Le Grand Jeu
Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Les alentours de la ville => Discussion démarrée par: Yamagashi Hitomi le vendredi 29 juin 2012, 02:36:03
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[pour info ce Rp démarre le jeudi après la fin d'Ireland's Call]
Je suis rentrée de l'Irlande complètement détruite. Et Gabriel a eu bien du courage de me supporter ces derniers jours. Lui qui m'avait comparée à la banquise, il a dû endurer de me voir fondre sans m'arrêter. Heureusement que les vacances ne sont pas encore finies, j'ai encore quelques jours pour au moins retrouver une bonne figure à montrer au monde. Pour ça il va falloir que je fasse une fois de plus l'état des lieux de ma vie, et ça va encore me laisser un sale goût.
Résumons un peu le négatif, histoire que ce soit fait : Plus de Kyle, un mois à rêver et me torturer pour des prunes. J'ai le cœur broyés en morceaux qui se sont dispersés entre ici et l'Irlande. Plus de Mélinda non plus, fini nos soirées que je trouvais grande et elle petites. Plus de Shii qui rougie en croisant mon regard en classe, maintenant elle le fuit. Plus de Clara qui se tient relativement à carreaux, le peu de fois où je l'ai croisée avant les vacances étaient une véritable escalade vers la guerre ouverte. Gabriel ne doit plus supporter la fontaine de larmes que je suis depuis quelques jours, je suis en train de noyer le peu liens qu'on avait réussi à tisser. Et pour arranger le tout je vais devoir mettre les bouchées doubles au lycée... Sans compter que ma libido est aux abonnées absents, je n'ai même pas envie de baiser pour me distraire.
Allongée sur mon lit à fixer le plafond en faisant ce petit inventaire, je ne tarde pas à fondre en larme à nouveau. Je suis devenue une vraie loque. Je passe mes journées entre mon lit et le canapé, T-shirt et petite culotte. Je m'habille même plus, ce qui me donne une excuse pour ne pas sortir. Rien qu'en ce moment, on doit être au milieu de l'après-midi et je reste au lit à me lamenter. Je serre ma petite poupée triste dans mes bras. Elle, au moins, elle continue de sourire grâce à moi. Je laisse sortir les larmes le temps de me motiver. Je dois fouiller les ruines pour trouver des choses positives, de quoi tenir, même si ce ne sera sans doute pas grand-chose.
Bon... Résumons le positif : d'abord je ne me suis pas mise à picoler. Je devrais peut-être, ça me défoulerait sans doute. Non, ça partirait dans les négatifs. Donc je suis sobre, c'est déjà ça. C'est pas grand-chose. Mais c'est déjà ça, même si c'est pas grand-chose. Bon ! Positif, on a dit ! Quoi d'autre ? J'aurai du rester en Irlande à pleurer dans les jupes de ma mère. Après tout je n'ai pas honte de ça. Et j'ai décidé que je me foutais de l'avis des autres à ce sujet. D'ailleurs un autre truc en Irlande : Mister Tic-Pic a refait surface juste avant que je parte. Pendant que je prenais ma dernière douche chez ma mère, ma poupée a disparu de la salle de bain. Je l'ai retrouvée assise sur mon lit, avec un étrange machin entre les jambes. Le machin en question est rouge et bleu, bien compressé... Et rien que d'y penser je recommence à pleurer. Une combinaison de Kyle, enfin de Sentinel Prime.
Pas d'alcoolisme, et un Farfadet qui remue le couteau dans la plaie : plutôt léger contre Kyle qui chante en canon avec Mélinda et son orchestre. Je dois chercher autre chose... Quand j'y réfléchi il y a bien un point positif. Même si je déguste encore bien comme il faut, que c'est sans conteste une des plus graves blessures que j'ai reçue dans ma vie, je n'ai pas vraiment pensé à en finir. Pourtant ça aurait pu me tenter, surtout en Irlande. Du haut d'une falaise droit dans le bouillon, je ne vois pas bien qui aurait pu me sauver. Mais non. Peut-être parce que c'était inutile ? Depuis que j'ai rencontré Kyle une idée très bizarre me taraude. Il va falloir que j'en parle à quelqu'un, mais je ne sais pas encore ce que je dois en penser. Et je me demande bien qui va pouvoir encaisser ça sans appeler un psy.
Je m'accroche fondamentalement à ma vie même si elle est merdique. Mélinda me dirait sans doute que c'est une belle connerie... Quoique non, elle me tuerait sans doute elle-même en se convaincant de me rendre service. En tous cas c'est un gros progrès, même une révélation. Une base bien plus solide pour repartir. Ma vie est merdique mais je ne lâche pas l'affaire. Donc je dois positiver pour la rendre moins merdique. Le problème c'est que je commence à être à court de choses positives. Je vais essayer de ramener Gabriel dans cette colonne, quand je l'aurais sous la main.
En attendant il doit bien y avoir un truc à faire pour me sortir de ma léthargie. Comme je dois repartir de la base autant céder à quelque chose de fondamental. J'ai soif. Logique à force de pleurer et de laisser mon corps se contracter en sanglotant. Mine de rien ça fatigue, et c'est pour ça que ça fait un peu de bien. En tous cas je me lève, et je pars pieds nus dans le salon. Personne, ni Gabriel ni bon coup. D'ailleurs j'espère qu'il va rentrer ce soir. Je veux dire à quelqu'un que j'ai trouvé quelque chose pour commencer à me reconstruire, il pourra me le rappeler si j'en viens à oublier.
Je passe dans la cuisine pour me servir un grand verre d'eau. Pas de quoi sauter au plafond. J'ai la flemme de me faire du thé, je vais pas me mettre à la bière toute seule dans mon coin. Et j'ai assez de problèmes sans me gaver de soda ou de jus de fruits sucrés, qui vont m'énerver et me faire prendre des kilos. L'appartement est complètement silencieux, autant dire que je m'ennuie. Je suis partie pour broyer du noir encore une paire d'heures. Je repasse dans le salon. J'ai envie de rien faire, mais j'en ai marre de glander dans le canapé. Je ne vais pas non plus sortir au risque de croiser Clara en vadrouille, ou pire : Kyle. Je na vais pas pourrir la patrouille de Sentinel Prime, et me prendre sur la conscience quelques personnes de plus qu'il n'aura pas sauvées.
Je commence à déambuler dans le salon, en cherchant quoi faire pour me distraire de mes malheurs. L'étagère de DVD ne me dit trop rien. J'ai déjà tout vu une tonne de fois, même les pornos de Gabriel. Et les miens, ce qui va sans dire. J'étais vraiment stressée à l'époque où je me suis installée, il fallait bien que je me détende. En tous cas rien d'intéressant de ce côté-là. En plus, après le calvaire que je me suis infligée pour essayer d'être à la hauteur de l'irréprochable enfoiré qui m'a aboyé dessus comme un chien au lieu de me laisser parler... Arrête d'y penser, Hitomi ! Tu retombes dans le négatif ! Tout ça pour dire que je ne suis pas d'humeur coquine, encore moins si ça doit me rappeler ma solitude.
Je continue de fureter mollement pour finalement m'arrêter sur la chaîne hi-fi. Pourquoi pas, après tout ? Un peu de musique, tout bêtement. Je me lance. Le casque sur les oreilles et on verra bien sur quoi je tombe. De toutes façons ce sera le retour à la case fontaine, dans le pire des cas. Je laisse monter les premiers accords de guitare, le classique décompte avant de lancer les hostilités. Ça sent les 70's, le bon vieux rock qui sent la libération des mœurs et des pensées. Et c'est plutôt enjoué. J'écoute les paroles en même temps, les yeux fermés. Puis je commence à laisser tanguer ma tête.
Je me laisse peu à peu emporter par les bonnes vibrations qui me secouent les tympans. Mes lèvres se mettent à mimer les mots. Tout doucement, mes épaules commencent à suivre ma tête je relève les bras vers ma poitrine, ne pouvant m'empêcher de remuer les doigts. Je ne m'en rend pas immédiatement compte mais je commence à retrouver le sourire. Les premiers chuchotements sortent. Mes lèvres et ma langue s'activent d'elles-mêmes. Et soudain... Fini !
Non ! Pas moyen ! Je relance ce morceau, je le mets même en répétition. Je veux que ça continue ! Et bientôt je me retrouve à gesticuler sur place comme une idiote, en chantant les paroles à tue-tête, avec le sourire jusqu'aux oreilles... Je suis dans ma bulle, et j'ai retrouvé le moral. Alors j'en profite ! Je dois vraiment avoir l'air conne, mais pour une fois je n'ai pas à le vouloir pour m'en foutre !
" I just want to celebrate...! Another day of livin'...! I just want to celebrate...! Another day of...! LIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIFE ! "
[Pour info, le morceau en question : http://www.youtube.com/watch?v=QCiw5xUmoUQ]
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Hitomi était en morceaux, ce n'était pas dur de deviner qu'elle était à ramasser à la petite cuillère, sauf que là, contrairement aux autres fois, il comprenait parfaitement et il avait tenté discrètement qu'il était là si elle en ressentait la nécessité. C'était passé par des phases très simples, comme le fait que, par exemple, Gabriel ait fait en sorte qu'elle n'ait à s'occuper de rien au niveau de l'entretien de l'appartement, tant au niveau de la préparation de la bouffe ( ça lui avait coûté une blinde), il s'était occupé du ménage, de tout. En plus de cela, il avait été là, se rendant disponible, n'invitant et ne voyant aucune fille, non pas qu'il fasse ceinture, mais plutôt qu'il se rendait disponible pour elle. Le tout était pour lui d'être là pour elle, se montrant présent, attentionné, et toutes ces conneries que l'on fait d'habitude pour le beau sexe pour attirer son attention,ce qui n'était pas le but, cela allait de soi.
On ne parlait pas de galipettes, ça il en avait, en ce moment rien à cirer, rien à carrer, inintéressant. Il ne profitait pas de cette situation émotionnellement instable pour Hitomi, ça n'aurait pas été correct vis à vis d'elle, il y tenait trop pour toiut planter en beauté, donc il s'était laissé aller à juste être là, être là pour elle et c'était tout. Il se montrait juste assez présent pour lui montrer qu'il était kà, mais pas assez pour qu'il s'impose comme ça. Qu'il donne l'impression qu'elle devait s'intéresser à lui.
Mais bon, toutes attentions sans réel retour, il commençait à trouver cela pénible, son humeur en pâtissant, ce qui devait arriver arriva bien évidemment, il devint hargneux, teigneux, pénible, sur le travail comme chez les personnes qu'il fréquentait, expulsant sa rage au champ de tir pour redevenir calme posé et attentif quand il regagnait l'appartement. Mais il savait très bien que sur le long terme, cela ne serait pas forcément viable, non, ce serait même sans doute un cataclysme ! Quand ça péterait, la bombe H passerait pour une bombinette ! Il préférait régler les chose plus doucement, comme il n'avait aucune intention de mettre à mal sa colocataire, donc il trouverait de meilleurs exutoires en attendant que ça aille mieux !
Enfin bon, il était l'heure de rentrer et Gabriel était devant l'appartement. Il inspira un bon coup, entra doucement la clef dans la serrure tout doucement, comme si il s'apprêtait à entrer dans l'antre d'un dragon endormi, en fait, c'était pour ne pas déranger Hitomi. Il savait se montrer discret quand la situation l'imposait.
Quelle ne fut pas sa surprise de tomber sur une Hitomi qui semblait en bien meilleure forme ! Elle était là, en petite tenue en train de se trémousser sur un morceau de musique, doucement, il referma la porte pendant qu'elle avait le dos tourné, posa son trench coat au porte manteau et s'aprocha dela jeune femme, lui prenant doucement la main.
Et hop, c'était parti, sans un mot, il commençait à l'entraîner dans quelques pas de rock à la française. N'y voyez pas une quelconque forme de pervertissement de cette très belle danse, non, il s'agissait juste de certains très légers mouvements supplémentaires,notamment au début.
Elle souriait ! Il ne l'avait pas vu sourire de^puis un sacré bail ! Du coup, hors de question de s'arrêter ! Elle avait besoin de se changer les idées, et Gabriel étai t là pour ça !
Vous trouvez peut être cela étrange de voir que Gabriel sait danser, non?Si je vous dit que, durant ses années folles, le rock était la mode, ça vous paraît plus plausible ?
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Je ne sais pas combien de temps je passe avec le casque sur les oreilles, à me défouler gentiment. Ça fait tellement bien de ne plus penser à rien. Je me sens légère, excitée. Je suis toujours aussi fatiguée pourtant je déborde d'énergie. Mes problèmes ne sont loin que pour un tout petit moment, mais savoir qu'ils vont revenir n'arrive pas à le gâcher. Tout est si douloureux et compliqué, depuis si longtemps. Soudain cette chanson simple et joyeuse... J'ai envie d'y croire, de penser qu'il suffit simplement de poursuivre sa route dans une autre direction sans se laisser abattre. Et pour l'instant c'est vrai.
Soudain une main se referme sur la mienne. Il ne me laisse que le temps d'être surprise, et le réflexe de tirer le fil du casque. La musique emplit tout l'appartement. Au lieu de faire voler en éclat ma petite bulle de bonheur, ça ne fait que l'agrandir. Pourtant il y a un nouveau bouleversement qui chamboule ma petite vie : Gabriel qui danse ! Et il a l'air aussi joyeux que moi. On ne doit pas être nombreuse à avoir eu droit à ce petit numéro, du moins de cette manière. On se touche, forcément. Mais rien dans nos gestes ou dans nos regards ne trahit la moindre intention d'aller plus loin.
Je ne pense pas à grand-chose de plus qu'avant son arrivée, ou plutôt si. Il n'y avait que moi et cette chanson, maintenant il y a moi, Gabriel, cette chanson et la danse. Enfin, je n'ai toujours pas idée de ce que je suis en train de faire, je me laisse guider. J'essaie même de le rattraper comme je peux. Et on ne parle pas, on ne dit rien. On ne fait que se regarder, rire ou sourire, et ça suffit largement.
Mais les bonnes choses ont une fin, et celle-là était la meilleure depuis longtemps. En me blottissant entre les bras de Gabriel, tout sourire, je me dis que j'en avais bien besoin. D'ailleurs je veux que mon grand frère choisi me sente toute contente contre lui, pour une fois. Je veux lui rappeler pourquoi il se donne tout ce mal. J'espère que la récompense est à la hauteur, et qu'elle le restera. En attendant je suis encore assez bien pour ne pas laisser mes soucis revenir trop vite.
Je lève les yeux vers ceux de Gabriel.
" T'as pas faim, toi ? "
Moi j'ai la dalle ! Manger un morceau ne me fera pas de mal. Et je me rend compte qu'il y a d'autres choses qui ne me feraient pas de mal. Finalement je vais peut-être bien étoffer la liste du positif...
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La récompense était à la hauteur de ce qu'il attendait, elle souriait. Oui, plusieurs semaines, plusieurs mois auparavant, ce sourire n'aurait été qu'une maigre récompense, mais depuis qu'elle était rentrée d'Irlande, elle ne lui avait pas souri une seule fois, une seule chose était sûre pour lui il y avait eu un problème avec Kyle et il lui ferait bouffer ses dents à ce dernier, dans le meilleur des cas, dans le pire, il l'enverrait sans doute un bon bout de temps à l'hosto.
Mais voilà, il avait eu droit à un sourire, à une étreinte, plus que d'habitude, surtout que ce sourire n'était pas là pour lui faire plaisir, il était sincère, ou du moins, il en avait l'air, c'était le gros avantage de vivre avec elle depuis un petit bout de temps, il commençait à comprendre quand elle était sincère ou auqnd elle agissait pour n'inquiéter personne ou pour faire plaisir. Oh, certes, il ne pouvait pas tout d »crypter, il commençait juste, mais bon, c'était déjà cela. Il profita un moment de cette étreinte, la serrant lui aussi dans ses bras, caressant doucement sa tête, ses cheveux de feu.
« Bonne idée, je crois qu'il y a une bonne entrecôte de bœuf au congélateur ! »
Il se dégagea doucement pour aller préparer le repas.
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Autre temps, même lieu. Cette fois ci, il se trouvait seul à l'appartement, ou du moins quand il était entré, il n'avait pas entendu de bruit, soit Hitomi était sortie, soit elle érait dans sa chambre aussi silencieuse que si elle dormait. Dans les deux cas, il ne voulait pas la déranger outre mesure, il voulait encopre moins lui montrer à quel point il s'était abîmé durant la journée. Il avait beau être là pour elle et voir ses sourires, il avait aussi l'impression de ne servir à rien, et cela combiné au fait de tout ce qu'il faisait, disons que ça avait de quoi foutre le moral dans les chaussettes et les nerfs à vif, en un sens, il était préférable qu'elle ne soit pas là car au moindre mot de trop il l'aurait sans doute envoyé boulé et pas qu'un peu.
Il soupira et finit par craquer, alors qu'il était en train d'arrêter la clope, voilà qu'il s'y replongeait et il prit une clope et l'alluma à l'intérieur alors qu'il n'aurait pas du. Ce fut une véritable bouffée d'oxygène, il en fut enivré, oh, certes, elle lui tourna la tête, mais bon dieu ce que ça lui faisait du bien. Et merde à Hitomi si elle arrivait, lui il en avait besoin.Prochain soulagement, quand il aurait chopé le lieu où il pouvait trouver Kyle Macross pour l'envoyer directement à l'hopital....il voulait un exutoire, c'était tout désigné.....
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La jeune sorcière marchait depuis une heure. Ou plus ? Elle n'en était pas certaine. Les arbres aux troncs épais et aux branches tordues se succédaient, et la brume à la brume. Les lambeaux vaporeux semblaient luire faiblement sous les maigres rayons de la lune. De pâles mirages perdus dans les ténèbres. Cette forêt n'avait-elle donc pas de fin ? Ni cette nuit ? Danu tremblait de froid et d'anxiété. Ses sandales laissaient ses pieds sans défenses contre l'air humide et glacial. Son long manteau de voyage était humide de transpiration et de rosée nocturne, elle le portait comme une sueur froide. Les branches gémissaient parfois autour d'elle alors qu'aucun souffle de vent ne troublait la brume. Ses pas étaient rapides pourtant ses foulées se faisaient plus courtes de minute en minute. Elle se sentait prise au piège de ces bois mort-vivants. Elle sentait leur présence écrasante, froide et funeste. Cette contrée entière était un fantôme, autrefois souffrant et tourmenté, aujourd'hui insensible sous son linceul intangible.
Plus que tout, Danu redoutait de céder au désespoir de ces lieux. Chaque pas lui demandait un effort de volonté un peu plus intense. Elle voulait s'arrêter, s'allonger au pied d'un arbre, puis simplement fermer les yeux. La chaleur désertait son corps seconde après seconde, souffle après souffle. Qu'avait-elle cherché d'autre en quittant sa terre ? Elle avait voulu fuir et avait réussi. Ces bois, bien qu'effrayants, étaient tout ce qu'elle désirait depuis qu'elle avait pris la route. Ils ne portaient pas de menace ni de promesse, plus d'espoir ni de regrets. Ils étaient là, offrant à son âme tourmentée l'étreinte glaciale et silencieuse qui la mènerait enfin au repos. La jeune sorcière luttait intérieurement de toutes ses forces contre la tentation. En quoi était-ce si horrible ou maléfique ? N'était-ce pas au contraire le cadeau que voulaient tous ceux qui ne supportaient plus la brûlure de leur passé ? Disparaître sans douleur, anesthésiée par le froid, sans personne pour la pleurer. Seule avec elle-même.
Bientôt elle céderait. La fatigue serait trop écrasante, le froid trop assommant. Quelques pas encore et l'arbre le plus proche l'accueillerait pour son dernier repos. Une larme à peine tiède roulait déjà sur sa joue à la pensée que ses yeux se fermeraient pour la dernière fois, enfin. Pour l'heure ils étaient encore ouverts, larmoyants. Les nuages se dégagèrent assez pour noyer la brume de rayons d'argent, comme pour lui exposer tous les endroits où elle n'avait plus qu'à s'asseoir. Elle poursuivit sa route pour ôter à ses jambes la force de la relever le moment venu. C'est alors qu'elle distingua la silhouette d'un arbre différent des autres. Plus sombre, plus grand, majestueux à sa triste façon. Sans doute le meilleur endroit pour se laisser glisser dans le néant.
Elle s'approcha à travers la brume, et son esprit engourdi peina à reconnaître ce qu'elle voyait. Peut-être ne voulait-elle simplement pas le comprendre ? Pourtant elle le compris comme l'écran vaporeux perdait en densité. Cet arbre immense ne portait pas de feuilles, mais de lourds fruits. Des corps, pendus par le cou, blêmes dans leurs vêtements. Le froid tenace qui étreignait le corps de la magicienne sembla soudain bien insignifiant. Son cœur fut transpercé par bien plus glacial : leurs regards. Tous les yeux morts la fixaient, la suivaient dans son approche de plus en plus lente. |
Je m'arrête une seconde. En fait plus d'une seconde. J'y suis, l'arbre aux pendus. Ça image plutôt pas mal ce que je ressens en ce moment. Mais je ne sais pas comment je vais sortir ma petite Danu de ce piège, ni comment je vais moi-même y échapper. Tenir la rampe ça va cinq minutes et je ne fais que ça depuis des semaines. Sortir ça de ma tête ne m'aide pas à trouver une solution, en fait ça me déprime. La dernière fois je n'ai pas fait des bornes avant de m'arrêter au pied d'un arbre. Si on ne m'avait pas forcée à me relever j'y serais restée.
Ça fait des plombes que je suis là-dessus. J'attrape la carafe pour me... me rendre compte qu'elle est vide... et que c'est cinquième fois que je me rends compte qu'elle est vide. Je commence à saturer. Je sauvegarde et j'éteins mon ordi. Je prends Danu, sa forêt hantée et les premières pistes que j'ai pour l'en sortir. Puis je tasse tout ça dans un coin de ma tête. Parce que même si le passage est sombre je ne vais sûrement pas en rester là. Je ne bloque pas parce que c'est sans issu : je bloque parce que je veux trouver la bonne. Ma petite mise en abîme perso, et je ne risque rien à faire une pause.
Les cours ont repris, et si la pétulante Yamagashi-sensei n'est pas vraiment revenue, au moins j'arrive à tenir mon rôle. Par contre, à la maison, je me permets de me laisser aller. T-shirt et gros pantalon informe de jogging, je traîne un peu sur le ménage. Je fais le minimum syndical pour ne pas énerver Gabriel. Avec tout ce que je lui demande en ce moment je lui dois plus que le minimum, je le sais bien. Mais pour ça je n'ai aucune piste. Si je ne suis pas assez désespérée pour qu'il me prenne de lui-même dans ses bras, je ne sais jamais s'il va se braquer. La tension revient dans l'appartement, et qu'importe de savoir qui est responsable : on laisse encore pourrir. Il faut que je trouve un moyen de le lui faire comprendre sans que ça nous sape tous les deux.
Je verrai bien, en attendant j'ai soif... D'ailleurs il faudra que je remanie mon chapitre : à force de marcher Danu aussi doit avoir soif. Le genre de détails qui compte. J'ouvre à peine la porte de ma chambre que mes lèvres s'entrouvrent. Ça sent la clope, et bien. Des fois Gabriel sort sur le balcon et laisse la porte-fenêtre ouverte, alors si l'air rentre... Là il fume dans le salon et c'est le genre de choses que je lui ai promis de lui remettre dans la tronche sur l'heure. Raison de plus pour ne pas le faire. Il sait très bien que je déteste qu'il fume à l'intérieur et que c'est prétexte à une engueulade. Je suis trop forte dans le genre pour ne pas voir le piège.
Je passe dans le salon comme si de rien n'était, sans un mot, pour rejoindre la cuisine. J'ouvre le frigo pour y prendre une paire de canettes de bière. Puis je viens en poser une sur la table basse, devant Gabriel.
" Bibine diplomatique. "
Je l'ai dit avec un petit sourire. Pour faire plaisir, pour dire que je l'ai vu et que je ne vais pas le laisser s'échapper si facilement. Je me laisse tomber sur le canapé, à côté de lui, et pose ma main libre sur son épaule.
" Qu'est-ce qui va pas, Gabriel ? "
J'ai une bonne idée de la réponse, lui seul a les mots.
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Hitomi ouvre la porte de sa chambre et sort, de toute manière, Gabriel savait pertinemment une chose : elle allait aller faire ce qu'elle allait à faire, et ensuite elle repartirait dans sa piaule. Nom de dieu, il faisait tout pour elle, tout pour qu'elle oublie un tant soit peu ses emmerdes, mais résultat, il en était mis de côté, il était là à faire sa vie en fonction d'elle, et il commençait à craquer, alors qu'elle ne vienne pas lui reprocher de fumer à l'intérieur !
Elle se dirigea droit vers la cuisine, Gabriel l'ignora royalement, effet raz-le-bol sans doute d'avoir à agir en fonction d'elle ! Mais bon, que voulez vous. Au bout d'un moment, ça finissait par craquer ! Et l'ennui, c'est que la jeune femme ne l'avait apparemment pas remarqué, et lui, il en était tout simplement à devoir se défouler à un moment où elle n'était pas là. Qu'elle ne fasse pas la moindre remarque sur la clope ou ça allait chioer du granite !
Au lieu de faire comme d'habitude, et repartir aussitôt elle sembla se soucier un peu de lui ! Était-elle malade ? Il se posait grandement la question, car depuis un moment la guerre froide était de retour. Il soupira en voyant la bibine. Ça sentait mauvais, et ce n'était pas la clope...non, il ne savait pas pourquoi, mais il doutait que cela reste calme. Ça aurait été trop beau, alors ce coup de bibine diplomatique, c'était peut être la seule possibilité de régler cela à l'amiable. Il la fixa droit dans les yeux, plus hostile qu'autre chose, à son grand dam.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? Qu'est-ce qui ne va pas?Ben voyons, soyons dans un petit monde où ne voit rien de plus que ce que l'on veut. Ce qui va pas c'est que j'en ai marre, j'en peux plus et mes défouloirs ne me suffisent plus ! Bon, j'ai fait des efforts pour être avec toi le plus souvent possible, pour te soutenir car je sais que ça serait difficile, j'ai fait tout ce que j'ai pu ! Mais voilà j'en peux plus, raz-le-bol ! »
Il prit sa canette et en but une bonne grosse gorgée avant de rajouter, se radoucissant un maximum.
« Et au final, j'ai beau faire tout ce que je peux, il y a tes activités et c'est tout, j'ai un peu l'impression d'être là quand t'en as besoin et c'est tout,le reste du temps, tu le passe enfermée dans ta chambre et moi, bah écoutes, je finis par en avoir marre. »
Il avait fini sur un ton un peu sec alors qu'il écrasait sa clope sur sa pompe, jetant ensuite le mégot par la porte-fenêtre assez fort pour qu'il passe par dessus le balcon avant de regarder à nouveau Hitomi droit dans les yeux, la colère couvait, c'était certain !
« Bon, voilà, j'ai balancé ce que j'avais sur le cœur. En ce moment j'ai un boulot merdique et une vie merdique, mais je mets tout ça de côté pour toi, et j'en peux plus de cette ingratitude ! Regarde, j'avais arrêté de fumer, et à foirce d'avoir les nerfs en pelote, j'ai craqué... »
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Heureusement que cette fois je n'ai pas attendu qu'il vienne frapper à la porte de ma chambre. Déjà que je lui passe cette clope qu'il m'avait promis de ne pas fumer... Je fais de gros effort pour digérer rapidement, ne pas répéter mes erreurs. Une chance que je sois inspirée en ce moment, écrire me calme. Alors je peux encaisser ses reproches. Il me reproche de ne pas le voir mais lui il ne voit que moi : je suis la cible.
Et puis enfermé, il y va fort. Je ne verrouille pas non plus ma chambre avec un panneau de sens interdit. Pour une fois que c'est moi qui fait le premier pas... Mais je prend sur moi pour tous ceux qui ne se sont pas accrochés, alors je ne vais pas l'envoyer se faire pendre ailleurs. Pourtant il me massacre du regard et mon instinct me hurle de me défendre. Sans compter qu'il va falloir passer le balai et que ça va être pour ma pomme. De toutes façons c'est mon tour de passer le balai.
Il faut que je réponde quelque chose, mais s'il ne cherche qu'un prétexte je suis grillée d'avance. Il aime pas quand je suis gentille, il aime pas quand je suis vache. Après tout ce qui s'est passé j'ai pas envie de le perdre aussi connement. Je me sens comme le jour où Johnny et ses copains m'ont collé une bombe sur le dos : au moindre faux pas tout explose et il ne restera pas assez de bouillie d'Hitomi pour remplir un bol.
Tant pis, je me lance. Je pose ma bière pour poser la main sur son bras, alors que l'autre revient masser son dos derrière l'épaule.
" Je suis désolée, Gabriel. Je voulais pas que tu crois ça. "
Ça me coûte pas autant qu'on pourrait le croire. M'excuser ou le faire fuir, pour de bon cette fois ? Le choix est vite fait. En plus il ne m'avait pas dit qu'il arrêtait de fumer, sinon, effectivement, j'aurais fait plus attention. Je sais à quel point on peut devenir nerveux en tordant d'un coup une habitude.
" Je suis prof. Plus de la moitié de mon boulot, je le fais à la maison. Mais si tu as besoin de moi je suis là. Tu n'as qu'à frapper. Je sais que je ne suis pas aussi attentive que je devrais, mais tu sais ce qui m'arrives en ce moment. Alors si ça va pas ou si tu veux que je t'aide à te changer les idées... "
Je baisse les yeux en rougissant. En parlant d'idées... Non, c'est pas le moment. Mais depuis ma rencontre au parc, disons que je retrouve la forme. Jusqu'ici je n'ai pas osé en parler à Gabriel, avant tout à cause de foin que je lui ai fait avant l'Irlande. Il va encore me traiter de girouette, ou y voir une raison de déménager. C'est trop bête : la chose entre toutes qui a fait qu'on s'entendait si bien pourrait nous séparer pour de bon.
Et puis merde, de toutes façons on est pas doués pour les sentiments. Mais j'ose pas pour autant relever les yeux.
" Et si tu as besoin de te défouler... comme je suis de nouveau célibataire... on pourrait... "
Il va traiter de tous les noms et partir en claquant la porte...
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Elle venait de lui asséner le coup de grâce, un coup plus violent et plus puissant que n'importe quel autre qu'elle ait pu lui infliger.s'en rendait elle seulement compte ? Oh, certes, il voyait ainsi qu'elle allait mieux, mais depuis quand ses efforts étaient-ils aussi vains ? Ça faisait mal, très mal, bien plus mal que ce que vous croyez ! En gros, ça veut dire qu'il se cassait le cul avec tous ces efforts pour rien ? Il ne ramenait plus de filles à l'appart, il ne découchait presque plus parce qu'il se consacrait entièrement à être là pour elle dans cette période difficile, et c'était tout ce qu'on lui répondait ? Non, mais il y avait un sérieux problème !
Sa main failli d'ailleurs partir pour la gifler, comme un automatisme, mais il se retint. Ses yeux lançaient des éclairs – au sens figuré bien sur - et au lieu qu'une gifle claque sur la joue de la jeune femme, ce fut une série de claquement sec : il avait bousillé sans doute la totalité des ampoules de l'immeuble, altéré les disques durs et autres appareils électriques. Il était sans doute bon pour lui racheter un ordinateur et une chaine hifi, mais bon, sur le coup, il avait relâché le contrôle. Et puis sans cela ellepassera peut être moins de temps enfermé dans sa chambre....
Il eut toutefois le réflexe de se lever quand autour de lui, l'air sembla crépiter, inutile de roussir le divan et en serrant les phalanges aussi fort qu'ille pouvait, il inspira et expira à fond plusieurs fois pour reprendre le contrôle. Doucement, l'air redevint normal alentour et il sourit. Pas pour elle, pour lui même.
« Non. »
Ce mot avait claqué comme les ampoules, sèchement, rapidement. Et il était sans appel qui plus est.
« Tu crois que je fais quoi depuis ton retour d'Irlande ? Que je m'amuse, que je pense à moi ? Enfin quoi, merde, tu as pas vu que j'étais là le plus souvent possible, sans ramener de fille ni rien, juste pour toi en cas de besoin, je me casse le cul toute la journée et au lieu d'aller me détendre comme je l'aurai fait avant, que ce soit en salle de sport, au stand de tir, ou en sport de chambre, bah je rentre au cas où tu aies besoin d'un quelconque soutien, et franchement, je crois que je méritais mieux que ça, tu ne crois pas ? Je mérite mieux que simplement me faire comprendre que ce soutien, tu n'en as pas besoin et que tout peut repartir comme avant. Merci de me montrer mon inutilité, c'est toujours un plaisir. »
Oui, la rage contre elle s'était transformée en rage contre lui même, il avait tenté de l'aider au mieux, de tout faire pour lui simplifier la tâche au maximum, et au final, il pouvait aller se faire foutre avec ses idées à la con ! Serrant toujours les poings, il se rendit à la cuisine pour prendre la pelle et la balayette et revint nettoyer ses cendres avant de partir vers sa piaule.
« Pourquoi est-ce que je me casse le cul pour elle moi... »
Il avait marmonné, mais bon, c'était tout de même audible.
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" Non. "
Je réalise seulement maintenant que j'ai la chair de poule. Je frissonne, et je n'ose plus parler ou bouger. Je sens quelque chose dans l'air, une chose avec laquelle je l'ai déjà vu tuer des gens. Je suis soudain terrifiée, et ulcérée. Il me fait le même coup que Mélinda et Kyle. Je n'ai plus qu'à la fermer et accepter ce qu'il dit parce que je ne suis qu'une simple mortelle. Une égoïste, une ingrate, parce qu'il le dit et qu'il ne veut pas le voir autrement. Je me bats pour remonter la pente et j'essaie de le libérer du poids que je lui inflige. Donc je ne pense qu'à ma gueule ? J'essaie de tenir debout pour qu'il puisse venir vers moi en cas de besoin, mais je ne le surveille pas comme une casserole de lait sur le feu. Donc je l'abandonne ? Je n'ai pas griffes, de crocs ou de super-pouvoirs, mais c'est quand même moi le monstre. Je sais à peine me défendre quand un simple connard me tombe dessus dans la rue, mais eux je les blesse sans qu'ils puissent se défendre.
C'est comme ça qu'ils me voient, tous ? Une kryptonite universelle, consciente et méchante, qui fait tout pour les détruire ? En tous cas ils n'ont pas de mal à fuir, sachant que je ne coure pas assez vite pour les rattraper, et que je ne suis pas assez forte pour les retenir. Si c'était pour en arriver là, il aurait mieux fait de me laisser pleurer dans mon coin. Mais je ne suis pas assez conne pour ignorer ses raisons.
" Pourquoi est-ce que je me casse le cul pour elle moi... "
Mon pied part tout seul pour pousser la table, renversant les cannettes de bière. Et je me lève. Ça c'était le coup de trop. Je ne peux plus encaisser en souriant. Je ne veux plus servir d'excuse, je ne veux être un sac poubelle où ceux qui prétendent m'aimer vomissent leurs frustrations. Je ne veux plus me faire jeter par des gens qui disent se battre pour moi pour s'en convaincre eux-mêmes.
" C'est pas pour moi que tu te casses le cul ! "
Je parle fort, mais sans crier. Qu'il veuille écouter ou non il va entendre. Et s'il ne veut pas comprendre ce sera tant pis pour lui. Tant pis pour nous deux.
" Tu te casses le cul seulement pour alléger ta conscience. Parce que tu sais que tu me fais du mal. Avant l'Irlande je t'ai dit que je serais là pour toi, autant que je pourrais. Mais je t'ai aussi dit que je pourrais pas te couver comme œuf. Et je t'ai jamais demandé de me couver. Je suis venu vers toi seulement quand j'en avait besoin, parce que c'est comme ça que ça marche. Tout ce que t'avais à faire c'est frapper à ma porte. Et j'aurais été là, pour écouter tes problèmes ou t'aider à les oublier un moment. "
Les amis ça sert à ça. Mais passer un certain point, les amis doivent rendre les coups encore plus fort que les ennemis.
" Mais c'est pas ça que tu voulais, hein ? Toi tu dis pas ce que tu penses, et tu fais pas ce que tu dis. Tout ce que t'as fait c'est pour en arriver là ! Pour te donner le droit de me jeter comme une merde ! T'avais tellement besoin d'en vouloir à quelqu'un que tu t'es jeté sur la première personne qui serait trop faible pour se défendre. Ça te rappelle pas une autre histoire ? Cherche bien ! "
Quand on vous annonce que vos enfants ne naîtront jamais, c'est comme si on vous disait qu'ils sont morts avant d'avoir vécu. c'est une partie de vous qui meure. Et même si c'est la faute à personne, vous cherchez quelqu'un à blâmer. J'ai cherché. J'en ai voulu à mes parents, à mes amants et mes amis qui avaient couché avec moi. Je m'en suis voulue à moi-même et au monde entier. C'est la peur qui m'a fait faire ce que j'ai fait après avoir rencontré Kyle. Mais avant ça, c'était la colère et la rancœur que je ne pouvais tourner vers personne. Et j'aurais dû me souvenir plus tôt que toute l'attention et toute la gentillesse du monde ne suffisent pas pour apaiser la colère.
Je plante mon regard le plus dur dans le sien. Puisqu'il s'acharne à tenir debout, je frappe pour blesser, pour le faire souffrir. Il ne me laisse pas le choix.
" Ton père est mort, Gabriel. Tu ne le ramèneras. Tu ne pourras jamais lui rendre les coups qu'il t'a mis. Alors laisse-le partir pour de bon avec tout sa merde. Si tu passes ta vie à te chercher des bourreaux, tu vivras et tu crèveras seul. Parce que tu feras fuir tous ceux qui voudront t'aider. "
C'est dit, et ça se passera de répliques. J'aurais pu lui coller un pain pour imager le discours, mais je me bats contre des coups de clé à molette. Je vais jusqu'à ma chambre et je me retourne sur le seuil.
" Maintenant à toi de choisir. Tu peux sortir te défouler et baiser toutes les filles que tu veux. Ou tu peux frapper à ma porte. Mais c'est ta dernière chance. Je suis sérieuse, Gabriel. Tu seras pas le premier gamin sur lequel je devrais faire une croix. "
Je ferme la porte. Je file m'effondrer sur mon lit en espérant qu'il hésitera au moins quelques secondes avant de frapper, mais qu'il frappera. Même avec une vraie bonne raison, même après l'avoir fait tant de fois, ça fait toujours aussi mal de blesser ceux que j'aime. Je serre les dents, et les poings. Je retiens tout ce que je peux et je me force à me redresser pour m'asseoir. Je m'essuie le visage en reprenant mon souffle.
Frappe, pauvre con. Tu sais que t'as pas le choix.
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Elle avait raison, il le comprenait et il s'en voulait, oui, il se trompait de personne et avait passé ses nerfs sur la première personne qui lui était passé sous la main. Et quand elle lui avait balancé ça alors qu'il s'en allait vers sa chmbre bien décidé à prendre de quoi aller se défouler et partir faire un carton au stand de tir ! M%ais non, apparemment, il fallait que ça pète et comme à chaque fois quand il y avait un problème, c'était au final sur lui que ça tomberait. Mais le plus drôle là dedans c'était qu'elle y allait aussi franco que lui, donc au final, quand il y avait un problème il fallait attendre que ce soit lui pète les plombs, à chaque fois ça se passait comme ça, et d'ici à ce que ça change !
Elle parlait de ne pas le couver comme un œuf, mais elle était tellement prisonnière de ses emmerdes qu'elle ne voyait même pas celles des autres, et le pire là dedans c'était qu'il devait se montrer davantage patient. Ça faisait un bon moment qu'il était sur les nerfs et forcément, parce qu'elle n'allait pas bien,il devait tout garder pour lui, putain mais s'intéresser à elle, il ne faisait que ça ! Il ne faisait que ça justement car il comprenait que c'était difficile et voyait sa difficulté à gérer tout ça, mais bon, elle se bornait à sa petite vie et ses petites emmerdes, on parlait de faire un peu attention aux autres, merde !
Juste un exemple à la con, depuis combien de temps n'avaient-ils pas simplement profité d'une soirée ensemble sur le canapé, vautrés comme des loques à regarder un film, combien de temps ? Putain, c'était pas arrivé depuis la dernière engueulade ! Non mais fallait arrêter de déconner, faut frapper, ouais c'est ça, bah elle pouvait aussi frapper pour qu'il y ait un peu de vie commune, et il ne pensait même pas à s'envoyer en l'air, non pas du tout, il avait autre chose à penser actuellement. Il fallait donc que ce soit lui qui se charge de tout préparer, de tout organiser et si ça la tentait elle participait, le reste du temps, rien à foutre, c'est ça ? Non mais on croyait rêver, il n'était pas blanc comme neige mais de là à aller se foutre tout sur le dos, non hors de question. Pas une fois, pas une seule minuscule fois depuis son retour d'Irlande elle avait pensé un peu à ce qui l'entourait, sinon, elle aurait vu depuis un moment tout ce qu'il faisait et à quel point il était mal ! Fallait arrêter de déconner.
Rageur il n'ajouta rien et s'engouffra dans la salle de bain, une douche à l'eau froide, ça lui ferait du bien, il en avait bien besoin pour se calmer. Frapper à sa porte, plutôt crever ! Non mais en gros voilà comment ça se passerait si il avait bien tout pigé, il devait reconnaître qu'il avait tort absolument sur toute la ligne, et aller présenter des excuses ? Mais elle se prenait pour qui au juste ?
Et alors que l'eau glaciale ruisselait sur son corps, tombant du pommeau de douche, il commença à se calmer, à prendre les choses posément. Hitomi, n'étant pas dans son assiette, elle avait très bien pu aussi bien ne pas le voir, ne pas faire attention...STOP ! On retournait sur le problème au lieu de l'excuser, mais vous savez quoi ? Il n'y arivait même pas, il essayait bien, mais voilà, il en trouvait aucune. Il avait fait pléthore d'efforts ces derniers temps pour simplifier la vie à Hitomi, pour l'aider par de simples détails, et voilà comment il était remercié, en se faisant envoyer sur les roses. Non, pire elle lui montrait par A+B que ce qu'il faisait ne servait strictement à rien...chouette!Enfin bon, il savait très bien ce qu'il avait à faire...
Il sortit de la douche, s'habilla comme si il allait sortir, chose qu'il avait bien l'intention de faire et alla frapper à la porte d'Hitomi. Il ne cherchait même pas à entrer. Il savait très bien ce qui allait se passer et ça l’écœurait ! Oh et puis merde ! Il n'attendit même pas que la porte s'ouvre et si Hitomi tenta de l'ouvrir il la maintint fermée.
« Y a trois raisons pour lesquelles je n'entre pas, la première c'est parce que contrairement à ce que tu crois, je ne vais pas m'excuser, tout simplement parce que tu m'as montré qu'au final, si j'étais coupable dans cette histoire tu l'étais autant que moi. Tu n'as absolument rien vu, si tu avais voulu t'intéresser un petit peu au lieu de te contenter de te rester dans tes emmerdes, tu aurais sans doute vu les choses avant que je ne pète un câble, la seule chose pour laquelle je veux bien m'excuser c'est d'avoir tout foutu sur ton dos, mais je te préviens, la prochaine fois que tu ose me comparer à mon père, ce sera la dernière chose que tu pourras me dire parce que ça signifiera mon départ direct d'ici!
La deuxième raison, c'est parce que vu que j'ai pas complètement décolérer, je risque de foutre en 'lair tout le matos électronique qui ne l'est pas déjà.
La dernière raison c'est que je ne fais rien avec le couteau sous la gorge, par principe.
Ah et de tute manière je veux avant tout laver le salon, c'est pas bien bon de laisser la bibine coller sur le sol, et une odeur d'alcool, c'est pas mieux ! »
Il avait beau s'être calmé, il n'avait pas complètement tout digéré!Se désintéressant complètement de la porte, il se dirigea vers les flaques de bières avec une serpillière et se mit à éponger la bibine.
Dernière raison inavouée de ne pas entrer ou de ne pas lui sauter dessus, elle aurait enfin aperçu qu'il s'était pris une balle dans la cuisse, hors de question de le lui montrer ! ça remontait à quelques jours, mais bon, alors que ça commençait un peu à cicatriser, la plaie avait été rouverte....
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Il n'a pas frappé. Pauvre con. J'ai entrouvert la porte et j'ai entendu la douche. En me disant qu'il en avait pour un moment j'ai décidé de me remettre au travail. Ne serait-ce que relire un peu, pour me calmer et me changer les idées. Quand mon ordi a refusé de s'allumer et que j'ai enfin remarqué la petite odeur de composants cramés, ça ne m'a ni calmée ni changé les idées. J'espère qu'il n'a pas aussi cramé le disque dur avec ses conneries électriques. Il a pas intérêt. Plus de lumière, plus de réveil, plus de portable... Merci de la petite attention. Et je suis certaine que les voisins aussi y auront eu droit.
Il frappe. Il ne me laisse pas le temps de l'inviter à entrer. Il fait les choses à moitié, comme toujours. La moitié qui ne l'oblige pas à baisser sa garde. j'ai bien envie de l'ignorer, en silence ou en gueulant à travers la porte. Voire même en sortant sur le balcon, peut-être pour le prendre à revers ? Mais j'écoute. Il a frappé. La prochaine il faudra que je lui précise tout la marche à suivre : frapper, attendre que j'ouvre ou que je l'invite, entrer, et parler honnêtement. À son rythme, avec ses mots, mais sans me prendre pour une conne.
Il y a trois raisons pour lesquelles je ne réponds pas. La première c'est que je ne lui ai jamais demandé d'excuse. La deuxième c'est qu'il a peut-être réduit à néant des semaines de mes efforts personnels et professionnels. Et la dernière c'est que si ce con veux s'égorger, rien ne m'oblige à participer ou à me sentir responsable... Vraiment rien... C'est sa faute, il avait qu'à m'écouter au lieu de me faire dire ce qu'il veut entendre... C'est lui qui ne me fait pas confiance et qui me laisse tomber. Il se trouve toutes les raisons. Ça je le vois bien, je ne vois même que ça. Je viens de passer un mois à... à faire... pareil...
" Bordel ! "
Je sors en trombe pour trouver Gabriel accroupi entre le canapé et la table basse. J'ouvre le feu.
" Tu fais chier, Gabriel ! Je t'ai pas seulement comparé à ton père ! Je t'ai comparé aux centaines de millions de connards bornés qui passent leur vie à pourrir celle des autres ! Ce que t'es en traine faire : c'est exactement ce que j'ai fait le mois dernier ! Mais quand j'ai dû assumer devant toi, moi je me suis pas débinée ! Et maintenant que c'est ton tour tu te fous de ma gueule ! Alors c'est clair : tu me dois des excuses ! Mais c'est pas ça que je te demande ! Tout ce que je veux c'est que tu sois honnête, bordel ! Je veux que tu me parles ! Et que tu... que... tu... "
J'ai vu, depuis déjà un moment. Mon regard a mis du temps à se fixer, et mon cerveau n'arrive pas encore à prendre la mesure. Mais ma voix est descendue en flèche.
" ... Tu saignes... "
Je suis sous le choc de la tâche qui se forme sous son pantalon. Encore un truc qu'il va me reprocher de ne pas avoir vu, pour ne pas se reprocher de me l'avoir caché. Mon regard paniqué ne cesse d'aller et venir entre sa cuisse et son visage. Soudain l'ampleur de ce qui se passe dans cet appartement vient me frapper en pleine poitrine. Je craque. Je perds mon souffle et mes larmes, je relève les mains jusque devant mon visage, sans cacher mes yeux. Je ne peux pas les détourner de lui. Je recule à petits pas. Je bute contre le montant de la porte. Mais je ne me retourne pas, je recule derrière l'abri illusoire du seuil de ma chambre. Mon instinct ne veut pas le laisser quitter mon champ de vision. Je ne suis plus capable de parler ou même de penser. Il me terrifie. Ce mec avec qui je partage ma vie, qui mange et dors sous mon toit. À qui j'ai ouvert ma porte, mes cuisses et même mon cœur. Ce mec est un monstre...
... Et si je lui en laisse le temps, il finira par me tuer.
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Et voilà qu'il se faisait engueuler ! Non mais on croyait rêver ! Hého ! Du calme ! Il était en train d'éponger les conneries de la moiss, et ils savaient bien tous deux ce que ça donnerait si on laissait ça ici, comme ça, sans rien dire ni rien faire, vive l'odeur dans le salon et vive le sol ! Il n'y avait pas franchement de quoi trouver cela glorieux si on recevait quelqu'un ! Alors elle était bien gentille elle attendrait qu'il ait fini pour gueuler ! Rioen à foutre, il prendrait tout dans la gueule si ça lui chantait, mais si elle pouvait attendre cinq minuscules minutes qu'il ait rattrapé ses conneries, il lui en serait énormément reconnaissant !
Oh il ne l'ignora pas, non, Gabriel n'était pas du genre à ignorer, mais pour une fois, il se contentait de prendre sur lui et d'éviter de faire chier, basta ! Il ne demandait pas vraiment plus ! En tout cas elle savait trouvé les mots....connard borné, il aurait dit enfoiré de première, mais ça aussi ça sonnait pas mal, comme quoi le point de vue des autres était toujours des plus instructifs ! Et elle se mettait, après l'avoir comparé à son père puis à des millions de connards bornés, à le comparer à elle même ! Non mais ça allait bientôt finir ces comparaisons à la con ? Comparaison qui ne tenait pas la route, bien évidemment ! Ça aurait été différent si ça avait été le cas ! Mais là en gros elle lui reprochait de se débiner, et bien quoi, il venait pas de vider son sac il y avait quelque s instants ? Elle voulait quoi au juste ? Elle ne comprenait décidément rien à rien et ça le foutait en rogne ! Et pas qu'un peu ! Il ne s'était pas un seul instant débiné, il avait tout organisé en fonction d'elle dans le seul but d'être là, non pas parce qu'elle avait besoin d'aide, mais parce qu'elle pourrait avoir besoin de lui ! Et selon elle, il avait fait cela juste pour des prunes ! Il ne fallait pas non plus le prendre pour un imbécile ! Il se débinait ? Il avait occulté ses problèmes parce qu'elle vivait une période difficile !Et il se débinait ? Qui prenait l'autre pour un con au juste ? Il avait fait des sacrifices pour elle et il se débinait ! Non, elle ne savait pas à quel point il avait vécu dans l'énervement constant, sur les nerfs ces derniers jours, juste pour elle alors stop !
C'est alors qu'elle passa du coq à l'âne en parlant de son saignement, et le pire, il le sentait venir. Elle allait se morfondre pendant des heures sur le fait qu'il soit blessé ! C'était entre autre pour ça qu'il avait clairement été discret là dessus, mais il ne pensait pas que le fait que la blessure se soit rouverte la ferait saigner autant...
« C'est rien...juste une plaie qui s'est un peu rouverte, les impératifs du service....t'avais d'autres choses à faire je pense qu'à t'inquiéter pour moi. Et vu l'état dans lequel ça te met, tu comprendras que j'ai voulu éviter de le faire,ça t'inquiète trop facilement je trouve pour venir chouiner à chaque fois que je me fais mal.Je fais un métier à risque, tu ne vas quand même pas me dire que tu ne savais pas que je ne serais pas blessé régulièrement à partir du moment où tu as su que j'étais flic ! »
il soupira, ne le dis pas pauvre con, ne le dis pas, ne le dois pas, évite, ferme ta gueule tu vas faire empirer les choses, ferme ta gueule, ta gueule ordure, si une fois dans ta vie tu ferais mieux de te de te taire, ce devrait être maintenant !
« Et pis après tout, t'es pas là pour me couver donc ça ne te regarde pas ! »
Il l'avait dit sans se retourner, toujours en train de nettoyer la tâche, et à peine avait-il dit cela qu'il le regrettait amèrement. Il se releva aussi sec pour se tourner vers elle.
« Désolé, je n'aurai pas du dire ça...je suis allé trop loin....pardon.... »
Il se sentait tout penaud, il savait qu'il aurait du fermer sa gueule au lieu de balancer ça sur un ton cinglant, mais que voulez vous,il en avait tout de même gros sur la patate et c'était comme ça avec Gabriel, il restait coincé là dessus jusqu'au mot de trop ! Il se tapota la cuisse, non sans cacher une grimace.
« Tu vois, ça va, faudra juste que je change tous mes bandages ce soir, comme je le fais depuis depuis trois ou quatre jours, donc t'en, fais pas, ça va aller.... »
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Il faut que ça passe. Il faut que je me calme mais je n'y arrive pas. Comment je pourrais me calmer ? Qu'il me cache ses sentiments passe encore, de toutes façons il fait ça depuis le début. Ça devient même rengaine depuis le temps. Monsieur "vaut mieux le dire tout de suite" ne dit rien avant d'être une boule de nerf. Jusqu'au moment où il se décide à parler, et c'est pour me faire des reproches ou me dire que je suis une égoïste insensible. Et ça va, j'y passe assez depuis quelques temps. Il n'est pas le seul à me dire que je porte des œillères. Et c'est bon, un coup de gueule puis ça passe.
Mais de le voir saigner, c'est trop. Je ne pas supporter des choses pareilles. Et je ne peux pas non plus m'empêcher de me flageller encore. Comment j'ai fait pour ne pas le voir ? Et combien d'autres blessures j'ai ratées ? Je ne peux pas supporter des choses comme ça. Il ne manque vraiment pas d'air de me traiter d'insensible. Il ne voit pas ce que ça me fait de le découvrir comme ça ? J'essaie de de lui en vouloir, de tirer un peu de colère ne serait-ce que pour me maîtriser. Mais je n'y arrive pas.
" Et pis après tout, t'es pas là pour me couver donc ça ne te regarde pas ! "
Celle-là, c'est le coup de grâce. Il aurait aussi bien pu m'envoyer son poing dans le ventre, ça me fait le même effet. Je perds mon souffle que je n'avais pas vraiment retrouvé, j'ai les jambes qui tremblent. Je vois trouble à cause des larmes et je n'entends plus qu'un grondement sourd. je vois sa silhouette qui bouge, je pense qu'il parle. Je cligne des yeux, chassant juste assez de larme pour retrouver quelques détails. Sa main sur sa cuisse, et juste un peu de crispation sur son visage alors qu'il parle encore.
Je bondis de ma chambre pour me coller à lui. Je passe mes bras autour de lui et je le serre contre moi de toutes mes forces. Après tout ça il faut encore que j'en rajoute. Mais c'est plus fort que moi, je craque. Je presse mon visage contre son torse sans oser le relever. Je pleure toutes larmes de mon corps en sanglotant comme je peux.
" Je t'aime, Gabriel !... Je tiens à toi !... Et je me fais un sang d'encre... tous les jours !... "
C'est peut-être ça qu'il ne veut pas voir, après tout ? S'il s'en fait autant pour moi, il ne veut sans doute pas me donner plus de soucis. Mais c'est comme ça. Et il ne sait pas à quel point c'est terrible d'être à ma place, de savoir qu'il passe ses journée ailleurs et que le moindre loubard pourrait le tuer dans le dos. Il ne sait pas ce que ça fait d'avoir ces pensées qui reviennent jour après jour, d'attendre un coup de fil de ses collègues pour m'annoncer un drame. Je ne suis jamais rassurée tant que je ne l'ai pas en face de moi, bien vivant, et même là je m'inquiète pour ce qu'il me cache. Mais je ne demande pas, je ne veux pas rajouter.
Et s'il n'y avait que lui. C'était pareil avec Kyle, ça l'est encore, c'est pire parce que je sais qu'il n'est plus Sentinel Prime. Dès le premier jour je l'ai vu prendre des coups comme un simple quidam, et je l'ai cru mort. Et Mélinda, avec son monde rempli de monstres qui pourrait s'en prendre à elle ou aux filles. Je ne peux pas les avoir tous en même temps sous les yeux, même pas une seconde. Depuis que je les ai rencontrés je vis avec la peur au ventre. Me séparer d'eux n'a servi à rien. Ils sont toujours dehors, quelque part, peut-être en danger. Et moi je ne peux rien faire d'autre qu'attendre en espérant les revoir sains et saufs, en redoutant que le couperet tombe. Bordel ! Depuis le temps qu'ils me traitent tous de madeleine ils auraient au moins pu se demander ce que ça me fait de vivre ça tous les jours !
Je hoquète en reprenant difficilement mon souffle. Je serre les dents, et bras autour de Gabriel. Je respire profondément, autant que possible. Puis je lève les yeux vers lui, je le supplie du regard de comprendre enfin ce que je lui dis.
" Tu te souviens avant l'Irlande ?... Tu m'as dit que... Que j'étais ta seule famille... Et... "
Et il ne sait pas ce que ça peut signifier, comment pourrait-il ? Sa famille était un enfoiré chatouilleux de la clé à molette, qui lui reprochait d'avoir tué sa mère en sortant de son ventre. Je ne peux pas la remplacer, je ne le veux pas non plus. Mais d'une certaine façon je n'ai pas le choix. Je baisse les yeux pour les fermer encore, souffler, ravaler la boule tremblotante qui s'est coincées dans ma gorge. Je dois être forte, au moins assez pour qu'il se repose sur moi.
Je relève les yeux.
" Quand tu reviens le soir... Je veux pas t'accueillir en te demandant si t'as pris une balle ou un coup de couteau... Je veux pas non plus remuer la merde que tu vois dans ton boulot... Je veux pas que ça te poursuive jusqu'ici... Mais quand t'es blessé, ou quand ça te pèse trop : faut que tu me le dises... Ça sert à ça, une famille... Je veux prendre soin de toi, Gabriel... Mais je peux pas si tu me laisses pas voir ce qui va mal. "
-
Il avait en effet trop parlé, le jour où il arriverait à fermer sa gueule, il soulagerait beaucoup de monde ! Hitomi à commencer, car là, il la voyait, les inondés de larme, il s'en voulait à mort ! Vous n'imaginez sans doute pas ce que c'est que de mettre dans un état semblable la seule personne pour qui vous comptez, vous ne le savez pas, et en ce moment là, Gabriel le ressentait et il s'en voulait, il s'en voulait, il aurait sans doute tiré une autre balle dans sa cuisse si il ne savait pas que ça ferait sans doute plus de mal à Hitomi qu'autre chose....ohk, il aurait mal, mais bon, ça, c'était clairement quelque chose de subsidiaire !
Elle se faisait un sang d'encre ? Vraiment ? Putain mais quel con il faisait, il était le premier à tout planquer pour diminuer les craintes qu'elle avait et comme un con il passait au côté de la seule manière de la rassurer, lui montrer qu'il allait bien. Putain mais quel gland c'était pas possible ! Elle s'inquiétait vraiment pour lui ! Il avait beau avoir voulu y croire jusqu'à présent, peut être que le choc n'était pas assez important pour qu'il le réalise clairement, mais là, çale percutait de plein fouet, mais merde, il faisait quoi au juste en coloc' ? Il aurait mieux fait de vivre seul! Il causait plus de tracas aux autres à cause de ça.....le pire là dedans ? C'était sans doute qu'ellen'était pasla seule à s'inquiéter pour lui, mais voilà, Chika, elle au moins, lui faisait confiance ! Elle savait et elle s'en mordait les doigts, qu'il reviendrait peut être grièvement blessé, mais qu'il s'en sortirait toujours, elle savait car elle avait confiance en lui, et Hitomi, avait-elle confiance en lui, là dessus ? Désolé, mais là, il avait un peu de mal à y croire...
Et alors qu'il sentait qu'elle l'enlace, il répondit en l'enlaçant doucement, l'enlaçant tendrement alors qu'elle continue à parler, lui expliquant le pourquoi du comment....elle voulait prendre soin de lui, elle veut le soutenir car c'est ça une famille....elle ne voulait pas avoir à lui demander si ça allait pas, mais en même temps, elle voulait s'occuper de lui, heu, là il avait envie de dire stop, non, fallait pas déconner,e n gros il fallait qu'il lui dise quand ça allait pas pour qu'elle s'occupe de lui, fallait, que, comme un toutou qui quémande une caresse, il réclame de l'attention ? Ah bon ? Dans une famille normale, pour ce qu'il en savait, on avait pas besoin de demander de l'attention, non ? Normalement comme on était sensé veiller les uns sur les autres, on savait quand l'autre avait besoin d'attention, ou quand se préparer à un besoin d'attention, c'était ce qu'il avait fait ces derniers temps, il n'avait rien demandé il avait été là en cas de besoin, on pouvait parler de famille hors norme pour lui....mais niveau sens de la famille, il semblait être plus proche de ce que ça devrait vraiment être qu'elle....étrange non ? Elle, elle avait eu des parents qui l'aimait, lui, il avait eu qu'un père qui aimait les clés à molette alors pour en arriver là, franchement, il aurait ptêtre du frapper plus fort sur sa caboche vide !
Doucement, il porta sa main à la tête de la jeune femme pour caresser sa chevelure de feu, il avait compris la leçon, la confiance n'était pas de mise, mais bon, il ferait comme si, de toute façon, il n'avait, à l'heure actuelle, aucune envie de polémiquer davantage, elle avait assez de problèmes comme ça ! Et elle était assez chamboulée comme ça aussi....
« Chhhut, allez, calme toi ou le voisin du dessous va se plaindre des fuites d'eau ! »
Il lui sourit doucement avant de la fixer droit dans les yeux, pour ajouter :
« Je comprends, je vois ce que tu veux dire, mais y a une chose que je déteste particulièrement c'est de devoir venir me plaindre ! Si je dois, à chaque fois que j'ai un problème, larmoyer à tes pieds, si à chaque fois que j'ai envie d'attention, faut que je vienne te la demander, comment ça peut marcher ? Je suis pas un toutou en manque affectif qui vient couiner, et encore moins un pleurnichard plaintif quand je veux un peu d'attention ou une caresse, et tu n'es pas le mur des lamentations, tu n'as pas à l'être ! »
Il parlait d'un ton posé, un ton calme, un ton doux, voulant la rassurer. Mais en gros le problème était toujours le même, elle pensait se tourner vers les autres, mais ce n'était au final qu'une manière d'alléger sa conscience, en fait elle s'intéressait aux autres uniquement pour ce que ça lui causait directement en elle. On pouvait dire ce qu'on voulait, mais elle n'avait pas montré qu'il avait tort en étant sur qu'elle ne voyait que ce qui l'affectait, preuve en était, elle n'avait pas vu son changement de comportement, elle n'avait même pas remarqué qu'il manquait de plus en plus l'odeur de nicotine, non, elle avait simplement remarqué une chose, qu'il était blessé, qu'on ne vienne pas lui dire qu'elle s'intéressait vraiment aux autres après ça ! Oui, les larmes, non pas qu'il s'en foutait, hein, n'avaient pas fait digérer tout le reste !
Doucement, il se libéra de son emprise avant de s'écarter réellement. D'eux deux, qui avait vraiment le sens de la famille, il se le demandait. Et c'était peut être le moment de lui demander ça en face au final....
« Dis-moi Hitomi, si je te dis que ça va alors que tu vois cette marque, tu me crois ? Si je te dis que j'ai fait des efforts depuis ton retour d'Irlande justement parce que je n'avais pas besoin que tu en parles pour sentir que ça n'allait pas et que je ne pensais pas que tu avais vraiment besoin que j'en rajoute une couche avec mes emmerdes, tu me crois ? Je pense que c'est ça, vraiment, la manière de faire d'une famille, enfin, pour ce que je j'en sais, je me gourre sans doute, mais voilà comment je comprends les choses, et vu ta réaction, je dois me planter, alors je suis vraiment désolé que ça ne se passe pas comme je l'imaginait, j'aurai du être plus souvent démonstratif..... »
Il s'assit dans le canapé, peinard, mais bien lessivé....
« Après tout, on est pas un couple, c'est pas comme si tu pouvais lire dans mes pensées ou que tu devais vraiment deviner ce que j'ai dans la tête...mais j'ai une question bête, et désolé d'avance si elle te fait mal, mais j'ai vraiment besoin de savoir.... Hitomi, est-ce que tu me fais confiance ? »
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Et ça continue. Quoi que je dise, quoi que je fasse rien ne change. En fait, depuis que je suis dans cette ville, il n'y a eu qu'une personne avec qui j'ai cru que ça changerait. Kyle. Et d'une certaine façon ça a été le cas. Il n'a pas pris de travers tout ce que j'ai dit, les choses à dire était seulement trop dures à entendre. Lui au moins les a écoutées et prises comme elles venaient. Ça n'a rien arrangé, on a quand même rompu, mais au moins il n'a pas tordu chacun de mes mots pour me les renvoyer. Au bout d'un moment, peut-être trop tard, il a compris qu'il était allé trop loin. Quand j'y repense c'est tellement bête. Le premier soir on a failli se séparer à force de tirer la faute, puis on l'a partagée, et au final on l'a abandonnée. En Irlande c'est cette dernière étape qui n'est jamais venue.
Avec Gabriel ça ne viendra jamais. Rien ne viendra jamais. J'aurais dû le laisser partir, ou partir moi-même quand je le pouvais encore. Quitte à la fermer et subir les façons de faire d'une autre personne, autant miser sur la fortune et le manoir plein de jolies filles. Bien sûr le mieux aurait été de filer chez Kyle. Partir me caser chez lui dans la seconde. Je l'aurais trompé une fois, une seule, et aucun de nous n'aurait eu d'excuse pour cacher ce qu'il ressentait à l'autre. On aurait du partager un appartement, mais aussi un lit, pour autre chose que s'envoyer en l'air. Je suis peut-être un canard boiteux avec des œillères, mais quand quelqu'un dort à côté de moi et qu'il dort mal je le sens. La première nuit Kyle a sombré avant moi, et il a dormi comme un bébé. Le peu d'autres nuits qu'on a passées ensemble, j'étais tellement épuisée que je m'effondrais. Et qu'est-ce que je dormais mal...
Mon sommeil va difficilement mieux depuis que je suis revenue, de temps en temps. Mais je ne me fais pas d'illusions : c'est loin d'être fini. Bien sûr j'ai eu un petit sourire au milieu des fuites d'eau. Ensuite je ne sais pas trop ce que j'ai laissé paraître, en fait il y avait terriblement peu à cacher. Alors qu'il me regardait dans les yeux en souriant, et qu'il se mettait à parler, j'ai senti comme un vide. Pas un de ces manque sombres et froids, qui font mal quand on se rend compte que quelque chose a été arraché, ou perdu. Ce n'est pas ça. Quelque chose s'est tassé à l'intérieur, pour faire de la place. Et je sais exactement quoi. Ça me rend triste, mais je ne suis ni surprise ni bouleversée. Comme si j'avais regardé en boucle un film que j'adorais au début, et que je le voyais maintenant en ne le trouvant plus si bon. Et puisque je connais la fin, il n'y a plus vraiment d'intérêt.
Si on suit sa logique c'est lui le Mur des Lamentations et moi la pleurnicharde. Et ça ne lui plaît pas plus que l'inverse. S'effondrer en larmes et supplier pour un peu d'affection, il ne voit vraiment que ça ? Il n'y a rien avant, comme simplement parler ou montrer ? Évidemment que non, puisque c'est tout ce que je demande et qu'il refuse. Et il ne veut pas non plus que je cache ce que moi je ressens. Ça ne va nulle part. Il me reproche tellement de choses, comme si lui ne me torturait pas à sa façon. À l'entendre il se saigne aux quatre veines pour moi, il doit garder le nez sur moi en permanence, et je ne veux pas m'intéresser à lui. Alors qu'il passe son temps à faire les choses dans mon dos, à m'imposer ses sacrifices que je ne lui ai jamais demandés, et à me cacher soigneusement ce qui selon lui devrait me sauter aux yeux.
Alors il a raison : ça ne peut pas marcher. Ça ne marchera jamais, et il y a déjà un homme dans ma vie pour qui je devoir tout donner. Ce n'est pas lui. Lui, finalement... Est-ce que je le crois s'il me dit que ça va ? Oui. Est-ce je crois quand il dit qu'il a fait beaucoup d'efforts depuis mon retour ? Oui. Est-ce que je crois qu'il a fait tout ça avec les meilleurs intentions ? Oui. Mais je crois beaucoup d'autres choses. Je crois qu'il ne fera jamais vraiment l'effort de venir vers moi comme je n'hésite pas à aller vers lui. Je crois qu'il a besoin de moi, qu'il le sait, mais qu'il ne l'avouera jamais que sous la menace. Je crois qu'il n'en a jamais vu d'autres comme moi, et qu'il ne peut leur faire que du mal. Je crois qu'il ne peut pas s'en empêcher, et que c'est sans doute normal quand on a eu sa vie. Et je crois qu'il ne voudra jamais voir que malgré tous ses efforts, il me pèse plus qu'il ne me porte.
Alors est-ce que je lui fais confiance ? Il y a quantité de choses pour lesquelles je lui fais confiance, si je devais les énumérer toutes il n'aurait pas seulement de quoi être fier. Et comme ce serait une question de fierté, je lui ferais confiance pour encore vouloir m'en coller sur le dos. Je me démène pour faire le ménage dans ma vie, pour retrouver tout ce que j'ai perdu. Il serait temps de jeter ce qui ne peut pas être réparé, et d'abandonner ce qui prend trop de places pour rien.
" Non. "
Je lâche ça d'une petite voix désolée, puis je retourne dans ma chambre. Il peut toujours me suivre ou me rattraper, mais ça m'étonnerais qu'il arrive à me retenir. C'est fini, c'est foutu. J'y ai cru sincèrement et ce n'est qu'une erreur de plus. Au moins, si Kyle me reprend, il n'aura pas à craindre que je le trompe avec celui-là. S'il me reprend... Si les erreurs que j'ai faites avec lui sont encore rattrapables.
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Avant même qu'elle ne parle, Gabriel avait compris, pour lui,c'était clair, en mettant tant de temps à lui répondre, elle répondait au final, et quand le couperet tomba, quand bien même il s'y attendait, cela lui fit plus mal qu'il pensait. Il pensait beaucoup de choses qui s'avérèrent fausses au final : il n'était qu'un pauvre type qui s'était attaché à quelqu'un qui lui balançait en pleine gueule une vérité dont, au final, il n'avait jamais vraiment voulu....mais elle lui faisait comprendre quelque chose de très simple : pourquoi faire confiance à un type comme lui, il n'était fiable nulle part, et quand il essayait de faire des efforts, ça passait inaperçu, donc aucune raison de lui faire confiance. Ça lui apprendrait.
Il se réfugia dans sa chambre et là, il craqua. Il se mit à pleurer, à pleurer vraiment, pas juste de petites larmes, non, de vrais torrents qui dévalaient le long de son visage. Entendre de telles paroles d'une personne que l'on aime, savez vous ce que cela signifie au juste ? J'en doute fortement, ou sinon, vous auriez le moral dans les chaussettes. Je ne sais pas si Gabriel était à nouveau traumatisé par de telles paroles, mais une choses était sure, tout ce qui le caractérisait, toute cette façade qu'il avait mis tant de temps à construire, venait de voler en éclat. Dans un élan de détresse, il aurait presque été voir Hitomi, mais comment allait-il oser se présenter devant elle, si elle ne lui faisait pas confiance, alors qu'avait-elle fait à part lui donner l'impression d'avoir une famille au juste ? Oh et bien s'était simple, elle s'était foutu de sa gueule, et ça faisait un mal de chien de savoir ça.
En cet instant, il se sentait trahi, il se sentait même un peu vaincu par la vie, lui qui avait toujours eu cette niaque en était désormais vidé, il n'avait plus envie de rien. La seule chose dont il avait envie sur l'instant, c'était un comas éthylique, il voulait momentanément oublier cela, tout oublier, et limite si il se réveillait pas avant plusieurs jours, ça lui ferait du bien, rien à foutre pendant plusieurs jours, rester complètement amorphe, et surtout,ne penser à rien...attention, il ne voulait pas de pensée suicidaire, mais la seule chose qu'il voulait dézinguer, ce n'était pas lui, juste sa mémoire. Remarque, au final, il préférait juste oublier Hitomi et ses putains de connerie, il préférait même garder les souvenirs de son salaud de père plutôt que ceux d'Hitomi, c'est con à dire, mais, vous savez pourquoi ? Parce que même son père ne lui avait jamais fait un coup pareil, son père, il avait été franc et cash, elle, elle l'avait manipulé, et il l'avait dans le cul à tel point qu'en l'état actuel, s'en relever était impossible...
Il était en miette.
Quand les larmes finirent de couler il s'effondra sur son futon, regardant le plafond. Il était amorphe, il était fatigué, iln'avait envie de rein. Ah, elle s'était bien foutu de sa gueule, l'autre enfoirée...au final, en y réfléchissant, hormis la scène où il lui avait expliqué à quel point il tenait à elle, pour le reste, les seuls moments où elle avait été plutôt agréable avec lui, c'était quand elle avait besoin d'un bouche trou, au sens propre comme au figuré. Il comprenait même pourquoi elle s'était fait rembarrée si elle avait agi comme ça avec Kyle aussi, au final, cette femme ne méritait pas le tiers de ce qu'on lui offrait, et quand elle en avait assez, elle le faisait sentir, se foutant de mettre les gens en miette, elle avait eu ce qu'elle voulait, pourquoi chercher plus loin ?
Alors que sa réaction de base avait été d'avoir envie de péter la gueule à Kyle en voyant Hitomi de retour d'Irlande, là, il compatissait pour lui, car il se doutait qu'au final, elle avait joué avec son cœur et son âme,comme avec l'anguille, et peut être même plus qu'avec Gabriel ! Et quand il pensait avoir tout pleuré, cela repartit de plus belle. Putain, quelle loque il faisait....il se faisait honte et le pire, c'était qu'il s'en foutait. Il tourna la tête, pas de bière, il tourna la tête de l'autre côté , pas de whisky...putain, ça lui faisait chier. Il se leva et se dirigea vers la porte de sa chambre avant de se stopper, oh et puis merde. Il l'ouvrit, la claqua en la fermant, et lui, il se dirigea vers le salon, où il récupéra quelques bouteilles, tapant dans le whisky le meilleur qu'il y avait, rien à foutre. Il se laissa tomber dans le canapé, et faute de mieux, commença à se mettre consciencieusement. Vu qu'il n'avait rien mangé depuis ce midi, autant vous dire que ça ne prendrait pas énormément de temps, quand à renverser de l'alcool, il n'en avait rien à foutre, il n'avait rien à foutre de tout ce qui pourrait se passer autour de lui.