoir, pour comprendre et s'en vouloir de la bonne manière, celle qui ferait le plus mal car les preuves étaient indiscutables. Elle ne savait même pas si il allait accepter de lui expliquer, préférant lui aussi oublier. Si c'était le cas, elle ne savait pas ce qu'elle ferait. Mais elle ne lui en voudrait pas. Elle ne pourrait pas lui en vouloir.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le mardi 14 juillet 2015, 19:26:09
Masaru prenait sur lui depuis que le duo avait pénétré l'appartement, comme transporté, transcendé par le devoir qui lui incombait -enfin il percevait la situation comme cela- malgré la situation. Il se sentait le devoir de veiller sur la jolie rousse avec qui il avait partagé cet instant si douloureux. Il ne se sentait pas bien même s'il faisait tout pour le masquer, pour essayer d'incarner une figure rassurante pour Jo' car il sentait que présentement, il était la seule personne qui pourrait la comprendre. Il voulait être son phare dans l'obscurité de sa conscience, la boussole qui l'aiguillerait pour éviter les ravins des remords et de la culpabilité. Il reçut son regard plein de tendresse et le lui rendit tandis que la main de la timide russe vint prendre celle de Masaru afin de l'emporter dans ses longs cheveux soyeux.

Vint alors la question de Jo', qui au final rejoignait une des nombreuses questions que Masaru se posait. Comment avait-il fait? Même pour lui, tout n'était pas clair, et ce malgré la rechute de l'adrénaline qui avait été secrétée durant toute cette histoire. Il avait de nombreux éléments de réponse, et il se souvenait d'absolument tous les détails avec précision. Il chercha simplement les mots pour énoncer tout ceci tandis que son regard alla se poser sur son échiquier triomphant au sommet d'une commode. Tout son phrasé et sa petite tirade à venir vinrent d'un coup, et il se lança.

-Mhhh... Y a pas mal de choses qui se sont déroulées en même temps, fit-il en caressant la main de la demoiselle, le plus doucement possible, la douceur étant à ce moment la meilleure des armes à brandir contre l'horreur de ce monde à laquelle ils avaient été confrontés, premièrement j'ai reconnu qu'ils avaient en commun un tatouage au niveau du poignet, tatouage d'un mouvement extrémiste japonais. C'est le nom de leur groupe "Nippon Kaigi" que j'ai tapé sur mon portable pour faire diversion un peu plus tard. Après, je sais pas comment d'ailleurs, mais j'ai pensé à les électrocuter sur place. J'ai pris mon chargeur dont j'ai viré la gaine protectrice et que j'ai coupé. Puis j'ai fait coulé de l'eau au sol afin de rendre le tout conducteur, et coup de bol le restaurant était en pente. Et enfin j'ai simplement branché le chargeur et ai mis en contact le tout avec l'eau au sol. On est en été donc ils avaient des chaussures très légères en toile, qui s'étaient aussi imbibés du...

Il marqua un temps de pause, en soufflant. Il avait conscience du détail qu'il allait annoncer mais n'avait pas saisi la réalité du détail en question.

-sang des victimes. Ils ont été grillés sur places ces enfoirés...

Il ne put s'empêcher de serrer la main de Joana, à la fois de rage et de tristese, les yeux redevenant humides. Mais il prit sur lui, comme se rappelant cette mission presque "divine" dont il se sentait responsable, celui de veiller sur Elle. Avec une majuscule, car elle occupait une place majuscule dans sa vie dorénavant.

-Mais ce qui est bizarre dans tout ça, c'est que je me suis senti... Différent, pas normal. J'suis tout sauf un modèle de courage, j'ai peur du noir, je peux littéralement pas supporter un film d'horreur, mais là j'me suis senti presque... Transporté par tout ça. J'ai senti mes sens se développer pendant l'affaire, j'ai eu accès à des trucs que j'avais ptet appris y a des années et dont je me souvenais pas jusqu'à cet instant précis. Le temps se déroulait moins vite autour de moi... Comme un bullet-time si tu vois l'idée, j'ai eu l'impression d'avoir du temps alors que rétrospectivement tout s'est passé tellement vite...

Il se serra contre son Monde, avant de rajouter finalement:

-Plus j'y pense et plus ça me semble bizarre, ca peut pas être que l'adénaline, j'ai une vue de taupe et là j'ai eu l'impression de voir tous les détails de leurs tatouages... Mais qu'est ce qui s'est passé... lança t-il finalement en regardant Joana dans les yeux, les siens humides.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le jeudi 16 juillet 2015, 22:06:40
On aurait dit qu'un immense mur la surplombait, lui faisant de l'ombre, pesant sur elle, épuisée. Elle se réfugia dans le cocon réconfortant que lui offrait Masaru, se livrant dans sa douceur et dans les mots précis qu'il prononça. Elle se concentra sur lui, uniquement lui, se projetant entièrement dans son problème jusqu'à s'oublier elle-même. C'était une des choses qu'elle avait le plus de facilité à accomplir, et c'était une manie chez elle ; ou plus exactement un moyen d'oublier ses problèmes que de se concentrer sur autre chose qu'elle-même. C'était une sorte d'échappatoire vicieux, mais dans lequel elle aimait se conforter.

Elle ne parvenait pas à comprendre entièrement la scène qu'il lui dépeignait, pour elle cela n'avait été que le brouillard de sa conscience affolée, la réflexion logique n'ayant pas su résister contre la vague de sentiments qui l'avait submergée alors. Comment avait-il pu voir tous ces éléments, déduire avec une telle précision ? Ce qu'elle pouvait comprendre en revanche était leur électrocution, et elle se dit que l'eau aurait pu toucher d'autres personne en s'écoulant à terre. Pourtant elle ne dit rien, se rendant étrangement compte qu'il devait l'avoir vérifié avant de brancher son chargeur.

Elle répondit à sa douce caresse par une légère pression, comme pour l'encourager à continuer son récit. Il ne se fit pas prier, et Jo continua à l'écouter, relevant les yeux vers lui qui semblait autre part, perdu dans ses souvenirs étranges.

Joana était loin d'être douée pour réconforter quiconque avec ses mots, et encore moins pour tenir une discussion sans digresser toute les deux phrases, se perdant dans un contemplation quelconque, facilement désintéressée. Pourtant elle ne l'avait pas quittée des yeux, songeant à ce qu'il disait. Se pourrait-il qu'il est lui aussi, d'une manière ou d'une autre, développé des pouvoirs ? Après tout, il avait plutôt eut l'air enclin à la croire lorsqu'elle lui avait parlé de ses propres pouvoirs. Elle se souvint de la professeure qu'elle avait rencontrée quelques semaines plus tôt. Si une démone et sa fille succube, en compagnie d'une femme-animale, pouvaient arpenter les rues de Seikusu, pourquoi Masaru n'aurait-il pas développé lui aussi un pouvoir quelconque ?

Joana n'avait pas l'esprit tellement rationnel, encline a tout essayer, même ce qui pouvait paraître inconcevable pour d'autres, gênée d'à peu près rien. Mais quelque chose lui dit que dans son cas, on ne pouvait rien avancer. Peut-être était-il tout simplement très réactif, particulièrement froid quand la situation se complexifiait. Ou bien simplement bien plus intelligent que la moyenne.

Elle revint doucement au présent, s'attardant à le regarder dans ses yeux rougis. Elle le laissa la serrer contre lui, enfouissant un instant sa tête au creux de son cou, réconfortante sans s'en rendre compte.

-Je ne saurais pas te dire si tu es... comme moi ou non. Peut-être que tu as des capacités qui ne « sortent » que maintenant. Ou pas. Personnellement, je sais qu'il existe d'autres personnes possédant ce genre de... don. Mais j'ai bien vu que l'existence de ce don ne devait pas être public dans mon cas. Elle se souvenait toujours de Will' lui faisant la morale lorsqu'elle lui avait montré son pouvoir, paniquée. Seule sa mère avait été admirative, et aimait la voir se transformer de multiples fois sans jamais la gronder. Elle reprit : Mais je crois quand-même que, super-pouvoirs ou non, ce que tu as fais tout à l'heure était... elle chercha le mot japonais mais elle ne trouva pas de traduction assez forte. Formidable. Vraiment formidable.

Elle ne trouvait pas d'autres moyen de l'aider alors elle n'ajouta rien. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle n'avait même pas songé à remettre en cause sa déclaration, tout comme lui avait accepté la sienne, bien plus tirée par les cheveux. Alors elle restait là, juste présente, les émotions sombres et terrifiantes qui l'avaient traversée plus tôt à nouveau enfouies dans un espace confiné loin dans son cœur, pesant terriblement sur elle.

-Mais si tu es différent, alors cela voudra dire que tu es comme moi.

Elle avait dit ça de sa voix lunaire, un moyen détourné pour lui dire qu'alors, il ne serait pas seul. Ce n'était pas quelque chose qu'elle avouait facilement, renfermée sur elle-même et dans sa solitude depuis la mort de sa mère. Pourtant elle dit ça comme si de rien n'était, toujours près de lui, comme bercée.  
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le mercredi 22 juillet 2015, 11:19:40
Masaru resta silencieux, à se demander si lui aussi il avait des capacités paranormales. Il n'y avait jamais pensé, et ne s'était jamais senti anormal, tout du moins pas à ce point là. C'était la première fois qu'il avait été confronté d'aussi près à la mort et il n'arrivait pas à discerner le paranormal de ce qui est simplement exceptionnel et circonstanciel. Après tout il avait déjà entendu l'histoire d'une femme qui, voyant son fils renversé et sous une voiture, avait réussi à soulever on-ne-sait-comment ladite voiture pour sauver sa progéniture. On ne connait pas vraiment les limites du corps humain, et au delà des considérations philosophiques que cela pouvait entrainer, il ne savait pas qui il était au final.

Outre cette réflexion interne, il ne put s'empêcher se sourire un peu gêné au compliment de Joana. Formidable? Il n'avait au final jamais réussi à réagir "comme il fallait" aux compliments, ne sachant s'il fallait les accepter ou les nier par modestie, qu'elle fut fausse ou non. Il se contenta se lui répondre par un petit sourire gêné et un regard un peu mélancolique. Même s'il se disait qu'il avait effectivement réussi à sauver plusieurs personnes, Jo' et lui y compris, il ne put faire taire ce coin du crâne qui lui rappelaient la désormais non-existence de ceux qui n'avaient pas eu leur chance.

-J'aurai pu en sauver plus si j'avais réussi à penser à tout ça plus tôt... ne put-il s'empêcher de rajouter, maladroitement mais très sincèrement. Mais j'imagine que c'est comme ça, et que c'est ça le fameux syndrome du survivant dont parlent les gens après les attaques terroristes... De la même manière que les gens qui ont connaissance du syndrome de Stockholm ont moins de risques d'en être atteints, les personnes qui connaissent l'existence du syndrome du survivant sont moins enclins à le ressentir. Même si la culpabilité ne partira jamais vraiment ces personnes arriveront plus facilement à vivre avec.

Il marqua un temps de pause, sans rien dire. A se dire que voilà, oui c'était arrivé. Que oui, il s'en voulait terriblement de ne pas avoir réussi à agir plus vite, et que ces visages, ces cadavres, le hanteront toute sa vie. Des flashs revenaient périodiquement dans sa mémoire en repensant à tout ça, mais il essayait de prendre sur lui. Parler de tout ça avec Jo' lui avaient permis de faire une espèce de catharsis, comme lorsqu'en parlant d'un évènement douloureux on le démystifie et on apprend à faire avec. Il se rassura en regardant ses objets du quotidien, sa télé, sa guitare, son échiquier et ses bouquins de physique incompréhensibles pour le commun des mortels, et difficilement compréhensibles même pour lui au final.

-Tu m'avais dit que tu voyageais, et que tu t'étais installée temporairement dans le coin, fit-il en changeant subitement de sujet, répondant à une interrogation complètement autre qui lui traversa l'esprit, si jamais tu vis à l'hôtel ou dans un camping ou que sais-je encore, si t'as envie de passer quelques jours à l'appart', hésite vraiment pas tu sais. Ca me ferait même plaisir que tu restes en fait, rajouta t-il timidement. Son côté chevaleresque sans doute qui reprenait le dessus. Il se disait qu'en restant en sa compagnie ils pourraient s'aider l'un l'autre.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le mardi 28 juillet 2015, 17:32:54
Il y avait trop de choses à gérer pour elle, trop d'émotions contradictoires et blessantes, qui lui taillaient le cœur en morceaux. Mais elle y était habituée. Elle avait vécu cette situation intérieure des années plus tôt, et durant une longue période. Et elle n'avait pas su comment s'en sortir, elle n'avait trouvé qu'une solution : devenir quelqu'un qu'elle n'était pas. Porter un masque, se jeter corps et âme dans une existence qui n'avait plus aucun sens pour elle. Si elle n'avait rien à perdre, alors elle était invincible. Durant un instant, elle avait quitté ce masque et cette vie, mais cela n'avait duré pas duré. Ces blessures qu'elle préférait garder en elle se conservaient et se rouvraient, mais elle ne laisserait plus cela arriver.

Elle soupira doucement. Quoi faire maintenant ? Elle se sentait vidée, mais ce n'était pas fini. Cela ne devait pas se finir ainsi.

Parler avec Masaru lui avait fait du bien. Elle ne savait pas encore si elle le regrettait ou non. Un coin de son esprit lui disait que personne n'aurait du savoir, et qu'elle n'avait pas le droit faire porter ses soucis à quelqu'un d'autre. Et une autre partie d'elle voulait simplement tout lâcher, s'abandonner, cesser de réfléchir. Lasse.

Quoi qu'elle puisse en penser, ils étaient juste deux êtres perdus et malades. Jo inspira un grand coup et se perdit dans le regard de Masaru, écoutant ses mots. Elle soupira encore, mais cette fois-ci pour une raison différente ; elle comprenait ce qu'il voulait dire. Peut-être seraient-ils tous les deux comme ça, cette pensée les hantant : pourquoi eux sont morts et pas moi ?

Elle ne répondit rien, car il n'y avait rien à répondre. Jo s'écarta légèrement, retirant ses bras pour les passer sous ceux du professeur et l'étreindre doucement. Elle nicha un instant son visage au creux de son cou, le serrant contre elle. C'était son appel à être fort, son appel à respirer un grand coup, à s'éclaircir les idées. La rousse se retira une seconde fois, lui fit un sourire un peu triste, mais sincère.

-Je comprends.

Peut-être était-ce rébarbatif, mais pourtant, c'était simplement la vérité qu'elle annonçait sans ambages. Elle fit glisser ses bras vers le bas, portant son regard surtout ses propres mains. Qui, une fois rassemblées, commencèrent à se tordre. Vilain tic.

-Je ne veux pas te déranger... Mais je peux rester. Personne ne m'attends. Elle eut un sourire doux, relevant plus d'une vérité simple que de l’apitoiement.

Soudain elle serra ses poings et se leva d'un geste brusque.

-J'ai besoin d'occuper mes mains. Il faut que je fasse quelque chose, c'est ce que je fais quand je pense...négativement. Peut-être que toi aussi tu devrais, d'ailleurs.

Quand elle avait besoin de totalement se vider l'esprit, elle occupait ses mains. Habituellement, elle dessinait. Si elle avait pu, elle aurait apprit à jouer d'un instrument, mais il avait été plus simple pour elle d'apprendre le sport. Le handball, précisément. Mais elle doutait qu'il y est un terrain de jeu quelque part dans cet appartement.

-Tu n'as pas une feuille ? Mais je peux cuisiner quelque chose. Ou jouer à un jeu vidéo.

Elle fit le tour de la table basse et regarda Masaru. Il devait certainement la prendre pour une folle, mais elle n'était plus à cela près. Si elle ne faisait pas quelque chose maintenant, elle sentait qu'elle allait exploser une seconde fois. Elle se demandait qu'est-ce que lui faisait, quand il était dans cet état.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Masaru Orange le vendredi 28 août 2015, 23:54:30
Après tous ces évènements tragiques qui parurent s'enchainer sans les laisser respirer, ni elle ni lui, vint un moment de silence. Pas un silence qui laissait sous-entendre qu'une discussion lourde de sens et de confessions allait arriver, mais un silence véritablement vide. Il lui caressa les mains lorsqu'elle les plaça sur les siennes, et partagea ce petit regard, empli de mélancolie et de complicité. Un éclair lui traversa son esprit, et il se demanda comment une aussi jolie femme pouvait être seule, sans attache ni personne ne l'attendant chez elle. Masaru esquissa un petit sourire, afin de lui souhaiter la bienvenue dans son non-modeste appartement. Il se retint d'être plus expansif, car cela aurait été particulièrement hors de propos dans des circonstances pareilles.

Elle bondit d'un coup du canapé, comme pour rompre avec ce qui venait d'arriver et pour essayer de passer à autre chose. Et elle avait bien raison. L'instinct de Masaru lui disait la même chose, qu'il ne fallait pas rester dans une espèce de torpeur post-traumatique, mais qu'il fallait aller de l'avant. Il n'avait envie de rien, absolument de rien. Ni de manger, ni de jouer, ni de bosser, ni de rien. Il avait simplement envie de contempler au final, de se baigner dans une atmosphère qui le changerait d'endroit, pour quitter cette tour afin d'être transporté ailleurs, là où la vue serait simplement belle.

Personne n'a jamais eu besoin qu'on lui définisse ce qu'est le Beau, en tant que sensation. On ne trouve pas tous le beau au même endroit, de la même façon ni de la même manière, mais on sait tous ce que c'est. Sans jamais qu'on ait eu à le définir, on est tous d'accord sur ce que c'est. A la manière de l'Amour, ce sont ces valeurs qui sont universelles. Et Masaru avait envie de toucher à quelque chose d'aérien et non de terrien. Il avait besoin de ça. Une vue, un son, quoique ce soit. Le temps était trop clair et le coucher de soleil trop lointain pour qu'il puisse admirer le crépuscule ou bien même les étoiles. Une jolie rousse à l'accent russe serait son paysage, et cela lui allait parfaitement au final.

Il ne lui répondit pas tout de suite, il prit quelques secondes pour revenir du fin fond de ses pensées alors qu'il la fixait, debout à gesticuler et à s'agiter. Ses esprits revinrent d'un coup et il se leva tout doucement, pour quitter aussi ces instants pénibles dans un geste qui, pour lui, avait beaucoup de signification.

-Oui tu as raison je pense aussi. Il montra la cuisine d'un coup d'oeil, avant de reprendre. Tu peux te servir à volonté, tout ce qui est à moi est à toi, alors si tu as envie de quelque chose fais toi plaisir. dit-il doucement, reprenant ce qui était pour certains de la galanterie, et pour d'autres de l'hospitalité, comme une bouée le ramenant à la normalité. Enfin ce qui en restait.

Masaru montra la porte tout droit derrière le canapé sur lequel ils étaient assis et continua. Là tu as la salle de bains, qui fait aussi WC. Si t'as envie ou besoin de prendre une douche hésites pas. T'as des serviettes et des gants de toilette sous le lavabo. J'ai des brosses à dents neuves dans un des tiroirs aussi du coup, donc fais comme chez toi. fit-il en souriant en coin, se disant que le fait d'avoir fait des stocks de provisions d'à-peu-près tout il y a deux jours allait servir, et pas seulement satisfaire son côté maniaque.

Cette porte-ci, c'est ma chambre, y a rien de passionnant dedans mais si tu veux jeter un coup d'oeil, à ta guise, fit-il enfin.

Ah et pour répondre à ta question, pour les feuilles, sers-toi sur ma pile de brouillons sur mon bureau, tu trouveras des stylos qui traineront. Et j'ai que des "vieilles" consoles sinon, mais elles marchent toutes bien et sont branchées. Les jeux sont dans le tiroir de la table basse.

Effectivement, on pouvait voir des consoles anciennes générations bien ordonnées dans le meuble-télévision. Une Atari 2600 qu'il a récupéré à sa mère, une Nintendo 64 et enfin une Gamecube, toutes avec deux manettes. Il les avait emmenées plus par nostalgie que par passion, en fait il y jouait très peu, sauf quand une lubie le traversait. Il ressortait d'une période The Legend of Zelda: The Wind Waker et on pouvait le voir à la jaquette du jeu posée sur le dessus de la console, ainsi qu'à la manette étant un peu sortie, contrairement aux autres posées de manière parfaitement parallèle et rangée, son côté Monk, sans doute.

Il saisit sa guitare et commença quelques arpèges qu'il pouvait jouer sans avoir à trop réfléchir. Il voulait simplement changer un peu l'atmosphère et profiter de ce dont on peut encore profiter quand on a l'impression d'avoir perdu un bout de son humanité.
Titre: Re : La main dans le sac [PV Masaru]
Posté par: Joana Zinaïda le vendredi 23 octobre 2015, 22:53:01

Parmi les nombreux aspects particuliers de la personnalité de Joana, on trouvait principalement une forte tendance lunatique qui lui permettait la plupart du temps de se débarrasser de certaines pensées gênantes, encombrantes, ou simplement tristes dont elle ne voulait pas. Elle n'avait jamais été du genre à se morfondre, confortable dans sa déprime ; mais plutôt à la garder si profondément en elle qu'elle en devenait invisible, juste un fantôme qui la poursuivait partout où elle allait. Depuis, sa vie avait été aussi simple et futile que celle d'un animal : cela avait été pour elle la seule solution valable pour fuir ses souvenirs.

Alors, tandis qu'elle se tenait debout dans le salon d'un homme qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures, elle se priva de penser. Durant la dernière heure, elle s'était enfouie dans une torpeur qui l'avait englobée, réchauffée et protégée, mais elle n'en voulait plus. Elle reprenait son tempérament habituel : vive, gamine et fugitive.

- Merci. Je prendrais la douche, alors. 

Cependant, elle s'attarda quelque instants dans le salon : son regard effleura chaque recoin de la grande pièce, parfaitement rangée : tout était à sa place, dans un ordre dont elle n'était pas habituée. Sans s'en rendre compte, elle mémorisait des détails : l'étagère où se trouvaient en équilibre quelques jeux de sociétés, un sac de dominos qui lui rappela son enfance à la Maison, une guitare sagement pendue au mur ; l'entrée à la petite cuisine, des tableaux... Elle tournait doucement sur elle-même tendis qu'elle observait le décors qu'avait façonné Masaru, son chez-lui. Elle se demanda comment il avait choisi ces assortiments, qu'est-ce que qui l'avait mené ici : ca lui semblait étrange de vouloir s'installer pour une certaine durée qu'il avait déjà prévue, de savoir quoi faire tous les matins, où aller et comment gagner assez pour manger et vivre. Une vie organisée et planifiée. Elle se dit que ça ne lui aurait pas déplus d'essayer.

Son regard retomba sur Masaru qui s'était emparé de la guitare. La situation aurait pu paraître étrange pour n'importe qui d'autre, mais pour Joana tout semblait redevenir en ordre : un ordre imparfait et bordélique.

Elle se détourna et se dirigea vers le couloir que lui avait indiqué Masaru. En passant elle observa l'emplacement des portes, ce qu'elles cachaient ; ses pensées étaient redevenues brusquement volatiles, sans jamais se poser. Elle préférait éviter.

La jeune rousse profita de la douche pour se détendre vraiment, faisant couler l'eau brûlante contre son dos, empruntant sans regret le gel douche de Masaru pour se débarrasser des odeurs de la journée. Elle aurait aimé se récurer et se frotter à la brosse rêche, comme pour enlever définitivement toutes les émotions contradictoires dont elle ne voulait pas et qui l'avaient accrochées durant la journée.

Mais elle se contenta de l'eau et finit par sortir, se sécha rapidement et jeta un œil à ses vêtements entassés dans un coin.  Quelque chose en elle avait étrangement envie de les brûler, de les faire disparaître à jamais. Les animaux, eux, n'avaient pas besoin de se couvrir ni de porter aucun vêtement... Ni les putes de la Maison de Willy, comme le lui répondait souvent Willy.

Jo soupira et chercha du regard quelque chose d'autre à se mettre, n'importe quoi : elle tomba sur un tee-shirt gris presque repassé qui devait appartenir à son nouveau colocataire. Bien que la gentillesse de la proposition de Masaru à l'inviter à rester ici la gênât un peu, elle n'avait aucun problème avec son intégration dans la maison : elle en avait l'habitude. De plus, elle n'était absolument pas pudique : toute sa vie elle avait vu des femmes et des hommes à moitié nus se balader dans la Maison, qui avait été aussi sa maison.

Elle nageait littéralement dans le tee-shirt de Masaru quand elle sortit de la salle de bain, les cheveux encore humides de leur passage sous l'eau chaude. Elle avait enfilé une fine paire de chaussette et se redirigea vers la grande salle : tout semblait grand ici.

Masaru était toujours en train de jouer, et la mélodie envahissait à présent la pièce comme si il n'y avait jamais rien eut d'autre avant. Il avait l'air tellement concentré que ça la fit sourire. Elle attendit qu'il finisse pour lui demander :

- Tu veux manger quoi, alors ? 

Elle n'avait aucune idée de ce qui se trouvait dans ses placards ni même si il avait faim – peut-être qu'il n'était pas comme elle et qu'il ne digérait pas les bouleversements émotionnels de la même façon. Mais il avait une superbe cuisine et elle savait faire à manger.