Elle, Grâce Ashfield, faire libérer quelqu'un qui a tenté de la tuer ? Absolument pas ! Libérer des criminels, d'accord. Mais quand on s'en prend à sa personne, elle aime beaucoup moins déjà. Alors elle refusera de plaider pour Müller.
“ Vous me prenez vraiment pour une idiote finie ? Sérieusement ? Faire interner Müller au lieu de l'enfermer en tôle était une erreur, je l'admet. Mais comment pourriez-vous imaginer que je puisse à nouveau plaider pour lui, après ça ? ”
Elle était ulcérée, oui. C'était insultant. Elle lui jeta un regard acéré, tandis qu'il la libérait de ses liens. Il lui lança ses vêtements par la suite. Elle ne se fit pas prier pour s'habiller. Il faisait frais dans ce sous-sol. Elle enfila rapidement son tanga et sa jupe de tailleur, s'arrêtant au trois quart de ses cuisses. Elle prit le temps de nouer les agrafes de son soutien-gorge assorti au tanga, avant de mettre son petit chemisier de soie noire. Elle passa sa veste crème, assortie à sa jupe, et se noua rapidement les cheveux en une queue de cheval haute.
Elle jeta par la suite un regard dépourvu d'affabilité à son "sauveur". Elle voulu répliquer, mais le brusque arrêt du flot de paroles de l'homme lui mit la puce à l'oreille. D'autres voitures venaient d'arriver. Renforts pour Grâce ? Pour l'homme ? Ou pour Müller ? D'après la réaction de celui qui venait de la sauver de Müller, ça ne le concernait pas.
Hochant brièvement la tête, Grâce prit ses escarpins à la main et, pieds nus, elle parcourut le petit couloir sombre où avait disparu Müller. Elle trouva une porte, mais elle ne put l'ouvrir. Si Müller avait une sortie cachée derrière cette porte, il s'était assuré qu'on ne le suive pas. Elle pesta, se permettant un langage très peu châtié. Elle pesta contre Müller, et contre cet inconnu qui venait de la libérer (bien que de mauvaise grâce). Elle pesta aussi contre les sept nains qui n'étaient toujours pas là. Mais peut-être parlait-elle un peu trop vite pour ces derniers...
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Pendant ce temps-là, sept nains dans deux voitures venaient d'arriver sur les lieux. Ils en avaient mis du temps, pour trouver où était retenue Grâce. Mais ils avaient fini par trouver. Et ils étaient mécontents. Ils avaient, pour l'occasion, revêtues leurs sempiternels cotes de mailles et d'armures en plates. Armés de marteaux, de haches, d'épées, de masse d'arme, etc. Ils s'arrêtèrent sous le couvert des arbres, observant les six voitures qui venaient de libérer cinq hommes chacune. Trente hommes, armés jusqu'aux dents. Les nains sentirent le frisson du combat faire bouillir leur sang.
“ Par mon marteau ! Grâce ! Pïk, Gram, avec moi. Pic, Stram, Cole, Graham, faites le tour pour voir s'il y a d'autres entrée ou d'autres gardes. ”
Ham avait prit les commandes pour une fois, brûlant d'en découdre avec ceux qui avaient osé s'en prendre à leur très chère Green Grass.
“ Vous avez entendu les gars ? Suivez-moi ! ”
Et pendant que Pic, Stram, Cole et Graham faisaient le tour, Ham, Pïk et Gram pénétraient dans ce qui ressemblait à une scène de guerre. Tout était renversé à la scierie. Des corps gisaient, parfois démantibulés. Et les hommes lourdement armés se retournèrent, surpris de voir débarquer trois nains armés comme dans un film du Seigneur des Anneaux.
“ Chaaaaaargez ! ”
Gram se lança le premier à l'assaut, levant bien haut la masse de guerre qu'il avait ramassé dans l'armurerie avant de partir. Il laissa se déployer son aura de violence, laissant sa colère contaminer ses frères et provoquer le chaos. Il évita habilement les balles et se trouva bien vite en position de frapper. Il balança sa masse d'arme à droite, à gauche brisant des genoux, coupant des bras et crevant des panses, tandis que Pïk et Ham s'avançaient aussi. L'un avec une hache à double tranchant, et l'autre avec son formidable marteau de guerre.
Stram, Cole, Pic et Graham eurent vite fait le tour. Personne à l'horizon. Alors ils se retrouvèrent à prendre les hommes armés à revers, venant se fondre dans l'aura de violence de Gram. Cole transforma plusieurs des hommes en statue de glaces, tandis que Pic créait des minis-séismes en tapant du pied, faisant se briser les statues de glaces.
Et, tout en tapant sur les hommes, les nains entamèrent un chant plein de bonhomie, appréciant ce petit carnage parfaitement justifié.
“ On me dit que la vengeance
Est un plat qui se mange froid
Mais moi j'préfère ma pitance
Chaude et pas dans les p'tits plats
Alors il faut qu'tu saches, mon gars
Qu'en amuse-gueule j't'arrach'rai l'bras.
De la tête jusqu'aux jambes
Je te boufferai la viande
Tes os, j'les balanc'rai par terre
Avec un peu d'chance mon p'tit père
Tes amis sauront qu'à l'av'nir
J'suis pas l'gars qu'i' faut trahir. ”
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En entendant le raffut qui se produisaient là-haut, Grâce revint en vitesse dans la pièce où elle avait été retenue prisonnière. Il lui semblait avoir entendu un chant bien connu. Elle arriva derrière son sauveur inconnu, et sourit jusqu'aux oreilles. Les cris et le chant lui confirmait ce qu'elle pensait. Ses nains étaient là. Enfin !
“ La cavalerie est enfin là. C'est pas trop tôt ! ”