Alors Lucie s'inquiète quand même pour moi ! Elle laissera pas un Abyssian tout seul !
Il se mit alors à sautiller un peu partout. La diclonius allait le rabrouer pour pas qu'il attire trop l'attention sur lui, mais elle tiqua sur un détail. "Abyssian". C'est quoi ça ? C'est sa race ? Ou alors autre chose ? Elle ne lui en fit pas part. Ils auront tout le temps de s'y attabler une fois en sécurité, c'est pourquoi elle lui rappela son nom. Il réagit notamment en arrêtant de se faire repérer en sautillant de partout, mais il semblait ne pas pouvoir contenir sa curiosité et demandait tous les trois mètres un renseignement sur une chose ou une autre. Lucy resta silencieuse tout en réfléchissant à son problème d'Abyssian.
Une fois arrivée à destination, après qu'elle lui ait demandé s'il avait encore des questions, il lui demanda quand il allait manger. Mais pas aussi explicitement, car il semblait ne s'être nourri qu'avec des nutriments injectés directement dans son estomac. La diclonius sentit son ventre se nouer : il n'avait donc jamais goûté à la nourriture ? Il fallait y remédier au plus vite. Car quand elle avait redécouvert la nourriture, Lucy s'était senti revivre. Elle avait eu droit au même traitement que Ludya pendant une décennie. Sauf qu'elle connaissait le plaisir de manger. Elle lui sourit doucement :
Tu veux prendre des forces hein ? Tu vas voir, y'a bien mieux qu'un tuyau planté dans ton ventre. Je t'en dis pas plus pour l'instant, c'est une surprise.
Bien qu'elle soit une piètre cuisinière, elle pourrait quand même lui préparer quelque chose de nourrissant. Et de pas mauvais elle l'espérait.
Maintenant que je suis libre... Tu crois que je vais pouvoir... Rentrer chez moi un jour ?
Chez toi...
Instantanément, Lucy mit "Abyssian" en parallèle avec le "Chez moi". Cela voudrait donc dire qu'il vient d'ailleurs, d'une autre planète ou alors d'un autre monde... Et que les humains l'ont capturé ou quelque chose du genre.
Putain... fit-elle pour elle-même.
Elle le regarda d'un air désolé, comme si elle ne pouvait rien changer à cette situation.
Ludya, je... ça j'en sais rien. Je ne sais pas d'où tu viens, ni comment tu as fais pour venir et pour te faire choper par les humains... On... Viens, on va en parler à l'intérieur.
Elle ouvrit la porte, tombant immédiatement sur un hurlement d'une voix inconnue.
TALOOOOOK !!!!!
Eh ? s'exclama-t-elle, surprise, avant d'être envahie par un nuage de souffre et de recracher ses poumons.
Comprenant qu'il avait dû se téléporter ailleurs, elle ne s'épuisa pas la voix à lui hurler dessus, mais rentra à l'intérieur, et se mit à mouliner le vent avec ses vecteurs tel un ventilateur pour faire sortir l'épaisse fumée nauséabonde en moins d'une dizaine de secondes. Une fois qu'elle eut arrêté de tousser, elle leva les yeux et vit un homme inconnu avec des ailes de chauve-souris et des cornes sensiblement plus grandes que les siennes à quelques mètres d'une table où se trouvait une chope. L'intérieur ressemblait énormément à un bar classique de Terra, mais il s'agissait en réalité d'un refuge pour les esclaves fraichement libérés. L'Ordre de la Croix du Sud, ceux qui sont venus la chercher sur Terre. La diclonius maugréa :
Lui je vais me le faire un jour...
Elle s'adressa ensuite à l'inconnu :
'lu. Plus tard les questions, j'ai à faire. Installe-toi, finit-elle à l'attention de l'Abyssian, comme il se dénommait lui-même.
Elle se dirigea ensuite vers les cuisines afin de lui préparer un plat.