La belle demoiselle se laissait approchée, peut-être sans savoir, alors qu'elle parlait de son pays natal. C'était un pays où vivaient les pirates à l'époque de son âge d'or. Il est resté riche, mais les paroles de l'Andalouse laissaient songer qu'il n'y avait plus autant de pirates qu'avant. Elle commença à parler des traditions lorsqu'elle s'interrompit en regardant la main du capitaine se poser sur son épaule. Dans un sursaut, elle écarta la main, ce qui n'enleva pas pour autant le sourire au pirate qui en fit un sourire plus grand encore : elle n'était pas du genre à se laisser séduire facilement, de toute évidence. C'était un défi encore plus grand pour Givitrius.
« Que faites-vous ? »
Ses yeux montraient sa méfiance. Le capitaine du Boléro Bleu lui souriait toujours, écartant ses mains de façon nette, les montrant comme un voleur prouvait son innocence. Un petit rire échappa de ses lèvres alors qu'il répondait :
« Je voulais vous détendre, vous mettre à l'aise. Désolé si je vous ai brusqué, chère demoiselle. On me connait pour mes massages dans tout le port du Nexus et environ. Je me disais que je pouvais vous en faire profiter. Mais je comprends que vous soyez encore choquée de ce qui s'est passé. »
Il se leva hors du lit et s'éloigna avant d'aller vers la porte. Il avait une bonne technique avec les demoiselles comme celle-ci : elle avait beau se méfiait, il lui avait évité un triste sort aux mains de ses hommes. Il voulait la faire se sentir redevable, ou tout du moins coupable de se refuser à lui, surtout après qu'il se soit montré courtois et agréable avec elle. Il ouvrit doucement la porte en se tournant vers elle, tenant une clé dans ses mains.
« Je vais vous laisser profiter du confort de ma chambre. Je fermerai à clé pour éviter qu'un imbécile tente de vous importuner en douce. Rassurez-vous. Je reviendrai un peu plus tard, voire si tout est à votre convenance. »
Aussitôt sorti, le capitaine du navire ferma la porte à clé, mettant celle-ci dans sa poche. La plupart des matelots, sentant leur chef de bonne humeur, n'hésitèrent pas à le charrier bruyamment :
« Alors chef, elle vous a jeté ?
- Vous en faites pas, on arrivera vite au port où vous pourrez vous faire plaisir avec quelques catins dont vous raffolez !
- Cessez vos sornettes et continuez votre travail, bandes de bois sans soif ! Et que ça saute ! »
---- QUELQUES HEURES PLUS TARD ----
Il faisait bien nuit, en pleine mer, et le vent soufflait tranquillement. Pas un signe de nuage. Seul debout, le timonier, le second du capitaine et Givitrius veillaient à la tranquillité des matelots qui dormaient comme des biens heureux. Tapant sur l'épaule de Kibs, sont bras droits et fidèle lieutenant, le capitaine déclara :
« La lune est étincelante, ce soir. Pas un nuage, ni un pet de vent contraire. Je vais aller voir la petite souris et lui proposer de sortir un peu de son trou, le temps que les rufians dorment. Je te charge de la surveillance. »
Le capitaine arriva jusqu'à sa cabine où il toqua à la porte, déclara :
« Mademoiselle ? C'est Givitrius. Je vais rentrer. »
Il lui laissa le temps d'éviter de se retrouver dans une tenue gênante, puis insérera la clé dans la serrure pour ensuite ouvrir la porte, restant dans l'embrasure. Son petit sourire aux lèvres, il déclara à l'andalouse :
« L'équipage dort à point fermé. Et le temps semble clément avec nous. Vous voulez prendre un peu l'air ? Il y a une belle lune brillante ce soir, on peut l'admirer sans retenue. »
Il se décala un peu pour laisser la demoiselle passer, restant dans ses pas, derrière elle, la laissant s'épanouir au gré de l'envie, le pont étant bien grand et le navire lui-même suffisamment spacieux pour qu'elle trouve une place où se dégourdir les jambes.