La jeune femme aztèque ne croyait toujours pas Quetz quand celle-ci affirmait être le célèbre Serpent à Plumes. Et ben oui, il est vrai que dans les légendes, Quetzalcóatl était représenté sous la forme d’un homme, et surtout pas d’une femme. Alors la rouquine quitta sa forme charnelle d’humaine pour celle de véritable joyau vert. Ainsi transformée, la déesse rouvrit les yeux mais restant assise, attendant une quelconque réaction de la prêtresse. Sa prêtresse même. La jeune femme rangea sa dague, celle réservée au sacrifice, dans son fourreau. Très étonnée d’avoir la divinité en face d’elle, elle douta encore de son identité. Encore ce rapport au sexe masculin quoi…Alors pour lui enlever tout doute, Quetz prit sa forme divine masculine.
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Son corps grandit encore fortement, jusqu’à atteindre celle de son frère Tezcatlipoca, voire même un peu plus. Il perdit toute trace de féminité. Adieu poitrine et hanches larges. Et bonjour pectoraux et beaux abdominaux. Son duvet disparut, seule la chevelure de plumes vertes s’assombrit légèrement. Sa peau désormais hâlée était recouverte à certains endroits du visage et des bras de tatouages rappelant un serpent aztèque. D’ailleurs, les yeux de la divinité changèrent également : les yeux émeraude de la jeune femme devinrent de vrais yeux de serpent, d’un jaune doré, et fendus d’une fine pupille, comme chez les vipères. Des vêtements ? Toujours un pagne, un peu plus long pour cet homme d’apparemment la trentaine. Et les bijoux ? Rien d’or en tout cas, juste des bijoux de coquillages aux chevilles du dieu. Enfin, la divinité s’expliqua à sa jeune prêtresse, qui ne savait plus où donner de la tête.
- Ton peuple, celui d’antan et d’aujourd’hui, croit que je suis un homme. Beaucoup pensaient et pensent encore qu’un dieu, pour qu’il soit puissant et puisse protéger ses fidèles, doit représenter le mâle en force. Comment le peuple l’aurait pris, s’il avait appris que Quetzalcóatl est, en réalité, une déesse ? Très mal, crois-moi. J’ai ce pouvoir d’apparaître sous différentes formes alors, lorsque j’apparaissais devant tes ancêtres, c’était sous cette forme…Comprends-tu maintenant ?
Le Serpent à Plumes l’espérait du moins. Pour ne pas trop l’impressionner, ou bien même l’effrayer, Quetz reprit sa forme d’émeraude divine. Comment pouvait-elle autant se transformer sans en ressentir la moindre fatigue ? Le pouvoir de cette prêtresse ? Sûrement oui. La femme aux cheveux couleur espoir pouvait sentir la force des croyances de la demoiselle. Incroyable…Elle n’en revenait toujours pas. Sa prêtresse leva ses paumes, en signe de prière pour elle, déglutissant après quelques paroles. Elle semblait troublée. Quetz se releva, légèrement penchée, et se mit à sourire doucement, relevant le visage de la demoiselle, voyant une larme couler, et l’essuyer doucement du doigt. Elle sourit davantage à la demoiselle, comme pour signe qu’il n’y avait aucune honte à verser des larmes, surtout devant elle. Mais les questions fusèrent encore de la bouche de l’aztèque, qui ne comprenait pas pourquoi elle avait stoppé le sacrifice. Toujours la main sur le visage de la jeune femme, elle lui répondit tout de même, en toute franchise.
- Parce qu’il n’y pas besoin de sacrifice pour me prier. Tes ancêtres ont fait l’erreur de croire que oui, qu’il fallait du sang pour calmer le Serpent à Plumes. C’est faux. Mais toutes les fois où j’ai prévenu mes prêtres de ce fait, lorsqu’ils en ont fait part au reste du peuple, ils ont été passés pour fous…Ne fais pas la même erreur, je t’en prie…
Elle finit par lâcher le visage de la prêtresse. Le sien regarda le sol, le regard fuyant. Trop de sang avait coulé de sa faute. Que cela s’arrête définitivement, aujourd’hui…