Le Grand Jeu

Plan de Terra => Ville-Etat de Nexus => Le palais d'ivoire => Discussion démarrée par: Aeol Drias le vendredi 24 janvier 2014, 20:33:18

Titre: Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine] // ABANDONNE
Posté par: Aeol Drias le vendredi 24 janvier 2014, 20:33:18
Nortrom, tout simplement. Il n'avait pas de nom de famille attitré, puisqu'il n'avait jamais connu sa famille. Il avait été abandonné devant les portes d'un des villages les plus cachés de tout Terra : un village dédié uniquement aux mages les plus puissants. Il était donc très probable que ses parents aient été des mages eux-mêmes pour connaître ce village. De plus, lui-même avait hérité de pouvoirs magiques, plus précisément de silence. Non seulement il pouvait rendre silencieux toute personne l'incommodant, il pouvait aussi stopper tous les flux magiques émanant de cette personne, l'empêchant ainsi de lancer un quelconque sort, et le rendant muet comme une carpe.

Il était devenu un mage à part entière en défiant tous ses concurrents du même age de la même manière : en le rendant silencieux et incapable de lancer le moindre sort. Pyromanes, Foudroyants, Transformistes... Tous y étaient passés. Grâce à ses talents et à sa lame enchantée pour toujours revenir entre les mains de son lanceur, soit Nortrom lui-même. Il était ainsi devenu le Champion de l'Arène, bien qu'il n'aime pas utiliser ce titre. Il préfère "Mage", tout simplement. Cela correspondait mieux à l'idée qu'il avait de lui-même. Celui qui a défait des mages parmi les plus puissants de Terra. Il arrivait cependant à ne pas prendre la grosse tête, traitant toujours les autres avec leur respect qui leur est dû. Enfin, s'ils n'étaient pas assourdissants...

Il était revenu vers Terra depuis une semaine, revenant d'un voyage le long des landes hostiles et des terres inhabitées pour rencontrer des civilisations nouvelles. Il avait rejoint les expéditions marchandes pour être en sécurité lors de ses trajets, tout en gardant une certaine distance avec les autres. En grand solitaire, il préférait se débrouiller seul pour ne pas se sentir démuni le jour où ses compagnons tomberaient. Il savait bien qu'un groupe de personnes était plus puissant que la somme des personnalités, mais Nortrom était d'un naturel méfiant et prudent. Il savait que les trahisons étaient légions dans ce genre de caravanes. D'ailleurs, à deux reprises, une tentative de mutinerie avait eu lieu sur une des expéditions qu'il avait suivi. Les mages mutins s'étaient retrouvés incapacités, tandis que les combattants se heurtaient à la résistance des loyalistes. A chaque fois, le tenancier de l'expédition avait voulu lui demander son nom, mais il avait refusé. Pour des raisons personnelles, invoquait-il. Mais il ne voulait pas être tant connu que cela, car il savait que cela allait lui attirer plus de problèmes que de compliments.

Lorsqu'il était arrivé à Terra, il lui restait assez d'argent pour y vivre pendant un mois. Il vivait de petites récompenses qu'il obtenait quand il aidait à repousser des personnes hostiles, ainsi que de l'hospitalité de ceux qu'il avait sauvé. Cela lui suffisait amplement. Avoir un endroit où se poser n'était pas dans ses priorités. Il voulait juste explorer le monde. Enfin, les mondes. Il avait entendu parler d'un second monde, appelé Terre, où la magie était presque inexistante et la technologie talonnait celle de Tekhos. Il n'avait jamais été visité Tekhos. La profonde misandrie qui y régnait le répugnait. Certes tout autant que la misogynie persistante sur Nexus, mais au moins, il n'en faisait pas les frais. Nortrom s'était installé dans une auberge peu fréquentée et un peu mal famée. Il avait tout de suite instauré ses règles en blessant gravement un soudard qui avait voulu l'agresser gratuitement en profitant de sa condition. Il n'avait plus jamais été dérangé. Bien que son lit ne soit pas ce qu'on pourrait appeler un lit, et que la nourriture était absolument infecte, cela ne le dérangeait pas. Il était juste de passage, et devait repartir une semaine plus tard.

La veille de son départ, le Silencer avait voulu revoir le palais d'Ivoire où résidait la reine de Nexus. Bien entendu, il lui serait interdit d'y entrer, mais il voulait la voir de l'extérieur. Son architecture était unique en son genre. En tout cas, il n'avait rien vu qui puisse rivaliser avec la beauté de ce palais. D'une taille démesurée, comme toute la ville, on pouvait voir toute la ville du point le plus haut de ce palais. Des remparts si hautes que même le plus doué des alpinistes n'aurait pu les traverser sans avoir le vertige, des tours si hautes qu'on aurait pu les confondre avec des donjons, et surtout d'une beauté inégalable. Il s'était assit, subjugué devant la beauté qu'il avait devant ses yeux. Il aurait pu rester ainsi toute la journée.

Mais il se releva brusquement. Il sentit une fluctuation magique fuser vers lui. Cela pouvait être n'importe quoi, un projectile magique comme un sort de contrôle mental. Immédiatement, il leva un voile de Silence autour de lui. Dans la précipitation, son sort dépassa la limite qu'il lui avait donné, s'étalant au maximum de sa longueur. Le Silence de Nortrom était particulier : non seulement, comme son nom l'indique, il met fin à tous les sons, mais il interrompt aussi tous les flux magiques, pour pas que le silence soit rompu de manière magique. Le sort fusant vers le Silencer s'effaça lorsqu'il rencontra le voile de Silence, voile qui s'allongea jusqu'à un bon kilomètre de distance. Le mage ne devait pas être loin. Il se retourna promptement, cherchant des yeux le coupable. Et il le trouva. Il était bouche bée, et surtout silencieux et incapacité. Il essayait tant bien que mal de lancer des sorts, mais ses capacités magiques s'étaient comme éteintes. Il n'arrivait plus à faire quoi que ce soit. La dernière chose qu'il vit fut une dague lui trancher la gorge avant de retourner dans les mains de son propriétaire, rouge de son sang. Il s'effondra, mort.

Nortrom retira le voile de Silence qu'il avait invoqué et se rassit. Il était toujours épuisé lorsqu'il lançait cette capacité, et cette fois-ci ne faisait pas exception à la règle. Cette fatigué était tout de même inhabituelle. Il n'aurait pas dû la ressentir aussi violemment s'il l'avait bel et bien limité à 150 mètres de rayon. Il se dit alors que son sort avait peut-être incapacité les résidents du palais. Dans ce cas-là, il ferait peut-être mieux de ne pas rester dans les environs. Mais là, il devait vraiment se reposer. Il détestait être pris par surprise.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 26 janvier 2014, 02:16:48
Tekhos Metropolis

Les tirs résonnaient dans la pièce, mais aucune balle ne semblait pouvoir atteindre la femme en cuir, qui dansait au milieu des corps.

« Repoussez-là !
 -  Tuez-là, mais tuez-là ! »

Son pistolet-mitrailleur crachota une série de balles, fauchant deux tueurs qui débarquèrent sur une plateforme ne hauteur. Devant elle, entre plusieurs caisses, des tueurs encagoulés pointèrent leurs armes devant elle. Elle ne cilla pas, et courut vers eux, tandis que les balles fusaient, comme au ralenti. Ils glissaient autour d’elle, alors qu’elle se déplaçait avec l’aisance d’un chat. Son wakizashi fut ensuite à portée de main, et elle frappa dans le vif. La tête du premier de ces vauriens s’envola dans les airs, et elle le poussa du pied, avant de frapper le second, l’ouvrant au niveau de l’estomac, faisant vomir ses intestins dans des gerbes de sang. Un autre pointa sur elle son pistolet, essayant de lui exploser la tête. La balle fila droit vers elle, et elle pencha la tête en arrière. La balle frôla son nez, et elle se laissa tomber en arrière, en profitant pour lever les jambes. Ses talons poussèrent l’homme. Posant ensuite une main sur le sol, la femme faucha les jambes de l’homme.

Elle se releva rapidement, et le planta à hauteur du ventre. L’homme écarquilla les yeux, avant de cracher du sang, se tortillant faiblement sur le sol. La jeune femme n’eut toutefois guère le temps de savourer sa victoire, car une porte à double battant s’ouvrit alors sur plusieurs tueurs supplémentaires, plus armés que la misérable équipe qu’elle venait de massacrer. Ils se mirent à faire feu. Récupérant promptement son sabre, la femme bondit derrière une table, sous un déluge de plomb, et s’accroupit, attendant que le déluge se calme. Pendant de longues secondes, un véritable enfer de feu et de plomb s’abattit sur son précaire abri, avant que les canons ne finissent par se calmer.

Ces tueurs-là étaient des commandos, portant des armures. La jeune femme vérifia son arme, toujours accroupie. Les tueurs s’écartaient progressivement les uns des autres, attentifs au moindre mouvement suspect. Ils étaient vigilants, nerveux, car ils savaient très bien ce qu’elle était capable de faire, et ce qu’elle avait l’intention de faire. Ils avançaient donc avec prudence sur le carrelage, lorsqu’elle bondit. Sans attendre, elle s’élança sur le côté, et fit feu, usant d’une précision et d’une rapidité mortelles, surhumaines. Elle faucha les rotules d’un des tueurs, puis en canarda un autre, envoyant une volée de plomb sur son torse, ainsi qu’une balle en pleine tête, explosant son cerveau. Les deux autres cherchèrent à s’abriter, avant de répliquer, ouvrant le feu. La femme roula sur le sol, et se mit à sauter à nouveau, répliquant à son tour. De ses balles, elle atteignit la main d’un des tueurs, lui faisant pousser un silencieux hurlement, et se reçut une balle à la jambe. Elle atterrit sur le sol, et sauta sur le côté. Un autre tueur s’approchait avec un fusil à pompe, et l’eut brièvement dans son champ de vision. Il balança sur elle une série de chevrotines, mais cette maudite femme était décidément trop rapide, et bondit à nouveau sur le côté, s’abritant derrière un pilier.

« Flinguez-là ! »

L’homme au fusil à pompe visa à nouveau, et tira sur le pilier, arrachant des morceaux de plâtre. La femme, de son côté, observa brièvement sa blessure, et invoqua sa magie blanche pour se soigner. Il lui aurait fallu extraire la balle, mais elle ne pouvait pas le faire tout de suite. Elle cicatrisa donc autant que possible, et sortit d’autres armes à sa disposition : trois shuriken. Elle ferma les yeux, attendit un peu, puis sortit de son précaire abri, et lança les trois. Chacun fit mouche, atteignant les gorges de ses ennemis, les égorgeant. La femme pensa ensuite à soigner sa blessure, et retira la balle, la contemplant dans ses gants de cuir.

Jennifer Blood (http://admirawijaya.deviantart.com/art/Jennifer-Blood-Cover-284816106?q=gallery%3AAdmiraWijaya%2F1632293&qo=38) observa ensuite silencieusement la scène de carnage, et rangea ses armes dans leurs emplacements, puis se dirigea vers la mallette remplie d’argent.

« Depuis combien de temps m’observes-tu ? » lança-t-elle alors, sans qu’aucun signe extérieur ne puisse trahir une quelconque présence.

Elle referma la mallette métallique, tandis qu’une silhouette apparut dans son dos.

« Ton style est toujours aussi efficace, Blood.
 -  Ne me force pas à abréger ses brèves retrouvailles, Crow. »

L’homme, qu’on appelait Crow (http://admirawijaya.deviantart.com/art/The-Crow-367735402?q=gallery%3AAdmiraWijaya%2F1632293&qo=4), esquissa un léger sourire, avant de se redresser, et de sauter sur le sol.

« Le Magicien a requis ton assistance, Blood.
 -  Ah...
 -  Et la mienne aussi, à vrai dire.
 -  De quoi est-ce qu’il retourne ? »

Elle savait que les ordres du Magicien étaient prioritaires.

« L’Œil en a repéré un. À Nexus. »



Lorsque l’onde magique se répandit, les capteurs magiques du Palais d’Ivoire le sentirent, et il s’écoula moins d’une minute pour qu’une cohorte d’archers et d’arbalétriers ne débarque sur les épais murs d’ivoire, pointant leurs armes sur l’ennemi, tandis qu’autant d’hommes d’armes sortaient, dans d’élégantes et de lourdes armures, portant de lourdes épées. Ils voyaient légitimement l’homme comme une menace, d’autant plus qu’ils étaient dans l’incapacité de parler... Jusqu’à ce que la bulle de silence ne finisse par se dissiper.

« Halte, soldats ! rugit soudain une voix. Ne tirez pas, ne tirez pas ! »

Fuir était impensable pour le mystérieux mage. D’autres soldats bloquaient la sortie. Le Palais d’Ivoire était au sommet d’une falaise, et il n’y avait donc qu’un seul passage, à moins de vouloir sauter dans le vide. Des mages rejoignirent également les gardes sur les tours. L’homme qui venait de parler n’était autre que le chambellan du château, et accessoirement Commandant de la Garde royale de Nexus, aussi surnommée « Garde d’Ivoire ». Il s’agissait de Ronald « Scar » Langley (http://justanor.deviantart.com/art/Joffrey-de-Peyrac-369836329), et il avait toute confiance envers ses hommes. La Garde d’Ivoire recrutait les meilleurs soldats possibles.

« Par décret, l’utilisation de sorts magiques dans les zones protégées de Nexus est prohibée sous peine de sanctions.... Des sanctions renforcées quand ladite utilisation est faite devant le Palais d’Ivoire. Identifiez-vous, étranger, ou nous serions en légitime défense d’ouvrir le feu, et de répliquer. »
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le dimanche 26 janvier 2014, 16:13:54
Lorsqu'il entendit des bruits de courses d'hommes en armure, le Silencer leva la tête. Au moins une vingtaine de gardes en épée et en armure lui faisaient face à moins de quinze mètres de lui. Il voyait aussi, sur les remparts du palais d'Ivoire, des archers et arbalétriers. Bien que son armure de combat était faite pour arrêter les flèches et ralentir considérablement les carreaux, combattre ici relevait du suicide. De plus, ce n'était pas son but.

Halte, soldats ! Ne tirez pas, ne tirez pas !

Apparemment, celui qui menait la défense du palais était du même avis que lui. Il n'avait strictement aucune chance de gagner ce combat. Il lui restait la fuite ou la soumission. Bien que la première serait la plus logique - un mage de son acabit ne se soumet pas - il deviendrait ainsi un fugitif recherché de Nexus et ses alliés. C'était bien la dernière réputation dont Nortrom avait besoin ! De plus, un rapide coup d’œil derrière lui suffit à lui apprendre que toute tentative de fuite était inutile, puisque toutes les issues étaient bouchées. Le Silencer n'était pas paniqué, comme auraient pu l'être d'autres personnes. Son visage gardait la même expression sérieuse, et il analysait la situation. Il savait que certains mages de Nexus pouvaient analyser les traces d'essences magiques, et ceux-ci découvriraient bien vite qu'il s'était en réalité uniquement défendu. Même s'il n'avait pas vraiment confiance en la justice de cette ville, il comptait aussi sur son titre de mage d'Aeol Drias.

Certains mages de Nexus venaient très certainement de ce village très peu connu, un village uniquement composé de mages. Localisé à une cinquantaine de kilomètres de Nexus, c'était l'endroit parfait, de l'avis de tous ceux qui le connaissait, pour un mage de se reposer et d'affiner ses compétences magiques. La plupart des riverains ne sont pas hostiles à aucune des citées, cherchant seulement à perpétuer l'art de la magie. Car oui, même si cela était un don inné, pour la plupart des grands mages d'Aeol Drias, la magie était un art, certes occulte, mais splendide. La réputation de Nortrom au sein de ce village s'est fait en deux temps. Durant son enfance, il s'agissait du seul qui ne semblait disposer d'aucun pouvoir magique, alors qu'on l'avait déterminé apte à utiliser la magie. Puis vint le jour du concours, où il a défait tous ses adversaires en les empêchant de recourir à leur magie. Aux yeux de tous, il était alors devenu le Champion de l'arène d'Aeol Drias. C'était un certain honneur, et Nortrom l'avait bien vite constaté. Il y avait un Champion tous les trois ans, et chaque personne ne peut participer qu'une seule fois, lorsqu'il a entre seize et dix-huit ans.

Il vit d'ailleurs que certaines des personnes sur les tours ne portaient pas d'armes apparentes. Certainement des mages..., songea-t-il. Cela pourrait l'aider. Peut-être que l'un d'entre eux connaissait Aeol Drias. Ou alors, celui qui avait parlé. Car oui, les dirigeants de Nexus connaissaient, bien évidemment, l'existence de ce village.

Par décret, l’utilisation de sorts magiques dans les zones protégées de Nexus est prohibée sous peine de sanctions.... Des sanctions renforcées quand ladite utilisation est faite devant le Palais d’Ivoire. Identifiez-vous, étranger, ou nous serions en légitime défense d’ouvrir le feu, et de répliquer.

Bien évidemment... Ils avaient certainement du, dans la précipitation, croire que le sort de Nortrom était à un but offensif. Il décida de ne pas tenter le diable. Il était toujours assit sur le banc, son arme à la main, quand il commença à bouger. Lentement, il se pencha et sa main droite, portant ses dagues, posèrent l'arme à terre. Dans le même geste, il se leva et fixa des yeux son interlocuteur. De loin, il avait l'air d'un homme dans la quarantaine. Certainement le commandant... Il lui répondit d'une voix forte et assurée :

Nortrom, mage reconnu d'Aeol Drias. Cet homme, continua-t-il en montrant le cadavre de la tête, m'a attaqué, je me suis défendu.

Fidèle à lui-même, Nortrom ne disait aucun mot inutile. Pour lui, le silence était sacré, et il fallait le respecter. Il se rassit ensuite, récupérant de l'effort nécessaire à l'utilisation du sort lancé.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le mardi 28 janvier 2014, 01:54:04
ELENA IVORY

« Je vous sens toujours aussi sceptique, Reine Ivory...
 -  Sceptique, vraiment ? Sceptique à propos de quoi ? Sur le fait d’être au cœur d’une prophétie millénaire visant à regrouper des individus pour venir à bout de je ne sais quel ennemi mythologique ?
 -  Est-ce là cette forme d’humour humain auquel je suis encore peu habituée ? »

Agacée, Elena rouvrit les yeux, afin de contempler Nyzaël (http://nsa34.casimages.com/img/2013/12/12/131212030851620363.jpg). Originaire du Bosquet des Hauts-Elfes, Nyzaël n’avait jamais vraiment connu les royaumes terriens, et elle ne manquait pas de montrer tout ce que les humains lui inspiraient. Sans les qualifier de ce terme offensant de « dh’oine », Nyzaël avait quand même tendance à voir en eux des voleurs, des individus qui s’étaient accaparés les anciens royaumes elfiques, et les avaient progressivement corrompus. Elena avait bien compris que Nyzaël n’avait jamais quitté le Bosquet, jusqu’à ce que le Judicateur Suprême l’invite à rejoindre Elena, afin de la former. Elle avait vu l’immense cité-État de Nexus, un vaste bourbier indescriptible, chaotique et tortueux. Une ville foisonnante de vie, mais qui avait tendance à laisser sur la touche ceux et celles qui y venaient pour la première fois.

Pour l’heure, Elena se tenait dans l’une des pièces de ses quartiers, essayant d’utiliser les enseignements de Nyzaël pour lui permettre de repérer les « Immortels », ainsi que le Judicateur Suprême les avait appelé. Treize individus qui étaient supposés l’aider à tuer un antique monstre, une créature abominable puissante et influente, suffisamment influente pour empoisonner continuellement la Reine de Nexus, suffisamment puissante pour déclencher un cyclone tropical. Tout ça était un peu trop gros pour Elena, mais considérer que c’était un mensonge reviendrait à considérer que le Judicateur Suprême était, soit un menteur, soit un incompétent. Or, il n’était manifestement aucun des deux. Le problème était qu’Elena n’avait encore aucune preuve concrète de ce qui se passait, rien d’autre que des allégations. Était-ce suffisant pour se risquer dans une telle aventure ? Nexus n’avait-elle pas assez de problèmes comme ça ? Entre le taux de corruption des fonctionnaires, la mainmise des grandes guildes sur les circuits économiques de la ville, le paupérisme croissant dans les quartiers défavorisés, la hausse de la criminalité, et la révolte sociale, l’agenda d’Elena était plutôt bien chargée.

« Vous avez beau vous forcer, Nyzaël, je vois bien que vous n’en savez pas plus que moi là-dessus... »

Nyzaël ne dit rien, sur le coup, se contentant de croiser les bras. L’attaque magique de Nortrom n’avait pas résonné jusque dans les quartiers de la Reine, et cette dernière ignorait donc les agitations qui avaient lieu devant ses murs. Elle se tenait dans une pièce close, sans fenêtres, isolée du monde, afin de permettre une meilleure résonance magique.

« La concentration marche dans tous les cas de figure, ma Reine. C’est votre scepticisme qui vous empêche de pleinement vous ouvrir. On ne saurait remettre en doute les paroles du Judicateur Suprême sur ce point.
 -  Bien sûr, grogna Elena. Si c’est le Judicateur qui le dit…
 -  Recommençons. »

Elena avait bien envie de faire autre chose, comme consulter les derniers rapports sur l’état des infrastructures et des services publics, mais elle ne dit rien, et se remit en tailleur. Nyzaël se replaça devant elle, et lui intima de se concentrer. Elena ferma donc les yeux, et opéra cette concentration. Très rapidement, Nyzaël sentit la présence de Nortrom, comme une sorte de vive perturbation dans le flux magique, mais, à sa grande surprise, Elena le sentit aussi.

« Il y a... Quelqu’un... »

Quand elle se concentrait ainsi, Elena ressentait généralement la signature d’Adamante. Selon le Judicateur, elle était la Première des Immortels. Or, Elena sentait un second signal. Elle rouvrit alors les yeux, sentant son cœur tambouriner dans sa poitrine.

« Je l’ai senti aussi. »

Elena se releva alors, et fila vers les murs.



RONALD LANGLEY

« Nortrom, mage reconnu d'Aeol Drias. Cet homme m’a attaqué, je me suis défendu. »

Aeol Drias était un nom que Ronald connaissait. En tant que chambellan, il analysait personnellement chacune des candidatures et des demandes de transfert à la sécurité du Palais d’Ivoire. Devant les accusations de complot, il s’assurait, dans la mesure du possible, que chacun des pages et des gardes du Palais fassent l’objet d’une enquête menée par ses services, afin de déterminer s’ils étaient honnêtes, ou des traîtres. Le processus n’était certes pas parfait, car Ronald n’était qu’un homme, mais il se débrouillait pour éviter qu’il n’y ait des failles. Plusieurs des mages du Palais étaient originaires d’Aeol Drias, et certains y avaient mené des stages, dans le cadre de leur formation au sein de l’académie magique de Nexus.

Nortrom... Nortrom... Où est-ce que Ronald avait déjà entendu ce nom ? Il fronça les sourcils. Il savait que ses hommes n’attendaient qu’un signe de sa part.

*Le Champion d’Aeol Drias ! Bien sûr !*

La mémoire lui revint instantanément, et il hocha la tête, en fronçant lentement les sourcils.

« Vous êtes le Champion d’Aeol Drias. Nortrom, le Silencer. On dit de vous que vous parlez peu, mais que vous parlez juste. Je constate que votre réputation est fidèle à la réalité. Je suis Sire Langley, régent de Nexus, Chambellan du palais d’Ivoire, et Commandeur de la Garde Royale. »

Autant dire que ce n’était pas un vulgaire valet.

« Et qu’est-ce qui nous prouve que c’est bien cet homme qui vous a attaqué... Et pas vous qui l’avait tué ? Je ne vois aucun témoin, et je... »

Ronald s’interrompit soudain, en tournant la tête. Deux pages s’approchaient rapidement, et se penchèrent dans le creux de son oreille. La Reine voulait s’entretenir avec cet homme. L’homme fronça lentement les sourcils.

« Très bien. Dites à la Reine de se rendre dans la Salle du Conclave. »

La Salle du Conclave était une sorte de salle de réunion, utilisée jadis par les cardinaux de l’Ordre Immaculé lors des conseils œcuméniques, quand la Cathédrale de Nexus était indisponible. Il y avait une table ovale à l’intérieur, et, outre sa splendide tapisserie, l’endroit abritait également de multiples cristaux en obsidienne. Les pages hochèrent la tête, et Ronald tourna sa tête vers Nortrom, puis leva la main, doigts écartés. S’il avait serré le poing, ses hommes auraient tiré. Les doigts écartés étaient censés former comme un mur, et les archers se détendirent.

« C’est votre jour de chance, la Reine désire un entretien avec vous. »

Ronald désapprouvait clairement cette idée, mais il savait qu’il s’était passé quelque chose, lorsque la Reine avait été à la Sylve. Quoi, il l’ignorait précisément, mais il pensait que ça devait jouer. Pour autant, il désapprouvait quand même... Mais c’était son rôle de désapprouver, après tout. Il ferait un bien piètre protecteur, autrement.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le mardi 28 janvier 2014, 23:29:34
Ce n'était pas le jour de chance du Silencer apparemment. On avait tenté de le tuer, puis il s'était mis dans une position délicate avec la cour de Nexus, tout cela dans le même quart d'heure. Il pouvait se faire tirer comme un lapin à tout moment, et cela le rendait légèrement nerveux, bien qu'il ne le laissa pas transparaître. Sa main gauche était prête à tout moment à se jeter dans son dos pour se saisir de son bouclier. Maigre défense, certes, mais cela était mieux que rien.

C'est alors qu'il vit l'homme qui avait parlé faire un geste de la tête. Cela pouvait dire beaucoup de choses. Heureusement, il ne lui laissa pas le temps d'y réfléchir, et donc de prévoir le pire.

Vous êtes le Champion d’Aeol Drias. Nortrom, le Silencer. On dit de vous que vous parlez peu, mais que vous parlez juste. Je constate que votre réputation est fidèle à la réalité.

Il l'avait donc reconnu. Il semblerait que sa réputation ne soit plus à faire dans les hautes sphères de Nexus, ce qui n'était pas forcément bon signe. Il comptait sur un certain anonymat pour traverser des contrées hostiles, et s'il se présentait en tant qu'ami du pouvoir actuel de Nexus, il risquait de voir beaucoup de portes se fermer, comme celles de la résistance de Nexus. A deux reprises, il avait eu affaire à ces idéalistes, et chacune de ses rencontres s'étaient bien passées. Il avait même participé à une libération d'esclaves lors de cette seconde rencontre, puis il était reparti. Comme si de rien n'était. Ces esclaves sauvés avaient très certainement une meilleure vie maintenant. L'homme continua :

Je suis Sire Langley, régent de Nexus, Chambellan du palais d’Ivoire, et Commandeur de la Garde Royale.

Tant de titres ronflants... Nortrom savait que les hommes adoraient qu'on les appelle avec plein de titres, et que cela gonflait leur ego, surtout s'ils estimaient que ce titre était bien mérité. Lui n'en gardait qu'un seul lorsqu'il se présentait : celui de Silencer. Il aimait particulièrement ce surnom qu'on lui avait donné lorsqu'il avait vaincu ses adversaires lors du tournoi triennal. Il gardait celui de Champion de l'arène, mais ne l'utilisait que très rarement. Pour faire bonne figure, et surtout pour garder sa tête, il s'inclina légèrement pour lui montrer qu'il avait son respect et son attention. Pour l'instant.

Et qu’est-ce qui nous prouve que c’est bien cet homme qui vous a attaqué... Et pas vous qui l’avait tué ? Je ne vois aucun témoin, et je...

Il s'arrêta brusquement, voyant deux pages s'avancer vers lui en courant. Ils lui glissèrent quelque chose, à laquelle il répondit. A cause de la distance, il n'entendit pas correctement ce qu'il lui dit, mais il comprit qu'il s'agissait de la Reine et d'une certaine salle. Il devait se passer quelque chose d'important pour qu'on lui en fasse part alors qu'il était probablement en train de repousser un danger. Ce fameux "Sire" leva sa main tendue en l'air. Nortrom comprit immédiatement qu'il s'agissait d'un message, et son bras gauche fusa vers son bouclier, et ne s'arrêta uniquement lorsqu'il fut à mi-parcours. Les archers et arbalétriers semblaient se détendre, au lieu de se mettre à lui tirer dessus. Il était fort étonné. Qu'avait-il bien pu se passer avec les deux pages pour qu'un tel revirement de situation ait lieu ?

C’est votre jour de chance, la Reine désire un entretien avec vous.

L'incompréhension de Nortrom monta encore d'un cran. Déjà, comment était-elle au courant de son arrivée ? Bon, il avait peut-être surpris par son silence, mais elle ne devrait pas avoir entendu parler de son arrivée à Nexus. A moins qu'elle soit très bien informée, encore mieux que le Silencer lui-même. Il réussit à déduire une seule chose de ses réflexions : il n'aurait des réponses uniquement s'il acceptait cet entretien. D'ailleurs, il aurait été très difficile pour lui de le refuser. Il était toujours mis en joue par des archers et arbalétriers, tandis que des soldats lui barraient la route. Certes, les mages ne lui causeraient aucun problème, mais les autres... Il prit une grande inspiration et se leva. Il marcha sans se presser vers le Commandeur de la Garde. Son visage était fermé et ne laissait transparaitre aucune émotion, si ce n'est la surprise et l'incompréhension. Son arme était restée au même endroit. Bien qu'il s'agisse d'une arme enchantée, il ne s'inquiétait pas trop. En effet, l'une des propriétés étant un effet boomerang, permettait au Silencer de récupérer l'arme dès qu'il le voulait. Un flux magique s'installait alors entre lui et son arme, et celle-ci se mettait à flotter plus ou moins rapidement dans les airs, atterrissant dans la main droite de Nortrom.

Lorsqu'il arriva à son niveau, le mage s'inclina une nouvelle fois légèrement devant lui. Il avait toujours son bouclier dans son dos, et ne l'enlèverait qu'au moment où on lui demanderait. Il laissa le Chambellan lui ouvrir la voie, prêt à le suivre ou à suivre ses instructions.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 29 janvier 2014, 01:39:30
Ronald marcha à l’intérieur du Palais d’Ivoire, se dirigeant vers le donjon. Cependant, avant d’y pénétrer, Nortrom dut évidemment remettre son arme et son bouclier dans un vestiaire. Il reçut une information, une note, qui lui permettrait, en quittant le Palais, de récupérer ses effets personnels. Ronald ne comptait pas laisser un inconnu entrer en étant armé, surtout sic ‘était pour voir la Reine. La tension à l’extérieur sembla se calmer un peu, alors que Ronald s’avançait, accompagné du Champion d’Aeol Drias, et de plusieurs gardes qui les escortaient. Le groupe s’avança à travers une série de couloirs. Langley ne cherchait pas vraiment à dissimuler sa méfiance, tout en rejoignant un escalier. Ils passèrent près de fenêtres leur permettant d’avoir un aperçu des jardins royaux. Il y avait un vaste labyrinthe. Les jardins s’étalaient entre les murs, et donnaient sur un belvédère permettant de voir la mer, dans une sorte de petite tour d’observation construite le long de la falaise. Un endroit particulièrement romantique.

Le Commandeur de la Garde s’approcha d’une belle double porte. Deux hommes étaient devant, des agrdes sanglés dans d’élégantes armures dorées, qui s’écartèrent poliment.

« Sa Majesté la Reine Elena Ivory ! » s’exclama un serviteur à l’intérieur.

Il tapa du bâton sur le sol, ce qui était vraiment très protocolaire, car la Reine était déjà là, assise sur un fauteuil, au bout de la table du conclave. D’autres hommes se trouvaient dans les coins. Il y avait des statues, et également quelques vitraux, illustrant le caractère religieux de cette pièce. Elena était assise sur le fauteuil le plus grand, et il y avait, à sa gauche, Adamante, et, à sa droite, Nyzaël.

« Je vous souhaite la bienvenue, Monsieur, entama la Reine après quelques secondes. Prenez place. »

Cette scène était vraiment inhabituelle, mais Elena sentait qu’il y avait quelque chose avec cet homme, quelque chose de particulier, d’atypique, d’inhabituel. Elle essayait tout simplement de comprendre ce sentiment, et s’humecta les lèvres, avant de tourner sa tête vers Ronald « Scar » Langley, qui était dressé devant elle.

« Présentez-moi cet homme, Commandeur. »

Ronald cligna des yeux pendant quelques secondes, avant de se mettre à parler :

« Ma Reine, je vous présente Nortrom, Champion d’Aeol Drias, localité qui, je n’en doute pas, doit parler à Votre Majesté. Cet homme vient d’être aperçu ayant commis un homicide, ainsi qu’un sortilège magique ayant heurté nos capteurs magiques. »

Elena ne manifesta aucun trouble. Un meurtrier... Elle comprenait un peu mieux pourquoi Ronald semblait surpris. Il ne comprenait visiblement pas ce qui se passait ici. Elena non plus, à vrai dire. Cependant, elle connaissait Aeol Drias, grâce à Adamante. Ronald « Scar » Langley ne comprenait pas trop pourquoi la Reine avait tenu à ce que Nortorm vienne. Elle demanda à ce que les gardes et les serviteurs partent. Surpris, ces derniers hésitèrent, avant de partir. Ronald resta sur place, et Elena ne lui demanda d’ailleurs pas de partir.

La Reine réfléchit pendant quelques secondes. Elle ne savait vraiment pas comment aborder la situation, et ce fut Nyzaël qui se mit à parler :

« Nortrom, avez-vous entendu parler de la Sylve et des Judicateurs Suprêmes ? »
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le jeudi 30 janvier 2014, 00:21:27
Il suivit donc ce fameux Sire avec tant de titres ronflants. Il avait reçu une note qui lui permettrait de récupérer son bouclier. Il garda le reste, y compris son heaume qu'il ne quittait jamais. Il s'agissait après tout d'une partie de son costume d'apparat. Et bien que orienté vers le combat, cet habit pouvait être pris pour un habit civil. Il fut escorté par quelques gardes qui gardaient un œil sur ses réactions. Bien que la reine lui ait accordé une audience, les soldats n'étaient pas rassurés, et le Silencer le comprenait. Lui-même n'était pas tranquille, ne sachant pas ce que la reine lui voulait. Il ne vit pas grand chose du palais, hormis l'armure de son escorte ainsi que le plafond richement décoré. Lui qui avait souvent rêvé avoir un jour accès à ce palais, c'était aujourd'hui le dernier endroit qu'il voulait visiter.

Il entendit une porte s'ouvrir. Il devait s'agir de la porte menant à la salle du trône. Eh bien il se trompait lourdement. Il s'agissait d'une simple pièce, bien plus petite, qui devait faire office de salle de réunion. Nortrom nota la présence de cristaux noirs bleutés dont il ne connaissait pas la composition. Ces cristaux étaient magnifiques, et il en aurait bien pris un pour sa collection personnelle s'il en avait eu l'occasion. Mais ce n'était pas le moment d'y penser. Les gardes s'étaient légèrement écartés de lui pour qu'il puisse voir autour de lui.

Sa Majesté la Reine Elena Ivory !

Au moment où il entendit un coup au sol, il posa lestement un genoux à terre et s'inclina. Réaction peut-être excessive, mais il s'agissait d'un réflexe. Il n'avait encore jamais rencontré une personne de son importance, et il sentait que cette rencontre pouvait changer à jamais le cours de son existence. Il resta ainsi incliné pendant deux secondes, puis il se releva. Il vit la reine certainement dans un grand fauteuil autour d'une table ovale, ainsi qu'une femme et une elfe à ses cotés. Les deux étaient des magiciennes, et certainement ses gardes du corps ou servantes personnelle. Ce fut la reine qui parla :

Je vous souhaite la bienvenue, Monsieur. Prenez place.

Nortrom s'inclina légèrement une nouvelle fois avant de s'approcher de la table, de tirer l'une des chaises et de s'asseoir. Il était assez intimidé par la solennité de l'évènement, mais ne le laissa pas paraître. Avoir le plus possible une attitude neutre était une faculté que Nortrom utilisait très souvent. Mais il ne laisserait pas passer une seule erreur de sa part. Cela était trop... Aucun mot ne pouvait décrire ce qu'il ressentait.

Présentez-moi cet homme, Commandeur.

Elle s'était adressé à son guide qui s'était avancé jusqu'à elle. Toujours droit et fier. Il mit cependant quelques secondes avant de répondre. Un silence qu'il avait certainement mis à profit pour préparer ses paroles.

Ma Reine, je vous présente Nortrom, Champion d’Aeol Drias, localité qui, je n’en doute pas, doit parler à Votre Majesté. Cet homme vient d’être aperçu ayant commis un homicide, ainsi qu’un sortilège magique ayant heurté nos capteurs magiques.

Bien évidemment, le portrait qu'il peignait du Silencer n'était guère flatteur. Cependant, il s'était déjà justifié une fois, et il pensait que le refaire ne serait que perte de temps et de salive. La reine n'eut aucune réaction. Vu de l'extérieur en tout cas. Puisque c'était une femme de pouvoir, elle devait avoir l'habitude de cacher ses sentiments. Elle demanda seulement aux gardes et divers laquais de sortir de la salle, réaction qui surprit le mage. Un silence s'installa ensuite, ce qui lui permit de réfléchir à la situation. Elle voulait donc lui parler de manière à ce que rien ne sorte de cette pièce. Ce qu'elle avait à lui dire devait être fichtrement intéressant, ou alors totalement confidentiel. Quoi qu'il en soit, il sentait qu'il allait toucher les hautes sphères du pouvoir, sans même l'avoir voulu.

Nortrom, avez-vous entendu parler de la Sylve et des Judicateurs Suprêmes ?

Ce fut l'elfe qui rompit ce silence. Nortrom la regarda avec intérêt, alors qu'il revit une période assez proche de sa vie. Il était alors parti depuis deux semaines d'Aeol Drias avec un cheval qu'on lui avait donné, récompense pour avoir gagné le tournoi. C'est à ce moment qu'il avait vu la Sylve. Le refuge des elfes. Il en avait maintes fois entendu parler lors de son apprentissage, et avait eu à ce moment le privilège de voir de ses propres yeux ce lieu. Il était resté bouche bée devant l'ingéniosité légendaire des elfes, et devant la capacité de ceux-ci à respecter le silence. Il n'y était pas resté pour la nuit, préférant repartir au crépuscule pour ne pas déranger la quiétude elfique qui régnait en ces lieux. Le terme de Judicateur était cependant plus obscur. Il savait que c'était lié aux elfes et à une sorte de magie ou de religion. Il en avait brièvement entendu parler lors de son apprentissage, mais son tuteur n'avait pas insisté sur ce point-là.

Trois secondes à peine s'étaient écoulées lorsqu'il répondit :

Je suis déjà allé dans ce paradis elfique. Mais le nom de Judicateur, bien qu'il m'évoque un lien avec la magie ou la religion elfique, me reste inconnu.

Ce parlant, il fronça légèrement les sourcils, regardant l'elfe avec un intérêt nouveau.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 30 janvier 2014, 18:25:24
Face à la table, Ronald Langley restait debout, le dos bien raide. Il aurait tout à fait pu s’asseoir, mais Elena savait qu’il n’en ferait rien. C’était un militaire, et il se sentait mieux debout. Elena ne lui intima donc pas de s’asseoir. Il el ferait, s’il en avait envie, et elle avait d’autres soucis, comme ce fameux Nortrom, ce Silencer. Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait laissé la garde le conduire au cachot afin de procéder à une enquête en l’interrogeant. La Reine comptait d’ailleurs laisser l’appareil judiciaire agir en toute indépendance, mais elle voulait mettre au point ce trouble qu’elle ressentait face à cet individu. La Reine n’arrivait pas clairement à le comprendre, et elle devait bien reconnaître que les multiples divagations de Nyzaël trottaient dans sa tête. Et si cette dernière disait la vérité ? Et si Elena avait vraiment pour tâche de guider les âmes ? De constituer les Immortels, de sonner le ban ? Elle avait toujours du mal à y croire.

L’homme ne tarda pas à répondre, mobilisant visiblement assez rapidement ses pensées :

« Je suis déjà allé dans ce paradis elfique. Mais le nom de Judicateur, bien qu'il m'évoque un lien avec la magie ou la religion elfique, me reste inconnu. »

Il termina ensuite, sans rien dire de plus, et Elena était convaincue qu’il aurait pur ester ainsi pendant des heures. On disait que l’une des spécialités magiques d’Aeol Drias était le Silence. Une spécialité assez particulière, qui reposait sur des théories mélangeant ondes sonores et ondes magiques. Il était assez fréquent que ces mages soient utilisés dans des missions d’espionnage ou en soutien, car leur contrôle sur le son rendait les infiltrations plus faciles. Ils faisaient de parfaits espions, mais étaient assez peu nombreux. La maîtrise du Silence était un art magique assez spécifique à Aeol Drias, et assurément assez difficile à maîtriser. Si cet individu était le Champion, ceci signifiait sûrement qu’il était certainement talentueux.

Pour autant, il avait commis un meurtre, et, à Nexus, la loi existait encore. On ne tuait pas quelqu’un comme ça, sans avoir à en répondre. Même s’il avait agi en situation de légitime défense, il ne se soustrairait pas à la justice. Elle irait personnellement voir le bailli qui se chargerait de cette enquête, pour l’assurer qu’elle entendait mettre Nortrom à la libre disposition de la justice, et qu’elle entendait bien préserver l’indépendance de la justice. Elena était suffisamment décriée comme ça au sein de sa population pour ne pas commettre l’erreur de se mêler aux affaires judiciaires.

En attendant, elle se mit à parler :

« Vous l’ignorez sans doute, mais, il y a quelques semaines, j’ai répondu à une invitation de la part du Roi de la Sylve, Thamir. Il désirait transmettre la requête du Judicateur Suprême Althuis, qui était de s’entretenir avec moi. »

Elle voulait essayer de situer un peu le contexte, afin que le Silencer ne soit pas totalement perdu. Nyzaël reprit alors, car elle était, après tout, la mieux placée pour les décrire :

« Au sein de la Sylve, les Judicateurs sont un titre officiel désignant nos guides. Là où le Roi représente l’autorité séculière et temporelle suprême, eux représentent l’autorité spirituelle des Hauts-Elfes. Ce sont des mages et des religieux, oui, mais avant tout des précepteurs et des guides, qui ont pour tâche de préserver la pureté de notre environnement, ainsi que le salut de notre peuple. Le Judicateur Suprême est l’autorité mentale dominante, et je suis son élève. »

À la place de Nortrom, Elena se demanderait sûrement ce qu’il fabriquait ici. Ménageant une petite pause, Nyzaël finit par reprendre :

« J’ai été chargée par le Judicateur de former la Reine, de lui apprendre quelques arts, afin de l’aider à maîtriser le don dont elle a été affublée à la naissance. »

Devant la table, Ronald restait silencieux, mais Elena le connaissait suffisamment pour savoir qu’il avait du mal à avaler cette histoire, et ne pouvait empêcher son scepticisme de s’exprimer. Tout ça lui semblait complètement stupide et ridicule, une histoire de prophétie... Cependant, Terra était un monde magique, un monde de prophéties, ce qu’il ne fallait pas oublier.

« J’ai perçu votre présence, Nortrom, Champion d’Aeol Drias. Il y a en vous quelque chose qui me surprend, et c’est pour ça que j’ai pris la liberté d’avoir un entretien avec vous, avant de vous remettre entre les mains du bailli, pour qu’il dispose de vous, conformément à ce que nos lois prévoient. »

La Reine s’éclaircit la gorge, se frictionnant lentement les mains. Elle avait bien conscience, en le disant, du caractère absurde de la chose, et s’humecta les lèvres, sa langue glissant brièvement sur sa bouche.

« Qu’est-ce que cela vous inspire ? » demanda-t-elle alors, sans trop savoir quoi dire.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le vendredi 31 janvier 2014, 01:57:23
Ses interlocutrices restèrent de marbre pendant quelques secondes, analysant certainement les paroles de Nortrom. Il se doutait qu'il les laissait insatisfaites, mais il avait résumé l'essentiel. Approfondir n'aurait pas vraiment été utile en l'état. Ce fut la reine qui parla la première :

Vous l’ignorez sans doute, mais, il y a quelques semaines, j’ai répondu à une invitation de la part du Roi de la Sylve, Thamir. Il désirait transmettre la requête du Judicateur Suprême Althuis, qui était de s’entretenir avec moi.

Il fronça légèrement les sourcils, ne voyant pas du tout le rapport entre lui et les relations diplomatiques entre Nexus et la Sylve. D'ailleurs, il ne savait pas où voulait en venir l'elfe en citant la ville elfe la plus importante ainsi que ces fameux Judicateurs. La seule information qu'il retira de cette phrase était que les Judicateurs existaient toujours. Il ne pourrait donc pas être pris pour responsable d'une quelconque extermination, ou quoi que ce soit dans ce genre.

Au sein de la Sylve, embraya l'elfe, les Judicateurs sont un titre officiel désignant nos guides. Là où le Roi représente l’autorité séculière et temporelle suprême, eux représentent l’autorité spirituelle des Hauts-Elfes. Ce sont des mages et des religieux, oui, mais avant tout des précepteurs et des guides, qui ont pour tâche de préserver la pureté de notre environnement, ainsi que le salut de notre peuple. Le Judicateur Suprême est l’autorité mentale dominante, et je suis son élève.

Nortrom assimila cette information qui lui serait très certainement utile pour le reste de l'entrevue avec la reine Ivory, ou même plus tard. Mais il ne voyait toujours pas le rapport entre lui et cette histoire. On aurait dit qu'elle lui racontait une histoire. Cependant, il avait apprit, durant ses voyages, que même si les elfes avaient tendance à agacer les autres races avec leur attitude hautaine, ils savaient analyser la situation et parler des choses importantes. Il savait donc que le lien avec lui allait se faire assez vite.

J’ai été chargée par le Judicateur de former la Reine, de lui apprendre quelques arts, afin de l’aider à maîtriser le don dont elle a été affublée à la naissance.

Un... Don ? Le Silencer sonda rapidement la reine et ne décela aucune aptitude magique propre. Son don n'était donc pas d'ordre magique. Cela pouvait être une sensibilité supplémentaire, ou alors une spécificité physique particulière, mais rien de ce qu'il pouvait déterminer.

J’ai perçu votre présence, Nortrom, Champion d’Aeol Drias. Il y a en vous quelque chose qui me surprend, et c’est pour ça que j’ai pris la liberté d’avoir un entretien avec vous, avant de vous remettre entre les mains du bailli, pour qu’il dispose de vous, conformément à ce que nos lois prévoient.

Quelque-chose... Avec lui ? Nortrom, le Silencer, Champion de l'arène d'Aeol Drias parmi tant d'autres... ? Il regarda la reine avec un intérêt nouveau. S'il était si spécial, cela pourrait expliquer pourquoi on l'avait attaqué en pleine rue sans sommations. Car la personne qui lui avait lancé un sort était tout sauf amical. Il n'y avait qu'à voir avec quelle vitesse il tentait de relancer des sorts après le sort de silence global, et son air totalement paniqué lorsque Nortrom l'avait remarqué. Bien qu'il ne savait pas de quelle nature était le sort, il doutait fortement qu'il lui ait été bénéfique. Étrangement, Nortrom n'eut même pas l'idée de réfuter la possibilité qu'il soit spécial. Non pas par égocentrisme, mais parce qu'il ne doutait pas de la véracité de cette information. Jamais une elfe n'aurait délivré une telle information sans être certaine que cela soit vrai. Car qui dit "spécial", dit destin prédéterminé. Et très peu de gens n'aimeraient voir leur destin être réduit à une prophétie quelconque.

Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Il réfléchit quelques secondes supplémentaires. S'il avait une prophétie à accomplir, elle pouvait être bénéfique ou néfaste pour la reine, bien qu'il penche plus du coté bénéfique. Sinon, elle aurait toujours eu la possibilité de supprimer immédiatement la menace sous le couvert d'un assassinat. Il répondit donc, d'une voix légèrement moins assurée que précédemment :

Eh bien... Je ne connais pas la nature de ce lien que j'aurais avec vous, ou même ce que vous attendez de moi et des autres dans mon cas. Mais cela pourrait expliquer pourquoi je me suis retrouvé avec un assaillant à coté du palais.

Il se tourna vers l'elfe :

Si vos observations sont avérées, je suppose que je dois être unique ou faire partie d'une minorité d'élus. Sinon, Sa Majesté n'aurait pas pris la peine de me rencontrer personnellement. Mais la vraie question est : "Pourquoi ? Et qu'est-ce que mon ou notre intervention apporterait ?"

Il jeta un rapide regard vers son ancien guide, qui n'avait pas bougé d'un pouce depuis le début de l'entrevue, restant debout aux cotés de la reine. Il avait envie de rajouter qu'il aurait été stupide de s'attaquer à cet homme si proche du palais, mais il tint sa langue.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le samedi 01 février 2014, 01:46:15
La Reine ignorait totalement comment les choses allaient évoluer. Rien n’était clair avec la magie, encore plus quand il s’agissait de don, de prophétie, et ce genre de choses... Elle peinait à comprendre cette histoire de prophétie, et encore plus à savoir ce qu’elle allait bien pouvoir faire de ce Nortrom. À supposer que cette légende soit vraie, qu’elle ait vraiment pour tâche de réunir les Immortels, qu’était-elle censée faire avec eux ? Les envoyer à Ashnard pour débusquer le Roi Cramoisi, en espérant qu’un miracle viendrait se produire ?

*C’est absurde... J’ai des choses bien plus sérieuses à faire que courir après des légendes...*

L’homme ne tarda pas à répondre, se mettant à parler. Il réfléchissait visiblement vite, et évoqua alors le meurtre qu’il avait commis. Ronald avait été relativement neutre dans son exposé des faits, s’étant contenté de dire que Nortrom avait tué quelqu’un. Visiblement, le Commandeur n’avait pas vu l’assaillant attaquer Nortrom, mais, si l’ennemi avait utilisé de la magie, les capteurs magiques devraient le sentir, permettant ainsi d’accréditer la version des faits avancée par Nortrom.

« Si vos observations sont avérées, je suppose que je dois être unique ou faire partie d'une minorité d'élus. Sinon, Sa Majesté n'aurait pas pris la peine de me rencontrer personnellement. Mais la vraie question est : "Pourquoi ? Et qu'est-ce que mon ou notre intervention apporterait ?" »

Face à cette question, Elena se mordilla les lèvres.

« Pour être honnête, répondit-elle, c’est une question que je me pose aussi. »

Adamante ne disait rien, mais observait bien la scène. Comme Elena, elle était également sceptique. Or, la Mélisaine était une magicienne. Cependant, Adamante savait qu’il y avait la magie, et la superstition. Or, elle pensait que cette histoire d’Immortels était une supposition, une théorie extravagante sans aucun fondement logique, car il y avait bien trop d’éléments incompréhensibles, et tout semblait bien trop exagéré.

Ce fut à ce moment qu’Adamante crut bon d’intervenir, pour faire quelques précisions :

« Ce que vous devez bien comprendre est que nous ignorons si cette histoire est vraie ou pas. Et, vu que vous n’en savez pas plus que nous... »

Nyzaël ne dit rien, mais fronça les sourcils. Les Immortels ignoraient qui ils étaient vraiment, c’était ce que le Judicateur avait dit. Cet anonymat compliquait naturellement la tâche, et la Reine ne savait pas par où commencer. Alors qu’un silence un peu pesant s’installait, Ronald intervint alors, en se raclant la gorge.

« J’ose rappeler à Sa Majesté que le sieur Nortrom a été vu en train de commettre une infraction. Qu’elle ait été commise en état de légitime défense ou non, il est trop tôt pour le dire, et il reviendra à un juge de le décider. En attendant, vous connaissez comme moi la procédure requise. »

Elena hocha lentement la tête.

« Vous avez raison, Commandeur.
 -  L’enquête ira vite, lâcha Roland, plus à l’intention de Nortrom, qu’à celle de la Reine. En avez-vous terminé, Votre Majesté ?
 -  Oui, je vous remercie d’avoir permis cette audition. La Couronne ne cherchera pas à interférer dans les affaires de la justice, cela va de soi. »

Ronald hocha la tête, satisfait, puis se tourna vers Nortrom.

« Je vais maintenant procéder à un interrogatoire... Dans une autre pièce. »

Théoriquement, Ronald déléguait cette tâche à des subalternes, mais, compte tenu de la particularité de l’affaire, il préférait s’en charger en personne. Elena ne pensait pas que Nortrom serait condamné, mais Nexus se devait de respecter ses lois. L’influence juridique du pays était assez forte, et Nexus était considérée comme l’un des États les plus justes du monde... Du moins, jusqu’à l’époque du Lion de Nexus. Depuis que le Conseil de régence dominait la ville, les injustices étaient de plus en plus croissantes et criantes.

Pour l’heure, Elena ne pouvait rien faire, mais elle entendait bien revoir Nortrom, et décider de la suite à apporter aux évènements.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le dimanche 02 février 2014, 03:46:08
Ce fut la reine qui lui répondit. Enfin, qui lui fit part du fait qu'elle n'en savait pas plus que lui. Si elle ne savait point le but de cette fameuse prophétie, pourquoi l'avait-il convoqué ? Cela n'avait aucun sens. Il songea qu'elle en savait certainement plus qu'elle voulait lui dire. Et quel est le rôle exact des elfes dans cette prophétie ? Sont-ils ceux qui l'ont apporté ? Sont-ils des observateurs ? Ou alors ils sont aussi mentionnés dans cette prophétie ? Beaucoup plus de questions que de réponses, comme d'habitude...

La magicienne, restée jusqu'à présent silencieuse, ajouta à l'attention du Silencer :

Ce que vous devez bien comprendre est que nous ignorons si cette histoire est vraie ou pas. Et, vu que vous n’en savez pas plus que nous...

Elles ignorent si cette histoire est vraie ? Nortrom analysa cette phrase. Qui était ce "on" ? Seulement la magicienne ? La magicienne et la reine ? Les trois femmes en face de lui ? Ajouté des elfes ? Qui doute vraiment de cette prophétie ? Il était impossible que la totalité des elfes ne soient certains qu'elle existe, sinon ils n'auraient pas envoyé l'un des leurs veiller à l'accomplissement ou à la chute de celle-ci. Dans ce cas-là, ils n'auraient pas envoyé un élément non certain de sa véracité. L'elfe ici présente devait donc croire dur comme fer à son existence. Il s'agit donc de la magicienne et, dans une moindre mesure, la reine qui doutaient. Dans ce cas, cela signifiait qu'elles ne faisaient pas totalement confiance aux elfes, ce qui, selon lui, était une lourde erreur. Ayant fréquenté quelques elfes durant ses voyages, il aurait sans hésitation confié sa vie à l'un d'entre eux. Bien que les humains et d'autres races les craignent pour leurs manières, ils ne se trompaient que très rarement.

Pendant qu'il réfléchissait, le commandant, toujours debout aux cotés de la reine, se mit à rappeler la situation délicate du mage :

J’ose rappeler à Sa Majesté que le sieur Nortrom a été vu en train de commettre une infraction. Qu’elle ait été commise en état de légitime défense ou non, il est trop tôt pour le dire, et il reviendra à un juge de le décider. En attendant, vous connaissez comme moi la procédure requise.

S'ensuivit une courte discussion entre la reine et le commandant, discussion d'où Nortrom retient une chose importante : il lui avait promis que l'enquête irait rapidement, et tant mieux. Il savait de sources externes qu'une enquête pouvait durer plus d'un mois, et il n'avait pas envie de rester en prison autant de temps.

Après ceci, il se tourna vers le mage :

Je vais maintenant procéder à un interrogatoire... Dans une autre pièce.

Le Silencer se leva, prêt à le suivre, s'inclina pour saluer le trio de femmes, et suivit le commandant. Il retrouva son escorte de gardes à la sortie, avant d'être conduit à une autre pièce, plus petite, où il fut interrogé pendant près d'une heure. Il répondit le strict nécessaire à chacune des questions qu'on lui posait, et ajouta uniquement deux répliques. La première, lorsqu'il lui avait demandé ce qu'il s'était passé exactement, il avait rajouté à sa réponse :

Je peux vous donner à l'avance les traces magiques que vous trouverez. Dans l'ordre, un sort inconnu de la part de l'homme dirigé contre moi, mon sort de silence global, et le trajet de mon arme jusqu'au cou de la victime.

La seconde, il la fit lorsqu'il lui demanda la nature exacte de son arme :

Il s'agit d'une arme enchantée. Elle m'est assez précieuse, et j'aimerai que, si possible, vous en preniez soin.

Il fut ensuite emprisonné pendant la durée de l'enquête.



Quatre jours plus tard.



On était venu le chercher dans sa cellule. La reine voulait le voir en personne. Il n'était pas au courant du déroulement de l'enquête, mais il espérait qu'elle soit finie. Lui qui aimait le silence, ne trouvait ici qu'un incessant défilé de plaintes et gémissements des divers détenus. Il était vêtu de l'habit conventionnel des prisonniers de Terra, puisqu'on avait confisqué ses vêtements de combat. Il suivit le garde, impatient d'en finir.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le lundi 03 février 2014, 02:21:46
Étant accusé de meurtre, Nortrom fut placé en détention provisoire, le temps que l’enquête de flagrance ait lieu. Les inspecteurs royaux analysèrent le cadavre, et les mages inspectèrent les résidus magiques dans la zone où le crime avait eu lieu. Il en résulta que le sort de Nortrom avait été lancé après un sort qui émanait de l’homme tué, ce que l’autopsie avait révélé, en trouvant, sur le bout de ses doigts, des empreintes de mana. C’était encore insuffisant pour innocenter totalement Nortrom, mais l’enquête se poursuivit, et obtint des résultats. L’homme tué était un ancien élève de l’académie de Nexus, qui avait travaillé pendant quelques années dans cette dernière. Un élève doué, mais qui avait eu des problèmes de jeux. Grâce à une ordonnance du Procureur, la banque révéla l’état de compte de l’homme, dont le solde était débiteur. Il avait des dettes de jeux assez lourdes, et il était vraisemblable qu’il avait travaillé avec des individus peu recommandables pour éponger ses dettes. Visiblement, il avait essayé de tuer Nortrom. Ce dernier fut incapable d’indiquer, durant sa détention, qui pourrait bien vouloir le tuer, et l’enquête fut diligentée auprès d’Aeol Drias. En attendant, il n’y avait plus aucun indice laissant entendre que le Silencer puisse constituer un danger. Le Procureur choisit donc de mettre fin à la détention provisoire, qui n’était plus nécessaire, et l’homme fut libéré.

Il avait été enfermé dans les donjons du palais d’Ivoire, les prisons les plus agréables de Nexus, loin des cellules communes. Ce n’était pas une oubliette, ni une cellule commune, mais une prison classique. Quand Elena apprit la nouvelle, elle demanda à avoir la possibilité de s’entretenir avec le mage. Personne en lui avait encore transmis qu’il était libre, Nortrom n’ayant pas constitué avocat pour l’informer. La nouvelle avait été transmise par messager le matin, après délibération du Tribunal, mais il fallait encore que l’huissier aille le remettre.

Les gardes amenèrent Nortrom dans une autre pièce que la Salle du Conclave, un agréable salon où un feu crépitait dans la cheminée, avec des bibliothèques abritant des reliures de livres élégants et consistants. Comme pour la plupart des autres fenêtres, celle-ci était également très éclairée, avec de grandes fenêtres, un lustre imposant, un escalier interne menant à une mezzanine, des tables basses pour le thé, un piano à queue, de la tapisserie, et plusieurs tableaux. Elena s’exerçait sur le piano quand on toqua à la porte.

« Entrez ! » lâcha-t-elle.

Elle s’était assise sur un fauteuil. Deux gardes firent entrer Nortrom, et restèrent à droite et à gauche de la porte. Il y avait, sur la mezzanine, un arbalétrier, qui observait également la scène. La grande cheminée était à gauche de la porte d’entrée, avec, dessus, un massif tableau représentant un ancêtre d’Elena. Devant Nortrom, il y avait donc, outre la Reine, Adamante, également assise, jambes croisées, et un homme, debout, bien habillé, avec une redingote.

« Monsieur Nortrom, je vous présente Maître Guichaud, huissier de justice. »

Maître Guichaud hocha la tête, et s’avança, le dos bien droit, vers Nortrom.

« Voici la décision du juge concernant votre mise en détention provisoire. Vous serez heureux d’apprendre que, au vu de l’évolution de l’enquête, des différents éléments avancés par les inspecteurs royaux, le juge a décidé de retenir la circonstance de légitime défense. Votre détention provisoire est donc terminée. »

Ce fut tout ce que Maître Guichaud avait à dire. L’homme partit ensuite vers d’autres aventures. Elena attendit quelques secondes, puis rompit le silence qui s’installait :

« Maintenant que vous êtes libre, j’aimerais, si vous le désirez, vous inviter à un voyage. »

Elle y avait réfléchi pendant plusieurs jours, en discutant avec Nyzaël, Adamante, et même Jamiël.

« J’ai conscience que tout ça doit vous paraître complètement farfelu, mais, au cours de ces quatre jours, j’ai eu le temps d’expérimenter ce... Cette... Hum... Cette intuition magique, à défaut de savoir comment l’appeler autrement, et il apparaît clairement qu’il y a quelque chose de troublant en ce qui vous concerne. C’est à cet égard que j’envisage de partir vers le Bosquet de la Sylve, la terre des Hauts-Elfes. L’expérience du Judicateur Suprême Althuis pourra nous être d’un précieux secours. De votre côté, je comprends votre scepticisme, il est bien naturel... Cependant, la Sylve est un sanctuaire magique. Je pense donc que vous ne perdrez pas totalement votre temps à accepter mon invitation. »

Elle ménagea une petite pause, comme si elle réfléchissait, avant de reprendre :

« Si vous êtes d’accord, bien sûr... »
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le lundi 03 février 2014, 21:28:14
Il fut amené, escorté plutôt, dans une des salles du palais. Le Silencer aurait vite été perdu dans ce dédale de couloirs tous semblables les uns les autres, et ces salles toutes plus grandes que la précédente. Plus ils s'approchèrent de leur but, et plus Nortrom entendit une douce mélodie de piano. Certes pas du grand art, mais la personne qui pratiquait s'y connaissait un peu. Lorsqu'ils arrivèrent devant la pièce d'où venait la musique, ils s'arrêtèrent et un des gardes toqua à la porte.

Entrez !

Il reconnut la voix de la reine Ivory. Il rentra, entouré par deux gardes. Il vit la reine assise devant un piano. C'était certainement elle qui jouait le son qu'il avait entendu de dehors. Comme quelques jours plus tôt, il posa un genoux à terre et s'inclina respectueusement. Après tout, il s'agissait d'une reine.  Lorsqu'il se releva, il constata que la magicienne était toujours à ses cotés, mais que l'elfe avait été remplacée par un soldat armé d'une arbalète, placé en hauteur, certainement prêt pour toute éventualité, ainsi qu'un homme en tenue de cérémonie. Il ne savait pas qui c'était, mais il semblait important. La reine se mit à parler :

Monsieur Nortrom, je vous présente Maître Guichaud, huissier de justice.

Huissier de justice ? La sentence allait donc être annoncée maintenant ?

Voici la décision du juge concernant votre mise en détention provisoire. Vous serez heureux d’apprendre que, au vu de l’évolution de l’enquête, des différents éléments avancés par les inspecteurs royaux, le juge a décidé de retenir la circonstance de légitime défense. Votre détention provisoire est donc terminée.

Le mage était soulagé. Il ne croupirait donc pas en prison comme un pauvre rat. Il s'inclina devant l'homme, qui sortait de la pièce. Ainsi il était acquitté... Mais cela n'expliquait pas exactement pourquoi la reine Ivory l'avait convoqué à nouveau. Elle fit durer le suspense pendant quelques secondes avant de lui annoncer :

Maintenant que vous êtes libre, j’aimerais, si vous le désirez, vous inviter à un voyage.

Il arqua un sourcil. Un... Voyage ? Tiens donc...

J’ai conscience que tout ça doit vous paraître complètement farfelu, mais, au cours de ces quatre jours, j’ai eu le temps d’expérimenter ce... Cette... Hum... Cette intuition magique, à défaut de savoir comment l’appeler autrement, et il apparaît clairement qu’il y a quelque chose de troublant en ce qui vous concerne. C’est à cet égard que j’envisage de partir vers le Bosquet de la Sylve, la terre des Hauts-Elfes. L’expérience du Judicateur Suprême Althuis pourra nous être d’un précieux secours. De votre côté, je comprends votre scepticisme, il est bien naturel... Cependant, la Sylve est un sanctuaire magique. Je pense donc que vous ne perdrez pas totalement votre temps à accepter mon invitation.

Il sourit intérieurement. Il semblait plutôt que cela soit elle qui soit sceptique, et elle le retransmettait au mage. Lui avait, peut-être à tord, une confiance presque absolue envers les elfes. Et un voyage dans leur pays permettrait de mettre au clair cette histoire. D'ailleurs, il y avait repensé en prison, mais le fait d'être un des élus, voire l'élu, d'une prophétie, quelle qu'elle soit, pourrait être à l'origine de sa marque étrange à l'omoplate droite. Personne n'avait détecté quoi que ce soit de magique sur cette trace, mais elle l'accompagnait depuis son enfance, et cela a toujours été une grande question pour lui. Il ne réussissait à la voir que par un jeu de miroirs.

Si vous êtes d’accord, bien sûr...

Il était absolument hors de question qu'il refuse. Lui-même voulait des réponses à ses interrogations, et la Sylve était très certainement le meilleur endroit pour en trouver. Si les elfes suivent cette prophétie, il y a fort à parier qu'ils aient plus d'informations sur elle. Et donc, par rebond, sur le futur probable de Nortrom. La reine de Nexus avait aussi mentionné une intuition magique. Pourtant, Nortrom ne ressentait aucune magie en elle. Si cette intuition est réellement magique, elle a bien pu lui être transmise par une source extérieure lui voulant du mal. Si elle était innée, il pourrait s'agir d'une sensibilité, d'une sorte de sixième sens, voire carrément d'un pouvoir psychique. Durant son apprentissage, il avait entendu parler, sans confirmation de leur existence, de personnes ayant développé des pouvoirs psychiques, notamment au niveau de la persuasion. Bien que son tuteur lui ait affirmé que ce n'était que des foutaises, le Silencer n'était pas aussi catégorique. Dans tous les cas, il serait peut-être bon de tester si Elena Ivory avait de réels pouvoirs magiques, de façon imparable. Et il avait le sort parfait pour cela. La malédiction du Silencieux. Cependant, il aurait été totalement suicidaire de lui jeter un sort maintenant, juste après être sorti de prison, et surtout sans son consentement.

Il prit la parole :

J'accepte votre proposition généreuse. J'ai moi aussi la volonté d'éclaircir ce mystère. Si les hauts-elfes prennent cette prophétie en considération, il est quasiment impossible qu'elle ne soit avérée. J'ai deux questions cependant. Cette... "Intuition magique", comme vous l'appelez. S'agit-il d'une réelle capacité magique, ou relèverait-elle plus d'un sixième sens ? Et...

Il se retourna et enleva aux trois quarts son T-shirt de détenu, montrant ainsi la marque de naissance (http://img11.hostingpics.net/pics/452794Trace.png) de Nortrom.

...savez-vous si ceci pourrait avoir un lien avec cette prophétie ?
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 05 février 2014, 01:38:11
Nexus respectait le principe de libre circulation des personnes et des biens. Elena était bercée dans cette culture juridique, et était donc assez gênée à l’idée d’imposer à un étranger un voyage hors de Nexus, vers la Sylve. Il était vrai que, pour n’importe quel magicien, une visite au sein du Bosquet des Hauts-Elfes ne se refusait pas. Le coût du billet était assez élevé, car les Hauts-Elfes n’aimaient pas beaucoup les touristes, mais, pourtant, le voyage valait le coup. Le Bosquet baignait dans la magie, au centre d’un fleuve chargé d’énergie magique. On disait que les profondes racines de l’immense arbre s’enfonçaient dans les profondeurs de Terra, et tiraient leurs sources de réserves magiques situées en profondeur. D’aucuns affirmaient également que le Bosquet était un héritage des anciens arbres-mondes, des arbres gigantesques qui étaient, dans certaines mythologies, à l’origine des forêts, les premiers arbres du monde, qui avaient disparu avec le développement de la civilisation. Autant de fables et de légendes que les royaumes humains rejetaient, car ils pouvaient être utilisés à des fins politiques pour justifier la prétendue détérioration commise par l’humain sur la végétation.

« J'accepte votre proposition généreuse. J'ai moi aussi la volonté d'éclaircir ce mystère. Si les hauts-elfes prennent cette prophétie en considération, il est quasiment impossible qu'elle ne soit avérée. »

C’était possible... C’était d’ailleurs la seule raison pour laquelle Elena envisageait ce voyage, et envisageait d’y croire, mais... Honnêtement, on pouvait comprendre son scepticisme, quand on lui disait qu’elle était une sorte de femme élue, choisie par les Dieux pour désigner des Immortels, afin de venir à bout d’un monstre millénaire, potentiellement invulnérable. Si, au moins, Elena avait vécu il y a quelques siècles, à une époque où Nexus était encore à son apogée, elle aurait sans doute pu vraiment y croire... Là, entre les problèmes de régence, les révoltes sociales qui montaient, et l’affaiblissement chronique du pouvoir royal, Elena se sentait tout simplement dépassée par les événements.

Nortrom poursuivit rapidement :

« J'ai deux questions cependant. Cette... "Intuition magique", comme vous l'appelez. S'agit-il d'une réelle capacité magique, ou relèverait-elle plus d'un sixième sens ? Et... »

Elle n’eut pas le temps de répondre, l’écoutant attentivement... Et écarquilla les yeux en le voyant se déshabiller. Que faisait-il ? Il souleva son haut de détenu, afin de leur montrer une sorte de tatouage, indescriptible, ressemblant à une espèce de griffe.

*À quoi est-ce que tout ceci rime ? Je ne comprends pas...*

Comme pour satisfaire sa curiosité, l’homme se mit à préciser la raison de ce singulier comportement, qui fit froncer les sourcils des gardes :

« ...Savez-vous si ceci pourrait avoir un lien avec cette prophétie ? » s’enquit-il.

Elena, dubitative, regarda Adamante. Pendant quelques secondes, aucune des deux femmes ne parla, avant qu’Adamante ne rompe le silence :

« Et bien... Je n’ai aucune marque de ce genre sur mon corps. Je pense qu’il faudra profiter de notre visite auprès du Judicateur Suprême pour essayer d’en savoir plus.
 -  Ça me semble être une bonne idée », reconnut Elena.

Elle s’humecta les lèvres, puis demanda à ce qu’on aille lui chercher un parchemin et un encrier, avec une plume.

« Nous devrions appareiller à la fin de la semaine, Monsieur Nortrom. Il faut environ une semaine pour rejoindre la Sylve, en remontant le fleuve, puis en suivant un affluent, qui nous mènera au Lac de la Sylve. Nous ferons une halte d’une journée, pour nous ravitailler, dans une petite ville nexusienne, Bratic. »

Elle précisait les détails du voyage. La fin de la semaine arrivait dans trois jours, et semblait être un temps suffisant pour préparer une courte expédition. Il y avait peu d’attaques de piraterie le long du fleuve, voire aucune, car l’endroit était très bien surveillé, que ce soit par les tours, les phares, ou les galères militaires qui remontaient ce dernier. Rares étaient les pirates se risquant à attaquer le fleuve. Un page apporta à Elena ce qu’elle recherchait, et cette dernière se mit à écrire, tandis qu’Adamante, de son côté, répondit à la première question de Nortrom :

« Il semblerait que le pouvoir de Sa Majesté soit plus une sorte d’intuition sensorielle qu’une véritable aptitude magique. J’ai essayé, ainsi que Nyzaël, de développer d’éventuelles capacités magiques, mais les résultats ont été, malheureusement, infructueux.
 -  Voilà... Apportez mon sceau, je vous prie.
 -  Bien, ma Reine. »

Le page s’éclipsa rapidement, tandis qu’Elena observait le parchemin.

« Ce papier fait de vous un passager officiel pour le voyage vers la Sylve, à bord du navire royal. Vous savez où se trouve l’Arsenal, n’est-ce pas ? Il vous suffira de vous y rendre pour avoir de plus amples informations sur l’heure précise du départ, ainsi que le quai. Il est probable que nous partirons depuis l’arsenal, en début de matinée. »

Il fallait authentifier le document, afin qu’on n’accuse pas Nortrom d’avoir commis un faux. Le page revint rapidement avec le tampon royal, qu’Elena prit, avant de l’apposer, à côté de sa signature.

« Par ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur votre agresseur, vous pouvez, conformément à nos lois, et en vous munissant du document reçu par Maître Guichaud, vous rendre auprès de l’office de police centrale. Vous serez informés, sauf motif légitime, de l’état d’avancement de l’enquête. »

Elle n’avait plus rien de particulier à lui dire. Elle supposait qu’il avait déjà une chambre à lui, un endroit où se loger, et elle termina donc par ce qui lui semblait être le plus approprié :

« Je vous remercie de votre patience, Monsieur Nortrom. »
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le vendredi 07 février 2014, 07:36:35
Elles mirent quelques secondes à réagir, secondes durant lesquelles Nortrom pensa qu'ils les avaient choquées. Il est vrai que se déshabiller devant une reine était à mille lieux de tout protocole, mais dans cette situation, il fallait bien avouer qu'il n'avait pas trop le choix. Indiquer qu'il allait partiellement se dénuder l'aurait fait passer pour un pervers, et ne pas révéler cette information aurait pu desservir à la mission. Ce fut la magicienne qui lui répondit :

Et bien... Je n’ai aucune marque de ce genre sur mon corps. Je pense qu’il faudra profiter de notre visite auprès du Judicateur Suprême pour essayer d’en savoir plus.

La reine acquiesça. Voilà qui était réglé. Il fit retomber son haut sur ses épaules et se remit face au duo royal en fixant la magicienne des yeux. Elle s'était comparée à lui. Il y avait donc fort à parier qu'elle soit aussi concernée par cette prophétie. Il n'était donc pas un élu unique, ce qui, dans un sens, le rassurait. La reine demanda qu'on lui apporte de quoi écrire, et il entendit immédiatement quelqu'un partir derrière lui. Pendant ce temps, elle lui donna plus de précisions sur le voyage qu'ils allaient entreprendre. Ils prendraient donc la voie des eaux, ce qui leur épargnerait un bon mois de marche. Le Silencer avait très peu eu l'occasion de voyager sur l'eau, et il voyait ce trajet comme une opportunité de découvrir pleinement un moyen de transport qu'il connaissait peu. Il apprit aussi que le voyage durerait une semaine, et il apprit que le départ aurait lieu dans trois jours, à l'aube. Il aurait donc le temps de se préparer mentalement, ainsi que d'acheter quelques vivres de secours. Il se doutait bien que le navire disposerait de sa propre cuisine, mais on n'est jamais trop prudent, surtout avec une personnalité royale à bord. Il n'est pas dit qu'il n'y aurait pas une tentative d'assassinat, surtout en ces temps troubles pour Nexus.

Lorsque le matériel pour écrire arriva, la reine Ivory se mit à rédiger un message, alors que la magicienne répondait à sa question :

Il semblerait que le pouvoir de Sa Majesté soit plus une sorte d’intuition sensorielle qu’une véritable aptitude magique. J’ai essayé, ainsi que Nyzaël, de développer d’éventuelles capacités magiques, mais les résultats ont été, malheureusement, infructueux.

Il n'eut pas le temps de réagir que la reine de Nexus finissait d'écrire. Elle demanda qu'on lui apporte son sceau puis fit à l'attention du mage :

Ce papier fait de vous un passager officiel pour le voyage vers la Sylve, à bord du navire royal. Vous savez où se trouve l’Arsenal, n’est-ce pas ? Il vous suffira de vous y rendre pour avoir de plus amples informations sur l’heure précise du départ, ainsi que le quai. Il est probable que nous partirons depuis l’arsenal, en début de matinée.

Il aurait certainement le temps de poser sa question pendant le voyage après tout... Elle authentifia le document et lui fit apporter.

Par ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur votre agresseur, vous pouvez, conformément à nos lois, et en vous munissant du document reçu par Maître Guichaud, vous rendre auprès de l’office de police centrale. Vous serez informés, sauf motif légitime, de l’état d’avancement de l’enquête. Je vous remercie de votre patience, Monsieur Nortrom.

Cette dernière phrase ayant clairement pour but de terminer l'entretient, il s'inclina légèrement et sortit de la pièce. Il passa récupérer son équipement, et surtout son arme, aux armureries du palais. Ayant repéré les propriétés magiques de cette arme, les magiciens avaient demandés qu'elle soit cadenassée, et il la retrouva donc attachée à une barre métallique. Une fois qu'il eut passé ses vêtements à nouveau, il passa de simple détenu à mage reconnu d'Aeol Drias. Il sortit ensuite du palais, dont il s'éloigna d'un pas rapide.

Il s'installa dans une autre auberge, un peu moins miteuse mais un peu plus bruyante. Il n'avait pas le temps de contrecarrer une nouvelle tentative d'assassinat à son égard, et il préférait donc changer de lieu d'habitation. En demandant à l'office central, il avait apprit que l'agresseur était un mage fauché. Nortrom avait conclu qu'il avait repéré les propriétés magiques de son arme, et qu'il avait cru en tirer bon prix s'il réussissait à s'en emparer, en oubliant qu'une arme aussi puissante est souvent manié par quelqu'un de puissant.

Durant ces trois jours, après s'être informé de l'heure exacte de départ, il médita longuement sur le sens exact de ce voyage. Il retira de sa méditation que les elfes étaient peut-être ceux qui avaient portés la prophétie à la connaissance de la reine de Nexus. Sinon, elle n'aurait certainement pas pris la peine de passer au moins deux semaines de voyage pour leur demander conseil. Il prépara quelques affaires de rechange, et prit des vivres pour deux jours, en espérant ne pas en avoir besoin. Il s'agissait principalement de viande séchée. Lorsque advint le jour de départ, il arriva au point de rendez-vous avec une heure d'avance sur l'horaire de départ.

[HRP : Bouh... J'aime pas mon post...]
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 07 février 2014, 12:24:24
Il aurait été ridicule d’appareiller un navire simplement pour deux personnes. La Reine allait embarquer dans le Shearwater, un navire militaire qui avait pour but de livrer au Bosquet une cargaison de canons et de stocks de poudres à utiliser pour armer leurs navires. Les Hauts-Elfes disposaient de leur propre flotte, un assortiment de bateaux élégants et fins, dont les voiles étaient d’une redoutable beauté, et qui permettaient à ces navires de voyager rapidement, en filant sur le vent. Cependant, la technologie des elfes ne les préparait guère aux combats maritimes, ce qui posait problème contre les pirates. Leurs flèches ne pouvaient pas faire grand-chose contre les boulets de canon des pirates. Or, la maîtrise de la poudre à canon était une technique qui était plus connue des nains que des elfes. Les humains, qui avaient cette capacité naturelle à appréhender tout ce que les autres peuples faisaient, la maîtrisaient également, et soutenaient leurs alliés en leur envoyant souvent des cargaisons de poudres, ainsi que des canons. Cette alliance n’avait pas été remise en cause par le Roi Thamir, qui avait au contraire signé des décrets l’amplifiant. Sous son règne, les navires elfiques avaient de plus en plus tendance à sortir, Thamir ayant décidé que son peuple devait se doter d’une flotte navale plus puissante, afin de pacifier la région. La piraterie était en hausse, et les autorités légales se devaient de réagir.

Elena ferait donc partie de ce voyage, en compagnie d’Adamante, de Nyzaël, mais aussi d’Élizéa. Nortrom, quant à lui, fut secrètement surveillé par Zephyr, l’agente spéciale de la Reine. Discrète et efficace, la Zerrikanienne se faisait passer pour une révolutionnaire, alors que, en réalité, elle avait prêté serment d’allégeance il y a des années auprès de Liam Ivory. Elle cherchait tout simplement à protéger Nortrom, et à s’assurer que ce dernier ne chercherait pas à s’enfuir. La Reine tenait à cet homme, et c’était amplement suffisant pour Zephyr. Ronald Langley approuva ce voyage, en considérant que, dans une galère militaire, la sécurité de la Reine serait assurée, d’autant plus qu’elle se contenterait de remonter un fleuve.

La Reine passa donc ces trois jours à se préparer. N’ayant théoriquement encore aucun pouvoir, elle se contentait de recevoir des gens, et de s’intéresser à l’activité législative du Conseil de Régence. Ce dernier passa tout un après-midi à avaliser les décisions de justice rendues par les différents tribunaux et par le Parlement de Nexus. Elena pouvait partir pendant une ou deux semaines sans craindre que, à son retour, la ville ne soit à feu et à sang. D’après Zephyr, les contestations étaient calmes en ce moment. Il y avait peu de réunions révolutionnaires, mais, comme d’habitude, il suffisait d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. La plus grande hantise de la Reine était de voir la ville brûler de l’intérieur. Zephyr lui avait expliqué que certains rebelles avaient voulu enflammer le stock de feu grégeois détenu dans l’arsenal, mais leur assaut, mal organisé, avait été un piteux échec, et avait donné lieu à une séance d’exécution publique.



« Ton mage a échoué...
 -  Le plus étonnant aurait été qu’il réussisse. »

Blood ne dit rien. Elle était dans une auberge de la ville, le long du port, et voyait, depuis la fenêtre, l’arsenal. C’était un superbe fort s’étalant sur plusieurs kilomètres, comprenant d’épaisses fortifications avec des tours, des archers, des arbalétriers, et des drapeaux. Les fortifications plongeaient dans l’eau. Il était impossible d’entrer dans l’arsenal sans passer par le corps de garde principal. Les égouts étaient obstrués par de solides grilles, et escalader la paroi était théoriquement impossible, vu l’épaisseur du mur, et l’absence d’encoches. Des drapeaux flottaient dans le vent, et on entendait les goélands et les mouettes, en ce début de matinée.

« La cible est toujours en vie...
 -  Leur navire fera une halte à Baram. »

Blood hésita. Des chariots rentraient continuellement dans l’arsenal, sans compter les patrouilles. Impossible d’atteindre qui que ce soit d’ici, mais, sur la mer, ce serait autre chose.

« C’est donc là-bas que je m’occuperais de cet homme. Qu’as-tu obtenu de la part de ton mage ?
 -  Sa mort n’aura pas été totalement vaine. C’est le Silencer, un homme assez connu dans sa ville natale, Aeol Drias. Ses pouvoirs sont liés au Silence, et peuvent notamment annihiler provisoirement toute énergie magique.
 -  Je comprends mieux pourquoi tu as fait appel à moi... »

Blood esquissa un léger sourire. Elle n’utilisait pas la magie pour se battre. C’était une Tekhane. La magie était réservée aux faibles, à ceux qui ne croyaient pas en la magie. Pour l’heure, elle allait devoir rejoindre Baram, une ville située le long du fleuve, et qui servait souvent de relais pour les voyages commerciaux et les expéditions remontant le long du fleuve. Elle trouverait bien une occasion, là-bas, pour abattre sa cible. Alors qu’elle y réfléchissait, elle sentit les deux mains froides de Crow se poser sur ses hanches. Il se glissa dans son dos, et elle sentit sa langue glisser près de son cou.

« Ne me déçois pas... »

Crow se volatilisa ensuite, un corbeau sortant de la fenêtre, pour filer dans le ciel.

« Ce n’est pas mon intention... » susurra Blood pour elle-même.



Le carrosse royal apparut vers huit heures du matin, accompagné de quelques cavaliers, et pénétra dans la cour de l’Arsenal, en passant par le corps de garde. Il y avait une succession de quais abritant les navires militaires. Le cœur de la flotte royale de Nexus reposait ici, mais l’arsenal comprenait aussi des entrepôts de stockage abritant la poudre à canon et les armes des soldats. Il y avait aussi des baraquements et des casernes. On sortait du fort par des écluses qui s’ouvraient périodiquement au passage des navires. La sécurité y était très importante, car personne n’était autorisé à pénétrer dans les lieux sans autorisation. Preuve du caractère très administratif du royaume, chaque soldat affecté à l’Arsenal, ainsi que chaque ouvrier, recevaient une autorisation officielle, contresignée par le seigneur de l’Arsenal, et devaient la produire à chaque fois qu’ils entraient dans l’arsenal.

Le Shearwater était un élégant voilier, comportant trois-mâts, et qui abritait aussi des rangées de rames. Il était plutôt grand, et comprenait également deux rangées pour les canons, une cale abritant le vin, les victuailles, et les cargaisons de poudres. La Reine logeait dans des appartements sur le pont, près de ceux du capitaine du navire, ainsi que des hôtes de marque. L’équipage dormait dans la soute. Quand Elena sortit du carrosse, il y eut un bref moment de pause, tous les hommes et les femmes s’agenouillant en saluant la Reine, comme il était de coutume de le faire.

Un capitaine de garde, Jennings, s’approcha d’Elena, et, après une courte révérence, lui expliqua ce qui se passait :

« Le navire est chargé, et l’écluse permettra de sortir d’ici une quinzaine de minutes. J’ai eu ouï-dire que vous attendiez un passager, un certain... Nortrom.
 -  C’est exact, Capitaine.
 -  Il n’est pas encore arrive. Voudriez-vous le voir quand il sera venu ?
 -  Ce serait préférable, oui. »

Jennings hocha lentement la tête, et proposa ensuite à Elena d’aller dans sa cabine. Un ouvrier attrapa les affaires d’Elena et d’Adamante, et les femmes montèrent sur le bateau. Elena connaissait la rumeur : les femmes portaient malheur sur un navire, mais il y avait sans doute exception pour la Reine. Le pont du navire avait été briqué et lustré, et plusieurs gardes se tenaient à leurs postes, dans leurs uniformes marins. Ils n’avaient pas d’armures, si ce n’est, pour les officiers, quelques éléments sommaires. Porter une armure en pleine mer, ce n’était pad très pratique. Sin on tombait à la mer, le poids de votre armure vous envoyait couler par le fond.

Sa cabine était assez élégante, comprenant une table, un petit bureau, de confortables fauteuils, et un lit à baldaquin pour deux personnes. Il y avait deux autres pièces, une conduisant à la salle de bains, et une autre à une chambre annexe. Jennings lui expliqua que c’était la cabine du capitaine du navire, mais que ce dernier avait entendu la céder à la Reine de Nexus.

« Il faudra que je le remercie en personne.
 -  Il est en train de donner des commandements à ses hommes, dans la cale. »

La Reine remercia le capitaine pour sa précieuse assistance, et, dans un claquement de bottes, ce dernier rompit, le dos bien raide, laissant Elena avec Adamante. La Reine s’assit sur un fauteuil, et ferma les yeux.

Le départ était imminent.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le samedi 08 février 2014, 11:21:29
Arrivé à l'Arsenal, Nortrom put voir une véritable fourmilière de personnes en tout genre s'affairer. S'agissant du point de départ de tous les navires militaires de Nexus, cela n'était pas étonnant. Voyant tous ces navires de loin, il se demanda un moment lequel ils allaient prendre. Mais cela ne dura pas longtemps. Au moment où il tenta d'entrer dans l'Arsenal, il se fit arrêter par deux gardes.

Vous avez une autorisation ?

Il réfléchit pendant deux secondes, avant de se souvenir de la lettre cachetée que lui avait donné la reine Ivory. Celle-ci se trouvait toujours à l'abri dans une des poches de la valise qu'il portait à sa main droite. D'ailleurs, son arme et son bouclier étaient à son dos, prêts à l'emploi en cas de danger. Il se méfiait énormément depuis ses déboires au palais d'Ivoire. Bien que cela soit un peu étrange que quelqu'un en veuille à sa vie, cela était toujours plausible. Il récupéra la lettre et la tendit au garde, qui étudia le cachet pendant une bonne dizaine de secondes avant de lui dire :

Attendez ici.

Il se retourna et partit avec la lettre. Le Silencer fronça des sourcils, mais ne réagit pas. Il devait certainement aller consulter un de ses supérieurs pour ouvrir la lettre...

C'était la première fois que Magnand tenait une telle lettre entre ses mains. Elle semblait cachetée de la reine Elena Ivory elle-même. L'homme qui l'avait apportée ressemblait à un personnage de cirque, mais avec une telle lettre entre ses mains, même les portes du palais auraient pu lui être ouvertes. Il se dirigea vers le chef de la garde, un homme un peu bourru mais qui saurait quoi faire. Celui-ci était occupé à donner des ordres à des soldats pour une escorte en mer. Il attendit un petit moment, puis l'interrompit quand même.

Commandant !

Celui-ci se retourna en plein milieu d'une phrase et lui hurla dessus :

Magnand ! Tu es sensé garder l'entrée ! Qu'est-ce que tu fout ici !?

Il resta impassible, lui tendant la lettre cachetée. Le commandant se calma immédiatement et se dirigea vers le soldat. Il lui prit la lettre et l'étudia.

Qui t'as donné ça ?
Quelqu'un à l'entrée.
Humpf...

Il ouvrit la lettre. A l'intérieur, il vit une écriture stylisée qui ordonnait aux gardes d'emmener cet homme jusqu'au navire de l'expédition de la reine Ivory. Il relut par trois fois la lettre avant d'ordonner au soldat toujours devant lui :

Escortez cet homme jusqu'au Shearwater !
Mais...
TU OSES DISCUTER MES ORDRES ?
Oui colonel !

Il repartit au pas de course après un salut miliaire. Lorsqu'il fut à nouveau en face de Nortrom, il lui fit d'une voix neutre :

Veuillez me suivre.

Nortrom s'inclina légèrement, repris sa valise qu'il avait posée à terre, et suivit de près le garde qui devait l'escorter. Ils passèrent devant plusieurs navires, tous plus imposants les uns que les autres. Certains étaient vides, d'autres grouillaient d'activité, partant ou amarrant. Au bout de deux minutes, ils arrivèrent devant un voilier d'une assez grande taille. Le garde s'arrêta, fit face au mage et lui annonça :

Attendez ici.

Il rentra ensuite dans le navire. Deux minutes plus tard, il ressortit accompagné d'un autre homme. Celui-ci se planta devant le Silencer et lui demanda :

Vous êtes Nortrom, c'est cela ?

Il s'inclina légèrement en signe d’acquiescement.

La reine Ivory souhaite vous voir. Suivez-moi je vous prie.

Il suivit cet homme alors que le garde qui l'avait accompagné retournait à sa tâche. Lorsqu'ils furent dans le navire, il lui enjoint de déposer ses armes et ses bagages, puis se dirigea vers la cabine de la reine. Nortrom espérait enfin avoir un peu plus de détails sur cette fameuse prophétie ainsi que le lien le liant à cette magicienne et à d'autres certainement.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le samedi 08 février 2014, 19:26:50
Le capitaine du navire effectuait une revue de détail, et tout allait pour le mieux. Les réserves étaient là, il n’y avait aucun passager clandestin, aucune avarie. Les dernières réparations avaient été faites, et il observa les planches clouées, méticuleusement. Il suffisait d’une brèche pour que le navire coule. Tout allait l’air d’aller pour le mieux. Le Shearwater était définitivement prêt à appareiller. Elena, de son côté, attendait dans sa cabine, tout en inspectant une carte. Elle savait que l’équipage serait content. Non seulement ils allaient voyager avec la Reine, mais la route menant à la Sylve était une très belle route commerciale, filant le long d’un fleuve vivant et très joli. Plus on se rapprochait de la Sylve, plus on entrait dans le territoire sacré et harmonieux des Hauts-Elfes, où l’air était chargé de senteurs magnifiques, d’effluves délicieuses. C’était un endroit d’harmonie totale, où l’homme se rappelait, pendant ce moment, qu’il descendait de la Nature. Un lieu propice à la paix, à l’amour, et à la sérénité.... Ainsi qu’à la majesté. Le Palais d’Ivoire était bien peu de choses devant la magnificence de l’Arbre-Monde des Hauts-Elfes, un immense arbre s’étalant au milieu d’un lac si grand qu’il ressemblait à une mer.

La première fois que la Reine avait vu cet arbre, elle en avait été bouche bée, tellement cet arbre était immense, tellement il était grand et impressionnant. Tous les magiciens le ressentaient en se rapprochant : l’Arbre-Monde suintait de magie à tous les étages, formant une sorte de chœur magique, comme un concert interminable d’orgues tempêtant dans tous les sens. Les Racines se plantaient dans les profondeurs du monde, absorbant la magie, qui avait permis à cet arbre céleste d’exister. Elena se sentait un peu nerveuse à l’idée de s’y rendre.

« J’espère que le Judicateur pourra nous aider à résoudre ces questions... remarqua alors Adamante, comme si elle lisait dans les pensées de la Reine.
 -  Je redoute surtout de faire tout ce chemin pour rien. Je suis toujours assez sceptique sur cette prétendue prophétie.
 -  Il n’y a là rien de surprenant, le scepticisme est propre aux êtres humains, a fortiori quand ils assurent des fonctions politiques. »

Devant cette réponse, la Reine esquissa un léger sourire. Adamante était toujours là pour la consoler, la soutenir, la réconforter. Il était bon de l’avoir avec elle. Qu’aurait-elle bien pu faire sans elle ? Pour autant qu’Elena s’en souvienne, Adamante avait toujours été là. Elle savait que bien des gens désapprouvaient cette omniprésence, allant jusqu’à considérer que la Reine était sous l’autorité des Mélisains, mais c’était mal les connaître. Adamante était avant tout une amie, un soutien, quelqu’un qui la consolait le soir, quand elle pleurait en pensant à la mort de ses parents, ou à l’état de son pays... Comment donc croyaient-ils qu’elle pouvait être aussi forte ? Nexus était en ruines, affrontant une guerre interminable, et tout le monde ne cherchait qu’à trouver un moyen de prendre la meilleure part du gâteau avant que tout le navire ne s’écroule.

Une soupir traversa les lèvres de la Reine. Le moment n’était pas venu d’assombrir ses pensées. Elle avait d’autres priorités, d’autres problèmes à résoudre. Lorsque Nortrom s’approcha, elle le sentit venir, comme une espèce d’intuition. C’est quelque chose qu’elle avait toujours éprouvé avec Adamante, mais le ressentir avec une autre personne, voilà qui était pour le moins troublant. Elena se tortilla un peu sur son fauteuil. Adamante était en train de consulter les livres quand on tapa à la porte. Le capitaine Jennings était de retour, amenant avec lui Nortrom.

« Je vous remercie, Capitaine.
 -  Je ne fais qu’accomplir mon devoir, ma Reine.
 -  Alors, vous l’accomplissez avec dévotion. »

Le capitaine hocha lentement la tête, effectua un salut militaire, puis sortit, refermant la porte derrière elle. Depuis la porte, on pouvait entendre les bruits des marins montant sur le pont, et défaisant les cordages, se préparant à partir. Elena reporta silencieusement son attention sur Nortrom, et, après quelques secondes, finit par parler :

« Le capitaine devrait vous fournir une cabine spéciale sur le pont pour la nuit, sauf si vous désirez sommeiller auprès du reste de l’équipage. »

Bénéficiant de la protection et de la bénédiction de la Reine, il était logique de penser que Nortrom pourrait avoir une bonne chambre. Adamante l’observait en croisant les bras, dans un coin.

« Outre ce détail, je voulais surtout savoir si votre séjour à Nexus s’était bien passé. De mon côté, je vous avouerai que cet étrange lien censé nous unir continue à me perturber. Il y a quelque chose que je ressens, une sorte de...
 -  ...D’intuition compléta Adamante.
 -  C’est ça… Je ne vois pas comment le décrire autrement. J’ai conscience que tout cela doit vous paraître incongru, voire grotesque, mais... Et bien, vous pourrez au moins bénéficier d’un voyage vers l’Arbre-Monde. »

Mine de rien, ça représentait plutôt une belle compensation.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le dimanche 09 février 2014, 12:41:00
L'homme toqua à la porte d'une des cabines du navire, puis rentra. La cabine était assez grande, disposant de plus d'une seule pièce. Il vit la reine avec toujours la même magicienne, qui semblait être un de ses futurs compagnons de prophétie. En les voyant toujours ensemble, il devina qu'un lien fort devait exister entre les deux femmes. Cela lui rappelait une ancienne comptine, qu'il avait entendu alors qu'il était enfant pour le rassurer. La reine prit la parole, à l'attention de l'homme qui l'avait accompagné :

Je vous remercie, Capitaine.
Je ne fais qu’accomplir mon devoir, ma Reine.
Alors, vous l’accomplissez avec dévotion.

Une bonne reine savait parler à ses sujets et, visiblement, Elena Ivory était une bonne reine. Elle avait réussi à le remercier alors qu'il avait refusé ses remerciements. Le capitaine, puisque c'en était un, salua sa reine et sortit de la cabine. Le Silencer entendit la porte qui se refermait derrière lui. Il haussa un sourcil. La reine lui faisait confiance apparemment, puisque sa seule protection était la magicienne, alors qu'elle savait qu'il pouvait aisément la court-circuiter. Il se sentit un peu flatté par cette confiance. D'autant plus que la reine le fixait :

Le capitaine devrait vous fournir une cabine spéciale sur le pont pour la nuit, sauf si vous désirez sommeiller auprès du reste de l’équipage.

Il s'inclina légèrement pour la remercier. Il n'avait aucune envie de supporter les ronflements des autres membres de l'équipage.

Outre ce détail, je voulais surtout savoir si votre séjour à Nexus s’était bien passé. De mon côté, je vous avouerai que cet étrange lien censé nous unir continue à me perturber. Il y a quelque chose que je ressens, une sorte de...
...D’intuition
C’est ça… Je ne vois pas comment le décrire autrement. J’ai conscience que tout cela doit vous paraître incongru, voire grotesque, mais... Et bien, vous pourrez au moins bénéficier d’un voyage vers l’Arbre-Monde.

Il regarda intensément la magicienne. Si ses réflexions étaient justes, la reine aurait du sentir le même lien entre elles. Or, elle considérait toujours ce lien comme étrange. Cela intriguait le Silencer, qui aurait bien aimé en savoir plus. Mais chaque chose en son temps. Puisqu'elle parlait une nouvelle fois de ce lien, autant mettre les choses au clair immédiatement pour éviter d'avoir de mauvaises surprises. Son regard porta à nouveau sur la reine :

Si les elfes prennent la peine de l'étudier, je ne peux pas trouver ça grotesque. Ma seule interrogation est si cette "intuition", comme vous l'appelez, vous a été inoculée de manière magique. Si tel est le cas, il se pourrait que cela soit seulement pour vous détourner d'autres objectifs, même si cette probabilité est assez faible. Je ne connais pas en détail votre histoire, mais j'imagine que vous devez avoir bien des ennemis prêts à vous écarter du trône par tous les moyens, comme cette résistance que j'ai moi-même pu voir à l’œuvre.

Il prit une grande respiration. Le plus délicat était à suivre.

J'aimerais tester ce sixième sens dont vous disposez, tout simplement en vous coupant de toute magie. S'il s'agit réellement d'un sens magique, vous devriez le perdre momentanément, tout en entendant une sorte de claquement, telle une porte qui se referme. Sinon, vous ne sentiriez strictement aucune différence. Il s'agit d'un sort indolore et sans danger pour vous. Juste une simple vérification.

Il se tut, observant les réactions des deux femmes. Il savait qu'il demandait quelque chose d'assez gros : juste l'autorisation de lancer un sort sur un des monarques les plus influents de Terra. Il y avait toujours la probabilité de se faire jeter dehors, et il le savait bien. Il voulait juste ne pas s'embarquer dans une entreprise néfaste pour celle qui l'envoie.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le lundi 10 février 2014, 02:10:40
« Je ne connais pas en détail votre histoire, mais j'imagine que vous devez avoir bien des ennemis prêts à vous écarter du trône par tous les moyens, comme cette résistance que j'ai moi-même pu voir à l’œuvre. »

Cette « résistance » ? Elena cligna lentement des yeux. De quoi voulait-il parler ? Elena ne connaissait qu’une forme de résistance à Nexus : les mouvements contestataires se prétendant révolutionnaires. Si Nortrom avait des informations sur la Révolution, il était probable que, après ce voyage, Elena devrait en informer Ronald. Langley estimait que ces mouvements n’étaient pas, comme bien des nobles le subodoraient, une simple jacquerie populaire, qui disparaîtrait d’ici quelques semaines. Il soupçonnait quelque chose de profond, quelque chose qu’on ne pouvait pas non plus résumer à des tentatives ashnardiennes de provoquer la révolte. Ses inquiétudes allaient de pair avec les informations que Zephyr avait pu récupérer. Le lien social s’était fragilisé à Nexus, en raison de bien des choses, et Elena savait qu’une guerre civile n’arrangerait rien. A priori, il n’y avait aucun lien entre cette révolte et son voyage vers la Sylve.

A priori... Car Elena n’oubliait pas les affirmations du Judicateur, selon lesquelles  les difficultés de sa mère lors de sa grossesse étaient liées à un empoisonnement. Ce que lui avait dit le Judicateur Althuis s’apparentait à une espèce de délire, de conte à dormir debout, mais, comme le disait Nortrom, ça ne venait justement pas de la bouche d’un ivrogne au fond d’une taverne, mais de l’un des plus vieux Hauts-Elfes, un mage réputé au savoir magique incommensurable. Il était difficile de se convaincre que tout ça n’était qu’un mensonge, une erreur.

L’homme proposa alors de lancer un sort magique sur la Reine, ce qui amena cette dernière à cligner des yeux, sous l’effet de la stupéfaction et de la surprise la plus totale.

« J'aimerais tester ce sixième sens dont vous disposez, tout simplement en vous coupant de toute magie, suggéra-t-il donc. S'il s'agit réellement d'un sens magique, vous devriez le perdre momentanément, tout en entendant une sorte de claquement, telle une porte qui se referme. Sinon, vous ne sentiriez strictement aucune différence. Il s'agit d'un sort indolore et sans danger pour vous. Juste une simple vérification.
 -  Pardon ?! » lâcha brusquement Adamante, dès que l’homme eut terminé sa proposition.

Elena resta muette, et leva alors la main vers Adamante.

« C’est une demande... Atypique, Sieur Nortrom, lâcha alors Elena, tout en réfléchissant. Je dois vous admettre qu’on me propose rarement de me lancer des sorts magiques sur le corps. »

Vu la manière dont Adamante s’agitait, elle était vivement contre cette idée. La Reine, quant à elle, hésitait. Si elle avait bien compris, Nortrom voulait vérifier si ce sens était d’origine magique, ou d’une origine plus profonde, divine. Après tout, si c’était bien d’une prophétie qu’il s’agissait, c’est que les Dieux étaient impliqués. Or, il était avéré que les sorts antimagiques classiques ne fonctionnaient pas sur les Dieux, que ce soit l’obsidienne, la dymérite... Ou le sort de Nortrom. Cependant, Elena savait aussi qu’il y avait entre ces différents sorts des gradations différentes. L’obsidienne fonctionnait moins bien que la dymérite, et Elena avait déjà utilisé les deux sur elle. Elle ignorait si son intuition était alors éteinte ou non, car elle peinait à l’appréhender. C’était plus comme une sorte de déclic venant de temps en temps, de sensation. C’était vague, mais elle-même n’arrivait pas à clairement trouver un moyen de le définir. Une vague sensation de bien-être...

Elena finit par se reprendre, et donna de plus amples éclaircissements :

« Vous comprendrez qu’il me faille y réfléchir. De toute manière, dans l’enceinte de l’arsenal, si vous lancez un sort, les capteurs et les cristaux magiques le repéreront, et je ne pense pas que la garde appréciera. Il vaut mieux attendre d’être en pleine mer. Nous ne devrions d’ailleurs plus tarder à devoir partir.
 -  Je désapprouve totalement cette idée » grogna Adamante.

Quand on savait que c’était toujours elle qui avait les idées les plus farfelues, la voir faire preuve de retenue amena naturellement un sourire amusé sur les lèvres de la Reine. Elle s’extirpa de son fauteuil, et sortit de sa cabine, allant sur le pont du Shearwater. En la voyant, les matelots et les soldats se mirent au garde-à-vous. Jennings était à terre, et le capitaine du navire était à la barre.

« Mes salutations, Majesté ! Bienvenue à bord de mon humble navire !
 -  Merci à vous de bien vouloir m’accueillir, et encore plus de me céder vos quartiers. Je ne sais pas si je mérite un tel honneur...
 -  Rien n’est trop beau pour notre Reine, Majesté. »

Elena rosit poliment devant ce compliment.

« Allez, tas de fainéants, pisses-vinaigres, beugla alors le capitaine, larguez les amarres, qu’on décarre d’ici ! »

Le capitaine cligna alors des yeux, et se corrigea rapidement, en regardant la Reine :

« Pardonnez-moi, l’habitude... »

Elena gloussa brièvement en secouant la tête.

« Il n’y a pas de mal. »

Le Shearwater s’élança le long des quais, et passa par l’écluse, qui s’était ouverte. Il sortit ainsi de l’enceinte du fort, et commença à naviguer, suivant des bouées de navigation. Le port comprenait bon nombre de digues ainsi que de nombreux phares, formant une série de lignes de béton et de pierre avec des phrases juchées ici et là. Le Shearwater mit une demi-heure à quitter le port, tandis qu’Elena observait la région, prenant l’air. Elle finit ensuite par se retourner vers Nortrom.

« C’est d’accord, trancha-t-elle. Retournons dans ma cabine, et commençons ce sort. »

Elle prenait un risque, elle en avait bien conscience... Mais on n’était pas Reine, si on n’acceptait pas, parfois, de prendre des risques.

De toute façon, si le Judicateur disait vrai, ce Nortrom ne pouvait pas lui vouloir de mal.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le mardi 11 février 2014, 09:10:05
La réaction qu'il attendait ne se fit pas attendre. Un Pardon ? interloqué de la part de la magicienne, certainement choquée qu'il puisse lui proposer cela. La reine, quant à elle, avait l'air très surprise. Réaction tout à fait normales... songea Nortrom. Cette dernière fit quand même signe à la magicienne de la laisser réfléchir. Tout n'était peut-être pas perdu.

C’est une demande... Atypique, Sieur Nortrom. Je dois vous admettre qu’on me propose rarement de me lancer des sorts magiques sur le corps.

Il sourit légèrement, amusé par cette réplique. Mais son hésitation prouvait quand même qu'elle doutait du bien-fondé de cette entreprise. Sinon, elle n'aurait immédiatement refusé cette proposition, déjà pour des problèmes évidents d'éthique, et ensuite par l'inutilité de ce qu'il proposait. Il se mit à réfléchir à ce qu'il ferait s'il s'agissait réellement d'un sort magique. Déjà, voir avec les elfes pour leur en parler, leur révéler qu'il y a une possibilité que cette prophétie ne se réalise pas avec elle. Ensuite, certainement repartir en solitaire, comme il en avait l'habitude. Après tout, le silence était son compagnon le plus fréquent.

Vous comprendrez qu’il me faille y réfléchir, fit la reine. De toute manière, dans l’enceinte de l’arsenal, si vous lancez un sort, les capteurs et les cristaux magiques le repéreront, et je ne pense pas que la garde appréciera. Il vaut mieux attendre d’être en pleine mer. Nous ne devrions d’ailleurs plus tarder à devoir partir.

Tandis que le Silencer s'inclinait légèrement, une fois encore, pour marquer son accord, la femme aux cotés de la reine Ivory lâcha un Je désapprouve totalement cette idée, ce qui rappela une parole qu'il avait quelquefois entendu. Alors qu'il s'écartait pour laisser passer la reine qui s'était levée, il marmonna, pour lui-même ces paroles, ne sachant pas s'il était entendu, et par qui.

Lorsque l'Ange Gardien ne peut protéger son mortel, il fait trop souvent de mauvais choix...

Bien que ne connaissant pas la relation liant les deux femmes, il commençait à considérer la magicienne comme son ange-gardien, toujours présente, et essayant de la protéger. Sortant juste derrière les deux femmes, il préféra rester à l'écart de l'agitation qu'il y avait sur le navire prêt à partir, même si cela n'était pas évidement puisqu'elle était partout. Il entendit crier le capitaine certainement :

Allez, tas de fainéants, pisses-vinaigres, larguez les amarres, qu’on décarre d’ici !

Il le vit de loin s'adresser ensuite à la reine. Encore une fois, trahi par la parole... N'étant pas forcément à son aise sur un navire, il resta assez prêt d'un endroit où s'accrocher, luttant contre les secousses du navire sur les flots. Par deux fois, il faillit tomber, jusqu'à ce qu'il appuie son dos contre la paroi du navire. Ce voyage n'allait pas être de tout repos...

Il observa néanmoins le paysage. Il semblait qu'ils quittaient le port, suivant une grande ligne de phares irrégulièrement posés ça et là. Il observa ensuite l'équipage qui savait exactement quoi faire pour prendre le vent. Ils étaient parfaitement coordonnés, et il semblait y avoir entre eux une entente amicale. La reine revint ensuite le voir.

C’est d’accord. Retournons dans ma cabine, et commençons ce sort.

Il haussa un sourcil, un peu étonné par la décision finale de la reine. Elle devait vraiment avoir confiance en lui pour lui autoriser cela. Bien évidemment, la magicienne serait avec eux, pour veiller au grain. Cela ne le dérangeait pas. Après tout, il ne désirait pas l'agresser. Il se décolla, manquant une nouvelle fois de tomber, et suivit la reine jusqu'à sa cabine. Il referma la porte derrière lui et lui fit :

Il serait préférable que vous vous assoyiez. La perte d'un sens, même s'il s'agit du sixième, peut déstabiliser énormément, et il serait dommage que vous tombiez ainsi.

Il ne releva pas sa propre incapacité à ne pas pouvoir rester debout correctement dans ce navire. Quand la reine fut assise, sa voix changea légèrement alors qu'il donnait des directives à la reine pour que l'essai soit le plus efficace possible. Elle était devenue plus grave, plus sérieuse, et ne tolérait aucune contradiction.

Veuillez fermer les yeux. Concentrez-vous sur la sensation que vous avez à notre égard, sur votre sixième sens. Essayez de le visualiser, de le ressentir au plus profond de votre être.

Lorsque la respiration de la reine s'approfondit légèrement, il se dirigea dans son dos et appuya sur sa nuque. Le contact n'était pas nécessaire pour le sort de base dont il se servait en combat, mais il l'avait modifié pour les besoins actuels. Il n'incapaciterait pas la reine comme avec la version de base du sort, mais il la couperait uniquement de ses sens magiques, pour ne plus avoir accès à la magie qui coulait en elle. Il s'agissait d'un mur, l'empêchant d'accéder à sa magie. Et sans magie, pas de sixième sens magique.

Il attendit quelques secondes, et lui demanda, de sa voix redevenue comme auparavant :

Sentez-vous une différence ?
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 13 février 2014, 01:45:46
Pour rejoindre l’embouchure du fleuve, le Shearwater devait s’éloigner de la ville, mais resterait près des côtes. Il mouillait dans des eaux suffisamment profondes pour éviter que la coque ne s’accroche à des récifs, et, en réalité, se contentait de suivre des cartes de navigation très précises, ainsi que des bouées formant des lignes de flottaison. Devant l’activité gargantuesque du port de Nexus, la navigation était un réel problème, car il y avait tellement de navires qu’il était nécessaire de structurer les entrées au port, afin d’éviter un engorgement des quais. Le capitaine du Shearwater connaissait le protocole, et, à plusieurs reprises, le navire devait s’arrêter, afin de laisser le soin à des navires marchands de passer, sans risquer de leur rentrer dedans. Il y avait ainsi un véritable défilé de navires entrant et sortant du port, témoignant de l’activité économique intense de la cité-État. Tout serait plus simple dès que le port de Nexus serait hors de vue, et la galère n’aurait plus qu’à longer les plages et les falaises jusqu’à pouvoir remonter le fleuve.

De son côté, Elena avait accepté le sort de Nortrom. Ce choix ne reposait pas uniquement sur les présomptions du Judicateur, mais aussi sur des considérations bien plus pragmatiques. Nortrom n’était pas homme dangereux, ou ennemi de la Couronne. Il venait d’Aeol Drias, où il y était suffisamment respecté pour avoir reçu un titre. C’était un mage, quelqu’un qui devait savoir que le moindre attentat envers la Reine serait sévèrement puni sur ce navire, et qu’il n’aurait aucune chance d’en sortir. Zephyr lui avait également assuré que Nortrom n’était pas un chef révolutionnaire, et, sur ce point, les avis de Zephyr étaient souvent fiables. Elena retourna donc dans sa cabine, en compagnie d’Adamante. Elle aurait pu faire venir deux gardes, mais, dans la mesure du possible, la Reine préférait que sa relation avec l’homme repose sur la confiance, et non sur la coercition et la menace. La confiance était un phénomène bien trop rare à Nexus, qu’il fallait préserver.

Le trio retourna donc dans la cabine de la Reine, et celle-ci retourna s’asseoir sur son fauteuil, face à Nortrom. Adamante restait dans un coin, observant l’homme. Nortrom lui donna alors quelques instructions, que la Reine entreprit de suivre consciencieusement :

« Veuillez fermer les yeux. Concentrez-vous sur la sensation que vous avez à notre égard, sur votre sixième sens. Essayez de le visualiser, de le ressentir au plus profond de votre être. »

Fermant les yeux, elle essaya de se concentrer sur cette sensation, mais ce n’était pas évident. Elle se contenta concrètement de ralentir sa respiration, comme si elle se concentrait sur un problème épineux. Nortrom se déplaça alors, et posa ses mains sur sa nuque. Adamante se roidit sur place, Elena frissonna légèrement. Sans doute avait-elle bien fait de ne pas amener de gardes avec elle, ils auraient été offusqués qu’un étranger puisse ainsi toucher la Reine, et auraient probablement réagi de manière bien plus nerveuse qu’Adamante.

Elena attendait lentement, ne sentant rien, lorsque l’homme finit par glisser quelques mots supplémentaires :

« Sentez-vous une différence ? »

Avait-il lancé son sort ? Elena rouvrit lentement les yeux, croisant le regard d’Adamante. Elle avait décroisé les bras, et s’était légèrement avancée. Elena attendit un peu, observant un point invisible, réfléchissant silencieusement, longuement... Elle se pinça les lèvres. Avait-elle senti quelque chose ? Un changement quelconque ? Elle réfléchit encore un peu, puis secoua négativement la tête, de gauche à droite.

« Non... Absolument rien... »

L’échec de l’expérience devait sans doute vouloir dire quelque chose, mais la Reine n’était pas une grande magicienne. Ce fut Adamante qui se chargea d’interpréter :

« Il semblerait que votre pouvoir, Majesté, s’il est véridique, ne relève pas des forces magiques classiques. »

Elena ne dit rien. La Reine observait ses mains. Pour elle, rien n’avait changé. Elle se sentait légèrement déçue, mais elle ne pouvait pas faire taire une petite voix dans sa tête, qui lui soufflait qu’une telle réaction était prévisible... Ce qui n’empêchait pas une certaine frustration.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le samedi 15 février 2014, 23:59:51
[HRP : Et la chasse à l'inspiration commence... X_X]

En lui posant cette question, il s'était légèrement reculé, comme pour la laisser respirer, mais aussi pour qu'elle ne se sente pas opprimée. Il la vit décroiser les bras, se lever et faire quelques pas, totalement silencieuse. En même temps, Nortrom l'inspectait magiquement. En effet, savoir si son sort était encore dans le corps d'Elena donnerait une information capitale. Car son sort, semblable à une malédiction temporaire, s'accrochait à toute magie dans le corps de la cible, empêchant celle-ci d'y recourir. A vrai dire, les résultats de son expérience seraient plus sûrs que le compte-rendu de la reine elle-même. Le Silencer sentait sa magie dans le corps de la reine de Nexus, cherchant un point d'accroche, sans arriver à se stabiliser. Après quelques secondes, la magie diminua, signe qu'elle sortait du corps cible. Avant qu'elle disparaisse totalement, il entendit la reine lui parler :

Non... Absolument rien...

Nortrom soupira doucement de soulagement. Cela correspondait bien à ses observations. De plus, cela signifiait que l'origine de son sixième sens était plus profond qu'un simple enchantement. Qu'il soit d'origine divine ou sanguin, cela n'avait pas trop d'importance, mais cela ne venait pas d'un ennemi humain, terranide ou d'une autre race parcourant habituellement les rues de Nexus. La magicienne crut bon de rajouter :

Il semblerait que votre pouvoir, Majesté, s’il est véridique, ne relève pas des forces magiques classiques.

Il la regarda attentivement pendant quelques secondes. En vérité, cela avait une signification un peu plus poussée. Cela voulait dire qu'il n'y avait aucune magie dans le corps de la reine de Nexus. En tout cas, aucune magie commune. Mais il n'en tint pas vraiment compte. Après tout, ce n'était pas le but de cette recherche.

Cela exclut donc un enchantement d'un de vos adversaires, ce qui est forcément une bonne chose. J'...

Une nouvelle secousse du navire le ramena brusquement à la réalité. Ils étaient en pleine mer après tout. Il faillit perdre l'équilibre, et ne parvint à rester debout que grâce à un formidable réflexe qui le fit avancer son pied droit. Légèrement agacé, il ferma les yeux, inspirant longuement pour se calmer. Il rouvrit les yeux, cherchant du regard un endroit où il ne risquerait pas de tomber toutes les cinq minutes. Il jeta son dévolu sur une des chaises autour de la table. Il se dirigea vers celle-ci, tombant presque sur celle-ci. Oui, ce voyage ne serait pas de tout repos pour notre mage. Il tourna ensuite son regard à nouveau vers la magicienne et lui demanda :

J'imagine que vous faites aussi partie de ces personnes concernées par la prophétie. Savez-vous combien nous sommes, et pourquoi des personnes si influentes y font attention, tel que Sa Majesté, sans en connaître les détails ?

Il savait bien qu'ils entreprenaient ce voyage pour avoir plus d'informations, mais il sentait que les deux femmes ne lui avaient pas dit tout ce qu'elles savaient, bien qu'elles aient affirmé le contraire. A moins qu'il ait mal compris...
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 16 février 2014, 12:48:26
Nortrom ne devait pas être habitué à voyager en mer. C’est la réflexion que se fit la Reine quand elle le vit légèrement chanceler, à la suite d’un remous. Fort heureusement, le Shearwater allait remonter un fleuve. Il était très peu probable qu’une tempête éclate. Il finit par s’affaler sur une chaise à côté. Adamante, elle, restait debout, derrière Nortrom, se demandant à quoi tout ceci rimait. Le Silencer réfléchissait, et finit par lui poser une question, tout à fait légitime :

« J'imagine que vous faites aussi partie de ces personnes concernées par la prophétie. Savez-vous combien nous sommes, et pourquoi des personnes si influentes y font attention, telle que Sa Majesté, sans en connaître les détails ? »

Elena s’humecta brièvement les lèvres, sa langue dessinant une boucle, et regarda brièvement Adamante. L’absence de réactions chez cette dernière signifiait clairement qu’elle ne voyait aucune objection à ce que la Reine se lance. Cette dernière réfléchit donc, afin de savoir par quel bout commencer, puis décida, tout simplement, de commencer par le début. Elle se remua légèrement sur son fauteuil, puis joignit ses mains, les frictionnant ensemble, avant de parler :

« C’est une longue histoire, qui aurait commencé avant mon enfance... »

Elena lui expliqua l’histoire, dans les grandes lignes. Sa mère, Nöly, avait eu du mal à avoir un enfant. Les mages et les guérisseurs de la Cour étaient incapables de déterminer d’où venait ce problème, car les deux étaient féconds, que ce soit Nöly, ou Liam. Cette incapacité à enfanter devenait de plus en plus préoccupante, non seulement au regard de la succession, mais aussi à l’égard de la population. Il était alors connu que Liam voulait abolir l’esclavage, et il était l’objet de quolibets et de railleries sur son incapacité à enfanter sa femme, comparé à un « lionceau » voulant marquer sa griffe dans l’Histoire, alors qu’il était incapable d’avoir un enfant. Elena lui expliqua que, pour résoudre ce problème, ses parents avaient été voir le Judicateur Suprême Althuis, qui, en inspectant le corps de Nöly, avait révélé que cette dernière était régulièrement empoisonnée. Un poison d’une grande complexité, qui avait pour effet de tuer tous les embryons dans le ventre de sa mère, aboutissant à des saignements à chaque fois que Nöly était enceinte. Une analyse du poison, à l’époque, aait permis de réaliser que l’un des éléments de ce dernier était une goutte d’un sang aussi fort que vicieux, appartenant à une bête abominable, une créature qu’on surnommait le Roi Cramoisi.

« Cet être fut jadis Empereur d’Ashnard, avant d’être chassé du trône à cause de sa démence. Vous connaissez peut-être cette histoire. »

La Reine reprit ensuite, en expliquant à Nortrom que, d’après le Judicateur, le Roi Cramoisi était une menace particulièrement forte, un être qui avait été invoqué il y a des millénaires, par des mages, à l’occasion d’un rituel de magie noire. Le rituel avait eu pour but d’invoquer une figure mythologique, le « Premier Né », une sorte d’être antérieur à la Création, d’une telle puissance qu’il aurait été scellé dans une dimension parallèle, afin d’éviter de concurrencer le Seigneur. Le réveil du Premier Né avait échoué, et le Roi Cramoisi était une sorte de fragment résiduel de ce dernier, l’autre partie étant coincée dans une tour magique, la Tour Sombre.

Il fallait évidemment empêcher le Roi de réussir à ouvrir cette tour, et c’était là qu’Elena était censée intervenir.

« Le Judicateur m’a dit que je disposais d’un pouvoir spécial, qui consisterait à réunir un groupe de personnes, afin de venir à bout des méfaits du Roi Cramoisi. Les Immortels... Voici comment il les a appelés.
 -  Et nous serions treize, enchaîna Adamante. Si vous en êtes vraiment un, alors il n’en reste plus que onze à trouver. »

Elena hocha lentement la tête, comme pour confirmer les dires d’Adamante. Plus que onze...

« Le seul problème est que j’ignore totalement comment fonctionne cette faculté. Et, si on en croit le Judicateur, cet ennemi est puissant... C’est lui qui aurait provoqué le cyclone à l’origine de la mort de mes parents, simplement pour essayer de me supprimer. »

Les Mélisains avaient scrupuleusement veillé sur Elena, par la suite, car ils avaient toujours été convaincus que la tempête qui avait détruit le Royal’s Wings et les navires attenants n’était pas naturelle, mais était le fruit d’une magie particulièrement forte, ce que le Judicateur avait confirmé, en mentionnant l’existence de la Clef des Vents, un ancien artefact.

« Je pense que les informations du Judicateur pourront nous être utiles. En attendant, je vous suggère d’essayer de lutter contre le mal de mer. Si vous envisagez de vivre à Nexus, il faudra vous attendre à voguer sur la mer. Je dirige un royaume maritime, après tout. »
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Aeol Drias le jeudi 20 février 2014, 05:38:12
Les deux femmes se consultèrent du regard, puis il vit la reine réfléchir. Il allait peut-être savoir le fin mot de l'histoire finalement... Elle se frotta nerveusement les mains avant d'entamer un assez long discours, parlant déjà d'une époque avant sa naissance. Sa mère aurait été empoisonnée à petit feu pour ne jamais pouvoir donner naissance à personne, chose que Nortrom trouva horrible. Chaque personne devait être libre de pouvoir enfanter pour pouvoir perpétuer la vie. Surtout une personne de rang royal, pour que le trône revienne à quelqu'un. De plus, il n'avait jamais entendu d'un poison aussi vicieux que cela, qui détruisait tous les embryon. Jusqu'à ce qu'elle mentionne le nom du Roi Cramoisi, un ancien monarque légendaire d'Ashnard. Légendaire pour sa brutalité et pour sa folie. D'ailleurs, il existait certaines rumeurs dans le monde des mages selon lesquelles il pourrait être encore en vie, maintenu par une puissante magie inconnue. Il apprit avec étonnement qu'en vérité, il s'agissait d'un être invoqué. Une partie d'un être parfait. Apparemment pas si parfait que cela... Pour le Silencer, il était très loin d'être parfait. Se contenter d'un acte aussi vil que d'empoisonner une femme ne peut pas faire partie d'une quelconque perfection. L'autre partie de cet être se trouverait dans une tour, magiquement bloquée. La prophétie intervenait ici. Lui et 12 autres personnes devraient l'arrêter. En entendant cela, il faillit éclater de rire. Que pourrait-il faire contre une personne telle que lui ? Sa magie ne l'arrêterait peut-être pas !... A moins que...

Le seul problème est que j’ignore totalement comment fonctionne cette faculté. Et, si on en croit le Judicateur, cet ennemi est puissant... C’est lui qui aurait provoqué le cyclone à l’origine de la mort de mes parents, simplement pour essayer de me supprimer.

Encore un assassinat ? Cela convainquit le Silencer que cet être était fondamentalement mauvais et il accepta sa mission de le détruire.

Je pense que les informations du Judicateur pourront nous être utiles. En attendant, je vous suggère d’essayer de lutter contre le mal de mer. Si vous envisagez de vivre à Nexus, il faudra vous attendre à voguer sur la mer. Je dirige un royaume maritime, après tout.

Lui ? Vivre à Nexus ? Il est vrai que cette prophétie l'amenait à changer tous ses plans. Déjà, son voyage jusqu'au Bosquet des Elfes était imprévu, bien que certainement profitable pour lui. Et puis, ce n'était pas vraiment le mal de mer. Il avait juste un peu de mal à tenir debout avec toutes ces secousses dont le navire était parcouru. Rien de bien entravant, juste très gênant lorsqu'il se retrouvait devant une personnalité royale...

Il réfléchit intensément sur le but de sa mission. Détruire un être de légende... Mais comment allait-il bien pouvoir faire ? Et quel rôle était-il sensé jouer ? Et pourquoi donc on les appelait les "Immortels" ? Nortrom était mortel, et il le ressentait au plus profond de son être. Tout cela était étrange, et le voyage jusqu'au village elfique prit tout à coup une nouvelle dimension pour lui. Ils seraient très certainement capables de répondre à ses questions... Mais il fallait déjà trouver ses questions exactes à lui poser. Et pour cela, il avait besoin de méditer quelques bonnes heures. Après une bonne minute de silence et de réflexion, il annonça :

Devant l'ampleur de ces révélations, je ne peux que m'incliner... Vivre à Nexus était à mille lieues de mes intentions, mais tout cela m'oblige à revoir mes ambitions.

Il se frotta les yeux pour essayer de garder une contenance. L'ampleur de la tâche était gigantesque, et il doutait de pouvoir l'accomplir.

J'ai besoin de réfléchir à tout cela. Si vous le permettez, je vais me retirer.

Il s'inclina, puis se releva et se dirigea vers la sortie, manquant une nouvelle fois de tomber. Il n'était vraiment pas à l'aise sur la mer. Il demanda au capitaine du navire de lui indiquer sa cabine, et s'y installa, assit à même le sol en tailleur, dos au mur, mains jointes. Que pouvait-il donc bien faire contre une créature de cet acabit ? Seul, rien du tout, bien évidemment. Peut-être qu'à 13, ils arriveraient à quelque chose. Le détruire, certainement pas. L'entraver assez pour l'empêcher d'accomplir sa tâche, peut-être bien. L'amuser, certainement. Non, rien ne le prédisposait à combattre un tel être, et il espérait que ce fameux Judicateur pourrait lui ouvrir les yeux.

Trois jours passèrent ainsi. Il restait enfermé dans sa cabine, encore abasourdi par les révélations de la reine. Il devenait un être important, et très certainement voué à une mort spectaculaire, mais on se souviendrait peut-être de lui comme d'un héro. Il n'aimait pas trop cette idée, préférant sa vie de voyageur, mais il était vrai qu'une telle réputation aurait pu faire pâlir plus d'une personne. Après tout, il était considéré comme "Immortel", même s'il avait encore du mal à voir de quel type d'immortalité il disposait.

A l'aube du troisième jour, il entendit une agitation inhabituelle en dehors de sa cabine. En écoutant les conversations, il en conclut qu'ils étaient arrivé à leur escale. Bratic. Il n'était jamais allé dans ce village. Pour satisfaire sa curiosité, il sortit donc. Par chance ou un coup de pouce du destin, il ne croisa ni la reine, ni sa servante. Il avait entendu qu'ils repartiraient tôt le lendemain matin. Il descendit du navire et s'engagea dans les rues de cette ville. Il s'agissait d'une ville entièrement orientée sur son parfait emplacement maritime. Il se mit à vagabonder dans les rues, avant de tomber sur une enseigne un peu particulière. Une herboristerie. Il ouvrit la porte et fut immédiatement assailli par une dizaine d'odeurs de plantes en tout genre. Une vieille femme l'accueillit chaudement, très commerçante, avant de lui proposer ses produits. En vérité, Nortrom n'avait besoin que de deux herbes bien précises pour une décoction de son invention qui lui permettait de réfléchir un peu plus intensément. Il réussit à dénicher une de ces herbes ici, mais ne trouva pas l'autre, la plus rare. Il remercia la femme, lui donnant quelques pièces supplémentaires pour son accueil et sortit, son achat dans sa poche. Nortrom avait sur lui son bouclier, mais il avait laissé son arme sur le navire. Après tout, s'il en avait besoin, il n'aurait qu'à ouvrir la main, et celle-ci se dirigerait vers lui à grande vitesse.
Titre: Re : Le silence est... immortel ? [Pv : Madame la Reine]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 20 février 2014, 20:56:35
(http://i849.photobucket.com/albums/ab59/Bas_Teunisse/wip_010312_02.png)
Bratic

En soi, il n’y avait pas grand-chose à dire sur Bratic. C’était une petite ville, qui était suffisamment éloignée de Nexus pour avoir survécu à l’expansion de la cité-État. La ville disposait de son propre fort, qu’on apercevait en approchant, et comprenait quelques quais, où les navires venaient en escale, généralement. Bratic disposait toutefois d’un marché, où on vendait notamment des bêtes que les chasseurs attrapaient dans l’épaisse forêt environnante. La ville avait sa propre garnison, et même un palais de justice. C’était un endroit assez reposant, beaucoup plus médiéval et paisible que Nexus. Une ville agricole, qui ne vivait pas beaucoup de la pêche. Oh, il y avait bien des pêcheurs, mais, en plein cœur du fleuve, il n’y avait pas beaucoup de poissons à attraper. Quand le Shearwater s’approcha, les marins virent un navire elfique. La Sylve faisait commerce avec les humains, et Bratic était plus proche que Nexus, ce qui en faisait une excellente plateforme commerciale. Les elfes vendaient des broderies, des vêtements, et achetaient essentiellement des matières premières, des minerais. Point de racisme ici, contrairement à ce qui avait lieu dans d’autres villes, où il était fréquent de voir des affiches discriminatoires à l’encontre des non-humains. L’Ordre avait son église, mais l’Inquisition ne venait pas, et n’avait pas d’office.

Le seigneur de la ville était un homme assez paisible, amateur de pommes et de fruits. Lorsque le navire s’approcha, Elena fut immédiatement accueillie par lui, et n’eut pas le temps de s’entretenir plus avant avec Nortrom, filant vers le fort. Depuis leur conversation initiale, Nortrom avait sûrement eu l’occasion de réfléchir à tout ce que l’histoire de la Reine impliquait. Celle-ci avait longuement eu l’occasion de se renseigner sur le Roi Cramoisi. Ses terres étaient surnommées les « Malterres de la Discorde ». Elles avaient été séparées de l’Empire d’Ashnard après la guerre civile, et personne n’y allait, car personne n’en revenait. Les Malterres étaient centrées autour d’un immense château, le Château Discordia, qui avait été le fort central du Roi Cramoisi. Avant d’être un Empereur fou, on l’appelait l’Aballah, en référence à son nom, Ram Aballah. L’Aballah faisait partie des démons originaires, ceux qui avaient fondé l’Empire, même s’il était difficile de remonter l’origine du Roi Cramoisi. Il était très vieux, et on le disait très puissant. Cependant, beaucoup d’auteurs pensaient qu’il était mort. Après la Guerre Civile, il s’était enfui avec un certain nombre de reliques dans les Malterres, et personne n’avait essayé de le poursuivre. Les Malterres avaient toujours été une zone dangereuse, car elles étaient proches du sentier menant à l’Olympe, l’un des endroits les plus dangereux de Terra, où circulaient quantité de monstres redoutables. Personne ne savait donc vraiment si le Roi Cramoisi était mort ou pas, mais, comme plus personne n’en avait jamais entendu parler, il était logique de penser qu’il avait fini par sombrer à Discordia.

Elena se retrouva donc dans le fort, et chargea Adamante d’aller retrouver Nortrom, afin de s’assurer qu’il allait bien.

« Très bien, Majesté. »

Adamante sortit de l’enceinte du fort, et s’enfonça dans cette sympathique bourgade. Nortrom avait sûrement décidé de flâner, et elle commença par les auberges le long des quais. La plupart des marins du Shearwater s’y retrouvaient, et elle demanda au capitaine s’il avait aperçu Nortrom.

« Il a été l’un des premiers à quitter le navire... Je crois bien qu’il préfère le plancher des vaches, ce baiseau-là. »

Il ne l’avait donc pas vu, et Adamante reprit sa route. Elle marcha vers le cœur du village, s’enfonçant dans les artères commerciales, et rejoignit un herboriste, qui lui indiqua avoir bien vu l’homme, tout en lui proposant plusieurs fleurs. Adamante déclina poliment son offre, tout en continuant à remonter la piste de Nortrom.

« Vous recherchez le mage, jolie dame, hum ? »

Devant cette phrase, Adamante tourna la tête, et vit un homme, bien habillé. Il lui expliqua que Nortrom avait essayé d’obtenir deux herbes auprès de l’herboriste, mais elle n’en avait qu’une. Originaire de la région, guide forestier, il avait été le voir, en lui disant de se rendre dans la forêt, afin de retrouver son herbe.

« C’est que je connais un peu les herbes, vous voyez. Je suis guide depuis plusieurs années, ici, et les touristes comme vous, ben, z’ont souvent besoin de petites herbes pour leurs soupes ou leurs infusions... »

L’homme parlait beaucoup, mais lui indiqua la route à prendre. Adamante le remercia, avant de sortir du village. Bratic était une région assez paisible, et il n’y avait quasiment pas de monstres. Tandis qu’elle s’éloignait, son guide esquissa un léger sourire, et, après s’être assuré qu’il était bien seul, il sortit de ses vêtements de villageois un petit appareil cubique, et appuya sur un bouton rouge, tandis que son camouflage optique commençait légèrement à décroître. Il disparut dans une ruelle adjacente. Il se mit alors à parler, de manière très claire, et sans aucun patois local dans la bouche :

« Les deux oiseaux arrivent, Madame. »